Objets Et Mãthodes MOODLE
Objets Et Mãthodes MOODLE
Objets Et Mãthodes MOODLE
Université Alger 2
Département de Français
POLYCOPIE
Théories linguistique
1
POLYCOPIE
2
Séminaire : Master en sciences du langage : objets et méthodes linguistique1
Planning :
Cours 1 : (2 séances)2
Cours 2 : (1 séances)
La notion de communication.
A- L’approche énonciative.
Cours 4 : (3 séances)
B- L’approche discursive.
1
- La durée du séminaire est de 67 heures.
2
- La durée d’une séance est de 3 heures.
3
b- L’engagement de soi et la prise en charge du discours.
Cours 5 : (3 séances)
L’analyse interactionnelle.
a- L’analyse hiérarchique.
b- L’analyse fonctionnelle.
L’analyse conversationnelle.
Cours 6 : (3 séances)
La sociolinguistique :
La sociolinguistique variationniste.
La sociolinguistique interactionnelle.
La sociolinguistique urbaine.
4
Avant propos
Ce cours a pour ambition de faire un tour plus ou moins exhaustif sur les
différentes branches de la linguistique moderne en exposant les diverses approches
que peuvent adopter les linguistes ; approches adaptés aux divers corpus qui
peuvent se présenter à eux. En effet la diversité des discours, des perspectives et
des contextes mène les linguistes à s’adapter à leur objet d’étude à se mouvoir au
gré de leurs turbulences en composant à chaque fois avec une nouvelle boite à
outils devant servir à lire, comprendre et décortiquer leur centre observation3.
3
- Il est à signaler que nous avons pensé ce séminaire uniquement sur le plan théorique, la partie pratique
étant assurée par un autre enseignant.
5
COURS 1
6
Introduction : La linguistique contemporaine du structuralisme à la
pragmatique « mutation d’un objet d’étude »
En effet, cette dernière dont les prémisses remontent à l’antiquité, n’a cessé
d’adapter et de réajuster ses outils d’étude afin d’appréhender cet objet qui est le
langage ; pour finalement se constituer comme discipline scientifique au cours du
XXème siècle et cela sous l’égide de F. de Saussure. Son objet de prédilection fut
“la langue“ ; étudié synchroniquement, en tant que système de signes servant
comme support de sens.
Mais, dés la fin des années 50, les préoccupations des chercheurs évoluèrent
et se diversifièrent, dans et hors du structuralisme. Les travaux de R. Jakobson en
particulier vont ouvrir «Des brèches dans le rigorisme saussurien et conduire au
dépassement du structuralisme lui-même»4.
4
- J. Lohisse : Op. cit., p. 47.
7
d’étendre les pouvoirs de la linguistique»5. Emile Benveniste est d’ailleurs l’un
des pionniers qui a ouvert le pas, vers cette nouvelle direction.
5
- P. Kuentz, cité par C. Kerbrat Orecchioni dans L’énonciation : Op. cit., 1999, p. 7.
6
- R. Jakobson cité in Bachmann, Lindenfeld, Simonin, 1981, p.25, par J. Lohisse : Op. cit., p. 111.
7
- «Ouverture interne, des formes vers le sens, de la morpho-syntaxe vers la sémantique et la pragmatique ;
ouverture externe, en direction d’autres secteurs confrontés au langage», Voir l’article de la pragmatique
linguistique, Encyclopédie Universalis 9, 2005.
8
- Diversification des intérêts au niveau de la forme : phonologique, phonétique, morphologique,
syntaxique, lexicologique ; mais aussi au niveau de du sens, signification, référence, et de l’activité de
langage par les locuteurs.
9
- D. Maingueneau : «Les analyses du discours en France», Langages, Mars 95, N°117, p. 5.
10
- D. Maingueneau : Op. cit., Mars 95, N°117, p. 6.
8
unique, de communication11. Ce nouveau cap donnait également, de plus en plus
d’importance à une notion occultée par les anciens linguistes. Le contexte devenait
un élément et une condition sine qua non, nécessaire dans l’interprétation des
productions individuelles.
