1876 Jacolliot Les Traditions Gal
1876 Jacolliot Les Traditions Gal
1876 Jacolliot Les Traditions Gal
européennes et africaines /
par Louis Jacolliot
TRADITIONS
INDO-EUROPÉENNES
ET AFRICAINES
PAR
LOUIS JACOLLIOT
PARIS
LIBRAIRIE INTERNATIONALE
A. LA CROIX ET Cie, ÉDITEURS
13, RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE, 13
1876.
Tous droitsde reproductions traduction réserves.
et de
LES TRADITIONS
INDO-EUROPÉENNES
ET AFRICAINES
OUVRAGES DE LOUIS JACOLLIOT
EN VENTE :
LA BIBLE DANS L'INDE. 1 vol. in-8° 6 francs.
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LES
TRADITIONS
PARIS
LIBRAIRIE INTERNATIONALE
A. LA CROIX ET Cie, ÉDITEURS
13, RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE, 13
1876
Tout droits de reproduction et de traduction réservés.
PREMIÈRE PARTIE
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
1. Traditions indo-asiatiques.
tions, malgré la gravité apparente de leurs raison-
nements, ils semblent avoir constamment tenu à
honneur de remplacer l'exactitude scientifique par
cette fantaisie lourde et pédantesque, si fort en
honneur sur les bords du Rhin, où elle passe pour
de la profondeur.
.
Nous ne méconnaissons point l'érudition germa-
nique, mais nous disons que cette grosse éru-
dition toute composée de compilations dignes des
bénédictins, s'exerce souvent sans jugement, sans
méthode, sur des sujets d'imagination pure, aux-
quels elle donne des apparences scientifiques, par un
luxe de syllogismes, de considérations étrangères et
surtout de citations, qui déguisent assez habilement
la faiblesse des prémisses, et le peu de logique de la
question principale.
Voyez Kant, qui fut l'idole de l'Allemagne
après avoir puisé l'idée de la critique de la raison
pure dans Pyrrhon et Montaigne, le philosophe se
met à détruire une à une toutes les lois de la rai-
son, et repoussant la conscience, la loi morale et jus-
qu'à la certitude qui nous vient de nos sens, il éteint
le flambeau qui dirige l'humanité, refuse à la raison
le droit d'affirmer ses propres raisonnements
puis, tout d'un coup, effrayé d'avoir eu tant d'au-
dace, il se met à reconstruire le monument qu'il
a dévasté, et remonte à la raison et à Dieu par
des considérations de devoir et de soi idéale.
Après avoir soutenu que nos facultés n'ont rien
de légitime, que tout est relatif aux lois de notre
esprit et que c'est un cercle vicieux que de prouver
l'exactitude de nos jugements par la raison, alors
qu'on est ensuite obligé de démontrer l'existence de
la raison elle-même par ses propres manifestations,
le philosophe de Koenigsberg ne voit pas que l'idée
du devoir et les notions idéales, auxquelles il se rat-
tache, ne peuvent lui être fournies que par la raison
qu'il a repoussée comme criterium de certitude, et
qu'il tombe lui-même dans le vice de raisonnement
contre lequel s'élève la première partie de son livre.
Première partie. — Nous n'avons rien qui puisse
nous démontrer l'exactitude de notre raison, toutes
les preuves étant émanées d'elle-même, cela revient
à dire que la raison est son propre criterium, donc
nous sommes dans l'impossibilité de prouver que la
raison ne nous trompe pas.
Deuxième partie. — Mais nous avons en nous des
notions idéales de devoir, de droit, de bien et de
beau à l'aide desquelles nous pouvons reconstituer
notre conscience et notre loi morale.
Est-ce que, répétons-le encore, ces notions
idéales, en admettant qu'elles existent, ne sont
point fournies à l'homme par la raison?... et dès
lors pourquoi faire le procès de la raison quand on
veut revenir à elle par des chemins détournés, par
la poésie, l'idéal et la foi ?
Il manque toujours une chose à la logique alle-
mande... le jugement! Avant de nous taxer d'exa-
gération, qu'on relise le passage suivant de Strauss
que nous avons déjà cité dans la préface de la Ge-
nèse de l'Humanité :
« Mysticisme et brutalité ! »
Le même Strauss, après avoir dans sa Vie de Jésus
proclamé que les miracles étaient contraires aux loi8
de la nature, écrit tout un volume pour rechercher si
les miracles attribués à Jésus sont possibles.
Rien ne saurait mieux faire éclater la différence
qui existe entre le génie allemand et le génie fran-
çais.
Dans la patrie de Voltaire, quand on a déclaré
une chose rationnelle, on n'ira point lui donner
comme supérieure une chose énigmatique et absurde,
et, de même, pas un homme sain d'esprit, ne consa-
crera un volume à examiner la possibilité de faits,
qu'il aura tout d'abord reconnus contraires aux lois de
la nature.
Nous pourrions multiplier les exemples, mais
nous sortirions du cadre que nous impose cet ou-
vrage.
Le cerveau allemand, et cela résulte de toutes ses
productions, ne paraît point frappé par la valeur in-
trinsèque d'un raisonnement; on lui a appris à rai-
sonner suivant les vieilles formules de la scolasti-
que, et il faut qu'il y soumette sa pensée, il fait de
la gymnastique suivant des règles établies, et toute
proposition si absurde, si énigmatique qu'elle soit, a don
de le séduire, dès qu'il a pu la courber sous les rè-
gles du syllogisme.
La phrase de Strauss, citée plus haut, quoique
n'affectant pas la forme d'école de ce raisonnement,
est un pur syllogisme germain.
Tout ce qui est profond doit paraître mystérieux
et absurde ; or la monarchie paraît... etc.
Il est inutile d'insister.
Lorsque les Allemands quittent le terrain méta-
physique ou idéal pour celui des sciences exactes,
ils y transportent leurs procédés de raisonnements,
de là vient qu'à côté de patientes et laborieuses re-
cherches, de résultats acquis d'une incontestable
valeur, on rencontre des légèretés scientifiques qui
ne sont point données comme d'ingénieuses hypo-
thèses, mais bien comme d'indiscutables vérités.
