Cours D'introduction Au Droit

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Support de cours d’introduction au droit Abanda rostand

INTRODUCTION AU DROIT

Par
Abanda rostand
Juriste d’affaires et d’entreprises

1
INTRODUCTION GENERALE

L’homme vit en société, et pour que cette vie soit possible, chacun doit obéir à un
certain nombre de règles. Aucun corps social ne peut exister sans une certaine
discipline de ses membres. Le droit détermine donc un ensemble de normes de
conduites, il détermine ce que chacun peut et doit faire pour que la vie en société soit
possible.

Il existe différentes règles : des règles morales, des règles religieuses ou des règles
sociales, qui jouent toutes un rôle régulateur de la société. Les règles les plus
importantes sont les règles morales et religieuses (si on ne prend pas en compte les
règles judiciaires).

La morale se définit comme un ensemble de comportements dictés par la


conscience. De nombreuses règles de droit coïncident avec la morale. Exemple  :
interdiction de tuer, règle morale mais règle de droit pénal.

Cependant toutes les règles morales ne relèvent pas du droit. Ainsi la morale invite à
la charité envers autrui, alors que le droit ne consacre pas de devoir général envers
la charité. De plus les sanctions du droit et de la morale sont différentes  ; la morale
ne connaît que des sanctions personnelles alors que la violation d’une règle de droit
entraîne une véritable sanction extérieure.

Les règles religieuses sont souvent des règles juridiques. Exemple : tu ne voleras
pas.

Mais toutes les règles religieuses ne sont pas des règles juridiques ; la religion
catholique par exemple interdit le divorce ; alors que la législation camerounaise
l’autorise. La constitution proclame que le Cameroun est un Etat laïc. Les activités
religieuses ne relèvent donc que de la sphère privée.

2
CHAPITRE 1 : DEFINITION ET SOURCES DU DROIT

I- QU’EST-CE QUE LE DROIT ?

Le droit est constitué de l’ensemble des règles qui s’appliquent en un lieu


donné (sur un territoire défini) à une époque donnée. Le lieu peut être un Etat ou un
regroupement d’Etats (Union Africaine, Organisation des Nations-Unies), une
subdivision administrative d’un Etat (région, département, commune). En raison des
mutations de la société, le droit est amené à évoluer. Certaines règles deviennent
caduques et il faut répondre aux besoins de la société en faisant évoluer les règles
juridiques et en en créant de nouvelles.
Selon le dictionnaire juridique, le Droit est l’ensemble des dispositions interprétatives
ou directives qui à un moment et dans un Etat déterminés, règlent le statut des
personnes et des biens, ainsi que les rapports que les personnes publiques ou
privées entretiennent.

A- Le Droit et la Loi

Dans le langage courant, le Droit et la loi sont des termes synonymes faisant
référence aux diverses règles organisant notre vie en société et sanctionnée par la
puissance publique. Il existe en réalité des définitions plus précises de ces concepts.

D’un point de vue juridique, le Droit regroupe deux réalités distinctes :

- Le Droit objectif (le Droit) désigne l’ensemble des règles juridiques officielles
ordonnant les rapports humains. Le Droit est toujours normatif (il indique ce
qui doit être) et sanctionné en dernier recours par la force publique.
Concrètement, l’existence du Droit se manifeste dans ses diverses sources
formelles : les Lois, Décrets, Conventions, Coutume, Jurisprudence ;
- Le Droit subjectif (les droits) désigne la prérogative, la faculté, l’activité
permise à chaque individu par l’existence du Droit objectif. Le droit subjectif
constitue un intérêt individuel juridiquement protégé. Il peut concerner le
rapport d’un individu aux choses (par exemple, la propriété) ou aux autres (par
exemple, l’obligation).

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La Loi désigne la principale source formelle du Droit objectif :

- Au sens large, la loi désigne toute règle générale et impersonnelle, résultant


d’une volonté collective et dotée de la force contraignante. Il est ainsi possible
de la distinguer de la morale (qui n’est pas sanctionnée par la contrainte) et de
la coutume (qui résulte moins d’une volonté que d’une tradition collective) ;
- Dans un sens plus précis, la loi désigne les normes juridiques qui, d’une part,
émanent du pouvoir législatif par opposition aux décrets ou aux règlements
qui émanent du pouvoir exécutif et des autorités administratives, et d’autre
part réglementent certaines matières listées dans la constitution comme les
libertés publiques.

B- Caractéristiques de la règle de droit

La règle de droit a quatre (04) caractéristiques : elle est générale et abstraite,


permanente, obligatoire et coercitive. Dire que la règle de droit est générale et
abstraite c’est dire qu’elle s’applique à toute personne qui s’inscrit dans la situation
qu’elle décrit ou pour toute personne qui vient à y entrer.

Exemple : le texte qui oblige le port de la ceinture de sécurité dans une voiture –
concerne seulement les occupants d’une voiture.

La règle de droit est permanente : elle est durable et constante dans le temps, elle
s’applique dès son entrée en vigueur, jusqu’à sa modification ou son abrogation.

La règle de droit est obligatoire et coercitive. Elle s’applique et chaque individu


est tenu de s’y conformer. Ce caractère obligatoire a des intensités variables : elle
est soit impérative (on ne peut pas y déroger par une convention contraire) ou
supplétive (quand il est possible de la remplacer par une autre ; les partis peuvent
expressément écarter l’application de la loi).

Exemple : les contrats de mariage, où l’on peut choisir entre plusieurs possibilités,
même si le régime légal est la « communauté réduite aux acquêts (possessions) ».

Autre règle supplétive, celle qui existe en cas de succession. On peut choisir de faire
un testament, on décide de ceux qui vont hériter. Au cas contraire c’est la loi qui
détermine les héritiers à la succession.

4
La règle de droit est coercitive. Si on ne l’applique pas, on sera sanctionné. Les
sanctions sont diverses. La sanction répressive consiste en peine infligée à celui
dont le comportement se trouve incriminé par la loi pénale. La loi va punir l’auteur de
l’infraction, soit par une peine privative de liberté, soit par une peine d’amende.
Néanmoins, il existe d’autres peines, comme le retrait du permis de conduire.

La sanction peut être administrative, lorsqu’on a violé un texte administratif.

