NT 05-2-2 La Haute Qualite Environnementale

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NT 05-2-2 : LA HAUTE QUALITE ENVIRONNEMENTALE

LA DEMARCHE HQE (HAUTE QUALITE ENVIRONNEMENTALE).

1. QU’EST CE QUE LA DEMARCHE HQE ?

La « Haute Qualité Environnementale » vise l’intégration, dans le bâti, des


principes du développement durable.
En France, elle s’est progressivement établie, à partir des années 1990, entre
divers acteurs du bâtiment, de l’environnement et des maîtres d’ouvrage
(ADEME, CSTB et Association HQE).
Elle constitue une démarche qualitative récente, qui intègre toutes les activités
liées à la conception, la construction, le fonctionnement et la déconstruction
d’un bâtiment (logement, bâtiment public, tertiaire ou industriel).
Elle est donc aujourd’hui au centre d’un mouvement important qui concerne
l’ensemble du monde du bâtiment. Adopter une démarche HQE, c’est
favoriser une approche globale qui tient compte de plusieurs paramètres
parmi lesquels l’environnement, l’usage énergétique, la maintenance ou le
confort acoustique, jusqu’au recyclage des composants en fin de vie.
L’objectif est de parvenir à une qualité de vie, dans un sens général, c’est-à-
dire faire en sorte que le bâtiment s’insère dans son écosystème en
minimisant les impacts et en intégrant une dimension humaine et sociale. Au
final, une construction HQE apporte un meilleur confort au quotidien, une vie
plus saine, et se révèle plus simple et moins onéreuse à entretenir, au point
que les surcoûts engendrés sont souvent amortis en quelques années de
fonctionnement.
La démarche HQE est donc une véritable philosophie de projet qui va exiger,
de la part des maîtres d’œuvre, des maîtres d’ouvrage et de leurs partenaires,
une approche et une méthodologie particulière.

2. UN MARCHE « ENVIRONNEMENTAL » PORTEUR

Le gouvernement a mis en place différentes aides financières en faveur de la


construction durable : TVA réduite à 5,5 %, crédit d’impôt développement
durable, Prêt à Taux Zéro, Éco PTZ. Par ailleurs, suite aux décisions
concrètes du Grenelle de l’environnement et ses perspectives plus
qu’audacieuses en matière de performance énergétique, il devient
indispensable pour les maîtres d’œuvre de répondre à ses nouveaux
standards de basse consommation dès la conception d’un projet notamment
dans le cadre de la rénovation, un marché qui évolue favorablement. En effet,
le parc immobilier existant représente en France près de 31 millions de
logements individuels et collectifs, en très grande majorité construits avant
1975, et un parc non-résidentiel de 2,3 milliards de m2.
L’Objectif du « Grenelle de l’environnement » est de réduire de 30 % la
consommation énergétique des bâtiments, d’ici 2020.

Pour la construction neuve, il s’agit de continuer à généraliser les meilleures


pratiques disponibles en relevant l’objectif de performance énergétique pour
aboutir en 2012 à la construction de Bâtiments Basse Consommation (BBC),
c’est-à-dire consommant moins de 50 kW hep/m2/an en énergie primaire pour
les usages réglementés (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation,
ventilation, auxiliaires d’éclairage et de chauffage). Par la suite, à partir de
2020, il s’agira d’atteindre le bâtiment à énergie positive (qui produit plus
d’énergie qu’il n’en consomme).
Pour les rénovations de bâtiments existants (travaux couvrant plus de 25 % de
la surface d’un bâtiment ou représentant un coût supérieur à 20 % de la valeur
d’un bâtiment), l’objectif est d’atteindre une réduction de consommation sur le
parc existant :
- 12 % à l’horizon 2012 pour les logements, - 38 % à l’horizon 2020 et de - 70
à - 80 % pour 2050 !
Pour initier la démarche et instaurer un bon exemple, l’État mènera un audit
énergétique de son parc d’ici 2010 avec une obligation de rénovation des
bâtiments publics visant à réduire de 40 % l’émission de CO2 d’ici 2012.