Ainsi, pour entrer dans le vif de notre sujet, ils en
sont en ce moment à propos des langues indo-euro-
péennes, malgré tous les faits ethnographiques qui
contredisent leurs théories, à repousser le sanscrit
comme type commun de ces langues, et tenter la re-
constitution d'une langue inconnue, dont il ne reste
pas un monument, pas une inscription, dont rien,
ni dans l'histoire, ni dans la tradition ne vient affir-
mer l'existence, et qu'ils donnent comme ancêtre
au parler indo-européen.
Avant de combattre cette prétention, et de prouver
que le véritable type primitif et commun de toutes
les langues indo-européennes est bien le sanscrit,
il nous paraît naturel et juste de donner la parole
à nos adversaires et de leur laisser le soin d'exposer
leurs idées.
Un linguiste d'un incontestable mérite, M. Hove-
lacque, mais qui, suivant nous, a le tort d'admettre
beaucoup trop aveuglément les opinions de Schlei-
cher, Curtius, Kuhn, Spiegel, etc., ayant résumé
le système de ses maîtres, va nous le faire con-
naître assez brièvement pour que nous puissions le
citer.
Esquissant un tableau général de cette prétendue
langue commune antérieure au sanscrit, qui aurait
donné naissance aux divers idiomes indo-européens,
il s'exprime ainsi :
I. Cette image n'est point juste, ce manuscrit n'est pas perdu puisqu'il
en existe des copies quoique fautives, et il ne reste rien de la langue que
les linguistes allemands prétendent reconstituer.
a-t-elle été la seule qu'ait connue la langue commune
indo-européenne, n'en a-t-elle pas également connu
une seconde consistant en une nouvelle insertion de
la voyelle a, d'où âi pour aai, du pour aau, c'est ce
qu'il est difficile de décider.
« Il n'est pas moins difficile en tout cas de recon-
naître en quelle façon cette modification de la voyelle
radicale apporte un changement quelconque à la si-
gnification même du mot. Y a-t-il bien ici une véri-
table flexion, une flexion au sens vrai du mot,
c'est-à-dire, comme nous l'avons vu plus haut, une
modification interne de la racine ? Le fait est pos-
sible, mais ce rapport n'est pas encore démontré.
« Quant au second procédé de la variation des
voyelles, il constitue à n'en pas douter une véritable
flexion. Il consiste en ce fait : que la voyelle a des
éléments pronominaux ta, na, etc., se changeant en
i, u, ces éléments de dérivation deviennent actifs de
passifs qu'ils étaient. Un exemple rendra la chose
très-intelligible : soit la racine ma, penser, à laquelle
on suffixe en tant qu'élément dérivatif le pronom
démonstratif ta. Il en résulte la forme mata, pensé, ce
qui est pensé, chose pensée ; que la voyelle du pronom
dérivatif devienne i, le sens du mot devient actif de
passif qu'il était, et mati signifie l'acte de penser.
C'est le sanscrit mata et mati. Il ne peut y avoir
d'exemple plus frappant de la flexion, c'est-à-dire
de cette faculté de changer le mode de relation d'une
racine au moyen d'une variation interne de cette
même racine.
« Le système des consonnes de l'indo-européen
commun était des plus simples. Il se composait de
trois explosives k, t, p, de leurs correspondantes fai-
bles g, d, b, et des aspirées gh, dh, bit, en tout neuf
explosives ; des deux nasales n, m, l'une dentale,
l'autre labiale ; de la vibrante r ; de la sifflante den-
tale s et d'un v, non point celle du w anglais. Prononcé
de la sorte, c'eût été une demi-voyelle. L'idiome
indo-européen possédait notre y, c'est là, on le voit,
un système fort peu compliqué. Les différents idio-
mes indo-européens y ajoutèrent tous plus ou moins.
Les langues de l'Inde, les langues éraniennes et les
langues slaves virent naître chez elles les articula-
tions dites chuintantes, nos tch, dj, et différentes es-
pèces de sifflantes. Le grec changea les aspirées
faibles gh, dh, bh, en aspirées fortes kh, th, ph. Les
langues germaniques, les langues celtiques et le
latin demeurèrent plus fidèles au système primitif
des consonnes ; mais ces idiomes virent naître, eux
aussi, des articulations nouvelles, f, par exemple.
L'indo-européen commun ne connaissait point la
vibrante l ; elle se dégagea plus ou moins rapidement
de l'ancienne vibrante r dans tous les rameaux de la
famille.
« Nous insisterons peu sur le procédé de forma-
tion des mots. La dérivation indo-européenne est
des plus simples : elle a lieu, en général, par la suf-
fixation d'un élément d'une origine pronominale à
un élément d'origine verbale, par exemple mata-mati,
cités ci-dessus. Le tiret dont nous faisons suivre ce
mot indique qu'il ne représente qu'une forme radi-
cale ou, pour mieux dire, une forme thématique,
en d'autres termes, qu'il n'est qu'un simple thème.
Nous verrons tout à l'heure comment les suffixes ca-
suels ou les suffixes personnels, s'adjoignent à la
forme thématique, au thème, et en font un véritable
mot, c'est-à-dire un nom dérivé ou un verbe conju-
gué. La dérivation est dite dérivation à base ver-
bale lorsque l'élément dérivé, celui auquel s'accole
l'élément dérivatif, est une racine verbale ; elle est
dite, au contraire, dérivation à base pronominale
lorsque l'élément dérivé est lui-même une racine
pronominale. Pour être moins fréquent que le pré-
cédent, ce cas est loin d'être rare. Nous pouvons ci-
ter, par exemple, le thème aika, d'où le sanscrit éka,
un, un seul, seul et même, et le latin oequo, au nominatif
masculin oequus, égal, uni ; l'élément dérivatif est le
pronom relatif i (latin is, id), devenu ai par gradation,
par préfixation d'un a selon ce que nous avons dit
ci-dessus. Ajoutons que la dérivation peut être faite
encore au moyen d'un élément verbal, non plus
d'un élément pronominal, mais ce cas est beaucoup
plus rare et nous ne faisons que l'indiquer. En tout
cas, remarquons bien que dans les langues indo-
européennes la dérivation a toujours lieu par suf-
fixes, jamais par préfixes. Ceci est caractéristique. »
1. Max Stimer.
Depuis quelques années surtout nos voisins dédai-
gnent cette science générale toute de raison et de
sagesse, qui devenait le patrimoine de tous les peu-
ples, pour faire de la science germanique, de la science
de race.
