Livret Dictées 5ème 5c2b0-Dictc3a9es
Livret Dictées 5ème 5c2b0-Dictc3a9es
Livret Dictées 5ème 5c2b0-Dictc3a9es
LIVRET
Dictées
5 ee
Comment dicter ?
● Lire une ou deux fois le texte de la dictée et vérifier ensuite
que le sens général de celui-ci, et l’ensemble des mots, ont
bien été compris.
2
Dictée réussie : mode d’emploi
Faire la dictée
● La première lecture
On te lit le texte dans son ensemble, sans sa ponctuation, et à vitesse
normale. Cette première lecture permet de comprendre le sens
général du texte et de repérer les difficultés majeures (accords de par-
ticipes passés, emploi du passé simple, consonnes doubles…). Il est
nécessaire d’écouter attentivement sans faire autre chose en même
temps : si tu n’es pas concentré, cette lecture est inutile.
● Pendant la dictée
La ponctuation et les accents sont à mettre au fur et à mesure de la dic-
tée afin d’apprendre à bien les utiliser. Il vaut mieux éviter de faire
répéter. Si tu ne suis pas, passe une ligne et continue là où en est celui
qui dicte. Cette discipline développe la concentration et la vitesse.
● La relecture
On te relit lentement le texte avec sa ponctuation. C’est le moment
pour toi de combler les oublis. Ensuite, prends le temps de relire seul
ta dictée. N’hésite pas à demander qu’on te répète un passage ou un
signe de ponctuation. Relis ensuite à plusieurs reprises en ne vérifiant à
chaque fois qu’une seule difficulté. Il ne reste alors plus que le
vocabulaire difficile que tu ne connais pas, mais pour lequel une ortho-
graphe fautive ne t’enlèvera pas beaucoup de points.
Se corriger
● Les fautes de lexique
Copier dix fois un mot ne sert à rien : il vaut mieux le copier dans une
phrase simple personnelle qui aide à la mémorisation. Cherche les mots
inconnus dans le dictionnaire, copie leurs définitions et entraîne-toi à
les employer dans d’autres exemples. Refais le lendemain une simple
dictée de mots à partir du vocabulaire que tu as découvert la veille.
● Les fautes de grammaire
Cherche la règle que tu as oubliée. Pour cela, utilise les leçons de ce
cahier et, éventuellement, confronte-les avec le cours de ton profes-
seur de français. Pour mesurer tes progrès, le mieux est de refaire la
même dictée quelques jours plus tard. N’oublie pas que ce sont la
correction et le travail personnel qui comptent le plus.
3
1 Paysage monotone
La pluie ne tombait plus ; le jour commençait à venir, et, sur les
branches des pommiers sans feuilles,des oiseaux se tenaient immo-
biles,hérissant leurs petites plumes au vent froid du matin.La plate
campagne s’étalait à perte de vue, et les bouquets d’arbres autour
des fermes faisaient, à intervalles éloignés, des taches d’un violet
noir sur cette grande surface grise, qui se perdait à l’horizon dans
le ton morne du ciel.
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857.
4
2 Un livre envoûtant
Je frotte mes yeux, je « tends » mon regard, les lettres s’effacent,
les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus
rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ;
je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans
entendre rien,dévoré par la curiosité,collé aux flancs de Robinson,
pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle
et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre
là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux
de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme
le mât du navire de Crusoé !
Jules Vallès, L’Enfant, 1881.
5
3 Un homme tranquille
Monsieur des Lourdines était un petit homme qui avait plus de
cinquante ans et qui détestait profondément l’imprévu. Aussi
toutes ses journées se ressemblaient-elles. Il se levait de bonne
heure, descendait dans la cour, jetait un coup d’œil aux étables,
aux écuries. Il se rendait ensuite dans les potagers, regardait la
rosée à droite, la rosée à gauche, touchait ses poiriers, arrachait
une herbe, déplaçait une cloche, repoussait un châssis et finissait
toujours par mettre la main sur son majordome,son homme à tout
faire, son vieil ami, Célestin.
D’après Alphonse de Chateaubriant, Monsieur des Lourdines, 1921.
6
4 En danger !
J’étais resté d’une vingtaine de pas en arrière, lorsque je vis le
capitaine Nemo revenir brusquement vers moi. De sa main
vigoureuse, il me courba à terre, tandis que son compagnon en
faisait autant de Conseil.Tout d’abord, je ne sus trop que penser
de cette brusque attaque, mais je me rassurai en observant que le
capitaine se couchait près de moi et demeurait immobile.
J’étais donc étendu sur le sol, et précisément à l’abri d’un buisson
de varechs, quand relevant la tête, j’aperçus d’énormes masses
passer bruyamment en jetant des lueurs phosphorescentes.
Mon sang se glaça dans mes veines ! J’avais reconnu les
formidables squales qui nous menaçaient.
Jules Verne, Vingt Mille Lieues sous les mers, 1869.
