ST Exupery Le Petit Prince-71-85
ST Exupery Le Petit Prince-71-85
ST Exupery Le Petit Prince-71-85
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– Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai
aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver.
Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beau-
coup.
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CHAPITRE XIX
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– Bonjour, dit-il à tout hasard.
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CHAPITRE XX
– Bonjour, dit-il.
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Et il se sentit très malheureux. Sa fleur lui avait raconté
qu’elle était seule de son espèce dans l’univers. Et voici qu’il en
était cinq mille, toutes semblables, dans un seul jardin !
« Elle serait bien vexée, se dit-il, si elle voyait ça… elle tous-
serait énormément et ferait semblant de mourir pour échapper
au ridicule. Et je serais bien obligé de faire semblant de la soi-
gner, car, sinon, pour m’humilier moi aussi, elle se laisserait
vraiment mourir… »
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CHAPITRE XXI
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– Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas
apprivoisé.
– Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chas-
sent. C’est bien gênant ! Ils élèvent aussi des poules. C’est leur
seul intérêt. Tu cherches des poules ?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un pe-
tit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai
pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne
suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais,
si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras
pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au
monde…
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– Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une
fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…
– Oui.
– Non.
– Non.
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Mais le renard revint à son idée :
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Le lendemain revint le petit prince.
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jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu’à la
vigne. Si les chasseurs dansaient n’importe quand, les jours se
ressembleraient tous, et je n’aurais point de vacances.
Puis il ajouta :
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Et les roses étaient bien gênées.
– Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore.
On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un
passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle
seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle
que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe.
Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est
elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les pa-
pillons). Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se
vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.
– Adieu, dit-il…
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CHAPITRE XXII
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Et gronda le tonnerre d’un troisième rapide illuminé.
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