Humour Traditions Betisier Militaires
Humour Traditions Betisier Militaires
Humour Traditions Betisier Militaires
HUMOUR,
&
BÊTISIER
MILITAIRES
C'est par son prisme que toute réforme de celle-ci devrait être en partie analysée.
Dans ce recueil, il ne sera pas fait état des Traditions fondamentales de notre Armée qu'il est aisé de retrouver.
Bonne lecture.
TABLE DES MATIERES
Document de l’Ecole d'Application de l'Infanterie de Saint-Maixent (1960), complété par divers apports.
Le Breveté. Le Breveté prend tout au sérieux et court dans les couloirs ; il peut à la rigueur porter à pied un ordre
écrit. Comme la porcelaine de chine, il est finement décoré et raisonne agréablement ; fragile, il ne doit pas être
exposé au feu.
Les Stratèges et les Tacticiens. Sur la carte d’état-major, là où c'est vert, ils mettent de l'infanterie ; quand c'est blanc
ils y disposent les chars, si c'est bleu le génie apparaît.
Le Fantassin. C'est le roi des c..s. Il est méfiant, a horreur d'être couil....é, et répugne à l'effort inutile.
Le Cavalier. Le Cavalier est un Monsieur qui, à force d'exercices aussi violents que répétés, a réussi à transformer le
peu de cervelle qu'il possédait en muscle.
Les Officiers de Cavalerie appartiennent à une race en voie de disparition. Il en subsiste quelques spécimens en
Russie chez les Cosaques, en Afrique dans la Garde des Sultans et en Europe dans les concours hippiques. Leurs
chevaux et leurs chiens les aiment...
Le Légionnaire. Le Légionnaire salue tout ce qui bouge et repeint en blanc le reste (se dit aussi des Marins).
Les Paras. Les Paras sont comme les pédés. Ils voudraient que tout le monde le soit.
Le Sapeur. Le Sapeur est, comme le mulet, entêté et prudent, travailleur mais stérile. Rustique, il n'a pas besoin de
pansage. Sobre mais âpre à défendre sa mangeoire, il joint à la saleté inhérente à son Arme la méfiance du Fantassin,
l'arrogance du Cavalier et la suffisance de l'Artilleur.
L'Intendant. L'Intendant est un " Monsieur " qui s'engage juste assez pour obliger les autres à s'engager à fond.
Les Gradés. Le Sous-lieutenant est insolent, famélique et nul. Le Lieutenant est inconscient, désorganisé et moche.
Le Capitaine est vaseux, prétentieux et satisfait.
Le grade de "Commandant" est un grade inutile qu'il faut s'efforcer de ne pas rendre nuisible
Les Relations entre Officiers. Les Sous-lieutenants sont des copains. Les Lieutenants sont des amis. Les Capitaines
sont des camarades. Les Commandants sont des collègues. Les Colonels sont des concurrents.
Les Généraux sont des adversaires. Mieux vaut ne pas en parler puisqu'on affirme que le cannibalisme a
pratiquement disparu de notre planète.
Des Compétences. Le Sous-lieutenant fait tout et prétend tout savoir. Le Lieutenant fait tout et ne sait rien. Le
Capitaine sait tout et ne fait rien.
Le Commandant ne sait rien et ne fait rien. Le Lieutenant-colonel ne veut rien savoir ; il est de l'avis du Colonel. Le
Colonel croit tout savoir, il rappelle, signe en s'étonnant parfois, rend compte et s'en fout (il partira sûrement avant
deux ans).
Le Général s'étonne..., et ne comprend pas et s'en lave les mains. L'Inspecteur est très content. Le Ministre a
décidé..., et signé P.O., Signé P.A. " le garde d'écurie ".
La Compétence est fonction du Grade ; elle se détermine en partant de la droite et se reconnaît aisément sur les
épaules.
Pour un Officier d'un grade donné, la catégorie des imbéciles commence au grade immédiatement supérieur ; celle
des idiots à celui immédiatement inférieur.
De l'Avancement. Opération administrative ambiguë qui, pour une maigre augmentation de salaire, amène son
bénéficiaire à être traité de c.. par un nombre de plus en plus imposant de subordonnés.
Les Officiers qui avancent très vite et ceux qui avancent trop lentement ont le privilège commun de pouvoir tutoyer
de plus en plus de monde.
Corollaire : tout supérieur est un c.., par définition. Il est toutefois judicieux de ne pas le crier trop fort.
De la Discipline. La Discipline oblige essentiellement à avoir l'air plus bête que son supérieur.
De la Tenue. La Tenue est la première qualité d'un Officier ; elle est souvent la seule et cela lui suffit.
De l'Ancienneté (ou du Grade). L'Ancienneté (ou le Grade) confère la Science (Formule G x T) = Cte : Le produit du
grade par le travail est une constante.
De la Voie Hiérarchique. La Voie Hiérarchique est le chemin le plus long d'un point à un autre ; c'est une voie
dangereuse, parsemée de malveillance à la montée et de rosseries à la descente.
De la Hiérarchie. Les Officiers peuvent être classés en 4 catégories : les intelligents, les travailleurs, les paresseux et
les stupides.
La hiérarchie, c'est comme les étagères, plus elles sont placées haut et moins elles servent.
De l'Etat-Major. L'Ecole d'Etat-major n'a pas pour but de rendre les gens intelligents, mais de les rendre
"exploitables".
Yaka - Yakapa - Yanamar - Yanaplu - Yapluka - Yavéka - Yavékapa - Yfodra - Yfodrapa - Yfodrèlfer - Yfolferfer -
Yfokon - Yfolfer - Yfopalfer - Yoraka - Yorakapa - Ynonka - Ynonkapa - Ynoufonchié - Yrestka
Compréhension des ordres. À la réception d'un ordre, le Fantassin écoute, ne comprend pas, fait répéter, exécute mal,
mais rend compte.
Le Sapeur écoute, ne comprend pas, fait répéter, sourit ; on croit qu'il a compris... Pas du tout ; il vient de trouver une
objection !
Le Cavalier n'écoute pas, part au galop, va n'importe où, revient, salue et dit :"Tout va bien" !
Le terme "galop" est toutefois impropre en ce qui le concerne. On se rappelle en effet la façon de reconnaître l'Arme
d'un "conducteur de cheval" : au pas, c'est alors un Cavalier ; au trot, c'est un Artilleur ; au galop, c'est un Fantassin ;
au triple galop, c'est un Marin. Si vous croisez un cheval seul, peu importe l'allure, selle sous le ventre, c'est celui qui
a fait tomber le Toubib.
Pour clore cette parenthèse sur l'équitation, sachez que le Marin et l'Aviateur montent avec passion, que l'Artilleur
monte avec prétention, le Fantassin avec appréhension et le Cavalier avec résignation.
L'Artilleur n'écoute pas, exécute mal, ne rend pas compte. Il tire sur... l'ordre de son supérieur.
Le Marsouin se démerde.
Humour.
Quand on lui raconte une blague, le Fantassin sourit trois fois : quand on la lui raconte ; quand on la lui explique ;
quand il l'a comprise.
Dans ces mêmes circonstances, le Cavalier sourit deux fois : quand on la lui raconte et quand on la lui explique (il ne
la comprend jamais).
L'Artilleur sourit une demi-fois quand on commence à la lui raconter. Il la connaît, s'esclaffe et la raconte à sa façon ;
mais il ajoute aussitôt qu'il en connaît une plus paillarde.
Le Breveté sourit une fois, quand on la lui raconte. On n'ose pas lui expliquer et il ne la comprend jamais.
Le Médecin ne sourit pas, car il connaît toutes les histoires, même les moins drôles.
Harangue du Colonel devant ses hommes : le Sous-lieutenant a des roubignolles, le Lieutenant a des roupettes, le
Capitaine a des roustons, le Commandant a des burnes, le Lieutenant-colonel a des burettes, quant au Général, il a un
gland orné comme il convient avec des feuilles de chêne. Seul le Colonel a des couilles !!!
Quant à vous, tas d'bleus, vous n'avez que des testicules, et encore il est fortement question de vous les supprimer !
C'est dans les vieilles culottes de peau que battent les coeurs des braves.
Un homme, c'est comme un sac : il ne tient debout que si il est plein (Napoléon).
Vocabulaire.
On dit respectivement :
ma jument (ce peut être un cheval ou un hongre et pas une jument, mais on pense que le mot "jument" a quelque
chose de mieux),
mon Lieutenant,
la bouche de ma jument (même commentaire que ci-dessus),
l'avant-main et l'arrière-main, le cavalier a été admirable s'étant laissé aller pour éviter une faute à sa jument,
et enfin un cheval gris.
On dit respectivement :
le passepoil bleu-jonquille,
la couleur bleu-cerise (en effet seuls sont rouges la Légion d'Honneur, le Drapeau, les lèvres de la femme aimée. Le
sang est vert, car le sang vert c'est pour la France – jeu de mots -),
les caisses-claires,
et enfin fanfare...sonnez.
Dans toutes les Armes et dans tous les Services, on ne dit pas "je vais coincer la bulle", on dit "je vais préparer
l'Ecole de Guerre", sans oublier d'ajouter le numéro de la leçon que l'on prépare.
Infanterie. L'Infanterie est la reine des batailles et le Fantassin le roi des c..s.
