Corrigés Bac 2006

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Sujets du bac 2006 - les Corrigés


page créée le 09/06/2006

Sujet 3
Sujet1 Sujet 2
Série L
Texte de Locke
N'avons-nous de devoirs Cela a-t-il un sens d'échapper sur le travail et
qu'envers autrui ? au temps ? le droit à la
propriété

Sujet 2
Sujet 1
Série ES Sujet 3
Une culture peut-elle être
Faut-il préférer le bonheur à
porteuse de valeurs
la vérité ?
universelles ?

Sujet 3
Sujet 1 Sujet 2
Série S
Texte de J. Stuart Mill
Peut-on juger objectivement L'expérience peut-elle
sur les rapports vérité et
de la valeur d'une culture ? démontrer quelque chose ?
bonheur

Sujet 2
Sujet 1
Séries STI, Sujet 3
L'intérêt de l'histoire est-ce
STL, STT Quel besoin avons-nous de
d'aborder la lutte contre
chercher la vérité ? Texte de Spinoza sur la
l'oubli ?
liberté de penser

Sujet1 N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? (TL)

Difficulté : ici, plusieurs notions du programme se rencontrent ! Ainsi, on trouve les


notions de "devoir" et "autrui", mais aussi, précisons que la notion de "devoir" est
également au carrefour entre les notions de droit et de morale. Je précise par ailleurs que
si nous avons des devoirs envers nous-mêmes, ce sera sans doute alors l'occasion de
convier la notion de "bonheur" ! (cf. la distinction eudémonisme et hédonisme).

Avantage : sujet plus large, plus libre, donc, que le second.

Le devoir : obligation d'obéir; mais puisqu'il s'agit ici d'autrui, on pensera plutôt à
l'obligation de respecter; de ne rien faire qui aille contre la liberté et les droits de l'autre ;
cf. distinction contrainte et obligation : suis-je contraint, forcé, de respecter autrui ? ou
bien suis-uje obligé en conscience de le respecter ?

Autrui : l'autre conscience ? l'autre citoyen ? ou bien l'autre homme (être humain) et par
conséquent l'autre raison ? Cf. alors la notion de personne morale !

-Ici : ne suis-je pas aussi un être raisonnable ? n'ai-je pas par conséquent des devoirs
envers moi-même, ne suis-je pas tenu de limiter mes instincts, mon côté naturel qui
m'incline à faire tout ce que je veux, à chercher à m'adonner à tous les plaisirs qui se
présentent, etc. ? ceci, à la fois pour m'humaniser et donc pouvoir cohabiter avec les
autres, mais aussi, afin tout simplement de pouvoir aussi prétendre au bonheur ? (cf. ici la

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distinction hédonisme/ eudémonisme)

On le voit, la notion de devoir rejoint la notion de "raison". Si c'est la raison qui fait de
nous des êtres humains, et nous fait accéder non seulement à la liberté, au statut de
personne morale, digne de respect, mais aussi au bonheur (maîtrise de soi...), alors, nous
avons des devoirs envers tout être humain et aussi envers nous-mêmes.

A convier bien sûr pour ce sujet : la morale kantienne, la philosophie politique de


Hobbes, la conception platonicienne du bonheur dans Gorgias ou bien dans la République...

I- Une évidence : nous avons des devoirs envers autrui, et la notion de devoir
impliquant l"idée d'obligation, de contrainte, ne se conçoit qu'en société : c'est
donc que nous n'avons évidemment de devoirs qu'envers un "autre" que moi,
autrui...

- analyse de la notion de devoir; montrer que la notion de devoir suppose le droit, qui est
une limite aux libertés de chacun; ce que donc je dois d'abord respecter c'est la liberté
des autres ("autrui" est ici entendu en un sens très large); je dois obéir aux lois qui
protègent autrui de mon goût naturel pour la liberté absolue, le désir, le plaisir, mon
épanouissement personnel, etc.

- la notion de société/ Etat : cf. philosophie politique de Hobbes : développer comment


s'est formé l'état civil à partir d'un état de nature supposé; insister sur le fait que ce sont
les hommes eux-mêmes qui ont décidé d'instituer le droit, l'Etat, les lois, les devoirs, etc.

II- Mais autrui, n'est-ce pas l'autre homme, l'autre raison, et, finalement l'autre
personne ? Par conséquent je n'ai pas à strictement parler de devoirs qu'envers
autrui au sens où c'est celui qui vit comme moi en société (à la limite ce n'est en
effet que l'autre citoyen), mais plus précisément envers tout ce qui est porteur de
moralité

- ici, il faut prendre le soin d'"élargir" la notion d'autrui, en l'associant à la notion de


personne morale; la morale kantienne me paraît essentielle pour traiter ce point (cf.
fiche bac sur la morale kantienne)

- on peut insister sur le fait que le véritable devoir n'est pas un devoir effectué par intérêt
ou contrainte mais par obligation (cf. fiche droit et morale : la distinction autonomie et
hétéronomie)

III- Si la notion de devoir s'adresse à la raison, à la personne, alors j'ai aussi des
devoirs envers moi-même :

- si je veux être respecté et être une personne morale à part entière, digne de l'humanité,
alors je dois entretenir ce qui fait mon humanité (ma raison, ma pensée, ma liberté...)

- ceci, non seulement pour être un être humain digne et respectable, mais aussi afin de
trouver le bonheur, le véritable épanouissement ! sinon le devoir de respecter mon
humanité et ma personne serait une contrainte, serait un simple impératif valable tant que
je vis en société et veux être respecté par les autres... mais plus à partir du moment où je
serais seul avec moi-même !

- or, si l'on creuse la distinction hédonisme/ eudémonisme (cf. fiche bonheur), si l'on se
pose la question de savoir si c'est bien en soi de développer sa raison, d'obéir à la raison,
de limiter ses instincts, etc., force est de constater que si je ne me limite pas moi-même,
alors je ne pourrai même pas trouver le bonheur ni la liberté véritable ! ceux-ci ne
s'obtiennent qu'au prix d'un véritable effort sur soi ! vive la raison et le devoir alors !

