Avis Littoral VF
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Auto-saisine
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Avis
du Conseil Economique, Social et Environnemental
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
1-Annexe 3 : résultats de la consultation lancée à travers la plateforme de participation citoyenne « ouchariko.ma»
sur l’aménagement durable du littoral.
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
1. Synthèse
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assurer une articulation optimale entre les documents d’urbanisme (SNAT, SRAT, SDAU, PA),
les programmes territoriaux (PDR, PAC, etc.) et les politiques sectorielles d’une part, et la loi
sur le littoral d’autre part ;
accorder aux communes, conformément aux principes de la démocratie locale et de de
la décentralisation, des prérogatives décisionnelles en matière d’aménagement de leur
territoire, de planification urbaine et d’élaboration des documents d’urbanisme ;
repenser la gouvernance et la gestion des zones littorales en vue de renforcer la coordination
inter-institutionnelle. Cette coordination peut être assurée, dans certaines zones littorales
spécifiques, par des agences spéciales (Agence Marchica) ;
mettre en place une nouvelle génération de documents d’urbanisme conçues sur la base
d’une démarche sous-tendue par :
- des études scientifiques et l’implémentation des normes d’une gestion intégrée du littoral ;
- la participation de la société civile et de la population dans toutes les étapes du processus
à travers des études de terrain, des enquêtes, des sondages et des réunions publiques.
mettre en place des mécanismes de financement innovants et durables pour faciliter la mise
en œuvre des documents d’urbanisme et d’aménagement du territoire, à travers:
- le développement de formules de partage de la plus-value foncière dégagée des
opérations d’aménagement et d’équipement de terrains et d’affectation des sols, entre les
propriétaires fonciers, les collectivités territoriales et les aménageurs ;
- l’instauration d’un système de compensation pour certains types de dommages
occasionnés au littoral, sous forme de travaux de réparation ou de réaménagement durable
après exploitation.
assainir la situation des constructions situées dans le domaine public maritime ou dans la
bande des 100 mètres interdite à la construction. Cela passerait notamment par une réforme
du cadre juridique en vigueur sur l’occupation temporaire du domaine public de l’État.
Cet avis, élaboré sur la base d’une approche participative avec l’ensemble des parties prenantes,
est le résultat d’un large débat entre les différentes catégories qui composent le Conseil ainsi
que des auditions organisées avec les principaux acteurs concernés. Il s’est également basé sur
une consultation lancée sur la plateforme digitale de participation citoyenne « Ouchariko ».
À ce titre, les citoyens, ayant répondu à la consultation, ont fait montre d’un grand intérêt à
l’urbanisation durable du littoral dans son articulation avec l’aménagement du territoire. Les
opinions recueillies au moyen de cette consultation ont enrichi substantiellement les conclusions
et les recommandations de l’avis.
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
Le Maroc jouit d’une position géographique privilégiée et de deux façades maritimes, atlantique
et méditerranéenne, s’étendant sur une zone côtière de 3500 kilomètres de long. Très convoité,
le littoral national connaît, selon le dernier recensement de la population, un taux d’urbanisation
élevé et la concentration de plus de la moitié de la population. C’est aussi un pôle privilégié
d’infrastructures et d’activités économiques qui génèrent une grande partie de la richesse du
pays.
Le littoral est à la fois une richesse biologique, un écosystème fragile, un capital naturel et un
potentiel de développement. L’enjeu est ainsi de trouver un équilibre entre la valorisation et la
préservation du littoral . Au Maroc, le littoral pose des problématiques liées au degré de prise
en compte d’une approche durable dans la gestion de ce milieu naturel vulnérable, ainsi qu’à la
pression anthropique accrue sur cet écosystème, dans un contexte de changement climatique.
Cette situation peut s’expliquer par de nombreuses lacunes, notamment les insuffisances liées à
la gestion du littoral (telles que les politiques publiques, notamment celles liées à l’aménagement
du territoire et la multiplicité des intervenants).
