Humour Traditions Betisier Militaires

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TRADITIONS,

HUMOUR,

&

BÊTISIER

MILITAIRES

« Une collectivité capable d'autodérision est en bonne santé »


« Rien n’est plus jeune qu’une vieille chanson »

La Tradition se réclame à la fois de l'Histoire et de l'esprit d'une collectivité.


Elle est évolutive et constitue un guide permanent.

C'est par son prisme que toute réforme de celle-ci devrait être en partie analysée.

Dans ce recueil, il ne sera pas fait état des Traditions fondamentales de notre Armée qu'il est aisé de retrouver.

Ici, ce sont des textes et chants peu courants ou inédits,


ou encore des adages relevant de la tradition orale, qui seront développés.

Bonne lecture.
TABLE DES MATIERES

Compléments à la Formation des Officiers

Document de l’Ecole d'Application de l'Infanterie de Saint-Maixent (1960), complété par divers apports.

A. Des Armes et des Services - Définitions et Précisions

Le Breveté. Le Breveté prend tout au sérieux et court dans les couloirs ; il peut à la rigueur porter à pied un ordre
écrit. Comme la porcelaine de chine, il est finement décoré et raisonne agréablement ; fragile, il ne doit pas être
exposé au feu.

Si tu n'est pas sûr de ton intelligence, fais la breveter.

Les Stratèges et les Tacticiens. Sur la carte d’état-major, là où c'est vert, ils mettent de l'infanterie ; quand c'est blanc
ils y disposent les chars, si c'est bleu le génie apparaît.

Le Fantassin. C'est le roi des c..s. Il est méfiant, a horreur d'être couil....é, et répugne à l'effort inutile.

Le Cavalier. Le Cavalier est un Monsieur qui, à force d'exercices aussi violents que répétés, a réussi à transformer le
peu de cervelle qu'il possédait en muscle.

Les Officiers de Cavalerie appartiennent à une race en voie de disparition. Il en subsiste quelques spécimens en
Russie chez les Cosaques, en Afrique dans la Garde des Sultans et en Europe dans les concours hippiques. Leurs
chevaux et leurs chiens les aiment...

Le Légionnaire. Le Légionnaire salue tout ce qui bouge et repeint en blanc le reste (se dit aussi des Marins).

Les Paras. Les Paras sont comme les pédés. Ils voudraient que tout le monde le soit.

Le Sapeur. Le Sapeur est, comme le mulet, entêté et prudent, travailleur mais stérile. Rustique, il n'a pas besoin de
pansage. Sobre mais âpre à défendre sa mangeoire, il joint à la saleté inhérente à son Arme la méfiance du Fantassin,
l'arrogance du Cavalier et la suffisance de l'Artilleur.

L'Intendant. L'Intendant est un " Monsieur " qui s'engage juste assez pour obliger les autres à s'engager à fond.

Les Gradés. Le Sous-lieutenant est insolent, famélique et nul. Le Lieutenant est inconscient, désorganisé et moche.
Le Capitaine est vaseux, prétentieux et satisfait.

Le grade de "Commandant" est un grade inutile qu'il faut s'efforcer de ne pas rendre nuisible

Les Relations entre Officiers. Les Sous-lieutenants sont des copains. Les Lieutenants sont des amis. Les Capitaines
sont des camarades. Les Commandants sont des collègues. Les Colonels sont des concurrents.
Les Généraux sont des adversaires. Mieux vaut ne pas en parler puisqu'on affirme que le cannibalisme a
pratiquement disparu de notre planète.

Des Compétences. Le Sous-lieutenant fait tout et prétend tout savoir. Le Lieutenant fait tout et ne sait rien. Le
Capitaine sait tout et ne fait rien.

Le Commandant ne sait rien et ne fait rien. Le Lieutenant-colonel ne veut rien savoir ; il est de l'avis du Colonel. Le
Colonel croit tout savoir, il rappelle, signe en s'étonnant parfois, rend compte et s'en fout (il partira sûrement avant
deux ans).

Le Général s'étonne..., et ne comprend pas et s'en lave les mains. L'Inspecteur est très content. Le Ministre a
décidé..., et signé P.O., Signé P.A. " le garde d'écurie ".

Le Capitaine décide, le Commandant remarque, Le Colonel rappelle et le Général s'étonne.

La Compétence est fonction du Grade ; elle se détermine en partant de la droite et se reconnaît aisément sur les
épaules.

Pour un Officier d'un grade donné, la catégorie des imbéciles commence au grade immédiatement supérieur ; celle
des idiots à celui immédiatement inférieur.

De l'Avancement. Opération administrative ambiguë qui, pour une maigre augmentation de salaire, amène son
bénéficiaire à être traité de c.. par un nombre de plus en plus imposant de subordonnés.

Les Officiers qui avancent très vite et ceux qui avancent trop lentement ont le privilège commun de pouvoir tutoyer
de plus en plus de monde.

Corollaire : tout supérieur est un c.., par définition. Il est toutefois judicieux de ne pas le crier trop fort.

De la Discipline. La Discipline oblige essentiellement à avoir l'air plus bête que son supérieur.

De la Tenue. La Tenue est la première qualité d'un Officier ; elle est souvent la seule et cela lui suffit.

De l'Ancienneté (ou du Grade). L'Ancienneté (ou le Grade) confère la Science (Formule G x T) = Cte : Le produit du
grade par le travail est une constante.

De la Voie Hiérarchique. La Voie Hiérarchique est le chemin le plus long d'un point à un autre ; c'est une voie
dangereuse, parsemée de malveillance à la montée et de rosseries à la descente.

De la Hiérarchie. Les Officiers peuvent être classés en 4 catégories : les intelligents, les travailleurs, les paresseux et
les stupides.

Tout Officier entre dans 2 de ces catégories, ainsi :


Ceux qui sont intelligents et travailleurs sont aptes aux travaux d'état-major ;
On peut tirer parti sous certaines conditions de ceux qui sont paresseux et stupides ;
Ceux qui sont intelligents et paresseux sont qualifiés pour les Hauts postes de Commandement ; ils ont la maîtrise de
soi et la clarté d'esprit nécessaires aux grandes décisions ;
Mais, fuyez ceux qui sont stupides et travailleurs ; ce sont des individus très dangereux.

La hiérarchie, c'est comme les étagères, plus elles sont placées haut et moins elles servent.

De l'Etat-Major. L'Ecole d'Etat-major n'a pas pour but de rendre les gens intelligents, mais de les rendre
"exploitables".

Si vous voulez dire du mal du Chef d'Etat-major, vous pouvez avancer :


- Une sorte de surmeneur d'hommes ;
- On ne peut à la fois tirer la couverture à soi et se plaindre d'être débordé ;
- Il s'agit d'écrire comme le Chef écrirait s'il avait le temps de bien écrire ;
- Il est d'une ingratitude à la mesure de ses exigences.

Du Chef - Le Règlement du Chef

Article 1 : le chef a raison


Article 2 : le Chef a toujours raison
Article 3 : même si un subordonné a raison, c'est l'article 1 qui entre en vigueur
Article 4 : le Chef ne dort pas, il se repose
Article 5 : le Chef ne mange pas, il se sustente
Article 6 : le Chef ne boit pas, il se désaltère (il goûte)
Article 7 : le Chef n'est jamais en retard, il est retenu
Article 8 : le Chef ne quitte jamais son service, il est appelé
Article 9 : le Chef ne lit pas son journal pendant le service, il l'étudie
Article10 : le Chef n'entretient pas des relations avec sa secrétaire, il l'éduque
Article 11 : on entre dans le bureau du Chef avec ses idées personnelles, on en ressort avec les idées du Chef
Article 12 : le Chef reste le Chef, même en maillot de bain
Article 13 : plus on critique le Chef, moins on a d'avancement
Article 14 : le chef est obligé de penser à tout le monde
Article 15 : le Chef est un indicateur, il faut interdire aux Chefs de se marier pour que leur nombre n'augmente pas.

Les ordres du Chef

Yaka - Yakapa - Yanamar - Yanaplu - Yapluka - Yavéka - Yavékapa - Yfodra - Yfodrapa - Yfodrèlfer - Yfolferfer -
Yfokon - Yfolfer - Yfopalfer - Yoraka - Yorakapa - Ynonka - Ynonkapa - Ynoufonchié - Yrestka

B. Des Ordres et des Idées

Un Ordre bien rédigé ne doit engager que celui qui le reçoit.


Avant d'exécuter un ordre, il est judicieux d'attendre le contre-ordre.
Dans la rédaction, rester vague pour être précis.
L'exécution confirme et précise l'ordre.
Si vous voulez avancer dans la Hiérarchie, encouragez vos subordonnés à exécuter des ordres dangereux et, si
possible, utiles.
Ne donnez jamais à un Supérieur une bonne idée ; elle se retourne immédiatement contre vous, car il ne peut
l'exploiter qu'à votre détriment.
Ne vous occupez jamais que de ce qui vous regarde expressément ..., et encore !
Il n'y a que les c..s qui montent la garde.
Brosse-toi et..., attends.
Tout est prévu : il n'y a qu'à trouver la note de service ou le chapitre du Règlement ! Ce qui n'est pas prévu n'existe
pas.
C'est sous les feuilles de chêne qu'on trouve les glands.
Les Anciens" sont toujours les "Anciens".

Chercher à comprendre, c'est commencer à désobéir.


On ne doit jamais comprendre un ordre de premier coup, car on donnerait ainsi la fâcheuse impression de
comprendre plus vite que celui qui le formule.
Il appartient aux grades supérieurs de donner des ordres, et aux grades subalternes de donner l'exemple.
Deux ordres venant de sens contraires et de Chefs égaux en grade s'annulent.
C. Des Armes et des Armées

Compréhension des ordres. À la réception d'un ordre, le Fantassin écoute, ne comprend pas, fait répéter, exécute mal,
mais rend compte.

Le Sapeur écoute, ne comprend pas, fait répéter, sourit ; on croit qu'il a compris... Pas du tout ; il vient de trouver une
objection !

Le Cavalier n'écoute pas, part au galop, va n'importe où, revient, salue et dit :"Tout va bien" !

Le terme "galop" est toutefois impropre en ce qui le concerne. On se rappelle en effet la façon de reconnaître l'Arme
d'un "conducteur de cheval" : au pas, c'est alors un Cavalier ; au trot, c'est un Artilleur ; au galop, c'est un Fantassin ;
au triple galop, c'est un Marin. Si vous croisez un cheval seul, peu importe l'allure, selle sous le ventre, c'est celui qui
a fait tomber le Toubib.

Pour clore cette parenthèse sur l'équitation, sachez que le Marin et l'Aviateur montent avec passion, que l'Artilleur
monte avec prétention, le Fantassin avec appréhension et le Cavalier avec résignation.

L'Artilleur n'écoute pas, exécute mal, ne rend pas compte. Il tire sur... l'ordre de son supérieur.

Le Marsouin se démerde.

Le Tringlot, quoi qu'on lui dise..., reste sans réaction.

L'Aviateur s'en fout, n'écoute pas, il part en voiture;;;, prendre l'apéritif.

Humour.

Quand on lui raconte une blague, le Fantassin sourit trois fois : quand on la lui raconte ; quand on la lui explique ;
quand il l'a comprise.
Dans ces mêmes circonstances, le Cavalier sourit deux fois : quand on la lui raconte et quand on la lui explique (il ne
la comprend jamais).

L'Artilleur sourit une demi-fois quand on commence à la lui raconter. Il la connaît, s'esclaffe et la raconte à sa façon ;
mais il ajoute aussitôt qu'il en connaît une plus paillarde.
Le Breveté sourit une fois, quand on la lui raconte. On n'ose pas lui expliquer et il ne la comprend jamais.
Le Médecin ne sourit pas, car il connaît toutes les histoires, même les moins drôles.

Harangue du Colonel devant ses hommes : le Sous-lieutenant a des roubignolles, le Lieutenant a des roupettes, le
Capitaine a des roustons, le Commandant a des burnes, le Lieutenant-colonel a des burettes, quant au Général, il a un
gland orné comme il convient avec des feuilles de chêne. Seul le Colonel a des couilles !!!
Quant à vous, tas d'bleus, vous n'avez que des testicules, et encore il est fortement question de vous les supprimer !

C'est dans les vieilles culottes de peau que battent les coeurs des braves.
Un homme, c'est comme un sac : il ne tient debout que si il est plein (Napoléon).

Vocabulaire.

Dans la cavalerie on ne dit pas :


mon cheval,
mon Adjudant,
la gueule du cheval,
les pieds de devant et de derrière,
l'écuyer s'est cassé la gueule,
ou encore un cheval blanc.

On dit respectivement :
ma jument (ce peut être un cheval ou un hongre et pas une jument, mais on pense que le mot "jument" a quelque
chose de mieux),
mon Lieutenant,
la bouche de ma jument (même commentaire que ci-dessus),
l'avant-main et l'arrière-main, le cavalier a été admirable s'étant laissé aller pour éviter une faute à sa jument,
et enfin un cheval gris.

Dans les Chasseurs, on ne dit pas :


le passepoil jaune,
la couleur rouge,
les tambours,
ou encore musique...jouez.

On dit respectivement :
le passepoil bleu-jonquille,
la couleur bleu-cerise (en effet seuls sont rouges la Légion d'Honneur, le Drapeau, les lèvres de la femme aimée. Le
sang est vert, car le sang vert c'est pour la France – jeu de mots -),
les caisses-claires,
et enfin fanfare...sonnez.

Dans toutes les Armes et dans tous les Services, on ne dit pas "je vais coincer la bulle", on dit "je vais préparer
l'Ecole de Guerre", sans oublier d'ajouter le numéro de la leçon que l'on prépare.

Infanterie. L'Infanterie est la reine des batailles et le Fantassin le roi des c..s.

Marine. Dans la Marine, on salue tout ce qui bouge et on repeint le reste. Les sous-mariniers forment un Corps
d'Officiers d'une étanchéité à peu près absolue.

Armée de l'Air. On a coutume d'appeler ses personnels les "Gonfleurs d'hélice" (quant à savoir pourquoi ?).

D. Notation des Officiers

Suit sa troupe, touche et boit régulièrement sa solde.