- pour cette partie, Platon pouvait donc être fort utile

NB : Pour finir je précise qu'ici j'ai choisi de ne pas intégrer la notion de vivant mais on
pouvait vraiment en faire quelque chose : si je ne dois respecter qu'autrui, si ne n'ai des
devoirs qu'envers autrui, alors, cela implique que je ne dois respecter que les êtres
rationnels; n'est-ce pas se placer sur un piédestal ? que faire des animaux ? des êtres
vivants en général ? n'avons-nous pas des devoirs envers la vie elle-même ? la raison
n'est-elle pas parfois dangereuse, inhumaine, quand elle se fait par exemple uniquement
technicienne ? Ici, on pouvait alors critiquer l'homme technicien ! qui à force de clamer
que seul autrui entendu comme être doué de raison, comme personne, est un être à qui
nous "devons" quelque chose, peut en venir à détruire toute condition de vie sur terre...

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Sujet 2 Cela a-t-il un sens de vouloir échapper au temps ? (TL)

Analyse première du sujet :

 cela a-t-il un sens : est-ce un projet digne de valeur pour un homme ? est-il "fou" ? nous
fait-il perdre la raison ? le bonheur ? est-ce possible ?
 échapper : ne plus vivre dans le temps ; cf. éternité mais aussi immortalité
 le temps : le temps est-il indépendant de mon humanité ? à la fois au sens où : "le temps
fait-il de moi l'individu mais aussi l'être humain que je suis ?"; mais aussi : le temps est-il
subjectif ou objectif ?

Les hommes ont toujours été et sont encore plus que jamais en quête d'immortalité (cf. le
clonage) : a-t-on à y perdre ou à y gagner ? A la fois en terme d'individualité mais aussi
d'humanité. Humanité : ne plus être un homme digne de ce nom. Mais également individualité :
perdre mon inscription personnelle dans le monde, mais aussi finalement ne pas trouver le
bonheur !

Ainsi vouloir échapper au temps ce serait peut-être vouloir échapper à soi et échapper à notre
humanité ?

Alors que Platon et St Augustin, chacun à leur manière, ont cherché à échapper au temps, qui a à
voir avec notre condition sensible, avec notre mortalité, avec le changement, etc. (Platon =
échapper au temps c'est atteindre le monde des Idées et St Augustin = c'est vivre dans la Cité de
Dieu), Nietzsche fustigerait ici une illusion toute humaine, née en même temps que la philosophie
occidentale : celle qui consiste à vouloir se réfugier dans des arrière-mondes, des idéaux, cela,
parce qu'on ne supporte pas le changement, la vie, le sensible.... ce qui aurait alors finalement plus
de sens c'est de savoir dire oui au temps ! Dire oui à la mortalité, au changement, plus créateur que
le non changement et le désir d'immortalité ! Vive le temps ! Qui fait ce que je suis, à la fois au
sens d'individu et d'être humain !

Voici une approche possible du sujet :

I- La négativité du temps : le temps, marque de ma faiblesse, de ma mortalité, etc. : temps et «


finitude » humaine

• Le temps me résiste :
o cf. irréversibilité du temps : le temps va du passé vers l’avenir vers le présent : ce qui a été n’est
plus, ce qui sera n’est pas encore : je ne choisis pas le temps,
? je ne peux revenir en arrière pour vivre encore des moments heureux, modifier des erreurs, etc.;
cf. nostalgie, regret, remords
? je ne peux accélerer le temps pour faire venir plus vite ce que j’attends avec impatience
o le temps c’est aussi le temps social, celui de la montre, des horaires, qu’en général je ne choisis
pas non plus mais que je subis !

• Surtout je ne peux tout simplement pas l’empêcher de s’écouler, et alors il signifie changement ;
o je change sans cesse ;
o je vais inéluctablement vers la mort ; je souffre du caractère temporel de la réalité qui
m’empêche de pouvoir réaliser tous mes projets : un jour, je ne serai plus ! –mais surtout, un jour,
demain, peut-être, mes proches ne seront plus…
o le passé me détermine (cf. inconscient), me modèle, sans que je puisse rien y faire
• Approfondissements philosophiques :
o conception du temps chez St Augustin : le temps, écoulement incessant de l’âme, qui ne peut
que vouloir échapper au temps cf. Cité de Dieu ;
o cf. également monde sensible chez Platon : les Idées qui n’existent pas dans le temps ont plus
d’être que ce qui nous entoure, et l’idéal du philosophe donc de l’homme heureux est d’échapper
au temps…

II- Le temps n’est-il pas ce qui au contraire me permet d’accéder à l’humanité ? D’acquérir
ce qui fait de moi un homme ?

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• Cf. distinction puissance et acte : on ne naît pas homme, on le devient ! cf. langage, conscience,
liberté, esprit en général : il faut du temps, de l’effort, du travail, etc., pour les acquérir !
o Cf. cours travail
o Cf. cours Etat (état de nature versus état civil)
o Cours bonheur et désir (effort, raison, versus instinct)
• Cf. Hegel et sa conception de l’histoire comme progrès de l’humanité, comme prise de
conscience de l’esprit par lui-même, avènement de l’esprit, etc. : il faut, insistons sur ce point, du
temps pour être « un esprit » !
• D’un point de vue plus « individuel », cf. cours conscience, la conscience comme pouvoir de
synthèse, et la notion d’identité personnelle : on n’a pas d’accès immédiat à la réalité et si le temps
a à voir avec la mémoire, avec l’inscription du passé en moi, cela n’est pas négatif, bien au
contraire ! cela fait que je peux donner du sens au monde, mais aussi à moi-même (vivre dans
l’immédiat, sans mémoire, c’est être en non rapport avec le monde) ; cf. l’amnésie etc.

III- L’homme, un être qui existe, qui n’est pas (cf. l’existentialisme) : si l’homme n’est pas
mais a à se faire lui-même, le temps est alors une dimension essentielle de notre liberté ! Dire
le contraire est alors une conduite d’excuse, de mauvaise foi !

• Sartre contre Freud : l’homme n’est pas déterminé par son passé ! je suis ce que j’ai choisi d’être
et je peux sans cesse modifier mon être, être autre que ce que j’ai été ! je peux défaire, faire, etc. :
le temps ne me résiste pas tant que ça
• Cf. lien avec les stoïciens : accepter notre condition de mortels, notre finitude, plutôt que se
lamenter …
• On peut conclure en disant que même le fait d’être mortel est ce qui contribue à notre bonheur,
ce qui en limitant mes projets me permet de mieux réfléchir à ce qui vaut vraiment la peine d’être
fait, etc. (sinon, notre vie ne serait-elle pas trop « éparpillée » ? cf. Calliclès qui vit dans l’instant !
dans l’immédiat du désir, de la passion, du plaisir et non dans l’ordre de la raison !)