Exemple : Le code de l’urbanisme exige un permis de construire pour surélever un


bâtiment. Si vous n’avez pas ce permis et que vous entreprenez les travaux, on vous
demandera de le démolir.

La sanction peut être civile ; il s’agira de réparer le préjudice subi par une
personne du fait de notre comportement. La responsabilité civile trouve son
fondement dans l’article 1382 du Code Civil « tout fait quelconque de l’homme
qui cause à autrui un dommage oblige celui par lequel il est arrivé à le
réparer ».

Dans certains cas, la règle de droit n’est pas assortie de sanctions :

- La constitution de 1996 veut que le Président de la République promulgue les


lois, or il n’est pas sanctionné s’il ne le fait pas.
- Les règles de droit international public (règles qui régissent les relations entre
Etats) sont des règles dont l’exécution forcée est difficile du fait de la
souveraineté nationale des Etats.
- Le cas de l’obligation naturelle : C’est une règle de droit qui consacre
juridiquement un comportement sans imposer celui et sans qu’il soit
susceptible d’exécution forcée.

EXERCICE PRATIQUE

Monsieur et Mme ADA ont été invités par Monsieur et Mme Mendouga pour dîner.
Aussitôt le dîner terminé, Monsieur et Madame ADA sont partis sans remercier et
dire au revoir aux hôtes. Les époux Mendouga souhaitent agir en justice, pour que
les époux ADA soient sanctionnés. Qu’en pensez-vous ?

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II- LES SOURCES DU DROIT

A- Les sources non écrites du droit ou sources dérivées (indirectes)

1- La jurisprudence

Ce sont des textes émanant des cours de justice sur lesquels s’appuient les
magistrats pour régler certains litiges. Ces textes peuvent être une interprétation de
la loi ou une réponse donnée à une situation caractérisée par le vide juridique. Ils «
font jurisprudence », c’est-à-dire qu’ils constituent une référence pour trancher dans
des cas identiques.

2- La doctrine

C’est un ensemble d’analyses et d’études de concepts juridiques, de cas concrets ou


de faits de société qui peuvent aider le magistrat dans sa prise de décision. La
doctrine est aussi l’ensemble des travaux des auteurs (essentiellement des avocats,
notaires, universitaires…) qui expriment leurs conceptions théoriques du droit et
commentent les lois. Ils interviennent sur des problèmes d’interprétation du droit ou
sur des vides juridiques.
La doctrine est une source indirecte du droit. En effet, elle ne s’impose jamais au
juge mais peut parfois l’influencer dans sa prise de décision.
La doctrine est publiée dans des ouvrages ou des revues juridiques sous forme
d’articles ou de commentaires sur des décisions prises par les tribunaux.

3- La coutume

Il s’agit d’un ensemble d’habitudes et de réactions à des situations pratiques nées en


dehors de la justice mais faisant l’objet d’un large consensus au sein des autorités
judiciaires qui les ont avalisées et éventuellement généralisées au fil du temps. La
coutume est une règle de droit non écrite émanent du corps social et considérée
comme obligatoire. La coutume n’émane pas des devoirs publics à la grande
différence de la loi.

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Jurisprudence, doctrine et coutume peuvent être à l’origine d’un acte législatif
qui entérine et formalise une pratique, lui donnant par là force de loi.

4- Les usages

Les usages sont des règles professionnelles ou locales qui s’imposent par le
caractère répété et la croyance en leur caractère obligatoire. Les usages
conventionnels sont les règles suivies par les professionnels, dans leurs relations
contractuelles. Ils sont très nombreux en droit commercial et en droit du travail.

La coutume et les usages sont issus de la pratique et ne sont pas des règles écrites.
En conséquence, avec le développement des textes écrits, ils ne représentent plus
qu’une source secondaire du droit. Une coutume ou un usage peuvent d’ailleurs
disparaître s’ils ne sont plus appliqués ou si une loi ou encore une convention
collective en droit du travail y mettent un terme. A l’inverse, certaines conventions
collectives ont intégré les usages pour mieux assurer leur pérennité. L’écrit est en
effet une preuve en cas de litige, il permet également d’unifier le droit.

B- Les sources écrites du droit

Les sources écrites sont l’œuvre du constituant, du Parlement ou du pouvoir


réglementaire, ou l’œuvre conjointe de l’État et d’un État étranger ou d’une
organisation internationale. Hiérarchisées, ces normes ne s’imposent à
l’administration qu’à certaines conditions.

1- La constitution

C’est le sommet hiérarchique de la source des droits.

Loi fondamentale, la constitution qui régit actuellement le Cameroun est celle de


1996 (constitution révisée). Elle est composée du préambule (inspiré de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen), du texte constitutionnel proprement
dit et des décisions du Conseil constitutionnel.

2- La loi

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Elle est constituée de l’ensemble des textes législatifs. On distingue plusieurs sortes
de lois :
Lois constitutionnelles (qui modifient la constitution), lois organiques (qui précisent
et appliquent des articles de la constitution), lois ordinaires adoptées à l’issue de la
navette parlementaire).

3- Les règlements

Le règlement est un texte émanant du pouvoir exécutif (décrets, arrêtés)

- Le décret

Sa rédaction et sa promulgation reviennent au pouvoir exécutif : les décrets sont


signés par le Président de la République et le Premier ministre (ils sont souvent les «
décrets d’application » d’une loi).

- L’arrêté

Il peut être ministériel, préfectoral ou municipal dans l’ordre hiérarchique. C’est une
décision d’ordre pratique. Selon sa source, il s’applique à un territoire
géographiquement délimité.

4- L’ordonnance

C’est un texte pris par le gouvernement dans le domaine de la loi sans autorisation
du parlement. Elle est de la compétence du Président de la République, et a force
de loi.

5- Les traités internationaux

Une fois ratifiés par le Parlement ou par voie référendaire, ils ont une force
obligatoire supérieure à une loi et à la constitution.

6- Le droit communautaire

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Il est constitué d’une part des traités de bases qui ont crée les communautés et
d’autre part des actes juridiques, pris par les institutions communautaires, dans la
mise en œuvre de leurs compétences.

Activités

Compréhension écrite
1. Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses.