Cet état de fait a conduit à une occupation abusive de certaines parties du littoral, à un
étalement urbain incontrôlable (notamment sur le rivage ), ainsi qu’à l’accélération de nombreux
phénomènes néfastes et dangereux (pollution, érosion côtière, surexploitation des ressources,
altération des paysages, etc.). Autant de facteurs qui affectent l’équilibre écologique de ce milieu
et les conditions de vie de la population, réduisant le potentiel de développement durable et
résilient du territoire.
Afin de remédier à ces problématiques, plusieurs dispositions ont été prises notamment sur le
plan normatif. Il y a lieu de citer, à ce titre, l’adoption de la loi 81-12 sur le littoral en 20152. Cette
loi spécifique vient compléter les dispositions légales relatives à l’urbanisme et l’environnement.
Elle introduit les principes de gestion intégrée du littoral, et ce, dans le respect des engagements
du Maroc à l’échelle internationale, notamment la Convention de Barcelone pour la protection
du milieu marin et du littoral de la Méditerranée et son Protocole sur la Gestion Intégrée des
Zones Côtière (GIZC). Il convient aussi de mentionner le décret n° 2.21.965 portant approbation
du plan national du littoral (PNL) prévu par la loi 81.12 et adopté en 2022. Le PNL vise, entre
autres, à instaurer une bonne gouvernance du littoral susceptible de protéger, préserver et
prévenir l’écosystème littoral contre la dégradation, tout en valorisant son potentiel.
Au vu de ce contexte, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a
considéré l’urgence et la nécessité de se pencher sur la question de la dynamique urbaine du
littoral national dans la perspective de contribuer à la mise en place d’un aménagement durable
de ce territoire. Dans cet avis, le Conseil dresse un premier bilan de la mise en œuvre du dispositif
normatif et juridique encadrant l’aménagement et l’urbanisation du littoral, analyse la politique
d’aménagement du territoire et de la planification urbaine, identifie les facteurs qui entravent un
2 - Saisi par la chambre des conseillers, le CESE a émis en 2014 un avis sur le projet de loi n°81-12 relatif au littoral - https://www.cese.ma/
media/2020/10/Avis-Projet-de-loi-n%C2%B081.12-relative-au-littoral%E2%80%8B.pdf
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aménagement durable du littoral et propose enfin, d’esquisser les contours d’une dynamique
urbaine du littoral qui prend en compte valablement les principes du développement durable.
L’intérêt du présent avis est dicté par les enjeux actuels et futurs du littoral, lesquels appellent une
refonte profonde du mode d’aménagement de ce territoire. Dans un contexte de changement
climatique, où le littoral subira des pressions transformatrices, notamment l’élévation des
niveaux de mer, qui va accentuer, entre autres, l’érosion côtière, les inondations et la submersion
de plusieurs parties de cet espace. La plupart des États côtiers se trouveront face à de nombreux
défis. Il s’agit notamment du déplacement (parfois forcé) des populations et des infrastructures
qui peut engendrer des risques de conflits, notamment dans les régions où les ressources sont
déjà sous pression (sols, eaux, etc.).
Face à cette dynamique à long terme qui nécessite une réflexion participative impliquant toutes
les forces vives de la nation, la présente auto-saisine vise en priorité à alerter sur la nécessité de
sauvegarder le littoral marocain contre les dynamiques de dégradation en cours. Il s’agit ensuite
d’engager une réflexion susceptible d’assurer la pérennité de cet écosystème face aux risques
résultant à la fois des pressions anthropiques et des conséquences du changement climatique.