Grâce à cette prise de conscience écologique, c’est un véritable « marché de


l’environnement » qui émerge.
Au-delà des chiffres et des bonnes intentions, les objectifs de ce « marché de
l’environnement » sont-ils réalistes ? Techniquement, les professionnels
savent en effet construire des maisons neuves qui atteignent les objectifs du
Grenelle de l’environnement, voire les dépassent avec les maisons à énergie
positive. Mais ces objectifs peuvent-ils être atteints en rénovation, où chaque
projet est spécifique et doit non seulement tenir compte de l’existant mais
également des produits industriels parfois inadaptés ? Oui, répondent les
experts, en œuvrant sur de multiples points de l’habitat dont les diverses
associations sont forcément bénéfiques. Pour atteindre une consommation
d’énergie de 50 à 80 kW/m2.an (contre 260 kW/m2.an actuellement), il faudra
ainsi intervenir sur l’isolation des murs et du toit, sur le système de chauffage,
la ventilation, l’eau chaude sanitaire, les fenêtres…
Répartition des déperditions thermiques localisées d’une construction :
- toiture = 30 % - murs = 25 % - renouvellement de l’air = 20 % - vitres = 13
% - sols = 7 % - ponts thermiques = 5 %

QUELLE EST LA DEMARCHE A SUIVRE POUR UN PROJET HQE ?

Les maîtres d’ouvrage publics ou privés, les entreprises, les artisans, les
architectes, les bureaux d’études et tous les “maillons” de la chaîne du
bâtiment ont pris la mesure aujourd’hui de l’intérêt de la démarche HQE.
Afin d’aider ces différents acteurs, l’association HQE a mis en place des
référentiels et des principes directeurs pour appliquer la démarche HQE dans
le cadre de la construction ou la rénovation d’un bâtiment.

1. HIERARCHISER LES « EXIGENCES » ENVIRONNEMENTALES


DU PROJET

L’une des phases les plus importantes de la démarche HQE est celle de la
hiérarchisation des “exigences” environnementales. Par exemple, pour une
construction neuve, tout n’est pas possible en même temps.
Le maître d’ouvrage doit donc établir une liste de priorités en choisissant
parmi les quatorze “cibles de construction”, définies par l’association HQE, les
trois ou quatre qui lui semblent les plus importantes et sur lesquelles un
maximum d’effort sera concentré. De même, dans cette hiérarchisation, quatre
ou cinq autres cibles seront retenues pour un traitement particulier. Les cibles
restantes se devant d’être traitées d’une façon évidemment très correcte, au
minimum conformément à la réglementation ou aux bonnes pratiques. Ces
choix se font en fonction du terrain sur lequel sera installée la construction, de
la destination du bâtiment et de toutes les caractéristiques propres au projet.
Pour chacun des points abordés, il existe des indicateurs qui permettent
d’exprimer le niveau atteint et qui peuvent être de différentes sortes :
quantitatifs ou qualitatifs, orientés résultats ou orientés moyens… Dans tous
les cas le référentiel cherche à éviter la subjectivité, et propose des méthodes
d’évaluation pour les cas les plus complexes. Mais il ne faut pas oublier que la
plupart des cibles sont liées entre elles, et qu’une approche poussée d’une
cible en particulier aura probablement un impact -positif ou pas- sur une ou
plusieurs des autres cibles.
LES 14 CIBLES DE LA QUALITE ENVIRONNEMENTALE

Le premier domaine est celui de la maîtrise des impacts sur l’environnement


extérieur. Il s’articule autour de l’éco-construction et de l’éco-gestion, qui font
du projet un chantier raisonné par rapport à son environnement, et ce durant
toutes les phases qui vont de la conception jusqu’au démantèlement,
quelques décennies plus tard.

L’éco-construction et ses trois points :

1. la mise en relation harmonieuse des bâtiments avec leur environnement


immédiat : 18 critères sont pris en compte pour aboutir au meilleur compromis
entre qualité d’usage et intégration : biodiversité, climat, milieu physique…
2. un choix intégré des produits (systèmes, procédés et matériaux de
construction) : matériaux à faible impact environnemental, matériaux locaux,
utilisation du bois…
3. un chantier à faibles nuisances : Limitation du bruit, non-pollution de l’air
(pas d’incinération, poussières minimisées par le tronçonnage à l’eau) et des
sols, traitement des déchets de chantier…

L’éco-gestion et ses quatre aspects :

4. la gestion de l’énergie : recours aux énergies renouvelables ; limitation des


déperditions d’énergie, baisse des coûts de fonctionnement.
5. la gestion de l’eau : récupération des eaux de pluie, optimisation des
circuits d’eau…
6. la gestion des déchets d’activité : tri sélectif, valorisation des déchets
verts…
7. la gestion de l’entretien et de la maintenance : accès facilité, matériaux
faciles à entretenir…

Le second domaine concerne ce que l’on pourrait appeler le « volet social »


de la démarche HQE. Il s’agit en effet de créer un environnement intérieur
satisfaisant, en termes de confort et de santé.