1. Les règles du droit sont identiques à Buea et à Fotokol. V F


Justification :
....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
2. Les règles juridiques sont fixées une fois pour toutes. V F
Justification :
....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
3. Le droit camerounais est exclusivement fondé sur un système codifié. V F
Justification :
....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
4. Les traités internationaux entrent en vigueur dès leur signature. V F
Justification :
....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
5. Les lois constitutionnelles regroupent les lois organiques et les lois ordinaires. V F
Justification :
....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
6. L’ordonnance est un texte de loi qui ne fait pas l’objet d’un débat parlementaire. V F
Justification :
....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
7. La jurisprudence est un texte de loi fondé sur la pratique et l’expérience. V F
Justification :

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....................................................................................................................................................
............................................................................................................................
8. Faire jurisprudence veut dire : « Se fonder sur la résolution d’un cas pratique pour en
résoudre un autre. » V F
Justification :...............................................................................................................................
.................
2. Trouvez dans le cours les termes correspondant aux définitions suivantes

1. Une zone géographique clairement délimitée soumise à une administration


commune.
……………………………………
2. Une règle qui, ayant perdu sa pertinence, n’a plus de valeur juridique.
…………………………………...
3. Une procédure visant à fixer des dispositions dans des textes de référence.
…………………………………...
4. Un texte introduisant un document juridique pour exposer les motifs des dispositions
qu’il contient.
…………………………………….
5. Une subdivision d’un texte légal.
………………………………………..
6. Un acte consistant à ordonner l’exécution (la mise en œuvre effective) d’un texte de
loi.
……………………………………….
7. Une décision émanant d’une autorité administrative.
……………………………………….
8. Une personne investie du pouvoir de demander (au nom de l’Etat) ou de rendre la
justice.
……………………………………….
9. Une manière de comprendre et d’appliquer un texte de loi.
……………………………………….
10. Rendre une pratique juridiquement valable en la formalisant.
……………………………………….
Cf. liste des termes ci-dessous
Un magistrat
Un préambule
Un arrêté
Un article
Une division administrative
La promulgation

10
L’interprétation
La codification
Entériner
Une règle caduque

3. Complétez les phrases suivantes à l’aide d’une expression choisie dans


la liste ci-dessous.
À l’issue de – l’assentiment– s’appuie – émane – a fait l’objet de – revient - un large
consensus - Être appelé

1. Le juge peut ............................. À rechercher une solution dans la doctrine.

2. Quand il y a vide juridique, le magistrat ............................. Sur la jurisprudence.

3. .............................. des débats, le projet de loi est mis au vote.

4. La décision ............................................. au juge et à lui seul.

5. Pour entrer en vigueur, un traité international a besoin de.................................... du

Parlement ou de l’ensemble des citoyens. Celui-ci s’obtient – ou non – par vote dans

le premier cas, par référendum dans le deuxième.

6. Cette disposition administrative .................................. De l’application d’une

directive européenne.

7. Le projet de loi sur la sécurité ............................ Débats houleux à l’Assemblée

nationale.

8. Au fil des débats, il s’est dégagé .................................... entre les chefs d’Etat et

de gouvernement.

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III- LES BRANCHES du DROIT : DROIT PRIVE et PUBLIC

Les règles juridiques de droit concernent la vie sociale dans tous ses aspects. Il y a
donc des règles qui s’occupent de l’organisation d’un état ou des règles relatives à
l’activité des commerçants ou encore des règles s’occupant du domicile, du mariage,
ainsi que par exemple des règles s’occupant de l’âge de la scolarité ou de droit de
location immobilière, etc.
Le droit est donc omniprésent. Ses domaines d’application sont très variés.
Pour mieux s’y retrouver, on peut classifier, diviser, le droit en différentes branches,
en différents domaines. C’est ce qu’on appelle la division du droit.

Droit Droit
Privé Public

-droit civil -droit

-droit commercial constitutionnel

-droit social -droit administratif

-droit pénal -droit international


Le droit public régit les relations
entre l’individu et -droit international public les collectivités ou
les relations privé entre les

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collectivités (l’Etat, administration et toutes les personnes publiques constituent l’état
ou des administrations) et le droit privé (relation entre tous les individus en général)

A- Le droit public
1- Droit public interne (à l’intérieur de l’Etat)
- Le droit constitutionnel renvoie aux règles qui déterminent l’Etat le pouvoir.
- Le droit administratif qui détermine l’organisation des administrations
publiques, les règles qui vont intervenir lors d’un litige entre un particulier et
l’administration.
- Le droit fiscal qui détermine comment on calcule les différents impôts et
comment les collecter.
2- Droit international public qui réglemente les relations entre Etats (traités,
convention).

B- Le Droit privé : relation entre les individus

1- Le droit civil : règles de bases et des principes, sources des autres branches.
Principes de règles entre les individus, études des personnes et de leurs
capacités (personnes sous tutelle, curatelle ou mineur). C’est également tout
ce qui concerne la famille (succession, contrat).
2- Le droit commercial règle les différents rapports entre commerçant et
règlemente l’activités commerciale (liquidation, litige, activité…)
3- Le droit social qui comprend le droit du travail (relations entre employeurs et
salariés, conditions de travail, conventions collectives…)
4- Le droit pénal : l’étude des différentes infractions, des responsabilités pénales
et les sanctions.
5- Le droit international privé : il s’agit de la réglementation qui protège les droits
des individus se trouvant soit dans un pays qui n’est pas le leurs, soit dans
une situation litigieuse dont la résolution juridique fait intervenir les lois de
différents Etats.
6- Procédure civile et pénale : il est question ici de la règlementation et de la
tenue du procès aussi bien civil que pénal (déroulement du procès devant les
tribunaux et l’application de la procédure).