Boit autant qu'un mulet, mais rend moins de services.
Arrive à l'heure, part à l'heure et ne pose pas de problèmes dans les intervalles.
Gagne plus aux courses (ou au bridge) qu'à être connu.
Est cocu, le sait, s'en fout..., et en profite.
Pour les Cavaliers : fréquente les vétérinaires, ou encore aurait un frère dans les Troupes de Marine.
N'a gagné qu'une bataille, celle du tableau d'avancement.
N'a entendu siffler des balles qu'au tennis (au champ de tir).
Il était si bête que même ses camarades s'en apercevaient.
Texte possible de citation "A pris avec sa fougue habituelle un piton qui, s'il avait été tenu, eut été imprenable".

D. Organisation du Commandement
Le Commandement dit "Haut commandement" est exercé par des Officiers généraux.
Le Commandement dit "supérieur" est exercé par des Officiers supérieurs.
Le Commandement dit "Bas commandement" est exercé par des Officiers subalternes.

Le Haut commandement conçoit.


Le Commandement supérieur transmet.
Le Bas commandement exécute.

Les symboles du premier sont : le papier et le crayon de couleur ;


Ceux du second : le téléphone et le compte-rendu ;
Ceux du troisième : la boussole et le coup de gueule.

Un régiment est engagé quand le Colonel a la liaison avec l'échelon supérieur.


Une batterie est dite en action quand le Bas commandement s'est promené dans les champs avec la boussole et
poussé des clameurs de protestation pendant deux ou trois heures.

F. Des Conseils

Pour le choix de l'Arme ou de l'Armée. Pour "réussir", il faut se distinguer, être le seul au milieu des autres ! Alors...

Si tu as un Nom (à particule), sois Fantassin, tu seras le seul !


Si tu es intelligent, sois Cavalier, tu seras le seul !
Si tu aimes les femmes, sois Marsouin, tu seras le seul !
Si tu es bien élevé, sois Marsouin, tu seras le seul !
Si tu as un Grand nom ou un Titre, sois Artilleur, tu seras le seul !
Si tu es propre, sois Sapeur, tu seras le seul !
Si tu es honnête, sois Intendant, tu seras le seul !
Si tu es modeste, sois Aviateur, tu seras le seul !
Si tu es Républicain, sois Marin, tu seras le seul.

Dans la Vie courante

Dans l’Armée, on ne fait rien, mais on se lève tôt pour le faire.


Rien ne sert de partir à point, il faut toujours courir.
Gueule d'abord, réfléchis ensuite, rends compte, puis fous t'en.
On a toujours tort d'avoir raison.
La position du garde à vous désarme le Supérieur le plus furieux.
Ménage-toi toujours un responsable de grade inférieur mais suffisant.
Le travail est une chose sacrée, il ne faut pas y toucher.
Ne fait pas aujourd'hui ce qu'un autre pourra faire demain.
Fuis tes Supérieurs comme la peste.
Méfie-toi des Femmes par devant, des chevaux par derrière et de tes Supérieurs de tous les côtés.
En manoeuvre, tiens-toi derrière les Artilleurs, devant les chevaux et loin des Généraux.

Il n'y a pas d'affaires urgentes, il n'y a que des gens pressés ou du courrier en retard.
Mieux vaut jamais que tard.
L'initiative est une indiscipline qui réussit. En revanche, La connerie est une initiative qui ne réussit pas.
Ne prend jamais une initiative sans en avoir expressément reçu l'ordre ; pour être louable, une initiative ne doit
jamais être malheureuse.
Il y a deux sortes d'initiatives : la première ou "positive" consiste à exécuter un ordre que l'on n'a pas reçu, mais que
l'on aurait dû recevoir. La seconde ou "négative" consiste à ne pas exécuter un ordre reçu mais que l'on n'aurait pas
dû recevoir.

Si un Supérieur t'intimide, représente-toi le assis sur son siège de WC..., c'est radical.
La force d'inertie étant, avant la discipline et l'ancienneté, la force principale des Armées, ne rien faire est un devoir
impérieux ; il importe cependant de la faire de bonne heure et tous dans la même tenue.

L'immobilité est le plus beau mouvement militaire.


Quand on ne sait pas où aller, il faut s'y rendre au galop.
Si tu veux qu'on te foute la paix, prépare l'Ecole de Guerre ou tâche de te faire prendre pour quelqu'un... (les deux ne
sont pas forcément incompatibles).

Ceux qui sont baisés le sont bien et doivent se considérer comme tels ; ce sont, en principe, toujours les mêmes.
Travaille, et tu seras récompensé dans la personne de tes Chefs.
Le confort du Chef est la tranquillité du soldat.
Il n'importe pas de connaître une question pour l'exposer, ni de détenir un grade supérieur pour la résoudre.
Ne rien faire et laisser dire.
Si tu manoeuvres à l'école, comme à la guerre, tu te fais engueuler. Mais, si tu manœuvres à la guerre comme à
l'école, tu te fais tuer.

Faire, c'est bien. Savoir faire, c'est mieux. Savoir faire faire, c'est encore mieux. Mais ce qu'il y a de meilleur, c'est de
faire savoir !
N'importe qui étant bon à n'importe quoi, on n'importe quand le mettre n'importe où.
Le bon travail n'a pas d'importance, on est jugé sur ce qu'on a fait de pire et c'est généralement un autre qui profite de
ce que l'on a fait de meilleur. Le mauvais travail n'a pas davantage d'importance car les autres font pires et en
définitive ce sont les incompétents qui demeurent le plus longtemps en place.
Quand j'étais petit, je m'étonnais de tout. Maintenant, je ne m'étonne de rien. Bientôt, je vais étonner mes chefs.
La gravité est le bonheur des imbéciles et le rempart des idiots.
Une conférence doit être comme une robe de femme : assez longue pour recouvrir l'essentiel, et assez courte pour
retenir l'attention.
L'urgent est parti, l'impossible est en train de se faire, pour les miracles, nous demandons vingt-quatre heures.
Les étapes d'un projet militaire sont les suivantes : acceptation sans restrictions, enthousiasme débordant, désillusion
totale, recherche des coupables, punition des innocents et promotion des non-participants.
Le seul raisonnement reconnu dans l'Armée est celui du tambour.

Consignes à ceux qui n'ont rien à faire

Ne pas l'avouer ;
Attendre sans impatience un ordre de travail, ne pas le provoquer ;
Ne pas embêter ceux qui travaillent effectivement, ne pas les jalouser ;
Adopter une position de repos donnant à s'y méprendre une impression de travail ;

Rester décontracté et supporter sans fatigue apparente toute inactivité, si longue soit elle ;
Aimer le travail bien fait, et pour cette raison ne pas hésiter à le laisser faire par un camarade plus qualifié ;
On peut aimer le travail et lui préférer le repos, si certains ne savent pas travailler, d'autres ne savent pas rester sans
rien faire. Ne souffrir d'aucun complexe pour se présenter chez le trésorier après un mois passé dans l'inactivité la
plus totale :
Il y a beaucoup plus d'accidents de travail que d'accidents de repos ;
Le travail use : économisons-nous.

En conclusion

Dorénavant, ce sera comme d’habitude.


Rien ne saurait empêcher le pépin d'arriver et le responsable d'être désigné.

Tout problème comporte au minimum deux solutions : la bonne et celle de l'Ecole de Guerre.

Les choses finissent toujours par s'arranger. Il n'y a pas d'exemple qu'une situation militaire, si catastrophique soit
elle, soit restée sans issue ou n'ait été remplacée dans la limite qui suit par une situation plus catastrophique encore.

F. Le Tir de l'Artilleur

Le comble de l'artilleur : être objectif.


Sur quoi tire l'artilleur ? Sur l'ordre de ses chefs.
Coup au but : un coup vu court par l'observateur et long par le chef d'escadron (ou l'inverse).
Conseil aux Armes appuyées : si vous ne souhaitez pas prendre un obus sur le coin de la figure, ne vous trouvez pas
au point d'impact.

Tir d'efficacité : je lance l'obus et Dieu le guide.


L'artilleur fait ce qu'il peut, la dispersion se charge du reste.
L'obus intelligent de démerde, à condition de tomber sur les fantassins au contact, il se fout de la nationalité des
pertes.
Préparation du tir par l'artilleur de campagne : il élabore des feuilles de calcul, tient compte de la vitesse du vent, de
l'épaisseur de la fumée, de la fragilité des tuyaux de pipe, puis..., envoie un obus dans la nature et annonce : "coup
non observé".
Préparation du tir par l'artillerie antiaérienne : l'artilleur néglige tous les éléments, extrapole à grands coups de cuiller
à pot, envoie un obus dans l'atmosphère et annonce "avion abattu", sans connaître sa nationalité.
Un bon tir vu par un fantassin est un tir dont aucun coup ne tombe sur les troupes amies, ces dernières voyant
cependant les coups qui seuls prouvent l'activité de leur propre artillerie.
Les infanteries s'affrontent de pied ferme, l'artillerie tire dans le tas et la cavalerie, si on la trouve, charge dans la
confusion générale.

H. Ceux qui... (en souvenir de l'E.O.)

Ceux qui copieusement


Ceux qui volontairement
Ceux qui campagne simple aux T.O.E. en attendant que ça se passe
Ceux qui traquent
Ceux qui détraquent
Ceux qui half traquent
Ceux qui pitonnent
Ceux qui bétonnent
Ceux qui déconnent
Ceux qui ouvrent la route et qui ont juste le droit de la fermer
Ceux qui l'ancre au calot
Ceux qui l'encre au stylo
Ceux qui donnent des ordres
Ceux qui les transmettent en les améliorant
Ceux qui se demandent comment les exécuter
Ceux qui se disent qu'on est commandé par des cons, sans se rendre compte qu'ils pourraient faire partie du Haut-
commandement
Ceux qui cravate verte
Ceux qui cravate noire
Ceux qui aimeraient bien en avoir une de la couleur de leur burnous
Ceux qui n'ont pas besoin de couleur pour cravater
Ceux qui prennent les armes à l'ennemi
Ceux qui font plutôt les prises d'armes entre amis
Ceux qui Régiment
Ceux qui à la Brigade

Ceux qui à la Division


Ceux qui au Corps d'Armée
Ceux qui à l'Armée
Ceux qui à l'assaut "et qui n'ont rien parce qu'ils se retrouvent tout seuls"
Ceux qui meurent en héros modestes
Ceux qui ne sont ni des héros, ni modestes, mais qui ne meurent pas
Ceux qui "para pluie... ont"
Ceux qui "en avant des autres"
Ceux qui tirent sur tout ce qu'ils voient
Ceux qui tirent sur tout avant de voir
Ceux qui se tirent avant de voir quoi que ce soit
Ceux qui ont compris et qui se couchent en voyant arriver la Marine
Ceux qui se planquent même là où la Marine ne vient pas
Ceux qui chinoise
Ceux qui vietnamienne
Ceux qui cambodgienne
Ceux qui vénérienne
Ceux qui plieuse de parachutes pour avoir la solde à l'Air
Ceux qui se contentent d'amours masculines ancillaires

Tous ceux-là et beaucoup d'autres qui n'osaient plus comme autrefois crier "Mort aux cons" de peur de se retrouver
tous sur les diguettes de la vie éternelle, avaient tout de même fini par se mettre d'accord et par retrouver le sourire et
un air indulgent en contemplant de grands diables tout noirs avec les dents très blanches encadrés par des Capitaines
ventrus doublement hameçonnés, et la devise de tous à ce spectacle était : "Dans le béton, les plus cons".

Ce qui était faux tout de même car il n'y avait pas de béton assez important pour y nécessiter la présence et y justifier
la solde de certains Officiers supérieurs.

I. De la Vie en Popote

Connus ou inconnus, de l'arme ou d'autres armes, en civil ou en tenue, toujours se présenter ou saluer ses supérieurs
en arrivant ou lorsqu'ils arrivent.

Enoncé du menu par le popotier (officier de grade le moins élevé, promu le dernier)

Vos gueules là-dedans ! Mon ...... (grade du président), nobles invités (éventuellement), messieurs,
Voici le menu en date du ......, de l'an de grâce ...., fête à souhaiter ......,
Le soleil se lève à ..... et se couche à .....

Suit l'énoncé humoristique du menu du jour laissé à la créativité du popotier.

Bon appétit ......, bon appétit messieurs ; foutez-vous en plein la gueule ; que la première bouchée vous réjouisse, que
la dernière bouchée vous étouffe, et ce dans l'ordre hiérarchique inverse afin de faciliter par là le jeu normal de
l'avancement dans l'Armée française en général et au ...... en particulier, ce dont je serai d'ailleurs le dernier et oh
combien indigne bénéficiaire.

Les officiers répondent alors : "Mort à ce cochon de popotier, qu'il en crève et que le cul lui pèle".
La clôture se fait dans la tradition de chaque arme ou subdivision d'arme :
Pour les TDM : Et au nom de Dieu, vive la Coloniale !
Pour toutes les armes et subdivisions : Et par Saint-... (le Saint-Patron de chaque arme), vive ...... !
Pour la Cavalerie suivi d'un toast : "À nos femmes, à nos chevaux, à nos escaliers et à ceux qui les montent" !
A la Légion étrangère, suivi d'un toast : "Attention pour la poussière, prêt, envoyez", suivi du refrain du "Boudin".
Pour les Chasseurs, suivi de : "Et par le Duc d'Orléans, notre père, vive les chasseurs" ! Suivent la Sidi-Brahim et le
refrain du bataillon concerné.
Pour les paras : Et par Saint-Michel, vive les paras !
Dans une popote d'artilleurs, suivi de "Artilleurs mes chers frères".

A bord d'un navire, ne pas oublier de saluer le pavillon en arrivant et en quittant le bord. Le Pacha s'appelle
"Commandant", terme réservé à tout commandant de bateau quel que soit son grade.

Dans une réception : Ne jamais allumer une cigarette sans voir un cendrier. Il vaut mieux demander l'autorisation au
président.
Mettre les mains dans le dos plutôt que dans les poches.
Etre patient avec le père, prévenant avec la mère, gentil avec la fille. Rappelons que l'on dit "la dame de pique et la
femme du capitaine" et non "la femme de pique et la dame du capitaine".
Savoir arriver et... savoir partir.

Pour être un bon compagnon, savoir toujours traiter sérieusement les choses légères et légèrement les choses
sérieuses (un Officier triste est un triste Officier).