Le confort et ses 4 composantes :

8. le confort hygrothermique : protections solaires, limitation de l’effet de paroi


froide, isolation…
9. le confort acoustique : limitation des bruits parasites de fonctionnement
(circuits de chauffage, d’eau…) et isolation phonique,
10. le confort visuel : mise en avant de la lumière naturelle, utilisation de
luminaires à économie d’énergie,
11. et le confort olfactif : filtration et ventilation optimisées pour réduire les
odeurs désagréables.
La santé et ses 3 critères :

12. la qualité sanitaire des espaces : diminuer le risque de voir apparaître


moisissures et bactéries dans les pièces humides, limitation des
rayonnements électromagnétiques,
13. la qualité sanitaire de l’air : filtration de l’air, choix de produits à faible
émission de substances nocives (particules, solvants…)
14. la qualité sanitaire de l’eau : viser à diminuer les risques de
contaminations (légionellose) et de brûlures…

LE NIVEAU DE PERFORMANCE DES CIBLES

En fonction de la certification visée, le profil de qualité environnementale du


bâtiment (QEB) doit atteindre un niveau précis.
Chacune des 14 cibles peut atteindre 3 niveaux de performances :
 Base, qui est le niveau minimum acceptable,
 Performant, qui correspond aux bonnes pratiques souhaitables,
 Très performant, qui correspond aux performances maximales de la HQE
Ainsi, pour la certification NF Bâtiments tertiaires - Démarche HQE, le profil
doit atteindre au minimum 3 cibles au niveau Très Performant, 4 cibles au
niveau Performant, et 7 cibles au niveau Base.
Il reste que la certification n’est pas obligatoire : elle a valeur de preuve, de
témoignage, mais on peut parfaitement faire aboutir une véritable démarche
HQE sans en passer par là. Car la Haute Qualité Environnementale, c’est une
manière de concevoir et de percevoir le bâtiment, bien plus qu’un simple label.

VERS DES INDICATEURS ENVIRONNEMENTAUX GLOBAUX

L’association HQE, réunie en mars 2009 à l’occasion de ses sixièmes assises


annuelles, souhaite ajouter un troisième volet en sus du management
environnemental et des 14 cibles.
Il s’agit de définir une série d’indicateurs environnementaux globaux destinés
à évaluer les performances des ouvrages vis-à-vis des grandes questions
comme les gaz à effets de serre ou la consommation de ressources.
Au-delà de cette vision quasi prospective, l’Association HQE recommande de
travailler l’aspect énergétique des bâtiments. Le label HPE étant considéré
comme le minimum, il faut plutôt viser le label THPE voire le label BBC. Et,
plus tard, le label BEPOS (Bâtiment à Énergie Positive) qui caractérise les
bâtiments idéaux qui créent plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

Label HPE HPE EnR THPE THPE EnR BBC/Effinergi


e
Libell Haute Haute Très Haute Très Haute Bâtiment
é Performanc Performance Performanc Performance Basse
e Énergétique, e Énergétique, Consommation
Énergétique énergies Énergétique énergies
renouvelable renouvelable
s s
% de -10 % -10 % -20 % -30 % -50 %
baiss
e

Les 5 labels de performance énergétique : baisse des consommations en


énergie primaire (Cep) par rapport à la consommation de référence RT 2005.

2. METTRE EN OEUVRE UN SYSTEME DE MANAGEMENT


ENVIRONNEMENTAL

Il s’agit de l’ensemble de l’organisation, des procédures et des pratiques


spécifiques à une opération de construction ou d’adaptation d’un bâtiment. Le
SME est élaboré, mis en place et géré par le maître d’ouvrage pour définir,
mettre en œuvre, vérifier l’exigentiel ainsi que l’état final de l’opération du point
de vue de l’environnement. Il est également appelé SMO (Système de
Management Opérationnel).

Le SME s’inscrit dans une démarche qualité, c’est un dispositif au service de


l’obtention des performances environnementales de l’opération. Pour simplifier
et rendre compréhensible le rôle du SME, on pourrait dire qu’il conduit à :
 bien s’organiser entre acteurs pour bien travailler ensemble,
 prendre les bonnes décisions au bon moment,
 progresser, en améliorant régulièrement l’efficacité du système.
3. CERTIFIER LES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES DES
PROJETS

Afin de garantir l’application du concept, les résultats, l’audit externe,


l’association HQE a, dès 1997, engagé une démarche de normalisation et de
certification. La normalisation permet aux parties engagées contractuellement
de disposer d’un texte qui soit une référence dans le cadre des opérations
privées. La certification cautionne des systèmes, comme les certifications ISO
(9 000 ou 14 000). Elle ne s’applique pas seulement aux cibles
environnementales du bâtiment mais également à la démarche engagée par
le maître d’ouvrage.