Le professeur Alexandre Ecker et vingt autres leur
ont dit, depuis leurs succès éphémères de 1870, que
le canon Krupp les avait placés à la tête du
monde intellectuel, qu'ils avaient repris leur place
dans la civilisation ; ils en sont arrivés à soutenir que,
descendants des Aryas de l'Oxus qui, d'après eux,
ont civilisé l'antiquité, ils étaient restés, au point de
vue philosophique et scientifique, supérieurs aux
autres peuples, que cette supériorité leur donnait un
droit de domination sur le monde, et qu'ils étaient,
modernes Indous des bords de la Sprée, appelés à
jouer dans le présent le rôle de conquête et d'in-
fluence qu'avaient joué autrefois leurs ancêtres les
vieux Germains des bords du Gange.
En reconstituant cette langue inconnue, ils pré-
tendent donc avoir retrouvé la vieille langue de
l'Oxus, d'où seraient sortis le sanscrit et toutes les
langues indo-européennes, on dit, de l'autre côté du
Rhin, les langues indo-germaniques.
L'auteur que nous venons de citer regrette que
le tableau qu'il vient de donner des formes organiques
de l'indo-européen primitif ne soit pas plus développé.
Rendons-lui la justice de reconnaître qu'il a exposé
de la question tout ce qu'il était possible d'en dire,
et que, pour les avoir exposés brièvement, il n'a ou-
blié aucun des faits, à l'aide desquels son école sou-
tient son système, il n'a même pas négligé les sim-
ples suppositions, que lui-même reconnaît comme
telles, espérant qu'elles deviendront réalité un
jour.
Voyons donc à quoi se résument ces propositions,
qui tendent à l'exhumation des formes d'une langue,
qui, en admettant qu'elle ait existé, n'a laissé, de
l'avis même de ses créateurs, aucun souvenir, aucune
trace appréciable, voyons en quoi cette langue peut
différer du sanscrit que nous proclamons, avec tous
les pundits et linguistes indous, le véritable ancêtre
de toutes les langues indo-européenne.
1° Le prétendu indo-européen commun possé-
dait les trois voyelles a, i, u, et leurs langues â, î, û,
et peut-être une r voyelle, appelée voyelle lin-
guale.
Ceci est presque une naïveté scientifique, car enfin
presque toutes les langues possèdent ces formes pho-
niques a, i, u, brèves et longues, qui représentent
des sons naturels essentiellement constitutifs de
toute formation de mots. Mais enfin, puisque nous
comparons, nous devons dire que le sanscrit possède
ces voyelles, aussi bien que l'idiome d'invention ger
manique, et quant à la linguale r, aucun doute ne
saurait exister à son égard.
2° Le fait de la variation de la voyelle radicale, par
la préfixation d'un a qui fait que la radicale i devient
ai, la radicale « devient au, la radicale a devient aa
et â long, n'a pas la moindre importance caractéris-
tique, et ne peut faire conclure à l'existence d'une
langue de génie indo-européen, antérieure au sans-
crit. Notre auteur ajoute comme exemple : Ainsi la
racine i, aller, donne au mode indicatif du temps pré-
sent la forme organique aiti, il va.
Il n'y a autre chose dans ce fait linguistique que
l'extraction d'une racine sanscrite, en la dégageant
de ses préfixes et flexions.
Racine I...
Préfixe A
.. AITI.
Flexion TI..
C'est purement et simplement un phénomène de
flexion, un exemple de la route suivie par les langues
pour passer de l'agglutination à la flexion.
Mais, nous dira-t-on, la forme actuelle du sancrit
n'est pas aiti mais, éti ; oui, dans le sanscrit classique,
mais le sanscrit védique possède parfaitement la
forme organique aiti. Il n'y a là qu'une règle d'eu-
phonie que nous aurons bientôt l'occasion de ren-
contrer : ê pour ai, et. on ne saurait constituer les
formes organiques d'une langue perdue avec des
flexions de radicaux, que toutes les langues ont con-
nues.
Voyez le latin, langue essentiellement indo-euro-
péenne; en conservant dans la forme it, il va, la radi-
cale i, il ne l'a pas soumise à la variation attribuée
au prétendu indo-européen commun, puisqu'il ne
dit pas ait, mais it. Il est très-possible que le latin
primitif, dont il ne nous reste aucun monument
sérieux, ait connu cette variation qui s'exerce par
l'introduction de l'a bref devant la voyelle radicale,
et ait dit ait, quitte à faire plus tard it de ait
comme le sanscrit classique a fait éti de aiti.
3° Le second procédé de variation des voyelles
consiste en ce fait, que la voyelle a des éléments
pronominaux ta, na, etc... se changeant en i, u, ces
éléments de dérivation deviennent actifs, de passifs
qu'ils étaient.
Soit la racine ma, penser ; avec le suffixe ta, nous
avons mata, pensé, chose pensée. Que la voyelle a se
change en i et nous avons la forme active mati,
l'acte de penser.
Mais ceci n'est absolument que de la philologie
sanscrite, un simple exemple du rôle des suffixes,
constaté depuis des siècles par les grammairiens
indous, et nous ne voyons pas encore apparaître ces
formes caractéristiques qui doivent indiquer l'exis-
tence d'une langue plus ancienne que celle des
Védas.
