Le Monde Complexe Et Mouvant Des ARN.
Le Monde Complexe Et Mouvant Des ARN.
Le Monde Complexe Et Mouvant Des ARN.
a
Laboratoire de biochimie et génétique moléculaire, hôpital Louis-Mourier, 178, rue des Renouillers, 92700 Colombes, France
b
Laboratoire de biochimie et biologie moléculaire, centre hospitalier Victor-Dupouy, 69, rue du Lieutenant-Colonel-Prud’hon,
95107 Argenteuil cedex, France
KEYWORDS Summary Since the elucidation of the genetic code approximately 40 years ago, the role of
RNA; RNA in biology has gained increasing attention. Now, study of RNA is one of the fastest developing
Transcriptome; area in molecular and cellular biology. For a long time, biologists have been focused on DNA
Ribonome and proteins with little interest for RNA. The growing interest in genome-wide transcriptional
profiling has allowed new developments in RNA research and brought important attention to
the RNA world, its incredible complexity and its huge functional role within the cell and its
environment. The RNA world with its remarkable range of biological processes have important
implications in human health that begins only to be sketched out. In this article in two parts,
we will describe the diversity of the RNA world and potential consequences in medicine.
© 2010 Published by Elsevier Masson SAS.
Résumé Depuis la découverte du code génétique il y a environ 40 ans, le rôle des ARN en
MOTS CLÉS biologie n’a fait que croître. Cela fait environ une dizaine d’années que l’étude des ARN est
ARN ; devenue un des domaines les plus fertiles de la recherche en biologie moléculaire et cellulaire.
Transcriptome ; Jusqu’à ces dernières années en effet, la partie du génome constituée de l’ADN codant les
Ribonome protéines constituait le moteur principal de la recherche en génétique moléculaire. Les ARN
étaient peu étudiés. Les recherches récentes et plus particulièrement l’étude des transcrits
ARN (grâce en particulier aux transcriptomes) ont cependant démontré le rôle crucial des ARN
∗ Auteur correspondant. Laboratoire de bochimie B et génétique, hôpital Bichat—Claude Bernard, 46, rue Henri-Huchard,
0923-2532/$ – see front matter © 2010 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.immbio.2010.01.002
Le monde complexe et mouvant des ARN. Première partie 5
d’exemple, quelques éléments structuraux importants pré- la ligation d’ARN, les modifications site-spécifique d’ARN, la
sents dans certains ARNs : méthylation de l’ADN, la synthèse de télomère, la modula-
tion des fonctions protéiques. Les ARNs jouent ainsi un rôle
• le pseudo-nœud (pseudoknot) : il s’agit d’une structure primordial dans l’expression des gènes et dans la stabilité
tertiaire entortillée contenant deux éléments en épingle à du génome.
cheveux (stem-loop), le premier élément étant une struc- Quelle que soit la classe d’ARN, le principe d’action est
ture interne de la construction en épingle à cheveux du le même. Les ARNs sont des molécules intermédiaires (adap-
second. Elle peut se trouver en 5 , en 3 ou dans la région tateurs) se fixant sur une séquence nucléique spécifique
codante de l’ARN. Selon sa position dans l’ARN, elle joue (molécule cible) et provoquent ainsi l’activité catalytique
une influence sur la traduction des ARNm (en 5 ), la phase d’une ou plusieurs molécule(s) partenaire(s). Dans le cas
de lecture, la reconnaissance du codon stop, l’élongation des ARNnc, de nombreuses protéines partenaires sont impli-
(dans la partie codante) ainsi que dans le passage de la quées et constituent une unité fonctionnelle, le complexe
traduction à la réplication de l’ARN viral (en 3 ) [5]. Cette des ribonucléoprotéines.
structure est fréquemment retrouvée dans le génome des Il est impossible de décrire tous les ARN : un ouvrage
virus ARN ; entier serait nécessaire. Nous décrirons uniquement et sim-
• le ribose zipper (fermeture à ribose) : le groupe 2-OH de plement ceux qui nous paraissent à ce jour important pour
l’ARN peut servir de donneur ou d’accepteur d’hydrogène. comprendre les évolutions de la médecine actuelle.
Une fermeture à ribose peut se former à l’interface de
deux duplex ARN dans lesquels les groupes 2 -OH sont
Les ARN codants
associés par des liaisons hydrogène ;
Seuls les ARNm sont des ARN codants.
• le récepteur de tétraboucle (tetraloop) : il s’agit d’une
Après synthèse du pré-ARNm par transcription de l’ADN
interaction à grande distance dans laquelle un arrange-
génomique, les introns sont éliminés par épissage (splicing)
ment particulier est observé, constitué de formations de
et l’ARNm mature transporté dans le cytoplasme pour tra-
boucles complexes avec interaction de type liaison hydro-
duction en protéine. Ils ne représentent que 2,3 % du génome
gène et fermeture de la boucle par appariement entre
[10].
guanine (en 5 de la boucle) et adénine (en 3 de la
boucle) ;
• l’IRES (internal ribosome entry site, site d’entrée interne Les ARN non codants
des ribosomes) [5] : il s’agit d’une structure présente dans Les ARNnc sont constitués d’un grand nombre d’ARN
la partie interne de la région 5 non-codante essentiel- différents (Tableaux 1 et 2). De manière générale, les
lement chez les virus ARN qui déclenche une traduction ARNnc servent à guider des complexes protéiques vers des
alternative à la traduction classique et permet donc la séquences d’acides nucléiques. Il résulte de cet assemblage
synthèse protéique [6]. ARNnc—complexe protéique, une multitude de fonctions
cellulaires, par exemple, la régulation d’un gène en cis ou en
Gènes d’ARN trans [11]. Par ailleurs, leur localisation dans le génome est
Normalement, les gènes d’ARN non traduits possèdent, variable. Sans rentrer dans les détails et selon l’ARNnc en
comme les autres gènes, un promoteur et sont transcrits de cause, on peut trouver ces ARNnc dans le génome sur le brin
la même façon que les gènes codant pour des protéines par sens ou le brin antisens, dans ces deux cas chevauchant ou
une ARN polymérase (le plus souvent, l’ARN polymérase II, non un ou plusieurs exons d’un gène transcrit (avec possible
pol II) [7]. Ces gènes peuvent être transcrits à partir du brin interférence transcriptionnelle, voir infra). L’expression de
sens ou antisens et peuvent même dans certains cas partager l’ARNnc peut aussi être bidirectionnelle. Enfin, l’ARNnc peut
le même promoteur qu’un autre gène. Après le début de la être situé dans un intron ou dans une région intergénique
transcription, un chapeau est ajouté en 5 de nombreux ARN (entre deux gènes codants). Toutes ces localisations pos-
(incluant les ARNnc) par la pol II (structure m7 Gppp reconnue sibles rendent difficile la mise en évidence d’un ARNnc [12].
par le facteur d’initiation de la traduction eIF4F), structure Parmi ces ARNnc, on peut citer :
indispensable à sa stabilité ainsi que pour la traduction en
protéine dans le cas des ARNm. En 3 , la transcription des
• les ARN ribosomaux (ARNr), composants du ribosome,
ARN est plus complexe [8].