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CHAPITRE 2 : ACTE JURIDIQUE ET FAIT JURIDIQUE

I- LES FAITS JURIDIQUES

Le fait juridique est un événement ou un comportement dont les effets résultent de la


loi et non de la volonté de l’auteur du fait. En d’autres termes le fait juridique est un
évènement purement matériel dont l’effet juridique qu’il produit n’a pas été voulu.
Exemples de faits juridiques
➞ Fait juridique involontaire (Ex. naissance, majorité, événement naturel)
➞ Fait juridique volontaire (Ex. violence, déménagement)

II- LES ACTES JURIDIQUES

L’acte juridique est une manifestation de volonté dont les effets (ou conséquences)
juridiques sont voulus par l’auteur de cette manifestation de volonté. Les effets
juridiques de l’acte peuvent être, par exemple, la création, la constatation, la
modification, la transmission, l’extinction d’un droit ou d’une obligation. En d’autres
termes c’est la manifestation de volonté accomplie en vue de produire des effets de
droit.
Exemples d’actes juridiques :
Le contrat : il crée des droits et des obligations pour les parties contractantes,
Le testament : il a pour effet juridique la transmission d’un droit ou d’un bien
successoral.
La remise de dette : elle a pour effet juridique l’extinction totale ou partielle d’une
dette.

➞ Acte juridique unilatéral / plurilatéral


➞ Negotium / instrumentum

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En résumé
Faits juridiques Actes juridiques

Effet juridique involontaire Effet juridique volontaire

Exercice

Acte ou fait juridique ?

- Rédaction d’un testament


- legs
- Reconnaissance d’un enfant
- Orage qui endommage une toiture
- Tuile qui blesse un passant
- Gain au loto
- Crise cardiaque
- Assignation en justice

III. LA DISTINCTION ENTRE ACTES ET FAITS JURIDIQUES

Cette distinction peut être faite sur les points suivants :

- La source des faits juridiques ;


- Dans l’acte juridique, les effets juridiques ont été voulus par l’auteur de l’acte ;
- Dans le fait juridique, les effets juridiques sont imposés par la loi. L’auteur du
fait, contre la volonté de celui-ci ;
- L’auteur du fait de l’acte juridique ;
- L’acte juridique a toujours pour auteur une personne physique ou morale,
seule capable d’exprimer une volonté ;
- Le fait juridique peut être une personne, une chose ou d’un phénomène
naturel ;
- Le caractère volontaire ou involontaire ;
- L’acte juridique est toujours accompli de manière volontaire par son auteur,
- Le fait juridique peut être volontaire ou involontaire

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CHAPITRE 3 : DEFINITION ET CLASSIFICATION DES DROITS ET DES CHOSES

I- DEFINITION

Les droits subjectifs ont toujours une personne pour titulaire. Ils naissent du fait que
la règle de droit objectif confère aux individus les prérogatives (les libertés) appelées
« Droits individuels ». Ce sont ces droits individuels que l’on appel « Droits
subjectifs ». « Subjectifs » puisqu’ils ont un sujet à la tête. Le sujet est une personne
physique ou morale.

Il y a autant de définitions des droits subjectifs qu’il y a des auteurs. Ces définitions
peuvent être regroupés en deux :

- Sens large : pour ce sens, le droit subjectif est toute prérogative ou faculté
dont une personne est titulaire en vertu du droit objectif.
- Sens strict : les droits subjectifs sont des intérêts juridiquement protégés.

Les sujets des droits sont les personnes. L’ensemble de droits d’une même personne
forme le patrimoine. La notion de droit subjectif, celle de la personne et celle du
patrimoine sont liées.

II- CLASSIFICATION DES DROITS

Les droits subjectifs peuvent être classifiés de plusieurs façons. L’étude de ces
classifications nous donne ce qui suit :

- Droits patrimoniaux et Droits extra patrimoniaux ;


- Droits réels, droits personnels et droits intellectuels ;
- Droits corporels et droits incorporels ;
- Droits mobiliers et Droits immobiliers.
- RES NULLIUS, RES DERELICTAE ET RES COMMUNIS
- Les autres classes (droits civils et politiques ; droits économiques, sociaux et
culturels, droits communautaires).

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1- Les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux

Cette distinction est fondée sur la valeur pécuniaire (argent). Certains droits ont une
valeur pécuniaire c’est-à-dire qu’ils peuvent être évalués en argent.

Ex : Droit de créance, droit de propriété.

D’autres droits ont seulement une valeur morale et ne sont pas susceptibles d’une
évaluation monétaire.

Ex : droit au nom, droit au mariage, droit à la vie, droit à la liberté, …

Il faut noter que cette distinction signifie que certains droits ont surtout une valeur
pécuniaire et d’autres ont surtout une valeur non-pécuniaire.

Ex : une montre tenant lieu de souvenir de sa femme décédée comprend aussi une
valeur non-pécuniaire ; le droit au nom peut servir de raison sociale.

2- Les droits réels, les droits personnels et les droits intellectuels

 Les droits réels sont les « US IN REM ». Les droits qui établissent un rapport
direct entre une personne et une chose.

Ex : le droit à la propriété ; le droit qu’on détient sur notre téléphone.

Le droit de propriété, le plus important comprend trois éléments :

USUS (droit d’usage)

Droit de propriété : FRUCTUS (droit de percevoir les fruits)

ABUSUS (droit d’en abuser, d’en disposer,


d’aliéner, de détruire, de vendre)

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Nous avons ainsi plusieurs droits démembrés du droit de propriété : droit d’usage,
celui d’usufruit, la nue-propriété (un propriétaire qui n’a rien dans ses mains, les
concessions ordinaires (l’emphytéose, la superficie, l’usufruit et la location), et les
concessions perpétuelles.

- L’usufruit : il s’agit d’un droit réel qui confère à son titulaire, l’usus et le fructus
sur la chose. Tandis que le droit d’aliéner ou l’abusus se trouve entre les
mains d’une autre personne appelée « nu-propriétaire ».
- Le droit d’usage : suppose qu’on se sert de la chose et l’on ne peut en jouir
que dans la limite des besoins du titulaire du droit et de sa famille.
- L’habitation : c’est le droit de se servir de la chose pour s’y loger avec sa
famille.
- La servitude : c’est le droit qui consiste dans le droit du propriétaire d’un fond
(terrain) de se servir de certaines utilités du fond voisin. (Ex : le droit de
passage).
- La superficie : c’est le droit de jouir d’un fonds appartenant à l’Etat et de
disposer des constructions, bois, arbres et autres plantes qui y sont
incorporés.
 Les droits personnels : on les appelle les « US IN PERSONAM » ou les
obligations, les droits de créance.

