II-275-Péritonite Aiguë
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la Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
CHirurGie DiGestiVe
Péritonite aiguë
II-275
Dr Jean-Nicolas CORNU
Interne
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Pér ito nit e aiguë II-275
péritonite aiguë
Objectifs :
– Diagnostiquer une péritonite aiguë.
– Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en
charge.
l Les péritonites aiguës secondaires sont les plus fréquentes. Elles sont dues habituellement à
une perforation d’organe creux, soit à la diffusion d’un foyer septique intra-abdominal.
l Les péritonites aiguës primitives sont dues à une infection primitive du péritoine générale-
ment par voie hématogène sans qu’aucun viscère intra-abdominal n’en soit la cause. Ces péri-
tonites sont de traitement habituellement médical (péritonites tuberculeuses, péritonites à
pneumocoque).On peut en rapprocher les infections du liquide d’ascite chez le cirrhotique
ou encore les infections du cathéter chez les patients en dialyse péritonéale. Seules les péri-
tonites secondaires seront traitées ici.
PHYSIOPATHOLOGIE
A/ ÉTIOLOGIE
l Les péritonites secondaires sont dues soit à une perforation d’un organe creux, soit à l’exten-
sion d’un foyer septique intra-abdominal.
l L’agression péritonéale peut être chimique, septique ou mixte :
– Les péritonites chimiques correspondent à une perforation du tractus digestif haut (esto-
mac, duodénum) ou des voies biliaires non infectées. Le liquide épanché contient peu de
germes mais a une grande acidité et provoque une irritation péritonéale. L’évolution natu-
relle se fait vers le sepsis secondaire.
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– Les péritonites septiques correspondent à une perforation du tractus digestif bas (grêle dis-
tal, côlon), à une perforation d’une collection abcédée ou à la diffusion d’un foyer septique
intra-abdominal.
– Les péritonites mixtes sont généralement des péritonites chimiques devenant septiques.
B/ CONSÉQUENCES LOCALES
l La réaction initiale est une inflammation du péritoine avec hyper vascularisation et œdème.
La pullulation des germes (majoritairement bacilles Gram négatif et anaérobies) induit la
création de fausses membranes (exsudat fibrineux) qui tendent à circonscrire le foyer infec-
tieux, et peuvent agglutiner les anses digestives entre elles.
l Par ailleurs, il se constitue très rapidement un iléus paralytique avec stase du liquide digestif,
à l’origine d’un troisième secteur responsable d’une hypovolémie.
C/ CONSÉQUENCES GÉNÉRALES
l En l’absence de traitement rapide et efficace, la situation évolue rapidement vers le sepsis
sévère, le choc septique puis la défaillance multiviscérale, en raison du troisième secteur, du
sepsis péritonéal et des endotoxines bactériennes.
l La rapidité de l’évolution dépend de l’étiologie et du terrain.
ÉTIOLOGIE
l On distingue en fonction de l’origine de la péritonite :
– les péritonites chimiques secondaires à une brûlure péritonéale par un liquide qui s’infecte
secondairement en l’absence de traitement ;
– les péritonites septiques, où l’agression est d’emblée bactérienne.
A/ PÉRITONITES CHIMIQUES
Il s’agit essentiellement des perforations gastroduodénales +++ le plus souvent ulcéreuses mais
également néoplasiques. Plus rarement, il s’agit de nécrose gastrique par brûlure caustique.
B/ PÉRITONITES SEPTIQUES
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l Grêle :
– strangulation (nécrose d’un volvulus vu tardivement) ;
– infarctus du mésentère ;
– perforation traumatique, typhique, sur MICI, sur bézoard…
3. Péritonites postopératoires
l Lâchage ou fistule d’une anastomose digestive.
l Contamination iatrogène peroperatoire
l Fistule biliaire…
DIAGNOSTIC
A/ DIAGNOSTIC POSITIF DE PÉRITONITE AIGUË GÉNÉRALISÉE
1. Signes fonctionnels
l La douleur est intense, généralisée, ayant débuté et pouvant prédominer dans une partie de
l’abdomen (valeur étiologique).
l Nausées ou vomissements
l Troubles du transit : arrêt des matières et des gaz (iléus), parfois diarrhées.