organelle cytoplasmique permettant la traduction des
ARNm en protéines. Ils représentent la majorité des ARN
Classification des ARN de la cellule ;
• les ARN de transferts (ARNt) : ce sont des transporteurs
Selon l’ARN, la molécule possède une activité catalytique d’acides aminés qu’ils amènent au site ribosomique pour
et/ou constitue un composant structural d’un ensemble la synthèse protéique ;
complexe. Actuellement, on distingue les ARN codants (en • les ribozymes : ARN possédant une activité catalytique
pratique, les ARNm, ARN messagers) et les ARNnc. Pour (par exemple, la RNase P, ribozyme clivant les précurseurs
certains, 98 % des transcrits du génome humain représente- d’ARNt). On peut citer les ribozymes « hairpin » (en boucle
raient des ARNnc [9]. Parmi ces ARNnc, on distingue les longs à cheveux), hammerhead (en tête de marteau), le ribo-
ARN dont la taille est supérieure à 200 nucléotides qui fonc- zyme du virus de l’hépatite Delta, les introns des groupes
tionnent sans prétraitement particulier et les petits ARNnc I, II et III, capables d’auto-épissage, présents chez les
issus d’un prétraitement de longs précurseurs. Les fonctions plantes, les champignons et les bactéries mais rarement
de ces ARNs sont multiples. On peut citer le clivage d’ARN, chez les animaux ;
Le monde complexe et mouvant des ARN. Première partie 7
• les petits ARN : un certain nombre de petits ARN contri- une séquence codante appelée aussi open reading frame
buent à divers processus biologiques en association avec (ORF) et constituée de nucléotides dont l’association par
des complexes de ribonucléoprotéines (RNP), par exemple triplet est dénommée codon (chaque codon correspondant
les petits ARN nucléaires (snRNA, small nuclear RNA). Ces à un acide aminé selon le code génétique), une région 3 non
petits ARN jouent alors le rôle de guide de reconnaissance codante (3 NC ou 3 UTR) contenant un signal de polyadény-
d’une séquence nucléique cible grâce à la complémenta- lation (séquence consensus 5 -AAUAAA), une queue poly-A
rité de séquence [11] ; (longue suite d’adénosines) et de nombreuses séquences
• les snoRNA (small nucleolar RNA, petits ARN nucléo- régulatrices [14,15]. Un ORF débute par le codon initiateur
laires) : ces petits ARN contribuent aux modifications de AUG (la séquence consensus du site d’initiation de la tra-
séquences ARN des ARN ribosomaux. Parmi ces petits ARN duction chez l’humain est : 5 -GCCRCCAUGG) dénommé site
encore mal connus, certains joueraient aussi un rôle dans d’initiation de la traduction et se termine par le codon stop
la régulation de l’épissage alternatif [1] ; X (il en existe trois : UAA, UGA, UAG) (Fig. 1). La transcrip-
• les microARN (miARN) : ce sont de courts ARN de 21—23 pb tion de la région de l’ADNg cible catalysée essentiellement
dont le rôle de régulateur de l’expression est fonda- par l’ARN polymérase II, donne un pré-ARNm, copie de l’ADN
mental. Ils provoquent la dégradation de l’ARNm ou la génomique. Après épissage (élimination des introns dégra-
répression de la traduction ; dés dans le noyau par des complexes enzymatiques, les
• les siARN (small interfering RNA, petits ARN interfé- exosomes, présents aussi dans le cytoplasme), phénomène
rents) : leur rôle est similaire à celui des microARN, mais complexe que nous ne décrirons pas, l’ARNm mature est
ils dégradent systématiquement l’ARN cible ; obtenu. Il est important néanmoins de savoir que, selon
• les piARN (Piwi-interacting RNA, piRNA, ARN interagissant les pré-ARNm, des épissages alternatifs sont possibles. Cet
avec les protéines Piwi) : ces ARN jouent aussi un rôle ARNm sera ensuite traduit en protéine à l’aide des ARN de
dans la régulation de l’expression des gènes. Ces ARN sont transfert (ARNt) et des ribosomes (situés essentiellement
encore mal connus. dans le cytoplasme et le réticulum endoplasmique mais
retrouvés aussi associés aux mitochondries, aux synapses,
Il est probable que d’autres ARN restent à découvrir aux structures d’adhésion cellulaire) [16]. L’étude du trans-
(Tableau 2). criptome a permis de constater l’extraordinaire complexité
de cette transcription dont la vision jusqu’au début des
années 2000 était simple [17]. Il a été notamment constaté
Les ARN messagers (ARNm) que le début de la transcription (site d’initiation de la trans-
cription) présentait souvent de nombreuses alternatives (on
Bien que des progrès considérables aient été réalisés en parle de diversité transcriptionnelle).
biologie moléculaire, un des principes fondamentaux de la
biologie moléculaire découvert dans les années 1950 reste
vrai : l’information génétique est transmise de l’ADN vers L’épissage des pré-ARNm
l’ARN puis vers la protéine. Un ARN messager (ARNm) est
un ARN, copie de la partie codante du gène (ADNg) à partir Le mécanisme d’élimination des introns a lieu dans le
duquel il a été formé (on parle de transcrit) et qui servira de noyau. Complexe, nous en rappellerons seulement certains
support pour la synthèse peptidique d’une protéine (cette aspects [18]. L’ADN génomique est transformé en pré-ARNm
transformation en protéine étant appelée la traduction). Sur par transcription. Ce pré-ARNm est une copie de l’ADN
le plan structural, un ARNm est schématiquement constitué génomique contenant l’information pour la synthèse de la
d’un chapeau en 5 (ajout en 5 du pré-ARNm d’un nucléotide protéine codée par le gène. Le pré-ARNm possède donc les
G méthylé non codé par l’ADNg), une partie non traduite, la exons et introns du gène correspondant [19]. Les introns
partie 5 non codante (5 NC ou 5 UTR, untranslated region), sont alors éliminés pour réunir entre eux les exons cor-
8 J. Lamoril et al.
respondant à la partie codante du gène. Cette élimination [20]. Les introns à éliminer varient en taille d’une cen-
des introns, l’épissage (en anglais, splicing), est effectuée à taine de nucléotides à plusieurs milliers. Par ailleurs, selon
l’aide d’un complexe, le spliceosome. Ce complexe contient les gènes, l’épissage peut varier : on parle alors d’épissage
cinq ribonucléoprotéines (U1, U2, U4, U5 et U6 appelées alternatif (c’est-à-dire l’inclusion ou l’exclusion d’un ou plu-
aussi snRNP) et de nombreuses autres protéines non-snRNP sieurs exons), mécanisme pouvant être tissu spécifique ou
Le monde complexe et mouvant des ARN. Première partie 9
Figure 1 Schéma d’un ARNm. L’ARNm est constitué de 5 vers 3 d’un chapeau (m7 G), d’une région 5 non codante (5-NC), d’un
cadre ouvert de lecture (open reading frame [ORF]) correspondant à la région codante traduite en protéine, d’une région 3 non
codante (3 -NC) et d’une queue poly(A). Deux codons spécifiques limitent l’ORF, le codon initiateur AUG et le codon stop appelé
aussi codon X (correspondant à un des codons suivants : UGA, UAA et UAG).