Nous ne nions point, il est bon de nous expliquer
sur ce fait, qu'il ait pu exister une langue indoue
antérieure au sanscrit et dont ce dernier ne serait
qu'un dérivé. Nous n'avons pas la prétention de
soutenir que le sanscrit soit la première forme de
langage créé par les antiques populations de l'Asie,
mais, en présence de ces faits indiscutables :
1° Qu'il ne reste aucune trace de cette langue
primitive,
2° Qu'on ne peut la rétablir que par hypothèse,
et en prenant dans toutes les langues indo-
européennes les formes générales qui leur
sont communes, pour les attribuer à cette
langue,
3° Que le sanscrit, étudié dans ses diverses évo-
lutions linguistiques et dans toutes ses va-
riations du monosyllabique à l'agglutination,
et de l'agglutination à la flexion, suffit à lui
seul, pour expliquer ces formes générales
communes à toutes les langues indo-euro-
péennes,
nous disons : la langue commune indo-européenne
est le sanscrit, et pour détruire ce fait qui a pour
lui la possession d'état, la tradition linguistique,
l'histoire, les grammairiens indous et enfin l'exis-
tence de la langue et de la plus riche littérature qui
soit au monde, il faut plus que des hypothèses, il
faut des preuves directes et scientifiques.
Et ces preuves on ne peut pas nous les adminis-
trer.
Mais, nous dira-t-on, il y a des formes, des élé-
ments, des modes de dérivation, des lettres com-
munes à toutes les langues indo-européennes, et qui
n'appartiennenten propre à aucune d'elles, ce sont
comme les rameaux généalogiques d'un arbre, dont
la souche mère serait perdue, quoi de plus logique,
quoi de plus naturel, que de rattacher toutes ces
formes à une langue mère qui a disparu après
avoir produit une nombreuse postérité ?
A cela nous répondrons d'abord qu'une langue
mère, assez féconde pour avoir produit le sans-
crit, le pracrit et une cinquantaine d'autres idiomes
indous, et les nombreux groupes des langues ira-
niennes, grecques, italiques, latines, celtiques, germaniques,
n'a pas pu disparaître comme
slaves et Scandinaves,
cela de la scène du monde, sans laisser la moindre
trace ; puis nous ajouterons que la plupart de ces
formes organiques, éléments et modes de dérivation
pouvant se ramener au sanscrit, il est inutile d'ima-
giner une langue dont rien absolument ne viem dé-
montrer l'existence.
Le sanscrit ne s'est point formé tout d'une pièce,
il a traversé toutes les phases de l'enfance à l'âge
mur, avant d'arriver à la virilité classique, avant de
se fixer dans sa forme actuelle ; c'est pour cela que
la linguistique, si elle veut bien compter avec l'his-
toire, ne s'étonnera pas de voir que toutes les lan-
gues indo-européennes, quoique nées de la vieille
langue brahmanique, comparées au sanscrit actuel,
ne s'en rapprochent pas toutes au même degré, bien
que leur parenté soit indiscutable.
La langue indo-européenne est venue sur notre
sol par voie d'émigration, et cette foule d'émigrés
qui ont successivement inondé le monde occidental,
partis des rives du Gange, de l'Indus et des plaines
de l'Himalaya ont emporté le langage de leurs an-
cêtres dans l'état où il se trouvait au moment de
leur départ. Il suit de là que le départ de cha-
que groupe d'émigrants correspond à des époques
historiques, et à des périodes linguistiques di-
verses.
Les émigrants de la période monosyllabique,
Ceux de la période agglutinante,
Ceux enfin qui ont quitté la terre du lotus, au mo-
ment où la langue était arrivée à la flexion ,
Se sont établis sur des sols différents ; des besoins,
des intérêts nouveaux naquirent ; loin du foyer
commun, la langue de chaque groupe a continué son
évolution, et sans perdre son cachet d'origine, est
devenue celtique, italique, germanique, grecque,
latine, slave et scandinave.
Pourquoi donc attribuer cette descendance à une
langue imaginaire, quand il est si facile et si simple
de la rattacher au sanscrit, d'où l'on peut parfaite-
ment tirer toutes les formes de l'indo-européen
commun ?
C'est sans doute parce que, sur ce terrain, nous
sommes en présence d'une réalité, qui ne favorise ni
l'esprit de système, ni l'imagination.
Le sanscrit, ancêtre des langues indo-européennes,
c'est la ruine des théories allemandes sur les Aryas
des bords de l'Oxus, colonisateurs du monde ancien,
car on ne trouve pas dans la langue des Védas, une
seule expression historique ou géographique, qui
puisse s'appliquer à une autre contrée que l'Inde.
Ce sont les Indous véritablement autochthones et
fils de leur sol, c'est la civilisation de l'antiquité,
partie des rives du Gange, c'est l'homme brun et
sanguin de l'Himalaya, vainqueur de l'homme pâle
et lymphatique du Nord. C'est le soleil chassant les
brouillards, c'est la lumière intellectuelle comme la
lumière naturelle, partant du Sud pour aller éclai-
rer l'Occident...
Et voilà ce que les Allemands ne veulent pas !...
Ils ont inventé les Aryas de l'Oxus, sans s'inquié-
ter de savoir si ce pays désolé, où on ne trouverait pas
la moindre ruine, le plus petit vestige de civilisation
a pu produire la plus étonnante civilisation des
temps anciens, dans le seul but de rattacher leur
race à la race qui a illuminé l'antiquité... Ils ont
inventé l'indo-européen commun, qu'ils appellent
l'indo-germanique, pour en faire la langue de ces
peuples, ne pouvant leur attribuer le sanscrit, qui
à tous les points de vue historiques, géographiques
et ethnographiques, est né entre l'Indus, le Gange,
le Brahmapoutre et l'Himalaya.