Sujet 3 (TL)

Expliquer le texte suivant : La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas


requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension
précise du texte, du problème dont il est question.

Celui qui se nourrit des glands qu'il a ramassés sous un chêne, ou des pommes qu'il a cueillies
aux arbres d'un bois, se les est certainement appropriés. Personne ne peut nier que ces
aliments soient à lui. Je demande donc : Quand est-ce que ces choses commencent à être à
lui ? Lorsqu'il les a digérées, ou lorsqu'il les a mangées, ou lorsqu'il les a fait bouillir, ou
lorsqu'il les a rapportées chez lui, ou lorsqu'il les a ramassées ? Il est clair que si le fait, qui
vient le premier, de les avoir cueillies ne les a pas rendues siennes, rien d'autre ne le pourrait.
Ce travail a établi une distinction entre ces choses et ce qui est commun ; il leur a ajouté
quelque chose de plus que ce que la nature, la mère commune de tous, y a mis ; et,
par là, ils sont devenus sa propriété privée.
/Quelqu'un dira-t-il qu'il n'avait aucun droit sur ces glands et sur ces pommes qu'il s'est
appropriés de la sorte, parce qu'il n'avait pas le consentement de toute l'humanité pour les
faire siens ? était-ce un vol, de prendre ainsi pour soi ce qui appartenait à tous en commun ?
si un consentement de ce genre avait été nécessaire, les hommes seraient morts de
faim en dépit de l'abondance des choses [...]. Nous voyons que sur les terres communes, qui
le demeurent par convention, c'est le fait de prendre une partie de ce qui est commun et de
l'arracher à l'état où la laisse la nature qui est au commencement de la propriété, sans
laquelle ces terres commune ne servent à rien. /Et le fait qu'on se saisisse de ceci ou de cela
ne dépend pas du consentement explicite de tous. Ainsi, l'herbe que mon cheval a mangée, la
tourbe qu'a coupée mon serviteur et le minerai que j'ai déterré, dans tous les lieux où j'y ai un
droit en commun avec d'autres, deviennent ma propriété, sans que soit nécessaire la cession
ou le consentement de qui que ce soit. Le travail, qui était le mien, d'arracher ces choses de
l'état de possessions communes où elles étaient, y a fixé ma propriété.

LOCKE, Second traité du gouvernement civil

Texte intéressant, qui met en relation plusieurs notions : on y trouve celle du travail, puis
celles de droit et de justice.

La thèse de l'auteur est intéressante. Il s'interroge sur le droit à la propriété : quand une

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chose devient-elle "mienne", et ce, de manière légitime ? quand m'appartient-elle de droit ?


Et il répond qu'l faut pour cela, non pas que l'on m'ait par convention désigné comme
possesseur de cette chose (par exemple, quand on hérite ou qu'on a possédé cette chose "en
premier") mais que j'y ai ajouté quelque chose de moi, par l'intermédiaire d'un effort, de mon
travail.

Il fallait prendre le soin, ici, de définir le travail de manière philosophique : ici, de qui se
rapproche l'auteur quant à sa conception du travail ? De Marx, et de Hegel : le travail est
valorisé car il est une transformation du donné naturel, et par cette tfansformation, l'homme
projette son humanité dans la nature, etc. (cf. cours et fiche travail). Il s'oppose clairement à
H. Arendt ! Le travail est ici ce qui me permet de posséder quelque chose légitimement car j'y
ai imprimé ma trace, et surtout j'ai fait effort, sur la nature et sur moi-même, j'ai lutté contre
mes penchants, etc., bref, je mérite cette chose !

Par conséquent, eu égard aux théories du contrat social, sa théorie est intéressante (vous
n'êtes pas censés connaître l'auteur, mais je précise tout de même, ce qui pouvait être
étonnant eu égard à cet extrait, que Locke est bien pourtant un penseur du contrat social!).
En effet, ces théories estiment que l'origine du droit et de la justice est, cf. Hobbes, l'homme
lui-même. Pas au sens où ce serait chaque individu qui, en imprimant sa trace sur les choses,
se les approprierait de façon juste et légitime, mais où ce serait par décision unanime, et
donc, par convention, que l'on instituerait le droit. Cf. fiches droit et Etat.Ici c'est tout de
même différent et il fallait réfléchir sur ce qui distingue Hobbes de Locke sur ce point !

Disons que cela revient en quelque sorte à trouver un fondement non conventionnel au droit
et à la justice ! Puisque ce fondement réside dans le travail de chacun sur la nature ! A
méditer également !

Proposition de plan :

Partie I : premier § : thèse de Locke : une chose devient nôtre quand elle est le fruit de
notre travail; ici, bien développer avant tout la notion de travail !

Partie II : début du second § jusqu'à "ne servent à rien" : prise en compte d'une
objection, et réfutation de cette objection : cf. théorie opposée du consentement
unanime (contrat social, etc., cf. Hobbes, Rousseau); l'humanité n'aurait pas survécu s'il avait
fallu attendre ! ici, argument non pas moral mais plutôt "efficace"...

Partie III : fin du texte : à partir de cette objection, approfondissement de sa thèse :


refus, finalement, du caractère conventionnel du droit et de la justice : méditer alors à la fois
sur ce que dit explicitement l'auteur, et sur le caractère non conventionnel du droit et de la
justice : c'est un moyen apparemment objectif de pouvoir juger de ce qui est une possession
juste ou pas.... cf. alors expression de "droit naturel", au sens de valeur universelle nous
permettant de juger de la légitimité de quelque chose (terme s'opposant au "droit positif");
ici, thèse plutôt d'ordre morale (plus qu'en II en tout cas !)

Sujet 1 Série ES : Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

La question renvoie à la définition classique de la philosophie, "philo-sophia" : amour de la sagesse;


sagesse : art de vivre, bonheur ? ou bien vérité, savoir ? Ce qu'il faut savoir c'est que justement ce que
suppose la philosophie, c'est que le bonheur ne peut se trouver si on ne connaît pas un minimum, à la
fois le monde, mais aussi, finalement, soi-même. La recherche du bonheur ne peut donc se faire qu'en
cherchant en même temps la vérité ! Par contre, il est vrai que la vérité peut parfois faire obstacle au
bonheur, cf. abandon de ses illusions, découvrir que le monde n'est peut-être pas si "doux" que nous
le croyions, etc. Vous aurez reconnu la philosophie et sa quête de réflexin sur nos préjugés : est-elle
un obstacle au bonheur ou pas ?