Marine. Dans la Marine, on salue tout ce qui bouge et on repeint le reste. Les sous-mariniers forment un Corps
d'Officiers d'une étanchéité à peu près absolue.
Armée de l'Air. On a coutume d'appeler ses personnels les "Gonfleurs d'hélice" (quant à savoir pourquoi ?).
D. Organisation du Commandement
Le Commandement dit "Haut commandement" est exercé par des Officiers généraux.
Le Commandement dit "supérieur" est exercé par des Officiers supérieurs.
Le Commandement dit "Bas commandement" est exercé par des Officiers subalternes.
F. Des Conseils
Pour le choix de l'Arme ou de l'Armée. Pour "réussir", il faut se distinguer, être le seul au milieu des autres ! Alors...
Il n'y a pas d'affaires urgentes, il n'y a que des gens pressés ou du courrier en retard.
Mieux vaut jamais que tard.
L'initiative est une indiscipline qui réussit. En revanche, La connerie est une initiative qui ne réussit pas.
Ne prend jamais une initiative sans en avoir expressément reçu l'ordre ; pour être louable, une initiative ne doit
jamais être malheureuse.
Il y a deux sortes d'initiatives : la première ou "positive" consiste à exécuter un ordre que l'on n'a pas reçu, mais que
l'on aurait dû recevoir. La seconde ou "négative" consiste à ne pas exécuter un ordre reçu mais que l'on n'aurait pas
dû recevoir.
Si un Supérieur t'intimide, représente-toi le assis sur son siège de WC..., c'est radical.
La force d'inertie étant, avant la discipline et l'ancienneté, la force principale des Armées, ne rien faire est un devoir
impérieux ; il importe cependant de la faire de bonne heure et tous dans la même tenue.
Ceux qui sont baisés le sont bien et doivent se considérer comme tels ; ce sont, en principe, toujours les mêmes.
Travaille, et tu seras récompensé dans la personne de tes Chefs.
Le confort du Chef est la tranquillité du soldat.
Il n'importe pas de connaître une question pour l'exposer, ni de détenir un grade supérieur pour la résoudre.
Ne rien faire et laisser dire.
Si tu manoeuvres à l'école, comme à la guerre, tu te fais engueuler. Mais, si tu manœuvres à la guerre comme à
l'école, tu te fais tuer.
Faire, c'est bien. Savoir faire, c'est mieux. Savoir faire faire, c'est encore mieux. Mais ce qu'il y a de meilleur, c'est de
faire savoir !
N'importe qui étant bon à n'importe quoi, on n'importe quand le mettre n'importe où.
Le bon travail n'a pas d'importance, on est jugé sur ce qu'on a fait de pire et c'est généralement un autre qui profite de
ce que l'on a fait de meilleur. Le mauvais travail n'a pas davantage d'importance car les autres font pires et en
définitive ce sont les incompétents qui demeurent le plus longtemps en place.
Quand j'étais petit, je m'étonnais de tout. Maintenant, je ne m'étonne de rien. Bientôt, je vais étonner mes chefs.
La gravité est le bonheur des imbéciles et le rempart des idiots.
Une conférence doit être comme une robe de femme : assez longue pour recouvrir l'essentiel, et assez courte pour
retenir l'attention.
L'urgent est parti, l'impossible est en train de se faire, pour les miracles, nous demandons vingt-quatre heures.
Les étapes d'un projet militaire sont les suivantes : acceptation sans restrictions, enthousiasme débordant, désillusion
totale, recherche des coupables, punition des innocents et promotion des non-participants.
Le seul raisonnement reconnu dans l'Armée est celui du tambour.
Ne pas l'avouer ;
Attendre sans impatience un ordre de travail, ne pas le provoquer ;
Ne pas embêter ceux qui travaillent effectivement, ne pas les jalouser ;
Adopter une position de repos donnant à s'y méprendre une impression de travail ;
Rester décontracté et supporter sans fatigue apparente toute inactivité, si longue soit elle ;
Aimer le travail bien fait, et pour cette raison ne pas hésiter à le laisser faire par un camarade plus qualifié ;
On peut aimer le travail et lui préférer le repos, si certains ne savent pas travailler, d'autres ne savent pas rester sans
rien faire. Ne souffrir d'aucun complexe pour se présenter chez le trésorier après un mois passé dans l'inactivité la
plus totale :
Il y a beaucoup plus d'accidents de travail que d'accidents de repos ;
Le travail use : économisons-nous.
En conclusion
Tout problème comporte au minimum deux solutions : la bonne et celle de l'Ecole de Guerre.
Les choses finissent toujours par s'arranger. Il n'y a pas d'exemple qu'une situation militaire, si catastrophique soit
elle, soit restée sans issue ou n'ait été remplacée dans la limite qui suit par une situation plus catastrophique encore.
F. Le Tir de l'Artilleur
Tous ceux-là et beaucoup d'autres qui n'osaient plus comme autrefois crier "Mort aux cons" de peur de se retrouver
tous sur les diguettes de la vie éternelle, avaient tout de même fini par se mettre d'accord et par retrouver le sourire et
un air indulgent en contemplant de grands diables tout noirs avec les dents très blanches encadrés par des Capitaines
ventrus doublement hameçonnés, et la devise de tous à ce spectacle était : "Dans le béton, les plus cons".
Ce qui était faux tout de même car il n'y avait pas de béton assez important pour y nécessiter la présence et y justifier
la solde de certains Officiers supérieurs.
I. De la Vie en Popote
Connus ou inconnus, de l'arme ou d'autres armes, en civil ou en tenue, toujours se présenter ou saluer ses supérieurs
en arrivant ou lorsqu'ils arrivent.
Enoncé du menu par le popotier (officier de grade le moins élevé, promu le dernier)
Vos gueules là-dedans ! Mon ...... (grade du président), nobles invités (éventuellement), messieurs,
Voici le menu en date du ......, de l'an de grâce ...., fête à souhaiter ......,
Le soleil se lève à ..... et se couche à .....
Bon appétit ......, bon appétit messieurs ; foutez-vous en plein la gueule ; que la première bouchée vous réjouisse, que
la dernière bouchée vous étouffe, et ce dans l'ordre hiérarchique inverse afin de faciliter par là le jeu normal de
l'avancement dans l'Armée française en général et au ...... en particulier, ce dont je serai d'ailleurs le dernier et oh
combien indigne bénéficiaire.
Les officiers répondent alors : "Mort à ce cochon de popotier, qu'il en crève et que le cul lui pèle".
La clôture se fait dans la tradition de chaque arme ou subdivision d'arme :
Pour les TDM : Et au nom de Dieu, vive la Coloniale !
Pour toutes les armes et subdivisions : Et par Saint-... (le Saint-Patron de chaque arme), vive ...... !
Pour la Cavalerie suivi d'un toast : "À nos femmes, à nos chevaux, à nos escaliers et à ceux qui les montent" !
A la Légion étrangère, suivi d'un toast : "Attention pour la poussière, prêt, envoyez", suivi du refrain du "Boudin".
Pour les Chasseurs, suivi de : "Et par le Duc d'Orléans, notre père, vive les chasseurs" ! Suivent la Sidi-Brahim et le
refrain du bataillon concerné.
Pour les paras : Et par Saint-Michel, vive les paras !
Dans une popote d'artilleurs, suivi de "Artilleurs mes chers frères".
A bord d'un navire, ne pas oublier de saluer le pavillon en arrivant et en quittant le bord. Le Pacha s'appelle
"Commandant", terme réservé à tout commandant de bateau quel que soit son grade.
Dans une réception : Ne jamais allumer une cigarette sans voir un cendrier. Il vaut mieux demander l'autorisation au
président.
Mettre les mains dans le dos plutôt que dans les poches.
Etre patient avec le père, prévenant avec la mère, gentil avec la fille. Rappelons que l'on dit "la dame de pique et la
femme du capitaine" et non "la femme de pique et la dame du capitaine".
Savoir arriver et... savoir partir.
Pour être un bon compagnon, savoir toujours traiter sérieusement les choses légères et légèrement les choses
sérieuses (un Officier triste est un triste Officier).
J. Le Rôle du cadre
De maintenir sa décision ;
De découvrir qu'elle ne l'a pas été ;
D'écouter les excuses de celui qui aurait dû le faire ;
De suivre de nouveau la question pour s'assurer que, cette fois, la chose a été bien faite ;
De s'apercevoir qu'elle a été faite de travers ;
De déterminer exactement comment elle aurait dû être faite ;
De conclure que, maintenant qu'elle a été faite, c'est toujours mieux que rien et qu'il vaut mieux laisser les choses en
l'état ;
De se demander si on ne pourrait pas se débarrasser de ce type qui fait toujours tout de travers ;
De se dire qu'il doit avoir une femme et de nombreux enfants, qu'au fond son successeur serait probablement aussi
mauvais que lui, et peut-être pire, et qu'en tout cas il faudrait le payer plus cher ; s'asseoir tristement, et se dire qu'on
aurait pu faire la même chose soi-même en vingt minutes, alors qu'on a perdu deux jours à comprendre pourquoi il a
fallu trois semaines à quelqu'un d'autre pour le faire de travers.
La Prière du Célibataire
L. Quelques Adages
Mieux vaut fermer sa gu…, et passer pour un c.., que de l’ouvrir et ne laisser ainsi aucun doute à ce sujet.
