Combustion

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Notions de combustion, de brûleurs et de fours

à gaz pour les céramistes.


Didier Descamps http://didierdescamps.fr
30 janvier 2022

Ce petit document est à l’usage des céramistes qui veulent cuire leur produc-
tion au gaz, ce n’est pas une somme universitaire mais un résumé des notions
pratiques et utiles aux potiers.
Ce document est, comme toute chose en ce bas monde, perfectible. L’auteur
appréciera toutes les critiques constructives qui lui permettront de l’améliorer.
Ces critiques peuvent porter sur tous les aspects, sur la forme (fautes de frappe,
d’orthographe, de typographie, . . . ) comme sur le fond (tel concept reste flou, tel
chapitre manque, ou devrait être placé avant tel autre, je connais une formulation
plus simple ou plus jolie, tel ouvrage doit absolument être cité, . . . ). Et si vous êtes
disponible pour écrire une partie qui vous semble manquer ou ré-écrire une partie
que vous trouvez maladroite, dénoncez vous ! Ce document pourrait devenir une
œuvre collective.
On trouvera à http://didierdescamps.fr/combustion/combustion.pdf la
version la plus récente de ce papier.

1 Pourquoi cuire au gaz ? 3

2 Un tout petit peu de chimie. 3


2.1 Une combustion, qu’est-ce ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Composition des gaz combustibles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3 Les différents types de combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3.1 Combustion stœchiométrique ou « neutre ». . . . . . . . . . . . 5
2.3.2 Combustion « oxydante ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3.3 Combustion « réductrice ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3.4 Combustion incomplète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3.5 Les diagrammes de combustion . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3.6 Laquelle chauffe le mieux ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3.7 Four électrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

3 Gaz couramment utilisés en céramique. 9


3.1 Propane. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 Gaz naturels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1
3.3 Et le butane ? ou pourquoi les bouteilles « gèlent » . . . . . . . . . . . 11

4 Brûleurs. 12
4.1 Brûleurs à air induit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.2 Brûleurs à air soufflé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.2.1 Mélange air – gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.2.2 Brûleurs Jet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.3 Mesure et contrôle du débit de gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.3.1 Injecteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.3.2 Débitmètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
4.4 Préchauffage de l’air.(À FAIRE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
4.5 Sécurité et détection de flamme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

5 Bilan thermique global simplifié d’un four. 18


5.1 Répartition des puissances. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
5.2 Phase à gradient constant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
5.3 Phase à puissance constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
5.4 Code . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
5.5 À faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

6 Évacuation des fumées et tirage. 21


6.1 Les deux problèmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
6.2 Hypothèses simplificatrices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
6.3 Pression dans la chambre et cheminée de tirage. . . . . . . . . . . . . 22
6.3.1 Principe du calcul. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
6.3.2 Code de calcul. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
6.4 Évacuation des fumées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
6.4.1 Principe du calcul. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
6.4.2 Code. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

7 Conclusion 25

8 annexes 26
8.1 Maintenir ou éteindre un feu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
8.2 Comportement des gaz. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
8.2.1 Gaz parfait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
8.2.2 Volume « normal ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
8.3 Calcul du débit dans un injecteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
8.3.1 Calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
8.3.2 Détails mathématiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
8.3.3 Code. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
8.4 Caractéristiques des fumées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
8.4.1 Pouvoirs comburivore et fumigène. . . . . . . . . . . . . . . . . 30
8.4.2 Enthalpie emportée par les fumées. . . . . . . . . . . . . . . . 30

Didier Descamps 2 combustion élémentaire pour céramistes.


2 UN TOUT PETIT PEU DE CHIMIE.

1 Pourquoi cuire au gaz ?


Dans le domaine de la cuisson de céramiques en grès et en porcelaine à haute
température, le gaz permet d’obtenir des palettes de couleurs et de textures beau-
coup plus variées que l’électricité (par manque d’expérience, je ne parlerai pas ici
de cuisson au bois ou aux combustibles liquides comme le fioul). On peut aussi,
dans certaines conditions, réaliser des cuissons beaucoup plus rapides.
La combustion a aussi ses inconvénients. La cuisson n’est pas nécessairement
plus économique 1 . Et comme elle est difficilement automatisable, elle constitue
un travail (au moins une surveillance) pour le céramiste, il n’est pas question de
presser un bouton et d’aller se coucher.
Le gaz n’est pas dangereux ! à condition de connaître les principes de base de
la combustion et de la construction des fours, une sécurité correcte est facile à
assurer. Beaucoup pensent que le gaz est dangereux à cause des risques d’explo-
sion, spectaculaires mais fort rares chez les potiers, alors qu’un four électrique,
à la porté de tous, mais mal isolé peut électrocuter en silence sans faire la une
des journaux. Les problèmes électriques sont beaucoup plus souvent à l’origine
d’incendies que le gaz.

2 Un tout petit peu de chimie.


2.1 Une combustion, qu’est-ce ?
Pour le potier, une combustion est une réaction exothermique rapide dans un
mélange de combustible et d’air contenant de l’oxygène.
Cette réaction en chaîne doit être initiée par une « énergie d’activation » appor-
tée par une étincelle ou un briquet. Cette énergie crée dans le mélange combustible-
oxygène une zone où la température est suffisante pour que la réaction débute et
se propage.
La réaction se propage à une certaine vitesse, dite vitesse de déflagration 2 ,
en général inférieure à 1 m/s. Cette vitesse limitée a des conséquences sur la
conception des brûleurs.
Elle se propage tant que certaines conditions sont réunies, et en particulier
une fourniture d’oxygène et de combustible dans un rapport convenable. Pour ré-
sumer 3 ,
Combustible + Comburant (O2 ) + Énergie d’activation → Produits + Chaleur

La quantité de chaleur produite est bien précise, on l’appelle le « Pouvoir Ca-


1. L’énergie consommée par une cuisson au gaz est approximativement le double de celle d’une
cuisson électrique, et le prix du kW.h électrique est approximativement le double de celui du gaz
naturel, d’où des coûts assez proches. Par contre, le propane est beaucoup plus cher.
2. Précisions de vocabulaire : La combustion ordinaire, celle du briquet ou de la gazinière, est
une déflagration ; et la combustion à la « vitesse du son » est une explosion ou détonation. La
vitesse de déflagration est plutôt une célérité.
3. Les pompiers le savent bien, voir 8.1

Didier Descamps 3 combustion élémentaire pour céramistes.


2 UN TOUT PETIT PEU DE CHIMIE.

lorifique Inférieur 4 » ou PCI. Le PCI des gaz naturels. est compris entre 40 et
51 MJ/kg, celui du propane est aux environs de 46,1 MJ/kg et 47,7 pour le bu-
tane 5 (pour mémoire, 1 kWh=3,6 MJ).
Pour obtenir –involontairement en général– une explosion, il faut une condi-
tion supplémentaire, le confinement 6 . Une galerie de mine de charbon ou le four
d’un potier imprudent avec sa porte bien fermée sont de bons exemples de confine-
ment. Pour le potier il est facile de démarrer porte ouverte et après avoir ventilé.
C’est plus compliqué pour le mineur !

2.2 Composition des gaz combustibles.


La plupart des combustibles gazeux ou liquides courants sont des « alcanes »,
c’est à dire des hydrocarbures saturés de formule générale Cn H2(n+1) . Ce sont donc
différentes sortes de pétrole.
Par exemple les gaz naturels sont essentiellement composés de méthane CH4 ,
le propane a pour formule C3 H8 , le fioul est un mélange de chaînes plus longues,
de C12 H26 à C16 H34 , etc.
À cause de leur prix élevé, les hydrocarbures non saturés, comme par exemple
l’éthylène, sont réservés à des applications particulières (soudure, etc.) et le potier
ne les utilise pas dans son four.
Les gaz « commerciaux » ne sont pas des gaz purs et contiennent beaucoup
d’espèces chimiques différentes : le propane de début et de fin de bouteille n’ont
pas la même composition, les gaz naturels du nord et du sud de la France sont
différents.