Attention au "faut-il" : est-il nécessaire ? mais aussi est-ce moral ?

I- Il faut préférer le bonheur à la vérité : la recherche de la vérité est trop difficile, et surtout
bien vaine !

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- le bonheur = épanouissement, satisfaction des désirs, etc. : opposé à l'effort, or, la vérité suppose
l'effort, l'exercice de sa raison...

- si on veut par conséquent trouver le bonheur alors il paraît nécessaire de ne pas s'occuper de la
vérité !

- en plus la vérité est un idéal inaccessible : comment peut-on jamais connaître le monde tel qu'il est
"en soi" ? cela est impossible à l'homme !

II- Mais le bonheur est-il vraiment accessible sans vérité ? cf. la philosophie antique comme art
de vivre

- distinction hédonisme et eudémonisme : pour être vraiment heureux, il faut exercer sa raison, se
modérer, et savoir comment est le monde et essayer de se connaître soi-même ; car sinon comment se
mettre en harmonie avec ce qu'on ne connaît pas ???

III- Pourtant la vérité n'est-elle pas parfois difficile à supporter ?

- cf. savoir qu'on est mortels, etc.

- mais ne pas oublier, cf. les stoïciens, que c'est justement en affrontant la vérité qu'on trouve le
bonheur (cf. fiche bonheur sur les stoïciens)

Sujet 2 Série ES : Une culture peut-elle être porteuse de valeurs


universelles ?

Ce sujet est plutôt "actuel" mais il interroge autant notre monde contemporain que la
philosophie.

En effet aujourd'hui on reproche aux occidentaux de vouloir imposer la déclaration des droits
de l'homme, notamment, parce que soi disant ce serait vouloir imposer à d'autres cultures que
la nôtre une conception de l'humanité. La question est de savoir précisément si l'on peut ou
non parler d'une conception unique de l'humanité ! Ou bien s'il n'existe que des conceptions
diverses de l'humanité, aucune ne valant plus qu'une autre ! Peut-on légitimement mais aussi
a-t-on les moyens, d'avoir un point "universel", de prétendre savoir ce qu'est le beau, le bien,
le juste, et l'homme ?

Cette question concerne aussi la philosophie car la philosophie, depuis Platon, a toujours été en
quête de valeurs universelles : cf. Platon et son monde des Idées ! Et la question qui traverse
les philosophies antiques : qu'est-ce qu'une vie digne de ce nom ? qu'est-ce que vivre
heureux ? etc. : cela suppose des critères communs à tous, de ce que c'est qu'une vie réussie,
qu'un homme véritable, que le bonheur, etc. La vie digne de ce nom est d'ailleurs pour les
philosophes une vie "selon la raison" !

Vous pouviez traiter ce sujet à partir du cours sur le langage : en général on étudie dans ce
cours le fait que le langage est culturel, et que chaque culture découpe, à travers le langage, le
monde à "sa façon", etc.

Une interrogation sur la nature humaine est au cntre de ce sujet : est-ce une notion
légitime ?

Termes importants :

- l'ethnocentrisme (cf. ci-dessous partie II)

- le relativisme : pour le relativisme, il est impossible que les hommes puissent s’entendre
sur ce qui est bien et mal pour TOUT homme. On ne peut parler que de ce qui est bien et mal
pour un individu, une culture, etc. Le relativisme, c’est donc la thèse selon laquelle toutes les
opinions (cultures, traditions, cultures) se valent. Tout comme « chacun ses goûts », « des
goûts et des couleurs, on ne discute pas », on aurait le droit d’émettre les opinions qu’on veut,
même dans le domaine des valeurs morales…

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I- Une culture ne peut légitimement se prétendre porteuse de valeurs


universelles ! c'est prétendre en effet qu'il y a des cultures meilleures que
d'autres et qu'une ou plusieurs de ces cultures peuvent juger des autres !

La lutte contre le relativisme ne serait-elle pas immorale ?

elle est également fondée sur


les idées de tolérance, de
L’un des fondements de la démocratie est la liberté
respect (cf. expression
individuelle
contemporaine « le droit à la
différence »)
au sein de laquelle on trouve la liberté de penser,
d’avoir les opinions, croyances, qu’on veut (on
pourrait nous interdire d’agir comme bon nous
semble, mais pas de penser comme bon nous Cf. Droits homme, article 1 nous sommes
semble) Cf. Droits homme, art. 18 tous, au-delà de nos différences, égaux, des «
hommes », et par conséquent, ces différences
en plus, cela est fondé sur la nature humaine, qui ont le droit d’exister, de se revendiquer même
se définit par cette liberté : porter atteinte à la
liberté de défendre les opinions qu’on veut, ce serait
donc porter atteinte à l’homme

Ici, le refus du relativisme paraît indéfendable parce que immoral, puisqu’il porte atteinte à
l’homme et à sa liberté fondamentale.

La culture qui voudrait se prétendre porteuse de valeurs universelles, comme le prétend par
exemple aussi la philosophie pourrait par conséquent être accusée d’être, contrairement à la
façon dont elle se présente, violente car non respectueuse des différences.

- cf. ici éventuellement étude de la philosophie de Platon (et critique "morale" alors !)

II- De toute façon on ne peut sortir de sa propre culture (cf. Levi Strauss,
Race et histoire, sur l'ethnocentrisme)On ne voit pas comment on pourrait
juger de la validité d’une thèse autre que la nôtre (ou que notre système
de référence, d’interprétation du monde, ne peut pas intégrer) ? Qui
pourrait prétendre être en la possession de valeurs transcendantes,
universelles ? Ne jugerait-on pas les autres selon nos valeurs à nous, ce
qui serait un mode de pensé erroné et en même temps qui manquerait de
respect envers l’autre ?

Cf. Levi Strauss, Race et histoire :

• chapitre 3, l’ethnocentrisme (« le barbare, c’est celui qui croit à la barbarie ») ;


• et chapitre 7, la place de la civilisation occidentale : « chaque culture serait incapable de
porter un jugement vrai sur une autre, puisqu’aucune culture ne saurait s’évader d’elle-même
et que son appréciation reste par conséquent prisonnière d’un relativisme sans appel ».