Ce n’est pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gu….
« Ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n’en savent pas plus qu’eux ». Pierre DAC.
Il vaut mieux être saoul que c… Ca dure moins longtemps !
« Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images ». Jean COCTEAU.
Les Logisticiens
Auteur inconnu
Les logisticiens sont une race d'hommes tristes, très demandés pendant la guerre et qui s'enfoncent, pleins de
ressentiment dans l'obscurité en temps de paix Ils jouent uniquement avec des faits mais doivent travailler pour des
hommes qui haïssent leurs théories.
Ils ont de l'importance pendant la guerre parce que la guerre est principalement un fait. Ils disparaissent en temps de
paix, parce qu'en temps de paix la guerre est principalement une théorie.
Les gens qui abondent en théories, qui emploient des logisticiens pendant la guerre et les ignorent durant le temps de
paix, sont les Généraux. Les logisticiens haïssent les Généraux.
Les Généraux constituent une race heureuse, bénie, qui irradie la confiance et la puissance. Ils ne se nourrissent que
d'ambroisie et ne boivent que du nectar, sauf lorsqu'ils s'adonnent au whisky.
En temps de paix, ils sifflotent avec confiance et peuvent envahir un continent simplement en balayant largement de
leur main sur une carte, pointant de façon décisive leurs doigts sur des couloirs terrestres et bloquant les défilés, en
même temps que créant des obstacles avec la tranche de leur main.
Pendant la guerre, ils doivent siffloter plus lentement parce que chaque Général a une escorte logisticienne à ses
côtés, et il sait qu'à chaque instant le logisticien peut s'avancer et chuchoter : "Non, vous ne pouvez pas faire cela ".
Les Généraux craignent les logisticiens pendant la guerre et, en temps de paix tentent de les oublier.
Marchant à côté des Généraux, il y a les stratèges et les tacticiens. Les logisticiens font rager les stratèges et les
tacticiens. Les stratèges et les tacticiens, avant de devenir Généraux, comme c'est habituel chez eux, ignorent les
logisticiens.
Quelquefois, un logisticien arrive à être Général. Dans un tel cas, il doit s'associer avec les autres Généraux qu'il hait
; il y a alors une équipe de stratèges et de tacticiens qu'il fait rager et, derrière lui, un logisticien qu'il craint.
C'est pourquoi les logisticiens qui deviennent Généraux attrapent, en même temps, des ulcères à l'estomac et ne
peuvent alors se nourrir d'ambroisie et boire leur nectar ou leur whisky ; et ceux qui ne sont pas Généraux risquent
l'infarctus.
S'il vient de prendre le commandement, il lui faudra quelque temps avant qu'il ne connaisse son unité.
S'il commande l'unité depuis quelque temps, il est temps qu'il s'en aille.
S'il vient d'un état-major, il est resté trop longtemps éloigné de la troupe.
S'il possède l'expérience de la troupe, il s'est encroûté et ferait bien de retourner à l'école.
Si son avancement a été rapide, il est un peu jeune pour son grade.
S'il a été promu à son tour normal, ce n'est pas un génie.
S'il prend les choses en mains, il devrait déléguer plus d'autorité...
S'il délègue son autorité, il en prend à son aise.
S'il critique les décisions de l'échelon supérieur, c'est un "rouspéteur".
S'il les approuve, c'est un "lécheur de bottes" ou un manquant de caractère.
S'il s'en tient aux règlements, il manque d'esprit pratique et complique les choses.
S'il arrondit les angles, il finira par s'attirer des ennuis, si même ce n'est pas déjà fait.
S'il attache de l'importance à l'instruction, c'est certainement au détriment de l'administration.
S'il en attache à l'administration, il doit négliger l'instruction.
S'il sait prendre rapidement une décision, c'est un impulsif, n'en pesant pas les conséquences...
S'il en étudie les conséquences, c'est un indécis.
S'il contrôle de près le travail de ses subordonnés, il s'en méfie, et les terrorise...
S'il les laisse agir, il ne s'intéresse pas à leur travail et encourage leur négligence.
S'il tient compte du jugement de ses officiers et sous-officiers, il se laisse dominer par ses subordonnés...
S'il néglige leur jugement, il les décourage en leur donnant un complexe d'infériorité.
S'il exige que ses subordonnés passent par la voie hiérarchique, il se rend inaccessible...
Si sa porte leur est ouverte, il verse dans la familiarité.
Si les rapports sont brefs, les questions qu'on y traite sont d'un ordre trop général...
S'ils durent plus de temps, il sous-estime l'intelligence de ses subordonnés en entrant dans le détail, et leur fait perdre
du temps.
S'il ménage ses hommes, il les gâte...
S'il les mène à la spartiate, c'est un sadique.
S'il y a peu de punitions dans son unité, c'est le reflet de son inaptitude à commander.
Si, etc...
Mais, quoi qu'il fasse, il aura tort. C'est un miracle qu'il soit encore dans l'Armée. Il devrait se retirer quand il en est
encore temps.
Le Poireau
Ce terme désigne affectueusement un Officier général. En effet, ici on le compare à ce noble légume dont la tête est
certes blanche, mais dont la queue reste toujours verte.
"Un bon guerrier est un bon queutard. L'inverse n'est pas forcément vrai".
(Général CAILLAUD - ETAP - 1973).
Vous trouverez ci-dessous une description historique et scientifique de ce végétal (auteur inconnu)..
Le Poireau, du Latin "Parrum", se présente sous forme d'une tige dont la longueur est variable suivant l'âge du sujet.
Nous considérons dans cet exposé uniquement le cas du poireau adulte.
Il se distingue par un bulbe oblong, garni de polis abondants à l'une de ses extrémités, d'une saveur fade et d'une
odeur âcre.
L'origine du poireau est très ancienne. C'est notre ancêtre Adam qui l'introduisit le premier, et pas seulement dans les
Bouches-du-Rhône comme le prétendent certains.
Dès le début, le poireau fut introduit dans le corps enseignant. Henri IV voulut mettre le poireau dans le pot. Bien
que cet usage ne soit pas entré dans les moeurs, il est encore pratiqué de nos jours.
Plus tard, vers le dix-huitième siècle, Saint-Germain, qui en possédait un beau spécimen, l'introduisit un peu partout
en France.
La culture du poireau florissante jusqu'à nos jours a eu de nombreuses maisons spécialisées dans l'art de la
plantation. Depuis quelques années, ces maisons sont fermées, mais la plantation du poireau n'a nullement souffert de
cet état de chose puisque depuis, elle se propage d'une manière artisanale et familiale.
Il y a différentes façons de planter le poireau. Il est bon de le planter dès que sa longueur atteint quinze centimètres.
Prendre alors le poireau adulte, bien ferme et barbu à souhait, l'enfoncer par la tête dans les terrains vierges de toute
culture, bien ombragés et humides. Il réussit particulièrement dans les terrains gras situés dans les vallées. Le poireau
s'accommode très bien du voisinage de l'oignon qui, dans certains cas, favorise son développement.
Dans sa jeunesse, le poireau se plante souvent derrière l'église (plus tard derrière le gare), et comme le fait remarquer
le spécialiste SCHPUNTZ, sa culture sur les bords de la Vistule donne de bons résultats. Par contre, le voisinage de
mer lui est néfaste, les maladies du poireau s'attrapant au bord d'elle.
Il est signalé quelques engrais, comme les bromures, qui sont contraires à son développement. Il est recommandé,
avant de le planter, de le faire fumer.
On constate assez souvent un durcissement subit du poireau, particulièrement lorsqu'il est légèrement effleuré ou trop
longtemps manipulé, il perd alors son jus et s'amollit. Il suffit dans ce cas de le laisser en attente pendant un certain
temps. C'est ce qu'on appelle "faire le poireau". Il retrouvera ensuite ses qualités premières.
Selon certains, le jus de poireau sert à arroser le persil, selon d'autres, il sert à confectionner le café du pauvre. Mais
ceci est une affaire de goût personnel.
Le poireau véritable, et recherché, paraît être celui assez âgé et dont la taille et la saveur sont appréciées de
connaisseurs. Il est également très recherché des ménagères qui le mettent dans leur pot-au-feu, accompagné souvent
d'un morceau dans la culotte.
L'abus du poireau donne aux ménagères une tendance à l'embonpoint. Pour éviter cet inconvénient, notamment dans
le cas du poireau à la crème, il est recommandé de le préparer suivant la vieille méthode dite "anglaise".
En Bretagne, on met le poireau dans les moules marinières. Certaines personnes prétendent qu'il existe trente deux
manières de présenter le poireau. A Paris, dans le quartier des Halles, il est très courant d'entendre proposer la botte.
Nous vous mettons en garde contre de tels procédés, la marchandise s'avérant défraîchie. Il est préférable de mettre la
main au panier pour se rendre compte de la qualité.
Nous vous signalons enfin que la plupart des maladies du poireau sont curables. Bien traité et bien accommodé, le
poireau est prêt à servir à n'importe quel moment. Usez donc du poireau qui vous donnera de beaux enfants, surtout
si vous en faites un usage judicieux.
PS : Pour tous renseignements complémentaires, écrivez au : Comité de Culture du Poireau - Passage de la Vierge, à
Paris 17° - CCP Paris 32.69.
