Cours Comptabilité Publique
Cours Comptabilité Publique
Cours Comptabilité Publique
L2 DROIT TC
Université Evangélique Internationale
de Man (UEIM) 2022
Le trésor public est le principal organe d’exécution de la loi de finance. La Banque Nationale
d’Investissement est quant à elle chargée de gérer les dépenses d’investissement.
Selon les catégories d’agents contrôlés, on distingue le contrôle sur les administrateurs et le contrôle sur
les comptables. Selon les catégories d’agents contrôleurs, on distingue le contrôle par l’administration, le
contrôle par le juge et le contrôle par les autorités politiques.
2- La chambre du conseil
Elle est composée du président de la chambre et des conseillers. Elle formule un avis sur des questions
de procédure ou de jurisprudence dont elle est saisie par la formation de jugement. Elle statue sur des affaires
renvoyées devant la chambre après cassation. Elle est saisie des projets de rapport général, de rapport sur la loi
de règlement, de déclaration de conformité, le rapport d’ensemble sur les entreprises publiques et en arrête le
texte. Le magistrat rapporteur est assisté de conseilles référendaires ou auditeurs qui participent à la séance avec
voies consultatives. En outre, la chambre du conseil délibère sur d’autres affaires qui lui sont soumises par son
président. La chambre du conseil est la formation qui prend les décisions.
Paragraphe 2 : Les attributions de la Chambre des comptes
Dans l’exercice de ses attributions juridictionnelles, la chambre des comptes juge les comptes des
comptables publics et apure les gestions de fait, prononcent les condamnations à l’amende dans les conditions
fixée par la loi, statue sur les recours, sanctionne les fautes de gestions.
A- Le contrôle des comptables publics
La chambre des comptes assure un contrôle budgétaire et de gestion et à ce titre elle juge des comptes
des comptables publics.
1- La procédure
La chambre des comptes instruit les comptes des comptables et rend des arrêts sur ces comptes.
a- La production des comptes
Les comptables publics ont l’obligation de présenter à la chambre des comptes leurs comptes affirmés
sincères et véritables, datés, signés et revêtus du visa de contrôle de leur supérieur hiérarchique dans les formes
et délais prescrit par les règlements. Ces comptes doivent être en état d’examen et appuyés des pièces
justificatives. Apres la présentation des comptes, il peut n’y être fait aucun changement. Il est établit un compte
unique des opérations de gestion. Le compte est préparé et mis en état d’examen par le comptable en fonction
au 31 Décembre. L’instruction de chaque compte est confiée par le président de la chambre à un rapporteur. Les
observations auxquels donnent lieu les vérifications sont consignés dans le rapport. La suite à donner à chaque
observation fait l’objet d’une proposition motivée. Le président de la chambre transmet le rapport et les pièces
adressées à un conseillé contre-rapporteur. Celui-ci fait connaitre son avis sur chacune des propositions
formulées. La chambre rend sur chaque proposition une décision qui est inscrite par le président en marge du
rapport. S’il est nécessaire de procéder à un vote, le président recueille successivement le vote du magistrat
rapporteur puis celui de chaque conseillé et il opine le dernier. En cas de partage, sa voie est prépondérante.
La chambre des comptes peut recourir pour des enquêtes de caractère technique à l’assistance d’experts
désignés par le président de la chambre. Les experts sont assujettis à l’obligation de secret professionnel.
b- Le jugement des comptes
Après instruction du compte, le rapporteur présente à la chambre un rapport appuyé des pièces
justificatives avec les observations. La chambre des comptes apprécie la régularité des justifications des
opérations inscrites dans les comptes. La procédure est menée par un juge, l’audience à lieu à huit clos. Ni le
comptable, ni ses représentants ne sont admis. Mais pour préserver les droits de la défense, le législateur a
institué la règle du double arrêt. Lorsque la chambre des comptes constate des irrégularités mettant en cause la
responsabilité comptable, elle enjoint à ce dernier d’apporter la preuve de leur rectification ou de produire des
justifications complémentaires. Les charges relevées contre le comptable sont portées à sa connaissance par un
arrêt provisoire. Cet arrêt peut comporter communication de pièces à charge de réintégration.
