Boules Normes

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Boules et normes

Florian Lavigne
27 février 2018

1 Quelques rappels
Dans ces notes, nous considérons un R-espace vectoriel E quelconque. Remarquons
que si E est de dimension finie n, alors en considérant une base (e1 , . . . , en ) de E, on
peut écrire tout élément de E sous la forme
n
X
x= xi ei .
i=1

Cependant, il est préférable d’utiliser parfois la notation vectorielle :


 
x1
 . 
x =  ..  .
xn
Il faut faire attention à cette notation. En effet, on ne précise plus la base dans laquelle
nous nous plaçons alors que les coordonnées d’un vecteur dans une base dépendent
évidemment de cette base. Nous utiliserons dans le cas de la dimension finie cette
notation vectorielle en sous-entendant qu’on peut prendre n’importe quelle base (mais
souvent la plus naturelle reste la base canonique).
Maintenant rappelons que :
Définition 1 :
Une application N : E → R est une norme sur E si :
 pour tout x ∈ E, N (x) ≥ 0 ;
 si N (x) = 0 alors x = 0 ;
 pour tout x ∈ E, et pour tout λ ∈ R, on a :

N (λx) = |λ| · N (x) ;

 Inégalité triangulaire :

∀x, y ∈ E, N (x + y) ≤ N (x) + N (y).

Remarque. Si N est une norme, on a l’égalité :

N (0) = N (0 · 0) = |0| · N (0) = 0.

C’est pourquoi lors de la démonstration qu’une application N est une norme, nous
n’avons pas besoin de vérifier que N (0) = 0. 

1
Grâce à ces normes, nous pouvons définir des boules dans E :
Définition 2 :
Soit x ∈ E et R ≥ 0. La boule ouverte dans E de centre x et de rayon
R pour la norme N , qu’on notera BN (x, R), est l’ensemble :

BN (x, R) = {y ∈ E, N (x − y) < R}.

La boule fermée dans E de centre x et de rayon R pour la norme N ,


qu’on notera B N (x, R), est l’ensemble :

B N (x, R) = {y ∈ E, N (x − y) ≤ R}.

On définit par ailleurs la sphère dans E de centre x et de rayon R pour


la norme N , qu’on notera SN (x, R), est l’ensemble :

SN (x, R) = {y ∈ E, N (x − y) = R}.

Remarque. On a :
B N (x, R) = BN (x, R) t SN (x, R),
où le symbole t signifie l’union disjointe de deux ensembles. 

Remarque. Dans la définition même de boules, on voit apparaître la norme N . Donc


chaque boule dépend du centre, de son rayon, mais aussi de la norme. 

2 Cas de la dimension finie


Les normes les plus importantes dans un espace vectoriel de dimension finie (et donc
dans Rn ) sont les normes lp suivantes :
Définition 3 :
Pour x = (x1 , . . . , xn ) ∈ E un R-espace vectoriel de dimension finie,
on pose pour 1 ≤ p < ∞ :

n
!1/p
X
kxkp = |xi |p
i=1

et
kxk∞ = max |xi |.
1≤i≤n

Théorème 1 :
Les applications k · kp sont des normes de E si 1 ≤ p ≤ +∞, appelées
normes lp sur E.

2
Voici quelques exemples de boules unités (centrées en l’origine et de rayon 1) de R2 .

Figure 1: Exemples de boules

Rappelons maintenant le résultat le plus important des espaces vectoriels normés


de dimension finie :
Théorème 2 :
Dans un R-espace vectoriel normé de dimension FINIE, noté E, toutes
les normes sont équivalentes. Cela veut dire que pour deux normes N1
et N2 de E, il existe deux constantes C1 > 0 et C2 > 0 telles que :

∀x ∈ E, N1 (x) ≤ C1 · N2 (x) et N2 (x) ≤ C2 · N1 (x).