11
- «La communication est d’abord un phénomène de création de réalités et de relations inédites qui
provoque, à partir de nouvelles données, la transformation en quelque chose d’autre des idées et des
connaissances dont chaque être humain dispose (…)», G. Willett, cité par J. Lohisse : Op. cit., p. 111.
9
Cours 2
10
La notion de communication
12
- C. Bally cité par O. Ducrot dans : Op. cit., 1989, p. 167.
11
L’analyse immanente du langage qu’a tenté R. Jakobson, prenait en compte
les relations établies entre locuteur et interlocuteur ou destinateur/destinataire.
Dans ses travaux il s’efforce de décrire la communication humaine, en prenant en
considération les éléments exposés dans le schéma ci-dessus. Pour lui : «Tout acte
de la parole met en jeu un message et quatre éléments qui lui sont liés : l’émetteur,
le récepteur, le thème du message (le référent) et le code utilisé. La relation entre
ces quatre éléments est variable»13.
13
- R. Jakobson, cité par J. Lohisse : Op. cit., p. 47.
12
C. Kerbrat Orecchioni a repris le schéma de la communication de R.
Jakobson, et a apporté des corrections, des réorientations et des rajouts qui font de
la communication une activité complète et complexe dans laquelle plusieurs
paramètres peuvent entrer, et cela en fonction de la situation de communication.
Cette orientation fait que chaque acte de communication est un acte inédit et
unique.
14
- C. Kerbrat Orecchioni : Op. cit., 1999, p. 16.
15
- C. Kerbrat Orecchioni : Op. cit., 1999, p. 19.
13
dans la masse lexicale des éléments qu’il utilise dans son énonciation. En effet,
elle atteste que le locuteur est tenu par d’autres contraintes “externes” qui limitent
le choix et désignent dans ce tout lexical ce qui est passible d’être utilisé.
Ces contraintes sont d’une part les conditions concrètes de la communication,
d’autre part, les caractères thématiques et théoriques du discours. Cette clause est
d’autant plus juste dans le discours journalistique qui obéit à des contraintes de
productions, thématiques, mais aussi à des contraintes déontologiques qui
réglementent fermement toutes dérives langagières commises par la presse écrite.
14
COURS 3
15
A- L’APPROCHE ENONCIATIVE
Ces énoncés sont donc produits dans un contexte bien déterminé dans un
lieu (espace) et a un moment (temps)17. Les discours ont donc un ancrage dans
l’univers, ils sont dirigés vers les énonciataires puis interprétés grâce aux indices
posés en leur sein. Cette complexité constitutive des énoncés montre que l’idée de
transparence des discours a été remplacée par la certitude que les productions
langagières sont opaques et qu’il est nécessaire de prendre en considération les
paramètres appartenant a cette nouvelle perspective.
16
- G. Lochard et J. C. Soulages, « Sémiotique, sémiologie et analyse de la communication médiatique »,
dans un ouvrage coordonné par S. Olivesi, Sciences de l’Information et de la communication, objets,
savoirs, discipline, Ed. PUG, 2006, p. 237.
17
- La vision du courant énonciatif indique que : « Toute énonciation s’inscrit dans l’énoncé à travers de
multiples traces : marques de personnes, de temps, de lieu, mais aussi de détermination ou de modalité ».
D. Maingueneau : L’analyse du Discours, Hachette, 1991, p. 25.
18
- D. Maingueneau : L’analyse du discours, Hachette Université Linguistique, 1991, p. 25.
16
La théorie de l’énonciation marque un des plus grands tournants dans la
linguistique contemporaine, en adoptant une conception plus extensive et
largement extravertie en ce qui concerne l’objet de la linguistique et en ouvrant le
champ de la recherche à de nouvelles dimensions, écartées jusque là du domaine
d’investigation.
19
- C. Kerbrat Orecchioni : Op. cit., 1999, p. 7.