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6 - Capitalisation sur les expériences GIZC par pays - Critical Ecosystem Partnership Fund (CEPF) - 2011
7 - Département de l’aménagement du territoire national et de l’urbanisme, « Elaboration de la stratégie nationale de gestion intégrée du
littoral – Phase 2 : Diagnostic stratégique du littoral et scénario prospectif », 2017
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
8 - 12 sites de priorité 1, 17 de priorité 2 et 12 de priorité 3 : Embouchure de la Moulouya, Sebkha Bou Areg, Cap des 3 Fourches, Jbel MOUSSA,
Oued Tahadart, Marais Larache, Merja Oulad Skhar, Merja Halloufa, Merja Zerga, Falaise Sidi Moussa, Bou Regreg, Ilot de Skhirat, Jorf Lasfar, Sidi
Moussa Oualidia, Dunes d’Essaouira, Archipel d’Essaouira, Embouchure du Tamri, Cap Ghir, Foum Assaka, Embouchure du Drâa, Embouchures
des oueds Chbeyka-Al Wa’er, Baie de Khnifiss, Pointe d’Awfist, Baie de Dakhla, Lac de Sidi Boughaba.
9 - Un site RAMSAR désigne une « zone humide d'importance internationale » inscrite sur la liste établie par la Convention de Ramsar par un
État partie. Cette Convention, ratifiée par le Maroc en 1980 et officiellement appelée « Convention relative aux zones humides d'importance
internationale », aussi couramment appelée « Convention sur les zones humides », est un traité international adopté le 2 février 1971 pour
la conservation et l’utilisation durable des zones humides. Un site RAMSAR doit répondre à un ensemble de critères, tels que la présence
d’espèces vulnérables.
10 - Le développement durable du littoral et des espaces côtiers - Projet de jumelage Maroc-UE pour la convergence réglementaire
environnementale.
11 - Département de l’aménagement du territoire national et de l’urbanisme, « Elaboration de la stratégie nationale de gestion intégrée du
littoral – Phase 2 : Diagnostic stratégique du littoral et scénario prospectif », 2017
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3.2. Un territoire marqué par une grande diversité, mais fragilisé par une
urbanisation porteuse de pressions et de risques
} Côte méditerranéenne
La façade méditerranéenne présente une variété d’espaces littoraux. Il s’agit principalement
de 4 zones :
La côte de Tanger et du Détroit de Gibraltar : la littoralisation est principalement marquée par
la métropolisation de la ville de Tanger et le projet du Port de Tanger-Med. Devenue un pôle
économique et industriel de premier plan, la région de Tanger a connu ces dernières années
une extension forte et accélérée de son espace urbain, qui n’est pas toujours conforme aux
normes de l’urbanisme.
La côte de Tétouan : non loin de Tanger, la ville de Tétouan est une destination touristique très
prisée . Le paysage de son littoral est marqué par la présence de résidences touristiques le long
de sa côte.
La côte rifaine centrale : Le littoral au nord des provinces d’Al Hoceima et Chefchaouen
est relativement épargné en raison de son enclavement naturel et des reliefs hétérogènes
(topographie accidentée). Néanmoins, cette portion du littoral est marquée par la présence
d’activités touristiques et de pêche, ainsi que de foyers d’une extension urbaine non-maîtrisée.
La côte orientale : le paysage du littoral prend des formes disparates, avec d’abord la province
de Driouch qui s’inscrit dans le continuum de la côte rifaine centrale, puis la zone de Nador où
se situent deux projets littoraux distinctifs: le port Nador West et le projet d’aménagement de
la lagune de Marchica. Enfin, tout à l’est, se trouve la province de Berkane dont la littoralisation
est principalement tirée par le tourisme balnéaire et le projet touristique réalisé à Saidia dans le
cadre du plan Azur.
Hormis les zones encore épargnées des effets de l’urbanisation, les différentes dynamiques de
littoralisation de la côte méditerranéen ont favorisé l’ensablement et l’érosion côtière à l’origine
de pollutions des eaux et des sols, notamment en période estivale.