Ces droits portent sur une chose, mais par l’intermédiaire d’une personne.

 Les droits intellectuels : ce sont des droits qui ne s’exercent ni contre une
personne, ni sur une chose. Leur objet est immatériel.

Ex : le droit d’auteur, le droit de l’artiste sur son œuvre.

Ils sont repartis en droits de la propriété industrielle ou propriété scientifique et droits


d’auteurs ou droits de la propriété littéraire et artistique.

3- Les droits corporels et les droits incorporels

On entend par droits corporels, les droits qui s’incarnent dans une matière tandis que
ceux incorporels ne s’incarnent pas dans une matière.

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Ex : droit de propriété (droit corporel)

Droit à la liberté, droit à la vie (droit incorporel)

4- Droits mobiliers et droits immobiliers

Le droit mobilier porte sur les meubles et le droit immobilier porte sur les immeubles.

Il existe aussi des meubles par anticipation :

Il arrive qu’un immeuble devient meuble avant qu’il soit séparé du sol ; par
anticipation. Sans doute, la volonté n’est pas à elle seule capable de modifier la
situation juridique des choses. Mais lorsque les contractants ont traité sur les
immeubles en considérant au moment où les choses seront devenues meubles, ils
attribuent à ces immeubles dès la formation du contrat le caractère mobilier.

Ex : vente des bois de taille à couper, Vente des maisons à démolir.

5- RES NULLIUS, RES DERELICTAE ET RES COMMUNIS

Cette classification des choses est tirée de leur appropriation. En principe, toutes les
choses ont leurs propriétaires qui peuvent les aliéner. Cependant, il existe des
choses sans propriétaires et d’autres qui bien qu’appropriées ne peuvent changer de
propriétaires.

Ces choses ne sont pas en principes susceptibles d’appropriation ; mais la personne


qui boit l’eau d’un torrent ou fait boire de cette eau à son bétail ou la met en
bouteille ; l’industriel qui fabrique l’air liquide, deviennent propriétaires.

- Les RES NULLIUS ou biens sans maître sont ceux n’ayant personne comme
titulaires. Ex : les oiseaux dans la nature.
- Les RES DERELICTAE ou biens abandonnés sont les biens abandonnés
volontairement.
- Les RES COMMUNIS ou biens communs sont les biens qui n’appartiennent à
personne et dont l’usage est commun à tous. Ex : la mer, le fleuve, l’air, etc.

Il ne faut pas cependant confondre les RES DERELICTAE au trésor.

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Le trésor est une chose mobilière cachée volontairement. Par la suite, il est devenu
impossible de savoir où elle a été cachée et tout le monde ignorait son existence
avant qu’elle ait été découverte.

La propriété d’un trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre fond.

Si le trésor est trouvé dans un fond d’autrui, il appartient pour moitié à celui qui l’a
découvert et pour l’autre moitié au propriétaire du fond. 

6- Les autres classifications

Il s’agit des choses dans le commerce et hors commerce. Les choses hors
commerces sont des choses qui ne peuvent pas changer de maître.

Du point de vue de leur utilisation, on a :

- Les choses frugifères et les choses non frugifères ;


- Les choses consomptibles et les choses non consomptibles ;
- Les choses fongibles et non fongibles.

La chose frugifère est celle capable de produire des fruits. Les fruits sont les
éléments dont la récolte n’entraîne pas diminution sensible de sa substance. Il y a
deux catégories de fruit : les fruits par nature (Ex : la mangue) et les fruits par
décision de la loi (Ex : le loyer).

Les fruits par nature se subdivisent en deux : les fruits industriels et les fruits civils.

Le fruit naturel c’est par nature tandis que le fruit industriel est celui qui nécessite la
présence de l’homme. Ex : taximan, le salaire...

Les fruits civils sont encore appelés « fruits en argent ». Ex : mettre votre maison en
location, etc. Il faut distinguer les fruits des produits. Le produit c’est tout ce qu’on tire
de la chose, mais qui n’est pas un fruit.

Les biens consomptibles et les biens non consomptibles. Les choses consomptibles
sont celles qui disparaissent nécessairement dès qu’on les utilise. Ex : les billets de
banque, la nourriture. Tandis que les choses non consomptibles sont celles que l’on
peut utiliser sans les faires disparaître. Ex : les voitures, les chaussures etc…

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Les choses fongibles et les choses non fongibles ou corps certains : sont
interchangeables. On les appelle « choses de genre » Ex : les bouteilles des sucrés
qui sont tombés et cassés. Tu ne peux pas dire que ceci est pour moi, ou cela est
pour l’autre tandis que les choses non fongibles ne sont pas interchangeables. On
les appelle le corps certains. Ex : une statuette.

Question : Quels sont les éléments importants du droit de propriété ?

III- LA CLASSIFICATION TIREE DU DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

1- Droits civils et politiques

Ces droits imposent à l’Etat le plus d’abstentions possibles. De s’abstenir de poser


certains actes en ce qui concerne leur respect. Ils sont liés à la notion d’Etat
gendarme. Le cas par exemple, du droit à la liberté de presse ou de manifester, celui
à ne pas être torturé, celui à la vie, …

2- Droits économiques, sociaux et culturels

Ces droits imposent à l’Etat d’intervenir. Il doit avoir une attitude interventionniste en
ce qui les concerne. L’Etat providence en est le pourvoyeur. Citons à titre exemple le
droit au logement, le droit à l’emploi, …

3- Droits collectifs, communautaires ou de solidarité

Ces droits impliquent l’obligation de participer à leurs réalisations à charge de tous


les membres de la communauté humaine. Tout le monde doit contribuer à leur
réalisation. Par exemple, le droit à un environnement sain, celui à la paix, celui au
patrimoine commun de l’humanité.

21
Exercice

Compréhension écrite

1- Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses.