20
- J. Cervoni : Ibid., p. 11.
21
- Il est «Dans certains cas impossible de décrire adéquatement les comportements verbaux sans tenir
compte de leur environnement non verbal» - C. Kerbrat Orecchioni : Ibid., 1999, p. 10.
- L’élargissement des centres de recherche a été a la source de la naissance de l’analyse du discours, de
l’analyse conversationnelle mais aussi plus récemment de la pragmatique.
22
- La mise en relation du langage avec son contexte implique l’ouverture de la discipline à d’autres champs
externes tels que : la sociologie, la psychologie, l’histoire…etc., qui sont d’une importance capitale dans
l’apport d’explication et la compréhension des discours.
23
- E. Benveniste, cité par J. Lohisse : Op. cit., p. 59.
24
- E. Benveniste, L’appareil formel de l’énonciation, 1970, in Problème de linguistique générale 2, cité
par A. Boissinot dans : Op. cit., p. 16.
17
Elle réintroduit le sujet au cœur de ses questionnements et préoccupations,
il devient acteur à part entière, responsable de sa production. Production, qui, garde
en son sein les traces et les stigmates, engendrés du passage du locuteur. La langue
n’est plus un outil servant à transmettre des informations «Elle sert surtout à
transmettre des «rapports intersubjectifs» entre les interlocuteurs(…). Toute
parole adressée à un interlocuteur instaure une relation obligatoire, assigne des
pôles, que l’autre ne peut annuler, même en ne répondant pas (…).»25.
Par ailleurs, elle intègre aussi l’idée clé qui atteste que le sens peut se diviser
en plusieurs niveaux. Pour O. Ducrot : «Le sens d’un énoncé décrit l’énonciation
comme une sorte de dialogue cristallisé, où plusieurs voix s’entrechoquent»27. De
ce fait, il est primordial de repérer toutes les trames du sens afin d’arriver à une
compréhension complète et juste des énoncés. A ce sujet, O. Ducrot déclare : «On
devra distinguer dans le sens de tout énoncé, d’une part des éléments pertinents,
qui ne pourraient pas disparaître sans qu’on modifie l’énoncé (…) et d’autre part
des indications extérieures au code utilisé, liées aux conditions où le code est
employé»28.
25
- P. Blanchet : Op. cit., p. 103.
26
- P. Blanchet : Op. cit., p. 93.
27
- O. Ducrot : Le dire et le dit, Les Editions de Minuits, 1984, p. 9.
28
- O. Ducrot : Op. cit., 1989, p. 152.
18
informer, persuader, communiquer, manipuler ou même transformer la mémoire
collective des locuteurs d’une même communauté… etc.
Pour cela les énonciateurs ont recours à plusieurs techniques afin de faciliter
cette tâche. Un des moyens employé réside dans l’usage de lieux communs. Leur
emploi se produit « Lorsque l’émetteur veut sensibiliser le destinataire à
l’information, il use de moyens calculés qui obéissent à des principes précis. (…).
L’énonciation et la ré-énonciation des objets s’installent comme le lieu principal
de la transformation de la mémoire collective »29. Par cet acte, l’énonciateur puise
dans son avoir partagé pour créer une complicité consciente ou semi-inconsciente
avec celui a qui il adresse son discours. Cette complicité se traduit par le recours à
des images stéréotypées, à des schémas traditionnels qui posent les interlocuteurs
dans un univers qu’ils savent déchiffrer et face auquel ils peuvent apporter des
réponses.
Cela nous mène à dire que l’énonciateur investi son discours30, c’est lui qui
organise sa mise en scène, qui le charge sémantiquement et idéologiquement.