Selon Levi Strauss, toute société, toute communauté, a toujours du mal à accepter les
différences, du fait qu’on ne les comprend pas… Et qu’on croit que la différence n’est pas «
normale »

• L’actualité du débat : on pourra dire qu’aujourd’hui l’ethnocentrisme se retrouve


essentiellement chez les Occidentaux, et surtout chez les Américains. On veut imposer notre
vision du monde (et de l’homme) aux autres civilisations, en supposant donc qu’on est
détenteur des normes universelles. On sait ce qu’est l’homme…

 Cf. débat à propos des droits de l’homme : de quel homme parle-t-on ici ? de l’homme
occidental.

Texte de Marx, Question juive, 1843: " le droit humain de la liberté n'est pas fondé sur
l'union de l'homme avec l'homme, mais au contraire sur la séparation de l'homme d'avec
l'homme. C'est le droit de cette séparation, le droit de l'individu borné, enfermé en lui-même.
L'application pratique du droit de l'homme à la liberté, c'est le droit de l'homme à la propriété
privée. En quoi consiste le droit de l'homme à la propriété privée ? Art. 16 (Constitution de
1793) "Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son

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gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie." Par conséquent, le
droit de l'homme à la propriété privée, c'est le droit de jouir de sa fortune et d'en disposer à
son gré, sans se soucier d'autrui, indépendamment de la société c'est le droit de l'intérêt
personnel. Cette liberté individuelle, tout comme sa mise en pratique constituent la base de la
société civile. Elle laisse chaque homme trouver dans autrui non la réalisation, mais plutôt la
limite de sa propre liberté.

Ainsi, que faire par exemple, comme l’avait déjà vu Marx, du droit à la propriété ? du droit à
voir ses intérêts individuels défendus, quand on ne vit pas dans une société individualiste ???.

III- Pourtant, critique du relativisme des deux parties précédentes : la


raison n'est-elle pas une valeur en soi ? N'existe-t-il pas des valeurs plus
dignes de l'humanité que d'autres ? Peut-on en un sens parler de "nature
humaine" ou de "points communs à l'homme" ?

Les dangers de la tolérance « relativiste » :

Partons de quelques exemples :

(1) Hitler : les Juifs doivent être exterminés car ils sont une « race » inférieure
(2) Le droit à l’excision
(3) Les homosexuels sont des dégénérés

1) la dignité humaine = un concept occidental ?

Normalement, on ne devrait donc pas avoir le droit de juger de toutes ces opinions, parce
qu’on projetterait fatalement nos valeurs à nous sur des valeurs différentes.

Pourtant, on voit intuitivement que ces opinions et/ ou traditions posent un problème moral
fondamental : l’atteinte à la dignité humaine. Dira-t-on que le droit à l’intégrité de sa
personne, au maintien de sa liberté, etc., n’est relatif qu’à une culture, la nôtre ?

N’y a-t-il vraiment pas de valeurs universelles ? Minimales ? Notre problème va consister à
trouver des normes suffisamment générales (d’où le terme d’universel : qui sont les mêmes
partout, mais aussi qui ne soient pas trop précises) pour ne pas justement refuser les
différences. Ie, une norme de vie ne sera pas exclue sous prétexte qu’elle gêne une autre
communauté, mais bien l’humanité.

N’y a-t-il vraiment rien de commun entre les hommes, qui permettrait de distinguer entre elles
les traditions/ cultures/ opinions, sans être accusé d’imposer notre opinion ?

2) qu’y a-t-il donc de commun aux hommes, et comment cela permet-il de juger du
bien-fondé d’une norme de manière universelle (indépendamment de notre
appartenance à une tradition) ?

Cf. Kant et l’impératif catégorique : il a cherché, dans sa philosophie morale, un tel critère,
et nous allons refaire son raisonnement.

• On va tout simplement se demander si quelque chose en l’homme peut se retrouver chez


tout le monde. Pour cela, recherchons la définition de l’homme. Qu’est-ce qui fait qu’on est un
homme, et pas une pierre, une plante, une vache ? Ces exemples renvoient à des objets, ainsi
qu’à des êtres vivants. Il faut donc chercher ce qui distingue l’homme de tout ça.

- n’est pas un objet : car il a conscience de soi et des autres, ainsi que du monde extérieur
- allons plus loin : des autres êtres vivants ?

Sera-ce la satisfaction de ses besoins et de ses instincts, la recherche du bien-être ? Les êtres
vivants cherchent au contraire tous cela. Et on constate que l’homme, loin de se caractériser
par la recherche unique des besoins, est capable de s’extraire de ses penchants premiers, de
ses instincts, de la nature. Il fait autre chose car justement son instinct n’est pas très élaboré
(ouf ! nous ne sommes pas, de ce côté-là, aussi parfaits que les animaux, et c’est tant mieux
pour nous ?). Il est libre par rapport à la nature. On a vu que la raison est ce qui caractérise
cette faculté qu’a l’homme de se dégager de ses intérêts immédiats, on pourrait dire naturels.

Ce qui est propre à l’homme étant la raison, tous les hommes en sont dotés. Et comme c’est ce
qui fait de nous des hommes, on a ici ce que personne ne doit toucher. On pourrait nous
répondre que c’est de nouveau juste un critère d’utilité, celle de l’homme, et que d’autres
espèces que la nôtre pourrait dire que l’homme n’est pas une valeur suprême et donc la raison
non plus… Mais on voit que la raison nous éloigne du naturel et fait de nous des êtres doués de
valeur.

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Sujets du bac 2006 Page 9 sur 14

Tout ceci permet à Kant d’élaborer une morale universelle valable en tout temps et en tout
lieu. Cf. impératif… : "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne
que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais
simplement comme un moyen".

Sens de la formule : il ne faut jamais traiter autrui comme une chose, comme moyen pour
obtenir quelque chose d’autre. Ou prendre l’autre comme une chose dont je peux faire l’usage
que je veux, ou le vendre, etc. Car si les choses ont toujours une valeur potentielle, au sens où
elles ont une valeur d’usage et une valeur d’échange, autrui n’est pas une valeur relative mais
absolue. Pourquoi ? Car la raison = valeur car pas naturelle.

Ceci dit, pouvons-nous dire : « non, maman, tu n’as pas le droit de me demander de mettre la
table car cela reviendrait à me traiter comme quelque chose d’utile pour parvenir à tes fins" ;
ou encore : « je ne peux travailler c’est-à-dire échanger mes capacités et mes efforts contre un
certain salaire, car ce serait me « vendre »… ». On ne peut faire autrement, mais il ne faut
jamais oublier le respect dû à l’humanité (chez les autres comme en ma propre personne).