La Bombarde
La Bombarde est l'un des plus modernes matériels utilisés par l'artillerie de campagne. C'est un engin à tir courbe,
c'est à dire qu'il est susceptible d'atteindre un ennemi qui ne le voit point.
On l'utilise contre des objectifs terrestres situés entre 200 et 300 toises, et contre les aéronefs volant bas, à l'altitude
maximum de 53 coudées nonante-quatre.
Nomenclature
En ce qui concerne la bombarde proprement dite, je n'insisterai pas. Les munitions, elles, sont au nombre de "une" (le
boulet). Distinguons cependant le boulet rouge et le boulet vert. Comme servants, nous avons le premier pétardier, le
deuxième pétardier et quelques bombardiers.
Le premier pétardier et le deuxième pétardier ont pour rôle principal le chargement de la bombarde.
Les quelques bombardiers ont pour rôle les menues opérations de mise à feu. Pour la manoeuvre, les
commandements sont les suivants : "Pétardiers, garde-à-vous ! Bombardiers, à vos postes pour un boulet rouge et un
fagot".
Démontage et Remontage
Définitions
Coup encadrant : on dit qu'un coup est encadrant quand un coup long est vu court par le Chef d'Escadron et
inversement.
Tir réglé : on dit qu'un tir est réglé quand il y a autant de coups courts que de coups longs.
Il nous faut maintenant deux coups longs. Pour cela, avançons la bombarde.
Tirons un quatrième coup, la chance nous favorise, le coup est encore long.
Ramenons alors la bombarde à une position médiane entre le premier et le deuxième emplacement, et nous dirons
que le tir est réglé.
Remarque : si le troisième coup est encore court, avancer la bombarde jusqu'à ce que l'on obtienne un coup long.
Le Para
Auteur inconnu
Définitions
de l'Encyclopédie du jeune Officier
d'Etat-major
Abréviations : langage secret destiné à rendre tout texte ou document incompréhensible aux non-initiés.
Officiers du 2° Bureau : individualistes prudents qui considèrent que tout renseigne-ment obtenu est bien trop secret
pour être divulgué; ne peuvent en conséquence être pris en défaut.
Officiers du 3° Bureau : personnalités suprêmement intelligentes, entièrement con-vaincues de leur propre aptitude à
conduire les opérations à un très haut échelon en cas de guerre. Absolument hermétiques aux banalités mondaines de
la gestion du personnel et de la logistique..., que d'ailleurs il ne comprennent pas.
Officiers du 4° Bureau : individus tristes et misérables, placés par le sort au centre du combat éternel que se livrent
les majors des unités de mêlée et les services. Comme c'est normal pour des arbitres, ils reçoivent une copieuse ration
de coups de la part des deux adversaires, sans compter les sarcasmes des spectateurs.
Chef : rêveur qui cultive l'étrange illusion de diriger les activités de l'organisme à la tête duquel il est placé. Peut être
envoyé, quand il fait beau, visiter les unités sur le terrain. Quand il fait mauvais, le maintenir à son bureau avec une
grande quantité de courrier sans importance.
Compte-rendu : excellente pratique pour éviter du travail à l'état-major. Tout ce qu'il y a à faire, c'est de demander,
chaque semaine à chaque unité, toutes les informations qui pourraient éventuellement être nécessaires pour n'importe
quelle unité, n'importe quelle semaine. Grâce à cette astuce, l'état-major n'a pas besoin de compulser les
correspondances antérieures, ni de tenir à jour, lui-même, des statistiques.
Directive : émise au nom du Chef. A pour but de donner aux cadres des unités et des services suffisamment de travail
(sans forcément allouer les moyens nécessaires, l'imagination étant censée suppléer la carence des moyens) pour
qu'ils fichent la paix à l'état-major.
Dossiers : chemises remplies de papier blanc, accumulées dans une corbeille marquée "instances" pour
impressionner les visiteurs et le Chef.
Ecole d'Etat-major : centre d'endoctrinement où l'on apprend les règles du jeu aux aspirants Officiers d'Etat-major.
Tout le travail est fait dans les syndicats (appelés "groupes"), ce qui permet aux élèves d'acquérir une expérience
valable dans l'art de mettre en déroute à la fois le Chef (représenté par l'instructeur) et les unités ou les autres Etats-
majors (représentés par les autres syndicats concurrents).
Etat nominatif : lorsqu'un Officier de troupe pose une question gênante, il peut recevoir l'ordre d'établir un état
nominatif concernant une catégorie de personnels bien choisie, par exemple "les caporaux-chefs mariés, de chevelure
rousse, ayant de la famille à Doncaster, en précisant le nombre, l'âge et le sexe des enfants, les dates de la dernière
permission, la situation vis-à-vis de l'avancement, enfin en indiquant si les intéressés sont aptes à faire la cuisine et à
conduire un véhicule automobile.
Exercices : le Chef dit "faisons un exercice", et souvent, pour lui faire plaisir, l'Etat-major condescend à lui en
monter un. Dans ce domaine, les règles d'or sont les suivantes : il doit être situé sur quatre cartes différentes ; l'ordre
d'opération doit comporter au moins trente pages de littérature, de situation initiale, de conception générale, de points
de vue particuliers, avant que l'on puisse trouver la première information valable ; l'Etat-major auquel appartient en
propre le rédacteur ne doit être, à aucun moment cité dans le texte, de manière à ce qu'il ait le maximum de garanties
de n'avoir pas à prendre une part active aux événements.
Félicitations : réclamées instantanément par l'Etat-major pour toute opération qui se déroule normalement.
Antonymie : blâme ou critique qui doit être instantanément reporté sur l'unité la plus proche.
Hier : la date pour laquelle on exige une réponse à toutes les demandes effectuées le jour même.
Journal : enregistrement quotidien des indiscrétions ou des injustices perpétrées par le Chef ou un Officier d'état-
major plus ancien, pour faire l'objet de mémos sensationnels lorsqu'il n'y aura plus aucun espoir d'avancement.
Ordre d'opération : établi par l'Etat-major pour faire apparaître effroyablement compliqués les très simples désirs du
Chef. Ceux-ci sont alors, inévitablement, pas remplis, ce qui permet d'envoyer le Chef inspecter l'unité considérée
comme responsable.
Permission : à faire coïncider avec un exercice d'Etat-major ou encore tout événement désagréable qui se profile à
l'horizon. Il est essentiel d'obtenir l'accord du Chef avant qu'il n'ait pleinement conscience lui-même de l'événement
futur.
Plan : la plupart des Chefs en produit un en dix minutes pile. Il faut ensuite plusieurs heures à l'Etat-major pour en
rédiger une appréciation adaptée.
Porte-document - Serviette : symboles de pouvoir et d'autorité. Nul Officier d'Etat-major digne de ce nom ne pourrait
accepter d'être privé du droit de les exhiber.
Sécurité militaire : lieu de retraite pour Officiers d'Etat-major sans emploi. Ses décisions sont imprévisibles, mais
doivent être considérées comme définitives.
Sortie (de secours) : indispensable dans tout bureau. A employer lorsque le chef du secrétariat est signalé porteur de
documents apparemment importants, ou si un Commandant d'unité vous ayant précédemment fait contacter par son
adjoint ou son major, n'ayant pas obtenu satisfaction se présente en personne.
Tableaux d'Effectifs et de Dotation de Guerre (T.E.D.G.) : liste mythique des personnels et des équipements
supplémentaires qui seraient supposés donner à chaque unité sa pleine capacité de combat. Très souvent cités par les
Officiers d'Etat-major compétents comme excuse à un déficit habituel ("Bien entendu, ce n'est que dans le cadre des
T.E.D.G. que...").
Transports : une part très importante des heures de service des Officiers d'Etat-major est apparemment consacrée à
répartir et à affecter des véhicules. Le fil conducteur, dans ce domaine, échappe souvent au non-initié qui n'arrive pas
à apprécier le besoin qu'éprouve l'Officier d'Etat-major d'arranger les choses de telle façon que, finalement, c'est lui
qui dispose du véhicule de liaison (VL) le plus rapide et le plus confortable.
V.I.P. (Very Important Personality) : tout supérieur ou Chef, s'il a des chances d'être utile à la future carrière de
l'Officier d'Etat-major, se voit assuré par ce dernier, de manière parfaitement visible, tout confort et toutes facilités,
tout en lui suggérant que, si l'organisation de sa mission n'avait tenu qu'au Chef, celle-ci aurait connu un fiasco
complet.
Unité : qualité essentielle de tous les bons Etats-majors. Pourvu que tous ses membres se serrent vigoureusement les
coudes, nul, ni le chef, ni les unités, ne peut espérer le battre.
Zèle : après le "charme", c'est la qualité la plus désirable pour un Officier d'Etat-major. Pour obtenir une réputation
de "zélé", il suffit : de quitter son bureau tard le soir ; de porter constamment une serviette bourrée de dossiers (voir
ci-dessus) ; de maintenir pleine et en évidence la corbeille "instances" (voir ci-dessus) et de faire de fréquentes visites
aux unité en choisissant avec soin le moment où les cadres ne savent plus où donner de la tête.
NB : il s'agit bien sûr ici de l'Armée britannique. Toute analogie avec une autre Armée serait absolument fortuite et
n'engagerait que la responsabilité de son auteur.