2. Signes généraux
l Ils sont fonction du terrain, du délai d’évolution et de l’étiologie:
– signes de SRIS ;
– Fièvre élevée 39-40 °C en général à l’exception de certaines situations (perforations d’ulcère
gastroduodénal dans les premières heures de péritonite chimique, infections décapitées…)
3. Signes physiques
l Présence d’une contracture : il s’agit de la contraction des muscles de l’abdomen. Cette
contraction est permanente, douloureuse, tonique, invincible et extensive. Elle prédomine là
où elle a commencé (origine de la péritonite).
l Une contracture se voit à l’inspection, l’abdomen ne respire pas, avec saillie des muscles
droits chez le sujet jeune. Une contracture se palpe, mains réchauffées, à plat, en commençant
par la zone supposée la moins douloureuse. C’est le « ventre de bois ».
l Au toucher rectal: douleur au cul-de-sac de Douglas ++++.
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NB : La contracture n’est pas toujours présente dans sa forme typique. Une défense
généralisée a la même valeur car ce signe est aussi le témoin d’une irritation péritonéale
généralisée. Dans certains cas, notamment chez le sujet âgé ou la paroi abdominale est très
faible, une simple douleur abdominale généralisée peut exister sans défense ni contracture.
On parle de péritonite asthénique.
4. Examens complémentaires
a) Imagerie
– L’ASP est sans intérêt devant un tableau de péritonite aigue généralisée, comme devant la
plupart des urgences abdominales (Recommandations HAS, janvier 2009).
– Devant un tableau de péritonite aigue généralisée, le scanner abdominopelvien est le meil-
leur examen chez l’adulte hors contre-indications. En effet :
* Il est plus sensible que les radiographies pour détecter un pneumoperitoine
* Il est plus performant que les autres examens pour le diagnostic étiologique
* Il est facilement accessible en urgence.
* Il existe cependant des cas particuliers (formes localisées enfant, femme enceinte) ou
l’échographie possède une place dans l’arbre diagnostique.
– Devant un tableau avec signes de gravité immédiats, le patient est opéré sans imagerie
préalable
– Dans les péritonites localisées la stratégie est variable (cf. tableau en fin de question)
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1. Liés au terrain
l Âge +++
l Immunodépression.
l Dénutrition.
1. Variantes symptomatiques
a) Formes asthéniques
– Elles s’observent préférentiellement chez le sujet âgé et/ou sous corticothérapie au long
cours.
– Les signes généraux sont intenses, avec un tableau de sepsis sévère voire de choc septique
– En revanche, il n’y a pas de contracture, l’abdomen est météorisé, sans bruit hydroaérique ;
on note une défense localisée ou généralisée, voire une simple douleur avec abdomen souple.
– Le toucher rectal recherche une douleur au cul-de-sac de Douglas.
b) Formes débutantes
– Avant de voir apparaître la contracture, il peut exister une défense généralisée signe d’une
irritation péritonéale. Celle-ci se voit volontiers dans les péritonites chimiques avant l’in-
fection de l’épanchement péritonéal.
– La défense peut prédominer dans une partie de l’abdomen, ayant alors une valeur localisa-
trice.
a) Le plastron
– Le plastron est l’étape intermédiaire entre une infection limitée à un organe intrapéritonéal
et un abcès intrapéritonéal localisé autour de cet organe. Les lésions sont caractérisées par
des adhérences très inflammatoires des tissus locaux, en particulier l’épiploon, et implique
souvent le grêle. On parle de « gâteau » pour désigner la masse ainsi formée, qui est souvent
palpable à l’examen abdominal.
– Le foyer infectieux est alors cloisonné par les organes de voisinage. Ce plastron se rencontre
plus volontiers après appendicite, cholécystite, diverticulite.
– Le tableau clinique associe :
* des douleurs localisées avec troubles du transit inconstants et fièvre 38-39 °C ;
* un empâtement douloureux, mat, blindant toute la région concernée ;
* une hyperleucocytose importante.
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– Son évolution spontanée sans traitement se fait vers l’abcédation avec possibilité de drai-
nage dans un organe voisin (fistule) ou dans la cavité péritonéale (péritonite généralisée en
deux et trois temps).
– Son traitement est médical (antibiothérapie, surveillance).
b) Abcès du Douglas
– Le cul-de-sac de Douglas est une zone déclive ou se collectent volontiers les liquides
intraabdominaux. Ainsi, une collection dans le Douglas, recouverte par les anses digestives
et les organes pelviens peut évoluer localement, et réaliser un abcès. Les causes les plus fré-
quentes sont :
* une intervention chirurgicale (avec mauvais lavage du douglas en fin d’intervention, ou
mauvais drainage) ;
* une appendicite pelvienne ;
* une infection gynécologique.
– Le tableau clinique associe :
* des douleurs hypogastriques ;
* des signes urinaires (pollakiurie, brûlures mictionnelles) par inflammation de contiguïté;
* des signes rectaux (ténesme) ;
* une diarrhée est fréquente ;
* une fièvre oscillante (comme dans la plupart des abcès) ;
* au toucher rectal, une masse fluctuante, douloureuse, bombant le Douglas.