• Ce noyau commun sera ce qui permet de pouvoir juger des différences

Les valeurs universelles sont en effet rationnelles, on les trouve en exerçant notre raison… On
les a d’ailleurs trouvées en se demandant ce que ça veut dire pour un homme avoir une raison,
ou être une raison. On jugera des opinions à travers ce critère.

Sujet 1 Série S : Peut-on juger objectivement la valeur d'une culture ?

Sujet qui ressemble beaucoup au sujet n° 2 proposé cette année en série ES. Vous pourrez par
conséquent lire le corrigé proposé aux ES (ci-dessus) afin de compléter les idées de traitement
du sujet que je vous propose ici.

Ce qui me surprend vraiment c'est que ce sujet n'est pas vraiment traitable par un élève de
série S : ni autrui ni le langage ne sont au programme ! quand traite-t-on de ces séries de
sujets ethnologiques ou anthropologiques ? Sujet très difficile par conséquent puisque quasi
hors programme !

Une culture c'est une manière de voir le monde, les rapports qu'une société donnée entretient
avec la nature, mais aussi avec l'homme lui-même. Ce terme s'oppose nettement au terme de
"nature". Le culturel c'est la transformation de la nature, l'empreinte de notre manière de voir
et de vivre sur le monde (cf. art, etc.)

Vous pouviez penser à la philosophie qui essaie, depuis Platon, de s'affranchir de toute manière
de voir et de vivre trop subjective : pour elle en effet, il s'agit d'essayer de vivre bien, "vivre
bien" signifiant "vivre comme un homme digne de ce nom". Ainsi Platon a-t-il "inventé" son
hypothèse des Idées pour essayer de s'affranchir de la subjectivité (individuelle, culturelle, mais
aussi, finalement, humaine), afin d'essayer de savoir quelles sont les valeurs "en soi" : le juste,
le bien, le beau, le vrai, etc., tels que le verraient tout homme. Les philosophes grecs de
l'Antiquité prétendaient également atteindre à un idéal de vie, savoir comment bien vivre,
comment trouver le bonheur. C'est donc que les philosophes prétendent pouvoir juger de
manière objective, à travers la raison, une certaine méthode de pensée, de la valeur des autres
modes de vie, des autres manières de penser, etc.

Or, est-il possible de s'affranchir de sa subjectivité ? De son individualité mais surtout, de sa


culture ?

On pouvait ainsi critiquer l'entreprise philosophique/ platonicienne.

Ce qui peut se faire notamment, soit à travers la philosophie de Nietzsche, mais aussi, à
travers une interrogation sur une question au coeur du sujet finalement : s'il y a des valeurs
universelles, alors n'y a-t-il pas une nature humaine ? Que vaut cette notion, à la fois en
termes de "possibilité" (existe-t-elle) amis aussi en termes moraux (a-t-on le droit de croire
qu'il y a une nature humaine ? n'est-ce pas vouloir imposer sa vision de l'homme aux autres
hommes ?) ?

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Sujets du bac 2006 Page 10 sur 14

Y aurait-il des hommes capables de s'affranchir de leur culture (c'est ce que Levi Strauss
conteste à travers ce qu'il appelle l'ethnocentrisme, cf. corrigé ES ci-dessus)?

NB : on pouvait attendre d'un élève de S qu'il puisse recourir aux notions d'inconscient, de
liberté, de déterminisme : ne sommes-nous pas prisonniers de notre propre culture, à
travers l'éducation que nous avons reçue ? Cf. inconscient freudien, la notion de surmoi.
Sommes-nous simplement influencés ou bien déterminés à juger "normales", "allant de soi",
nos propres manières de vivre et de penser ? (que ce soit celles de notre culture au sens élargi
du terme, ou bien même au sens individuel...)

Une réflexion sur les préjugés, l'opinion, l'esprit critique, était également possible, à travers
tout simplement une définition de ce qu'est la philosophie : aller au delà des évidences, des
prjugés, etc.

La notion de valeur morale (bien/ mal) pouvait également être interrogée, à travers une
interrogation sur la distinction droit positif et droit naturel.

Sujet 2 Série S : L'expérience peut-elle démontrer quelque chose ?

Sujet qui porte essentiellement sur les notions de vérité et de démonstration. Ici, il fallait bien faire
attention à distinguer preuve et démonstration ! On prouve quelque chose quand on recourt à une
expérience ou un exemple, quand on s'appuie, par conséquent, sur le "réel" (le monde extérieur). On
démontre quand on utilise une série de raisonnements logiques. La preuve relève par exemple de la
physique, la démonstration des mathématiques pures et/ ou de la logique. Le sujet était donc plus difficile
qu'il n'en avait l'air !

Distinctions utiles : la distinction induction et déduction; la distinction vérité et validité

Problème ultime posé par l'énoncé : une vérité scientifique est-elle possible ? Les sciences appliquées
telles la science physique, la biologie, etc., peuvent-elles être vraies puisqu'elles ne peuvent recourir qu'à
la preuve et non à la démonstration ?

I- On peut d'abord s'interroger sur la contradiction à l'oeuvre dans l'énoncé : une


expérience ne peut rien démontrer, elle peut prouver, point ! (nous avons deux
moyens de parvenir à la vérité, selon les domaines qui nous occupent)

- la démonstration est logique et/ ou mathématique : nul recours au réel, il s'agit de raisonner, de déduire
à partir de données antérieurement admises, etc. Pas de rapport au réel donc à l'expérience ! que ce dont
on parle soit "vrai" ou pas, importe peu à la validité du raisonnement ! (cf. distinction vérité et validité);
précisons d'ailleurs qu'un raisonnement est par conséquent toujours vrai, qu'importe l'état du monde....

- l'expérience peut quant à elle "prouver" quelque chose, pas le démontrer ! on peut se servir de
raisonnements, certes, cela ressemble à la démonstration, certes, mais ce n'est pas la même chose ! on
pouvait ici décrire la démarche expérimentale en sciences, pourquoi pas décrire la démarche inductive...

II- conséquence, enjeu : dès lors, cela ne signifie-t-il pas que l'expérience ne peut
nous permettre de trouver définitivement le vrai ?

- rapport au réel, au monde sensible = signifie que ce que l'on a réussi à prouver par l'expérience peut être
demain remis en question !

