Chapitre 5
Chapitre 5
Chapitre 5
A. la réquisition et le bornage
Les deux premières phases de l’immatriculation que sont la réquisition et le bornage ; feront
l’objet d’une attention particulière.
1. la réquisition
La réquisition est l'acte introductif d'immatriculation consistant en le dépôt à la conservation
foncière du lieu de l'immeuble d'une demande d'immatriculation, assortie de tous actes ou
documents justificatifs et comportant notamment: " les noms, prénoms et qualité du
représentant de l'Etat, une élection de domicile de celui-ci dans le ressort judiciaire du lieu de
l'immeuble à immatriculer; la description de l'immeuble, les constructions et plantations qui
s'y trouvent, le plan, la situation de l'immeuble, sa contenance, ses limites et la demande
adressée au conservateur de procéder à l'immatriculation".
Une fois la demande d'immatriculation déposée à la conservation foncière, l'immeuble se
trouve dans une situation dite de pré-immatriculation. Cette phase est autant précieuse et
critique que le propriétaire de l'immeuble pourrait se trouver en situation de défendeur pour
d'éventuelle opposition. Car, c'est durant cette phase que tout titulaire de droit réel sur
l'immeuble doit en référer au conservateur pour l'inscription de son droit; de même
l'obligation faite au créancier saisissant l'immeuble en cause de dénoncer la saisie au
conservateur sous peine d'être rivaliser par des tiers acquérant ultérieurement des droits sur le
même bien.
C'est en considération de toutes ces implications que le législateur malien a institué tout un
régime de publicité à cheval entre la réquisition et le bornage.
En effet, ceci est d'autant logique qu'il faut, pour l'opposition du bien immatriculé aux tiers,
leur information totale et effective.
Ainsi conformément à l'article 144 de la loi n°00-027/P.RM modifiée en 2002, 2012 et 2016,
dans le plus bref délai après le dépôt de la réquisition, un extrait est inséré au journal officiel
ou dans un journal autorisé à publier les annonces légales (alinéa1). Un placard reproduisant
cette insertion maintenue durant 60 jours est adressé par le conservateur foncier au greffe du
tribunal de 1ère instance ou la justice de paix à compétence étendue, dans le ressort duquel se
trouve l'immeuble, pour être affiché en l'auditoire (alinéa2). En 2016, cet article 144 est
modifié pour mettre les moyens de publicité en phase avec nos réalités. Ainsi, l’affiche dont
copie est remise au chef de village et/ou de fraction est maintenue 60 jours. En outre, le public
sera avisé par les moyens coutumiers d’information faisant connaitre les jours et heures des
travaux de délimitation et de bornage au moins deux fois à la charge du demandeur au lieu de
situation de l’immeuble objet d’immatriculation.
Deux autres placards sont transmis au Maire de la commune dans le ressort duquel se trouve
l'immeuble, qui procédera à l'affichage sans délai d'un des placards sur l'immeuble à
immatriculer, et l'autre placard est affiché à la porte des bureaux de l'autorité compétente
(art145 alinéa1).
La première phase de l'immatriculation étant décrite, s'en suit la deuxième phase dite le
bornage. Bien avant de procéder au bornage, le conservateur fait porter connaissance au
public la date de cette opération 15 jours à l'avance.
2. le bornage
De son nom, le bornage est une opération tendant à la délimitation de l'immeuble en voie
d'immatriculation par l'apposition des bornes. Cette opération est effectuée par un géomètre
expert attaché à la conservation de l'immeuble à immatriculer. L'expert géomètre est désigné
par le conservateur durant le délai de 60 jours assigné pour la révélation des droits des tiers
(art 148 alinéa1). Le but du bornage s'inscrit dans "la reconnaissance des limites par bornes ou
clôtures, indiquées au plan joint à la réquisition et à la constatation de l'acquiescement donné
par les intéressés à la consécration définitive desdites limites".
