Géologie Générale USTCI
Géologie Générale USTCI
Géologie Générale USTCI
ANNEE UNIVERSITAIRE:
INSTITUT SUPERIEUR ET TECHNOLOGIE 2018/2019
DE LA COTE D’IVOIRE
Prof. GUEHIAGUEHI
Géologue, biostratigraphe,
structuraliste et sédimentologue
Email: [email protected]
Tél: 57260026 ** SUPPORT DE COURS **
TABLE DES MATIERES
1.1. DEFINITIONS
La Géologie, formée de deux mots grecs (géo = Terre et logos = Sciences) : c’est la science qui étudie la
terre dans sa composition, sa structure, son histoire et son évolution. La géologie est subdivisée en
plusieurs sciences dérivées et complémentaires que sont :
La cristallographie étudie l’agencement des minéraux constitués de corps solides, particulièrement ;
La minéralogie décrit les propriétés physiques et chimiques des minéraux constituant les roches ;
La pétrographie étudie l’association des minéraux constituants les roches, la genèse et le milieu de dépôt
de ces roches ;
La stratigraphie est l’étude des relations mutuelles des couches sédimentaires qui constituent une grande
partie de l’écorce terrestre ;
La paléontologie étudie les vestiges organiques enfouis dans les roches et permet de reconstituer l’histoire
et l’évolution de la vie sur la Terre ;
La tectonique s’intéresse aux déformations de l’écorce terrestre (les cassures, les plissements, …) ;
La géomorphologie décrit le visage actuel de la terre, les paysages et leur modelé ;
La géodynamique étudie les phénomènes géologiques actuels de surface ou affectant la croûte terrestre en
profondeur ;
La géologie appliquée s’intéresse à la recherche de substances énergétiques et minérales ou à des
travaux d’art. Il s’agit : de l’hydrologie, la géotechnique, la gîtologie et la métallogénie.
1.2. NOTRE GALAXIE : LA VOIE LACTEE
Les étoiles à travers l'Univers sont regroupées en amas d'étoiles nommés galaxies. La galaxie dans laquelle
se situe le système solaire est la Voie Lactée (figure 1). Elle a la forme d'un disque spirale d'un diamètre de
l'ordre de 100 000 a.l. (années-lumière) et contient pas moins de 220 milliards d'étoiles dont 8 000 sont
visibles à l'œil nu. Pour voir au-delà de notre galaxie, il faut avoir recours à des télescopes.
La Voie Lactée contient de nombreux nuages interstellaires, issus de nébuleuses. Ces nuages sont
composés d'atomes (de l'hydrogène aux atomes lourds), mais aussi de molécules à base de carbone,
d'hydrogène, d'oxygène et d'azote. Le soleil est une des 200 milliards d'étoiles qui peuplent notre galaxie.
C'est sa température externe, de 5 770°K (degrés kelvin) qui produit un rayonnement dans le jaune (la
température centrale n'est que de 16 millions de °K).
Le tableau 2 présente les caractéristiques physiques et chimiques des éléments constitutifs du système
solaire.
Soleil Mercure Vénus Terre Mars Jupiter Saturne Uranus Neptune Pluton Lune
Diamètre à
l'équateur 1400000 4878 12104 12756 6787 142984 120536 51118 49528 2280 3476
(km)
Densité
moyenne 1,4 5,45 5,25 5,52 3,94 1,33 0,69 1,27 1,64 2 3,33
Température
moy. ext. (°C) 6000 300 400 15 -50 - 150 - 180 - 200 - 245 - 220 - 20
Composition Hydrogène,
chimique Fer + Silicates Hélium + hydrogène Silicates
globale hélium
CO2, CO2,
N2, O2,
N2, N2, H2, He, CH4,
Atmosphère - - H2O,
Ar, CO2,
Ar, NH3
H2, He, CH4 ? -
H2O
Ar H2O
Nombre de
satellites - 0 0 1 2 16 21 15 8 1 -
connus
ACCRETION HETEROGENE
Condensation des éléments les plus lourds
d’abord, puis des éléments les plus légers
(silicates) donnant un noyau et un manteau
primaire dès le stade protoplanète ;
On devrait retrouver des oxydes de Ca et Al
dans le noyau.