2.3 Les différents types de combustion


Comme dit plus haut, pour obtenir une combustion il faut du combustible (ici
du gaz) et du comburant (ici de l’air, ou plus précisément l’oxygène qu’il contient).
On peut régler un brûleur pour mélanger un débit de gaz à un débit d’air dans un
rapport variable, mais ce rapport a certaines limites.
Prenons l’exemple d’un gaz qui, du fait de sa composition, demande 10 volumes
d’air par volume de gaz, et un brûleur qui débite 1 m3 /h de gaz. Si le débit d’air
est de 10 m3 /h, on obtient une combustion « neutre ». S’il est de 11 m3 /h, elle est
« oxydante » et s’il est de 9, elle est « réductrice ». S’il est de 1 ou de 100 la combus-
tion est impossible, les proportions réelles ne pouvant pas être trop différentes de
10.
le mot « neutre » est entre guillemets car c’est un modèle. Les mots « oxydante »
et « réductrice » sont également entre guillemets car on s’éloignera peu du rapport
neutre, contrairement à ce qui se pratique en métallurgie.
4. Le pouvoir calorifique supérieur ou PCS, d’environ 10% plus élevé que le PCI, n’est utilisable
que s’il y a condensation, comme dans les chaudières du même nom. C’est le PCS qui est facturé,
ce qui constitue à mon avis une arnaque.
5. Et portant le butane n’est presque jamais utilisé par les potiers, mais c’est à cause de sa
faible tension de vapeur. voir 3.3.
6. écrit en 2016, relu avec amusement en 2020.

Didier Descamps 4 combustion élémentaire pour céramistes.


2 UN TOUT PETIT PEU DE CHIMIE.

2.3.1 Combustion stœchiométrique ou « neutre ».


Une réaction chimique stœchiométrique est une réaction théorique où il y a
exactement les bonnes proportions de réactifs pour que la réaction soit complète.
Dans notre cas de combustion d’un alcane dans l’oxygène pur, elle s’écrit
3n + 1
Cn H2(n+1) + O2 → nCO2 + (n + 1)H2 O
2
et donc, pour un combustible donné, il faut une quantité bien précise d’oxygène
pour obtenir une combustion neutre, sans excès ni défaut d’oxygène.
Prenons l’exemple du méthane, pour lequel il faut exactement deux moles de
O2 par mole de CH4 :

CH4 + 2O2 → 1CO2 + 2H2 O

c’est à dire deux volumes d’oxygène par volume de méthane, puisqu’on peut pour
ces deux gaz utiliser le modèle du « gaz parfait » 7 .
Évidement, le comburant courant n’est pas l’oxygène pur mais l’air atmosphé-
rique. Celui-ci contient, pour simplifier, 21% d’oxygène, 78% d’azote N2 et 1% de
gaz divers. Ces proportions sont en volumes ou en moles, et non pas en masses.
L’azote et ces gaz divers ne participent pas à la réaction, ils restent spectateurs.
Comme le besoin en oxygène est de 2 pour 1 méthane, le besoin en air est
de 2/0,21 pour 1, soit 9,52 environ. De fait, le « pouvoir comburivore » ou « air
stœchiométrique » des gaz nat. est compris entre 8,9 et 9,7 m3 /m3 selon leur type.
Le propane est un gaz liquéfiable et, dans les conditions courantes d’utilisa-
tion, il ne peut pas être considéré comme parfait. On préfère donc raisonner en
masse. Tout calculs faits, l’air stœchiométrique du propane est environ 15,6 kg/kg
Comme cette combustion est complète tout en générant la quantité minimale
de fumées, c’est la plus économique. Sauf effets particuliers recherchés, on es-
sayera donc de ne pas trop s’en écarter.
On définit le taux d’aération d’une flamme comme le rapport entre l’air réel
et l’air stœchiométrique. Ce taux est évidemment égal à 100% pour la combustion
neutre.
Si on veut y regarder d’assez près, une combustion réelle n’est jamais tout à
fait neutre ni tout à fait totale, la combustion stœchiométrique est un modèle, un
idéal. . .

2.3.2 Combustion « oxydante ».


Également dénommée « en excès d’air », les motoristes l’appellent « en mélange
pauvre ». C’est la combustion où la quantité d’air est plus grande que celle de la
combustion neutre. En conséquence il y a dans l’atmosphère du four de l’oxygène
résiduel qui n’a pas participé à la réaction, qui n’a pas trouvé dans la flamme
l’âme-sœur combustible. C’est la combustion obligatoire pour une cuisson de dé-
gourdi 8 , elle permet de débarrasser la terre de ses impuretés organiques en les
7. voir 8.2.1.
8. souvent appelée cuisson de "biscuit", je trouve cette dénomination étrange voire stupide,
maintenant que je sais compter jusqu’à deux.

Didier Descamps 5 combustion élémentaire pour céramistes.


2 UN TOUT PETIT PEU DE CHIMIE.

oxydant. Pour une cuisson finale à haute température elle reproduira une cuisson
à l’électricité.
Pour économiser le combustible, il vaut mieux un excès d’air faible. Je n’ai
jamais dépassé un taux d’aération de 105%, sauf en tout début de cuisson pour
parfaire le séchage en douceur.

2.3.3 Combustion « réductrice ».


Dite également « en défaut d’air » ou « de mélange riche ». C’est tout l’intérêt de
la cuisson au gaz que de pouvoir obtenir dans l’enceinte du four une atmosphère
réductrice !
L’absence d’oxygène et la présence de monoxyde de carbone CO et d’hydrogène
H2 dans le four permettent d’obtenir une gamme de couleurs très différente de
celle de la cuisson oxydante, en particulier avec les oxydes de fer et de cuivre.
Ici encore il vaut mieux un réglage proche du neutre pour économiser le gaz.
J’obtiens des bons résultats en passant en réduction vers 950˚C avec un taux
constant de 95% jusqu’à la fin (1280˚C).
La transition oxydation/réduction s’observe bien à la sortie du four. En réduc-
tion CO et H2 y trouvent l’oxygène de l’air extérieur et une flamme peu éclairante
se forme, cette flamme n’existe pas si l’atmosphère est oxydante.
Le monoxyde de carbone CO est un gaz inodore et très toxique ! mais comme
il disparaît dans cette flamme, le potier n’est pas en danger pour autant. Malgré
cela, une aération correcte du local reste une précaution élémentaire. Diverses
autres méthodes de réduction à basse température (enfumage, etc.) peuvent re-
présenter un réel danger, mais nous sortons du domaine du grès et de la porcelaine
et je n’en parlerai pas par manque d’expérience.
Ne parlez pas de réduction avec un chauffagiste, vous prendriez le risque de
vous fâcher ! le défaut d’air dans une chaudière est pour lui un grave défaut dû à
un mauvais réglage à éviter absolument, il aura du mal à admettre que c’est ce
que vous voulez vraiment.

2.3.4 Combustion incomplète


On peut parfois trouver simultanément de l’oxygène et du monoxyde de car-
bone dans l’enceinte du four, et cela qu’on soit en excès ou en défaut d’air. C’est le
signe d’un mauvais réglage d’un ou plusieurs brûleurs. C’est une combustion avec
un mauvais rendement et polluante, à éviter !

2.3.5 Les diagrammes de combustion


Des tables et des diagrammes sont publiés pour chacun des principaux gaz
combustibles. On voit dans la figure 1 9 la composition des fumées « sèches » d’un
gaz naturel en fonction du taux d’aération. On voit qu’il suffit, si on dispose d’un
analyseur de gaz, de mesurer la teneur d’un gaz pour se situer dans le diagramme,
9. les figures 1 à 3 sont extraites de « Combustibles Gazeux et Principes de la Combustion, GAZ
de FRANCE, direction de la recherche ».

Didier Descamps 6 combustion élémentaire pour céramistes.


2 UN TOUT PETIT PEU DE CHIMIE.

F IGURE 1 – diagramme d’équilibre sec d’un gaz naturel.

connaitre la teneur des autres gaz et le taux d’aération. Ça sera, par exemple O2
en oxydation et CO en réduction.
En pratique on se réfère au diagramme des fumées « sèches » car l’échantillon
de gaz est refroidi avant analyse et par conséquent débarassé de la majorité de sa
vapeur d’eau. On peut, si on en a besoin, trouver la composition réelle de l’atmo-
sphère du four, vapeur d’eau comprise, en se reportant au diagramme « humide »
au même taux d’aération.
Si, comme moi, on utilise un brûleur à air soufflé, alors on mesure les débits
d’air et de gaz et on connaît directement le taux d’aération sans avoir besoin d’un
analyseur.