variable au cours du développement. Après épissage, les fer, les iron responsive element (IRE). Par ailleurs, cer-
ARNm sont exportés dans le cytoplasme à l’aide de protéines taines structures secondaires peuvent aussi modifier cette
d’export. régulation. En effet, l’ARNm peut présenter des séquences
autocomplémentaires provoquant la formation de structures
en boucle (stem-loop) où se fixent certaines protéines, les
La polyadénylation des ARNm mRNP (mRNA binding proteins), les iron regulatory pro-
tein (IRP) se fixant sur les IRE en étant un exemple. Ces
L’épissage et la polyadénylation des ARNm (ajout d’une éléments jouent un rôle important dans la stabilité de
queue poly(A) en 3 de l’ARNm) sont des processus couplés, l’ARNm, son accessibilité par les ribosomes, ses interac-
les facteurs d’épissage proches des sites poly(A) influençant tions avec la machinerie complexe traductionnelle et sa
le traitement de l’extrêmité 3 de l’ARNm et les facteurs de localisation cellulaire. Dans certains cas (par exemple, dans
polyadénylation influençant réciproquement l’épissage des certains neurones), la régulation de l’expression des gènes
introns proches des sites poly(A). Cette régulation complexe est également fonction de sa localisation dans la cellule,
joue un rôle majeur dans la régulation des sites alternatifs restreignant ainsi la traduction à certains sites cellulaires,
de polyadénylation [19]. Par ailleurs, pour certains auteurs, ce qui permet de réguler cette expression indépendam-
l’existence possible de sites alternatifs de polyadénylation ment de facteurs agissant directement sur le gène. Ce
serait un moyen d’échapper à la dégradation de l’ARNm par mécanisme permet d’augmenter localement la traduction
des miARN [21]. en protéines tout en économisant de l’énergie (la protéine
n’est pas transporté au site actif mais y est directement
La régulation de la transcription produite). L’adressage cellulaire des ARNm est complexe
et implique de nombreux partenaires protéiques [25]. Les
Sans rentrer dans les détails, nous allons rappeler quelques différentes étapes de transcription bien que décrites sépa-
éléments importants de cette régulation [22]. La régulation rément sont en fait liées. Une grande partie se déroule
de la transcription de l’ARNm est en partie liée à la diver- dans le noyau pour se poursuivre dans le cytoplasme
sité des parties 5 et 3 des gènes mais aussi à certaines [26].
caractéristiques variables de l’ARNm telles que sa rapi-
dité de synthèse (turnover), sa traduction et sa localisation L’editing des ARNm
intracellulaire. D’autres structures peuvent être présentes
dans les ARNm. Ainsi, il est possible d’avoir plusieurs ORF Les ARNm présentent une grande diversité résultant de deux
(on parle alors d’upstream ORF [uORF]) dont l’importance mécanismes, l’épissage alternatif et l’editing (terme diffi-
fonctionnelle dans la régulation de la transcription et la cile à traduire en français). L’editing des ARN (sur les ARNm
traduction de l’ARNm a été récemment confirmée [23] : et les ARNnc) est une modification post-transcriptionnelle
plusieurs sites d’initiation de la traduction (AUG, codon de l’ARN qui provoque des changements subtils (inser-
initiateur), des sites d’entrée de ribosome (plus exacte- tion, délétion, conversion enzymatique d’un ou quelques
ment de la sous-unité 40S du ribosome) [24]. On peut ribonucléotides). Il peut agir ou non de concert avec les
aussi avoir des sites alternatifs de fixation des ribosomes, mécanismes d’épissage alternatif. Ces réactions expliquent
les internal ribosome entry site (IRES), plusieurs signaux la grande diversité transcriptionnelle. La forme la plus
de polyadénylation ainsi que des sites de régulation de commune d’editing est la transformation de l’adénosine
la traduction (par exemple, des éléments de réponse au en inosine. À ce jour, en excluant les zones répéti-
10 J. Lamoril et al.
• les ARN de la classe Lsm, caractérisés par un chapeau des introns des pré-ARNm. Cette réaction est guidée par
monométhylphosphate, une anse 3 (stem-loop) se termi- l’appariement base-base entre les ARNsn constitutifs du
nant par une queue uridine constituant un site de fixation complexe protéique d’épissage appelé spliceosome et les
pour des protéines dénommées Lsm (U6 et U6atac). jonctions exon/intron du pré-ARNm. Il s’agit d’une réaction
complexe dans laquelle plus de 150 protéines interagissent
Dans le génome humain, les gènes codant pour ces ARNsn [32].
sont répétés de nombreuses fois. Transcrits par l’ARN poly-
mérase II, les gènes de ARNsns Sm les mieux caractérisés
sont ceux codant pour les ARNsn U1 et U2 du complexe Petits ARN nucléolaires, ARNsno (small
d’épissage. Nous les prendrons comme exemple pour décrire nucleolar RNA, snoRNA)
ce petit ARN. Le promoteur du gène possède deux séquences
particulières et importantes dans le contrôle de la transcrip- Schématiquement, les ARNsno sont impliqués dans les modi-
tion du gène, le site distal sequence element (DSE) agissant fications des ARNr, des ARNsn et des ARNt [33]. Les petits
comme un enhancer et le site proximal sequence element ARN nucléolaires (ARNsno) sont constitués de deux familles,
(PSE). Le transcrit de ces gènes n’est pas épissé et contrai- les ARNs C/D et les ARNs H/ACA. Le terme « nucléolaire »
rement à la majorité des transcrits ne possède pas de queue est historique et se rapporte aux descriptions initiales obser-
poly-A en 3 . Une séquence spécifique en 3 , dénommée 3 - vant leur localisation aux nucléoles dans le noyau cellulaire
box, est localisée 9—19 pb en aval de la région codant pour par opposition aux ARNsn. En fait, cette dénomination est
l’ARN. Cette boîte est nécessaire pour la formation cor- trompeuse, cette classe d’ADN possédant de nombreuses
recte en 3 de l’ARNsn. D’autres ARNsn, les ARNs Lsm (Like fonctions tant dans le noyau que dans le cytoplasme. Chez
Sm : famille de protéines à laquelle se lie l’ARN) sont trans- l’être humain, au moins 200 ARNs différents C/D et H/ACA
crits par une ARN polymérase III [31]. Alors que les ARNsn sont répertoriés. L’étude de ces ARN à travers les espèces
Sm sont exportés dans le cytoplasme pour leur maturation montre que leur existence remonte à plus de deux à trois
puis repassent dans le noyau par un processus complexe, les millions d’années. Ces ARN jouent un rôle majeur dans de
ARNsn Lsm restent intranucléaires [13]. nombreux processus biologiques tels que la traduction des
L’ensemble constitué par ces ARNsn et les snRNP par- protéines, l’épissage des ARNm et la stabilité du génome. Ils
ticipe à la réaction d’épissage, c’est-à-dire l’élimination participent aussi aux modifications nucléotidiques d’autres
Figure 4 Les ARNsno C/D et H/ACA [13]. a : structure secondaire d’un ARNsno C/D, guide de méthylation 2 O. Deux boîtes
conservées C (RUGAUGA) et D (CUGA) sont présentes aux extrémités en anse en formant des tours en boucles (kink turns, k-turns).
La pair C/D est associée à une séquence antisens (trait épais) en amont de la boîte D et s’apparie avec l’ARN cible (en rouge). L’ARN
cible se méthyle sur le ribose du nucléotide (nt) apparié à l’ARN guide (l’ARNsno) se trouvant cinq paires de bases en amont de la
boîte D ; b : structure secondaire d’un ARNsno H/ACA, ARN guide de pseudo-uridylation (pseudoU). Une boucle (hairpin) imparfaite
est formée entre la tige inférieure, la poche de pseudoU, la tige supérieure et l’anse apicale. L’ARN cible est apparié dans la poche
de pseudoU. Une boîte ACA ou H se trouve en aval de la boucle. À 15 nucléotides (nt) de cette boîte se trouve l’uridine de l’ARN
cible qui est modifié (N représente le nucléotide conservé adjacent à l’uridine cible ). La boîte H/ACA est en fait constituée de
deux unités en boucle séparées par une séquence simple brin contenant la boîte H (ANANNA). Chez les eucaryotes, l’anse apicale
possède une boîte CAB (Cajal box de séquence UGAG) permettant la rétention de certains ARN ACA/H pour guider la modification
d’ARNsn (plutôt que des ARNr). Chez les Archeae, ces ARN possèdent aussi une formation en tours de boucle (k-turns). A : adénine ;
U : uracile ; N : n’importe quelle base ARN ; R : base pyrimidique (cytosine ou uracile) ; G : guanine.