Dans son arrêt la chambre fixe également le reliquat en fin de gestion et fait obligation au comptable
d’en prendre charge au compte de la décision finale. Des injonctions sont alors adressées au comptable.
L’injonction est une mesure d’instruction qui ne préjuge pas de la responsabilité comptable dans la mesure où
ce dernier y répond et se justifie. Mais elle est aussi une décision qui arrête la situation comptable. Quand
celui-ci ne peut se justifier, les faits invoqués par l’injonction seront retenus dans l’arrêt définitif.
La chambre des comptes peut prendre trois sortes d’arrêt définitif :
- si le comptable est quitte ;
- le comptable est en avance ;
- le comptable est en débet.
Dans les premiers cas, elle prononce sa décharge définitive. L’arrêt d’avance est prononcé quand le
montant de l’exercice est supérieur à la ligne du compte. L’arrêt de décharge est prononcé quand il y a
concordance entre la ligne de compte et l’encaisse. Si le comptable cesse ses fonctions, elle autorise le
remboursement de son cautionnement et ordonne main levée et radiation des oppositions et inscriptions
hypothécaires mise sur ses biens en raison de sa gestion.
Dans le troisième cas, la chambre des comptes prononce un arrêt de débet lorsque le montant de
l’exercice du comptable est inférieur à la ligne de compte. Elle condamne le comptable à solder son débet avec
les intérêts au trésor ou à la caisse de la collectivité locale ou de l’établissement public intéressé.
La chambre des comptes est compétente uniquement pour apprécier la responsabilité pécuniaire du
comptable. Elle est incompétente pour régler les questions de droit commun. Si dans l’examen des comptes la
chambre trouve des faux ou des contusions, il en sera rendu compte au ministre de tutelle et référé au garde des
sceaux ministre de la justice qui fera poursuive le comptable fautif devant les tribunaux.
2- L’exécution des arrêt s et des voies de recou rs
Les arrêts définitifs sont exécutoires. Il n’y pas d’appel possible. Toutefois les comptables et autres
justiciables de la chambre des comptes, les ministres en ce qui concerne leur département respectif peuvent
dans les deux mois suivant leur notification saisir par requête la cour suprême d’un pourvoi en cassation pour
vice de forme, d’incompétence ou violation de la loi contre les arrêts définitifs de la chambre des comptes. Le
pourvoi doit être introduit dans un délai de deux mois à compter de la notification des arrêts. Le pourvoi est
examiné par une chambre spéciale présidée par le président de la cour suprême et composée de deux membres
de chacune des factions judiciaires, administratives et des comptes.
Après cassation de l’arrêt, l’affaire est renvoyée devant la Chambre des comptes siégeant en chambre du
conseil. Malgré le caractère définitif du jugement, la chambre peut par erreur, omission, faux ou double-emploi
découvert postérieurement à l’arrêt, procéder à sa révision soit sur demande du comptable appuyé de pièces
justificatives recouvrées depuis l’arrêt, soit à la demande du ministre compétent ou des représentants légaux,
des collectivités et établissements intéressés, soit d’office.
La demande n’est recevable que pour des faits qui s’ils avaient été portés à la connaissance du juge au
moment de l’arrêt définitif auraient modifié sa décision. La demande de révision est adressée au président de la
chambre. Elle doit comporter l’exposé des faits et moyens invoqués par la requérante. Elle doit être
accompagnée d’une copie de l’arrêt attaqué, des justifications servant de base à la requête ainsi que les pièces
établissant la notification de cette requête aux autres intéressés. Selon qu’elle estime après instruction que les
pièces produites permettent d’ouvrir ou non une instance en révision, la chambre des comptes statuant à titre
définitif admet ou rejette la demande en révision. Quand elle admet la demande, la Chambre des comptes prend
par le même arrêt une décision préparatoire de mise en état de révision des comptes inscrits et impartit au
comptable un délai de deux mois pour produire les justifications supplémentaires éventuellement nécessaire à la
révision lorsque celles-ci est demandée par lui ; ou à faire valoir ses moyens lorsque la révision est engagée
contre lui.