Definitions
of Terms used in Writing Reports
D'une très grande compétence : N'a pas encore commis d’erreurs majeures
D'une intégrité morale hors du commun : Agit toujours à la limite supérieure du règlement
Saisit chaque occasion pour progresser : Rend volontiers de menus services à ses supérieurs
Aborde les problèmes difficiles avec logique : A toujours trouvé quelqu'un pour faire son travail à sa place
D'une très grande disponibilité : N'hésite pas à prendre sur ses heures de loisir pour le bien du service : A des
problèmes conjugaux
Quelques Proverbes
Toute doctrine militaire est faite pour des routes pavées et plates pendant les beaux jour de juin. Toute autre situation
demande des expédients.
Tout homme peut aller partout en dépit de tous, excepté l'opposition d'un homme meilleur voulant aller partout en
dépit de tout.
Le terrain, les intempéries, les tirs, etc..., peuvent retarder un homme déterminé à avancer, mais jamais à l'arrêter.
La nuit appartient à celui qui la revendique. C'est une amie pour les petites armées parce que les fortes armées sont
généralement paresseuses.
Un fantassin peut survivre à beaucoup de batailles avec seulement une chance moyenne à condition d'avoir la
curiosité de savoir ce que fait l'ennemi et pourquoi il le fait.
Les éclaireurs sont bien placés pour savoir qu'un renseignement doit être exploité et rapidement. Les éclaireurs sont
trop souvent utilisés simplement pour satisfaire la curiosité d'un état-major ou pour alimenter la conversation d'un
bureau opérations.
Toutes les demi-heures rappelez-vous cette phrase du Général Hal MODRE : "Demandez-vous ce que vous avez fait
qu'il ne fallait pas faire, et ce que vous n'avez pas fait et que vous auriez dû faire".
Les plans qui se présentent trop bien doivent être impitoyablement examinés.
TTA 106 Quater
Vocabulaire de l'officier d'état-major snob. Indispensable si vous voulez vraiment être dans le coup. Les candidats à
la reconversion civile qui souhaitent passer pour de jeunes cadres dynamiques sauront ainsi s'insérer avec avantage
dans un monde civil devenu friand d'expressions militaires.
Adéquation : opération arithmétique complexe dont le résultat est toujours une économie budgétaire
Aller à l'essentiel : réduire son train de vie avant que son budget de fonctionnement ne diminue
Bien câblé : se dit d'une personne n'ayant pas de bugs sur son disque dur
Brain storming : se mettre à plusieurs pour arriver à trouver les arguments justifiant une décision déjà prise par le
chef
Cohérent - Etre cohérent : justifie une solution, pertinente ou non - avoir tort jusqu'au bout
Concaténation : fusion en un document unique de textes n'ayant aucun lien entre eux, sauf la police des caractères
Conceptualiser : rendre un problème impossible à comprendre (et à résoudre) en le vidant de tous ses aspects
concrets
Consensus - Consensus mou : accord unanime sur une solution fausse, pourtant synthétisant des solutions partielles
justes - personne n'était d'accord, mais c'était l'heure du repas
Décliner les réalités : faire l'inventaire des souhaits du chef en occultant la situation
Densifier - Densifier une unité : faire plus avec moins ou masquer ses capacités - dissoudre au moins un tiers des
unités subordonnées
Disponibilité : ne consiste pas nécessairement à fournir un travail important, mais à le faire systématiquement tard le
soir
Dual - Energie duale : à voile et à vapeur - agrégat d'approches diachroniques et de positions dichotomiques dont les
activités missionnelles visent à l'obtention de l'optimalité incrémentale des systèmes experts
En toute amitié : pauvre c.., ne comptez pas sur moi pour vous sortir de la m.... !
Etudes prospectives : définir le matériel qu'on décidera plus tard de ne pas acheter
Expert : habitué du jugement pifométrique ; il croit être le seul à tout savoir. On le consulte uniquement pour des
problèmes sans solution
Façonner l'adversaire : décider du mode d'action ennemi à la place de ce dernier, en veillant à ce que sa manœuvre
reste sur l'assemblage des cartes préparé pour jouer l'exercice
Frappé au coin du bon sens : fait moins de mal que d'être frappé ailleurs
Fratricides : qualifie les relations normales des Brevetés d'une même promotion
Géométrie variable : permet de tourner sa veste au moment opportun ou sert à brasser de l'air
Humanitaire : seul argument valable justifiant aux yeux de l'opinion publique le déploiement de forces armées sur un
théâtre d'opérations
Incontournable : argument massue, à utiliser en dernier recours, mais cependant à placer en début d'exposé
Interface - Interfacer : s'apparente à la tranche de jambon dans le sandwich SNCF - bidouiller une liaison
Itérativer : se mordre la queue ou rester en mesure de tout changer jusqu'au dernier moment
Lacunaire : diplômé de bas de gamme ou état d'un front dans lequel on a oublié les trous
Lisser : action qui consiste à supprimer d'une démonstration foireuse les contra- dictions parasites
Management : système D
Mes bons amis : vous avez l'air d'oublier que je suis votre deuxième noteur !
Mode dégradé : est à l'emploi des forces ce que le grunge est à la haute couture (mode d'action typiquement gaulois)
Fonctionner en mode dégradé : décider de retourner au travail à la sortie d'un repas de popote bien arrosé
Mouillage : état du marin qui n'a pas fourni de fiche depuis deux jours
Mon souci : problème sans importance qu'on expose au chef pour éviter de l'inquiéter sur la gravité extrême de la
situation tactique
Mur d'excellence : obstacle du parcours du combattant du Breveté situé juste après la fosse d'aisance (les aviateurs
préfèrent parler du mur du çon)
Poignée de l'éventail : bon côté de l'absence de décision (à rapprocher de la poignée de parapluie), point de non-
retour ou encore sert à produire du vent
Portable : permet à l'officier d'état-major de taper lui-même, le soir à la maison,un papier qu'il aurait pu faire taper
par un autre au bureau dans la journée
Porteur - Poste porteur : apte à satisfaire les ambitions carriéristes du Breveté - travail de fou, dans un bureau étroit,
avec des horaires impossibles, sous les ordres de chefs irascibles, mais à Paris !
Priorité : coefficient appliqué à tous les oukases et plus généralement au souci majeur du chef
Priorité N° 1 : coefficient appliqué à un nombre colossal d'oukases, décrétés de préférence le vendredi vers 18H30
Problème : forcément complexe, le plus souvent sans solution, raison pour laquelle on le confie à un Breveté
Protection balistique : pour le fantassin, gilet pare balles ou trou individuel ; pour le cavalier, le blindage ; pour le
Breveté, le parapluie
Quand "j'étais à votre place" : j'ai pas l'air, mais moi aussi, je suis breveté
Redondance : La confiance n'exclut pas le contrôle - Faire faire à deux Brevetés ce qui était à la portée d'un seul
Spécificités : ensemble de défauts qui font qu'on est globalementmoins bon que les autres, mais qui font aussi partie
de la fierté d'un arme (ou armée)
Sur le terrain : c'est l'extérieur des locaux d'état-major dans lesquels le Breveté est affecté
Synergie : accumulation de faiblesses dont on espère qu'elles peuvent conduire à la cohérence
Système d'armes : tout matériel qui contribue à la survie d'une Inspection d'Arme
Tuilage : argument de gestionnaire justifiant une perte de 40% sur les tableaux d'avancement
Compléments
Au Glossaire d’Etat-major
à traiter à part : peut-être, mais avec un peu de chance devrait être rapidement oublié
a été étudié avec la plus grande attention : des recherches ont été entreprises pour tenter de retrouver le document de
base
l’intéressé a été parfaitement informé : au dernier moment, un officier supérieur de l’état-major lui a fait un exposé
très succinct et particulièrement confus
il est de plus en plus fréquent d’admettre que : deux officiers « très » supérieurs de
l’état-major ont la même opinion sur la question
il est communément admis : trois officiers « très » supérieurs de l’état-major ont la même opinion sur la question
pièces jointes : ou non jointes selon le cas ; de toute façon votre secrétariat est responsable
la question a été examinée dans son ensemble : j’ai très peu d’idées sur la question
référence : qu’il en existe ou pas, ce papier doit bien commencer par quelque chose
selon les errements en vigueur : aucune décision ne sera prise jusqu’à nouvel ordre
tous les ordres donnés par mon prédécesseur resteront en vigueur jusqu’à nouvel ordre : je ne les ai pas encore lus,
mais je saisirai la première occasion pour les bouleverser
transmis pour observations : procédé douteux consistant à faire faire tout le travail par un officier subalterne ;
l’officier supérieur se contentant ensuite d’ajouter « à mettre à la frappe », et de signer
transmis pour information : cela ne signifie rien pour moi, êtes-vous au courant ?
vous le savez – vous ne pouvez ignorer : vous ne le savez pas – vous l’avez sûre- ment oublié, si jamais vous l’avez
su un jour
Me référant à votre lettre du : à celle-là ou à une autre…, mais il faut bien commencer par quelque chose
Urgent : j’aurais dû y penser plutôt, mais maintenant c’est vous qui êtes en retard
Transmis pour examen et propositions : je ne connais rien à la question, faites-moi un papier sur lequel je pourrai
mettre « vu et transmis »
La question a fait l’objet d’un examen attentif : le dossier est définitivement égaré
D’accord avec vous sur les grandes lignes : je n’ai pas l’intention de me lier par une suggestion quelconque
Ainsi que vous le savez : vous ne le savez peut-être pas, mais vous n’oserez pas le dire
Je n’ignore rien de vos difficultés : allez vous faire voir chez les……… Grecs (de préférence)
Que vouliez-vous dire ? Que nous autres soldats nous écrivons peu, et qu’une ligne nous coûte ? Ah ! Vraiment,
voilà ce que c’est ; vous ne savez pas de quoi vous parlez. Ce sont là des choses dont vous ne doutez pas, vous
messieurs les savants.