12 J. Lamoril et al.
ARNnc au sein de complexes protéines, les ribonucléopro- Chez les eucaryotes, les ARNsno sont assemblés avec les pré-
téines (RNPs). Les ARN C/D participent aux méthylations des RNPs inactifs. L’ensemble est transporté vers les corps de
2 -O-ribose et les ARN H/ACA guident les pseudo-uridylation Cajal, structures intranucléaires nécessaires à l’assemblage
(conversion de l’uridine en pseudo-uridine). Ces actions sont et la maturation des RNPs. Les RNPs sont ensuite dirigés
effectuées par ces ARN conjointement et simultanément vers leurs sites actifs suivant leur fonction c’est-à-dire dans
sur les ARN ribosomaux (ARNr). Ces RNPs agissent sur des les nucléoles, les télomères, les corps de Cajal (organelles
sites clés des ARNr et jouent un rôle majeur pour assurer nucléaires) selon les séquences signatures (boîtes C/D, H et
la fonction du ribosome. D’autres fonctions complexes sont ACA) qu’elles contiennent. Les ARN qui retournent vers les
assurées par les ARNsno telles qu’une action sur le spli- corps de Cajal s’appellent encore ARNsca (small Cajal body
ceosome (en agissant sur les ARNsn), sur la synthèse du RNAs) et participent aux modifications des ARNsn [13].
télomère (assurée par un ARN H/ACA). Il semble que de
nombreuses autres fonctions restent à découvrir pour ces
ARNsno. Certaines caractéristiques structurales définissent ARN de transfert (ARNt)
ces ARN. Les ARN C/D possèdent deux séquences dites boîtes
C (5 -RUGAUGA) et D (5 -CUGA) réunies par des anses (loop) Les ARN de transfert (ARNt) participent à la synthèse
et formant des tours en boucles (kink turns). Une paire C/D des protéines en permettant le transfert de l’acide
est associée à une séquence antisens (l’ARN cible) en amont aminé spécifique qui leur est attaché au peptide en
de la boîte D. L’ARN cible est alors méthylé sur le ribose cours de synthèse au sein du complexe ARNm/ribosomes/
correspondant au nucléotide situé en complément de la ribonucléoprotéines/ARNr lors d’une réaction complexe
base localisée 5 nucléotides en amont de la boîte D (Fig. 4). appelée traduction. Celle-ci est constituée schématique-
Comme les autres ARNnc, le rôle de ces ARN guidant des ment de trois étapes : initation, élongation et terminaison.
modifications (on parle d’ARN guide) est en fait celui d’un Cette traduction réalise une synthèse linéaire d’une chaîne
adaptateur assurant le lien entre un ou plusieurs composants de résidus aminoacides dans un ordre spécifique. Bien
catalytiques (des ribonucléoprotéines, RNPs) et la cible. que différant dans certains détails, la traduction chez
Nous ne décrirons pas les montages et régulations complexes les eucaryotes et les procaryotes présente beaucoup de
associant ces ARNsno et les RNPs et renvoyons le lecteur similitudes. Nous allons présenter cette traduction dans
à la référence [13] pour des descriptions précises. Sur le ses grandes lignes sans entrer dans les particularités
plan génétique, plusieurs constructions existent. Les gènes différenciant les aspects traductionnels des eucaryotes et
codant pour les ARNsno sont essentiellement localisés dans des procaryotes [34]. Au cours de la traduction, au niveau
les introns de gènes codant pour des protéines impliquées du ribosome, l’hybridation ARNm/ARNt par association du
dans la biogenèse des ribosomes. On peut aussi les retrouver codon situé sur l’ARNm avec l’anticodon complémentaire
dans les introns de gènes codants. En fait, leur synthèse à situé sur l’ARNt (en fait, l’amino-acyl ARNt, un acide aminé
partir des introns est réalisée après épissage des pré-ARNm. spécifique de l’anticodon étant fixé sur l’ARNt par une
Dans certains cas, les pré-ARNm ne sont pas traduits en pro- enzyme, l’aminoacyl-tRNA synthétase) (Fig. 6). Le ribosome
téines et seuls les introns sont transformés. Dans d’autres en permettant l’ajout des acides aminés un par un au cours
cas, les ARNsno sont dérivés de transcrits polycystroniques de la traduction permet la synthèse progressive du poly-
qui peuvent contenir jusqu’à dix ARN différents, chaque peptide qui aboutira dans un deuxième temps au cours des
ARN étant ensuite libéré par endoclivage. Plus rarement, modifications post-traductionnelles à la protéine mature.
quelques ARNsno sont transcrits indépendamment (Fig. 5). Pour mémoire, le code génétique est constitué de 61 codons
codant pour 20 acides aminés (aas) et trois codons stop. Le
code génétique est dit dégénéré dans le sens où plus d’un
codon code pour un même acide aminé (codons synonymes).
Les codons synonymes ne sont pas utilisés avec la même
fréquence (on parle de biais de codons). Leur utilisation
dépend de l’abondance de l’ARNt correspondant dans la
cellule [35]. Par exemple, dans Escherichia coli, parmi les
six codons codant pour l’arginine (CGU, CGC, CGA, CGG,
AGA et AGG), CGU et CGC sont les plus utilisés. L’interaction
codon/anticodon est complexe et ne répond pas unique-
ment aux règles d’appariements de Watson et Crick [36].
L’incorporation des acides aminés est rapidement réalisée
(environ 10—20 aas par seconde) en plusieurs étapes.