- Le fait juridique est un événement ou un comportement dont les effets juridiques


résultent de la loi et de la volonté de l’auteur du fait. V/F………………………………
- Le fait juridique est un évènement purement matériel dont l’effet juridique qu’il produit
n’a pas été voulu. V/F……………………………….
- Les Faits juridiques émanent des effets juridiques involontaires tandis que les actes
juridiques émanent des effets juridiques volontaires. V/F …………………
- Les droits subjectifs ont toujours une personne physique pour titulaire.
V/F…………………….
- Au sens large le droit subjectif est toute prérogative ou faculté dont une personne est
titulaire en vertu du droit objectif. V/F …………………………….
- Le patrimoine c’est l’ensemble des biens d’une personne. V/F………………….
- Le droit de vote a une valeur pécuniaire. V/F ……………………………………...
- L’usufruit est un droit réel qui confère à son titulaire, le droit d’usage et le droit de
percevoir les fruits sur la chose. V/F ………………………………….
- Les droits corporels, sont les droits qui s’incarnent dans une personne physique ou
morale tandis que ceux incorporels ne s’incarnent pas dans une personne. V/F …….
- Un immeuble peut changer de statut juridique et devenir un meuble par anticipation
sans la volonté des parties. V/F …………………………….

2- Vocabulaire
Trouvez le terme juridique qui convient

Marie a trouvé sur …………………...de son père un bien qui avait été caché volontairement

Par lui avant de mourir : c’est ……………………. Pour elle. Pour avoir refusé de le partager,
son frère Alain a décidé de s’approprier exclusivement le droit ……………………. Du fleuve
qui jalonnent leur île d’habitation et dont le père fut le seul exploitant ; or, d’après la loi il
s’agit d’un ……………………………. Et dont communautaire. Le bien trouvé par Marie est
une statuette en or ; c’est un corps…………………. En vendant cet objet, elle percevra de

22
l’argent comme……………… ; et cet argent du fait qu’il disparaitra après usage est appelé
chose……………………… 

CHAPITRE 4 : DOMAINE D’APPLICATION DE LA REGLE DE DROIT

La règle de droit n’est pas destinée à demeurer une simple création de l’esprit. Il est
de sa nature de s’appliquer à des situations concrètes. Il faut alors s’interroger sur
les cadres dans lesquels se réalise cette application. On trouve deux aspects :
l’application de la loi dans le temps, et l’application de la loi dans l’espace.

Préoccupés de la stabilité de la règle de droit, les plaideurs se plaignent parfois du


changement incessant des règles qui déroutent leurs attentes de sécurité juridique,
c’est-à-dire leur espoir de connaître à l’avance la teneur du droit. Pour autant, les
règles juridiques ne sont pas immuables : elles ont une durée de vie temporelle qui
définit leur temps de validité. Le droit évolue, les règles se succèdent les unes aux
autres, et peuvent donner lieu à des conflits de loi dans le temps.

I- L'application de la loi dans le temps

A- Notion

Il y a conflit de lois pénales dans le temps lorsqu’une loi nouvelle intervient avant le
règlement définitif d’une situation qui s’est produite sous l’empire de la loi ancienne.
Dans ce cas, le problème consiste à savoir quelle loi va devoir être appliquée.

C'est une question tout à fait innocente : Quand est- ce qu'une nouvelle loi venant
d'être promulguée produit ses effets ? La réponse est apparemment aussi simple :
quand elle rentre en application, c'est-à-dire un jour franc après sa publication au
journal officiel. Ça c'est en principe, car en matière d'application de la loi dans le
temps il existe de nombreuses exceptions.

B- Principes

23
"La loi ne dispose que pour l'avenir, elle n'a point d'effet rétroactif". De cette phrase,
que nous prendrons à l'envers si vous le voulez bien, on en déduit le principe :

1 - La loi ne dispose pas pour le passé (elle n'a point d'effet rétroactif)
2 - La loi dispose pour le futur. (Elle s'applique immédiatement)

Pour détailler les exceptions nous les étudierons par rapport à ces deux notions : le
passé, le futur.
En ce qui concerne le passé, le principe connait des limites aussi bien au point de
vue pénal qu’au point de vue civil.

La limite pénale, qui est la plus connue, est la règle de l'application de la loi pénale
plus douce. Donc en matière pénale, le principe connait une exception lorsque la loi
pénale est plus douce, c'est ce que l'on appelle la rétroactivité in mitius.

Les limites civiles sont celles qui sont le plus logique. En effet, comme le principe est
énoncé par une loi, le principe peut être contourné par une loi. Cela peut être fait de
deux manières : lorsque la loi dispose qu'elle rétroagit, et cela de manière expresse.
Ou de manière implicite en édictant, par une loi, l'interprétation que l'on devait donner
d'une loi antérieure (l'interprétation s'appliquant à la date de la première loi) (sachant
que cette interprétation peut être écartée par un juge au cours d'une instance !), ou
en prononçant la confirmation des actes passés en violation de la loi antérieure, mais
dans le respect de la loi nouvelle (ce qui permet d'empêcher une discrimination entre
les personnes suivant la date de l'acte, alors que justement on tolère cet acte).

En ce qui concerne le futur, la question est toute autre, puisque au contraire ce que
l'on cherche à faire, c'est laisser perdurer l'ancienne loi à la place de la nouvelle.
Cela est possible dans deux situations :
La situation contractuelle, mais sous la réserve importante que les dispositions de la
loi nouvelle ne soient pas d'ordre public (auquel cas la loi nouvelle s'impose), ou que
le législateur en décide expressément autrement.
Le cas où l'entrée en vigueur de la loi, bien que déjà promulguée, est différée à une
date ultérieure.

24
Comme il était dit en introduction la loi nouvelle ne peut légalement s'appliquer en
principe qu'un jour franc après sa publication au journal officiel.

EN RESUME

L’entrée en vigueur d’une loi est subordonnée aux mesures de publicité : publication
au JO ou dans le bulletin officiel.
La publicité doit se faire dans un délai raisonnable.
- La loi entre en vigueur le lendemain de sa publication et est applicable
immédiatement aux situations en cours sauf : pour les situations contractuelles
privées qui doivent être régies par la loi du moment de la conclusion.
- La loi est exceptionnellement rétroactive pour :
(Les sanctions pénales plus douces sont immédiatement applicables)
- Pour combler un vide juridique pour des situations statutaires ;
- Et pour les lois interprétatives.

NB/ A chaque fois qu’une norme est rétroactive, il faut que cela soit justifié par
l’intérêt général et notamment une loi peut être rétroactive pour des situations
contractuelles si elle est d’Ordre public impérieux (ou absolu).