Apprenez, Monsieur, apprenez que tel d’entre nous écrit plus que tout l’Institut ; qu’il part
tous les jours des Armées, plus de cent voitures à trois chevaux, portant chacune plusieurs quintaux d’écriture ronde
et bâtarde, faites par des gens en uniforme, fumeurs de pipes, traîneurs de sabres ; et que moi seul, ici, cette année,
j’en ai signé plus, moi qui ne suis rien et ne fais rien, plus que vous n’en lisez en toute votre vie, et mettez-vous bien
dans l’esprit que tous les mémoires en histoires de vos Académies, depuis leur fondation, ne font pas en volume le
quart de ce que le Ministre reçoit de nous chaque semaine régulièrement.
Allez chez lui, vous y verrez des galeries de vastes bâtiments remplis, comblés de nos productions, depuis la cave
jusqu’au faîte : vous y verrez des Généraux, des Officiers qui passent leur vie à signer, parafer, couverts d’encre et de
poussière, accuser réception, apostiller en marge des lettres, à répondre à celles répondues. Là, des
troupes réglées d’écrivains expédient paquets sur paquets, font tête de tous côtés à nos
états-majors, qui les attaquent de la même furie. Voilà nos paresseux d’écrire.
Allez, Monsieur, il serait aise de vous démontrer, si on voulait humilier, que tous les Corps de l’Etat, c’est
l’Académie qui écrit le moins aujourd’hui, et que les plus grands travaux de plume se font par des gens d’Epée.
Lettre de VAUBAN,
Commissaire général des fortifications,
Adressée à LOUVOIS,
Sous-secrétaire d’Etat à la guerre, Surintendant des bâtiments
Il y a quelques queues d’ouvrages des années dernières qui ne sont point finies et qui ne finiront point, et tout cela,
Monseigneur, par la confusion que causent les fréquents rabais qui se font dans vos ouvrages, car il est certain que
toutes ces ruptures de marchés, manquements de paroles et renouvellement d’adjudications ne servent à vous attirer
comme entrepreneurs tous les misérables qui ne savent où donner de la tête, les fripons ou les ignorants, et à faire
fuir tous ceux qui ont de quoi et qui sont capables de conduire une entreprise.
Je dis de plus qu’elles retardent et renchérissent considérablement les ouvrages, qui n’en sont que plus mauvais car
ces rabais et bons marchés tant recherchés sont imaginaires, d’autant qu’il est d’un entrepreneur qui perd comme
d’un homme qui se noie, qui se prend à tout ce qu’il peut ; or, se prendre à tout ce qu’on peut en matière
d’entrepreneur, c’est ne pas payer les marchands chez qui il prend des matériaux, mal payer les ouvriers qu’il
emploie, friponner ceux qu’il peut, n’avoir que les plus mauvais parce qu’ils se donnent à meilleur marché que les
autres, n’employer que les plus méchants matériaux, chicaner sur toutes les autres choses et toujours crier
miséricorde contre celui-ci ou celui-là.
En voilà assez, Monseigneur, pour vous faire voir l’imperfection de cette conduite ; quittez-là donc et au nom de
Dieu rétablissez la bonne foi : donnez le prix des ouvrages et ne refusez pas un honnête salaire à un entrepreneur qui
s’acquittera de son devoir, ce sera toujours le meilleur marché que vous puissiez trouver.
Monsieur,
Si j’essayais de répondre à la masse de futile correspondance qui m’accable, je devrais être détaché de toute affaire
sérieuse concernant la campagne que je mène.
Je dois rappeler à votre Seigneurie, pour la dernière fois, qu’aussi longtemps que je bénéficierai d’une position
indépendante, je veillerai à ce qu’aucun Officier sous mes ordres ne soit détourné, en s’occupant de radotages futiles,
pauvres fruits de l’activité de quelques plumitifs de votre ministère, de porter toute son attention sur son premier
devoir qui est et a toujours été d’entraîner les hommes sous son Commandement afin qu’ils puissent, sans aucun
doute, battre toute force qui leur serait opposée sur le champ de bataille.
WELLINGTON
« Tu seras un Homme, mon Fils »
Poème de KIPLING
D’un poète nommé « LYAUTEY ». Sa « Rêverie » est celle d’un homme d’action qui s’abandonne un moment, en
s’interrogeant sur son destin.
Auteur inconnu
Si tu sais gérer,
Planifier,
Administrer,
Mais aussi instruire,
Tirer
Et manœuvrer,
1943 : les 3° et 4° BIA (Bataillon d’Infanterie de l’Air) français portent un béret bleu nuit. Les Anciens du French
Squadron des SAS ont conservé leur béret sable.
Juin 1944 : les hommes du 2° RCP sautent sur la Bretagne avec le béret bleu nuit.
Juillet 1944 : par Décision du Roi GEORGE V, le béret amarante est alors attribué au 2° RCP, les bérets arrivent en
France en août 1944.
11 novembre 1944 : le 3° RCP porte à son tour, lui aussi, le béret amarante.
Pendant toute la guerre, le 1° RCP, pour sa part, conserve les coiffures de l’Armée de l’Air française.
A partir de septembre 1944, Chocs et Commandos portent un large béret noir incliné sur l’oreille gauche.
Depuis 1943, les Commandos Fusiliers marins portent le béret vert des Commandos britanniques, mais avec un
badge français.
1946 : un béret noir est affecté aux Paras métropolitains. Seule exception, le 2° RCP qui conserve son béret
amarante.
1948 : la 25° DAP reçoit un béret bleu roi.
Mars 1951 : le Général de LATTRE décide qu’en Indochine, seulement, tous les Parachutistes porteront le béret
amarante. Les Légionnaires parachutistes conservent leur képi blanc.
1952 : apparition de béret vert « Légion », mais non officiel.
En métropole, les unités portent leur béret de tradition.
1956 : mise sur pied des Commandos de l’Air. Il portent un béret bleu nuit.
Septembre 1957 : le béret amarante remplace le béret bleu roi chez les Paras métro.
Eté 1961 : le béret amarante est supprimé pour les Paras l’été. Il est conservé en tenue d’hiver. La « punition » durera
trois ans.
1965 : mise sur pied à Nîmes de l’Escadron de Fusiliers Commandos de l’Air. Le béret bleu nuit d’Algérie est repris.
Ultérieurement : mise sur pied de la Gendarmerie parachutiste, béret bleu nuit aussi.
Beautiful Streamer
Auteur inconnu
1. Ayez toujours l’air absorbé et légèrement soucieux ; seuls les imbéciles, les subalternes et les Américains ont
l’air détendu pendant les heures de travail.
2. Ayez toujours l’air pressé. Courez dans les corridors. Vous serez classé parmi les gens dynamiques, ce qui
constitue un label des plus estimés.
3. Réapprenez au plus vite tout ce que votre mère vous a défendu pendant votre enfance, claquez les portes,
raccrochez violemment le téléphone, ne saluez que vos supérieurs et soyez aussi toujours de leur avis lorsqu’ils
sont présents.
4. Ne vous déplacez jamais sans un dossier bien rempli, c’est l’essentiel. Au besoin, bourrez le avec des journaux.
5. Comme il est bien d’avoir des idées originales, ayez-en quelques-unes. Mais attention, que ces idées soient bien
les mêmes que celles de vos collègues supérieurs, sans quoi vous passeriez pour un dangereux idéaliste.
6. Travailler, c’est bien. Le faire savoir, c’est mieux. La mode étant aux rapports concis, présentés de façon claire,
rédigez les vôtres en style télégraphique. Affirmez ce qui vous passera par le tête et vous aurez l’esprit de
synthèse. Car si vous rédigez une étude sérieuse et approfondie, vous aurez seulement l’esprit d’analyse et
actuellement « ce n’est pas dans le vent ».
7. Ne quittez jamais l bureau à l’heure de la sortie. Vous devez partir au moins une demi-heure après et faire en
sorte que votre départ coïncide avec celui d’un supérieur, sinon à quoi cela servirait-il ?
8. Ne vous étonnez jamais de rien, d’abord parce que, quoi que l’on vous annonce vous le saviez déjà, y compris et
surtout ce que vous ne deviez pas savoir… et que vous apprenez par cette méthode.
9. Emaillez votre conversation de locutions techniques, américaines quelles qu’elles soient, même si elles n’ont
aucun rapport avec le sujet. L’important est que personne ne comprenne. Les termes abstraits forment respect.
… Et, si au bout d’un temps, cette politique ne vous a pas fait progresser, c’est que vous avez affaire à des patrons
intelligents ; alors, changez d’état-major et recommencez
Les Godasses
Auteur inconnu
.