LES NORMES ENVIRONNEMENTALES EN VIGUEUR

Norme ISO 14 001


Cette norme internationale indique que l’entreprise cherche à minimiser les
impacts sur son environnement, à prévenir les incidents et se fixe un plan
d’action pour améliorer ses performances environnementales. En France, elle
a été traduite pour le bâtiment par un guide d’application, le GA P 01-030 qui
reprend le système de management opérationnel environnemental (le SMO)
pour le maître d’ouvrage : opération de construction, adaptation et conception
de bâtiment.

Les normes françaises


 La norme NF P 01-010 « Qualité environnementale des produits de
construction » définit les « fiches de déclaration environnementale et
sanitaires » (FDES), des documents de 20 à 30 pages que peuvent
élaborer les fabricants. Ces derniers en proposent parfois une version plus
digeste en 3 ou 4 pages, qui vont reprendre les caractéristiques
techniques, l’impact environnemental, les émissions de fibres ou de
formaldéhyde, etc.
 La norme NF P 01-020 se trouve divisée en deux parties : la première est
un « cadre méthodologique pour la description et la caractérisation des
performances environnementales et sanitaires des bâtiments » complétée
par un guide d’application, le GA P01-020-2 ; la seconde concerne les
caractéristiques environnementales et sanitaires des bâtiments et
méthodes d’évaluation.
 Le guide d’application GA P01-030 concerne, lui, les opérations de
construction, d’adaptation ou de gestion des bâtiments, le cadre de
conception et de mise en œuvre pour la démarche HQE.
LES TROIS CERTIFICATIONS HQE EN VIGUEUR

La certification NF Maisons Individuelles – Démarche HQE

Cequami, filiale du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) et de


l’association Qualitel, délivre la certification NF maison individuelle et son
option NF démarche HQE, lancée en 2006. Les contrôles portent sur :
 L’organisation du constructeur : mise en place d’un SMO, évaluation du
terrain, chantier à faibles nuisances, formalisation de l’offre, maîtrise des
achats et des sous-traitants…
 Le contrôle de la qualité de service et du suivi client : information du Maître
d’ouvrage, conseil et assistance, solutions adaptées, guide d’entretien et
d’usage
 Le contrôle de la qualité environnementale des maisons : prise en compte
des caractéristiques du site, évaluation de la qualité environnementale de
la maison à partir du dossier complet transmis par le constructeur NF,
vérifications sur site, suivi qualité avec audits à 6 et 18 mois, enquête de
satisfaction…

La certification NF Bâtiments tertiaires – Démarche HQE

Certivéa délivre cette certification qui concerne les opérations à usage de


bureau et d’enseignement, les établissements de santé, de commerce, les
plateformes logistiques et l’hôtellerie, tant en construction qu’en restructuration
lourde. La conformité aux 14 cibles HQE est vérifiée par des audits aux 3
phases principales de l’opération : programme, conception, réalisation.
Certivea délivre également une certification NF Bâtiments tertiaires –
Démarche HQE – Exploitation et concerne les bâtiments existants qui
atteignent une bonne performance environnementale en phase d’exploitation.

La certification NF Logement - Démarche HQE

Cerqual Habitat délivre depuis février 2008 la certification NF Logement


démarche HQE qui s’adresse aux logements neufs, collectifs et individuels
groupés en accession. Délivrée aux constructeurs titulaires de la certification
NF Logements, elle s’appuie sur le référentiel Habitat & Environnement, qui
comprend 7 thèmes reprenant de façon transversale les 14 cibles HQE.
 Management environnemental de l’opération, c’est-à-dire un pilotage
performant en termes de développement durable.
 Chantier propre : gestion des déchets, des nuisances, des impacts.
 Énergie-réduction de l’effet de serre : choix et performance de l’énergie
utilisée, éclairage…
 Filière constructive-choix des matériaux : utilisation de matériaux recyclés
ou renouvelables, durabilité de l’enveloppe du bâtiment…
 Eau : qualité des équipements, maîtrise des consommations…
 Confort et santé : acoustique, confort thermique, aération, ventilation, tri
sélectif…
 Gestes verts : information des habitants et du gestionnaire.
D’autres initiatives sont en cours, comme l’expérimentation HQE
Aménagement qui concerne les projets de lotissement et s’adresse aux
aménageurs publics et devrait aboutir a un référentiel à la fin 2009. Les salles
multisports et les gymnases devraient également pouvoir accéder
prochainement à la construction HQE certifiée NF à travers un référentiel en
cours d’élaboration entre l’Association pour l’Information et la Recherche sur
les Équipements de Sport et de Loisirs, l’Association HQE et CertiVéA, dans
le cadre de la certification NF Bâtiments Tertiaires-Démarche HQE.

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