Ici, l'escamotage scientifique était impossible : les
plus vieux ouvrages du sanscrit védique, jusqu'à
ceux du sanscrit classique , témoignent à chaque
pas du mépris, de l'horreur même, que les Indous
ont professé dès la plus haute antiquité pour les
homme à barbe rouge. Manou, dans plusieurs slocas,
indique les plaines du Gange comme étant le ber-
ceau de la race brahmanique. Pour tourner la diffi-
culté, les Allemands ont attribué la civilisation de
l'Inde à un peuple inconnu, parti du Nord : « Les
vieux Allemands des bords de l'Oxus, » et ne pou-
vant revendiquer le sanscrit, ils ont inventé une
langue inconnue venue du Nord également, et qui
aurait donné naissance à toutes les langues indo-
germaniques.
Tout le système peut se résumer en deux mots :
Les Aryas sont les ancêtres directs des Germains.
La langue disparue est l'ancêtre directe de l'Alle-
mand.
Et, comme conclusion, les Germains ont civilisé le
monde ; depuis les àges anté-historiques, ils sont
les éclaireurs de l'esprit humain.
La langue allemande émanée directement de la
vieille langue de l'Oxus est soeur aînée du sanscrit et
non son dérivé.
Et voilà comment on fait de la science de race.
Cette première invention oblige à une autre.
Les peuples primitifs de la Chaldéo-Babylonie ont
apporté sur le sol de la Chaldée des traditions reli-
gieuses qui paraissent calquées sur celles des In-
dous ; ils parlaient des idiomes restés à la période
d'agglutination, comme celle des Indous du Deccan.
Reconnaître que ces populations pouvaient venir de
l'Indoustan, eût été battre en brèche tout le sys-
tème ; les Allemands ont alors inventé un second
peuple du nom de Touranien, auquel ils ont fait
une petite place à l'est de la Caspienne, non loin du
berceau qu'ils ont fabriqué pour les Aryas, et alors,
armés de toutes pièces, les Allemands peuvent ré-
pondre :
1. Ce rapport fut tenu secret, comme tout ce qui touchait à l'inde, les
missionnaires ne se sont vantés de connaître la littérature de ce pays que
quand la science eut forcé la porte.
pracrit dialecte vulgaire, le sanscrit, langue hiéra-
tique et littéraire. Ils étudièrent surtout ce dernier,
ils se firent initier à ses oeuvres innombrables en lit-
térature et en théologie; demandèrent à plusieurs
brahmes un abrégé de leur code religieux et civil,
se procurèrent des manuscrits, entreprirent des dic-
tionnaires,réunirent des savants laïques et religieux
et fondèrent avec eux la Société asiatique de Cal-
cutta.
« William Jones avait donné l'impulsion. Col-
brook la suivit et la dépassa. Grâce à sa liaison avec
un de ces brahmes, curieux et intelligent, qui vou-
lait à la fois s'instruire dans l'histoire de nos idées,
et dévoiler les sources des siennes, Colbrook put pé-
nétrer la philosophie et la religion de ce grand peu-
ple. C'est donc à Colbrook et à son digne imitateur,
Ram-mohun-roé, que nous devons le premier ou-
vrage sérieux sur les philosophies théocratiques de
l'Inde. Une fois cette grande phase de l'humanité
dévoilée, l'érudition et la science se précipitèrent à
sa conquête. Les manuscrits védiques abondèrent
en Europe. Rosen rectifia les textes ; Langlois, Wil-
son les traduisirent ; Lassen, Weber les classèrent ;
Eugène Burnouf élucida les travaux antérieurs;
d'autres, de plus en plus nombreux les suivirent, et
un monde fut découvert, non moins nouveau que
l'Amérique de Christophe Colomb.
« Maîtres désormais de textes véritables, en pos-
session de lexiques, de grammaires, de commen-
taires et de gloses qui pouvaient guider et assurer
leur marche, une foule d'hommes studieux se plon-
gèrent à l'envi sur cet océan de définitions, de dis-
sertations, de scholies, de poëmes, amplificationsd'où
émergèrent bientôt, grâce à leurs persévérants ef-
forts, une société tout entière, et divers cultes suc-
cessifs. Que découvrîmes-nous tour à tour? Des
traditions sacrées, formulées sous les rhythmes de
l'hymne, reproduites oralement pendant des temps
indéterminés, puis transcrits sur des feuilles de pal-
mier plus de douze siècles avant notre ère.
« Puis une religion officielle, le brahmanisme, des
lois religieuses, le Code de Manou, des épopées sacrées,
le Ramayana, le Mahâbhârata ; plusieurs systèmes phi-
losophiques, le Sankya, le Nyaja, le Védanta ; des
schismes nombreux, des invidualités athéistes ; des
légendes théocratiques, les Pouranas ; des traditions
historiques, les Itihasas ; des commentaires prati-
ques, les Brahmanas ; des recensions sacerdotales,
les Samhitas ; des résumés liturgiques les Soutras ;
des leçons religieuses, les Oupanichads ; une encyclo-
pédie officielle, les Sastras, et, enfin une réforme d'a-
bord victorieuse et ensuite vaincue, le bouddhisme,
inextricable confusion de vérités ou d'erreurs, d'u-
topies et de systèmes de réalités et de rêves,
,
sans date, sans chronologie, sans fil conducteur.
« Ce n'est que plus tard, et au fur et à mesure
du classement des formes différentes de la pensée
humaine, qu'on pourra passer en revue tous les
produits de l'inspiration indoue. »
Navismayêtatapasavadêdistwâcanànritam,
1. E. Burnouf et Leupol.
participes présents. Ex. : sarp-a (le ram-
pant), serpent. 3° des noms abstraits mas-
culins et autres. Ex. : rog-a, maladie. 4° des
noms collectifs -a,une troupe de che-
veaux. 5° des noms patronymiques. Ex. :
voevaswat-a, le fils
de Vivaswat.
A long — forme 1° des noms féminins abstraits ou
des noms communs. Ex. xud-â, la faim ;
dar-â, la terre.