L’énonciateur devient responsables de ses énoncés, c’est dire le rôle essentiel joué
par le concept d’ethos lorsque celui qui prend la parole veux faire adhérer ou
convertir la pensée d’autrui aux idées qui sont les siennes31. Par conséquent le
discours: « Est « orienté » (…) il est conçu en fonction d’une visée du locuteur
(…). Le discours est construit (…) en fonction d’une fin, il est censé aller quelque
part »32. La prise de parole traduit un désir d’action sur l’autre, elle est prise de
29
- C. Ghosn : « Le Stéréotype, stratégies discursives dans le journal télévisé de FR2 », Marges
Linguistiques, ATER – LERAS – Université de Toulouse III – France.
30
- Cette envahissement du discours par son énonciateur fait que ce dernier laisse des traces de sa présence
dans les énoncés produits, de même que : « Toute énonciation s’inscrit dans l’énoncé à travers de multiples
traces : marques de personnes, de temps, de lieux, mais aussi de détermination ou de modalité ». D.
Maingueneau : L’Analyse du Discours, Hachette, 1991, p. 26.
31
- Ce point va être traité plus en détail dans le chapitre suivant.
32
- D. Maingueneau : Analyser Les Textes de Communication, Nathan, 2000, p. 38.
19
position, de décision33. Elle renseigne sur le rapport entre les énonciateurs mais
aussi sur la situation de communication (cette dernière peut être sociale, politique,
économique…etc.). Par son billet l’énonciateur procède à un véritable
« « guidage » de sa parole »34 ; cette dernière à pour cible « autrui ». Nous
pouvons schématiser les caractéristiques du discours en les cristallisant à travers
les points suivants :
33
- D’un point de vue linguistique, « Il faut (…) attendre les années 80 pour que s’opère un double tournant.
D’une part (…) des inflexions dans les conceptions du sujet dans les sciences humaines (…) permettant a
l’analyste de discours d’opérer ce que l’on peut appeler « le tournant pragmatique et énonciatif » et de
s’enrichir d’études relatives aux actes de langage, (..) » S. Bonnafous, « L’analyse du discours », dans un
ouvrage coordonné par S. Olivesi, Sciences de l’Information et de la communication, objets, savoirs,
discipline, Ed. PUG, 2006, p.220. Cette prise de conscience est très importante car elle implique la
responsabilité des énonciataires, plongés dans un contexte situationnel qui donnent un poids différent aux
mots à chaque locution.
34
- D. Maingueneau : Analyser Les Textes de Communication, Nathan, 2000, p. 39.
20
dans les discours, il est marqué, impliqué dans une contre responsabilité dans la
construction du sens, d’ailleurs chacun de nous introduit l' « autre » dans ses
énoncés en faisant référence au « même » ; C'est-à-dire qu’il fait toujours partie du
discours de soi, il est omniprésent même lorsque sa voix n’est pas sollicitée et reste
silencieuse.
Ces phénomènes touchent tous les types de discours et c’est, en partie, cela
qui va être au centre de nos propos dans les chapitres suivants, mais avant nous
allons explorer plus en détail une notion clef en énonciation ; l’ « éthos ». Ce
concept est intéressant dans notre travail de part sa complexité car il désigne :
« l’image discursive de soi (…) ancrée dans des stéréotypes, un arsenal de
représentations collectives qui déterminent en partie la présentation de soi et son
efficacité dans une culture donnée. »35. Les lieux communs se manifestant sous les
formes de stéréotypes ou de clichés ont donc, une dimension subjective, leur
caractère est complexe ils sont lié à ceux qui les produisent comme des traces
indélébiles qui restent dans la trame des discours.
35
- P. Charaudeau, D. Maingueneau, p. 239.
21
COURS 4
22
B- L’APPROCHE DISCURSIVE
Un des courants, les plus originaux, qui a émergé suite à cette tendance et
qui lui a donné le “ton”, est l’analyse du discours. Longtemps considérée comme
“le parent pauvre” de la linguistique, et ayant mis du temps à se construire – du
fait de son hétérogénéité (diversité des écoles, diversité des corpus, multiplicité
des points de vue et des visées, …etc.) – cette discipline est quand même arrivée à
s’imposer comme discipline phare, incontournable dans le champ linguistique, en
mettant en avant son objet d’étude qui est le discours ; Ou plus précisément “les
discours” qui «Se diversifient à l’infini en fonction des moments et des lieux
d’énonciation»36. Les linguistes se sont retrouvés face à un objet d’étude aux
multiples facettes, qui n’avait pas “d’accès unique”, et qui autorisait, de ce fait,
«Une multiplicité d’approches gouvernées par des préoccupations très variées»37.