} Côte atlantique
La façade atlantique du Maroc présente aussi 4 zones de littoral distinctes :
La zone de l’Atlantique Nord : un territoire à prédominance rurale avec une agriculture
intensive dans les plaines du Gharb et du Loukkos. L’agriculture côtière a entrainé une
dégradation permanente des sols et des ressources en eaux souterraines, une intrusion
marine et une pollution chimique. Pour les provinces d’Asilah et Larache, la littoralisation est
surtout tirée par l’urbanisation et le tourisme.
La zone de l’Atlantique central : c’est la zone la plus exposée aux effets d’une littoralisation
très prononcée et peu maîtrisée. Occupant une large étendue, de Kénitra à Safi, cette zone
abrite le plus grand pôle urbain et économique du Maroc. Cette bande du littoral concentre
des agglomérations urbaines, des infrastructures, des industries et des activités (commerce,
tourisme, agriculture). L’impact sur le littoral dans cette zone est très préoccupant , avec
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des niveaux très élevés de rejets urbains et industriels, de pollution terrestre et marine, ainsi
qu’une érosion du trait de côte due au phénomène d’extraction excessive du sable.
La zone de l’Atlantique sud : la littoralisation de cette zone est marquée par une extension
urbaine et des activités touristiques dans la région d’Essaouira. Un pôle urbain autour
d’Agadir, avec l’installation d’importantes infrastructures (routières, portuaires, etc.), des
investissements touristiques et des activités industrielles et agricoles. Le pôle de Guelmim
Oued Noun est essentiellement porté sur le tourisme et la pêche.
La zone de l’Atlantique Grand sud : C’est la zone relativement la plus préservée en raison d’une
littoralisation récente. La zone connaît toutefois une urbanisation croissante, principalement
à Laayoune et Dakhla, et une expansion des activités touristiques, halieutiques et agricoles,
de plus en plus denses, sur le littoral.
En attendant l’élaboration d’une vision globale du développement du littoral et une plus grande
cohérence des politiques sectorielles concernées, les multiples et importantes formes de
pression subies par les zones côtières continueront d’être à l’origine de nombreux phénomènes
alarmants, tels que la pollution, la spéculation foncière et l’urbanisation non-maîtrisée. Autant
de facteurs qui concourent à la dégradation des écosystèmes littoraux et de la qualité de vie et
du bien-être des populations. Ainsi, au Maroc, la dégradation du littoral entraîne un coût total
estimé à 2,5 milliards DH, soit 0,27% du PIB12.
Le littoral fait également face à d’autres risques induits par le changement climatique qui ont
des répercussions non négligeables sur la dynamique d’urbanisation des zones littorales. Il s’agit
en particulier des risques suivants :
une hausse du niveau des mers située entre 29 et 82 cm d’ici la fin du 21ème siècle (2081-
2100) par rapport à la période 1986-2005 13 ;
des houles plus fréquentes et plus fortes ;
le réchauffement et l’acidification des océans ;
la modification des courants marins ;
une accélération du recul de certaines parties du littoral ;
des submersions marines plus fréquentes ;
une fragilisation des cordons dunaires et des ouvrages de protection ;
une dégradation des écosystèmes maritimes et côtiers.
À titre d’exemple, la plage de Ain Diab à Casablanca a subi une érosion d’environ 35 m entre
1987 et 201614.
12 - « Le Coût de la Dégradation de l’Environnement au Maroc », rapport élaboré par le département de l’environnement et la banque mondiale,
2017
13 - 5ème rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les changements climatiques et leurs évolutions
futures.
14 - Étude de Gestion durables des plages et du littoral au Maroc dans le cadre du programme Plages Propres 2012 et 2016 (Fondation
Mohammed VI pour la protection de l’environnement ; Direction générale des collectivités territoriales).
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Sur l’ensemble des citoyen(ne)s ayant répondu au sondage lancé par le CESE sur l’urbanisation
durable du littoral, 85% déclarent être insatisfaits de l’état du littoral national.
