Fondements Du Droit

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Prof Rachid ARRAICHI Introduction à l’étude de droit FSJES ECO

Section III : Le fondement du droit

Il s’agit là de ce qui justifie l’existence de la règle de droit, étant donné son caractère humain
et non divin comme c’est le cas de la religion.

III.1. Les doctrines positivistes Les doctrines positivistes : attestent et reconnaissent


l’existence d’un seul droit, celui qui s’applique objectivement, à un moment donné, dans une
société donné. On parle ici du droit positif. Le droit positif se justifie par le fait qu’il est
nécessaire pour la société et son organisation. Deux courants peuvent être distingués dans la
doctrine positiviste : le courant juridique ou étatique et le courant sociologique.

A. Le positivisme juridique dit aussi étatique : le droit se fonde sur la volonté de


l’Etat. Si le droit se forme en général par des lois et des règlements, ces
derniers émanent d’organes étatiques. L’existence de règles coutumières que
forgent la masse est cautionnée par l’Etat qui leur assigne une place dans la
juridiction. L’article 3 du code de commerce stipule que « les coutumes et
usages spéciaux et locaux priment les coutumes et usages généraux ». Hegel
explique le droit par le fait accompli et la force étatique. Ihering, juriste
allemand, définit le droit comme ce que veut l’Etat : « le droit n’est pas une
idée logique, mais une idée de force ». L’arbitraire de la règle de droit doit
quand même être fortement contourné, nuance ce même juriste. Etat et forces
sociales doivent lutter pour trouver les règles de droit les mieux adaptées et les
mieux convenables pour la société. Pour Kelsen, c’est l’ordonnancement
juridique qui compte : de la constitution aux décisions de justice et aux
contrats, en passant par les lois, les décrets et les arrêtés de l’autorité
administrative, chaque norme doit être conforme à la norme supérieure. Cette
conformité constitue le véritable fondement du droit.
B. Le positivisme sociologique : ce courant a été défendu par des justes allemands
et français au 19ème siècle. Le droit pour eux se forme par des faits et des
phénomènes sociaux soumis au déterminisme. Le droit procèderait ainsi de la
société. A travers les coutumes, les usages, les pratiques propres à chaque
profession, c’est la société qui constitue le ressort des normes juridiques. Le
droit atteste et manifeste la solidarité sociale. Emile Durkheim parle de la
conscience collective du groupe trouvant son expression totale dans la règle de
droit. Léon Duguit parle de solidarité sociale qui devient le véritable
fondement de droit et s’impose à l’Etat qui ne crée pas la règle mais traduit
dans les faits la solidarité sociale en lui donnant la forme requise et la sanction
qui convient. L’approche marxiste se nourrie largement de ce deuxième
courant en mettant le droit au service des classes dominantes.
C. Critiques des 2 courants :
Pour le 1er courant : notions utilisées vagues et imprécises telles conscience
collective. Négligence du rôle joué par l’Etat notamment en matière
d’imposition des normes juridiques, notamment lorsqu’il y a introduction dans
son propre pays de normes formées et conçues ailleurs. Ataturk en Turquie a
introduit dans son pays le code civil suisse sans prendre en ligne de compte les
spécificités du peuple turc.
Pour le second courant. Reconnaissance de trop de pouvoir à l’Etat. Un risque
de taille sur les libertés individuelles et les institutions démocratiques. Cela
explique pourquoi le positivisme étatique a connu son plein essor entre les
deux guerres mondiales en Allemagne et en Italie, où il y avait des régimes
totalitaires.

III. 2. Les doctrines idéalistes ou de droit naturel :


Le droit naturel peut être défini comme étant un ensemble de règles juridiques
imposées, non pas par l’Etat ou la société, mais par la raison, l’ordre naturel des
choses ou la nature humaine. Ces règles sont supérieures au droit positif et
constituent son véritable fondement.
A. Evolution du droit naturel : Si l’on remonte à l’antiquité, à l’ère des Stoiciens,
le droit est identifié à la raison qui constitue l’élément essentiel de la nature
humaine. Le droit doit être conforme aux règles universelles et éternelles
imposées par la raison. Antigone de Sophocle reprend dramatiquement cette
thèse. Pour Aristote les lois de la cité sur l’esclavage s’expliquent par la nature
humaine. La loi naturelle est un principe supérieur de justice. Cette loi
constitue le fondement du droit positif. Au moyen âge, la notion de droit
naturel est marquée par la doctrine de l’Eglise, représentée essentiellement par
Saint – Thomas d’Aquin qui distingue la loi divine se traduisant dans la
révélation et la loi naturelle imprimée par Dieu dans la nature des choses et
dans la conscience de l’Homme. Au 17ème siècle, en l’absence de droit public
international, il y a eu recours au droit naturel pour régir les rapports entre
Etats. Ce sont les ressources de la raison naturelle qui doivent permettre la
résolution des conflits entre Etats. Grotius a nuancé la thèse en l’écartant de la
dimension religieuse et en ajoutant l’idée de la volonté humaine et des libertés
individuelles. On passe ici du droit naturel objectif voulu par Dieu au droits
naturels subjectifs appartenant à l’individu dès la naissance. La Révolution
française puisera une bonne partie de son idéologie dans cette nouvelle
doctrine.
Pour clore ce point, 3 axiomes à retenir :
 Le droit naturel est universel et immuable (exemple règle de la parole
donnée)
 Le droit positif doit toujours être conforme à la justice naturelle.
 Dans le cas du non respect du droit naturel par le droit positif, la loi serait
injuste et les particuliers ne seraient pas tenus de suivre les règles de droit
positif.

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