36
- D. Maingueneau : Op.cit., Mars 95, N°117, p. 6.
37
- D. Maingueneau : Ibid., Mars 95, N°117, p. 6.
38
- Enonciation : processus de production linguistique d’un énoncé par un individu donné, dans une
situation de communication précise. Collection Microsoft Encarta 2005.
23
dans lequel il vit. Les éléments matériels comme les choses non palpables trouvent
écho dans la langue, tout peut être exprimé, tout peut être partagé.
39
- E. Benveniste : Problèmes de Linguistique Générale 1, Gallimard, 1966, p. 78.
24
dans et par le langage que l’homme se constitue comme sujet ; parce que le
langage seul fonde en réalité dans sa réalité qui est celle de l’être, le concept
d’ « ego » »40. Le discours devient, par cet effet, le porte voix de celui qui construit
l’énoncé mais aussi l’instrument qui le fait exister et par lequel il peut agir sur
l’autre. Cela implique une chose importante ; chaque discours est différent et
dépend de celui qui l’a enfanté. Chacun laisse sa trace, son emprunte gravée dans
les mots qu’il a empruntés à la langue pour exprimer l’idée qu’il a développée. Les
mots deviennent des indices portant des preuves du passage des locuteurs, ils
renseignent non seulement sur le dire mais aussi sur celui qui a dit41.
Ce qui revient à dire que toute prise de parole s’apparente à une mise en
scène dans laquelle chaque participant endosse un rôle qu’il doit jouer le temps du
déroulement de l’énonciation et cela suivant un scénario bien déterminé et connu
40
- E. Benveniste : Problèmes de Linguistique Générale 1, Gallimard, 1966, p. 259.
41
- Bien entendu, si l’on globalise cette vision, nous dirons que tous les discours sont teintés de la voix de
ceux qui les ont produits, ils deviennent des lieux d’échange, où l’on peut emprunter les mots de l’autre
pour construire et exprimer sa propre pensée et où le stéréotype acquière une place important. F. Grossmann
affirme que « Les stéréotypes, [sont des] énonciations fournies par l’interdiscours, forment un point de
passage obligé à la construction de tout discours… ». F. GROSSMANN, « Fondements de la stéréotypie
lexicale », Stéréotypie et figement en sémantique lexicale, cours de sémantique maîtrise, 2003, in www.u-
grenoble.fr/grossmann/cours/cours/chap1.htm.
42
- D. Maingueneau dans : Initiation aux Méthodes de L’analyse du Discours Problèmes et perspectives,
Classique Hachette, 1976, p. 143.
25
de toutes les parties présentes43. Ces rôles changent selon les scénarios ; « Chaque
sujet est en réalité constitué d’un ensemble de « rôles discursifs », liés à son
« statut », aux « emplacements » institutionnels, etc. »44.
La connaissance des places que les individus doivent prendre lors de chaque
énonciation est le fruit d’un apprentissage que les individus acquièrent au sein de
leurs sociétés respectives45. Cela se reflète au niveau de la langue qui « Comporte
à titre irréductible, tout un catalogue de rapports interhumains, toute une panoplie
de rôles que le locuteur peut se choisir pour lui-même et imposer au
destinataire »46.
43
- « Tout processus discursif suppose, de la part de l’émetteur, une anticipation des représentations du
récepteur, sur laquelle se fonde la stratégie du discours ». D. Maingueneau dans : Initiation aux Méthodes
de L’analyse du Discours Problèmes et perspectives, Classique Hachette, 1976, p. 144.