De Profundis
Saluer un supérieur hiérarchique est ressenti par beaucoup de militaires du rang comme une corvée. Hélas, la
manière dont le rendent nombre de ces supérieurs tend à prouver qu’ils ne le considèrent pas différemment.
Nous vivons à une époque où l’on fait volontiers table rase des Traditions, souvent parce qu’on en a perdu le sens
des origines. A propos du salut, si on se livre à une petite étude historique, on verra qu’il est la traduction de trois
vertus : la Fraternité, la Courtoisie et la Fidélité.
A l’origine, le salut était un signe de paix : deux guerriers qui se croisaient sans intention hostile levaient la main
droite, paume largement ouverte, afin de monter qu’ils n’y tenaient pas d’arme (grâce aux cinéastes hollywoodiens,
nous en connaissons un exemple : l’ave des Romains).
Au Moyen-Age, s’ajoute un élément de courtoisie et d’élégance : avant un combat singulier, les deux adversaires
portaient la main droite à hauteur du heaume, afin de lever la visière et de montrer leur visage à l’adversaire : c’est à
dater de là que le regard fait partie intégrante du salut.
Au XII° siècle, s’ajoute une troisième notion, celle qui a le mieux traversé les âges : la fidélité. Lorsque deux
militaires se rencontrent, et quel que soit leur grade, ils auront à cœur de se faire souvenir l’un à l’autre de
l’obligation commune qu’ils ont envers le Drapeau. Ils referont le vieux geste chrétien de serment prêté sous les
couleurs du régiment : ils lèveront la main droite vers le ciel, le pouce et le majeur légèrement écartés. Notons qu’à
l’époque les bicornes et les tricornes ne permettaient pas de dépasser le bord de la coiffure.
Par la suite, on conservera le geste de « porter la main à la coiffure » en oubliant la valeur symbolique de ce geste.
Nous ne sommes plus au temps des Romains, ni à l’époque de la Chevalerie. Alors quelle signification faut-il donner
aujourd’hui au salut ?
Elle relève elle aussi d’une idée très noble : le salut est le rappel de la mission et de l’idéal communs, du serment qui
lie l’Officier et le Soldat au Drapeau sous lequel ils servent. En même temps, il marque la certitude qu’ils ont de
pouvoir en toutes occasions compter l’un sur l’autre. C’est un signe de camaraderie, de fraternité d’arme, de
confiance.
En conclusion, nous voudrions insister sur le rôle joué par le regard dans l’acte du salut : soldat et officier doivent se
regarder dans les yeux. C’est la preuve qu’il n’y a ni servilité d’un côté, ni condescendance de l’autre, mais
simplement un lien entre deux hommes.
Le salut militaire est un geste chargé de symboles qui sont tous la traduction de vertus qui tendent à disparaître. Il
nous a paru bon de les rappeler.
Origine du Drapeau
Le 10 novembre de chaque année on vient récupérer à Vincennes les drapeaux des régiments dissous qui seront
portés le lendemain par des officiers de réserve.
Bien des symboles ont vécu puis disparu, bien des régimes se sont mis en place et se sont écroulés depuis qu’un
soldat grec arrachait, selon la légende, un morceau d’étoffe rouge et le plaçait au bout d’une pique ; le premier
drapeau était né. Tout à l’origine, ce dernier était donc destiné à servir de point de ralliement au cours des combats,
et aujourd’hui encore la hampe du drapeau rappelle la pique des guerriers anciens.
L’oriflamme de Saint-Denis a très longtemps accompagné les rois de France. A la bataille de Poitiers, en 732, c’est
une bannière bleue qui veillait sur les exploits de Charles Martel. Elle était à la couleur du légendaire manteau de
Saint-Martin, que l’apôtre des Gaules avait laissé à l’abbaye qu’il avait fondée près de Tours.
L’oriflamme de Saint-Denis était, lui, de couleur rouge et a, par la suite, longtemps précédé les rois de France.
Quant au blanc, il a de tout temps été la couleur du pouvoir et du commandement (le drapeau blanc porté par les
parlementaires signifiait que ces derniers avaient les pleins pouvoirs). C’était la couleur de la robe du roi Salomon
enlevée, à la Jérusalem conquise, par Nabuchodonosor en 597 av J.C.. Alexandre le Grand, par la suite, la reprenait
aux Perses. Dès lors, à l’instar du fameux conquérant macédonien, les différents pouvoirs allaient utiliser le blanc
comme couleur du pouvoir.
Les soldats de l’an II furent les premiers à servir sous les trois couleurs qui allaient constituer notre drapeau
national : le bleu, le blanc et le rouge. A cette époque, elles étaient encore disposées selon le gré de chaque chef de
corps, tantôt en quartiers, tantôt en diagonale. En 1804, Napoléon codifie la composition du drapeau et, au camp de
Boulogne, le remet personnellement aux troupes ; Le losange blanc du centre était entouré de quatre triangles bleus
et rouges ; à la hampe, l’aigle impérial trônait avec superbe. En 1812, l’Empereur décide d’adopter les trois bandes
verticales : bleu, blanc, rouge. Il reprenait en fait le pavillon que les navires républicains arboraient déjà à la poupe
depuis le 17 février 1794.
Sous Louis XVIII, il devenait à nouveau blanc jusqu’en 1830. A l’issue de la révolution de juillet, Louis-Philippe
rétablissait la disposition verticale qui fut gardée depuis.
Dans la salle d’honneur du Musée de l’Armée aux Invalides, les drapeaux chargés de gloire et de sacrifices semblent
guetter le vent de l’éternité.
Les animaux modifient sensiblement leurs comportements à la saison des amours et au moment de la nidification. La
vie militaire a des phénomènes qui influent bien plus que vous ne le pensez sur le rythme de vie de vos épouses : je
veux ainsi parler de « l’avancement ». Le phénomène a deux sommets. Tout d’abord la visite du général recevant les
officiers proposables puis, après un temps d’accalmie, la parution du tableau d’avancement.
Chez l’Officier, on constate un scepticisme affecté, aussitôt qu’il a été reçu par le grand chef. Celui-ci ne s’avance
jamais et chacun sait que l’avancement tient pour une large part à des impondérables, si bien que la conversation
entre le général et le proposable prend un tour curieux dans le genre « jouons à faire semblant ». Quand l’examiné
quitte cet « amphi-confesse », il débite à ses camarades qui l’interrogent sa petite histoire. Personne ne la croit, ni
eux ni lui, et cela ne tire pas à conséquence. Lorsque l’intéressé arrive chez lui, sa femme fait sortir les enfants et dit
alors : « raconte » !
Elle écoute, elle commente, elle compare et risque des déductions. Cette nuit-là, elle dort mal. Elle fait un contre-
interrogatoire de façon à être bien certaine des faits, des suppositions logique à élaborer. Le lendemain, elle découvre
une foule de raisons de sortir, ce qui lui permet de contacter, de sonder les épouses des camarades, pour se faire une
idée plus précise de la situation. Les plus touchées par ce virus prennent des notes mentalement et viennent se
recueillir seules chez elles pour en faire la synthèse.
Les maris corsent généralement l’entrevue avec le grand chef, mais quand ces versions revues et corrigées sont
colportées par leurs épouses, elles valent la peine d’être écoutées. Jugez-en plutôt, à travers le récit de la femme d’un
baroudeur :
· Le Général : « Eh bien ! Dites donc, voilà de beaux états de service…, magnifique ! Mais vous n’avez pas fait
l’Ecole d’Etat-Major, pas non plus l’Ecole de Guerre » ?
· Le proposable (prêt à s’énerver) : « On ne peut pas tout faire mon Général, ni être partout à la fois ».
· Le Général : « J’entends bien, … vous êtes un vieux soldat, il en faut, c’est nécessaire, … mais ce n’est pas
suffisant. Ah ! J’en ai connu de ces héros, tous ne sont pas allés très loin. C’est qu’il y a parmi eux de solides
bourriques, vous voyez peut-être ce que je veux dire ».
· Le proposable (se levant, blême) : « Mon Général, une de ces bourriques vous salue ».
· Le Général (apaisant) : « Mais voyons, mon cher, c’était une boutade ! Vous avez du caractère, c’est bien !
Que diable, quand on a votre dynamisme, on en est pas à un an près …, rien n’est perdu, … enfin, peut-être ! »
Madame la narratrice n’hésite pas à écraser une larme factice. L’interlocutrice a un choix de réponses toutes prêtes
qu’elle formulera suivant les circonstances et les objectifs à traiter.
Celle qui ne désire pas se compromettre : « Décidément, on est bien mal récompensé, la justice n’est pas de ce
monde ».
La femme d’un autre baroudeur : « Dites-moi, ce Général a fait toute sa carrière dans les fabrications d’armement, je
crois » ?
La débutante : « C’est curieux, il a dit à mon mari qu’il était dommage qu’il n’ait pas quelques citations car alors la
question serait réglée pour lui ».
Continuons maintenant par la seconde période, la parution du tableau d’avancement. Il ne parvient pas à date fixe et
pendant quelques jours le proposable hante le bureau du courrier pour voir si le fameux J.O. est arrivé. A la maison,
le soir, dès qu’il aura accroché son képi, son épouse lancera d’un ton badin :
· « Alors, quoi de neuf ? »
· Pas grand-chose, dira le mari.