- critique de l'induction : mode de raisonnement non valide ! cf. cours théorie et expérience, la dinde
inductiviste de Russell; cf. Hume

III- je peux tout de même prétendre parvenir par l'expérience à une approche de la
vérité ! sans expérience, je ne peux de toute façon prétendre à "rien" !

- cf. K. Popper et son critère de scientificité : on peut au moins prétendre savoir si une théorie n'est pas
fausse !

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- cf. Comte et le positivisme : critique des méthodes d'explication du réel qui se basent sur l'expérience,
non scientifique (expérimentation) mais sur le vécu : pas du tout valide ! on a quand même fait un progrès
énorme à travers la méthode expériementale !

- et puis pour finir pourquoi ne pas se faire nietzschéen et dire que ceux qui sont "déçus" de l'expérience,
et de son statut moins absolu que la démonstration, feraient mieux de s'interroger sur le pourquoi de leur
attitude : incapacité de supporter la vie ? (cf. la critique nietzschéenne des Idées platoniciennes)

- cf. aussi possibilité de faire descendre la démonstration de son piédestal en faisant remarquer qu'on ne
peut tout démontrer !

Sujet 3 Série S : Texte de Stuart Mill sur les rapports vérité et bonheur

Expliquer le texte suivant : La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas


requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise
du texte, du problème dont il est question.

En s'écartant, même sans le vouloir, de la vérité, on contribue beaucoup à diminuer la


confiance que peut inspirer la parole humaine, et cette confiance est le fondement
principal de notre bien-être social actuel ; disons même qu'il ne peut rien y avoir qui
entrave davantage les progrès de la civilisation, de la vertu, de toutes les choses dont
le bonheur humain dépend pour la plus large part, que l'insuffisante solidité d'une telle
confiance. C'est pourquoi, nous le sentons bien, la violation, en vue d'un avantage
présent, d'une règle dont l'intérêt est tellement supérieur n'est pas une solution ; c'est
pourquoi celui qui, pour sa commodité personnelle ou celle d'autres individus,
accomplit, sans y être forcé, un acte capable d'influer sur la confiance réciproque que
les hommes peuvent accorder à leur parole, les privant ainsi du bien que représente
l'accroissement de cette confiance, et leur infligeant le mal que représente son
affaiblissement, se comporte comme l'un de leurs pires ennemis. Cependant c'est un
fait reconnu par tous les moralistes que cette règle même aussi sacrée qu'elle soit,
peut comporter des exceptions : ainsi -et c'est la principale- dans le cas où, pour
préserver quelqu'un (et surtout un autre que soi-même) d'un grand malheur immérité,
il faudrait dissimuler un fait (par exemple une information à un malfaiteur ou de
mauvaises nouvelles à une personne dangereusement malade) et qu'on ne pût le faire
qu'en niant le fait. Mais pour que l'exception ne soit pas élargie plus qu'il n'en est
besoin et affaiblisse le moins possible la confiance en matière de véracité, il faut savoir
la reconnaître et, si possible, en marquer Ies limites.

Mill, L'Utilitarisme.

Question de savoir s'il faut ou non dire la vérité en toutes circonstances. Le problème n'est pas à
proprement parler d'ordre moral mais d'odre pratique : s'il ne faut en général pas mentir, c'est
parce que celui est nuisible au bien-être à la fois social et individuel. Il en va du bonheur, pas de
la morale. C'est un devoir en quelque sorte utilitaire, qui relève d'un calcul, pas un devoir
"moral", "bien en soi" (cf. la distinction contrainte et obligation, autonomie et hétéronomie). Du
coup, le devoir de vérité étant utilitaire, étant suspendu à la recherche du bonheur, Mill accepte
qu'il puisse y avoir des exceptions à la "règle de vérité"... Mais il précise bien pour finir que cela
doit rester exceptionnel...

On pouvait découper le texte, pour les besoins de l'explication, de la façon suivante :

Partie I : lignes 1 à 5 : la "règle de la vérité", un devoir social, et la condition du


bonheur, collectif comme individuel

 la vérité, condition , du progrès social, mais aussi, du bonheur, de la vertu :


 aspect "technique" et/ ou "scientifique" : la vérité participe au progrès humain : on pouvait ici
louer les progrès scientifiques, la recherche de la vérité, etc.
 mais le problème de la vérité est ici plutôt pratique et/ ou moral : il a à voir avec le fait de dire la
vérité ou pas aux autres, ceux avec lesquels je vis; c'est alors la notion de lien social qui est
importante; peut-on vivre en communauté, en paix, en société, si on ne se fait pas confiance les
uns envers les autres ? cela semble être la condition même de la vie en société : on vit en état
de guerre si on a peur les uns des autres et vivre en société c'est échapper à l'état de nature (cf.
ci-dessous, Hobbes)

http://www.philocours.com/corrigbac/sujetsbac2006.htm 06/12/2006
Sujets du bac 2006 Page 12 sur 14

 préciser que le bonheur n'est pas seulement individuel, subjectif, mais collectif, et objectif
 ce qui signifie que l'homme est un être social, qui ne s'épanouit, comme homme mais aussi comme
individu, qu'à l'intérieur d'une société
 ici, références possibles : Aristote, l'homme est un "animal politique"; Platon, La République;
Victor, l'enfant sauvage; mais aussi les philosophies du Contrat Social, cf. Hobbes et/ ou
Rousseau
 d'ailleurs Hobbes analyse les conditions auxquelles la vie en société est possible : il faut bien
selon lui avoir confiance en son semblable ! sinon on vit dans la peur incessante de mourir ...
(l'Etat a été institué afin de pallier au manque de confiance des individus les uns envers les
autres à l'état de nature)
 bien préciser aussi que l'impératif de vérité est alors suspendu à une certaine utilité, à un intérêt : ce
n'est pas une obligation à proprement parler : analyser ici la notion de devoir moral
 pourquoi pas le faire à travers l'impératif catégorique kantien (pour Kant s'il y a un impératif ou
une "règle de vérit" cette règle vaut en soi, parce qu'elle est bonne, point; pas et surtout pas
parce qu'elle nous apporterait le bonheur, car cela peut mener à l'immoralité; la notion d'intérêt
ou d'utilité est pour ce dernier bannie de la morale)

Partie II : lignes 5 à 10 ("c'est pourquoi" à "pires ennemis") : cette règle de vérité est
donc sacrée et doit être punie par la loipuisque quand on la respecte pas on est le pire
ennemi de la société...

 ici on pouvait préciser que ce n'est pas, contrairement à ce que pourrait laisser entendre la première
partie du texte, pour son simple confort et bien-être qu'il faut respecter l'impératif de vérité; en effet
Mill nous parle quand même de "morale" et pas simplement d'"utilité" puisqu'il nous parle de bien et de
mal
 on empêche la société de progresser, on fragilise le lien social.. ne risque-t-on pas alors d'en revenir à
l'état de nature tellement décrié par Hobbes ?