AKa — forme 1° des noms d'agents masculins, nart.
aka, danseur. 2° des noms collectifs : asw-
aka, cavalerie. 3° des adjectifs. Ex. : sâd-
aka, utile.
AN — forme diverses espèces de noms. Ex. : raj-
an, roi.
ANA — forme 1° des noms neutres souvent abs-
traits. Ex. : buv-ana, le monde ; vaé-ana, dis-
cours, etc. 2° des noms d'agent. Ex. : bav-
ana, auteur.
ANTA — forme, avec le suffixe ay, des verbes et
adjectifs doublement dérivés ; ainsi, nand,
se réjouir ; nand-ay, réjouir ; nand-ay-antre,
réjouissant.
AS — forme des substantifs neutres. Ex. : vae-as,
parole.
ATOU — forme quelques substantifs abstraits mas-
culins. Ex. : vêp-atou, tremblement.
AY — forme une classe nombreuse de verbes. Ex. :
die, montrer ; dic-ay, ami, faire montrer,
etc
CAS — forme des adverbes de nombre. Ex. : éka-ças,
un à un ; çata-ças, cent pour cent.
DA — forme des adverbes de durée, sa-dâ, toujours.
EYA — forme 1° des noms et des adjectifs expri-
mant l'origine Atr-eya d'atri, mah-éya, fait
de terre. 2° quelques noms abstraits. Ex. :
j'nat-éya, parenté.
I — forme 1° quelques substantifs exprimant l'ac-
tion. Ex.: bod-i, la connaissance. 2°quelques
noms d'agents avec syllable redoublée.
Ex : c'akr-i, qui fait ; et quelques adjectifs
composés d'un usage assez rare.
I — forme des noms féminins exprimant un acte
commun ou réciproque. Ex.: vyâ kroç-i, cri
réciproque.
IKA — forme 1° des adjectifs dont le féminin se
termine en î. Ex. : darm-îka, légal; 2° des
noms neutres collectifs. Ex. : koedar-ika,
une foule de champs.
IMAN forme quelques mots abstraits. Ex. : rj-iman,
—
droiture.
IN — forme un grand nombre de mots exprimant
la possession. Ex. : dan-in, riche ; kéç-in,
chevelu, etc.
INA — forme 1° des adjectifs qualificatifs comme
kul-îna, noble ; 2° des noms neutres. Ex. :
toel-ina,champ de sésame.
ITA — forme des adjectifs de possession. Ex. ; p'al-
ita, qui a des fruits.
INA. — avec initial bref, même emploi. Ex. : rat-ina,
qui a un char.
IYA — forme des noms de parenté. Ex. : swasr-îya,
fils de la soeur, et des adjectifs ; comme
de cheval.
MA. forme ordinairement les adjectifs de nombre;
—
RAMA, charmant.
Singulier :
Pluriel :
Duel :
asti
ahi yesi
yesme
es
yests
suan im
est
is
ist
ena
es
é
Nous (deux)
sommes.. sva's esva
...... ........ yesva siju .......
Vous (deux)
êtes........
Nous sommes smas
Vous êtes
stha's
Ils (deux sont) stas
stha
esti
esta
esai
stho
hmalu
sta
yesta
yeste
yesta
yesmo
sijiits
Sanscrit. Latin.
Je suis, asmi, sum.
Tu es, asi, es.
Il est, asti, est.
Nous sommes, smas, sumus.
Vous êtes, stha, estis.
Ils sont, santi, sunt.
M. Max Muller peut se tranquilliser. Les langues
romanes ont conservé non-seulement leur mère, mais
elles ont encore le bonheur de posséder leur aïeule.
Nous arrivons maintenant au seul argument di-
rect donné par M. Max Muller pour prouver que le
sanscrit ne peut être le type commun indo-euro-
péen.
Rappelons d'abord cette partie de notre cita-
tion :
Sommes
Vous (deux)
Êtes 's-thás (és-ton)
Ils (deux)
Sont 's-thás (ês-ton)
Nous sommes 's-más (ès-més)
Vous êtes 's-thá (ès-té)
Ils sont 's-anti è-nti)
ènti ()
racine pure as, et manque complétement de logique
quand il s'avise de la modifier, comme dans èmmi et
où as n'est plus représenté que par è.
È pour as, n'est pas une modification, c'est une
transformation totale de la racine, pour mieux dire
cette forme n'a plus rien de la racine primitive.
De tous les dialectes cités par Max Muller :
CHAPITRE PREMIER
LE ZEND
L'ANCIEN PERSE. —
UNE OPINION SUR LES CU NÉIFORMES
L'ARMÉNIEN.
1. M. Hovelacque.
Ve siècle de notre ère. La période de l'arménien
classique commence à cette époque. Mesrob créa
alors l'alphabet arménien, qui procéderait avec l'al-
phabet géorgien, dit M. Frédéric Muller d'une forme
sémitique, notamment de l'écriture araméenne.
L'âge d'or de l'arménien dura sept cents ans envi-
ron, et ne prit fin qu'au commencement du XIIe siè-
cle. Sa littérature fut féconde, ses dialectes assez
nombreux et l'un d'eux, celui de la province d'Ara-
rat s'éleva bientôt à l'état de langue littéraire.
Celle-ci, tout au contraire, a paru se fixer, et les
dialectes actuels ne sont que des formes plus mo-
dernes des anciens dialectes Parmi tous les idio-
mes néo-éraniens actuellement parlés, l'arménien
est celui qui, par la conservation relative de ses for-
mes, se rapproche le plus du type commun de toute
la famille. Quant à son lexique, il contient comme
celui de toutes les langues éraniennes modernes un
nombre assez notable de mots étrangers... Mais le
fond môme du vocabulaire est bien éranien, comme
l'est d'ailleurs la grammaire tout entière.
LE PEHLVI OU HUZVARÈCHE.