L’étape d’initation est complexe et fait intervenir de nom-
Figure 5 Organisation génomique des ARNsno C/D et H/ACA breuses protéines (par exemple, initiation factor 2 [eIF2]),
[13]. Chez les eucaryotes, plusieurs organisations génomiques l’ARNt de la méthionine (AUG, appelé aussi codon initia-
des ARNsno (grosses flèches) sont possibles. 1 : beaucoup teur). Elle démarre dans la partie 5 non codante de l’ARNm
d’ARNsno ont leurs gènes dans des introns de gènes codant pour et forme dans un premier temps, un complexe de pré-
des protéines qui participent à la biogenèse des ribosomes ; 2 : initiation (complexe 43S puis 48S [par association d’autres
certains ARNsno sont organisés en polycistrons. Un transcript (le protéines au cours du processus] en présence de la sous-
polycistron) contient jusqu’à dix transcrits d’ARN. Chaque ARN unité ribosomale 40S chez les eucaryotes). Ce complexe
est ensuite libéré du précurseur par endoclivage ; 3 : quelques va alors démarrer dans la direction 5 → 3 la vérification
ARNsno sont transcrits isolément. de l’ARNm jusqu’à rencontrer le codon initateur AUG
Le monde complexe et mouvant des ARN. Première partie 13
avec une grande fidélité (taux d’erreur de 1/108 —1010 ), 30 kb. Les clusters d’ARNr sont localisés sur les bras courts
la traduction présente un taux d’erreur plus important de certains chromosomes et sont appelés régions nucléo-
(1/103 —104 , taux identique à la transcription : 1/104 ). Il est laires organisatrices (nucleolar organizer regions [NORs])
important que ce taux d’erreur soit le plus minime possible. [44]. Chez les eucaryotes, ils sont transcrits par différentes
En effet, une erreur de traduction aboutit à une protéine ARN polymérases dans les nucléoles (par exemple, l’ARN 5S
déstructurée activant alors les mécanismes de contrôle de est transcrit par une polymérase III et le pré-ARN 35S par
qualité de la cellule et peut aboutir à l’apoptose de celle-ci. une polymérase I). Le nombre de gènes ARNr actifs varie
Pour certains auteurs, dans certains cas, ces erreurs partici- selon les cellules et les demandes de ces dernières pour la
peraient à la diversité protéique (et donc phénotypique) et synthèse protéique. Nous ne décrirons pas la transcription
à l’évolution et pourraient ainsi être considérées comme des complexe des ARNr et leur association au sein des ribosomes
phénomènes physiologiques dans certaines circonstances avec des protéines ribosomales [43]. L’enzyme participant
[38]. Par exemple, ces erreurs participent à la synthèse de à l’ajout d’un acide aminé au cours de l’élongation, la
protéines clés chez certains rétrovirus [39]. Après la traduc- peptidyl transférase est constitué de plusieurs ARNr. Par
tion, le ribosome est recyclé en présence de protéines de ailleurs, pour maintenir les sites A et P en configuration
recyclage (ribosome recycling factor [RRF] chez les proca- active au cours de la traduction au sein du ribosome, la
ryotes par exemple), ce mécanisme étant différent chez les présence d’un ARNr 23S est nécessaire. La présence d’un
eucaryotes et les procaryotes. Dans tous les cas, les deux ribosome est fondamentale dans la traduction et la mise en
sous-unités, l’ARNt et l’ARNm se séparent. Le recyclage est conformation spatiale correcte de la protéine (même si des
cependant encore un mécanisme mal connu [34]. protéines spécifiques, les chaperones participent aussi au
remodelage spatial correct de la protéine) car elle minimise
l’énergie thermodynamique afin d’optimiser cette réaction
Ribosomes et les ARN ribosomaux [45]. À titre d’exemple, si cette synthèse se faisait sans
ce dernier et les complexes protéiques associés, au moins
Les ARN ribosomaux (ARNr) sont des structures complexes un milliard d’année serait nécessaire pour obtenir une pro-
et compactes dont on distingue chez les procaryotes deux téine de 100 acides aminés de structure tridimensionnelle
formes principales, l’ARN 16S (participant à la structure de adéquate ! [46].
la sous-unité ribosomale 30S) et l’ARN 23S (participant à
la structure de la sous-unité ribosomale 50S), l’association
des sous-unités 30S et 50S constitue le ribosome 70S. Rap-
Ribozymes
pelons ici que le terme « S » est extrapolé de Svedberg,
unité de mesure de sédimentation des molécules (ici ribo- Les ribozymes constituent un groupe d’ARN possédant une
somes) soumises à ultracentrifugation. Chez les procaryotes, activité catalytique. Il s’agit donc d’ARN-enzyme [47,48].
on retrouve les ARN 5S, 18S et 25S. Les ARNr sont associées En dehors du ribozyme le plus complexe à savoir le
aux ribonucléoprotéines (RNPs) pour constituer les sous- ribosome qui permet la formation de liaisons peptidique
unités ribosomales dont l’assemblage constitue le ribosome ARN-dépendantes, les ribozymes sont constitués de trois
[40]. Chez les eucaryotes, on distingue deux sous-unités, la groupes, les introns auto-épissants (divisés en deux classes
petite (40S) et la grande (60S), l’ensemble constituant le principales, I et II), la RNase P (impliquée dans la synthèse
ribosome 80S [34]. La grande sous-unité est constituée de des ARNt) et les petits ARN catalytiques (groupe incluant
47 protéines et de trois ARNr [41]. La petite de 32 protéines quatre motifs catalytiques partageant un même mécanisme
et un ARNr (ARNr 5S). La synthèse du ribosome est complexe chimique) (Tableau 3). Parmi ces ARN, on distingue principa-
et démarre avec celle des ARNr dans le noyau [42]. L’ARNr lement les introns du groupe II s’auto-épissant (self-splicing
synthétisé subit ensuite des modifications multiples (méthy- group II introns) retrouvé à la fois parmi les ARN codants et
lation, pseudo-uridylation, action d’endo- et exonucléases) les ARNnc.
et s’associe à des protéines, les protéines ribosomales (plus
de 180 d’entre elles appelées facteurs et 100 petites ribonu- Introns du groupe I et II s’auto-épissant
cléoprotéines nucléolaires, snoRNP constituées elles-mêmes
en partie de snoARN) pour constituer le préribosome. Le Ces ribozymes participent à l’épissage des ARN. À l’instar
préribosome constitué dans le noyau est ensuite exporté de la composante ribozyme de la RNase P, ils catalysent le
dans le cytoplasme par un processus actif pour y subir des clivage des liaisons phosphodiesters et la ligation produisant
étapes complexes de maturation [41]. Le principal rôle du des extrémités 5 -phosphate et 3 -hydroxyl [47].
ribosome est d’interagir avec l’ARNm et l’ARNt en présence
d’un complexe protéique et de petits ARN, les ARN ribo-
somaux pour effectuer la synthèse des protéines au cours Formation de la liaison peptidique au ribosome
de la traduction, c’est-à-dire l’ajout des acides aminés,
un par un. Les ARNr constitutifs des ribosomes participent Le ribosome est le plus gros des ribozymes. Il catalyse
à la reconnaissance des ARNt au site A du ribosome [43]. la formation des liaisons peptidiques au cours de la syn-
Sur le plan génétique, les gènes des ARNr (ADNr) sont thèse protéique pendant la traduction. L’activité de la
présents en opérons (clusters), structures locales des chro- peptidyl-transférase implique deux ARNt substrats, l’ARNt-
mosomes assemblant des gènes transcrits en groupe. Chez amino-acyl au site A du ribosome et l’ARNt-peptidyl au site
les humains, une sous-unité de transcription d’ARNr mesure P du ribosome (constitué d’ARNr). Elle permet l’ajout d’un
environ 43 kb et est constitué de séquences codant pour des aminoacide sur l’ARNt-peptidyl par une réaction complexe
pré-ARNr séparés par des séquences intergéniques d’environ schématiquement décrite plus haut [47].
Le monde complexe et mouvant des ARN. Première partie 15
dans l’ARN sens et l’ARN antisens. L’activité ribozyme est L’inactivation de l’X
donc nécessaire à sa réplication.