J. Le Rôle du cadre

N'a pratiquement rien à faire, si ce n'est :


De décider de ce qu'il faut faire ;
De désigner quelqu'un pour le faire ;
D'écouter les raisons pour lesquelles la chose ne doit pas être faite, ou doit être faite plus tard, ou autrement, ou par
quelqu'un d'autre ;

De maintenir sa décision ;
De découvrir qu'elle ne l'a pas été ;
D'écouter les excuses de celui qui aurait dû le faire ;
De suivre de nouveau la question pour s'assurer que, cette fois, la chose a été bien faite ;
De s'apercevoir qu'elle a été faite de travers ;
De déterminer exactement comment elle aurait dû être faite ;
De conclure que, maintenant qu'elle a été faite, c'est toujours mieux que rien et qu'il vaut mieux laisser les choses en
l'état ;
De se demander si on ne pourrait pas se débarrasser de ce type qui fait toujours tout de travers ;
De se dire qu'il doit avoir une femme et de nombreux enfants, qu'au fond son successeur serait probablement aussi
mauvais que lui, et peut-être pire, et qu'en tout cas il faudrait le payer plus cher ; s'asseoir tristement, et se dire qu'on
aurait pu faire la même chose soi-même en vingt minutes, alors qu'on a perdu deux jours à comprendre pourquoi il a
fallu trois semaines à quelqu'un d'autre pour le faire de travers.

K. A propos des Dames

Les "Commandements" de la Femme d'Officier

Un seul maître et Caïd chériras de tout ton cœur dévotement ;


Son bon plaisir accepteras un peu, beaucoup, passionnément ;
Son moral très haut maintiendras par baisoteries ou autrement ;
Glorieuse entre toutes seras de ses faits et commandements ;
A son avancement penseras en tout honneur naturellement ;
Etoiles et galons discerneras avec à-propos bienséant ;
Ta Générale honoreras à tout le moins une fois l'an ;
De garnison tu changeras, sans rechigner, tous les deux ans ;
Avec joie accepteras des héritiers entre temps ;
Les amis sans cesse recevras à l'improviste et simplement ;
Béatement écouteras leurs manoeuvres et guerres indéfiniment ;
Le soir, à la chandelle évoqueras : mutations, garnisons, changements ;
Ton retraité cajoleras comme s'il avait toujours vingt ans.

La Prière du Célibataire

Oh, cieux ! Faites que je reste célibataire.


Si je me marie, faites que je sois point cocu.
S'il m'arrive de l'être, faites que je l'ignore.
Si je l'apprends, faites que je m'en moque.
Si je ne peux m'en moquer, faites que cela me rapporte.
Alors, si cela doit me rapporter, faites que cela continue...

Des Femmes et de la Hiérarchie

Prendre la femme d'un subordonné est une lâcheté ;


Prendre celle d'un égal, c'est un droit ;
Prendre celle d'un Supérieur un devoir..., souvent pénible.

L. Quelques Adages

Mieux vaut fermer sa gu…, et passer pour un c.., que de l’ouvrir et ne laisser ainsi aucun doute à ce sujet.
Ce n’est pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gu….
« Ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n’en savent pas plus qu’eux ». Pierre DAC.
Il vaut mieux être saoul que c… Ca dure moins longtemps !
« Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images ». Jean COCTEAU.
Les Logisticiens

Auteur inconnu

Les logisticiens sont une race d'hommes tristes, très demandés pendant la guerre et qui s'enfoncent, pleins de
ressentiment dans l'obscurité en temps de paix Ils jouent uniquement avec des faits mais doivent travailler pour des
hommes qui haïssent leurs théories.

Ils ont de l'importance pendant la guerre parce que la guerre est principalement un fait. Ils disparaissent en temps de
paix, parce qu'en temps de paix la guerre est principalement une théorie.

Les gens qui abondent en théories, qui emploient des logisticiens pendant la guerre et les ignorent durant le temps de
paix, sont les Généraux. Les logisticiens haïssent les Généraux.

Les Généraux constituent une race heureuse, bénie, qui irradie la confiance et la puissance. Ils ne se nourrissent que
d'ambroisie et ne boivent que du nectar, sauf lorsqu'ils s'adonnent au whisky.

En temps de paix, ils sifflotent avec confiance et peuvent envahir un continent simplement en balayant largement de
leur main sur une carte, pointant de façon décisive leurs doigts sur des couloirs terrestres et bloquant les défilés, en
même temps que créant des obstacles avec la tranche de leur main.

Pendant la guerre, ils doivent siffloter plus lentement parce que chaque Général a une escorte logisticienne à ses
côtés, et il sait qu'à chaque instant le logisticien peut s'avancer et chuchoter : "Non, vous ne pouvez pas faire cela ".

Les Généraux craignent les logisticiens pendant la guerre et, en temps de paix tentent de les oublier.

Marchant à côté des Généraux, il y a les stratèges et les tacticiens. Les logisticiens font rager les stratèges et les
tacticiens. Les stratèges et les tacticiens, avant de devenir Généraux, comme c'est habituel chez eux, ignorent les
logisticiens.

Quelquefois, un logisticien arrive à être Général. Dans un tel cas, il doit s'associer avec les autres Généraux qu'il hait
; il y a alors une équipe de stratèges et de tacticiens qu'il fait rager et, derrière lui, un logisticien qu'il craint.

C'est pourquoi les logisticiens qui deviennent Généraux attrapent, en même temps, des ulcères à l'estomac et ne
peuvent alors se nourrir d'ambroisie et boire leur nectar ou leur whisky ; et ceux qui ne sont pas Généraux risquent
l'infarctus.

Il n’est de Chef qui ne prête à Critiques

Par le Chaplain Earl F. STOVER, Revue américaine "Army" - Mars 1962

S'il vient de prendre le commandement, il lui faudra quelque temps avant qu'il ne connaisse son unité.
S'il commande l'unité depuis quelque temps, il est temps qu'il s'en aille.
S'il vient d'un état-major, il est resté trop longtemps éloigné de la troupe.
S'il possède l'expérience de la troupe, il s'est encroûté et ferait bien de retourner à l'école.
Si son avancement a été rapide, il est un peu jeune pour son grade.
S'il a été promu à son tour normal, ce n'est pas un génie.
S'il prend les choses en mains, il devrait déléguer plus d'autorité...
S'il délègue son autorité, il en prend à son aise.
S'il critique les décisions de l'échelon supérieur, c'est un "rouspéteur".
S'il les approuve, c'est un "lécheur de bottes" ou un manquant de caractère.
S'il s'en tient aux règlements, il manque d'esprit pratique et complique les choses.
S'il arrondit les angles, il finira par s'attirer des ennuis, si même ce n'est pas déjà fait.
S'il attache de l'importance à l'instruction, c'est certainement au détriment de l'administration.
S'il en attache à l'administration, il doit négliger l'instruction.
S'il sait prendre rapidement une décision, c'est un impulsif, n'en pesant pas les conséquences...
S'il en étudie les conséquences, c'est un indécis.
S'il contrôle de près le travail de ses subordonnés, il s'en méfie, et les terrorise...
S'il les laisse agir, il ne s'intéresse pas à leur travail et encourage leur négligence.
S'il tient compte du jugement de ses officiers et sous-officiers, il se laisse dominer par ses subordonnés...
S'il néglige leur jugement, il les décourage en leur donnant un complexe d'infériorité.
S'il exige que ses subordonnés passent par la voie hiérarchique, il se rend inaccessible...
Si sa porte leur est ouverte, il verse dans la familiarité.
Si les rapports sont brefs, les questions qu'on y traite sont d'un ordre trop général...
S'ils durent plus de temps, il sous-estime l'intelligence de ses subordonnés en entrant dans le détail, et leur fait perdre
du temps.
S'il ménage ses hommes, il les gâte...
S'il les mène à la spartiate, c'est un sadique.
S'il y a peu de punitions dans son unité, c'est le reflet de son inaptitude à commander.
Si, etc...

Mais, quoi qu'il fasse, il aura tort. C'est un miracle qu'il soit encore dans l'Armée. Il devrait se retirer quand il en est
encore temps.

Le Poireau

Ce terme désigne affectueusement un Officier général. En effet, ici on le compare à ce noble légume dont la tête est
certes blanche, mais dont la queue reste toujours verte.

"Un bon guerrier est un bon queutard. L'inverse n'est pas forcément vrai".
(Général CAILLAUD - ETAP - 1973).

Vous trouverez ci-dessous une description historique et scientifique de ce végétal (auteur inconnu)..

Le Poireau, du Latin "Parrum", se présente sous forme d'une tige dont la longueur est variable suivant l'âge du sujet.
Nous considérons dans cet exposé uniquement le cas du poireau adulte.

Il se distingue par un bulbe oblong, garni de polis abondants à l'une de ses extrémités, d'une saveur fade et d'une
odeur âcre.

L'origine du poireau est très ancienne. C'est notre ancêtre Adam qui l'introduisit le premier, et pas seulement dans les
Bouches-du-Rhône comme le prétendent certains.

Dès le début, le poireau fut introduit dans le corps enseignant. Henri IV voulut mettre le poireau dans le pot. Bien
que cet usage ne soit pas entré dans les moeurs, il est encore pratiqué de nos jours.
Plus tard, vers le dix-huitième siècle, Saint-Germain, qui en possédait un beau spécimen, l'introduisit un peu partout
en France.

La culture du poireau florissante jusqu'à nos jours a eu de nombreuses maisons spécialisées dans l'art de la
plantation. Depuis quelques années, ces maisons sont fermées, mais la plantation du poireau n'a nullement souffert de
cet état de chose puisque depuis, elle se propage d'une manière artisanale et familiale.

Il y a différentes façons de planter le poireau. Il est bon de le planter dès que sa longueur atteint quinze centimètres.
Prendre alors le poireau adulte, bien ferme et barbu à souhait, l'enfoncer par la tête dans les terrains vierges de toute
culture, bien ombragés et humides. Il réussit particulièrement dans les terrains gras situés dans les vallées. Le poireau
s'accommode très bien du voisinage de l'oignon qui, dans certains cas, favorise son développement.

Dans sa jeunesse, le poireau se plante souvent derrière l'église (plus tard derrière le gare), et comme le fait remarquer
le spécialiste SCHPUNTZ, sa culture sur les bords de la Vistule donne de bons résultats. Par contre, le voisinage de
mer lui est néfaste, les maladies du poireau s'attrapant au bord d'elle.

Il est signalé quelques engrais, comme les bromures, qui sont contraires à son développement. Il est recommandé,
avant de le planter, de le faire fumer.

On constate assez souvent un durcissement subit du poireau, particulièrement lorsqu'il est légèrement effleuré ou trop
longtemps manipulé, il perd alors son jus et s'amollit. Il suffit dans ce cas de le laisser en attente pendant un certain
temps. C'est ce qu'on appelle "faire le poireau". Il retrouvera ensuite ses qualités premières.

Selon certains, le jus de poireau sert à arroser le persil, selon d'autres, il sert à confectionner le café du pauvre. Mais
ceci est une affaire de goût personnel.

Le poireau véritable, et recherché, paraît être celui assez âgé et dont la taille et la saveur sont appréciées de
connaisseurs. Il est également très recherché des ménagères qui le mettent dans leur pot-au-feu, accompagné souvent
d'un morceau dans la culotte.

L'abus du poireau donne aux ménagères une tendance à l'embonpoint. Pour éviter cet inconvénient, notamment dans
le cas du poireau à la crème, il est recommandé de le préparer suivant la vieille méthode dite "anglaise".

En Bretagne, on met le poireau dans les moules marinières. Certaines personnes prétendent qu'il existe trente deux
manières de présenter le poireau. A Paris, dans le quartier des Halles, il est très courant d'entendre proposer la botte.
Nous vous mettons en garde contre de tels procédés, la marchandise s'avérant défraîchie. Il est préférable de mettre la
main au panier pour se rendre compte de la qualité.

Nous vous signalons enfin que la plupart des maladies du poireau sont curables. Bien traité et bien accommodé, le
poireau est prêt à servir à n'importe quel moment. Usez donc du poireau qui vous donnera de beaux enfants, surtout
si vous en faites un usage judicieux.

PS : Pour tous renseignements complémentaires, écrivez au : Comité de Culture du Poireau - Passage de la Vierge, à
Paris 17° - CCP Paris 32.69.
La Bombarde

Auteur inconnu, vraisemblablement un Artilleur.

La Bombarde est l'un des plus modernes matériels utilisés par l'artillerie de campagne. C'est un engin à tir courbe,
c'est à dire qu'il est susceptible d'atteindre un ennemi qui ne le voit point.

On l'utilise contre des objectifs terrestres situés entre 200 et 300 toises, et contre les aéronefs volant bas, à l'altitude
maximum de 53 coudées nonante-quatre.

Nomenclature

La bombarde se compose de trois parties principales :


Premièrement, la bombarde proprement dite,
Deuxièmement, les munitions,
Troisièmement, les servants.

En ce qui concerne la bombarde proprement dite, je n'insisterai pas. Les munitions, elles, sont au nombre de "une" (le
boulet). Distinguons cependant le boulet rouge et le boulet vert. Comme servants, nous avons le premier pétardier, le
deuxième pétardier et quelques bombardiers.

Rôle des Servants

Le premier pétardier et le deuxième pétardier ont pour rôle principal le chargement de la bombarde.

Les quelques bombardiers ont pour rôle les menues opérations de mise à feu. Pour la manoeuvre, les
commandements sont les suivants : "Pétardiers, garde-à-vous ! Bombardiers, à vos postes pour un boulet rouge et un
fagot".

Démontage et Remontage

En principe, la bombarde ne se démonte pas.

Pour le remontage, les opérations s'effectuent en sens inverse.

Définitions

Coup encadrant : on dit qu'un coup est encadrant quand un coup long est vu court par le Chef d'Escadron et
inversement.

Tir réglé : on dit qu'un tir est réglé quand il y a autant de coups courts que de coups longs.

Réglage du Tir, Exemple

Tirons un premier coup, le coup est court.


Tirons un deuxième coup, la chance nous favorise, il est encore court.

Il nous faut maintenant deux coups longs. Pour cela, avançons la bombarde.

Tirons un troisième coup, le coup est long.

Tirons un quatrième coup, la chance nous favorise, le coup est encore long.

Ramenons alors la bombarde à une position médiane entre le premier et le deuxième emplacement, et nous dirons
que le tir est réglé.

Remarque : si le troisième coup est encore court, avancer la bombarde jusqu'à ce que l'on obtienne un coup long.