II- L’application de la loi dans l’espace

A- Notion

En raison du déplacement des personnes et des biens entre les différents États, il
arrive fréquemment que des infractions soient situées géographiquement sur des
territoires différents. Le problème est de savoir, dans ces hypothèses, quelle loi on va
devoir appliquer : la loi locale ou la loi étrangère. Bien évidemment, cette question ne
se pose que si l’on est en présence d’un conflit de lois pénales dans l’espace. On est
en présence d’un conflit de lois pénales dans l’espace lorsque les éléments d’une
situation juridique se situent géographiquement dans différents États, plusieurs lois
ayant alors vocation à s’appliquer. Ce conflit nécessite donc un élément d’extranéité.

25
Systèmes concevables

Trois systèmes ont été successivement proposés par la doctrine.

Système de la territorialité
Selon ce système, une loi pénale s’applique à tous les individus, quelle que soit leur
nationalité, dès lors qu’ils ont commis sur ce territoire une infraction que la loi édicte.
Cette théorie prend donc en considération le lieu de commission de l’infraction, c’est-
à-dire l’endroit où le trouble à l’ordre public a été commis. Elle respecte la
souveraineté nationale. Ce système est compréhensible pour plusieurs raisons : tout
résident dans un pays doit connaître la législation du pays d’accueil et doit en
respecter les dispositions. De plus, le juge chargé d’appliquer la loi connaît mieux les
lois de son pays que le droit étranger. Cependant, cette théorie présente des
inconvénients : par exemple, un étranger qui a commis une infraction dans son pays
peut vouloir se réfugier au Cameroun pour échapper à sa propre législation. Il en est
de même pour un camerounais qui, ayant commis une infraction à l’étranger,
reviendrait ensuite au Cameroun pour échapper aux poursuites. Pour la doctrine, ce
système présente plus d’avantages que d’inconvénients. Il est fréquemment retenu
par les États, dont le Cameroun fait partie.

Système de la personnalité

Ce système doctrinal donne la primauté à la personne. La loi applicable est celle du


délinquant. Elle suit donc l’individu partout où il se trouve. Ce système comporte
deux sous-systèmes :
– Le système de la personnalité active dans lequel on applique la loi de l’auteur de
l’infraction.
– Le système de la personnalité passive dans lequel on prend en compte la loi de la
victime de l’infraction.
Cette théorie présente l’avantage de protéger efficacement les intérêts privés.
Cependant, elle comporte de nombreux inconvénients liés à des problèmes
d’éventuelle partialité. En pratique, ce système est d’application moins fréquente.

26
Système de l’universalité

Ce système repose sur la compétence universelle de la loi pénale. Est compétent le


tribunal du lieu d’arrestation du délinquant. On ne tient donc plus compte, ni du lieu
de commission de l’infraction ni de la nationalité de l’auteur ou de la victime de
l’infraction. Ce système est d’application plus exceptionnelle.

Le droit français et même le droit camerounais n’accorde pas une part égale aux
différentes théories proposées par la doctrine. Il repose à titre principal sur la
territorialité.
À titre subsidiaire (ou accessoire), on applique le principe de la personnalité.
Enfin, ce n’est qu’à titre exceptionnel que le droit français a recours à la théorie de
l’universalité.

B- Exceptions au principe de la territorialité

Ces exceptions sont marginales. Elles concernent les agents diplomatiques


étrangers, lesquels ne sont pas passibles des tribunaux locaux pour des infractions
commises. Cette solution s’explique en raison de l’immunité diplomatique.
L’État par exemple, dans de telles circonstances, ne peut qu’exiger le rappel par leur
gouvernement, déclarer la personne non grata et, éventuellement, l’expulser. La
personne peut, cependant, revenir de son plein gré pour se faire juger et son
gouvernement a la possibilité de la déchoir (c’est-à-dire de la déposséder) de son
immunité. Cette immunité ne concerne ni les consuls ni les personnels consulaires.
Dans le cadre de l’immunité diplomatique, le principe de la personnalité va donc
l’emporter.
Questions :

1- Quand est-ce qu’une loi doit être rétroactive ?


2- Quels sont les systèmes observables dans l’application de la loi dans
l’espace ?

27
CHAPITRE 5 : L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU CAMEROUN

Depuis son indépendance, le Cameroun a adhéré au principe de la séparation des


pouvoirs formulé par Jon Lock et Montesquieu pour prévenir les abus du pouvoir en
confiant celui-ci à plusieurs organes chargés chacun d’une fonction différente et en
mesure de se faire mutuellement contre poids.
Toutefois, ce n’est qu’en 1996 qu’un véritable pouvoir judiciaire sera affirmé par les
articles 37 à 42 de la loi N°96/06 du 18 janvier modifiée par la loi du 14 avril 2008
portant révision de la constitution du 02 juin 1972. D’après l’article 37 de la loi
précitée, le pouvoir judiciaire est exercé par la Cour suprême, les Cours d’Appel et
les tribunaux (lesquels font partie de l’organisation judiciaire).
L’organisation judiciaire au Cameroun est très originale du fait non seulement de la
coexistence du droit civil et de la Common Law, fruit de la colonisation franco-
britannique, mais encore du fait de la coexistence de la coutume et du droit écrit.

I- DEFINITION

L’organisation judiciaire est l’ensemble des règles figurant dans le texte de


l’organisation judiciaire qui fixe le nom, la compétence, la composition, et la place
qu’occupent les juridictions dans la hiérarchie du système judiciaire camerounais, les
attributions des magistrats, l’organisation des greffes et les rapports du service public
de la justice avec les professions réglementées qui y collaborent (avocats, notaires,
huissiers, experts, …).
Le droit camerounais est influencé par la Common Law anglaise, par le droit civil
français et par les coutumes ou le droit traditionnel. On parle de système de bi
juridisme pour signifier cette double influence. En effet il existe dans le monde deux
systèmes juridiques majeurs ou système de droit : le système germano romain et le
système Anglo saxon ou de la Common Law. Le Cameroun a la particularité
d’appartenir au deux systèmes. C’est la raison pour laquelle le système camerounais
est dit bijural.