Chez les mammifères (dont l’être humain), le mâle possède
un X et la femelle deux X. Afin de pallier à la différence
Le ribozyme VS du nombre de chromosome X et pour qu’il n’y ait pas de
Cet ARN a été isolé de mitochondries d’une souche de déséquilibre quantitatif dans l’expression des gènes issus de
Neurospora sp. (souche Varkud-1c). Le motif catalytique ces chromosomes, deux mécanismes peuvent être observés,
est responsable de l’autoclivage et la ligation de l’ARNnc soit l’un des deux X est inactivé aléatoirement (c’est le cas
VS transcrit à partir de l’ADN VS. L’activité du domaine chez la femme), soit l’expression des gènes de l’unique X
catalytique correspond à un fragment de 154 nucléotides. du mâle est augmentée (c’est le cas de la drosophile). Dans
La structure secondaire complexe est constituée de six tous les cas, la stratégie de régulation de l’expression de
domaines (I à VI) dont deux (I et V) possèdent des inter- l’X fait intervenir des ARNnc. Sans entrer dans les détails
actions importantes. de ce mécanisme, chez la femme, une région particulière
du chromosome X joue un rôle fondamental dans l’initiation
et la diffusion de l’inactivation de l’X, la région X inactiva-
Les longs ARN non codant (long noncoding tion center (Xic). Un ARNnc transcrit à partir de cette région
RNA, lncRNA) du chromosome X qui deviendra inactif, X inactivation spe-
cific transcript (Xist) participe au recrutement d’enzymes
permettant la condensation progressive de la chromatine
Ces ARN se définissent par une taille supérieure à 200 pb
(notamment en méthylant des histones) et par conséquent,
et peuvent aller jusqu’à 100 kb. Les gènes codant pour ces
l’inactivation de l’X [52].
ARN sont transcrits essentiellement par l’ARN polymérase II
et dans de rares cas par l’ARN polymérase III, et ne subissent
pas de traitement identique à celui subit par l’ARNm du Les loci HOX
fait de leur propriété principale de régulation. Nous don-
nerons quelques exemples de leur action, ces longs ARNnc Au nombre de quatre (A, B, C et D et contenant 39 gènes
sont nombreux et mal connus à l’heure actuelle (Fig. 9) [2]. homeobox [HOX]), ces loci jouent un rôle fondamental dans
Actuellement, le nombre d’ARNnc contenus dans le génome l’expression coordonnée de gènes pour le modelage et la
humain n’est pas connu. différentiation cellulaire. Plus de la moitié des transcrits de
Figure 9 Exemples d’action des longs ARNnc. Schéma d’une région avec les deux brins sens (5 → 3 ) et antisens (3 → 5 ). Les
gènes sont représentés par les régions avec les rectangles pleins. Les flèches sur les rectangles indiquent le sens de la transcription
sur chaque brin. 1 : une région d’un promoteur non codant (orange) peut modifier (par stimulation ou inhibition) l’expression d’un
gène situé en aval (gène violet) par exemple en inhibant l’ARN polymérase II et/ou en remodelant localement la chromatine.
C’est le principe de l’interférence transcriptionnelle ; 2 : un transcrit antisens (marron) hybride un transcrit sens chevauchant et
inhibe la reconnaissance des sites d’épissage par le complexe protéique d’épissage, le spliceosome. Il en résulte un ARNm avec
épissage alternatif. Une alternative possible à cette hybridation de l’ARNnc est l’activation de Dicer puis la formation de siARN ; 3 :
un transcrit ARN antisens se fixe sur des protéines cibles et peut alors avoir plusieurs conséquences selon les ARNnc ; a : moduler
l’activité d’une protéine ; b : guider la localisation cellulaire d’une protéine ; c : constituer une partie d’une structure protéique
complexe ; 4 : un long ARNnc peut être fragmenté en plusieurs petits ARNnc (exemples, miARN, piwiARN).
Le monde complexe et mouvant des ARN. Première partie 17
ces loci sont des ARNnc issus des régions intergéniques sou-
vent co-exprimés avec les gènes issus des parties codantes
adjacentes. Bien que mal connue et complexe, cette
co-expression en cis (sur le même chromosome et locus)
permet localement une régulation fine, par exemple en
se fixant sur une méthyltransférase dont l’action sera
alors d’inactiver le gène adjacent. Par ailleurs, ces ARNnc
peuvent aussi avoir une activité en trans [53]. On retrouve
des mécanismes similaires dans d’autres cas tels que
l’empreinte parentale (où seul, un des chromosomes issus
soit du père soit de la mère est exprimé) dans laquelle
un long ARNnc inactive un des deux chromosomes (par Figure 10 Régulation schématique en cis d’un gène par un
exemple, l’ARN H19 est impliqué dans l’empreinte d’insulin ARNnc chevauchant — Exemple. La séquence codante d’un
like growth factor 2 (IFG2). ARNnc est exprimé en antisens (flèche mauve indiquant le sens
L’exemple des loci HOX démontre le rôle fondamental 5 → 3 de la transcription) alors que le gène codant est exprimé
de certains ARN dans le développement d’un organisme et en sens (flèche bleue indiquant le sens 5 → 3 de la transcrip-
une de leur propriété, la capacité à recruter des complexes tion). Les deux gènes se chevauchent (séquences communes aux
protéiques modifiant les histones afin de transformer la deux gènes). Après transcription, l’ARNnc va se fixer sur une
structure chromatinienne dans un état transcriptionnel actif méthyltransférase d’histone et l’activer. En méthylant les his-
ou passif. tones se fixant localement sur le génome, une condensation de
la chromatine provoque l’inhibition de la transcription du gène
codant pour une protéine.
Répression transcriptionnelle par les ARN non
codant Alu
dans des plasmides et présentent souvent des structures
Les ARNnc peuvent aussi interagir avec l’ARN polymérase II secondaires complexes. Ils ont une structure et des carac-
afin de réprimer la transcription chez les eucaryotes. Par téristiques proches de celles des microARN (miARN) des
exemple, schématiquement, dans certaines conditions de eucaryotes. Ces ARNs agissent en trans (plus rarement en
choc thermique sur des cellules humaines, l’ARN polymé- cis) et sont impliqués dans la régulation traductionnelle.
rase III permet la transcription d’un ARNnc Alu à partir De manière générale, les ARNs en cis sont exprimés de
d’éléments short intersped element (SINE). L’ARNnc se fixe manière constitutive alors que ceux codés en trans agissent
alors sur l’ARN polymérase II et inhibe son interaction avec en général en présence de conditions spécifiques (faible
les promoteurs de gènes de ménage (housekeeping genes). teneur en fer du milieu, stress oxydatif par exemple). Ainsi,
Le mécanisme précis demeure encore mal connu [53]. certains ARNs hybrident les ARNm et par un mécanisme
complexe, inhibent la traduction de l’ARNm d’une manière
similaire aux miARN des eucaryotes. D’autres ARNs viennent
Expression tissu spécifique des ARN non codant se fixer sur la séquence de Shine-Dalgarno (nécessaire à la
traduction chez les procaryotes) ou au codon d’initiation
Dans le cerveau plus particulièrement, on retrouve des AUG pour réprimer la traduction en empêchant la fixa-
ARNnc spécifiques issus de diverses régions génomiques tion du ribosome 30S. D’autres mécanismes de régulation
(intergéniques, introniques et sites soumis à empreinte par les ARNs semblent aussi exister [53]. Selon les cas,
parentale). Ces régions codent des transcrits ARNnc pou- la complémentarité au cours de l’hybridation peut être
vant chevaucher en sens ou antisens des gènes codants dont partielle ou complète [54]. Les protéines et les ribonu-
le rôle est essentiel pour le fonctionnement du neurone. cléases agissant de concert avec ces ARNs sont encore mal
On observe une inter-relation de l’expression des ARNnc et connues.
des gènes codants (chevauchant ou non) aboutissant à une
régulation fine effectuée par les ARNnc (Fig. 10).
