Les Injections Intramusculaires Ou Intraauriculaires
Les Injections Intramusculaires Ou Intraauriculaires
Les Injections Intramusculaires Ou Intraauriculaires
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Si le risque de complicat ion hémorragique sous AVK est indéniable, il est plus discut é
sous ant iagrégant s.
Le t rait ement peut -il êt re arrêt é ou une f enêt re t hérapeut ique est -elle possible
(encadré 1) ?
Encadré 1. Le t rait ement ant icoagulant s oraux ou ant iagrégant s plaquet t aires
peut -il êt re arrêt é ou une f enêt re t hérapeut ique est -elle possible ?
Les indications du traitement anticoagulant oral au long cours sont, dans le cadre des AVC
ischémiques, principalement associées à la mise en évidence formelle d’une cardiopathie
emboligène telles les valvulopathies du cœur gauche ou les prothèses mécaniques. L’utilité de
ce type de traitement a été aussi démontrée lorsque le bilan étiologique est en faveur d’une
fibrillation auriculaire chronique non valvulaire.
Ainsi, dans le cadre de la prévention secondaire, tous les AVC ischémiques bénéficient d’un
traitement antithrombotique qui doit être poursuivi selon les indications du neurologue.
Néanmoins, une fenêtre thérapeutique peut être effectuée avec les antiagrégants
plaquettaires comme avec les AVK et gérée en fonction du type d’antithrombotique.
Le risque hémorragique chirurgical impose d’obtenir en préopératoire un INR compris entre 1,5
et 2. En dehors de ce contexte bien codifié, et même si Thumboo et O’Duffy n’ont pas observé
dans leur étude de complication hémorragique au cours des 32 infiltrations intraarticulaires ou
des parties molles réalisées chez 25 patients sous AVK avec un INR < 4,5, il paraît prudent
compte tenu de la difficulté de certains gestes d’injection de conserver les règles préconisées
d’utilisation habituelle. Ainsi, la diminution de posologie du traitement par AVK doit être
effectuée pour obtenir un INR < 2.
Lorsque l’anticoagulation reste impérative, l’arrêt temporaire des AVK doit être réalisé sous
couverture anticoagulante à l’aide d’une héparine de bas poids moléculaire (HBPM) ou d’une
calcithérapie, dont l’avantage est d’être évaluée par le TCK. Dans ces contextes cliniques
chroniques, il n’y a le plus souvent aucune urgence pour ces injections intraarticulaires ou
intramusculaires, ce qui laisse la possibilité d’un relais thérapeutique. Par exemple et sur le plan
pratique, après arrêt du traitement AVK, une HBPM peut être prescrite sous forme de 2
injections par jour (8 heures et 20 heures) avec surveillance bihebdomadaire des plaquettes. Au
5e jour, les dosages de l’INR et du taux de prothrombine (TP) permettent ou récusent l’injection
: un TP supérieur à 65 % et un INR < 2 sont nécessaires pour autoriser le geste. Dans ce cas,
l’injection d’HBPM n’est pas faite le matin du geste. L’injection du soir est ensuite réalisée. Les
AVK sont repris dès la fin du programme d’injection en même temps que la poursuite des HBPM
qui seront arrêtés selon le protocole habituel lorsque deux INR consécutifs à 2 jours d’intervalle
sont en zone thérapeutique.
Si le risque hémorragique sous antiagrégants plaquettaires est discuté, il est néanmoins connu,
rarement prévisible et quantifiable. Il est vécu régulièrement dans les laboratoires d’explorations
neuromusculaires lors de la réalisation des examens électromyographiques de détection à
l’aiguille. Ce risque est indépendant de la dose que ce soit avec l’aspirine, la ticlopidine ou le
clopidogrel, du fait de leur action irréversible sur les plaquettes par le biais d’une inhibition de la
cyclooxygénase pour l’aspirine, de la fixation de l’adénosine diphosphate pour les
thiénopyridines. En fonction de la demi-vie des plaquettes, l’action de ces molécules se poursuit
de 7 à 10 jours. Le risque est dose-dépendant avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS) qui inhibent aussi la cyclooxygénase, mais de façon réversible. La durée d’inhibition
dépend de la durée de présence de la molécule dans le plasma.
Chez les patients victimes d’AVC ou de cardiopathie ischémique, l’arrêt pendant quelques jours
des antiagrégants est la plupart du temps autorisé par le neurologue ou le cardiologue. Quand
la réalisation d’injection intramusculaire ou intraarticulaire n’est pas une urgence, il est prudent
de garantir au patient le minimum de risque en retardant le traitement de 7 à 10 jours au terme
desquels l’effet antiagrégant est épuisé.
Si l’arrêt du traitement antiagrégant n’est pas autorisé, il est préférable d’utiliser
momentanément un AINS à fort pouvoir antiagrégant et dont l’un des intérêts est d’avoir un
effet réversible en quelques heures. Le flurbiprofène (Cebutid ‚) à la dose de 100 mg (en 2 prises
de 50 mg par jour) peut être utilisé en remplacement. Son activité est épuisée en 24 heures et
l’injection est réalisée juste avant une des deux prises quotidiennes.
Pour la réalisation d’un geste local, au-delà du respect des règles d’hygiène largement
débattues, et particulièrement lors des injections intramusculaires de toxine botulinique, pour
diminuer le risque d’accident hémorragique, il est nécessaire de s’interroger sur les sites
d’injection. Au niveau des articulations, et même si le patient est sous antiagrégants
plaquettaires, certains auteurs estiment que le risque hémorragique lors d’infiltrations est
mineur, d’autant plus que les aiguilles utilisées sont fines (21 à 25 G).
Ainsi, une simple compression manuelle au point d’infiltration pendant 1 à 2 minutes après le
geste suffit pour compenser une action antiagrégante.
Pour les injections intramusculaires de toxine botulinique, les aiguilles utilisées servent à la fois
au repérage par des techniques électromyographiques (électrostimulation ou détection) et à
l’injection du produit. Leur calibre est faible également, 25 et 26 G. Les sites d’injection sont
conditionnés par les zones de plus grande densité de terminaisons nerveuses et de plus grande
concentration en jonctions neuromusculaires. Les aborder entraîne parfois un risque de
perforation vasculaire.
L’électrostimulation ou la détection utilisée pour le ciblage des sites d’injection, que nous
préconisons et qui permet un positionnement extrêmement précis de l’aiguille dans le muscle à
traiter, évite ce risque. La progression en profondeur de l’aiguille doit toujours être contrôlée par
une aspiration simultanée orientant vers une éventuelle brèche vasculaire.