Apres examen des réponses ou après expiration du délai sus visé, la chambre des comptes statue au
fond. Lorsqu’elle décide la révision à titre définitif, elle annule l’arrêt attaqué, ordonne au besoin des garanties
à prendre et procède au jugement des opérations contestées dans la forme d’une instance ordinaire. L’exercice
du recours en révision n’est soumis à aucun délai. Le pourvoi en cassation n’a pas d’effet suspensif.
La chambre des comptes a également compétence pour juger les administrateurs qui se rendent
coupables d’une gestion de fait.
B- Le contrôle sur les comptables de fait (administrateur)
La chambre des comptes juge également les comptes de gestion effectuer par des personnes autre que
les comptables publics patents et qui de ce fait se rendent coupable de gestion de fait.
1- La notion de gestion de fait
Toute personne qui sans avoir qualité de comptables publics ou sans agir sous le contrôle et pour le
compte d’un comptable public, s’ingère dans le recouvrement des recettes affectées ou destinées à un
organisme public doté d’un poste de comptable ou dépendant d’un des postes doit rendre compte au juge
financier de l’emploi des fonds et valeurs qu’elle a irrégulièrement détenus ou manier. Il en est de même pour
toute personne qui reçoit ou manie directement ou indirectement des fonds ou valeurs extraits irrégulièrement
de la caisse d’un organisme ; ou pour toute personne qui s’en avoir la qualité de comptable public procède à des
opérations portant sur des fonds ou valeurs n’appartenant pas aux organismes publics mais que les comptables
publics sont exclusivement chargés d’exécuter en vertu de la réglementation en vigueur.
Deux éléments sont constitutifs de la notion de gestion de fait :
- Le maniement des deniers publics ;
- L’absence de titre légal.
a- Le maniement des deniers publics
Le maniement consiste à recouvrer des recettes ou à payer des dépenses. On peut également assimiler au
maniement l’édition de mandats fictifs. Le maniement peut être direct ou indirect.
Le maniement est direct ou de gestion quand l’administrateur intervient ou agit seul sans interpeller une
tierce personne. Le maniement est indirect ou de longue main quand l’administrateur a agi sous l’ordre de son
supérieur hiérarchique ou quand ce dernier sans avoir participé à la gestion de fait, ne l’a pas ignoré mais n’a
rien dit pour y mettre fin.
b- L’absence de titre légal
Sont titulaires d’un titre légal pour manier les deniers publics, les comptables publics, les régisseurs de
recette et les régisseurs d’avance. Les administrateurs sont dépourvu de titre légal et de ce fait interdiction leur
est faite de manier les deniers publics. Les comptables et les régisseurs peuvent dans certains cas être dépourvu
de leur titre légal et se rendre coupable des actes de gestion de fait. Par exemple lorsqu’ils sont complices d’une
facture fictive. Les gestions irrégulières entrainent pour leurs auteurs déclarés comptables de fait par la chambre
des comptes, les mêmes obligations et responsabilités que les gestions patentes pour les comptables publics.