Les riboswitches
Dans la partie 5 de l’ARNm se trouvent des éléments de
Les petits ARN non codant régulateurs régulation de l’ARN pouvant adopter différentes confor-
mations en réponse aux événements extérieurs (ribosomes
Les ARNnc des procaryotes bloqués, fixation de ligands/métabolites, modification de
température. . .) modifiant ainsi l’expression du gène corres-
Les petits ARN de régulation ou ARNs pondant. Parmi ces éléments, certains sont des capteurs de
Certains petits ARNnc des procaryotes appelés ARNs (ou métabolites (par exemple, S-adenosylmethionine, lysine. . .)
sRNA, small regulatory RNA) jouent un rôle majeur de régu- appelés aussi riboswitches [55]. La fixation du métabo-
lation chez les procaryotes notamment en condition de lite sur cette structure complexe de l’ARN provoque une
stress. Le séquençage de plusieurs génomes de procaryotes a modification conformationnelle et participe soit à la régula-
permis de mettre en évidence de nombreux ARNs conservés tion transcriptionnelle, soit au contrôle de la traduction,
entre les différentes souches bactériennes [54]. Ces ARNs en induisant essentiellement une action de répression
bactériens non codant mesurent entre 50 et 250 pb, sont [54]. Bien que le plus souvent décrits chez les bactéries,
transcrits depuis des régions intergéniques (IGR) des chro- les riboswitches sont aussi présents chez les eucaryotes
mosomes, à partir d’éléments mobiles (cf transposons) ou [56].
18 J. Lamoril et al.
(piARN) et les petits ARN interférents (small interfering ARN DICER. Il semblerait que ces piARN soient restreints aux cel-
[siARN]). lules germinales ainsi qu’aux cellules somatiques en contact
avec les cellules germinales. Chez les mammifères, les
Les microARN (miARN) piARN sont présents uniquement chez le mâle. On y dis-
Ce sont de petits ARN de 20—24 pb dont la production tingue deux classes, la classe prépachytène et la classe
est assurée par les enzymes Dicer à partir de précurseurs pachytène. Les ARN prépachytène présentent des homo-
transcrits de zones intergéniques, introniques ou même de logies de séquence avec les transposons et les séquences
régions codantes. Les miARN vont guider les complexes RNA- répétées. Leur expression est exactement associée avec la
induced silencing complexes (RISC) aux ARNm auxquels ils fenêtre d’effacement/rétablissement de la méthylation de
s’apparient avec une spécificité absolue ou, le plus souvent, l’ADN des transposons au cours du développement de la
relative (par appariement à un site spécifique du miARN lignée germinale, probablement en provoquant des modi-
de 6—8 pb, la tête (seed)). Par ce complexe ainsi formé, fications histones. En revanche, les origines et les cibles
on observera une inhibition de la traduction ou une lyse des piARN pachytènes restent encore mystérieuses. Ils
de l’ARNm. Ces miARN jouent un rôle fondamental dans la pourraient jouer un rôle dans le maintien de l’intégrité géno-
régulation du transcriptome. Présents dans tout le génome, mique des cellules germinales.
ces miARN jouent des rôles multiples tant dans le déve-
loppement que l’adaptation au stress et à la signalisation Les introns, une riche source d’ARNnc
hormonale.
Les introns constituent au moins 30 % du génome humain
Les small interfering RNA (siARN) et semblent constituer une source majeure d’ARNnc. Parmi
Les siARN, petits ARN d’environ 22 pb, sont synthétisés à par- ces derniers nichés dans des gènes codants ou non, certains
tir de précurseurs ARN double brin traités par les enzymes jouent un rôle majeur dans la régulation de l’expression
DICER. Ces siARN peuvent avoir plusieurs origines différentes des gènes codant dans lesquels ils se trouvent [56,61]. Il
telles que les ARN viraux, des transgènes, des transposons, semble qu’environ 81 % des gènes codants subissant un épis-
des loci spécifiques. Ils peuvent être aussi synthétisés par sage possèdent des introns transcriptionnellement actifs
des ARN polymérases ARN dépendantes (RNA dependent RNA essentiellement dans le noyau [62]. Les introns sont épis-
polymerase [RdRp]) qui recopient des ARN simple brin (ce sés au cours de la transcription mais la formation des ARNnc
dernier mécanisme n’existe pas chez les mammifères). Une issus de ces derniers est encore largement inconnue. Il
fois traités par les enzymes DICER, les siARN vont s’associer semble que l’ARN polymérase II agisse sur leur transcrip-
aux protéines AGO qui vont guider l’interférence ARN soit tion (d’autres ARN polymérases ont été aussi impliquées) et
au niveau de l’ARN, soit au niveau de l’ADN. Ces siARN que celle-ci soit coordonnée et co-régulée avec la transcrip-
jouent un rôle majeur dans la défense contre les virus tion du gène codant correspondant. Parmi ceux-ci, certains
chez la drosophile et les plantes notamment. Certains virus ARNnc possèdent une queue poly(A) [62]. Un certain nombre
peuvent d’ailleurs contourner ces siARN à l’aide de pro- de ces ARNnc issus d’introns jouent un rôle de régulateur
téines ciblant le mécanisme de répression siARN-AGO. Par de l’expression de gènes codants soit au niveau transcrip-
ailleurs, les siARN jouent un rôle majeur dans la régulation tionnel (régulation de l’épissage alternatif), soit au niveau
de l’expression de nombreux gènes notamment la répres- post-transcriptionnel (par exemple, par interférence trans-
sion de transposons. De nombreux siARN notamment ont été criptionnelle) bien que cela soit encore mal connu. Ces
observés chez la souris et la drosophile, les siARN endogènes, ARNnc seraient eux-même régulés par des stimuli exté-
endo-siARN exprimés dans les oocytes et les cellules des rieurs (cf. hormones) mais cela nécessite confirmation [62].
lignées germinales et somatiques dont les transposons sont Parmi les ARNnc issus d’introns, on retrouve notamment
la principale cible en empêchant leur expression. Observés des microARN et des ARNsno. Les études montrent cepen-
principalement chez les plantes et plus rarement chez les dant qu’un certain nombre d’entre eux sont transformés en
mammifères (notamment la souris chez qui cet ARN a été d’autres petits ARN [63]. Comme d’autres ARNnc, ceux-ci
particulièrement étudié), les transcrits siARN issus de gènes peuvent aussi assurer un rôle de régulation épigénétique
antisens peuvent jouer en cis ou en trans un rôle direct de [62].
régulation de l’expression du gène dont ils sont adjacents
et/ou chevauchant [53]. Dans la lignée germinale chez les
plantes, les siARN jouent aussi un rôle pour empêcher la Les systèmes de contrôle de qualité des ARN
mobilité des transposons, rôle assuré par les piARN chez les
mammifères. La dégradation des ARN dans la cellule est un phéno-
mène général dont le contrôle est finement régulé. Malgré
Les piwi-interacting RNA (piARN) la grande complexité des mécanismes de dégradation des
La superfamille des protéines argonautes (AGO) est consti- ARN, il existe de nombreuses similitudes entre les bac-
tuée de deux grandes branches, la branche AGO retrouvée téries, les archaea et les eucaryotes. Schématiquement,
tant dans la levure, les plantes que les animaux et la trois classes d’enzyme dégradant les ARN appelées ribonu-
branche PIWI spécifique de l’espèce animale. Les piARN ont cléases (RNases) sont répertoriées selon le site de coupure
surtout été étudiés chez la souris et la drosophile. Dans en interne (les endonucléases), en 5 (les 5 -exonucléases)
les deux cas, on distingue trois membres différents. Les ou en 3 (les 3 -exonucléases). En pratique, il existe de très
piARNs se distinguent des miARN et des siARN par leur taille nombreuses RNases [42]. Certains mécanismes assurent un
(25—30 pb), et leur biogenèse, indépendante des enzymes contrôle de qualité des ARN. Nous en citerons quelques uns.