ACCRETION HOMOGENE
Accrétion initiale homogène ;
Augmentation progressive de la
température ;
Fe et Ni, fondus et sous forme de grosses
gouttes, migrent vers le centre de la planète ;
Migration à l’état plus ou moins solide des
silicates vers l’extérieur, donnant le manteau
primaire ;
Structuration du manteau et formation de la
croûte.
2.1. INTRODUCTION
La Terre est une sphère qui a la particularité d’être habitée mais également de contenir 75% d’eau et 25%
de terre, d’où l’appellation de « planète bleue ». La Terre n'est pas ronde, il s'agit d'un ellipsoïde aplati. Âgée
de 4,6 milliards d'années, sa surface est divisée en plusieurs plaques tectoniques :
Les plaques tectoniques ou plaques lithosphériques sont des fragments de la lithosphère se déplacent
de quelques centimètres par an dans des directions différentes, ce qui entraîne la formation de zones de
divergence, de subduction, de collision et de coulissage.
En gros, il existe 14 principales plaques tectoniques à la surface de la terre qui sont par ordre de taille :
Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Antarctique, Arabie, Australie, Caraïbes, Cocos, Eurasie,
Inde, Juan de Fuca, Nazca, Pacifique et Philippines.
Certaines plaques peuvent être subdivisées en plusieurs plaques plus petites qui ont des mouvements
relatifs entre elles (par exemple Inde et Australie ou Afrique et Somalie).
La surface de la Terre est très jeune. Dans la relativement courte période de 500 millions d’années où
l'érosion et les processus tectoniques ont détruit puis recréé la plupart de la surface de la Terre, presque
toutes traces (cratères d'impact) d'histoire de la surface géologique ont disparu. Les plus vielles roches
connus ont approximativement 4 milliards années et celles plus vieux que 3 milliards années sont rares. Les
plus vieux fossiles d'organismes vivants ont moins de 3,9 milliards années.
Elle est le seul endroit connu dans l'univers où se trouve la vie, des êtres vivants et une forme d'intelligence.
L'interaction Terre-Lune ralentit la rotation de la Terre de 2 millisecondes par siècle. Nous pensons qu'il y a
approximativement 900 millions d'années il y avait 481 jours de 18 heures par an. La Terre possède un
champ magnétique modeste produit par des courants électriques dans son cœur.
C'est la partie superficielle de la Terre qui forme environ 1,5% du volume terrestre et est solide. On distingue
2 types de croûtes, une croûte continentale (vieux de 3,8 Ga) et une croûte océanique (maximum 200 Ma),
surmontées d’une couverture sédimentaire (mince pellicule) produite et redistribuée à la surface de la croûte
par les divers agents d'érosion (eau, vent et glace) :
- La croûte continentale se situe au niveau des continents est composées de roches métamorphisées et de
granites et surmontée par endroits de roches sédimentaires. Elle est plus épaisse (30 km à 100 km sous les
massifs montagneux) à cause de sa plus faible densité (roches granitiques à intermédiaires de densité 2,7 à
3) est nommée SIAL (silicium-aluminium). La couverture sédimentaire est une mince pellicule de sédiments
(d = 2,25) produits et redistribués à la surface de la croûte par les divers agents d'érosion (eau, vent, glace)
et qui compte pour très peu en volume.
- La croûte océanique, plus ou moins épaisse (7 à 12 km) se situe sous les océans, est formée
essentiellement de roches basaltiques, pauvre en silice (SiO2) de densité 3,2 et nommée SIMA (silicium-
magnésium) ;
Sinémurien 183
Calcaires noires de Semur en Auxois
(B)
Figure 2.4 : Roches représentatives des croûtes océanique et continentale, et du manteau
La dynamique interne de la terre ou la géodynamique interne, concerne les mouvements et les processus
qui affectent l’intérieur de la Terre. Il s’agit essentiellement d’une thermodynamique reliée à la déperdition de
chaleur causée par la désintégration de certains éléments radioactifs (Uranium, Thorium, potassium).
L’énergie interne de la Terre est donc exprimée sous forme de chaleur. Les roches étant mauvaises
conductrices de chaleur, cette énergie ne peut être dissipée par conduction mais au contraire elle est
dissipée par convection. En effet, une partie de cette énergie est dissipée pour créer et entretenir le champ
magnétique terrestre. La convection transporte le reste sous forme de chaleur jusqu’à la base de la
lithosphère. Cette chaleur entraîne une fusion à la base de la lithosphère, avec formation d’un magma qui
peut traverser la lithosphère et créer un volcanisme. Gravimétrie et isostasie sont deux clés essentielles pour
comprendre le fonctionnement de la Terre.