2.3.6 Laquelle chauffe le mieux ?


Les thermiciens définissent la température adiabatique de flamme comme
la température qu’atteindraient les produits de la combustion s’il récupéraient
toute l’énergie thermique produite. C’est donc un maximum théorique dont on
peut regarder l’évolution en fonction du taux d’aération.
Pour un taux de 100% ou plus et en supposant la combustion complète, l’éner-
gie produite est égale au PCI et elle est donc constante. À mesure que le taux
augmente cette énergie se répartit dans une masse de gaz de plus en plus grande
et la température adiabatique diminue.

Didier Descamps 7 combustion élémentaire pour céramistes.


2 UN TOUT PETIT PEU DE CHIMIE.

F IGURE 2 – diagramme d’équilibre humide d’un gaz naturel.

Pour un taux inférieur à 100% la combustion n’est plus complète et l’énergie


réelle produite diminue en même temps que lui, donc la température adiabatique
devrait elle aussi décroître. Mais la masse des gaz profitant de cette énergie di-
minue également, ce qui contribue à l’augmentation de la température. Ces deux
effets sont antagonistes et le calcul montre que, quand le taux diminue, la tem-
pérature commence à augmenter avant de diminuer rapidement. Une légère ré-
duction serait le réglage optimal s’il était possible, ce qui n’est évidemment pas
toujours le cas.
La figure 3 résume ces considérations et donne de plus cette température pour
différents préchauffages de l’air en entrée de brûleur, si vous envisagez le pré-
chauffage par récupération de chaleur à la cheminée 10 .

2.3.7 Four électrique.


On lit parfois que la cuisson dans un four électrique est neutre, mais je pense
qu’elle est en réalité oxydante. Au vu des résultats obtenus mais aussi par « lo-
gique » : un four n’est jamais étanche au gaz (et heureusement, s’il l’était, selon
les lois des gaz, la montée en température s’accompagnerait d’une montée en pres-
sion, jusqu’à l’explosion.). Il y a donc un renouvellement continu de l’air dans l’en-
ceinte et l’apport d’oxygène est bien supérieur à ce que consomment les quelques
10. voir en page 18

Didier Descamps 8 combustion élémentaire pour céramistes.


3 GAZ COURAMMENT UTILISÉS EN CÉRAMIQUE.

F IGURE 3 – Température adiabatique d’un gaz naturel en fonction du taux d’aé-


ration.

traces de matières combustibles en présence comme sont les carbonates de l’émail


par exemple. Il y a donc bien de l’oxygène dans le four.
Certains constructeurs équipent leurs fours électriques de dispositifs permet-
tant une atmosphère réductrice (introduction de gaz, de bois, etc.) mais oublient
parfois de préciser que ces cuissons en réduction racourcissent fortement la durée
de vie des résistances chauffantes.

3 Gaz couramment utilisés en céramique.


Les gaz sont des pétroles et leurs prix fluctuent avec les marchés.

3.1 Propane.
Les céramistes cuisant au gaz sont le plus souvent installés à la campagne, là
où le gaz naturel n’est pas distribué, il n’ont donc pas d’autre choix de gaz que le
propane.
Le propane est liquéfiable aux températures ordinaires sous pression, il est
stocké à l’état liquide dans un réservoir à l’extérieur des bâtiments.
Il peut être stocké dans une citerne fixe remplie par camion. C’est la solution
à envisager s’il y a d’autres utilisations du gaz (chauffage, etc.) ou si le four est
grand et très consommateur.
Il peut aussi être contenu dans une ou plusieurs bouteilles consignées qu’on
échange vides contre pleines dans un commerce ou une station service. Les bou-
teilles de 35 kg sont préférables à celles de 13 kg puisqu’elles permettent de dimi-

Didier Descamps 9 combustion élémentaire pour céramistes.


3 GAZ COURAMMENT UTILISÉS EN CÉRAMIQUE.

nuer la fréquence des manipulations ainsi que le gaspillage 11 .


La pression dans le réservoir est de plusieurs bars, on peut alimenter les brû-
leurs sous forte pression, typiquement 1,5 bar.
Attention, le propane gazeux est plus lourd que l’air et s’accumule facilement
dans un point bas en cas de fuite, d’où une possibilité de confinement et d’explo-
sion.

3.2 Gaz naturels.


Le méthane, principal constituant des gaz naturels, n’est pas liquéfiable à tem-
pérature ambiante. On ne peut donc pas le stocker et il doit être délivré par un
réseau.
Le gaz naturel, s’il est disponible, a de gros avantages :
— il est plus léger que l’air, sa vitesse de déflagration est plus faible que celle
du propane, il n’y a pas de stock, tout cela contribue à la sécurité ;
— pas de changements de bouteilles, de remplissage de citerne, de manipula-
tions pénibles ;
— le prix, surtout si le compteur, la chaudière et la gazinière existent déjà.
Mais il a un inconvénient : avant compteur le gaz est détendu entre 20 et
28 hPa effectifs 12 , cette très basse pression est parfois difficilement compatible
avec des brûleurs initialement conçus pour le propane. Pour contourner cette dif-
ficulté,
— on peut recomprimer le gaz, ce qui ne peut se faire en sécurité qu’avec des
machines coûteuses.
— on peut aussi négocier une plus forte pression avec le distributeur, la pres-
sion avant compteur étant souvent de 4 bars. On pourra alors utiliser les
fours et brûleurs propane sans transformation, en ne modifiant que la pres-
sion.
— on peut aussi utiliser ou concevoir des brûleurs adaptés à cette basse pres-
sion.
Cette dernière solution est la plus simple, c’est celle que j’ai personnellement choi-
sie pour mon dernier four, résolument urbain.
Deux types de gaz naturels se rencontrent en France. Le gaz B (comme Bas),
contient beaucoup d’azote et a donc un PCI faible de 40,2 MJ/kg environ. Il est
distribué dans le nord. Le gaz H (comme Haut) est composé de méthane presque
pur et a donc un PCI plus grand, de 49,6 MJ/kg environ. Il est distribué dans le
reste de la France.
Le « gaz de ville » ou gaz de cokerie n’est plus distribué au grand public de-
puis des dizaines d’années. Ce sous-produit de la distillation du charbon était trop
dangereux car il contenait du monoxyde de carbone très toxique et de l’hydrogène
facilement détonant. À ne pas confondre avec les gaz naturels !
11. Il restera toujours un peu de gaz dans la bouteille, voir 3.3
12. hPa ou hecto Pascal, on disait autrefois millibar. Effectif signifie en plus de la pression at-
mosphérique.

Didier Descamps 10 combustion élémentaire pour céramistes.


3 GAZ COURAMMENT UTILISÉS EN CÉRAMIQUE.

3.3 Et le butane ? ou pourquoi les bouteilles « gèlent »


C’est une façon de parler, le butane lui même ne gèle jamais vraiment !
Le butane est très proche du propane, il a quasiment les mêmes pouvoirs calo-
rifiques. Pourquoi n’est-il presque jamais utilisé pour la cuisson des céramiques ?
tous simplement à cause de sa faible tension de vapeur.
Dans notre bouteille de gaz liquéfié il y a du liquide en bas et de la vapeur
au dessus, tout comme l’eau dans une cocotte-minute. La pression –ou tension–
dans la bouteille dépend du gaz (elle est beaucoup plus grande pour le propane
que pour le butane) et elle augmente avec la température 13 .
On voit sur la figure 4, 14 qu’à 0˚C la pression du butane est aux environs de
la pression atmosphérique (1 bar environ) et que rien ne peut sortir de la bou-
teille, même pleine. Et pour fournir 0,9 bar effectif notre butane doit être à 17˚C
minimum.

F IGURE 4 – pression /température

Or, quand une quantité de gaz à l’état vapeur est consommée, une quantité
équivalente se vaporise et le niveau de la surface libre diminue. Le butane bout
dans son récipient. Et pour faire bouillir un liquide il faut lui apporter de la cha-
leur, appelée chaleur latente de vaporisation. En cuisine c’est le feu sous la cas-
serole qui apporte cette énergie, mais dans le cas du butane, cette chaleur est
prélevée dans le liquide qui se refroidit et voit donc sa température et sa pres-
sion baisser. Si la bouteille n’est pas suffisamment réchauffée par l’extérieur, par
convection naturelle le plus souvent, la température de la vapeur chute et avec
elle la pression, et rapidement le débit de butane devient insuffisant.
Le même phénomène existe avec le propane, mais il faut descendre à -42˚C
pour que la pression descende sous 1 bar. Il y a donc une bonne marge, la bouteille
13. dans la cocotte minute l’eau sous pression bout à 115˚C et les aliments cuisent plus vite.
14. figure empruntée à https://www.cfbp.fr/lenergie-gpl/caracteristiques/

Didier Descamps 11 combustion élémentaire pour céramistes.