Incidents de Tir (trois possibilités)

Premier incident : le coup part et la bombarde recule.


Remède : ramener la bombarde à sa position première. Ancrer solidement au sol et continuer le tir.

Deuxième incident : la bombarde éclate.


Remède : changer le premier pétardier. Changer le deuxième pétardier. Changer les bombardiers..., et changer la
bombarde.

Troisième incident : la bombarde se fendille.


Remède : aller dans la forêt voisine cueillir des lianes souples. En enserrer fortement la bombarde. Continuer le tir ce
qui amène presque fatalement à l'incident de tir numéro 2.

Le Para

Auteur inconnu

Le Para ne meurt pas, il exécute son ultime saut.


Le Para ne va pas au ciel, il y retourne,
Que Saint-Michel l'accueille sous son aile !

Le Para ne porte pas de béret rouge, il arbore un béret amarante


Le Para ne dort pas, il récupère
Le Para ne mange pas, il se désaltère
Le Para n'avance pas, il progresse
Le Para ne monte pas à l'assaut, il bondit
Le Para ne fuit pas, il se replie en combattant
Le Para ne se planque pas, il manoeuvre
Le Para ne s'abrite pas, il se camoufle
Le Para ne rampe pas, il utilise le terrain
Le Para ne tire pas, il rafale
Le Para ne drague pas, il ratisse
Le Para ne conte pas fleurette, il évoque ses campagnes
Le Para ne baise pas, il saute
Le Para ne saute pas, il passe la portière
Le Para ne va pas au combat, il plonge dans la mêlée
Le Para n'a jamais peur même s'il lui arrive de baliser
Le Para n'a pas d'opinion, il n'a que des certitudes (qu'il est le meilleur !)
Le Para ne méprise personne, il lui arrive d'admettre qu'il puisse exister d'autres
régiments paras que le sien)
Le Para ne joue pas des coudes, il roule des mécaniques
Le Para n'est pas modeste, il a tout simplement conscience de sa valeur
Le Para n'est pas un héros, il est Para, ce qui veut dire la même chose
Le Para n'a jamais de rhume de cerveau, il a des crampes au mollet
Le Para ne va pas au ciel, il exécute son ultime saut
Et d'ailleurs, un Para est un Para, et réciproquement.

Para un jour..., Para toujours !!!

Définitions
de l'Encyclopédie du jeune Officier
d'Etat-major

Extraits de la Revue militaire britannique "The Army Quarterly" - avril 1964

Abréviations : langage secret destiné à rendre tout texte ou document incompréhensible aux non-initiés.

Officiers du 2° Bureau : individualistes prudents qui considèrent que tout renseigne-ment obtenu est bien trop secret
pour être divulgué; ne peuvent en conséquence être pris en défaut.

Officiers du 3° Bureau : personnalités suprêmement intelligentes, entièrement con-vaincues de leur propre aptitude à
conduire les opérations à un très haut échelon en cas de guerre. Absolument hermétiques aux banalités mondaines de
la gestion du personnel et de la logistique..., que d'ailleurs il ne comprennent pas.

Officiers du 4° Bureau : individus tristes et misérables, placés par le sort au centre du combat éternel que se livrent
les majors des unités de mêlée et les services. Comme c'est normal pour des arbitres, ils reçoivent une copieuse ration
de coups de la part des deux adversaires, sans compter les sarcasmes des spectateurs.

Chef : rêveur qui cultive l'étrange illusion de diriger les activités de l'organisme à la tête duquel il est placé. Peut être
envoyé, quand il fait beau, visiter les unités sur le terrain. Quand il fait mauvais, le maintenir à son bureau avec une
grande quantité de courrier sans importance.

Compte-rendu : excellente pratique pour éviter du travail à l'état-major. Tout ce qu'il y a à faire, c'est de demander,
chaque semaine à chaque unité, toutes les informations qui pourraient éventuellement être nécessaires pour n'importe
quelle unité, n'importe quelle semaine. Grâce à cette astuce, l'état-major n'a pas besoin de compulser les
correspondances antérieures, ni de tenir à jour, lui-même, des statistiques.

Directive : émise au nom du Chef. A pour but de donner aux cadres des unités et des services suffisamment de travail
(sans forcément allouer les moyens nécessaires, l'imagination étant censée suppléer la carence des moyens) pour
qu'ils fichent la paix à l'état-major.
Dossiers : chemises remplies de papier blanc, accumulées dans une corbeille marquée "instances" pour
impressionner les visiteurs et le Chef.

Ecole d'Etat-major : centre d'endoctrinement où l'on apprend les règles du jeu aux aspirants Officiers d'Etat-major.
Tout le travail est fait dans les syndicats (appelés "groupes"), ce qui permet aux élèves d'acquérir une expérience
valable dans l'art de mettre en déroute à la fois le Chef (représenté par l'instructeur) et les unités ou les autres Etats-
majors (représentés par les autres syndicats concurrents).

Etat nominatif : lorsqu'un Officier de troupe pose une question gênante, il peut recevoir l'ordre d'établir un état
nominatif concernant une catégorie de personnels bien choisie, par exemple "les caporaux-chefs mariés, de chevelure
rousse, ayant de la famille à Doncaster, en précisant le nombre, l'âge et le sexe des enfants, les dates de la dernière
permission, la situation vis-à-vis de l'avancement, enfin en indiquant si les intéressés sont aptes à faire la cuisine et à
conduire un véhicule automobile.

Exercices : le Chef dit "faisons un exercice", et souvent, pour lui faire plaisir, l'Etat-major condescend à lui en
monter un. Dans ce domaine, les règles d'or sont les suivantes : il doit être situé sur quatre cartes différentes ; l'ordre
d'opération doit comporter au moins trente pages de littérature, de situation initiale, de conception générale, de points
de vue particuliers, avant que l'on puisse trouver la première information valable ; l'Etat-major auquel appartient en
propre le rédacteur ne doit être, à aucun moment cité dans le texte, de manière à ce qu'il ait le maximum de garanties
de n'avoir pas à prendre une part active aux événements.

Félicitations : réclamées instantanément par l'Etat-major pour toute opération qui se déroule normalement.
Antonymie : blâme ou critique qui doit être instantanément reporté sur l'unité la plus proche.

Hier : la date pour laquelle on exige une réponse à toutes les demandes effectuées le jour même.

Journal : enregistrement quotidien des indiscrétions ou des injustices perpétrées par le Chef ou un Officier d'état-
major plus ancien, pour faire l'objet de mémos sensationnels lorsqu'il n'y aura plus aucun espoir d'avancement.

Ordre d'opération : établi par l'Etat-major pour faire apparaître effroyablement compliqués les très simples désirs du
Chef. Ceux-ci sont alors, inévitablement, pas remplis, ce qui permet d'envoyer le Chef inspecter l'unité considérée
comme responsable.

Permission : à faire coïncider avec un exercice d'Etat-major ou encore tout événement désagréable qui se profile à
l'horizon. Il est essentiel d'obtenir l'accord du Chef avant qu'il n'ait pleinement conscience lui-même de l'événement
futur.

Plan : la plupart des Chefs en produit un en dix minutes pile. Il faut ensuite plusieurs heures à l'Etat-major pour en
rédiger une appréciation adaptée.

Porte-document - Serviette : symboles de pouvoir et d'autorité. Nul Officier d'Etat-major digne de ce nom ne pourrait
accepter d'être privé du droit de les exhiber.

Sécurité militaire : lieu de retraite pour Officiers d'Etat-major sans emploi. Ses décisions sont imprévisibles, mais
doivent être considérées comme définitives.

Sortie (de secours) : indispensable dans tout bureau. A employer lorsque le chef du secrétariat est signalé porteur de
documents apparemment importants, ou si un Commandant d'unité vous ayant précédemment fait contacter par son
adjoint ou son major, n'ayant pas obtenu satisfaction se présente en personne.

Tableaux d'Effectifs et de Dotation de Guerre (T.E.D.G.) : liste mythique des personnels et des équipements
supplémentaires qui seraient supposés donner à chaque unité sa pleine capacité de combat. Très souvent cités par les
Officiers d'Etat-major compétents comme excuse à un déficit habituel ("Bien entendu, ce n'est que dans le cadre des
T.E.D.G. que...").

Transports : une part très importante des heures de service des Officiers d'Etat-major est apparemment consacrée à
répartir et à affecter des véhicules. Le fil conducteur, dans ce domaine, échappe souvent au non-initié qui n'arrive pas
à apprécier le besoin qu'éprouve l'Officier d'Etat-major d'arranger les choses de telle façon que, finalement, c'est lui
qui dispose du véhicule de liaison (VL) le plus rapide et le plus confortable.

V.I.P. (Very Important Personality) : tout supérieur ou Chef, s'il a des chances d'être utile à la future carrière de
l'Officier d'Etat-major, se voit assuré par ce dernier, de manière parfaitement visible, tout confort et toutes facilités,
tout en lui suggérant que, si l'organisation de sa mission n'avait tenu qu'au Chef, celle-ci aurait connu un fiasco
complet.

Unité : qualité essentielle de tous les bons Etats-majors. Pourvu que tous ses membres se serrent vigoureusement les
coudes, nul, ni le chef, ni les unités, ne peut espérer le battre.

Zèle : après le "charme", c'est la qualité la plus désirable pour un Officier d'Etat-major. Pour obtenir une réputation
de "zélé", il suffit : de quitter son bureau tard le soir ; de porter constamment une serviette bourrée de dossiers (voir
ci-dessus) ; de maintenir pleine et en évidence la corbeille "instances" (voir ci-dessus) et de faire de fréquentes visites
aux unité en choisissant avec soin le moment où les cadres ne savent plus où donner de la tête.

NB : il s'agit bien sûr ici de l'Armée britannique. Toute analogie avec une autre Armée serait absolument fortuite et
n'engagerait que la responsabilité de son auteur.

Definitions
of Terms used in Writing Reports

Extraits tirés d'une Revue britannique

D'une très grande compétence : N'a pas encore commis d’erreurs majeures

D'une intégrité morale hors du commun : Agit toujours à la limite supérieure du règlement

Potentiel illimité : Devrait terminer sa carrière comme Capitaine de Frégate

Grande vivacité d'esprit : A toujours trouvé des excuses à ses erreurs

Saisit chaque occasion pour progresser : Rend volontiers de menus services à ses supérieurs

Aborde les problèmes difficiles avec logique : A toujours trouvé quelqu'un pour faire son travail à sa place

Esprit d'analyse très poussé : Particulièrement confus

Esprit imaginatif et novateur : Professionnellement incompétent

D'une très grande disponibilité : N'hésite pas à prendre sur ses heures de loisir pour le bien du service : A des
problèmes conjugaux

Pilote exceptionnel : Totalise à ce jour autant d'atterrissages que de décollages


Se situe dans la moyenne : Pas brillant du tout

Légèrement inférieur à la moyenne : Parfaitement stupide

Quelques Proverbes

Tirés de la revue "Infantry" - Mars-avril 1970

Toute doctrine militaire est faite pour des routes pavées et plates pendant les beaux jour de juin. Toute autre situation
demande des expédients.

Aucun équipement militaire n'atteint la perfection d'un ouvre-boite de ration individuelle.

Tout homme peut aller partout en dépit de tous, excepté l'opposition d'un homme meilleur voulant aller partout en
dépit de tout.

Le terrain, les intempéries, les tirs, etc..., peuvent retarder un homme déterminé à avancer, mais jamais à l'arrêter.

La nuit appartient à celui qui la revendique. C'est une amie pour les petites armées parce que les fortes armées sont
généralement paresseuses.

Un fantassin peut survivre à beaucoup de batailles avec seulement une chance moyenne à condition d'avoir la
curiosité de savoir ce que fait l'ennemi et pourquoi il le fait.

Les éclaireurs sont bien placés pour savoir qu'un renseignement doit être exploité et rapidement. Les éclaireurs sont
trop souvent utilisés simplement pour satisfaire la curiosité d'un état-major ou pour alimenter la conversation d'un
bureau opérations.

Toutes les demi-heures rappelez-vous cette phrase du Général Hal MODRE : "Demandez-vous ce que vous avez fait
qu'il ne fallait pas faire, et ce que vous n'avez pas fait et que vous auriez dû faire".

Il y a simplement quatre catégories d'officiers


Les énergiques et habiles qui font d'excellents officiers d'état-major ;
Les paresseux et habiles qui font de magnifiques Généraux ;
Les stupides et paresseux qui peuvent être utilisés efficacement par les états-majors et les Généraux,
Et enfin les stupides et énergiques qui sont à exécuter le plus rapidement possible afin de sauver la race.

Les plans qui se présentent trop bien doivent être impitoyablement examinés.
TTA 106 Quater

Vocabulaire de l'officier d'état-major snob. Indispensable si vous voulez vraiment être dans le coup. Les candidats à
la reconversion civile qui souhaitent passer pour de jeunes cadres dynamiques sauront ainsi s'insérer avec avantage
dans un monde civil devenu friand d'expressions militaires.

Ce vocabulaire s'adresse essentiellement aux Brevetés et aux Officiers d'état-major.

Adéquation : opération arithmétique complexe dont le résultat est toujours une économie budgétaire

Aller à l'essentiel : réduire son train de vie avant que son budget de fonctionnement ne diminue

Approche diachronique : vision manichéenne d'un problème souvent simpliste

Approximer : évaluer à la louche (la louche : maître étalon du diplômé d’état-major)

Arme non léthale : arme destinée à tuer zéro mort

Autodissuasion : réflexe qui consiste à remanier sa fiche à la première objection

Bien câblé : se dit d'une personne n'ayant pas de bugs sur son disque dur

Biunivoque : difficile à cerner, mais s'apparente au dialogue de sourds

Boucle courte : permet de s'affranchir des incompétences de ses supérieurs

Brain storming : se mettre à plusieurs pour arriver à trouver les arguments justifiant une décision déjà prise par le
chef

Bug - Il a un bug : dysfonctionnement cérébral - c'est un c…

Calibrer : adapter le besoin aux moyens disponibles

Capacité opérationnelle : idéal du moi militaire

Changer de portage : passer de la brouette à deux roues à la brouette à une roue

Cohérent - Etre cohérent : justifie une solution, pertinente ou non - avoir tort jusqu'au bout

Co-juxtaposition : mettre à côté de ce qui l'était déjà

Complexification : pagaille en perspective

Concaténation : fusion en un document unique de textes n'ayant aucun lien entre eux, sauf la police des caractères

Conceptualiser : rendre un problème impossible à comprendre (et à résoudre) en le vidant de tous ses aspects
concrets
Consensus - Consensus mou : accord unanime sur une solution fausse, pourtant synthétisant des solutions partielles
justes - personne n'était d'accord, mais c'était l'heure du repas

Dangerosité : risque encouru intellectuellement, bien sûr

Décliner les réalités : faire l'inventaire des souhaits du chef en occultant la situation

Densifier - Densifier une unité : faire plus avec moins ou masquer ses capacités - dissoudre au moins un tiers des
unités subordonnées

Discours déclaratif : prononcé par écrit ou rédigé oralement ?