3.1. LA GRAVIMETRIE
La gravimétrie est l’étude des variations du champ de pesanteur ou champ de gravité.
a) La pesanteur
On appelle pesanteur, l’attraction de tout corps par la Terre. L’intensité de cette pesanteur est la gravité.
Cette attraction est liée :
- d’une part à la gravitation universelle dite newtonienne, qui régit l’interaction des masses et qui s’écrit :
b) Géoïde et ellipsoïde
Géoïde : c’est une surface équipotentielle de gravité correspondant au niveau moyen des mers. Ce géoïde
présente souvent des dépressions ou des épaississements dus aux océans la plupart du temps.
Clairault a calculé la figure d’équilibre d’un fluide en rotation et trouve une surface complète dite sphéroïde.
Si le fluide est un liquide homogène elle devient un ellipsoïde dit de Clairault du nom de son calculateur.
L’ellipsoïde de Clairault est une approximation du géoïde. Son intérêt est de permettre le calcul théorique
de la valeur de g en chaque point du globe caractérisé par une altitude donnée.
D’après les calculs, la différence entre le géoïde et l’ellipsoïde ne serait en aucun cas supérieure à 200 m
(figure 3.1). Il convient de donner à la Terre le nom de géoïde qui est une surface conventionnelle obtenue
en prolongeant la surface des océans à l’intérieur des continents.
c) Anomalies de la gravité
Tout écart entre la valeur de g mesurée dans une station et calculée sur l’ellipsoïde de Clairault s’appellera
anomalie et sera imputable à une inhomogénéité de répartition des masses à l’intérieur du globe.
Différentes corrections gravimétriques existent :
La mesure de g montre que sur Terre, la pesanteur n’est pas constante. A un instant donné, g varie d’un
point à un autre et en un point donné, g varie avec le temps. Ainsi, les mesures gravimétriques brutes
doivent subir diverses corrections pour être comparables entre elles et par rapport à des valeurs
théoriques déterminées sur le géoïde.
Correction de plateau
La correction dite de Bouguer est la somme des trois corrections précédentes. On appelle « anomalie de
Bouguer » ou « Totale de Bouguer », la différence entre la valeur mesurée et valeur calculée corrigée trois
fois (corrections d’altitude, de plateau et topographique).
Les anomalies de Bouguer, calculées sont presque systématiquement négatives dans les régions de
montagnes et de hauts plateaux et positives sur les fonds marins. Tout se passe comme s’il y avait des
déficits de masse sous les montagnes et des excès de masse sous les océans : la nature compensant à
l’excès les variations dues au relief.
d) Isostasie (ou équilibre isostatique)
Le terme « isostasie » (du grec isos, égal, et stasis, arrêt) traduit l'état d'équilibre des roches de la croûte
terrestre par rapport au manteau sous-jacent. Ce phénomène implique que, au-dessus d'une certaine
profondeur, appelée niveau de compensation, la masse des roches crustales superficielles est partout la
même quelle que soit l'altitude des reliefs. En dessous du niveau de compensation, il n'y a pas de variations
significatives de densité. Le phénomène d'isostasie fut mis en évidence, pour la première fois, il y a plus de
250 ans par l'astronome français Pierre Bouguer.
On appelle isostasie l’état d’équilibre des
différentes couches de la lithosphère au-dessus
d’une surface dite de compensation isostasique.
Tout se passe comme le Sial plus léger «flottait»
sur le Sima et s’y enfonçait d’autant plus qu’il est
plus épais, à la manière d’un bateau.
Un exemple remarquable de cet équilibre est fourni
par la Scandinavie (figure 3.2). La dernière calotte
glaciaire qui s’est étendue jusqu’à Brandebourg,
n’a disparu que récemment : il y a 10 000 ans. Son
épaisseur devait être à l’époque de l’avancée
maximale des glaces de 2500 m : elle pesait sur le
continent, refoulant le Sima visqueux. Lors de la
fusion, la pression ayant disparu, le continent s’est
soulevé : certaines plages ont été portées à 250 m
et parallèlement le fond de la Baltique se relève
encore à la vitesse d’un mètre/siècle. Le
Figure 3.2 : Mobilité verticale de la croûte continentale réajustement est très lent donc la viscosité du Sima
de la Scandinavie (Tavernier, 1988) est très grande.