4 BRÛLEURS.

peut se couvrir du givre de l’humidité atmosphérique bien avant qu’on ait de souci
avec la pression.
Je garde pourtant un souvenir ému d’une cuisson d’hiver que j’ai du finir en
arrosant d’eau froide la citerne de propane ; mais j’avoue que mon premier four
était un monstre de consommation !
Le butane est largement utilisé dans l’industrie grâce au chauffage des ci-
ternes et au prélèvement en phase liquide, mais ces méthodes ne sont pas appli-
cables dans des conditions artisanales.
Si vous n’avez vraiment pas d’autre choix que le butane, vous pouvez envisa-
ger un dispositif pour que le fond des bouteilles de gaz trempent dans de l’eau
maintenue tiède. Je n’ai pas essayé, n’en ayant jamais eu besoin.

4 Brûleurs.
Les brûleurs des fours des potiers se rangent schématiquement en deux caté-
gories :
— les brûleurs à air induit, où le gaz entraîne l’air ; comme un brûleur de
gazinière il n’ont pas besoin de ventilateur ni d’électricité.
— les brûleurs à air soufflé dans lequel l’air est, comme le gaz, fourni sous
pression. C’est le cas des brûleurs jet qui produisent en sortie une flamme
à très grande vitesse.

4.1 Brûleurs à air induit.


Dans un brûleur à air induit le gaz sous pression passe par un injecteur. À
la sortie de celui-ci le gaz forme un jet qui communique son débit de quantité de
mouvement 15 à l’air qui l’environne, et l’entraîne dans un tube coaxial à l’injec-
teur. Cet air est appelé air primaire. Le débit d’air primaire est contrôlé par la
surface de l’entrée qu’on peut plus ou moins obstruer par un dispositif comme une
vis, une molette, . . . .

jet de gaz
entrée de gaz

entrée d'air
amme pilote amme

F IGURE 5 – brûleur à air induit.

Cette force d’entraînement de l’air est proportionnelle au débit de gaz (donc à


la puissance thermique) et à la vitesse du jet de gaz. Elle est donc d’autant plus
15. C’est une force exprimée en newtons.

Didier Descamps 12 combustion élémentaire pour céramistes.


4 BRÛLEURS.

grande que l’injecteur est petit et la pression de gaz est grande. Ce type de brûleur
est donc mieux adapté au propane qu’au gaz naturel sous basse pression ; mais ce
dernier convient parfaitement dans la majorité des cas.
En sortie de brûleur le mélange formé dans le tube doit être à plus grande
vitesse que la déflagration, sinon il y aurait risque que la flamme remonte à l’in-
jecteur. Et la flamme doit être « accrochée » par un dispositif qui maintient locale-
ment une vitesse faible, sinon il y a risque que la flamme soit soufflée et s’éteigne
comme la bougie du gâteau. Deux dispositifs sont courants :
— une série de trous assez petits créant des « flammes pilotes » autour de
l’écoulement principal 16 (figure 6). De l’air supplémentaire pourra entrer
dans le four autour du brûleur, appelé air secondaire ;
— un ouvreau conique en béton réfractaire inclus dans la maçonnerie du four
(figure 7). La surface du cône est pourvue d’aspérités qui favorisent l’ac-
croche de la flamme.
Dans les deux cas, le contrôle de l’oxydo-réduction se fait en actionnant un re-
gistre en sortie de four, à la cheminée : on fait varier la pression à l’intérieur du
four et donc la quantité d’air secondaire ou primaire entrante participant à la
combustion.

F IGURE 6 – flammes pilotes.

F IGURE 7 – ouvreau conique.

avantages : aucun besoin d’électricité pour entraîner un ventilateur, facile à


réaliser soi même ;
inconvénients : pour obtenir une température à peu près homogène dans le
four, il est préférable de répartir la puissance sur plusieurs brûleurs et il
n’est alors pas facile de les régler pour que le taux d’aération soit lui aussi
égal en tout point du four. Ces brûleurs sont sensibles aux conditions météo,
et au vent si le four est en extérieur.

4.2 Brûleurs à air soufflé.


Comme leur nom l’indique, ces brûleurs sont alimentés en gaz et en air sous
pression. L’air est fourni par un ventilateur, la combustion a lieu dans un ouvreau.
16. Si vous lavez les brûleurs de votre gazinière et ne les séchez pas parfaitement, vous obstruez
les minuscules trous des flammes pilotes et la flamme refuse de s’accrocher.

Didier Descamps 13 combustion élémentaire pour céramistes.


4 BRÛLEURS.

Les avantages sont nombreux :


— on peut finement régler le taux d’aération avec deux robinets et deux débit-
mètres, un sur chaque fluide 17 ;
— ils ne sont pas sensibles aux conditions météo ;
— on peut envisager un préchauffage de l’air pour économiser le gaz (voir 4.4).
Les « soufflantes à canal latéral » sont particulièrement adaptées à l’alimenta-
tion en air des brûleurs. Elles ont l’inconvénient d’être assez bruyantes, j’ai résolu
le problème en mettant la mienne à la cave sous le four et je ne l’entends plus.
Elles sont à entraînement direct (sans courroies) et le plus souvent motorisées
en triphasé, tout ça les rend fiables et très peu sujettes aux pannes. Et pas besoin
d’un abonnement tri pour les faire fonctionner, le triphasé peut être fourni par un
variateur alimenté en monophasé. Le variateur a aussi l’avantage d’économiser
l’électricité et le bruit : plutôt que d’agir sur un robinet d’air, on fait varier la
vitesse de la soufflante qui tourne alors le plus souvent à vitesse réduite.

4.2.1 Mélange air – gaz


On rencontre deux façons de mélanger le gaz et l’air comburant :
mélange au nez : les deux fluides se mélangent dans l’ouvreau. Avec cette
méthode le préchauffage de l’air est possible. De plus une combustion à
faible puissance et très oxydante peut être obtenue, un « sèche cheveux »
qui facilite les touts débuts de cuisson.
prémélange : le mélange air-gaz est effectué dans un mélangeur puis amené
au brûleur par une conduite unique. Plusieurs brûleurs peuvent ainsi être
alimentés par le même mélangeur et la conduite du four en est simplifiée,
avec la certitude d’un four en atmosphère homogène et d’une combustion
complète. Pour d’évidentes raisons de sécurité, la vitesse du mélange doit
toujours être supérieure à la vitesse de déflagration.

4.2.2 Brûleurs Jet.


Ce sont des cas particuliers de brûleurs à air soufflé, où l’orifice de l’ouvreau
se rétrécit en sortie et les gaz brûlés sortent à très grande vitesse, de l’ordre de
100 m/s. Cette vitesse provoque dans l’ensemble du four un brassage intense des
gaz et un échange thermique renforcé avec le chargement : la convection forcée.
On peut ainsi effectuer sans casse des cuissons rapides et économiques, et
obtenir une température homogène dans l’ensemble du four même avec un seul
brûleur. Le brûleur jet est le complément idéal de la fibre, on peut réaliser une
économie de gaz de 30% environ comparativement au four à air induit.
Dans le document http://didierdescamps.fr/four/four.pdf j’explique la
conception et la fabrication de mon brûleur jet et de mon four actuel, qui fonc-
tionne au gaz naturel B avec un abonnement domestique classique à 28 hPa. J’ai
eu recours à une astuce pour pouvoir obtenir une grande vitesse de sortie malgré
17. Comme sous la douche où on mélange l’eau brûlante et l’eau glacée pour obtenir la tempéra-
ture souhaitée (le taux d’aération) et le débit (la puissance).

Didier Descamps 14 combustion élémentaire pour céramistes.


4 BRÛLEURS.

une aussi basse pression de gaz : c’est l’air sous pression qui communique son
débit de quantité de mouvement au gaz, à l’inverse du brûleur à air induit.