44
- D. Maingueneau dans : Initiation aux Méthodes de L’analyse du Discours Problèmes et perspectives,
Classique Hachette, 1976, p. 143.
45
- D. Maingueneau déclare à ce sujet : « Dans notre monde hiérarchisé, ordonné, il existe généralement
des règles établissant comment la conversation peut s’engager, un accord préalable résultant de normes
mêmes de la vie sociale ». On ne parle pas à tout le monde, et le seul fait d’argumenter plutôt que donner
un ordre ou recourir à la violence suppose qu’on attache un prix à l’adhésion de l’interlocuteur ». D.
Maingueneau dans : Initiation aux Méthodes de L’analyse du Discours Problèmes et perspectives,
Classique Hachette, 1976, p. 144.
46
- D. Maingueneau dans : Initiation aux Méthodes de L’analyse du Discours Problèmes et perspectives,
Classique Hachette, 1976, p. 146.
47
- L’idéologie est souvent décrite comme la caractéristique mentale d’un groupe (…). Elle exprime
l’expérience commune des membres du groupe et fonde leur coopération, leur moral, leur ordre et
l’explication de leur comportement. (…) Toch (1965, p. 21) a défini l’idéologie comme « un ensemble de
croyances liées entre elles et auxquelles adhèrent un groupe de personnes. L’idéologie d’un mouvement
social est l’énoncé de ce que les membres de ce mouvement essaient d’accomplir ensemble et de ce qu’ils
souhaitent affirmer en commun… l’idéologie d’un mouvement social définit ce mouvement et le distingue
des autres mouvements et institutions » (…) celle-ci sert souvent de croyance de groupe (…) Le contenu
d’une idéologie peut être politique, social ou même religieux. Une idéologie renvoie ordinairement à des
images de la société désirée et aux moyens et conditions requis pour y parvenir ». J-C Deschamps, J.
Francisco Morales, D. Paez, S. Worchel, L’identité sociale : la construction de l’individu dans les relations
entre groupes, PUG, 1999, p. 45.
48
- D. Maingueneau dans : Initiation aux Méthodes de L’analyse du Discours Problèmes et perspectives,
Classique Hachette, 1976, p. 147.
26
peuvent changer légèrement ou complètement selon les groupes et les sociétés
auxquels ils appartiennent.
Tout discours, quel qu’il soit, est façonné selon les attentes de ceux qui le
reçoivent. Les énonciateurs, par le biais du langage, s’efforcent, à chaque
formulation, de mettre leurs propos dans des moules reconnaissables par
l’ensemble des énonciataires. Ces manœuvres, ont comme but principal d’ouvrir
la voie à la compréhension, d’être ou de former une sorte de liant entre partenaire
de la communication.
49
- C. Ghosn : « Le Stéréotype, stratégies discursives dans le journal télévisé de FR2 », Marges
Linguistiques, ATER – LERAS – Université de Toulouse III – France.
27
COURS 5
28
C- L’APPROCHE PRAGMATIQUE ET SES DIFFERENTS
DOMAINES D’ETUDE
1- L’analyse interactionnelle
a- L'analyse hiérarchique
Elle porte sur trois niveaux fondamentaux :
50
- Alpha Ousmane BARRY : Chaire de Recherche du Canada en Mondialisation, Citoyenneté et
Démocratie http://www.chaire-mcd.ca/
29
1- L’analyse des actes de langage : vue comme la plus petite unité produite
par un locuteur, elle est vue comme une forme d’action associée à un
tour de parole.
2- L'échange est la plus petite unité composant l'interaction; il est formé
d'au moins deux actes de langage de locuteurs différents. Dans chaque
échange nous pouvons avoir des interventions dites simples (composée
d'un seul acte de langage) ou complexes si elles sont alors intervenir
plusieurs prises de paroles attribuables à plusieurs locuteurs en situation
d’échange.
b- L’analyse fonctionnelle
Met l’accent sur le lien qui existe entre les éléments mis en exergue dans
l’analyse hiérarchique. Cette analyse se concentre sur l’observation des
interventions faites par les locuteurs et cela dans le but de mettre en
évidence la fonction illocutoire de chaque élément d'un échange. De plus
elle essaye de comprendre les fonctions interactives et le rôle argumentatif
qui unissent les constituants de ces interventions.