e) Anomalies isostatiques
L’analyse des anomalies gravimétriques conduit à l’idée d’une compensation. Tout se passe comme si les
densités des roches étaient plus faibles que prévue sous les montagnes et plus fortes sous les océans. Le
concept d’isostasie traduit le fait que les charges topographiques en surface sont compensées par des
anomalies de densité en profondeur. La façon dont ces anomalies de densité sont distribuées, dépend du
mécanisme de compensation. On distingue trois (3) modèles de compensation gravimétrique :
Sous l’effet de la charge, la plaque se déforme (flexure). La figure ci-dessus illustre ce concept en comparant
la forme de la racine dans le modèle d’Airy et celui de Vening-Meinesz. Pour illustrer le fait que la racine est
plus large que la charge, on utilise le terme d’isostasie régionale. Ce modèle proposé par Vening-Meinesz
est considéré comme le plus probable.
On note que le modèle d’Airy est largement utilisé dans les calculs sur l’isostasie. Les mesures de la
pesanteur renseignent sur la compensation en profondeur des reliefs superficiels. Pour cela, on peut
calculer l’anomalie isostatique.
L’anomalie isostatique est la différence entre la valeur de la pesanteur mesurée et la valeur théorique
corrigée de l’effet d’altitude, de plateau et de l’effet des masses compensatrices profondes. Les anomalies
isostatiques sont en général faibles, la plupart des régions sont en équilibre isostatique. Cependant
certaines régions présentent de fortes anomalies isostatiques, ce qui indique que l'équilibre n'est pas encore
réalisé. En effet, les phénomènes de compensation sont lents à l'échelle humaine (on parle de temps
géologiques) ; (1 mm/an équivaut à 1 km/Ma).
Une anomalie isostatique négative signifie qu’à la verticale de la station de mesure existe un déficit de
masse donc un excès de roche à faible densité par rapport à ce qui existerait s’il y avait une
compensation isostatique. Dans le modèle d’Airy, pour que cette anomalie disparaisse, une adjonction
de matériau dense se produira et soulèvera le secteur considéré.
4.1.1. Définitions
La tectonique est une partie de la géologie qui étudie la nature et les causes des déformations des
ensembles rocheux, plus spécifiquement dans ce cas-ci, les déformations à grande échelle, de la
lithosphère terrestre. Les plaques font référence aux morceaux rigides de la lithosphère terrestre qui sont en
mouvement. La tectonique des plaques est une théorie scientifique planétaire unificatrice qui propose que
les déformations de la lithosphère sont reliées aux forces internes de la terre et que ces déformations se
traduisent par le découpage de la lithosphère en un certain nombre de plaques rigides qui bougent les unes
par rapport aux autres en glissant sur l'asthénosphère. Ces mouvements définissent trois types de frontières
entre les plaques (figure 4.1) : limite convergente, limite divergente et limite transformante.
Figure 4.1. Différentes limites entre les plaques et leur sens de déplacement
Figure 4.2. Mécanisme de mise en place d’une zone divergente : formation de crête médio-océanique
L'étalement des fonds océaniques crée dans la zone de dorsale, des tensions qui se traduisent par des
failles d'effondrement et des fractures ouvertes, formant au milieu de la dorsale, un fossé d'effondrement
appelé rift océanique. Le magma produit par la fusion partielle du manteau s'introduit dans les failles et les
fractures du rift. Une partie de ce magma cristallise dans la lithosphère, alors qu'une autre est expulsée sur
le fond océanique sous forme de lave et forme des volcans sous-marins. C'est ce magma cristallisé qui
forme de la nouvelle croûte océanique à mesure de l'étalement des fonds (figure 4.3). C'est donc ainsi qu'il
se crée perpétuellement de la nouvelle lithosphère océanique au niveau des frontières divergentes, c'est-à-
dire aux dorsales médio-océaniques.
Figure 4.3. Zone de divergence des plaques océaniques : formation de fossé d’effondrement (rift)
Figure 4.5. Collision entre une plaque océanique et une plaque continentale
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Les basaltes de la plaque océanique et les sédiments du plancher océanique s'enfoncent dans du matériel
de plus en plus dense. Rendue à une profondeur excédant les 100 km, la plaque est partiellement fondue.