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Sur l’ensemble des citoyen(ne)s ayant répondu au sondage lancé par le CESE sur l’urbanisation
durable du littoral, 81% soutiennent la nécessité d’une réforme des politiques d’urbanisme et
considèrent la mesure comme «très importante».
15 - Déclaration de la ministre de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la Ville , « Village du Maroc à
Abidjan » - Décembre 2019.
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Il demeure que ces textes et documents ne comportent pas de dispositions explicites concernant
les questions environnementales et littorales.
18 - D’après le ministère en charge de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, les
documents d’urbanisme couvrent 80 % du territoire national, Réponse de la ministre lors d’une séance des questions orales à la Chambre des
conseillers – janvier 2022.
19 - Conformément à l’article 3 du Dahir portant loi n° 1-93-51 du 22 rebia I 1414 ( 10 septembre 1993 ) instituant les agences urbaines
20 - Voir annexe 2 : expériences internationales en matière d’urbanisme
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21 - Réponse de la ministre lors d’une séance des questions orales à la Chambre des conseillers – janvier 2022.
22 - Exemple de Tanger : lancée en janvier 2016, la procédure d’élaboration du plan d’aménagement de la ville de Tanger, pôle urbain et
économique de la plus grande importance, n’a toujours pas abouti, à date de rédaction de cet avis.
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Sur l’ensemble des citoyen(ne)s ayant répondu au sondage lancé par le CESE sur l’urbanisation
durable du littoral, 70% ont proposé d’améliorer l’applicabilité des documents d’urbanisme.
23 - Réponse de la ministre lors d’une séance des questions orales à la Chambre des conseillers – janvier 2022.
24 - Avis élaboré par le CESE à la demande de la chambre des Représentants, « Etude d’impact des dérogations dans le domaine de l’urbanisme »,
2014
25 - Publiée au Bulletin Officiel du 21 février 2019
26 - Avis élaboré par le CESE à la demande de la chambre des Représentants, « Etude d’impact des dérogations dans le domaine de l’urbanisme »,
2014
27 - Source : président de la Région Casablanca-Settat – audition du 12/01/2022.
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informer et sensibiliser les populations côtières de la zone SRL sur les potentialités littorales,
sur les menaces de sa dégradation et sur les risques littoraux.
planifier et réguler l’occupation de l’espace conformément aux dispositions de la loi sur le
littoral.
protéger, réhabiliter et conserver l’écosystème littoral, et prévenir les risques de sa
dégradation.
valoriser durablement les ressources terrestres et marines du littoral Rabat-Salé-Kénitra.
Au vu de ce qui précède, il y a lieu de souligner que la loi 81.12 relative au littoral constitue une
avancée certaine vers l’instauration d’une gestion intégrée des espaces littoraux, conformément
aux engagements internationaux du Maroc. Cette loi contribue, effectivement, à combler un
vide juridique, édicte les principes et les lignes directrices d’un développement durable et
institue le cadre d’une planification intégrée du littoral. Il convient toutefois de rappeler que ce
texte a besoin d’être amélioré et enrichi. Le CESE a déjà émis dans son avis sur le projet de cette
loi en 201428 un certain nombre d’observations et de recommandations. Il avait ainsi relevé, en
particulier, la persistance de lacunes spécifiques au niveau de la gouvernance du littoral ainsi
que l’imprécision des mécanismes facilitant l’intégration des politiques sectorielles.
En revanche, il est difficile de mesurer l’impact de la mise en œuvre de la loi 81.12 sur le terrain,
notamment en ce qui concerne l’urbanisation du littoral dont les dysfonctionnements continuent
de persister. Cela est dû, entre autres, à la lenteur dans l’élaboration de deux instruments
essentiels (le plan national du littoral et les schémas régionaux du littoral), au retard dans la
mise à jour des documents d’urbanisme conformément à la loi et à la difficulté d’appliquer les
principes et les orientations énoncés.