20 J. Lamoril et al.
• l’ARNm synthétisé sous forme d’un large précurseur doit proteins [RBP]), les ARNm, des ARNnc de régulation et
être partiellement dégradé pour devenir actif. Chez les des protéines auxiliaires, les messenger ribonucleoprotein
eucaryotes, par exemple, un ARN polycistronique d’ARN (mRNPs) [68]. Les RBP sont retrouvées également chez les
ribosomaux synthétisé par l’ARN polymérase I nécessite eucaryotes et les archaea. Il s’agit encore une fois d’un phé-
d’être clivé à l’aide d’endo- et exonucléases pour libérer nomène complexe dans lequel un certain nombre d’ARNm
les ARNr actifs ; sont assemblés et co-régulés à l’aide de protéines asso-
• les introns éliminés par épissage sont dégradés par des ciées à des mRNPs. Des petits ARNnc sont alors ciblés sur
exonucléases ; ces ARNm co-régulés en agissant en trans sur des RNPs afin
• au cours de l’exportation de l’ARNm du noyau vers le de coordonner l’expression de l’ensemble de ces ARNm.
cytoplasme, l’ARNm peut être dégradé par des 5 - ou des Sur chaque ARNm, de multiples éléments sont présents en
3 -exonucléases ; cis et constituent un code modulaire appelé untranslated
• au cours de la traduction, l’ARNm subit plusieurs tours de sequence element for regulation (USER). Ce code modu-
traduction au cours desquels la queue poly(A) est progres- laire détermine les RBP qui se fixeront sur un ou plusieurs
sivement raccourcie par une deadenylase ; ARNm et définira ainsi le destin de chaque ARNm. Ces nom-
• lors du turnover des ARNm et des ARNnc, partie intégrante breux RBPs agissent en collaboration ou en compétition, leur
du métabolisme des ARN. Il s’agit alors d’une dégrada- combinaison donnant le schéma d’expression final. Les chan-
tion constitutive qui joue un rôle clé dans la régulation gements métaboliques de la cellule sont alors responsables
de l’expression des gènes [42]. de modulation de l’expression des gènes de façon coordon-
née permettant alors à la cellule de réagir rapidement à un
Les ARNnc (ARN non codant) changement environnemental interne ou externe. Le ribo-
nome n’est pas le transcriptome. Il représente l’organisation
dynamique des ARNm au sein de l’infrastructure consti-
En grande majorité, les ARN et notamment les ARNnc sont
tuée par les ribonucléoprotéines alors que le transcriptome
transcrits par l’ARN polymérase II. La plupart des ARN
évalue les ARNm dans leur ensemble. Nous allons illus-
transcrits sont dégradés dans le noyau formant une popula-
trer par un exemple cette différence [68]. Par exemple,
tion hétérogène nucléaire, l’ARNhn (heterogeneous nuclear
supposons que 100 molécules d’ARNm codent pour la pro-
RNA). Il semblerait que de l’ARNnc, véritable bruit de fond
téine X, 25 d’entre elles pourraient être activées dans un
transcriptionnel, serait aussi présent dans le noyau [42].
état associé avec les mRNP 1, 50 autres pourraient être
De petits transcrits antisens sont aussi générés à partir de
réprimés au cours de la traduction dans un état associé
promoteurs et sont rapidement détruits par les exosomes.
avec les mRNP 2 et 25 autres ARNm pourraient se trouver
Enfin, on retrouve aussi des ARNnc transcrits à partir de
dans un état/compartiment silencieux. Le transcriptome
régions antisens intergéniques ou de zones antisens de gènes
donnerait une activité de cet ARNm de 25 % sans autre pré-
codants et qui constituent aussi un bruit de fond transcrip-
cision. Le ribonome permet d’évaluer comment est régulé
tionnel de rôle mal défini. Ces ARNnc seraient hautement
plus finement cet ARNm ou plus précisément l’ensemble
instables et sont difficiles à mettre en évidence expérimen-
des régulations auxquelles est soumise un ARNm ou une
talement. Ils seraient dégradés par les complexes exosomes.
classe d’ARNm à l’étape post-transcriptionelle. Le ribonome
L’ARN polymérase III transcrit de petits ARN tels que
peut donc être défini comme l’état des ribonucléoprotéines
l’ARNt, l’ARNr 5S, l’ARNsn U6. La surveillance de ces ARN
(incluant les ARNm) présentes dans la cellule à un moment
peut amener à leur dégradation par des 5 -exonucléases,
donné. Elle permet une étude des régulations dynamiques
des exosomes [42]. La dégradation des ARNnc est en fait un
à l’étape post-transcriptionnelle (Fig. 12) [68]. Par ailleurs,
processus hautement efficace.
il a pu être démontré dans certains cas que le ribonome
Par ailleurs, outre les systèmes complexes de dégrada-
agissait au sein d’une cellule mais pouvait aussi parfois
tion des ARNnc brièvement évoqués, il existe aussi un grand
agir sur les cellules adjacentes par transfert d’ARN à l’aide
nombre de RNases non spécifiques telles que la RNase A
d’exosomes (transfert horizontal) [69]. Certains par analo-
pour les eucaryotes ou la RNase T1 pour les champignons.
gie avec ce qui est observé avec les virus ont même parlé de
Il s’agit dans ces derniers cas de RNases extracellulaires
« quasi-génome » pour le ribonome. Mais, cela reste encore
dégradant les ARN. On en retrouve notamment sur la peau
à confirmer par d’autres études [68]. Le ribonome est donc
et dans le sang. Il semblerait que le rôle de ces RNases
une couche de modules et de circuits fonctionnels ayant des
serait d’empêcher des ARN de s’intégrer aux métabolismes
tâches autonomes de contrôle et de coordination au sein des
intracellulaires.
réseaux d’expression des gènes.
Le ribonome
Le transcriptome
Certains auteurs ont proposé la théorie du ribonome [68]. Le
ribonome est constitué par l’ensemble des ARN cellulaires Le transcriptome représente l’ensemble des transcrits issus
et de leur facteurs de régulation au sein des ribonucléopro- d’un génome à un moment donné. En pratique, il s’agit de
téines à un temps et un lieu donnés. Il opère à de multiples l’expression des ARN de toute classe, identifiés et exprimés
niveaux de la régulation des gènes en contrôlant et coor- dans une cellule et/ou un tissu voire un organisme entier.
donnant la transcription, l’épissage, l’export, la stabilité et Il est bien entendu impossible dans cet article de décrire
la traduction de nombreux ARNm réalisant ainsi une expres- ce dernier tant sa complexité, ses spécificités cellulaires,
sion coordonnée de gènes. Dans les cellules de mammifères, tissulaires, métaboliques, d’espèce sont importantes.
il est constitué de protéines fixant des ARN (RNA-binding Nous donnerons quelques idées générales en se basant sur
22 J. Lamoril et al.
Des mutations sur des régions 3 -non codantes des ARNm Bases de données de maladies héréditaires, Omim (On
ont été identifiées, par exemple dans le syndrome de la line mendelian inheritance in man) : http://www.ncbi.nlm.
Tourette [75]. Ces mutations semblent être localisées sur nih.gov/sites/entrez?db=OMIM&itool=toolbar.
24 J. Lamoril et al.
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