Comme dans le cas précédent, la plus grande partie du magma restera emprisonnée dans la lithosphère (ici
continentale); le magma qui aura réussi à se frayer un chemin jusqu'à la surface formera une chaîne de
volcans sur les continents (arc volcanique continental).
Un troisième type de collision implique la convergence de deux plaques continentales (figure 4.6).
L'espace océanique se refermant au fur et à mesure du rapprochement de deux plaques continentales, le
matériel sédimentaire du plancher océanique, plus abondant près des continents, et celui du prisme
d'accrétion se concentrent de plus en plus; le prisme croît.
Lorsque les deux plaques entrent en collision, le mécanisme se coince : le moteur du déplacement (la
convection dans le manteau supérieur et la gravité) n'est pas assez fort pour enfoncer une des deux plaques
dans l'asthénosphère à cause de la trop faible densité de la lithosphère continentale par rapport à celle de
l'asthénosphère. Tout le matériel sédimentaire est comprimé et se soulève pour former une chaîne de
montagnes où les roches sont plissées et faillées. Des lambeaux de la croûte océanique peuvent même être
coincés dans des failles. C'est la soudure entre deux plaques continentales pour n'en former qu'une seule.
Toutes les grandes chaînes de montagnes plissées ont été formées par ce mécanisme (figure 4.7). Un bon
exemple récent de cette situation, c'est la soudure de l'Inde au continent asiatique, il y a à peine quelques
millions d'années, avec la formation de l'Himalaya.
EN RESUME
La terre est un système où toutes les pièces, tous les éléments, forment une grande machine transformée
par la thermodynamique.
Le moteur est constitué par l'action combinée de la gravité terrestre et des grandes cellules de convection
dans le manteau résultant du flux de chaleur qui va du centre vers l'extérieur de la terre, et qui est relié à la
décomposition des éléments radioactifs contenus dans les minéraux constitutifs du manteau. Ces cellules
concentrent de la chaleur dans leur partie ascendante, ce qui cause une fusion partielle du manteau tout à
fait supérieur et une expansion des matériaux. C'est cette expansion qui produit une dorsale médio-
océanique. L'écoulement de l'asthénosphère sous la lithosphère rigide entraîne cette dernière; il en découle
des tensions au niveau de la dorsale, causant la divergence et le magmatisme associé.
Ainsi, il y a formation continuelle de nouvelle lithosphère océanique au niveau de la dorsale et élargissement
progressif de l'océan. En contrepartie, puisque le globe terrestre n'est pas en expansion, il faut détruire de la
lithosphère, ce qui se fait par enfoncement de lithosphère océanique dans les zones de subduction qui
correspondent aux fosses océaniques profondes pouvant atteindre les 11 km (fosse des Mariannes). Les
dorsales sont disséquées par des failles dites transformantes pour accommoder des différences de vitesses
de divergence.
Tous ces mouvements de l’écorce terrestre et des plaques continentales ont des répercussions sur la
surface de la terre et sur la modification du paysage ainsi que la fusion par pression profonde magmatique.
Ces mouvements sont à l’origine des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des formations des
chaînes de montagnes et des diverses formes de fractures qui affecte les séries des roches quel que soit
leur origine.
Figure 5.1. Caractéristiques des séismes et rais sismiques (direction de propagation de l’onde)
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5.1.2. Les ondes sismiques
On distingue deux grands types d'ondes émises par un séisme (figure 5.2) :
- les ondes de fond (ou ondes de volume), celles qui se propagent à l'intérieur de la terre (pouvant être
enregistrées en plusieurs points du globe) à et qui comprennent les ondes S et les ondes P ;
- les ondes de surface, celles qui ne se propagent qu'en surface (dans la croûte terrestre, et qui causent tous
ces dommages associés aux tremblements de terre) et qui comprennent les ondes de Love et de Rayleigh.
Les ondes P sont des ondes de compression assimilables aux ondes sonores et qui se propagent dans tous
les états de la matière (solide, liquide et gaz). Dans leur déplacement, elles créent successivement des
zones de dilatation et des zones de compression. Les particules se déplacent selon un mouvement avant-
arrière dans la direction de la propagation de l'onde.
Les ondes S sont des ondes de cisaillement qui ne se propagent que dans les solides. Les particules
oscillent dans un plan vertical, à angle droit par rapport à la direction de propagation de l'onde.