Disponibilité : ne consiste pas nécessairement à fournir un travail important, mais à le faire systématiquement tard le
soir

Dual - Energie duale : à voile et à vapeur - agrégat d'approches diachroniques et de positions dichotomiques dont les
activités missionnelles visent à l'obtention de l'optimalité incrémentale des systèmes experts

Durcir : combler les déficits

Engerber : ravaler "Raoul"

En toute amitié : pauvre c.., ne comptez pas sur moi pour vous sortir de la m.... !

Etudes prospectives : définir le matériel qu'on décidera plus tard de ne pas acheter

Expert : habitué du jugement pifométrique ; il croit être le seul à tout savoir. On le consulte uniquement pour des
problèmes sans solution

Façonner l'adversaire : décider du mode d'action ennemi à la place de ce dernier, en veillant à ce que sa manœuvre
reste sur l'assemblage des cartes préparé pour jouer l'exercice

Facteur déterminant : argument du chef

Facteur discriminant : postier raciste

Feed-back : alimentation par voie rectale

Fenêtre étroite de compétence : subordonné du type borné et inadaptable

Fonctionner de façon nominale : ça baigne !

Format de l'armée de terre : peau de chagrin !

Fort potentiel : voie de gauche, phares allumés

Frappé au coin du bon sens : fait moins de mal que d'être frappé ailleurs

Fratricides : qualifie les relations normales des Brevetés d'une même promotion

Géométrie variable : permet de tourner sa veste au moment opportun ou sert à brasser de l'air

Géo-référençant : qui maintient sa manoeuvre dans l'assemblage des cartes


Gesticulation : moyen malhonnête d'accéder aux frais de déplacements, aux médailles et aux filles faciles

Humanitaire : seul argument valable justifiant aux yeux de l'opinion publique le déploiement de forces armées sur un
théâtre d'opérations

Incontournable : argument massue, à utiliser en dernier recours, mais cependant à placer en début d'exposé

Inhibition duale : être deux à les avoir à zéro

Interallié : à la botte des Américains

Interarmées : impose la présence de l'armée de l'air à la popote

Interface - Interfacer : s'apparente à la tranche de jambon dans le sandwich SNCF - bidouiller une liaison

Interopérable : qui impose des procédures en Anglais

Itérativer : se mordre la queue ou rester en mesure de tout changer jusqu'au dernier moment

Lacunaire : diplômé de bas de gamme ou état d'un front dans lequel on a oublié les trous

Langue de bois : antonyme de langue de p....

Lisser : action qui consiste à supprimer d'une démonstration foireuse les contra- dictions parasites

Maintenir au nominal : conserver un système d'armes dépassé ou une structure démodée

Management : système D

Mes bons amis : vous avez l'air d'oublier que je suis votre deuxième noteur !

Mission encadrante : mission qui n'est ni contingente, ni concourante, ni convergente

Mode dégradé : est à l'emploi des forces ce que le grunge est à la haute couture (mode d'action typiquement gaulois)

Fonctionner en mode dégradé : décider de retourner au travail à la sortie d'un repas de popote bien arrosé

Modulaire : de bric et de broc

Mouillage : état du marin qui n'a pas fourni de fiche depuis deux jours

Mon souci : problème sans importance qu'on expose au chef pour éviter de l'inquiéter sur la gravité extrême de la
situation tactique

Multirôles, Multitâches, Multifonctions : au four et au moulin

Mur d'excellence : obstacle du parcours du combattant du Breveté situé juste après la fosse d'aisance (les aviateurs
préfèrent parler du mur du çon)

Noyau dur : seul élément qui tienne la route

Optimiser : presser le citron


Paramètrer : affecter d'un coefficient perso pour obtenir le résultat que l'on souhaite

Pertinent : se dit d'un argument cohérent (souvent par hasard)

Poignée de l'éventail : bon côté de l'absence de décision (à rapprocher de la poignée de parapluie), point de non-
retour ou encore sert à produire du vent

Portable : permet à l'officier d'état-major de taper lui-même, le soir à la maison,un papier qu'il aurait pu faire taper
par un autre au bureau dans la journée

Porteur - Poste porteur : apte à satisfaire les ambitions carriéristes du Breveté - travail de fou, dans un bureau étroit,
avec des horaires impossibles, sous les ordres de chefs irascibles, mais à Paris !

Prépositionné : bronzage sous les cocotiers

Priorité : coefficient appliqué à tous les oukases et plus généralement au souci majeur du chef

Priorité N° 1 : coefficient appliqué à un nombre colossal d'oukases, décrétés de préférence le vendredi vers 18H30

Problème : forcément complexe, le plus souvent sans solution, raison pour laquelle on le confie à un Breveté

Ca pose problème : le chef va être obligé de se mouiller !!!

Soulever un problème : courir aux ennuis

Protection balistique : pour le fantassin, gilet pare balles ou trou individuel ; pour le cavalier, le blindage ; pour le
Breveté, le parapluie

Quand "j'étais à votre place" : j'ai pas l'air, mais moi aussi, je suis breveté

Rationaliser : couper les ailes du canard avant de le manger

Récurrent : se dit d'un argument qui décape

Redondance : La confiance n'exclut pas le contrôle - Faire faire à deux Brevetés ce qui était à la portée d'un seul

Reformatage : remettre à zéro de qui vient d'être formaté

Reversibilité : égale aptitude à l'offensive et la fuite

Simulation : Game boy - remplace les sorties fastidieuses

Sous enveloppe : dém.....-vous

Spécificités : ensemble de défauts qui font qu'on est globalementmoins bon que les autres, mais qui font aussi partie
de la fierté d'un arme (ou armée)

Surdimensionné : qualifie la cible de la prochaine réduction d'effectifs

Sur le terrain : c'est l'extérieur des locaux d'état-major dans lesquels le Breveté est affecté
Synergie : accumulation de faiblesses dont on espère qu'elles peuvent conduire à la cohérence

Système d'armes : tout matériel qui contribue à la survie d'une Inspection d'Arme

Systémique tangentielle : b... parasite

Tendance lourde : qui va nous faire casser la g.....

A court terme : à peu près bientôt, si les crédits sont débloqués


A moyen terme : dans dix ans, repoussable d'année en année
A long terme : jamais

Tuilage : argument de gestionnaire justifiant une perte de 40% sur les tableaux d'avancement

Unité en sommeil : qui ne se réveillera pas

Valider : ouvrir le parapluie

Volontariste : fermement décidé à ne rien modifier

Compléments
Au Glossaire d’Etat-major

Référence : lettre de WELLINGTON, adressée en 1810, au ministre britannique, de la Guerre.

à l’étude : le document de base n’a pu être retrouvé

à traiter à part : peut-être, mais avec un peu de chance devrait être rapidement oublié

en temps opportun : jamais

a été étudié avec la plus grande attention : des recherches ont été entreprises pour tenter de retrouver le document de
base

l’intéressé a été parfaitement informé : au dernier moment, un officier supérieur de l’état-major lui a fait un exposé
très succinct et particulièrement confus

il est de plus en plus fréquent d’admettre que : deux officiers « très » supérieurs de
l’état-major ont la même opinion sur la question

il est communément admis : trois officiers « très » supérieurs de l’état-major ont la même opinion sur la question
pièces jointes : ou non jointes selon le cas ; de toute façon votre secrétariat est responsable

la question a été examinée dans son ensemble : j’ai très peu d’idées sur la question

référence : qu’il en existe ou pas, ce papier doit bien commencer par quelque chose

sans idée préconçue : j’ignore tout du sujet traité

selon les errements en vigueur : aucune décision ne sera prise jusqu’à nouvel ordre

tous les ordres donnés par mon prédécesseur resteront en vigueur jusqu’à nouvel ordre : je ne les ai pas encore lus,
mais je saisirai la première occasion pour les bouleverser

transmis pour observations : procédé douteux consistant à faire faire tout le travail par un officier subalterne ;
l’officier supérieur se contentant ensuite d’ajouter « à mettre à la frappe », et de signer

transmis pour information : cela ne signifie rien pour moi, êtes-vous au courant ?

vous le savez – vous ne pouvez ignorer : vous ne le savez pas – vous l’avez sûre- ment oublié, si jamais vous l’avez
su un jour

Peut être complété par

Me référant à votre lettre du : à celle-là ou à une autre…, mais il faut bien commencer par quelque chose

Urgent : j’aurais dû y penser plutôt, mais maintenant c’est vous qui êtes en retard

Transmis pour examen et propositions : je ne connais rien à la question, faites-moi un papier sur lequel je pourrai
mettre « vu et transmis »

Transmis pour information : nous, on s’en fout

Transmis pour exécution : dém….z-vous et rendez compte

La question est en cours d’examen : nous recherchons activement le dossier

La question a fait l’objet d’un examen attentif : le dossier est définitivement égaré

D’accord avec vous sur les grandes lignes : je n’ai pas l’intention de me lier par une suggestion quelconque

Abordant la question sans idées préconçues : j’ignore totalement le sujet

Ainsi que vous le savez : vous ne le savez peut-être pas, mais vous n’oserez pas le dire

Il y a lieu de rappeler que : si je ne l’ai pas dit, je le répète

Je n’ignore rien de vos difficultés : allez vous faire voir chez les……… Grecs (de préférence)

En temps opportun : aux calendes grecques

A classer : vous pouvez vous le mettre où je pense


De la Correspondance Militaire

Lettre de Paul-Louis COURRIER à M. DANSE de VILLOISON


Barletta – 8 mars 1805

Que vouliez-vous dire ? Que nous autres soldats nous écrivons peu, et qu’une ligne nous coûte ? Ah ! Vraiment,
voilà ce que c’est ; vous ne savez pas de quoi vous parlez. Ce sont là des choses dont vous ne doutez pas, vous
messieurs les savants.

Apprenez, Monsieur, apprenez que tel d’entre nous écrit plus que tout l’Institut ; qu’il part
tous les jours des Armées, plus de cent voitures à trois chevaux, portant chacune plusieurs quintaux d’écriture ronde
et bâtarde, faites par des gens en uniforme, fumeurs de pipes, traîneurs de sabres ; et que moi seul, ici, cette année,
j’en ai signé plus, moi qui ne suis rien et ne fais rien, plus que vous n’en lisez en toute votre vie, et mettez-vous bien
dans l’esprit que tous les mémoires en histoires de vos Académies, depuis leur fondation, ne font pas en volume le
quart de ce que le Ministre reçoit de nous chaque semaine régulièrement.

Allez chez lui, vous y verrez des galeries de vastes bâtiments remplis, comblés de nos productions, depuis la cave
jusqu’au faîte : vous y verrez des Généraux, des Officiers qui passent leur vie à signer, parafer, couverts d’encre et de
poussière, accuser réception, apostiller en marge des lettres, à répondre à celles répondues. Là, des
troupes réglées d’écrivains expédient paquets sur paquets, font tête de tous côtés à nos
états-majors, qui les attaquent de la même furie. Voilà nos paresseux d’écrire.

Allez, Monsieur, il serait aise de vous démontrer, si on voulait humilier, que tous les Corps de l’Etat, c’est
l’Académie qui écrit le moins aujourd’hui, et que les plus grands travaux de plume se font par des gens d’Epée.

Du Rapport Coût Efficacité

Lettre de VAUBAN,
Commissaire général des fortifications,
Adressée à LOUVOIS,
Sous-secrétaire d’Etat à la guerre, Surintendant des bâtiments
Il y a quelques queues d’ouvrages des années dernières qui ne sont point finies et qui ne finiront point, et tout cela,
Monseigneur, par la confusion que causent les fréquents rabais qui se font dans vos ouvrages, car il est certain que
toutes ces ruptures de marchés, manquements de paroles et renouvellement d’adjudications ne servent à vous attirer
comme entrepreneurs tous les misérables qui ne savent où donner de la tête, les fripons ou les ignorants, et à faire
fuir tous ceux qui ont de quoi et qui sont capables de conduire une entreprise.

Je dis de plus qu’elles retardent et renchérissent considérablement les ouvrages, qui n’en sont que plus mauvais car
ces rabais et bons marchés tant recherchés sont imaginaires, d’autant qu’il est d’un entrepreneur qui perd comme
d’un homme qui se noie, qui se prend à tout ce qu’il peut ; or, se prendre à tout ce qu’on peut en matière
d’entrepreneur, c’est ne pas payer les marchands chez qui il prend des matériaux, mal payer les ouvriers qu’il
emploie, friponner ceux qu’il peut, n’avoir que les plus mauvais parce qu’ils se donnent à meilleur marché que les
autres, n’employer que les plus méchants matériaux, chicaner sur toutes les autres choses et toujours crier
miséricorde contre celui-ci ou celui-là.

En voilà assez, Monseigneur, pour vous faire voir l’imperfection de cette conduite ; quittez-là donc et au nom de
Dieu rétablissez la bonne foi : donnez le prix des ouvrages et ne refusez pas un honnête salaire à un entrepreneur qui
s’acquittera de son devoir, ce sera toujours le meilleur marché que vous puissiez trouver.

Complément de Correspondance Militaire

Cette lettre de WELLINGTON,


Adressée à un de ses supérieurs,
Montre son irritation envers le Ministère

Monsieur,

Si j’essayais de répondre à la masse de futile correspondance qui m’accable, je devrais être détaché de toute affaire
sérieuse concernant la campagne que je mène.

Je dois rappeler à votre Seigneurie, pour la dernière fois, qu’aussi longtemps que je bénéficierai d’une position
indépendante, je veillerai à ce qu’aucun Officier sous mes ordres ne soit détourné, en s’occupant de radotages futiles,
pauvres fruits de l’activité de quelques plumitifs de votre ministère, de porter toute son attention sur son premier
devoir qui est et a toujours été d’entraîner les hommes sous son Commandement afin qu’ils puissent, sans aucun
doute, battre toute force qui leur serait opposée sur le champ de bataille.