LE PARSI EX LE PERSAN.
vons dériver de ou de ,
accent ou une faute de quantité... Plus d'un hellé-
niste peut être tenté de dire : pourquoi si nous pou-
sortirions-
nous de notre voie et chercherions-nous à le tirer
d'une autre racine? Quiconque n'ignore pas les vrais
principes de l'étymologie répondra à cette ques-
tion. »
Après avoir prouvé à l'encontre des hellénistes que
les étymologies grecques ne se peuvent expliquer
que par le sanscrit, notre auteur élevant la ques-
tion, termine par ces paroles que nous avons déjà
citées, mais, que le lecteur nous permettra de lui
rappeler, car tous ceux qui s'intéressent à cette ex-
humation du passé de la haute Asie, qui est à l'ordre
du jour de la science actuelle, ne sauraient trop les
méditer.
HYMNE A CELUI
QUI REPRÉSENTE TOUS LES DIEUX
PAR DIRGHATAMAS.
HYMNE A AGNI
PAR DIRGILATAMAS.
HYMNE A AGNI
PAR DIRGHATAMAS.
AU SOLEIL
PAR COUTSA.
AU CIEL ET A LA TERRE
PAR AGASTYA.
1. Personnage sanctifié.
nos hôtes ; honorez les épouses des dieux. Que le
libérateur divin éloigne de nous nos ennemis et
tous ces brigands qui assiégent les routes.
HYMNE A INDRA
PAR MADHOUTCHANDAS.
« O Indra, glorifié
par nos chants, remplis-toi de
ces boissons ardentes ; puissent-elles plaire à un
dieu sage comme toi.
HYMNE A CAPINDJALA
(FKANGOLIN, OISEAU D'INDRA)
par GRITSAMADA.
HYMNE A SAVITRI
(SOLEIL CONSIDÉRÉ COMME ASTRE)
par GRITSAMADA.
«Dans les eaux, m'a dit Soma, sont tous les re-
mèdes. Agni fait le bonheur de tous, et les eaux gué-
rissent tous les maux.
YAMI.
YAMA.
YAMI.
YAMA.
YAMI.
HYMNE A INDRA
par NIMÉDHA.
a ROUDRA
aux ANGIRAS
«
L'Être rayonnant, est celui qui voyage sur la
route des Apsaras. des Gandharwas, des rapides
sangliers de l'air. C'est aussi le sage ami de la mai-
son, l'auteur des sucs les plus enivrants.
BRAHMA-VISCHNOU-SIVA.
DE QUELQUES HYMNES PARTICULIERS
l'épouse.
1. Mois lunaires.
III
HYMNE A LA CRÉATION
«
Ahanâ (l'aurore) s'approche de chaque maison
Elle qui fait connaître chaque jour
Dyotana (l'aurore), l'active jeune fille revient toujours
Elle jouit éternellement du premier de tous les biens.
« Nous avons déjà vu l'aurore dans diverses
relations avec le soleil ; mais nous ne l'avons pas
encore vue comme l'amante du soleil fuyant devant
son amour, et détruite par son étreinte. C'était là
pourtant une expression très-familière dans le vieux
langage mythologique des Aryens. L'aurore est
morte dans les bras du soleil, l'aurore fuit devant le
soleil, ou le soleil a brisé le char de l'aurore, étaient
des expressions signifiant simplement, le soleil est
levé, l'aurore a disparu. Dans un hymne des Védas
célébrant les exploits d'Indra (R-V. IV, XXX) la prin-
cipale divinité solaire des Védas, voici ce que nous
lisons.
« Voici encore une forte et mâle prouesse que tu
as accomplie, ô Indra : tu frappes la fille de Dyaus
(l'aurore), une femme qu'il est difficile de vaincre.
« Oui, même la fille de Dyaus, la glorieuse, l'au-
rore, toi, Indra, grand héros, tu l'as mise en pièces.
« L'aurore se précipita à bas de son char brisé,
craignant qu'Indra le taureau ne la frappât.
« Son char gisait là brisé en morceaux ; quant à
elle, elle s'enfuit bien loin.
« Dans ce cas Indra traite bien cavalièrement la
fille du ciel ; mais dans d'autres, nous la voyons
aimée par tous les dieux brillants du ciel, sans en
excepter son propre père.
« En traduisant, ou plutôt en transcrivant lettre
par lettre Dabanâ, en grec, nous avons Daphné, et
toute l'histoire de Daphné devient ainsi intelligible.
Daphné est jeune et belle, Apollon l'aime ; elle fuit
devant lui et meurt quand il l'embrasse avec ses
brillants rayons, ou comme dit un autre poëte des
Vedas (X, CLXXXIX).
« L'aurore s'approche de lui ; elle expire dès que
l'être puissant qui illumine le ciel commence à res-
pirer. »
« Quiconque aime et comprend la nature comme
les poëtes primitifs peut se figurer encore Daphné et
Apollon, c'est-à-dire l'aurore, tremblant et se préci-
pitant à travers le ciel, puis s'évanouissant à l'ap-
proche soudaine du brillant soleil.
« La métamorphose de Daphné en laurier, est
une continuation du mythe toute particulière à la
Grèce. Daphné, en grec, ne signifiait plus l'aurore,
mais était devenu le nom du laurier. L'arbre Daphné
fut donc consacré à l'amant de Daphné, et la fable
voulut que Daphné elle-même fût changée en arbre,
quand elle pria sa mère de la protéger contre la vio-
lence d'Apollon.
« Sans le secours des Védas le nom de Daphné et
la légende qui y est attachée seraient restés inintel-
ligibles; car le sanscrit moderne ne donne aucune
clé de ce nom. Ceci prouve la valeur des Védas pour
la mythologie comparée ; une telle science avant la
découverte de ces livres ne pouvait être qu'un amas
d'hypothèses sans principes fixes, ni bases solides.