Les ondes de Love (L) sont des ondes de cisaillement, comme les ondes S, mais circulent parallèlement à
la surface terrestre, sont les plus dangereuses et les plus amples. Elles impriment au sol un mouvement de
vibration latéral.
Les ondes de Rayleigh sont assimilables à une vague; les particules du sol se déplacent selon une ellipse,
créant une véritable vague qui affecte le sol lors des grands tremblements de terre.
La structure interne de la Terre, ainsi que l'état et la densité de la matière, ont été déduits de l'analyse du
comportement des ondes sismiques. La vitesse de propagation des ondes sismiques est proportionnelle à la
densité du matériel dans lequel elles se propagent (figure 5.3).
Figure 5.3 : Relation entre vitesse de propagation des ondes sismiques et la densité de la matière
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5.1.3. Mesures d'un tremblement de terre
Nous disposons de deux échelles pour évaluer les tremblements de terre : l'échelle de Mercalli et l'échelle
de Richter. L'échelle de Mercalli a été développée en 1902 et modifiée en 1931 (figure 5.4). Elle indique
l'intensité d'un séisme sur une échelle de I à XII. Cette intensité est déterminée par deux choses: l'ampleur
des dégâts causés par un séisme et la perception qu'a eu la population du séisme. Il s'agit d'une évaluation
qui fait appel à une bonne dose de subjectivité. De plus, la perception de la population et l'ampleur des
dégâts vont varier en fonction de la distance à l'épicentre. On a donc avec cette échelle, une échelle variable
géographiquement. Mais, à l'époque, on ne possédait pas les moyens d'établir une échelle objective.
Figure 5.6 : Mesure des ondes sismique à partir du tracé d’un sismographe
Figure 5.7 : Hodographe : diagramme du temps d’arrivé d’une onde en fonction de la distance de l’épicentre
Ce graphique nous dit, par exemple, que pour franchir une distance de 2000 kilomètres, l'onde P mettra 4,5
minutes, alors que l'onde S mettra 7,5 minutes pour parcourir la même distance ; il y a un décalage de 3
minutes. Pour un séisme donné, il s'agit de trouver à quelle distance sur ce graphique correspond le
décalage obtenu sur l'enregistrement sismographique; on obtient alors la distance entre le séisme et le point
d'enregistrement. Dans notre exemple, la distance qui correspond à un décalage de 6 minutes est de 5000
km. Ceci ne nous donne cependant pas le lieu du séisme à la surface du globe. Pour connaître ce point, il
nous faut au moins trois enregistrements.
Les vitesses de propagation des ondes de compression Vp et des ondes de cisaillement Vs dans un solide
dépendent de trois paramètres : la densité ρ (ou masse volumique), le module d’incompressibilité K (lié à
l’élasticité des matériaux) et le module de cisaillement (lié à la rigidité des matériaux, = 0 dans les
liquides).
Même si la grande majorité des séismes se situe aux frontières de plaques, il n'en demeure pas moins qu'on
connaît de l'activité sismique intraplaque (continentale ou océanique), c'est à dire à l'intérieur même des
plaques lithosphériques. Par exemple, les séismes associés aux volcans de points chauds sur les plaques
océaniques sont communs.
5.1.6. Prévention contre les séismes
Pour la prévention contre les seimes, une perspective à long termes est d’empêcher l’énergie de
s’accumuler dans les zones sismiques, soit en déclenchant de multiples séismes artificiels de faibles
amplitudes, soit en lubrifiant les zones susceptibles de mouvement. Toutefois, la meilleure protection est de
sensibiliser la population sur le respect des normes de construction dans l’immobilier.
Des règles de construction dites aséismiques ou parasismiques sont définies par des architectes dont la
plus fondamentale est d’éviter de construire sur des zones faillées et sur les zones dites sismiques (terrains
en pente ou terrains meubles). La solution japonaise préconise des constructions très légères qui
lorsqu’elles s’écroulent en cas de secousse, permet d’éviter des blessures graves a surtout un intérêt
historique. De ce faite, la tempe de toile est la meilleure dans les constructions asismiques. Les
constructions basées sur les empilements de pierres ou de briques sont à éviter.
D’après David M. Pyle « Sizes of volcanic eruptions », in “Encyclopedia of volcanoes”, Academic Press, 2000.