Partie III : fin du texte : pourtant, il y a des exceptions à cette règle de vérité, ce que
ne saurait accepter un philosophe comme Kant par exemple ! même si Mill préconise
pour finir la prudence quand on viole même "pour bien faire" la règle de vérité, il s'agit
donc bien tout de même d'une philosophie "utilitariste", pour reprendre le titre de son
oeuvre !

 on peut lier ici l'explication à la question de savoir si la fin justifie les moyens : parfois, pour bien faire,
on est obligé de mentir ! de cacher une vérité "dangereuse" !
 on peut même généraliser le problème à la question de savoir si la vérité rend heureux ou bien
malheureux ? cf. allégorie de la caverne de Platon

Sujet 1 Séries technologiques : Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ?

Sujet assez classique qui interroge les raisons humaines de recherche de la vérité. Mais le
sujet renvoie égalemet à la notion de désir, puisqu'il s'agit de savoir si c'est seulement un
besoin ou bien un désir vain, qui nous fait chercher la vérité ...

Est-ce un besoin ? C'est-à-dire quelque d'utile, à la fois pour survivre mais également vivre
mieux ? Etre plus heureux ? Vivre en harmonie avec le monde et avec soi-même, etc.

Ou bien cela ne sert-il à rien ? La question devient alors "mais à quoi bon chercher la vériité" !
Peut-être parce que ça ne sert pas à survivre ? Parce que tout simplement la vérité étant
impossible à découvrir (cf. cours vérité et notamment, la notion de vérité scientifique), cela ne
servirait à rien de la chercher ? -La question est alors bien nieztschéenne...

Mais cela ne sert peut-être à rien parce que atteindre la vérité, lever le voile des apparences,
c'est en finir avec l'illusion qui peut être plus rassurante que la vérité ! Cf. Platon, allégorie de
la caverne, ainsi que le film Matrix (sur mon site, cf. cours d'introduction à l'idéalisme).

Plan possible :

I- Nécessité vitale et humaine = accéder au réel (aspect métaphysique du problème ;


la vérité comme accès au réel véritable ; on ne peut pas vouloir l’erreur)

- pour survivre dans le monde, il faut le connaître : la connaissance est utile à la survie

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Sujets du bac 2006 Page 13 sur 14

- pour être heureux, il faut connaître la vérité : cf. l’idée de sagesse antique (philo-sophia :
amour de la sagesse = recherche à la fois de la connaissance et du bonheur) ; Platon et le
monde des Idées dans l’Allégorie de la caverne
- pour être un homme digne de ce nom, il faut développer notre esprit (le loisir philosophique,
l’idéal de la contemplation, de la théoria)

- ici, on répondra que la vérité semble être une nécessité d’ordre à la fois vitale et « humaine
», la vérité a donc une grande valeur, on ne saurait s’en passer ; un homme qui ne voudrait
pas chercher ni obtenir la vérité, serait un être humain qui ne survivrait pas, et qui ne serait
tout simplement humain

II- Devoir moral (aspect moral et politique du problème ; la vérité comme volonté de
ne pas mentir, de ne pas tromper)

- devoir « civil » : une société ne peut reposer sur le mensonge (cf. contrat social, promesse,
réalité du tribunal, etc.)
- dans le domaine moral : vouloir la vérité est un devoir moral absolu, cf. l’impératif kantien
(dire la vérité c’est respecter l’autre, c’est-à-dire, le considérer comme une personne, etc.)

- ici, on devra vouloir la vérité à tout prix c’est-à-dire à n’importe quel prix, même si cela mène
à la mort, au sacrifice (on peut ainsi critiquer Galilée et louer Socrate…)

III- Remise en question des présupposés à l’œuvre ci-dessus : on peut revenir sur les
difficultés à l’œuvre dans les deux premières parties, pour remettre en question l’idée de «
valeur de la vérité » (on ne peut pas vouloir chercher la vérité à n’importe quel prix, si cela
contredit d’autres valeurs que l’on va décréter plus importantes…)

A- et si la découverte de la vérité menait au malheur ? (cf. critique de Platon par Nietzsche : le


monde des Idées comme « illusion des arrière-mondes », comme incapacité à supporter la vie)

B- dans le domaine moral : morale qui ne prend pas en compte les circonstances particulières,
cf. exemple de la maladie incurable

C- dans le domaine politique : le bon politique n’est-il pas celui doit savoir mentir ? cf. notion
de raison d’Etat (« le salut du peuple est le bien suprême »)

Sujet 3 Séries technologiques : texte de Spinoza sur la liberté


d'expression

Puisque le libre jugement des hommes est extrêmement divers, que chacun pense être seul à
tout savoir et qu'il est impossible que tous donnent la même opinion et parlent d'une seule
bouche, ils ne pourraient vivre en paix si l'individu n'avait renoncé à son droit d'agir suivant le
seul décret de sa pensée. C'est donc seulement au droit d'agir par son propre décret qu'il a
renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite nul à la vérité ne peut, sans danger
pour le droit du souverain(1), agir contre son décret, mais il peut avec une entière liberté
donner son opinion et juger et en conséquence aussi parler, pourvu qu'il n'aille pas au-delà de
la simple parole ou de l'enseignement, et qu'il défende son opinion par la Raison seule, non par
la ruse, la colère ou la haine, ni dans l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de
l'autorité de son propre décret.

Spinoza

(1) : souverain : autorité Individuelle ou collective à qui seule "il appartient de faire des
lois" (selon Spinoza)

QUESTIONS :
1. Dégagez la thèse de l'auteur et précisez les étapes de son raisonnement.
2. Expliquez :
a. "il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en conséquence aussi parler."
b. "ni dans l'intention de changer quoi que ce soit dans l'Etat de l'autorité de son propre
décret."
3. La liberté d'expression doit-elle être illimitée ?

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Sujets du bac 2006 Page 14 sur 14

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