4.3 Mesure et contrôle du débit de gaz


On a vu que la puissance thermique et le débit de gaz son liés par un coeffi-
cient, le Pouvoir calorifique ou PCI. C’est en contrôlant le débit de gaz que le potier
impose à son four l’accroissement désiré de la température en fonction du temps,
sa « courbe de cuisson ».
Deux cas de figure se rencontrent :
— le gaz se détend dans un injecteur, le débit est fonction de la géométrie et
du diamètre de l’injecteur, et de la pression en amont de celui ci. C’est le
cas des brûleurs à air induit.
— il n’y a pas d’injecteur et les débits d’air et de gaz sont évalués par des dé-
bitmètres placés sur les conduites. C’est le plus souvent le cas des brûleurs
à air soufflé.
Dans les deux cas c’est en changeant la pression qu’on fait varier le débit.

4.3.1 Injecteurs.
Le débit de gaz passant dans un injecteur –donc la puissance thermique– est
fonction de différents paramètres, et principalement de son diamètre, de sa géo-
métrie qui détermine un débit spécifique, et de la pression effective 18 d’alimenta-
tion en gaz.

70

60
puissance(PCI) (kW/mm$^2$)

propane
50

40

30

gaz nat. H
20

gaz nat. B
10

0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
pression effective (bar)

F IGURE 8 –

18. perssion effective = pression absolue - pression atmosphérique

Didier Descamps 15 combustion élémentaire pour céramistes.


4 BRÛLEURS.

20

18

16
puissance(PCI) (kW/mm$^2$)

propane gaz nat.H

14

12

10

4 gaz nat B

0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5
pression effective (bar)

F IGURE 9 –

Le calcul du débit de gaz passant dans un injecteur est détaillé en 8.3. Le


résultat de ce calcul se trouve dans les figures 8 et 9. Ces figurent indiquent di-
rectement la puissance thermique en fonction de la pression effective du gaz pour
un injecteur de 1 mm2 et un débit spécifique de 1. Pour effectuer ces calculs j’ai
supposé que les conditions atmosphériques sont 1 bar et 15˚C, mais ce sont des
facteurs peu sensibles.

1 2 1 2

F IGURE 10 – tuyère. F IGURE 11 – diaphragme.

débit spécifique La figure 10 représente une tuyère parfaitement profilée au


sortir de laquelle le jet de gaz est au diamètre de l’injecteur. Le débit est maximal
et le débit spécifique ou facteur de débit est égal à 1. La figure 11 représente un

Didier Descamps 16 combustion élémentaire pour céramistes.


4 BRÛLEURS.

injecteur avec une arête vive en amont, ce qu’on obtient en perçant une tôle mince
par exemple. Le jet est de plus petit diamètre et le débit est également plus faible.
Le facteur de débit est ici égal à 0,60.
Pour les injecteurs du commerce, récupérés sur des gazinières par exemple,
on peut considérer que le facteur de débit est égal à 1, l’erreur commise étant
négligeable.
Exemple : un brûleur fonctionne au propane à 1,5 bar, le diamètre de l’injec-
teur est de 1 mm et son facteur de débit est de 1.
— la surface de l’injecteur est 0,785 mm2 la puissance est de
31, 45 × 0, 785 = 24, 7 kW.
— on veut obtenir la même puissance en gaz naturel H sans changer l’injec-
teur, il faut donc une pression de 2,62 bar.
— la pression maxi de gaz nat. est 0,1 bar, il faut donc un injecteur de dia-
mètre 2,33 mm avec un facteur de débit de 1, ou 3,02 si le facteur de débit
est de 0,6 pour obtenir la même puissance. Arrondir au diamètre disponible
le plus proche, évidemment.

4.3.2 Débitmètres.
Les fournisseurs de matériel industriel proposent un grand nombre de solu-
tions, plus coûteuses les unes que les autres. Heureusement, il est très facile de
bricoler soi même des débitmètres assez précis pour conduire un four de potier.
Tout accident de parcours d’un fluide dans une conduite engendre une perte
de charge (ici, une chute de pression) proportionnelle au carré du débit 19 . Un
accident peut être un coude, une variation de section ou n’importe quoi d’autre ; et
notamment un robinet partiellement fermé.
Sur chaque fluide, il suffit d’insérer en aval du robinet de réglage (les "vannes"
à boisseau sphérique sont commodes et bon marché) un deuxième robinet muni
de deux prises de pression, une en amont et l’autre en aval. Ces deux prises sont
reliées à un manomètre différentiel qui, au plus simple, peut être un simple tube
en U en plastique transparent contenant de l’eau colorée 20 . Ce deuxième robinet
est installé à distance du premier (une dizaine de diamètres) pour qu’ils n’inter-
fèrent pas, et il est partiellement fermé pour que la hauteur de la colonne d’eau
donne une image du débit.
Peu importe le réglage précis de ce robinet (j’ai réglé celui du gaz à 150 mm
pour le débit maximal) mais il est très commode de régler les deux, gaz et air,
pour obtenir une combustion neutre quand leurs indications sont identiques, on a
ainsi un visuel immédiat de la puissance mais également du taux d’aération. Ces
réglages se font précisément lors d’une première cuisson d’essai à haute tempé-
rature 21 : au delà de 1000˚C, l’apparition ou la disparition de la flamme en sortie
du four est un indicateur fin du passage par la combustion neutre. Ces réglages
19. Les mécaniciens des fluides pourraient déplorer que je ne prenne pas en compte ni γ ni R e.
C’est vrai, mais les effets de la compressibilité et de la viscosité sont ici tout à fait négligeables.
20. L’eau peut être colorée avec une goutte de fluorescéine qui a de plus l’avantage d’être anti-
septique. Personnellement j’ai craqué pour deux manomètres numériques.
21. Je simule le chargement avec des plaques d’enfournement et des briques réfractaires.

Didier Descamps 17 combustion élémentaire pour céramistes.


5 BILAN THERMIQUE GLOBAL SIMPLIFIÉ D’UN FOUR.

étant faits, on retire la manœuvre des robinets pour éviter un dé-réglage malen-
contreux.
Détails et photo en figure 2 de http://didierdescamps.fr/four/four.pdf

4.4 Préchauffage de l’air.(À FAIRE)


4.5 Sécurité et détection de flamme.
Si le (ou un des) brûleur s’éteint sans qu’on s’en aperçoive, une accumulation
de gaz peut se produire dans le four, d’où un risque d’explosion. On pourrait donc
se sentir rassuré si un dispositif surveille en permanence la présence de la flamme,
et agit sur une électrovanne qui coupe rapidement le gaz en cas d’extinction.
J’ai personnellement choisi de m’en passer. Ces dispositifs sont coûteux, ne
dispensent pas d’une surveillance et ne servent que peu de temps : rapidement
l’ouvreau est porté à une température telle que le ré-allumage est immédiat si le
gaz a été momentanément coupé. De plus un brûleur qui s’éteint, ça s’entend ; et
ça ne s’éteint pas si c’est bien réglé ! je me contente d’un déclencheur à manque de
tension et d’une électrovanne en cas de coupure électrique.
Mais si vous recevez du public, votre assureur ou une commission de sécurité
vous imposeront peut-être un dispositif de détection de flamme. Quelque soit son
type, il maintient ouverte une électrovanne tant que la flamme est présente. Il est
souvent compris dans un système qui assure un cycle de pré-ventilation, d’allu-
mage puis la surveillance.
Électrodes d’ionisation. Une flamme est un milieu instable et complexe
où se trouvent des radicaux libres et des ions. Ceux-ci rendent ce milieu
conducteur de l’électricité. Deux électrodes (qui peuvent également assu-
rer l’allumage) permettent de vérifier cette conductivité.
Cellule UV Une flamme émet de la lumière visible, mais rayonne surtout
dans l’ultra-violet. Une cellule optique détecte ce rayonnement indépen-
dant de la lumière ambiante.
Plus chère que l’ionisation, la cellule UV peut plus facilement s’intégrer à un brû-
leur existant sans trop de modifications de celui-ci. Les systèmes à thermocouple
ne sont pas toujours efficaces, le délai entre l’extinction et la coupure peut être
excessif, et leur durée de vie est faible.

5 Bilan thermique global simplifié d’un four.


Établir le bilan global d’une cuisson dans un four intermittent permet d’es-
timer la puissance thermique à installer. Il permet également de constater que
seule une très petite partie de la dépense énergétique profite aux pièces que nous
cuisons, ce qui explique pourquoi les fours continus ont la faveur de l’industrie.