Je suis, Monseigneur, votre obéissant serviteur.

WELLINGTON
« Tu seras un Homme, mon Fils »

Poème de KIPLING

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie


Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles


Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous les amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,


Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite


Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres le perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.
Rêverie

D’un poète nommé « LYAUTEY ». Sa « Rêverie » est celle d’un homme d’action qui s’abandonne un moment, en
s’interrogeant sur son destin.

LYAUTEY s’amusait fréquemment à énoncer des contre-proverbes tels que :


« Dans le doute, astreints-toi ».
« Tout vient à point à qui ne sait attendre ».

Je revenais ce soir pensif et solitaire


À cheval et au pas, après la fin du jour ;
La lune se levait, sa rêveuse lumière
Argentait du vallon le sinueux contour.

Je suivais un chemin pendant sur la rivière


Et l’onde, que la brise agitait doucement,
Venait, jusqu’à mes pieds, s’épandre sur la pierre
En mille flocons d’or tombés du firmament.

Oh la belle soirée ! Oh quelle heure enivrante !


Mon cheval avait peur, et son souffle pressé
Sortait de ses naseaux en poussière brillante,
Puis il se rassurait par ma main caressé.

L’on entendait rien sous le ciel sans nuage


Que les sons effacés de l’angélus du soir,
Par un clocher voisin murmurés au village
Qui s’endort à ses pieds pour lui dire : « Bonsoir » !

Et moi qui veillais seul, en mon âme ravie,


Je sentais pénétrer de ce calme séjour
La douceur et la paix, et songeais à ma vie
Dont le cours agité s’arrêtait pour un jour.

Viendrai-je finir ma vieillesse tremblante


Semblable à ce vieux saule au feuillage effacé
Qui courbe sur les flots sa tête blanchissante
Et tombera là même où Dieu l’avait placé ?

Ou comme ce rayon qui paraît et qui passe


En traçant sur la mousse un sillon flamboyant,
Puis va se perdre au loin, laisserai-je à la place
Que j’aurai traversée un vestige brillant ?

Mais non, cherchant la coupe et mourant sans y boire,


J’irai, rongeant mes jours, et les verrai cesser,
Refusant le repos, repoussé par la gloire,
Comme un son fugitif passant sans rien laisser.

Oh Dieu, pourquoi sonder cet abîme insondable ?


Mon destin n’est-il pas de toujours ignorer
Où ton bras me conduit comme le grain de sable ?
Je vis, mais pour rouler, souffrir et t’adorer,
Pour joindre mes soupirs au chant que la nature
Pousse pour le louer, au chant de l’eau qui court,
Du roseau qui frissonne, et du vent qui murmure,
À l’hosanna sans fin auquel tout bruit concourt.

Je suis né…Mais ici s’arrête ma pensée…


J’approchais du logis, mon cheval le sentant
M’annonça le retour par sa marche pressée
Et son trot termina mon rêve d’un instant.

Hommage à nos Epouses

Paru dans "l'Epaulette", auteur inconnu

Sans la diversité, la vie serait austère,


Disait joyeusement la femme d'un militaire.
Privée d'un foyer fixe, sans jamais de répit,
Elle s'arrête partout où il pend son képi.
Dans une garnison ne reste que le temps
De faire quelques bonnes oeuvres et d'avoir un enfant.

Elle loge en des maisons manquant parfois d'espace,


Ou dans des HLM, jamais dans un palace.
Défait mille paquets, et quelque soit le temps,
Pose de la moquette entre deux accouchements.
Elle déplace les meubles ou prépare les lits,
Suspend les rideaux, faits d'anciens couvre-lits.
Chaque fois qu'elle déménage pendant qu'il caracole,
Bébé a la coqueluche ou alors la rougeole.

Rien ne l'étonne plus car elle a tout appris,


Se faire belle, avoir du charme et de l'esprit.
Récite les traditions et chants du régiment,
A bientôt en mémoire sa gloire et ses victoires,
Danse avec des lieutenants parfois entreprenants,
Avec le colonel empli de sentiments,
Avale cent breuvages, ou whisky, ou bière,
Modérément bien sûr, "prend garde à sa carrière".

Sa maison est toujours prête aux cérémonies,


Mais il donne des chèques avec parcimonie.
Elle doit savoir, chez elle, accueillir à toute heure,
Peu importe le nombre d'amis ou de visiteurs.
Une fois par mois, au moins, sonnant et trébuchant,
Elle a pour un festin ce qu'il lui faut d'argent,
Pourtant économise sa tenue ad'hoc,
Le soir faufile sa robe pour ne pas être en loques,
Et lorsqu'elle a fini de payer l'uniforme,
La règle en a changé, et rien n'est plus conforme.

Tantôt a domestique et vit comme une princesse,


Et tantôt elle est seule à mener sa grossesse,
Et par-dessus tout ça, quand il part au combat,
Le vrai, car aujourd'hui ça arrive parfois,
C'est elle qui supporte sans plainte ce souci lancinant,
D'apprendre une nouvelle
Qui mettrait une fin à ce qui est leur route.

Mais tout se finit bien, et au soir de sa vie,


Reste le boute-en-train de toute la compagnie.
Vieille dame énergique et jamais fatiguée,
Tout de même bien fatiguée par trente années d'armée.

Et quand au bout du compte, lorsque la fin approche,


Elle ne regrette rien, reçue au front des troupes, au mérite, au malheur,
Ou à l'ancienneté, malgré notre valeur,
C'est elle qui la mérite,
Cette Légion d'Honneur.
A un Chef de Corps

Auteur inconnu

Si tu sais défiler sur les Champs-Elysées


Et partir le soir même à Mailly manœuvrer,

Si tu sais prévoir les visites impromptues,


Les revues inattendues
Et les inspections imprévues,

Si tu peux, pour plaire à l’Intendant,


Ne jamais cesser
De toujours préparer
La revue H.C.C…,

Si tu sais accueillir avec la même confiance


L’Inspecteur technique et celui des essences,

Si tu sais, en même temps,


Former ton gérant de mess
Et préparer tous les candidats au D.M.S.,

Si tu sais gérer,
Planifier,
Administrer,
Mais aussi instruire,
Tirer
Et manœuvrer,

Si tu sais rester serein, tandis que les Gauchistes


Sans cesse autour de toi s’excitent et s’agitent,

Si tu peux lire dans « Le Monde »


Tes propos déformés,
Sans pour cela cesser de parler à tes appelés,

Alors, tu recevras avec le même bonheur


Les Intendants, les Contrôleurs,
Les Inspecteurs,

Et, ce qui vaut bien mieux que tous les Honneurs,


Ton Temps de Commandement sera ton souvenir le meilleur.

Histoire du Béret Parachutiste

Source : Documents 11° DP


Fin 1941 : le béret lie-de-vin est créé pour les Aéroportés britanniques par le Général Boy BROWNING.
Les SAS (Special Air Service) portent en Afrique un béret de laine couleur sable avec l’écusson SAS et la devise
« Who dare wins ».

1943 : les 3° et 4° BIA (Bataillon d’Infanterie de l’Air) français portent un béret bleu nuit. Les Anciens du French
Squadron des SAS ont conservé leur béret sable.
Juin 1944 : les hommes du 2° RCP sautent sur la Bretagne avec le béret bleu nuit.
Juillet 1944 : par Décision du Roi GEORGE V, le béret amarante est alors attribué au 2° RCP, les bérets arrivent en
France en août 1944.

11 novembre 1944 : le 3° RCP porte à son tour, lui aussi, le béret amarante.
Pendant toute la guerre, le 1° RCP, pour sa part, conserve les coiffures de l’Armée de l’Air française.
A partir de septembre 1944, Chocs et Commandos portent un large béret noir incliné sur l’oreille gauche.
Depuis 1943, les Commandos Fusiliers marins portent le béret vert des Commandos britanniques, mais avec un
badge français.

1946 : un béret noir est affecté aux Paras métropolitains. Seule exception, le 2° RCP qui conserve son béret
amarante.
1948 : la 25° DAP reçoit un béret bleu roi.

Mars 1951 : le Général de LATTRE décide qu’en Indochine, seulement, tous les Parachutistes porteront le béret
amarante. Les Légionnaires parachutistes conservent leur képi blanc.
1952 : apparition de béret vert « Légion », mais non officiel.
En métropole, les unités portent leur béret de tradition.

1956 : mise sur pied des Commandos de l’Air. Il portent un béret bleu nuit.
Septembre 1957 : le béret amarante remplace le béret bleu roi chez les Paras métro.

Eté 1961 : le béret amarante est supprimé pour les Paras l’été. Il est conservé en tenue d’hiver. La « punition » durera
trois ans.
1965 : mise sur pied à Nîmes de l’Escadron de Fusiliers Commandos de l’Air. Le béret bleu nuit d’Algérie est repris.

Ultérieurement : mise sur pied de la Gendarmerie parachutiste, béret bleu nuit aussi.
Beautiful Streamer

Tune of « Beautiful Dreamer »


Chanson humoristique des Paras britanniques

Beautiful streamer, open for me,


Blue sky over me and no canopy ;
Counted nine thousands, waited too long,
Reach for my rip cord, the darn thing was gone.

Beautiful streamer, why must it be ?


White silk me is what I should see,
Just like my mother that looks over me ;
To hell with the rip cord, ‘twas not made for me.

Beautiful streamer, follow me down,


Time is elapsing and here is the ground,
Six hundred feet and then I can tell,
If I’ll go to heaven or end up in hell.

Beautiful streamer, this is the end,


Gabriel is blowing, my body won’t mend ;
All you jump-happy sons of a gun,
Take this last warning as jumping’s no fun.
10 Conseils
pour une Carrière fulgurante

Auteur inconnu

1. Ayez toujours l’air absorbé et légèrement soucieux ; seuls les imbéciles, les subalternes et les Américains ont
l’air détendu pendant les heures de travail.

2. Ayez toujours l’air pressé. Courez dans les corridors. Vous serez classé parmi les gens dynamiques, ce qui
constitue un label des plus estimés.

3. Réapprenez au plus vite tout ce que votre mère vous a défendu pendant votre enfance, claquez les portes,
raccrochez violemment le téléphone, ne saluez que vos supérieurs et soyez aussi toujours de leur avis lorsqu’ils
sont présents.

4. Ne vous déplacez jamais sans un dossier bien rempli, c’est l’essentiel. Au besoin, bourrez le avec des journaux.

5. Comme il est bien d’avoir des idées originales, ayez-en quelques-unes. Mais attention, que ces idées soient bien
les mêmes que celles de vos collègues supérieurs, sans quoi vous passeriez pour un dangereux idéaliste.

6. Travailler, c’est bien. Le faire savoir, c’est mieux. La mode étant aux rapports concis, présentés de façon claire,
rédigez les vôtres en style télégraphique. Affirmez ce qui vous passera par le tête et vous aurez l’esprit de
synthèse. Car si vous rédigez une étude sérieuse et approfondie, vous aurez seulement l’esprit d’analyse et
actuellement « ce n’est pas dans le vent ».

7. Ne quittez jamais l bureau à l’heure de la sortie. Vous devez partir au moins une demi-heure après et faire en
sorte que votre départ coïncide avec celui d’un supérieur, sinon à quoi cela servirait-il ?

8. Ne vous étonnez jamais de rien, d’abord parce que, quoi que l’on vous annonce vous le saviez déjà, y compris et
surtout ce que vous ne deviez pas savoir… et que vous apprenez par cette méthode.

9. Emaillez votre conversation de locutions techniques, américaines quelles qu’elles soient, même si elles n’ont
aucun rapport avec le sujet. L’important est que personne ne comprenne. Les termes abstraits forment respect.

… Et, si au bout d’un temps, cette politique ne vous a pas fait progresser, c’est que vous avez affaire à des patrons
intelligents ; alors, changez d’état-major et recommencez
Les Godasses
Auteur inconnu

Elles devraient avoir leur statue.


Elles sont notre dernière arme de défense.
Elles sont le symbole de la liberté.
Tous ceux qui les ont mises ont défendu la liberté
Et sauvegardé la France.
Elles furent couvertes de boue à Verdun.
Elles gelèrent à Narvick.
Pleines de sable en Normandie,
Trempées dans les rizières d’Indochine
Et couvertes de poussière en Algérie,
Elles n’ont jamais hésité à marcher sur tous les sols,
À traverser les océans
Pour aider n’importe lequel de nos alliés
À défendre sa liberté.
Elles n’appartiennent pas à des individus en particulier,
Ni à une croyance où à un groupe social.
Elles appartiennent à notre pays,
Aux hommes qui les ont mises avec enthousiasme,
Chaque fois que le Pays a été en danger.
Elles ont souffert sur les pistes
Et ceux qui les ont portées encore plus.
Elles ont combattu, creusé, rampé,
Simplement pour garder un endroit
Où l’on puisse avoir la tête haute.
Même si elles ont souffert,
Aucun adversaire ne peut se permettre de croire
Qu’avec des semelles usées,
Des coutures déchirées, des lacets cassés,
Si elles sont cabossées et balafrées
Qu’elles ne continuent pas de montrer
Une invincible ardeur.
Ces défenseurs ne faibliront jamais, s’uniront
Se multiplieront et marcheront,
Afin de préserver et de sauvegarder
La Liberté nationale.
Elles seront toujours prêtes
Afin de protéger ce bien si précieux.
Personne ne sait ce qui attend notre Pays,
Mais une chose est certaine :
Tant que la France pourra fournir des Hommes pour les remplir,
Elles resteront notre dernière arme de défense.

.
De Profundis

Guerre des Tranchées


Jean-Marc BERNARD – Tué près de Souchez, le 9 juillet 1915

Du plus profond de la tranchée


Nous élevons les mains vers vous,
Seigneur, ayez pitié de nous
Et de notre âme desséchée !

Car, plus encor que notre chair,


Notre âme est lasse et sans courage,
Sur nous s’est abattu l’orage,
Des eaux, de la flamme et du fer.

Vous nous avez couvert de boue,


Déchirés, haves et rendus…
Mais, nos cœurs, les avez-vous vus ?
Et faut-il, mon Dieu, qu’on l’avoue ?