28 - Saisine n° 13/2014 de la Chambre des Conseillers en date du 26 septembre 2014, dont l’objet est d’émettre l’avis du CESE sur le projet de loi
n°81-12 relatif au littoral - https://www.cese.ma/media/2020/10/Avis-Projet-de-loi-n%C2%B081.12-relative-au-littoral%E2%80%8B.pdf
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
Il existe, selon les participants, quatre principaux facteurs qui expliquent les dysfonctionne-
ments au niveau de l’urbanisation des zones côtières. Il s’agit respectivement de l’incohérence
des politiques publiques (26%), du mode de gouvernance et la multiplicité des acteurs inter-
venants sur le littoral (26%), de l’ineffectivité des documents d’urbanisme (23%) et de la pro-
blématique de gestion du foncier (18%)
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A cet effet, l’urbanisation côtière est vue comme la voie préconisée pour le développement
durable de ce territoire, dont les retombées favoriseront la promotion des droits et le
développement durable du pays.
Cependant, comme susmentionné, cet avis vise essentiellement le court et moyen termes en
vue d’alerter sur l’urgence de protéger le littoral de la dégradation progressive des dynamiques
(effets de la non-durabilité), pour engager par la suite une réflexion collective susceptible
d’assurer à cet écosystème une durabilité à long terme face aux risques de pression anthropique
et aux risques liés au climat.
Pour concrétiser cette vision, le Conseil propose une série de recommandations s’articulant
autour de deux axes prioritaires : 1) la mise en place d’une gouvernance participative, efficace
et efficiente du littoral ; et 2) la refonte de la politique d’urbanisation basée sur les principes
de territorialisation, de participation citoyenne, de respect des droits fondamentaux et de
préservation de l’environnement et des ressources naturelles.
Axe 1 : Mise en place d’une gouvernance participative, efficace et efficiente du littoral
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
Axe 2 : Refonte de la politique d’urbanisation du littoral basée sur les principes de
territorialisation, de participation citoyenne, de respect des droits fondamentaux et de
préservation de l’environnement et des ressources naturelles
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Annexes
Annexe 1 : Littoral, urbanisation : quelles définitions ?
Littoral
Une première définition indique que le littoral correspond à la zone d’influence de la mer sur
la terre et réciproquement de la terre sur la mer ; une influence exacerbée notamment par les
activités humaines (infrastructures, habitat, industrie, tourisme, pêche, agriculture, extraction du
sable, etc.). Telle est la définition des géographes.
La Convention de Barcelone, ratifiée par le Maroc, approche la notion du « littoral » en définissant
dans son protocole GIZC le terme « zone côtière » comme étant « l'espace géomorphologique de
part et d'autre du rivage de la mer où se manifeste l'interaction entre la partie marine et la partie
terrestre à travers des systèmes écologiques et systèmes de ressources complexes comprenant
des composantes biotiques et abiotiques coexistant et interagissant avec les communautés
humaines et les activités socio-économiques pertinentes »29.
Quant à la loi 81.12 relative au littoral, celle-ci retient une définition juridique restrictive du littoral.
Ainsi, au sens de son article 2, on entend par « littoral » la zone côtière constituée :
côté terre : du domaine public, tel que fixé par le dahir du 1er juillet 1914 sur le domaine
public, lequel est défini par le rivage de la mer jusqu’à la limite des plus hautes marées, ainsi
qu’une zone de 6 mètres mesurée à partir de cette limite. Font également partie du littoral
les eaux maritimes intérieures (estuaires, baies, lagunes…), ainsi que les marais salants et les
zones humides communiquant avec la mer et les cordons dunaires côtiers ;
côté mer : du rivage de la mer et de l’étendue des eaux maritimes situées au-delà de ce
rivage jusqu’à une distance en mer de 12 miles marins (22 km).