La procédure est la même que celles des comptables patents. En cas de poursuites exercées contre
l’intéressé devant la juridiction pénale avec institution de partie civile et lorsque l’action n’est pas prescrite, la
chambre des comptes réunis en chambre du conseil délibère sur le point de savoir si elle se saisit de l’affaire
après le jugement pénal. La chambre des comptes statue sur l’acte introductif d’instance. Si elle écarte la
déclaration de la gestion de fait, elle doit rendre un arrêt de non-lieu. Dans le cas contraire, le magistrat
rapporteur doit ordonner le séquestre des biens du gestionnaire de fait et par un arrêt provisoire, il lui est
impartit un délai de trois mois à compter de sa notification pour répondre aux injonctions dirigés contre lui en
apportant toutes les justifications et les moyens nécessaire à l’examen de sa gestion. Néanmoins, le juge des
comptes peut, hormis le cas de mauvaise foi ou d’infidélité du comptable de fait, suppléer par des
considérations d’équités à l’insuffisance des justifications produites.
Sont soumis à la juridiction de la chambre des comptes, tout agent de l’Etat ou du gouvernement ou
membre d’un cabinet ministériel, tout agent de collectivités territoriales, tout représentant, administrateur ou
agent des organismes qui sont soumis au contrôle de la chambre des comptes. En fait tous ceux qui exercent les
fonctions des personnes désignées ci-dessus.
2- La sanction des fautes de gestion
La sanction pour faute de gestion est une amende dont le montant varie selon la nature et la gravité de la
faute. Le montant minimum ne pourra être inférieur à 20 000 frs et le maximum pourra atteindre le montant du
traitement ou salaire brut annuel à la date de l’infraction ou de l’irrégularité. Sera punie de cette amende, toute
personne :
- Qui aura engagé une dépense sans respecter les règles applicables en matière de contrôle financier
portant sur l’engagement des dépenses ;
- Qui pour dissimuler un dépassement de crédit aura imputé ou fait imputer irrégulièrement une
dépense ;
- Qui pourrait engager des dépenses sans en avoir le pouvoir ou sans en avoir reçu les délégations de
signature à cet effet ;
- Qui en dehors des cas précédant aura enfreint les règles relatives à l’exécution des recettes ou des
dépenses de l’Etat, collectivité, établissement ou organisme soumis au contrôle de la Chambre des
comptes ou à la gestion des biens leur appartenant ou qui chargé de la tutelle des dites collectivités ou
organismes aura donné son approbation aux décisions incriminées ;
- Qui aura omis sciemment de souscrire les déclarations qu’elle est tenue de faire aux administrations
fiscales ou aura fourni sciemment des déclarations inexactes ou incomplètes ;
- Qui dans l’exercice de ses fonctions ou attributions aura en méconnaissance procuré à autrui un
avantage injustifié pécuniaire ou en nature entrainant un préjudice pour le trésor, la collectivité ou
l’organisme intéressé ou aura tenté de procurer un tel avantage.
Toutefois, les auteurs des faits constitutifs peuvent être exonérer dans trois hypothèses :
- Ils sont passibles d’aucune sanction s’ils peuvent justifier dans leurs écrits préalablement donnés à la
suite d’un rapport particulier à chaque affaire par leur supérieur hiérarchique ou par la personne
également habilitée à donner un tel ordre et dont la responsabilité se substitue, dans ce cas, à la leur ou
par le ministre compétent personnellement ;
- La prescription de l’action qui est de 5 ans ;
- Le décès de l’auteur de la faute de gestion.
-
Section 3 : LE CONTROLE POLITIQUE
Deux catégories de contrôle sont prévues par la loi organique de 1959 portant loi de finance :
- Un contrôle à postériori exercé par l’Assemblée Nationale ;
- Un contrôle en cours d’exécution des lois finance confiée à la commission des affaires économiques et
financière de ladite institution.
Théoriquement, le contrôle parlementaire est le contrôle principal. En effet, les finances publiques
constituent une matière réservée à la compétence législative. Le vote des lois de finance par les députés permet
à ceux-ci d’exercer un contrôle sur le programme.
Cependant dans les faits, le contrôle d’exécution administrative du budget par le Parlement ne retient
guère l’attention de celui-ci malgré l’importance de plus en plus grande de la fonction de contrôle et les moyens
constitutionnels et légaux de contrôle et d’information dont il bénéficie.