· Tous deux en chœur : « pas de tableau encore » ! Et une fois de plus, on calculera les possibilités, les siennes
surtout, et celles des camarades pour pouvoir comparer : « untel » a dû partir mieux classé, mais étant donné son
âge…, et puis, il a dix ans de grade. Il a des chances de ne plus passer au choix. Alors dans ce cas, je suis dans la
gerbe… Il y a bien « Machin », mais s’il est avant moi, c’est la fin de tout » !
Le tableau paraît enfin. Suivant que le mari y figure ou pas, il rentre tout de suite à la maison ou il prend son temps
pour regagner le logis familial. Dans le premier cas, l’épouse dit : « Il y a quand même une justice ! Alors ce sera
pour quand ? Aurais-tu été plus vite qu’untel ? Machin est-il au tableau ? Non ? Sa femme va en faire une tête !
Puis elle ajoute avec une mauvaise foi désarmante : « C’est curieux, les femmes qui s’attachent à ces petites
choses ! »
Elle embrasse son mari, mais déjà son esprit est ailleurs. Elle se compose à l’avance une mine pour rencontrer ces
dames. Elle prépare les réponses aux éventuelles félicitations, elle étudie la tactique dont il sera possible d’user pour
conduire la conversation sur le terrain. C’est un jeu délicieux ! Pendant une bonne semaine, elle aura beaucoup de
courses à faire… Elle rajeunira et les petits envois acidulés ne la toucheront pas.
En aucun cas la femme de celui qui n’a pas eu de chance ne se plaindra. On a sa fierté, tout de même, mais il lui sera
bien difficile de résister à l’envie de décrocher quelques flèches à bon escient, du genre : « Puisqu’il en est ainsi,
nous préparons l’Ecole de Guerre » !
L’âme féminine n’est pas simple. Grâce au ciel, vos compagnes ne se reconnaîtront pas dans ces lignes et j’ai
volontairement noirci le tableau ; Je voulais simplement vous laisser entendre que, si gravir un échelon vous est
agréable, pour vos épouses c’est une délicieuse satisfaction. Or vous aimer leur faire plaisir ! Alors, …, bonne
chance !
Pensées Militaires
L’Art Militaire
Lettres, Notes et Carnets – Charles De GAULLE – 1919, juin 1940
Car si commander c’est concevoir l’action et y pousser les autres, c’est aussi en préparer, disposer, mettre en œuvre
les moyens. Il ne suffirait pas d’imaginer tel mode d’emploi des forces si celles-ci n’étaient au préalable instruites,
organisées, transportées, placées comme il convient, pourvues de tout le nécessaire, moralement prêtes à fournir
l’effort qui leur est demandé. Et, dans l’exécution même, quelque conviction que le chef puisse avoir, encore faut-t-il
que les troupes soient engagées à propos, bien orientées, relevées à temps, que les liaisons demeurent assurées, les
camions ravitaillés, les hommes vêtus et outillés, les blessés mis à l’abri. L’Art militaire comporte tous ces
problèmes.
La Jeunesse
Maréchal de LATTRE
Une vérité domine toutes les méthodes. Avant de s’occuper de la jeunesse, il faut la comprendre et l’aimer. Trop de
ceux qui en ont la charge s’adressent à elle sans cœur, sans chaleur, sans âme, comme on s’exécute d’une obligation
professionnelle minutée, quand ce n’est pas d’une corvée. Le premier devoir est donc de créer un climat affectif qui
ne rebute pas les jeunes mais, au contraire, les entraîne, les exalte et les conquière.
La guerre est un fléau sans doute, mais elle est inévitable. Que pour la rendre plus rare, pour l’éloigner d’elle, il faut
que la France soit assez puissamment armée pour ôter à ses voisins le désir de l’attaquer, ou de rien faire qui nuise à
ses intérêts.
Que la nécessité d’entretenir une armée étant établie, il faut que cette armée réponde à la grandeur du royaume, à sa
population, à son système politique, et à toutes les circonstances qui l’environnent.
Qu’il faut certainement tâcher d’entretenir cette armée avec le plus d’économie qu’il est possible : que c’est sans
doute un grand malheur que d’y dépenser déjà deux à trois fois plus que les autres puissances ; mais que si telle est la
constitution d’un pays, qu’on ne puisse ou qu’on ose, ou ne veuille remédier aux bus qui occasionnent cette
prodigieuse différence, il faut alors fermer les yeux sur la dépense, et se faire cette armée à quelque prix que ce soit.
Car, quoi qu’il en puisse coûter, il faut pouvoir défendre ses possessions et recueillir ce qu’on y sème, il faut
conserver quelque considération et se mettre à l’abri de l’envahissement. Ce qu’il y a de plus cher et de plus onéreux,
c’est d’avoir une demie armée ; car avec cela on n’est jamais au niveau ni de sa politique, ni de son rang, ni du rôle
qu’on doit jouer ; et toute dépense qui est insuffisante est celle qu’il faut vraiment regretter.
Qu’ayant un armée, il faut l’avoir au moins égale et, s’il se peut, supérieure à celles des autres puissances en
discipline et en instruction. Car ce qui coûte cher, tant au présent que dans l’avenir, c’est une armée médiocre :
attendu que sa dépense à la paix n’est pas moindre que celle d’une bonne, et qu’à la guerre on ne retire pas l’intérêt
de son argent par des victoires.
Que pour avoir une excellente armée, il faut avant tout qu’elle ait un esprit militaire ; que si cet esprit est affaibli
dans une nation, il faut qu’il se retrouve et se conserve dans son armée ; que ce doit être un des soins les plus
importants du gouvernement, que c’est le feu sacré qu’il doit entretenir ; car ce feu, une fois éteint, ç’en est fait de
Rome et de ses destinées.
Réflexions sur la « Tactique »
Stagiaire anonyme, Ecole Supérieure de Guerre – 96° Promotion (1982-84)
Extrait de « La Dernière Ecole du Petit Nicolas »
Au début, j’étais plutôt perdu parce que je n’ai pas beaucoup de mémoire. Alors, après trois jours d’analyse de la
mission, je ne me rappelais plus le commencement.
Et, quand au bout de quinze jours on a essayé de faire la synthèse, je ne savais plus du tout ce qu’il fallait faire pour
défendre le pays de Bray.
Heureusement Clotaire, qui est malin, m’a expliqué comment on peut obtenir une bonne note.
Pour cela, il faut se rappeler la méthode de l’Ecole, c’est la méthode cartésienne. Donc, pour l’appliquer il faut savoir
se servir de la carte. Et, cela n’est pas aussi difficile que tu pourrais le penser.
Sur la carte, là où il y a du blanc, tu mets les chars, là où il y a du vert, tu disposes l’infanterie et sur le bleu tu mets
les sapeurs. Les artilleurs, tu les places un peu partout, au hasard ; et puis, tu regardes l’ensemble.
Là où tu as mis beaucoup de monde, tu appelles ça « l’effort principal » et tu mets une grosse flèche bleue (dans le
bon sens). A côté, là où il se trouve moins de monde, tu traces une petite flèche de la dite couleur (dans le même sens
que la première, ça vaut mieux si tu ne veux pas que tes instructeurs soient de mauvaise humeur) ; tu intitules cette
direction « la couverture » ou « l’effort secondaire ».
En face de chaque flèche bleue tu fais une flèche rouge aussi grosse (en sens inverse car sans cela l’exercice n’a pas
de sens. C’est l’ennemi. Tu peux aussi disposer de petits champignons rouges, comme pour les artilleurs, un peu au
hasard : ce sont les parachutistes.
Et puis, tu fais un calque où il n’y a que les flèches. Puis, sur un bout de papier, tu écris ce qu’on appelle « une
conception » et tu mets des mots conventionnels bien choisis tels que : « Faisant effort sur la direction (de la grosse
flèche bleue) …, je veux enfermer l’ennemi …dans un sac de feux , m’appuyer sur de la guérilla mécanisée… ».
Et tu remets ledit papier plus le calque au Colonel instructeur. J’ai essayé ce truc. Eh bien, le Colonel m’a dit que
mon travail était très co-hé-rent. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais je crois que c’est bien.
Réflexions Philosophiques d’un Lieutenant
Lieutenant anonyme – ETAP 1973
Mais il y a aussi : ce qu’on me dit, ce qu’on ne me dit pas, ce que l’on ne doit pas
me dire et ce que l’on me dit quand même ; les choses sans
importance que l’on n’a pas à me dire et que l’on me dit
pourtant, et les choses importantes qu’on oublie de me dire, tout
ce qu’on me laisse entendre et qu’on ne fait pas comprendre.
Par conséquent il y a : ce que j’ai compris et ce que je n’ai pas compris, ce que je
peux comprendre et ce que je crois avoir compris…, et tout ce
que je ne veux pas comprendre.
Général F. POTTIER
Pr2sident-Fondateur de l’Amicale des Cavaliers Parachutistes (1970)
Souvenirs…
Un Para Anonyme
A ta famille abandonnée,
Pour te donner bonne conscience,
Tu as donné médaille et récompenses.
Les Anciens n’ont pas récolté ce qu’ils avaient semé,
Et les jeunes restaient pour eux traditions et idées.
C’était normal, Madame la Coloniale.