Nous sommes si privés d’espoir,


La paix est toujours si lointaine
Que parfois nous savons à peine
Où se trouve notre devoir.

Eclairez-nous dans ce marasme,


Réconfortez-nous et chassez
L’angoisse de nos cœurs harassés,
Ah ! Rendez-nous l’enthousiasme !

Mais aux morts qui, tous ont été


Couchés dans la glaise ou le sable
Donnez le repos ineffable,
Seigneur ! Il l’ont bien mérité.
Le Salut Militaire
Auteur inconnu

Saluer un supérieur hiérarchique est ressenti par beaucoup de militaires du rang comme une corvée. Hélas, la
manière dont le rendent nombre de ces supérieurs tend à prouver qu’ils ne le considèrent pas différemment.
Nous vivons à une époque où l’on fait volontiers table rase des Traditions, souvent parce qu’on en a perdu le sens
des origines. A propos du salut, si on se livre à une petite étude historique, on verra qu’il est la traduction de trois
vertus : la Fraternité, la Courtoisie et la Fidélité.
A l’origine, le salut était un signe de paix : deux guerriers qui se croisaient sans intention hostile levaient la main
droite, paume largement ouverte, afin de monter qu’ils n’y tenaient pas d’arme (grâce aux cinéastes hollywoodiens,
nous en connaissons un exemple : l’ave des Romains).
Au Moyen-Age, s’ajoute un élément de courtoisie et d’élégance : avant un combat singulier, les deux adversaires
portaient la main droite à hauteur du heaume, afin de lever la visière et de montrer leur visage à l’adversaire : c’est à
dater de là que le regard fait partie intégrante du salut.
Au XII° siècle, s’ajoute une troisième notion, celle qui a le mieux traversé les âges : la fidélité. Lorsque deux
militaires se rencontrent, et quel que soit leur grade, ils auront à cœur de se faire souvenir l’un à l’autre de
l’obligation commune qu’ils ont envers le Drapeau. Ils referont le vieux geste chrétien de serment prêté sous les
couleurs du régiment : ils lèveront la main droite vers le ciel, le pouce et le majeur légèrement écartés. Notons qu’à
l’époque les bicornes et les tricornes ne permettaient pas de dépasser le bord de la coiffure.
Par la suite, on conservera le geste de « porter la main à la coiffure » en oubliant la valeur symbolique de ce geste.
Nous ne sommes plus au temps des Romains, ni à l’époque de la Chevalerie. Alors quelle signification faut-il donner
aujourd’hui au salut ?
Elle relève elle aussi d’une idée très noble : le salut est le rappel de la mission et de l’idéal communs, du serment qui
lie l’Officier et le Soldat au Drapeau sous lequel ils servent. En même temps, il marque la certitude qu’ils ont de
pouvoir en toutes occasions compter l’un sur l’autre. C’est un signe de camaraderie, de fraternité d’arme, de
confiance.

En conclusion, nous voudrions insister sur le rôle joué par le regard dans l’acte du salut : soldat et officier doivent se
regarder dans les yeux. C’est la preuve qu’il n’y a ni servilité d’un côté, ni condescendance de l’autre, mais
simplement un lien entre deux hommes.
Le salut militaire est un geste chargé de symboles qui sont tous la traduction de vertus qui tendent à disparaître. Il
nous a paru bon de les rappeler.
Origine du Drapeau

Par L.V. LE JEUNE

Le 10 novembre de chaque année on vient récupérer à Vincennes les drapeaux des régiments dissous qui seront
portés le lendemain par des officiers de réserve.

Bien des symboles ont vécu puis disparu, bien des régimes se sont mis en place et se sont écroulés depuis qu’un
soldat grec arrachait, selon la légende, un morceau d’étoffe rouge et le plaçait au bout d’une pique ; le premier
drapeau était né. Tout à l’origine, ce dernier était donc destiné à servir de point de ralliement au cours des combats,
et aujourd’hui encore la hampe du drapeau rappelle la pique des guerriers anciens.

L’oriflamme de Saint-Denis a très longtemps accompagné les rois de France. A la bataille de Poitiers, en 732, c’est
une bannière bleue qui veillait sur les exploits de Charles Martel. Elle était à la couleur du légendaire manteau de
Saint-Martin, que l’apôtre des Gaules avait laissé à l’abbaye qu’il avait fondée près de Tours.

L’oriflamme de Saint-Denis était, lui, de couleur rouge et a, par la suite, longtemps précédé les rois de France.

Quant au blanc, il a de tout temps été la couleur du pouvoir et du commandement (le drapeau blanc porté par les
parlementaires signifiait que ces derniers avaient les pleins pouvoirs). C’était la couleur de la robe du roi Salomon
enlevée, à la Jérusalem conquise, par Nabuchodonosor en 597 av J.C.. Alexandre le Grand, par la suite, la reprenait
aux Perses. Dès lors, à l’instar du fameux conquérant macédonien, les différents pouvoirs allaient utiliser le blanc
comme couleur du pouvoir.

Les soldats de l’an II furent les premiers à servir sous les trois couleurs qui allaient constituer notre drapeau
national : le bleu, le blanc et le rouge. A cette époque, elles étaient encore disposées selon le gré de chaque chef de
corps, tantôt en quartiers, tantôt en diagonale. En 1804, Napoléon codifie la composition du drapeau et, au camp de
Boulogne, le remet personnellement aux troupes ; Le losange blanc du centre était entouré de quatre triangles bleus
et rouges ; à la hampe, l’aigle impérial trônait avec superbe. En 1812, l’Empereur décide d’adopter les trois bandes
verticales : bleu, blanc, rouge. Il reprenait en fait le pavillon que les navires républicains arboraient déjà à la poupe
depuis le 17 février 1794.

Sous Louis XVIII, il devenait à nouveau blanc jusqu’en 1830. A l’issue de la révolution de juillet, Louis-Philippe
rétablissait la disposition verticale qui fut gardée depuis.

Dans la salle d’honneur du Musée de l’Armée aux Invalides, les drapeaux chargés de gloire et de sacrifices semblent
guetter le vent de l’éternité.

De l’Avancement et des Epouses

Auteur inconnu – Vraisemblablement un Breveté

Les animaux modifient sensiblement leurs comportements à la saison des amours et au moment de la nidification. La
vie militaire a des phénomènes qui influent bien plus que vous ne le pensez sur le rythme de vie de vos épouses : je
veux ainsi parler de « l’avancement ». Le phénomène a deux sommets. Tout d’abord la visite du général recevant les
officiers proposables puis, après un temps d’accalmie, la parution du tableau d’avancement.

Chez l’Officier, on constate un scepticisme affecté, aussitôt qu’il a été reçu par le grand chef. Celui-ci ne s’avance
jamais et chacun sait que l’avancement tient pour une large part à des impondérables, si bien que la conversation
entre le général et le proposable prend un tour curieux dans le genre « jouons à faire semblant ». Quand l’examiné
quitte cet « amphi-confesse », il débite à ses camarades qui l’interrogent sa petite histoire. Personne ne la croit, ni
eux ni lui, et cela ne tire pas à conséquence. Lorsque l’intéressé arrive chez lui, sa femme fait sortir les enfants et dit
alors : « raconte » !

Elle écoute, elle commente, elle compare et risque des déductions. Cette nuit-là, elle dort mal. Elle fait un contre-
interrogatoire de façon à être bien certaine des faits, des suppositions logique à élaborer. Le lendemain, elle découvre
une foule de raisons de sortir, ce qui lui permet de contacter, de sonder les épouses des camarades, pour se faire une
idée plus précise de la situation. Les plus touchées par ce virus prennent des notes mentalement et viennent se
recueillir seules chez elles pour en faire la synthèse.

Les maris corsent généralement l’entrevue avec le grand chef, mais quand ces versions revues et corrigées sont
colportées par leurs épouses, elles valent la peine d’être écoutées. Jugez-en plutôt, à travers le récit de la femme d’un
baroudeur :
· Le Général : « Eh bien ! Dites donc, voilà de beaux états de service…, magnifique ! Mais vous n’avez pas fait
l’Ecole d’Etat-Major, pas non plus l’Ecole de Guerre » ?
· Le proposable (prêt à s’énerver) : « On ne peut pas tout faire mon Général, ni être partout à la fois ».
· Le Général : « J’entends bien, … vous êtes un vieux soldat, il en faut, c’est nécessaire, … mais ce n’est pas
suffisant. Ah ! J’en ai connu de ces héros, tous ne sont pas allés très loin. C’est qu’il y a parmi eux de solides
bourriques, vous voyez peut-être ce que je veux dire ».
· Le proposable (se levant, blême) : « Mon Général, une de ces bourriques vous salue ».
· Le Général (apaisant) : « Mais voyons, mon cher, c’était une boutade ! Vous avez du caractère, c’est bien !
Que diable, quand on a votre dynamisme, on en est pas à un an près …, rien n’est perdu, … enfin, peut-être ! »

Madame la narratrice n’hésite pas à écraser une larme factice. L’interlocutrice a un choix de réponses toutes prêtes
qu’elle formulera suivant les circonstances et les objectifs à traiter.
Celle qui ne désire pas se compromettre : « Décidément, on est bien mal récompensé, la justice n’est pas de ce
monde ».
La femme d’un autre baroudeur : « Dites-moi, ce Général a fait toute sa carrière dans les fabrications d’armement, je
crois » ?

La débutante : « C’est curieux, il a dit à mon mari qu’il était dommage qu’il n’ait pas quelques citations car alors la
question serait réglée pour lui ».

Celle-là a droit à un regard noir, assaisonné de quelque chose de ce genre : « Pardonnez-


Moi, j’avais oublié que votre mari n’avait jamais fait campagne… Consolez-vous, ma chère, il a toutes ses
chances » !

Continuons maintenant par la seconde période, la parution du tableau d’avancement. Il ne parvient pas à date fixe et
pendant quelques jours le proposable hante le bureau du courrier pour voir si le fameux J.O. est arrivé. A la maison,
le soir, dès qu’il aura accroché son képi, son épouse lancera d’un ton badin :
· « Alors, quoi de neuf ? »
· Pas grand-chose, dira le mari.
· Tous deux en chœur : « pas de tableau encore » ! Et une fois de plus, on calculera les possibilités, les siennes
surtout, et celles des camarades pour pouvoir comparer : « untel » a dû partir mieux classé, mais étant donné son
âge…, et puis, il a dix ans de grade. Il a des chances de ne plus passer au choix. Alors dans ce cas, je suis dans la
gerbe… Il y a bien « Machin », mais s’il est avant moi, c’est la fin de tout » !

Le tableau paraît enfin. Suivant que le mari y figure ou pas, il rentre tout de suite à la maison ou il prend son temps
pour regagner le logis familial. Dans le premier cas, l’épouse dit : « Il y a quand même une justice ! Alors ce sera
pour quand ? Aurais-tu été plus vite qu’untel ? Machin est-il au tableau ? Non ? Sa femme va en faire une tête !

Puis elle ajoute avec une mauvaise foi désarmante : « C’est curieux, les femmes qui s’attachent à ces petites
choses ! »

Elle embrasse son mari, mais déjà son esprit est ailleurs. Elle se compose à l’avance une mine pour rencontrer ces
dames. Elle prépare les réponses aux éventuelles félicitations, elle étudie la tactique dont il sera possible d’user pour
conduire la conversation sur le terrain. C’est un jeu délicieux ! Pendant une bonne semaine, elle aura beaucoup de
courses à faire… Elle rajeunira et les petits envois acidulés ne la toucheront pas.

Elle aura cependant à respirer ce genre de fleurs :


· « Comment, votre mari est au tableau ? Mais, dites-moi, c’est inattendu ! Faites-lui mes compliments ».
· « J’ai appris que votre mari est au tableau, c’est une bonne chose. Cela laisse de l’espoir à tout le monde ».
· « Au fait, dites-moi, le Sénateur untel est bien votre ami » ?
· « Mes félicitations ! J’espère que votre mari va mieux. Je me souviens qu’il n’a pu partir en Indochine à cause
de ses reins et que son séjour en A.F.N. a été écourté.

En aucun cas la femme de celui qui n’a pas eu de chance ne se plaindra. On a sa fierté, tout de même, mais il lui sera
bien difficile de résister à l’envie de décrocher quelques flèches à bon escient, du genre : « Puisqu’il en est ainsi,
nous préparons l’Ecole de Guerre » !

L’âme féminine n’est pas simple. Grâce au ciel, vos compagnes ne se reconnaîtront pas dans ces lignes et j’ai
volontairement noirci le tableau ; Je voulais simplement vous laisser entendre que, si gravir un échelon vous est
agréable, pour vos épouses c’est une délicieuse satisfaction. Or vous aimer leur faire plaisir ! Alors, …, bonne
chance !
Pensées Militaires

L’Art Militaire
Lettres, Notes et Carnets – Charles De GAULLE – 1919, juin 1940

Car si commander c’est concevoir l’action et y pousser les autres, c’est aussi en préparer, disposer, mettre en œuvre
les moyens. Il ne suffirait pas d’imaginer tel mode d’emploi des forces si celles-ci n’étaient au préalable instruites,
organisées, transportées, placées comme il convient, pourvues de tout le nécessaire, moralement prêtes à fournir
l’effort qui leur est demandé. Et, dans l’exécution même, quelque conviction que le chef puisse avoir, encore faut-t-il
que les troupes soient engagées à propos, bien orientées, relevées à temps, que les liaisons demeurent assurées, les
camions ravitaillés, les hommes vêtus et outillés, les blessés mis à l’abri. L’Art militaire comporte tous ces
problèmes.

La Jeunesse
Maréchal de LATTRE

Une vérité domine toutes les méthodes. Avant de s’occuper de la jeunesse, il faut la comprendre et l’aimer. Trop de
ceux qui en ont la charge s’adressent à elle sans cœur, sans chaleur, sans âme, comme on s’exécute d’une obligation
professionnelle minutée, quand ce n’est pas d’une corvée. Le premier devoir est donc de créer un climat affectif qui
ne rebute pas les jeunes mais, au contraire, les entraîne, les exalte et les conquière.

Système de Guerre Moderne (extraits)


Comte de Guibert

La guerre est un fléau sans doute, mais elle est inévitable. Que pour la rendre plus rare, pour l’éloigner d’elle, il faut
que la France soit assez puissamment armée pour ôter à ses voisins le désir de l’attaquer, ou de rien faire qui nuise à
ses intérêts.