2- L’analyse conversationnelle
30
De ce fait l’analyse conversationnelle se centre sur la mise en rapport et le
déchiffrage de différents éléments qui font sens tels que : La situation de
communication (dans toutes ces dimensions), la compétence communicative des
interlocuteurs, l’analyse dynamique de la conversation, la conversation comme jeu
de langage, la construction de la structure hiérarchique de la conversation.
51
- SACK (1984) cité par L. MONDADA, « Pour une linguistique interactionnelle », In : Marges
linguistiques, N°1 ,2001,p4.
31
2- L’alternance des tours de parole : ce mécanisme, qui caractérise
l’activité dialogale de base, permet à l’interaction verbale de se construire en
faisant en sorte « qu’un seul locuteur parle (agit) à la fois »52 . Ce principe qui
gère le bon fonctionnement et l’équilibre de l’interaction est basé sur le partage
équitable du temps de parole mais aussi sur les enchainements des interventions
de chacun des partenaires qui doivent se soumettre au principe de droit et de devoir
posé et imposé pour le bon déroulement de la conversation.
a- L’image de soi : cette dernière fait que chacun des participants arborent
une identité qu’il essaye de faire comprendre et accepter par l’autre.
52
- P.BANGE, Analyse conversationnelle et théorie d’action, Didier, 1992, p29.
53
- D.PICARD, Politesse, savoir-vivre et relations sociales, PUF,Coll :QSJ ?, 1998, p118.
32
c- La nature de la relation : est à la tête du choix du type de l’interaction
(formelle/informelle) ce qui revient par ricochet à guide le comportement
des co-locuteurs (distance / familiarité) au cours de l’échange.
54
- P.CHARAUDEAU, langage et discours, Hachette, 1983,p 54.
33
COURS 6
34
3- L’APPROCHE SOCIOLINGUISTIQUE
- La sociolinguistique variationniste
Lorsqu’on observe le travail de W. Labov, on se rend compte que ce dernier
définit la sociolinguistique comme une science expérimentale qui doit s'armer d'un
protocole d’observation scientifique. Le protocole d’enquête basé sur
l’observation des faits langagiers, de la description et de l’explication de ces
derniers via les variables sociale est le moyen déployé par le linguiste afin de
confirmer ou d'infirmer ses hypothèses. Sa méthodologie oppose la « linguistique
de terrain » à la « linguistique de bureau ».
55
- Bernard Laks : La linguistique variationniste comme méthode In : Langages, 26e année, n°108, 1992.
pp. 34-50.
35
De part son caractère tentaculaire56 la sociolinguistique possède un terrain
d’investigation vaste qui ouvre sur les intérêts suivants :
a- La sociolinguistique interactionnelle
56
- Elle ouvre des brèches vers l’ethnologie, la psychologie, l’histoire, la géographie mais surtout la
sociologie.
36
sociale, mais avec une matérialité qui lui est propre et dont il faut tenir compte »57.
Le but du chercheur était d’observer et de comprendre comment les co-
énonciateurs construisaient le sens dans le jeu des interactions monolingues,
bilingues ou plurilingues. Ses points d’observations étaient bien différents de W.
LABOV qui s’intéressaient à l’analyse des variations linguistiques ; en effet,
GUMPERZ focalisait son regard « dans le détail de dialogues, des phénomènes
interactionnels comme la compréhension/non compréhension, la
symétrie/asymétrie ou les indices de contextualisation (contextualization cues) »58.