7
5 Une ville étrange
Comment s’était-elle formée, cette rue flottante ? Quels marins,
avec l’aide de quels architectes, l’avaient construite dans le haut
Atlantique à la surface de la mer,au-dessus d’un gouffre de six mille
mètres ? Cette longue rue aux maisons de briques rouges [...], ces
toits d’ardoise, de tuile, ces humbles boutiques immuables ? Et ce
clocher très ajouré ? Et ceci qui ne contenait que de l’eau marine
et voulait sans doute être un jardin clos de murs, [...] par-dessus
lesquels sautait parfois un poisson ? Comment cela tenait-il debout
sans être ballotté par les vagues ?
Jules Supervielle, L’Enfant de la haute mer, 1931, Éditions Gallimard.
www.gallimard.fr
8
6 Un choix décisif
Messire Yvain cheminait pensif par une profonde forêt. Soudain,
il entendit un cri très fort et douloureux.Il se dirigea vers l’endroit
d’où lui semblait parti le cri. Quand il parvint en ce lieu-là, il vit
un lion aux prises avec un serpent : ce dernier le tenait par la
queue et lui brûlait l’échine de cent flammes qu’il vomissait.Messire
Yvain ne regarda pas longtemps cette merveille. En lui-même il
se demanda lequel des deux il aiderait. Il se décida pour le lion,
pensant qu’on ne doit faire du mal qu’aux bêtes venimeuses et
félonnes. Or le serpent est venimeux. Il lui sort du feu par la
bouche et il est plein de félonie.
D’après Chrétien de Troyes, Yvain ou le chevalier au lion, vers 1170.
9
7 Un pouvoir étonnant
Dutilleul venait d’entrer dans sa quarante-troisième année lors-
qu’il eut la révélation de son pouvoir. Un soir, une courte panne
d’électricité l’ayant surpris dans le vestibule de son petit appar-
tement de célibataire, il tâtonna un moment dans les ténèbres et,
le courant revenu,se trouva sur le palier du troisième étage.Comme
sa porte d’entrée était fermée à clef de l’intérieur, l’incident lui
donna à réfléchir et, malgré les remontrances de sa raison, il se
décida à rentrer chez lui comme il en était sorti, en passant à
travers la muraille.
Marcel Aymé, Le Passe-Muraille, 1943 © Éditions Gallimard.
www.gallimard.fr
10
8 Un marais
Dans la vallée, c’étaient de grands herbages arrosés par des rigo-
les et séparés par des haies ; puis, plus loin, la rivière, canalisée
jusque-là, s’épandait en un vaste marais. Ce marais, la plus admi-
rable région de chasse que j’aie jamais vue, était tout le souci de
mon cousin qui l’entretenait comme un parc. À travers l’immense
peuple de roseaux qui le couvrait, on avait tracé d’étroites ave-
nues où les barques plates,conduites et dirigées avec des perches,
passaient, muettes, sur l’eau morte, frôlaient les joncs, faisaient
fuir les poissons rapides à travers les herbes et plonger les poules
sauvages.
D’après Guy de Maupassant, Amour, 1886.
11
9 Cosette
Cosette était laide. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de
l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez
les malades désespérés. Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait
saillir les angles de ses os.
Elle n’avait sur elle que de la toile trouée. On voyait sa peau çà
et là, et l’on distinguait partout des taches bleues ou noires qui
indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée.Toute sa
personne exprimait et traduisait une seule idée : la crainte.
D’après Victor Hugo, Les Misérables, 1862.
12
10 Une chambre vide
Le comte regarda, autour de lui, la robe jetée, la veille, sur un fau-
teuil ; sur la cheminée, les bijoux, le collier de perles, l’éventail à
demi fermé, les lourds flacons de parfum qu’Elle ne respirerait
plus. Sur le lit d’ébène aux colonnes tordues, resté défait, auprès
de l’oreiller où la place de la tête adorée et divine était visible
encore au milieu des dentelles, il aperçut le mouchoir rougi de
sang où sa jeune âme avait battu de l’aile un instant.
Villiers de l’Isle-Adam, Véra, 1883.
13
11 L’armement d’un chevalier
La Demoiselle du lac tenait prêt tout ce dont Lancelot avait besoin,
s’étant procuré depuis longtemps tout ce qui est nécessaire à un
chevalier,un haubert blanc,léger,somptueux,un écu blanc comme
neige à boucle d’argent admirable. Elle lui avait préparé une épée,
mise à l’épreuve dans le passé en maintes occasions et dont il fit
par la suite l’expérience de la qualité. Lui furent encore apprêtés
une lance au bois tout blanc, un cheval qui avait fait ses preuves
de vitesse et, pour sa tenue de chevalier, un manteau fourré
d’hermine.
D’après Lancelot.
14
12 Une petite fille
La petite fille, qui dormait à l’autre bout du banc, s’était réveillée
et redressée. On pouvait voir son visage qu’elle avait dégagé de
ses cheveux qui semblaient avoir déteint sur son front tant il était
fauve. Sous le hâle de sa figure perçait une pâleur de cire, une
pâleur mate et profonde. Aucune couleur aux joues, dont les
pommettes saillaient. Sur les lèvres bleuâtres, dont le sourire
malade découvrait des dents d’une blancheur nacrée, la peau se
fendillait en minces lamelles.Toute la vie semblait réfugiée dans
les yeux.
Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1861-1863.
15