« Pour montrer de combien de manières différen-
tes la même idée peut être exprimée mythologique-
ment, je me suis borné au nom de l'aurore. L'au-
rore est réellement une des plus riches sources de la
mythologie aryenne. Une autre classe de légendes
personnifiant la lutte entre l'hiver et l'été, le retour
du printemps, le renouvellement de la nature n'est,
dans la plupart des langues, qu'un reflet et une am-
plification d'histoires plus anciennes, racontant la
lutte entre le jour et la nuit, le retour du matin et
la renaissance du monde entier. Les histoires de
héros solaires combattant au milieu de l'orage et du
tonnerre contre les puissances de l'obscurité sont
empruntées à la même source
« Ainsi le lever du soleil était la révélation de la
nature ; il éveillait dans l'esprit humain ce sentiment
de dépendance, d'impuissance, d'espoir, de joie
et de foi en des puissances supérieures, qui est la
source de toute sagesse et l'origine de toute reli-
gion. Mais si le lever du soleil inspira les premières
prières et appela les premières flammes du sacrifice,
le coucher du soleil fut l'autre moment qui émut le
plus le coeur de l'homme, qui remplit son âme
d'une sorte de recueillement mêlé de crainte. Les
ombres de la nuit approchent ; le pouvoir irrésis-
tible du sommeil saisit l'homme au milieu de ses
plaisirs, ses amis le quittent et dans sa solitude,
ses pensées se tournent de nouveau vers les puis-
sances d'en haut. Quand le jour disparaît, le poëte
se lamente sur la mort prématurée de son brillant
ami, il voit dans cette courte carrière l'image de sa
propre vie. La place où le soleil couchant se retire
dans l'occident lointain, se peint dans son esprit
comme la demeure où il ira après sa mort, où ses
pères allèrent avant lui et où les hommes sages et
pieux se réjouissent dans une nouvelle vie avec
Yama et Varouna.
« Souvent, au contraire, il considérait le soleil,
non comme un héros, dont la vie est courte, mais
comme jeune, ne changeant pas, toujours semblable
à lui-même, tandis que les hommes mortels passent,
génération après génération. Et de là, par la simple
force du contraste, la première révélation d'êtres
qui ne vieillissent ni ne déclinent, d'immortel et
d'immortalité. Alors le poëte suppliait le soleil
immortel de revenir pour accorder au dormeur un
nouveau matin.
« Le dieu du jour devenait le dieu du temps, de la
vie et de la mort. Quels sentiments le crépuscule du
soir, le frère de l'aurore, renouvelant avec une lu-
mière plus sombre les merveilles du matin, n'a-t-il
pas dû éveiller chez le poëte rêveur? Combien de
poëmes dut-il avoir inspiré dans le langage vivant
des anciens temps ? Était-ce l'aurore qui venait
encore embrasser une dernière fois celui qui le ma-
tin s'était séparé d'elle ? Était-elle la déesse immor-
telle sans cesse revenant, tandis que lui, le mortél,
le soleil, meurt chaque jour? Ou était-elle l'amante
immortelle disant un dernier adieu à son immortel
amant, brûlé pour ainsi dire sur le même bûcher
qui devait la consumer, tandis que lui il s'élèverait
au séjour des dieux.
« Supposons ces simples scènes exprimées dans le
langage des temps anciens, et nous nous trouverons
en présence d'une mythologie pleine de contradic-
tions et d'inconséquences, le même être étant repré-
senté comme mortel ou immortel, comme homme
ou comme femme, selon que l'oeil de l'homme chan-
geait de point de vue et prêtait ses propres couleurs
au jeu mystérieux de la nature. »
Voilà en quelques pages, le résumé complet des
procédés de l'école de Max Muller. Et si l'on veut
une forme plus concise encore, le professeur
d'Oxford nous la donne en quelques mots :
L'Être unique.
1°
— L'esprit divin qui circule au
ciel de qui tout émane, dont on ne parlait qu'avec
une religieuse terreur, et dont il était interdit de
prononcer le nom mystique figuré par le monosyl-
labe composé de trois lettres représentant ses trois
attributs de création, de transformation et de conser-
vation.
A — U — M
AUM !
Suivant cette expression du Rig « les sages don-
nent à l'Être unique plus d'un nom, » les poëtes
védiques le chantent dans toutes les manifestations
de la nature.
2° Agni. — Dieu du feu, des hymnes et des sacri-
fices, la légende fait sortir de la bouche de ce dieu,
le Rig-Véda.
3° Angiras.
— Nom d'Agni, représenté comme le
pontife céleste sans cesse occupé à présenter au dieu
les sacrifices et les prières des mortels.
A INDRA.
« La découverte de la Mythologie
des Védas a été à la mythologie com-
parée, ce que la découverte du sanscrit
a été à la grammaire comparée. »
FIN
PREMIÈRE PARTIE. — Type primitif de la commune langue indo-
européenne. — Mécanisme du sanscrit 1
— Quel est le type primitif des langues indo-euro-
péennes. — Opinions des linguistes 3
Chapitre II. — Le sanscrit, langue-mère. Son mécanisme 37
DEUXIÈME PARTIE. — Les langues issues du sanscrit 97
. — Idiomes indous dérivés du sanscrit 99
— Idiomes iraniens 104
III. — Le zend 106
IV. — L'ancien perse. — Opinion sur les cunéiformes.. 108
Chapitre V. — L'arménien 112
116
Chapitre VI. — Le pehlvi ou Huzwaresche
Chapitre VII. — Le parsi et le persan 119
Chapitre VIII. — Autres dialectes iraniens. 121
Chapitre IX. — Groupe général 123
Chapitre X. — Noms de nombres issus du sanscrit 126
Chapitre XI. — Etymologies particulières 120
Chapitre XII. — Classification des langues 135
TROISIÈME PARTIE. — Les traditions indo-européennes. La tradi-
tion des Védas, son expansion dans le monde 151
La tradition des Védas 153
Hymnes diverses des Védas 155
Les traditions mythologiques des Védas 273
Les principaux dieux des Védas 299
Marche de la tradition des Védas 307