Pour ce faire, le géomètre tient un procès-verbal faisant connaître: les jours et heure de
l'opération, les noms, prénoms et qualités des assistants avec indication des motifs de leur
présence, la déclaration que les mesures prescrites en vue de la publication ont été
régulièrement prises, la description des limites reconnues avec mention de la longueur des
côtés, chacun des sommets du polygone formé par l'immeuble étant désigné par un numéro
d'ordre, l'énonciation sommaire de la nature et de la consistance de l'immeuble, la description
des parcelles spécialement délimitées à raison d'une contestation ou la déclaration qu'il ne
s'est produit aucune contestation, la mention relative à la signature du procès-verbal par les
assistants.
Après l'expiration du délai de 60 jours pour l'opposition, la légalité de toutes les formalités de
publicité ou de l'absence d'oppositions ou de demandes d'inscription au registre spécial, le
conservateur procède à l'immatriculation de l'immeuble (art154).
Dans le cas contraire, l'immatriculation n'est accordée qu'autant que le requérant rapporte
main levée de toutes lesdites oppositions et demandes ou déclare y acquiescer (art155
alinéa1).
Il est utile de rappeler que durant cette phase, le risque de s'exposer à des oppositions est plus
que fréquent. Nous allons donc aborder la 3ème phase dite la phase contentieuse.
B. Intervention du juge
Ici, il nous faut aborder implication du juge dans la procédure de l’immatriculation, avant
d’analyser les différentes décisions possibles à la fin de la procédure.
1. La gestion du contentieux
Elle a lieu en cas d'opposition, qui consiste en la contestation soulevée par un tiers soit sur
l'assiette de la propriété du requérant soit sur l'existence d'un droit réel devant être inscrit sur
le titre foncier qui émanerait de l'immatriculation en cours de l'immeuble. Elle a lieu dans les
60 jours fixés en principe pour la révélation des droits des tiers.
L'opposition ou les demandes d'inscriptions sont faites par voie de déclarations orales, par
lettres missives recommandées ou non, adressées au conservateur (art146 alinéa3).
Le code domanial et foncier favorise le règlement amiable entre le requérant et l'opposant.
A défaut d'un accord entre les parties, le conservateur est tenu de transmettre le dossier au
greffe du tribunal de première instance ou la justice de paix à compétence étendue du lieu de
la situation de l'immeuble au plus tard 15 jours après l'achèvement de la procédure: c'est
l'intervention judiciaire.
L'intervention judiciaire s'analyse comme étant la dernière option offerte aux parties en
différend à l'absence d'accord amiable entre celles-ci. Par conséquent, le greffe du tribunal
transmet le dossier au juge compétent qui se charge de statuer sur le bien fondé de
l'opposition.
Le juge saisi n'a pas à statuer sur la recevabilité de la requête d'immatriculation qui est du seul
ressort du conservateur. Cependant, la décision du juge pourrait avoir de répercutions sur la
décision du conservateur en ce sens lorsqu'il s'avère que la décision de justice modifie le bien
à immatriculer de telle sorte qu'il ne peut-être procédé à l'immatriculation, le conservateur
s'y tient.
La décision rendue par le juge compétent est susceptible des voies de recours ordinaires. Le
pourvoi en cassation contre une décision d'immatriculation n'est admis qu'au seul ministère
public en cas notamment de violation de la loi.
Lorsque toutes les contestations auraient été élucidées par le tribunal et que le jugement ou
l'arrêt selon le cas devienne définitif, le juge transmet le dossier au conservateur qui se
chargera de procéder à l'immatriculation de l'immeuble: c'est la décision finale.
2. La décision finale
La décision finale d'immatriculation est l'apanage du seul conservateur foncier. Il a le droit
aux vus des pièces qui lui sont fournies par le requérant soit de donner suite à la demande soit
de la rejeter.
En cas de refus, le conservateur foncier est tenu de faire mention dans sa décision les griefs
d'un tel refus.
Lorsque le conservateur donne suite à la demande d'immatriculation, l'immeuble à travers le
titre foncier acquiert le statut d'immeuble immatriculé.
Ce nouveau régime juridique de l'immeuble emporte des effets non négligeables: le titre
foncier est définitif et inattaquable, sauf que les personnes dont les droits auraient été lésés
peuvent se pourvoir en cas de dol avéré par voie d'action personnelle en indemnité et non
réelle.