Didier Descamps 18 combustion élémentaire pour céramistes.


5 BILAN THERMIQUE GLOBAL SIMPLIFIÉ D’UN FOUR.

5.1 Répartition des puissances.


Soit P g [W] la puissance thermique fournie par le ou les brûleurs. Cette puis-
sance se divise en trois autres :
P f est la puissance emportée par les fumées chaudes sortant par la cheminée ;
P p est celle qui s’échappe par les parois du four ;
et P c est la puissance utile acquise par le chargement, c’est à dire les céramiques
à cuire et le matériel d’enfournement.
Si on considère ces quatre puissances en valeurs absolues, on a

Pg = P f +Pp+Pc (1)

P g est proportionnelle au débit du gaz q g [kg/s] et au pouvoir calorifique infé-


rieur massique PCI [J/kg] de celui-ci.

P g = q g × PCI

P f dépend du débit q f [kg/s] des fumées et des enthalpies h aux températures


instantanée du four T et ambiante T a .
¡ ¢ ¡ ¢
P f = q f h( T ) − h( T a ) = F q g h( T ) − h( T a )

avec F = q f / q g [kg/kg] le pouvoir fumigène humide massique du combustible. Les


enthalpies sont estimées par h(T ) = AT + BT 2 /2 + CT 3 /3 (voir 8.4).
P c est fonction de la masse m du chargement, de c sa chaleur massique moyenne,
et de T 0 = dT /d t [℃/s] sa vitesse de montée en température

dT
P c = mc
dt

On supposera c constante, c=900 Jkg−1 K−1 .


P p dépend de e l’épaisseur de la paroi, de S sa surface totale, de k [W m−1 K−1 ]
la conductivité du matériau, et des températures T et T a

kS
Pp= (T − T a ) = H (T − T a )
e
avec H = kS / e [W/K] la conductance globale de l’enceinte.
Cette évaluation de P p est –pour l’instant– très simplifiée : les résistances de
convection intérieure et extérieure sont négligées, un seul matériau dont la conduc-
tivité ne varie pas avec la température est envisagé, les parois sont supposées
planes et les coins sont négligés. De plus ce calcul de conductance est station-
naire 22 (à chaque instant on considère un palier de durée infinie à la tempéra-
ture T constante, comme si le four montait infiniment lentement en température).
Cette simplification entraîne une surestimation pessimiste de la conductance.
22. Voir http://didierdescamps.fr/four/conduc-insta.pdf pour des notions de calcul ins-
tationnaire.

Didier Descamps 19 combustion élémentaire pour céramistes.


5 BILAN THERMIQUE GLOBAL SIMPLIFIÉ D’UN FOUR.

5.2 Phase à gradient constant


En début de cuisson la puissance nécessaire P g est faible, et on l’adapte de
façon à obtenir un accroissement de température T 0 constant. De (1) on tire
P p + Pc
qg = ¡ ¢ (2)
F h(T ) − h(T a ) − PCI

T limite
T nale

T0
puissan e maxi atteinte

gradient onstant puissan e onstante temps

F IGURE 12 – les deux phases d’une cuisson.

5.3 Phase à puissance constante


Pendant la phase à gradient constant il arrive très fréquemment que la puis-
sance P g maximale soit atteinte à une température T0 inférieure à la température
finale. La figure (12 illustre la situation. La cuisson continue alors à puissance
constante. De (1) on tire
Pg − Pf − P c
T0 = (3)
mc
qui serait une équation différentielle du 1er ordre, dont la solution serait
B
T= − D e−Ct (4)
A
en posant
F cpqg PCI q g B T o0
A= ; B= ; D = − To et C=
mc + H mc + H A D

Didier Descamps 20 combustion élémentaire pour céramistes.


6 ÉVACUATION DES FUMÉES ET TIRAGE.

si les fumées étaient un gaz parfait avec une chaleur massique constante.
Comme ça n’est pas le cas, je suis incapable de trouver une solution exacte, et
même de savoir si une telle solution peut exister. D’où le code suivant pour une
résolution numérique.

5.4 Code
Le code Python3 que voici applique les relations précédentes.
« http://didierdescamps.fr/combustion/four-global.py »
Si on suppose que le combustible est du propane, la puissance maxi de 12 kW,
la température maxi de 1300°C, la température ambiante de 20°C, une épaisseur
de fibre de 75 mm, une surface totale de 3 m2 , une charge de 80 kg et une vitesse de
250℃/h dans des conditions stœchiométriques, on tape dans une console « python3
four-global.py 20 1300 20 2 125 250 »
On constate alors que la puissance maxi est atteinte vers 950°C, que la du-
rée totale est de 346 min et que la consommation de propane est de 4,16 kg. Ce
qui paraît optimiste, un facteur de sécurité de 1,5 au moins est à prévoir sur la
puissance. On constate également que sur la fin 60% de la puissance part avec les
fumées !

5.5 À faire
— changement de combustible, gaz naturel par exemple (le plus simple) ;
— combustion en excès d’air (facile) ou en défaut (demande réflexion) ;
— conduction instationnaire 3D (pas simple !).

6 Évacuation des fumées et tirage.


6.1 Les deux problèmes.
la figure 13 schématise un four à gaz.
S’il est équipé de brûleurs à air induit, la cheminée de tirage doit être de
section suffisante pour que la pression au bas de la chambre soit inférieure à
la pression atmosphérique, permettant ainsi l’entrée d’air secondaire autour des
brûleurs ; un registre permet alors de régler cette dépression et par conséquent
l’atmosphère oxydo-réductrice dans la chambre. S’il s’agit de brûleurs à air soufflé
il n’y a pas besoin de régler cette pression, mais il est agréable d’obtenir une légère
dépression pour –par exemple– éviter de se brûler en jetant un œil par un regard.
Par ailleurs, sauf si le four est à extérieur ou dans un local aéré et de volume
énorme, il faut sortir les fumées du local en sécurité par une conduite d’évacua-
tion.
Il y a donc lieu de faire deux dimensionnements distincts.

Didier Descamps 21 combustion élémentaire pour céramistes.


6 ÉVACUATION DES FUMÉES ET TIRAGE.

onduite d'éva uation

heminée

de tirage
hambre

F IGURE 13 – schéma d’un four à gaz

6.2 Hypothèses simplificatrices.


Il s’agit ici de fournir des dimensions sans grande précision en effectuant des
calculs simples et « au pire », on majorera ensuite les résultats des calculs en
appliquant des « coefficients de sécurité ».
On considère les gaz à haute température comme des gaz thermodynamique-
ment parfaits et visqueux, mais il est difficile d’obtenir des données précises sur
leur comportement, notamment leur viscosité.
Ces calculs se font dans des conditions stœchiométriques. Cela se justifie par
le fait qu’en pratique on ne s’éloigne jamais fortement de ces conditions en fin de
cuisson (chez moi, le taux d’aération est toujours compris entre 95% et 105%).
Ils doivent être effectués à la puissance et à la température maximales, et
en considérant que les écoulements sont adiabatiques (sans échange de chaleur).
Cela pour se placer dans les conditions les plus défavorables.

6.3 Pression dans la chambre et cheminée de tirage.


6.3.1 Principe du calcul.
Les gaz brûlés –ou fumées– sortent par le bas de la chambre dans la cheminée
à la température t régnant dans le four. Du fait de leur température élevée, leur

Didier Descamps 22 combustion élémentaire pour céramistes.


6 ÉVACUATION DES FUMÉES ET TIRAGE.

masse volumique ρ f (ou "densité", pour simplifier) est plus faible que ρ a , celle de
l’air froid du local. Il s’en suit une aspiration ou « dépression motrice »

p mot = (ρ a − ρ f ) gh


— ρ a est la masse volumique de l’air ambiant ;
— ρ f est celle des fumées à la température t du four ;
— g est l’accélération de la pesanteur, soit 9,81 m.s−2 sur notre bonne vieille
planète 23 ;
— h est la hauteur de la conduite.

Dès qu’il y a un écoulement, il y a un frottement, donc une perte de charge.


Elle s’exprime comme
h v2
p ch = λ ρ f
d 2
avec
— λ est le facteur de pertes dépendant de R e le nombre de Reynolds. R e est
estimé à 5500, d’où un écoulement laminaire avec λ ≈ 0, 04 ;
— v est la vitesse moyenne des fumées dans la cheminée.
— d est le diamètre hydraulique de la cheminée.