Pour lui, le sens était donc enfanté par deux individus ou plus, engagés dans un jeu
de co-construction, qui, sans la coopération de toutes les parties, pouvait mener à
l’échec de la communication. De ses travaux nous retenons la naissance de certains
concepts tels que : « le répertoire verbal », le « code switching », le « code
mixing » etc. Grâce à son œuvre, le chercheur ouvre la voix sur des réflexions
autour des causes qui provoquent et motivent les changements de codes dans les
discours, et encore une fois sa réflexion vient à contrecourant des variationnistes
pour qui « le code-switching est strictement régi par des règles de cohérence
grammaticale et non pas discursives ou stylistiques. »59
57
- BOUTET J. & HELLER M. (2014) : « Introduction », Langage et société, vol. 150, no. 4, pp. 7-13.
https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2014-4-page-7.htm
58
- BOUTET J. & HELLER M. (2014) : Op. Cit.
59
- BOUTET J. & HELLER M. (2014) : Ibid.
37
valeurs ajoutées aux indices de contextualisation60 nécessaires lors des
interprétations/formulation des énoncés.
Un autre concept a été mis en lumière, toujours dans l’optique de rayer les
malentendus et amener la conversation à son bout ; est celui de « face ». C.
BONICCO déclare : « l’identité de chaque personne doit, revendiquer dans une
situation donnée, de manière à se comporter conformément aux attentes des gens,
qui sont des attentes normatives sociales, exprimant ce que c’est que se comporter
normalement dans telle ou dans telle situation. […] La face se présente donc
comme la valorisation sociale de la personne pour autant que celle-ci se conduit
normalement »61. La face est, donc, prise en considération lors des observations
car son maintien permet aux co-énonciateurs de rester dans ce jeu et de coopérer
qui a pour intérêt la bonne marche de l’interaction. Les joutes verbales trop
violentes menant ainsi à l’avortement des dialogues.
b- La sociolinguistique urbaine
60
- A ce sujet GUMPERZ déclare : « les caractéristiques superficielles de la forme du message constituent
l’outil par lequel les locuteurs signalent et les allocutaires interprètent la nature de l’activité en cours, la
manière dont le contenu sémantique doit être compris et la manière dont chaque énoncé rapporte à ce
qui précède ou à ce qui suit ». GUMPERZ J. (1989) : Engager la conversation, Minuit, p. 28.
61
- BONICCO C. (2007) : « Goffman et l’ordre de l’interaction, un exemple de sociologie » compréhensive,
Phiolosorbone N°1 / ann&e 2006-07, p. 31-48http://edph.univ-paris1.fr/phs1/bonicco.pdf
62
- Reda Sebih : Langues et mise en mots de l'identité spatio-linguistique : cas de la Casbah d'Alger,
Université Alger2 - Thèse de doctorat soutenue en 2014.
63
- Les flux de langues en milieu urbain : espaces diglossiques VS espaces ditopiques 63. Situation
sociolinguistique de la ville de Fort-de-France Lorène Labridy
38
peut pas se contenter d’étudier des situations urbaines, elle doit dégager ce que ces
situations ont de spécifique, et donc construire une approche spécifique de ces
situations » (Calvet 1994 : 15). De ce fait cette approche « s’intéresse aux paroles
dans la ville et aux discours sur la ville » (Lejeune 2006 : 104).
L’approche sociolinguistique urbaine se fait à travers « une communauté
d’analyse »64 et se base sur deux axes principaux :
L’étude de la variation sociale du langage au sein d’un milieu urbain et,
L’analyse des contacts de langues dans les milieux urbains plurilingues.
64
Esperet. E, « Aspects sociaux de la psychologie du langage ». In J. A. Rondal & J. P. Thibaut (Eds).
Problèmes de psycholinguistique, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1987, p338. (pp. 327-389)
65
- Reda Sebih : Langues et mise en mots de l'identité spatio-linguistique : cas de la Casbah d'Alger,
Université Alger2 - Thèse de doctorat soutenue en 2014.
66
- Reda Sebih : Langues et mise en mots de l'identité spatio-linguistique : cas de la Casbah d'Alger,
Université Alger2 - Thèse de doctorat soutenue en 2014.
39