– L’échographie à vessie pleine, voire le scanner abdominal, confirment le diagnostic.
– Le traitement repose sur le drainage (fonction de la taille) et l’antibiothérapie.
c) Abcès sous-phrénique
– Il s’agit de tout abcès siégeant dans la région sus-mésocolique. Il se manifeste par des dou-
leurs d’un hypochondre, avec éventuellement irritation du diaphragme (douleurs scapu-
laires, hoquet), et un syndrome infectieux. Il est parfois latéralisé.
– La radiographie pulmonaire constate une ascension d’une coupole, un épanchement pleural
réactionnel homolatéral : c’est l’échographie ou le scanner qui confirme le diagnostic.
– Il survient le plus souvent en postopératoire.
– Le traitement repose sur le drainage (transpariétal sous écho ou scanno guidé, voire drai-
nage chirurgical) et l’antibiothérapie.
3. Péritonites postopératoires
l Le diagnostic est difficile et donc souvent retardé. En effet, des signes cliniques tels que des
douleurs, un iléus, un pneumopéritoine ont peu de valeur en post-opératoire.
l La surveillance postopératoire rassemble les critères diagnostiques, qui mèneront parfois à
une reprise chirurgicale si nécessaire. Ce diagnostic difficile se fait donc sur un faisceau d’ar-
guments:
– un syndrome infectieux avec fièvre oscillante ou persistante, d’autant plus qu’il n’y a pas d’au-
tre point d’appel pour l’expliquer (penser aux diagnostics différentiels);
– des douleurs violentes et inhabituelles au vu de l’intervention réalisée ou mieux reprise de
douleurs qui avaient initialement diminué;
– des vomissements persistants avec tableau d’iléus prolongé ou une aspiration digestive anor-
malement abondante ;
– une suppuration pariétale ou une désunion pariétale (voire une éviscération) ;
– une mauvaise évolution des drainages abdominaux (aspect septique, purulent ou liquide
digestif);
– une polynucléose croissante en post-op (la CRP a peu de valeur) ;
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– a survenue d’une complication systémique (en particulier le sepsis sévère ou choc septique
qui fait en général considérer rapidement la nécessité d’une reprise chirurgicale).
l Le scanner abdominopelvien +++, avec notamment contrôle de l’étanchéité d’une suture
digestive par opacification digestive haute ou basse est largement utilisé.
l Le traitement chirurgical est spécifique de la complication post-opératoire (drainage/reprise/
stomie…) ; l’antibiothérapie est habituellement élargie en cas de sepsis sévère.
4. Complications systémiques
l Des complications systémiques peuvent survenir, d’autant plus qu’il s’agit d’une péritonite
postopératoire, d’un patient âgé, polypathologique, d’une péritonite septique (perforation
colique), qu’il existe un retard diagnostique et/ou thérapeutique, et que le sujet est immuno-
déprimé (corticothérapie, immunosuppression, SIDA). Ces complications sont essentielle-
ment les conséquences du sepsis :
– Choc septique ou hypovolémique.
– CIVD.
– Insuffisance rénale multifactorielle :
– Gastrite/ Ulcère hémorragique aiguë.
– OAP lésionnel (SDRA).
– Ictère (par sepsis ou foie de choc)
– Troubles de la conscience
TRAITEMENT
Est décrit ci-dessous le traitement d’une péritonite généralisée quelle que soit son étiologie.
Les modalités des formes localisées (abcès pericolique, péritonite localisée peri-appendicu-
laire…) sont traitées dans les questions spécifiques (QS).
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B/ TRAITEMENT CHIRURGICAL
Le schéma descriptif a l’ENC doit être toujours le même. Des variations existent en fonctions
des différentes étiologies.
l Voie d’abord : laparotomie médiane le plus souvent. La laparoscopie est utilisée pour les per-
forations d’ulcère vues au début, en cas de péritonite d’origine appendiculaire ou gynécolo-
gique+++, et en pédiatrie. En cas d’échec, une laparotomie est effectuée.
l Prélèvements bactériologiques de tout liquide intrapéritonéal
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l Certitude diagnostique.
l Pas de fièvre
2. Modalités
l Patient à jeun.
l Sonde nasogastrique en aspiration douce.
l Surveillance.
3. Évolution
l Si l’évolution est favorable, le traitement parentéral est maintenu sept jours.
l La réalimentation est progressive à partir du septième jour.
l Un contrôle de la cicatrisation est nécessaire par une FOGD (des biopsies seront réalisées
en cas d’ulcère gastrique et systématiquement pour rechercher Helicobacter pylori).
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