Par ailleurs, la loi 81.12 institue une zone non constructible, adjacente au littoral, d’une largeur
de cent mètres (100 m), calculée à partir de la limite terrestre du littoral.
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Quelle dynamique urbaine pour un aménagement durable du littoral ?
La notion de littoral n’a donc pas de définition consacrée. Selon le contexte et les approches, ce
terme peut désigner des zones géographiques différentes.
Urbanisation
L’urbanisation est un processus, maîtrisé ou subi, qui se caractérise par l’expansion des centres
urbains et des agglomérations humaines au détriment des espaces ruraux, des zones agricoles
et des écosystèmes naturels.
Il convient de noter le lien et la différence entre les termes « urbanisation » et « urbanisme ». En
effet, l’urbanisme est un processus volontaire censé se dérouler en amont de l’urbanisation, et
qui consiste à concevoir et mettre en place la façon dont les villes et les espaces péri-urbains
sont aménagés, organisés et construits.
Par ailleurs, l’urbanisation est un concept large qui couvre l’ensemble des transformations et
des activités liées aux agglomérations humaines qui affectent un territoire. Tel est le cas des
infrastructures (ports, aéroports, transport, logement, zones industrielles…), et des diverses
activités économiques (industries, services, tourisme…).
1- France
a. Urbanisme en France : spécificités du littoral
Le code de l’urbanisme français exige que le SCoT et le PLU fassent l’objet d’une évaluation
environnementale et décrète une bande littorale de 100 mètres interdite à l’urbanisation.
La loi française comporte aussi des dispositions spécifiques aux documents d’urbanisme des
communes littorales :
Détermination des capacités d’accueil des espaces urbanisés ;
Préservation des coupures d’urbanisation (SCoT et PLU doivent prévoir des espaces naturels
présentant le caractère d’une coupure d’urbanisation) ;
Réservation des espaces remarquables ou caractéristiques et des milieux nécessaires au
maintien des équilibres biologiques ;
Servitudes de passage sur le littoral.
b. Les documents d’urbanisme en France
Les deux principaux instruments de planification urbaine en France sont le schéma de cohérence
territoriale (SCoT), équivalent du SDAU au Maroc, et le plan local d’urbanisme (PLU), équivalent
du PA.
Le schéma de cohérence territoriale (SCoT)
Le SCoT est un document d’urbanisme qui, à l’échelle d’un territoire couvrant plusieurs
communes, détermine l’organisation spatiale et les grandes orientations de développement.
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85%
11%
4%
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Il existe, selon les participants, quatre principaux facteurs qui expliquent les dysfonctionnements
au niveau de l’urbanisation des zones côtières. Il s’agit respectivement de l’incohérence des
politiques publiques (26%), du mode de gouvernance et la multiplicité des acteurs intervenants
sur le littoral (26%), de l’ineffectivité des documents d’urbanisme (23%) et de la problématique
du foncier (18%) (graphique n°2).
Concernant les mesures proposées pour mettre en œuvre une urbanisation et un aménagement
durables du littoral et assainir l’existant, les résultats de la consultation montrent en effet
l’importance accordée par les citoyennes et les citoyens à un ensemble d’actions qu’ils jugent
« très importantes », à savoir (graphiques de 3 à 8) :
la réforme de la politique d’urbanisme (81%);
l’amélioration de l’applicabilité des documents d’urbanisme (70%);
la promotion de la recherche scientifique sur le littoral (78%);
le renforcement de la démocratie participative par une implication régulière et active des
citoyen(ne)s et de la société civile dans le processus de planification urbaine (66%);
la réforme du foncier (67%);
la simplification des procédures de délivrance des autorisations d’urbanisme (48%).
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- Fondation
Mohammed VI pour la Protection de
l’Environnement.
Associations et
organisations non - Conseil national de l’ordre des architectes du Maroc
gouvernementales - Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement
- Surfrider Foundation Maroc
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