Pour mettre la chambre en dépression, il faut que la dépression motrice soit


plus grande que la perte de charge. Un calcul direct du diamètre tel que p mot = p ch
donne
q2f
5
d = λρ f pmot
2
Il faudra donc choisir un diamètre hydraulique plus grand que cette valeur
critique. À noter que cette valeur est indépendante de h.

6.3.2 Code de calcul.


Le calcul étant direct, une bête feuille de calcul suffit. Récupérez le fichier
"chem.ods" ici : http://didierdescamps.fr/combustion/chem.ods et modifiez
les cases C3 à C5 à votre convenance. Avec les valeurs par défaut le résultat sera
77 mm, donc un minimum de 80 mm conviendra.
Remarque : Si on envisage deux cheminées (ou plus) en parallèle, il ne faut
pas choisir la même surface de section qu’avec une cheminée unique (la perte de
charge augmente avec la surface latérale) mais faire le calcul avec une puissance
divisée par deux (ou plus).
23. Si vous êtes sélénite il faudra tenir compte d’une accélération plus faible, mais c’est surtout
l’importation d’O2 qui risque de vous coûter cher.

Didier Descamps 23 combustion élémentaire pour céramistes.


6 ÉVACUATION DES FUMÉES ET TIRAGE.

6.4 Évacuation des fumées.


6.4.1 Principe du calcul.
On trouve ici les mêmes phénomènes de dépression motrice et de perte de
charge rencontrés dans la cheminée. Mais deux aspects diffèrent :
— les fumées issues du four vont se mélanger avec une quantité importante
d’air frais, et c’est la température de ce mélange qui doit être compatible
avec le matériau de la conduite ;
— les deux extrémités de la conduite sont soumises à la même pression atmo-
sphérique, et par conséquent p mot = p ch .
On comprend intuitivement que la quantité d’air frais sera d’autant plus grande
–et donc la température obtenue plus basse– que le diamètre est important. Il
s’agit donc de déterminer le diamètre garantissant une température acceptable.
Remarque : ici aussi R e est petit et l’écoulement est laminaire. Les filets
fluides ne se mélangent pas facilement entre eux, et la périphérie en contact avec
la conduite est plus froide que le centre 24 . On fait donc –et heureusement– un
calcul pessimiste.

6.4.2 Code.
Le petit code Python3 25 suivant réalise ce calcul pour une section circulaire.
La résolution directe des équations étant impossible, le code utilise une mé-
thode de dichotomie en faisant varier le débit d’air jusqu’à ce que p mot ≈ p ch . La
température de mélange est alors retournée.
Utilisation : Le code ci-dessous peut aussi être récupéré ici :
http://didierdescamps.fr/combustion/evac.py
puis on tapote « python3 evac.py 50 1300 20 » par exemple. On entre ensuite
le diamètre envisagé, 180 par exemple, et on obtient en retour la température
moyenne obtenue, 183,4°C, compatible avec une conduite en aluminium.

#######################################
# evac . py #
# t i r a g e d ’ une conduite d ’ évacuation #
# section circulaire #
# propane #
# Didier Descamps , 08/03/2019 #
#######################################

import sys
from math import p i

24. j’ai observé sur mon four que la température de la conduite augmente avec l’altitude. Le
mélange progressif des filets fluides explique ce paradoxe.
25. Python est un logiciel libre et gratuit, installable sur tout ordinateur.

Didier Descamps 24 combustion élémentaire pour céramistes.


7 CONCLUSION

i f ( len ( sys . argv ) ! = 4 ) :


sys . e x i t ( " i l f a u t e n t r e r dans l ’ ordre l a puissance (kW) , \
l a température maxi ( °C ) e t l a température ambiante ( °C ) : " )

P= f l o a t ( sys . argv [ 1 ] ) # l a puissance kW PCI


t f = f l o a t ( sys . argv [ 2 ] ) # température maxi du f o u r ( °C )
ta= f l o a t ( sys . argv [ 3 ] ) # température ambiante
fd=input ( " diamètre en mm ? : " )
d= f l o a t ( fd )
p r i n t ( " d = { 0 : 5 . 1 f } mm " . format ( d ) )
d=d / 1 0 0 0 . 0
h=1.0
c r i t e r e =0.00001 # c r i t è r e de f i n de boucle

c =1.0 # propane : 1 m3( n ) / kWh( p c i )


# e t 1 ,07 pour l e gaz naturel
rhof0 =1.2695 # propane # masse volumique des fumées à 0°C
q f =c * rhof0 *P/3600 # d é b i t masse des fumées
rhoa0 =1.29 # masse v o l . a i r à 0°C
rhoa=rhoa0 * 273/(273+ ta ) # masse v o l . a i r à ta
r h o f=rhof0 * 273/(273+ t f ) # masse v o l . fumées à t f
pmot=0.0 # p r e s s i o n motrice i n i t i a l e avant boucle
pch =100.0 # perte de charge i n i t i a l e
qamax=q f * 100.0
qamin=0.0
lamda=0.04 # f a c t e u r de p e r t e s en régime laminaire , Re~5500

while ( abs ( pmot−pch ) > c r i t e r e ) :


qa =(qamax+qamin ) / 2 . 0
tm=( t f * q f+ta * qa ) / ( q f +qa ) # température du mélange
rhom=( q f +qa ) / ( ( q f / r h o f ) + ( qa / rhoa ) ) # masse v o l . du mélange
v = 4 . 0 * ( q f +qa ) / ( rhom * p i * d * d ) # v i t e s s e moyenne
pmot=( rhoa −rhom ) * 9 . 8 1 * h # dépression motrice
pch =0.5 * lamda * h * rhom * v * v / d # perte de charge
i f ( pmot>pch ) :
qamin=qa
else :
qamax=qa
p r i n t ( " température moyenne : { 0 : 5 . 1 f } °C " . format ( tm ) )

7 Conclusion
J’ai fait le choix de privilégier la lisibilité à la rigueur, tout cela est donc un
peu rapide et survolé, je ne suis pas rentré dans les détails. Sentez vous libres de
m’interpeller pour me demander de préciser quelque chose, pour me signaler un

Didier Descamps 25 combustion élémentaire pour céramistes.


8 ANNEXES

oubli, une erreur, une fote d’ortografe, etc.

8 annexes
8.1 Maintenir ou éteindre un feu.
Plusieurs conditions sont nécessaires pour qu’une combustion se maintienne,
et il « suffit » d’en supprimer une pour qu’elle cesse. Il y a donc autant de méthodes
pour éteindre un incendie ; inversement le potier s’efforcera de maintenir toutes
ces conditions dans son four jusqu’à la fin de la cuisson !
Adoptons momentanément le point de vue du pompier :
carburant : c’est la méthode la plus difficile, cependant on va s’efforcer de
couper toute source de carburant en fermant la vanne de gaz au trottoir, en
vidant la réserve de bois, etc.
comburant : on prive la flamme d’oxygène avec du sable, une couverture. . .
énergie d’activation : on arrose ! en se vaporisant, l’eau prélève sa chaleur
latente et refroidit l’environnement (tout comme le propane dans sa bou-
teille). Si la température descend sous la limite d’auto-inflammation, la
combustion cesse.
vitesse de déflagration : en soufflant rituellement vos bougies, vous impo-
sez à la flamme une vitesse d’écoulement supérieure à la vitesse de défla-
gration, elle « décroche » et s’éteint. C’est la méthode dite du « salaire de la
peur 26 ».

8.2 Comportement des gaz.


8.2.1 Gaz parfait.
Un gaz parfait (GP) est un gaz qui obéit à la loi

p/ρ = rT (5)

avec p la pression absolue en Pa, ρ la masse volumique en kg/m3 , r une constante


propre au gaz considéré 27 et T la température absolue, en kelvins.
r est la différence des chaleurs massiques, r = c p − c v ; et vaut 288 J/(kg K)
pour l’air, 450 à 520 pour les gaz naturels et 189 pour le propane. Le rapport des
chaleurs massiques γ = c p / c v est également une constante, égale à 1,4 pour l’air,
1,3 pour le gaz naturel et 1,14 pour le propane.
Le modèle GP n’est qu’un modèle, aucun gaz n’est strictement parfait si on y
regarde d’assez près, mais c’est un modèle bien pratique qui permet de très bonnes
approximations par des calculs simples.
L’oxygène, l’air et le gaz naturel sont très proches du modèle GP. Les calculs
sont des simples règles de trois, et les proportions molaires sont également des
proportions volumiques.
26. Le film avec Charles Vanel, Yves Montand, quelques camions de nitroglycérine, etc.
27. r = R / M avec R =8,315 J.Mol−1 K−1 et M la masse molaire

Didier Descamps 26 combustion élémentaire pour céramistes.