28
II- Les principales juridictions du Cameroun
A- Les juridictions de droit commun

On entend par juridiction de droit commun celles qui ont le pouvoir de connaitre de
toutes les affaires à l’exception de celles qui leur sont expressément retirées par un
texte.
Du fait du pluralisme judiciaire existant au Cameroun, c’est-à-dire de la coexistence
des juridictions de droit moderne appliquant le droit Civil et la Common Law et des
juridictions traditionnelles appliquant la coutume, nous allons présenter d’une part les
juridictions de droit moderne et d’autre part les juridictions traditionnelles.

1- Les juridictions de droit moderne de premier degré

Les juridictions de premier degré sont celles qui connaissent d’une affaire pour la
première fois. Au Cameroun, il s’agit du TPI et du TGI en ce qui concerne les
juridictions de droit moderne.

a- Tribunal de première instance

Il est créé un tribunal de Première Instance par arrondissement. Toutefois, suivant


les nécessités de service, le ressort dudit tribunal peut être étendu à plusieurs
arrondissements. Sur le plan matériel, le tribunal de première Instance est
compétent pour connaitre ;
En matière pénale :
- Des infractions qualifiées de délits ou de contraventions ;
- Des demandes de mise en liberté formées par toute personne détenue et
poursuivre    devant lui, pour une infraction de sa compétence ;
- Des crimes commis par les mineurs sans co-auteur ou complice majeur.
En matière civile, commerciale ou sociale ;
- Des  actions  en  recouvrement,  par  procédure  simplifiée  des  créances  civiles 
ou  commerciales certaines, liquides et exigibles n’excédant pas
10.000.000FCFA ;

29
- Des différends dont le montant de la demande est inférieur ou égal à
10.000.000FCFA.

b- Du tribunal de grande instance

Sa compétence territoriale couvre le ressort d’un département et peut être étendue


à plusieurs départements en cas de nécessité. Sur le plan matériel, le tribunal de
grande instance est compétent pour connaître ;
En matière pénale :

- Des crimes et délits connexes ;


- Des demandes des mises en liberté formées par toute personne détenue et
renvoyée  devant lui, pour des infractions de sa compétence ;

En matière civile, commerciale ou sociale ;

- Au divorce, à la filiation, à l’adoption et aux successions ;


- Des demandes de recouvrement, par procédure simplifiée, des créances
civiles ou commerciales certaines, liquides et exigibles d’un montant
supérieur à 10.000.000FCFA ainsi que des créances commerciales,
certaines, liquides et exigibles quel qu’en soit le montant, lorsque
l’engagement résulte d’un chèque, d’un billet à ordre ou d’une lettre de
change.
En matière non administrative ;
- De toute requête tendant à obtenir l’interdiction à toute personne ou autorité,
d’accomplir un acte pour lequel elle est légalement incompétente.

2- Les juridictions de second degré : les cours d’appels et la cour suprême

D’après l’article 19 de la loi № 2006/015, il est créé une Cour d’Appel par région.
Toutefois, suivant les nécessites de service, le ressort de cette Cour peut
comprendre plusieurs régions. Elle siège au chef-lieu de la région.
D’après l’article 22 de la loi précitée, la Cour d’Appel est compétente pour
connaitre ;

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- Des appels interjetés à l’encontre des décisions rendues par les juridictions 
autres que la Cour Suprême et la Cour d’Appel elle-même ;
- Des appels formés contre les ordonnances du juge d’instruction ;
- Du contentieux de l’exécution des décisions ;
- De tout autre cas prévu par la loi.
D’après l’article 38 de la loi constitutionnelle du 18 Janvier 1996 révisée, « la Cour
Suprême est la plus haute juridiction de l’Etat en matière judiciaire, administrative et
de jugement des comptes ».

La Cour Suprême trône au sommet de la pyramide judiciaire camerounaise et est


constituée de trois chambres à savoir :
- La Chambre judiciaire
- La chambre administrative
- La chambre des comptes
La Cour Suprême est l’organe de contrôle du système judiciaire Camerounais. Son
ressort territorial couvre toute la République du Cameroun.

Sur le plan de la compétence matérielle, chacune des Chambres de la Cour


Suprême a des attributions propres.

a- Compétence de la chambre judiciaire

D’après l’article 39 de la loi constitutionnelle du 18 Janvier 1996 révisée, « la


Chambre judiciaire statue souverainement sur :
- Les recours en cassation admis par la loi contre les décisions rendues en
dernier ressort p a r  les cours et les tribunaux ;
- Les décisions des juridictions inférieures de l’ordre judiciaire devenues défi
nitives dans les cas où l’application du droit est en cause ;
- Toute matière qui lui est expressément attribuée par la loi.

b- Compétence de la cour suprême en matière administrative

D’après l’article 40 de la loi constitutionnelle précitée : la Chambre administrative


connaît de l’ensemble du contentieux administratif de l’Etat et des autres
collectivités publiques. 

31
Elle statue souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les
juridictions inférieures en matière de contentieux administratif.

Elle connaît de tout autre litige qui lui est expressément attribué par la loi.

c- Compétence de la chambre des comptes

D’après l’article 41 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 révisée : « La


Chambre des Comptes est compétente pour contrôler et statuer sur les comptes
publics et ceux des entreprises publiques et para- publiques. Elle statue
souverainement sur les décisions rendues en premier et dernier ressort par les
juridictions inférieures des comptes. Elle connaît de toute autre matière qui lui est
expressément attribuée par la loi ».

3- Les juridictions d’exception

Les juridictions d’exception sont celles qui ne peuvent statuer que dans les
matières pour lesquelles un texte particulier leur donne expressément compétence.

(Le tribunal militaire, la cour des suretés de l’Etat, le tribunal criminel spécial et
la Commission régionale du contentieux de la prévoyance sociale).

Questions :
1- Quelles sont les principales juridictions présentes dans l’organisation judiciaire
du Cameroun ?
2- En quelles circonstances pouvons-nous saisir chacune de ces juridictions ?

32
BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE

- L'application de la loi dans le temps, Land Warrior


- LOI N°2006/015 DU 29 DECEMBRE 2006
- Les sources du droit, Michel SOIGNET
- www.cours-de-droit.net
- www.droit.learningtogether.net
- www.universalis.fr
- www.superprof.fr

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