Que la nécessité d’entretenir une armée étant établie, il faut que cette armée réponde à la grandeur du royaume, à sa
population, à son système politique, et à toutes les circonstances qui l’environnent.

Qu’il faut certainement tâcher d’entretenir cette armée avec le plus d’économie qu’il est possible : que c’est sans
doute un grand malheur que d’y dépenser déjà deux à trois fois plus que les autres puissances ; mais que si telle est la
constitution d’un pays, qu’on ne puisse ou qu’on ose, ou ne veuille remédier aux bus qui occasionnent cette
prodigieuse différence, il faut alors fermer les yeux sur la dépense, et se faire cette armée à quelque prix que ce soit.

Car, quoi qu’il en puisse coûter, il faut pouvoir défendre ses possessions et recueillir ce qu’on y sème, il faut
conserver quelque considération et se mettre à l’abri de l’envahissement. Ce qu’il y a de plus cher et de plus onéreux,
c’est d’avoir une demie armée ; car avec cela on n’est jamais au niveau ni de sa politique, ni de son rang, ni du rôle
qu’on doit jouer ; et toute dépense qui est insuffisante est celle qu’il faut vraiment regretter.

Qu’ayant un armée, il faut l’avoir au moins égale et, s’il se peut, supérieure à celles des autres puissances en
discipline et en instruction. Car ce qui coûte cher, tant au présent que dans l’avenir, c’est une armée médiocre :
attendu que sa dépense à la paix n’est pas moindre que celle d’une bonne, et qu’à la guerre on ne retire pas l’intérêt
de son argent par des victoires.

Que pour avoir une excellente armée, il faut avant tout qu’elle ait un esprit militaire ; que si cet esprit est affaibli
dans une nation, il faut qu’il se retrouve et se conserve dans son armée ; que ce doit être un des soins les plus
importants du gouvernement, que c’est le feu sacré qu’il doit entretenir ; car ce feu, une fois éteint, ç’en est fait de
Rome et de ses destinées.
Réflexions sur la « Tactique »
Stagiaire anonyme, Ecole Supérieure de Guerre – 96° Promotion (1982-84)
Extrait de « La Dernière Ecole du Petit Nicolas »

Au début, j’étais plutôt perdu parce que je n’ai pas beaucoup de mémoire. Alors, après trois jours d’analyse de la
mission, je ne me rappelais plus le commencement.

Et, quand au bout de quinze jours on a essayé de faire la synthèse, je ne savais plus du tout ce qu’il fallait faire pour
défendre le pays de Bray.

Heureusement Clotaire, qui est malin, m’a expliqué comment on peut obtenir une bonne note.

Pour cela, il faut se rappeler la méthode de l’Ecole, c’est la méthode cartésienne. Donc, pour l’appliquer il faut savoir
se servir de la carte. Et, cela n’est pas aussi difficile que tu pourrais le penser.

Sur la carte, là où il y a du blanc, tu mets les chars, là où il y a du vert, tu disposes l’infanterie et sur le bleu tu mets
les sapeurs. Les artilleurs, tu les places un peu partout, au hasard ; et puis, tu regardes l’ensemble.

Là où tu as mis beaucoup de monde, tu appelles ça « l’effort principal » et tu mets une grosse flèche bleue (dans le
bon sens). A côté, là où il se trouve moins de monde, tu traces une petite flèche de la dite couleur (dans le même sens
que la première, ça vaut mieux si tu ne veux pas que tes instructeurs soient de mauvaise humeur) ; tu intitules cette
direction « la couverture » ou « l’effort secondaire ».

En face de chaque flèche bleue tu fais une flèche rouge aussi grosse (en sens inverse car sans cela l’exercice n’a pas
de sens. C’est l’ennemi. Tu peux aussi disposer de petits champignons rouges, comme pour les artilleurs, un peu au
hasard : ce sont les parachutistes.

Et puis, tu fais un calque où il n’y a que les flèches. Puis, sur un bout de papier, tu écris ce qu’on appelle « une
conception » et tu mets des mots conventionnels bien choisis tels que : « Faisant effort sur la direction (de la grosse
flèche bleue) …, je veux enfermer l’ennemi …dans un sac de feux , m’appuyer sur de la guérilla mécanisée… ».

Et tu remets ledit papier plus le calque au Colonel instructeur. J’ai essayé ce truc. Eh bien, le Colonel m’a dit que
mon travail était très co-hé-rent. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais je crois que c’est bien.
Réflexions Philosophiques d’un Lieutenant
Lieutenant anonyme – ETAP 1973

Il y a : tout ce qui se mesure, se compte, se chronomètre, et les


chiffres, les statistiques, les courbes, les prévisions toujours
optimistes, et les réalisations irréalisables.

Mais il y a aussi : ce qu’on me dit, ce qu’on ne me dit pas, ce que l’on ne doit pas
me dire et ce que l’on me dit quand même ; les choses sans
importance que l’on n’a pas à me dire et que l’on me dit
pourtant, et les choses importantes qu’on oublie de me dire, tout
ce qu’on me laisse entendre et qu’on ne fait pas comprendre.

Donc il y a : ce que je sais et que je ne sais pas, ce que je devrais savoir et


ce que je ne dois pas savoir mais que je sais quand même.

Par conséquent il y a : ce que j’ai compris et ce que je n’ai pas compris, ce que je
peux comprendre et ce que je crois avoir compris…, et tout ce
que je ne veux pas comprendre.

En foi de quoi : je raisonne, j’induis, je déduis, je fais des hypothèses, je tire


des conclusions, et comme je suis responsable, je prends des
décisions.

Ce qui en conclusion est très simple...


En Hommage aux Cavaliers du Ciel

Général F. POTTIER
Pr2sident-Fondateur de l’Amicale des Cavaliers Parachutistes (1970)

Souvenirs…

« Dragons de l’Impératrice », « Hussards de Bercheny »,

Héritiers des Centaures de l’Antique Cavalerie,

Pour l’Honneur de la France, constamment en éveil,

Vous êtes de son Armée… Les « Cavaliers du Ciel » !

Sous la voûte céleste, je vous ai vu naître et grandir,

Partageant avec vous, mêmes angoisses et même rire,

Devançant vos élans vers l’ombre ou la lumière,

Dans les temps de la paix ou ceux de la guerre.

Contre vents et marées, au service du Pays,

Dans les montagnes du Rif et celles de Kabylie,

Vous avez, avec Foi, rempli vos dures missions,

Sans jamais profaner vos nobles Traditions !

Puis, le moment vint et, je dus vous dire « au revoir »,

Car, ici-bas, dit-on, rien n’est éternel !

Pourtant au fond du cœur, je gardais grand espoir,

Celui de retrouver mes « Cavaliers du Ciel » !


Notre Béret

Marc JAILLETTE – 3° SAS

La défaite : nous n’avions plus d’armée,


Et le pays était presque totalement occupé.
Seule, une poignée de Français n’avaient pas renoncé,
Quelques-uns, en Ecosse, portaient déjà … le Béret !

Au départ, noir était sa couleur,


Bien à l’image de nos malheurs.
Jour après jour, les futurs Paras s’entraînaient,
Et fièrement arboraient … le Béret !

Ils apprirent à faire connaissance


Avec des avions, même de reconnaissance !
Ils savaient que d’en haut, il fallait se jeter,
Et même comme talisman, emportaient … leur Béret !

Mais, quelle joie ! Après quelques sauts,


Ils toisaient les autres d’un peu plus haut.
Surtout qu’après avoir passé leur brevet,
L’insigne, ils le portaient sur … le Béret !

GOËRING les baptisa « les Diables au Béret noir »,


Et, pour confirmer cette parole d’Histoire,
Ils se seraient cru déshonorés,
S’ils avaient été au combat autrement … qu’en Béret !

Par une attention, toute charmante,


La Reine d’Angleterre le voulut amarante.
Et, c’est ainsi qu’un jour à Paris ils se sont retrouvés,
Les Paras F.F.L. avec … leurs Bérets !

Et puis, d’autres Paras leur succédèrent,


Et avec eux, les couleurs changèrent.
Mais toujours, entre eux, ils se reconnaissaient
Puisque, sur la tête, tous avaient … leur Béret !

Rouge, vert ou bleu, et même parfois noir,


Qu’importe ! Les Paras continuaient à écrire l’Histoire.
Les faits d’armes se succèdent, et si les têtes sont changées,
Elles sont toutes coiffées de ce fameux … Béret.

L’Indochine, Saïgon, Vientiane, la Plaine des Joncs,


Dien Bien Phu, où jusqu’au bout ils tiendront,
Rouge ou vert, qu’importait l’unité,
De loin, on les voyait, ils avaient … le Béret !

Et puis ce fut ensuite l’Algérie,


Où tout semblait si bien parti.
Dieu ! Comme on les a trompés
Tous ces braves qui portaient … le Béret !
Militaires, civils ou retraités,
Aucun de ceux-là n’est encore T.A.P..
Ce qu’ils ont vécu, ils l’ont enfermé
A tout jamais, avec leurs regrets et … leur Béret.

Il leur reste les souvenirs d’une jeunesse exaltante,


Ils ne croient plus beaucoup « aux lendemains qui chantent ».
De temps en temps, pour calmer leur âme tourmentée,
Ils ouvrent l’armoire aux reliques, et contemplent … leur Béret !

Et quand le jour viendra où leur cœur s’arrêtera,


Et qu’ils quitteront ce monde, ici-bas,
En arrivant « là-haut », on les reconnaîtra,
Puisque dans leur cercueil, avant de le fermer,
Sur cette poitrine où brillera le brevet,
Une main, pieusement, déposera … le Béret.
Nostalgie d’Indochine

Un Para Anonyme

Il me souvient d’un temps où j’étais Béret rouge,


Et pour moi ce temps restera le plus beau ;
Car j’étais jeune alors et je voyais tout rouge
Quand passait la cohorte salissant le Drapeau.
Il fût un temps où j’étais Béret rouge,
Ce n’était pas toujours boulot de tout repos ;
A Saïgon, Hanoï, Haïphong, dans les bouges,
On oubliait la guerre, la rizière, au repos.
Oh repos ! Bien grand mot pour quelques heures à peine,
Allouées quelquefois aux fonceurs qu’on était,
Mais les chefs savaient qu’aux coups durs qui surviennent,
Le Bataillon entier, au complet, serait prêt.
Oui ! Soyez fiers, « Paras » revenus d’Indochine,
Soyez fiers de vos morts, soyez fiers des vivants.
Partout, du Nord au Sud, opposant vos poitrines,
Vous étiez à coup sûr, ceux qui disaient « Présents ».
De tous les forts combats, de toutes les batailles,
Grognant et rechignant, vous marchiez jour et nuit,
Vous marchiez et forciez, désirant la bataille,
Pour plus vite en finir, fonçant sur l’ennemi.
Les Soldats de l’An II, certes dit la légende,
Marchaient pieds nus, transis, aux pieds de la Liberté ;
Mais pour vous la valeur était encore plus grande,
Puisque vous ne saviez pas pourquoi vous vous battiez.
Face aux Viets, fonçant, bourrés de propagande,
Vous n’étiez pas pieds nus, certes, mais à défendre,
Vous n’aviez que l’honneur, oui, l’honneur du Drapeau.
Des gens bien avertis, des sauveurs d’opérette,
Ont vendu l’Indochine que vous aviez repris.
A ces gens, si malins, qui auront leur rosette,
Nous ne pourrons, hélas, opposer que mépris.
Mais au fond des tombeaux, que nos morts se rassurent,
Nous autres les vivants, les salauds revenus,
Nous montrerons un jour qu’ils avaient la peau dure,
Ceux que l’on a vendus, mais qu’on n’a pas vaincus.
Et alors, frémissant du souffle d’espérance,
Les boiteux, les bancales, aveugles et amputés,
Reformeront les rangs, et diront à la France :
« Finie la mascarade, l’heure des comptes a sonné ».
Madame « La Coloniale » … Une Grande Dame

Création de l’Amicale des Ardennes


Jean-Claude ROUCHOP – Ancien du 4° RIAOM

Nous sommes un peu tes grands enfants,


Puisque tous, pendant longtemps,
Dans tes unités nous avons bourlingué,
En ce temps là, déjà, il fallait s’engager ;
Nous étions jeunes, naïfs et fiers,
C’était normal, Madame la Coloniale.

Tu nous demandais souvent nos jours, nos nuits,


Sans savoir si toujours on te dirait « oui »,
Et les jours, les nuits, puis les mois, les années,
Avec toi on alla les passer,
Au feu de la mitraille et dans les bourbiers,
C’était normal, Madame la Coloniale.

A cette cadence, ta réputation


S’est vite faite au fil des chansons.
Tu nous a parlé de rengager,
Et pendant des ans, tu nous en fait baver ;
Serais-tu anormale, Madame la Coloniale ?

Tu en as eu marre des Colonies


De l’Afrique et de l’Indochine,
Tu t’es fait appeler « Troupes de Marine »,
Et c’est difficilement que tu nous a semblé
Chercher à te créer une continuité.
Malgré toi on a changé ton identité,
Et pourtant…, t’étais puissante et respectée.
C’était normal, Madame la Coloniale.

Avec les « Métro », tu t’es mise à flirter,


Mais, avec eux, tu as été roulée…
Alors tu nous a tous un peu plaqués
Sans te demander ce qu’on deviendrait,
Et de toi, il ne reste guère que ta réputation.
C’est normal, Madame la Coloniale.

A ta famille abandonnée,
Pour te donner bonne conscience,
Tu as donné médaille et récompenses.
Les Anciens n’ont pas récolté ce qu’ils avaient semé,
Et les jeunes restaient pour eux traditions et idées.
C’était normal, Madame la Coloniale.

Après avoir nos esprits retrouvés,


L’amicale d’Ardenne nous avons créée,
Avec bureau, Président, secrétaire, tous dévoués,
Pouvant discuter Colonies, faits d’armes et souvenirs.
Puisque l’Armée de nous s’est éloignée,
Du lieu des « Dernières Cartouches » nous nous sommes rapprochés.
C’était normal, Madame la Coloniale.
Refusant qu’un jour tu meures oubliée,
Traditions et Anciens nous jurons de respecter,
Pour que là-haut, au Nom de Dieu, bien ancrée,
A tout jamais tu vives, Madame la Coloniale !

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