8 ANNEXES

Le propane et le butane, utilisés dans des conditions trop proches de leur vapo-
risation, ne sont pas des gaz mais des vapeurs. Ils n’obéissent pas à la loi des GP,
il faut avoir recours à des tables de données si on veut connaître précisément leurs
caractéristiques, comme par exemple leur masse volumique en fonction de la tem-
pérature et de la pression. À cause de sa simplicité, le modèle GP peut cependant
leur être appliqué au prix d’une erreur souvent négligeable.

8.2.2 Volume « normal ».


Les gaz et les vapeurs sont des fluides compressibles, un volume peut contenir
n’importe quelle quantité de matière selon sa pression et sa température. Plutôt
que de parler en masse, ce qui serait bien trop simple, on aime faire compliqué en
exprimant les volumes et les débits en mètres cubes « normaux »
Un volume normal, exprimé en m3 (n), est le volume qu’occuperait une masse
de gaz si elle était ramenée à 0˚C et 101325 Pa, soit un peu plus qu’un bar. C’est
donc une masse déguisée en volume.
Par exemple, 1 m3 d’air à 50˚C et 2 bars effectifs est la même masse que
2,502 m3 (n).
Cet état normal (273 K, 101325 Pa) est complètement arbitraire et les anglo-
américains utilisent une norme légèrement différente.

8.3 Calcul du débit dans un injecteur.


8.3.1 Calcul
Il faut distinguer deux régimes d’écoulement dans un injecteur en fonction de
la pression du gaz. L’écoulement est subsonique si la pression d’alimentation est
inférieure à une certaine pression critique, ou sonique si elle est supérieure.
Dans un injecteur la pression chute, et par conséquent la température et la
célérité des ondes (ou « vitesse du son ») également, alors que la vitesse augmente.
Si la vitesse devient égale à la célérité, elle ne peut plus augmenter, il y a un
« blocage sonique ».
Cette pression critique est aux environs de 0,91 bar effectif pour l’air, 0,85 pour
le gaz naturel et 0,75 pour le propane.
Au delà de cette pression se forme une onde de choc stationnaire en sortie
d’injecteur, reconnaissable à son bruit caractéristique. La figure 14 résume la si-
tuation.
régime subsonique : En entrée d’injecteur le gaz est à la pression absolue
d’alimentation p et à la température ambiante T a , et en sortie il est à la
pression atmosphérique p a . Entre les deux l’entropie se conserve, ce qui
permet de calculer la température T en sortie, évidement plus basse qu’en
entrée, avec
µ ¶ γ−1
pa γ
T = Ta (6)
p

Didier Descamps 27 combustion élémentaire pour céramistes.


8 ANNEXES

débit masse
vitesse

masse volumique

pression ritique
0
−1 0 1 2
pression effective (bar)

F IGURE 14 – Les deux régimes d’écoulement.

La conservation de l’enthalpie totale permet de déterminer la vitesse en


sortie, q
v = 2 c p (T a − T ) (7)
La loi d’état des GP donne la masse volumique en sortie,

ρ = p a / rT (8)

D’où le débit masse,


q m = ρ vS (9)
Il suffit enfin de multiplier ce débit par le pouvoir calorifique massique –et
le facteur de débit éventuel– pour obtenir la puissance thermique.
transition : Quand on augmente p la pression p, T diminue. La célérité c,
qu’on peut calculer avec c = γ rT , diminue également alors que v aug-
mente. Quand v = c la pression critique d’alimentation p cr est atteinte :
γ
γ+1
µ ¶
γ−1
p cr = p a (10)
2
régime sonique : On évalue les conditions de sortie avant le choc.
T devient une constante,
2T a
T= (11)
γ+1
et v également, q
v= 2 c p (T a − T ) (12)

Didier Descamps 28 combustion élémentaire pour céramistes.


8 ANNEXES

Par contre la pression de sortie p s n’est plus égale a la pression atmosphé-


rique car il y a un brusque saut de pression dans le choc sonique qui suit,
elle est proportionnelle à la pression absolue d’alimentation p,
γ
T
µ ¶
γ−1
ps = p (13)
Ta

la masse volumique avant le choc augmente elle aussi proportionnellement


à p s , et donc à p,
ρ = p s / rT (14)
et le débit en masse de même, q m = ρ vS
Remarques :
— Un écoulement supersonique ne peut pas se produire dans un convergent
comme un injecteur.
— aux basses pressions (jusqu’à 0,1 bar effectif environ), le calcul subsonique
est en très bon accord avec le théorème de Bernoulli ;
— le propane n’étant pas un gaz mais une vapeur, ces calculs basés sur le
modèle du gaz parfait sont approximatifs.

8.3.2 Détails mathématiques.


Justification de l’équation (10) :

v2 = 2 c p (T a − T ) = γ rT avec T = T a ( p c / p a )1−γ/γ = AT a

γr 2
cp = donc A=
γ−1 γ+1
pc γ + 1 γ/γ−1
µ ¶
et =
pa 2
Justification de l’équation (11) :
¶γ−1/γ ¶ γ−1 γ
pc γ+1
µ µ
γ γ−1
T c /T a = =
pa 2

8.3.3 Code.
Vous trouverez ici « http://didierdescamps.fr/combustion/propane.cpp »
un programme de calcul du débit de propane, écrit en c dans un environnement
LinuX, et que vous adapterez facilement à votre gaz particulier (modifier les
constantes r , γ et PCI dans le fichier et compiler).

8.4 Caractéristiques des fumées.


Traitons l’exemple du propane, vous transposerez facilement à d’autres gaz
combustibles.

Didier Descamps 29 combustion élémentaire pour céramistes.


8 ANNEXES

8.4.1 Pouvoirs comburivore et fumigène.


La combustion stœchiométrique du propane et de l’oxygène s’écrit

C3 H8 + 5O2 → 3CO2 + 4H2 O

Une mole de C3 H8 a une masse de 3 × 12 + 8 × 1 = 44 gr et 5 moles de dioxygène


font 160 gr, le pouvoir comburivore massique en oxygène du propane est donc
160/44 = 3, 6364.
L’air contient –pour simplifier– en volume 21% d’oxygène et 79% d’azote, soit
(21 × 32)/(21 × 32 + 79 × 28) = 0, 233 d’oxygène en masse. Le pouvoir comburivore
massique en air est donc 160/(44 × 0, 233) = 15, 606
Le pouvoir fumigène massique est évidement 15, 606 + 1 = 16, 606.

8.4.2 Enthalpie emportée par les fumées.


Suivant le même raisonnement on trouve que, dans des conditions stœchio-
métriques, une mole de propane engendre une fumée composée de trois espèces,
3 moles de CO2 , 4 moles de H2 O et 18,81 moles de N2 de masses molaires M i
respectives 44, 18 et 28.
Il est très difficile de trouver des données sur les grandeurs thermodyna-
miques de ces espèces dans le domaine de température qui nous intéresse 28 ,
c’est à dire jusqu’à 1300℃. http://www.edu.upmc.fr/chimie/lc101-202-301/
communs/public/capcalo.pdf propose pour chaque espèce i une approximation
de sa chaleur molaire à trois coefficients,

c p = ai + biT + ciT2

avec T en kelvins.
En tenant compte des masses molaires M i et des proportions molaires n i ,
viennent pour ce mélange les coefficients A , B et C permettant d’évaluer sa cha-
leur massique,
X X xi n i
X ni =
Mi
avec X = A = 1063, 43 Jkg−1 K−1 ; B = 0, 25771 Jkg−1 K−2 et C = 8, 8500.10−6 Jkg−1 K−3
À une constante près, on a finalement

B 2 C 3
h(T ) = AT + T + T
2 3

28. si vous en trouvez, dénoncez les moi !

Didier Descamps 30 combustion élémentaire pour céramistes.

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