Corollaire 1 :
Soit deux normes N1 et N2 d’un R-espace vectoriel de dimension finie,
noté E. Soit x ∈ E. Soit R > 0. Il existe alors deux réels r1 et r2 positifs
tels que :
BN1 (x, r1 ) ⊂ BN2 (x, R) ⊂ BN1 (x, r2 ).

Démonstration. Comme E est de dimension finie, il existe C1 > 0 et C2 > 0 telles que :
1
∀y ∈ E, N1 (y) ≤ N2 (y) ≤ C2 N1 (y).
C1
Tout d’abord, pour y ∈ BN2 (x, R), on a :

N1 (x − y) ≤ C1 N2 (x − y) < C1 · R.

3
Ainsi y ∈ BN1 (x, C1 · R) nous donne r2 = C1 · R. Ensuite, pour y ∈ BN1 (x, R/C2 ) on a :

N2 (x − y) ≤ C2 N1 (x − y) < R.

Ainsi r1 = R/C2 convient.

Remarque. On voit par exemple sur la figure 1 que la boule de la norme k · k1 est bien
incluse dans la boule de la norme k · k∞ . 

3 Cas de la dimension infinie


Dans cette partie, nous traiterons le cas E = C o (]0, 1[, R) l’ensemble des fonctions
continues de ]0, 1[ dans R, qui est un R-espace vectoriel. Cela va nous permettre de
voir que tout ce qui marchait bien en dimension finie marche moins bien en dimension
infinie.

Pourquoi E est-il de dimension infinie ?


On sait que les fonctions fn (x) = xn sont continues. Ainsi pour tout n, fn ∈ E.
De plus, comme (1, . . . , X n ) est une famille libre de Rn [X], on peut montrer que la
famille (f0 , . . . , fn ) est libre dans E, quelque soit la valeur de n. Comme la dimension
de E est supérieure ou égale au cardinal d’une famille libre de E, on a :

∀n, dim E ≥ n.

En faisant tendre n vers l’infini, on obtient que E est forcément de dimension infinie.

Normes et boules
Comme dans le cas de la dimension finie, nous avons des "normes" Lp :
Définition 4 :
Soit f ∈ E. On pose pour 1 ≤ p < ∞ :
Z 1 1/p
p
kf kp = |f (x)| dx
0

et
kf k∞ = sup |f (x)|
x∈]0,1[

Théorème 3 :
Les applications k · kp sont bien des "normes" sur E, appelées normes
Lp , dans le sens où elles peuvent valoir +∞.

Démonstration. La démonstration est la même que dans le cas finie.

4
Remarque. Plus tard, vous définirez les espaces Lp (]0, 1[, R) qui sera l’ensemble des
fonctions telles que kf kp < ∞. Ainsi sur cet espace, cette application sera bien une
norme. 

Exemple. La fonction f : x 7→ √1x ∈ E et kf k1 = 2, alors que kf k∞ = ∞. Donc f


appartiendrait à la "boule fermée" de centre 0 (à comprendre la fonction nulle) et de
rayon 2, pour la norme L1 . Cependant f n’appartient à aucune "boule" de centre 0 pour
la norme L∞ . 

Exemple. On montre facilement que pour f ∈ E, on a :


Z 1
kf k1 ≤ kf k∞ dx = kf k∞ .
0

Donc si f appartient à une boule de centre 0 pour la norme L∞ , alors elle appartient à
une boule pour la norme L1 . 

Remarque. En dimension infinie, on n’a pas l’équivalence des normes ! Par exemple, on
a bien une contante C1 telle que :

∀f ∈ E, kf k1 ≤ C1 · kf k∞ .

S’il existait une constante C2 > 0 telle que

∀f ∈ E, kf k∞ ≤ C2 · kf k1 ,

cela impliquerait que pour la fonction f : x 7→ 1/ x vérifierait

kf k∞ ≤ 2,

ce qui est faux ! 

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