5.2.6. Répartition des volcans
Comme les séismes, les volcans ne se répartissent pas de façon aléatoire à la surface de la planète (figure
5.11). Plusieurs se situent aux frontières de plaques (volcanisme de dorsale et de zone de subduction), mais
aussi à l'intérieur des plaques (volcanisme intraplaque, comme par exemple le volcanisme de point chaud) :
Le volcanisme de dorsale : il y a des volcans sous-marins tout le long des dorsales, particulièrement dans
le rift central, là où il se forme de la nouvelle lithosphère océanique. Ce volcanisme nous est connu par
l'exploration des fonds océaniques, mais aussi par un cas particulier, celui de l'Islande, carrément assise sur
la dorsale de l'Atlantique-Nord et qui est formée uniquement de volcans ;
Le volcanisme de zone de subduction : Le volcanisme relié à l'enfoncement d'une plaque sous l'autre va
former des chaînons de volcans. La fameuse Ceinture de feu autour du Pacifique est l'expression de ce
volcanisme de convergence, mais selon qu'il s'agisse d'une collision entre deux portions de lithosphère
océanique, ou entre une portion de lithosphère océanique et une portion de lithosphère continentale, la
nature du volcanisme diffère ;
Le volcanisme de point chaud : Le volcanisme de point chaud est un volcanisme intraplaque, qu'on
retrouve principalement, mais pas exclusivement, sur la lithosphère océanique. Les fonds océaniques du
Pacifique en constituent un bon exemple.
Figure 5.12 : Répartition et localisation des volcans (Actuellement il existe 1 500 volcans actifs)
6.1. INTRODUCTION
Les processus responsables de la destruction des roches et des reliefs, sont commandés par les types de
roches et leurs déformations. L'inégale résistance des roches aux actions qu'exercent les différents agents
de destruction favorise l'apparition de reliefs de dissection appelés modelés d'érosion. La morphologie ou
l’image que l’on a du paysage est le résultat que l’on a dans le temps de plusieurs phénomènes : altération,
érosion, transport et sédimentation. L’ensemble de ces processus est appelé processus
morphogénétique car, responsable de l'apparition de formes de dissection et d'accumulation. Selon les
différentes régions climatiques du globe, les formes et les processus diffèrent.
L’altération est la destruction de roches ignées, métamorphiques ou sédimentaires par désagrégation
mécanique et décomposition chimique, voire biologique (gélifraction, insolation, décompression, action des
racines, de l'eau, du vent, etc.). L'altération donne naissance à une grande variété de produits: sols, débris
rocheux, ions en solution dans les eaux superficielles.
L'érosion correspond à l'enlèvement de ces produits d'altération des zones d'altération active et le
Transport est leur mouvement vers les zones de dépôt. La Lithification est le résultat de processus
comme la compaction, la recristallisation, la cimentation.
6.2. L’ALTERATION
L'altération a pour effet de décomposer une roche en (1) des ions solubles et des grains qui vont être
mobilisés par l'érosion d'une part et en (2) un dépôt résiduel d'autre part, demeurant sur place
Les mécanismes responsables de l'altération, phénomène prenant place aux températures et pressions
"faibles" régnant à la surface de la terre, sont l'altération mécanique (ou physique), l'altération biologique
(organique) et l'altération chimique.
Passons en revue les réactions les plus significatives impliquées dans l’altération des roches :
Mise en solution : c'est la réaction la plus simple, faisant intervenir de l'eau, ou un acide. Envisageons
quelques cas concrets :
la solubilité du quartz est très faible (6 ppm dans les eaux de surface); la réaction de mise en solution
est la suivante : SiO2 + 2H2O H4SiO4
la calcite, par contre est beaucoup plus soluble, parce que l'eau de pluie se charge en CO 2 et agit
comme un acide faible lors de sa mise en contact avec la calcite (environ 2000 ppm). La réaction est
la suivante : CaCO3 + H2O + CO2 Ca+++ 2HCO3- (bicarbonate en solution).
la halite et les autres halogénures sont très solubles (solubilités de l'ordre du millier de ppm).
+
Hydrolyse. Cette réaction est le processus par lequel un cation d'un minéral est remplacé par le H d'une
solution acide. Cette réaction a pour conséquence de détruire le minéral (mise en solution complète) ou de
le convertir en une nouvelle espèce. A titre d'exemple, l'olivine et le pyroxène se dissolvent complètement,
alors que les feldspaths se dissolvent partiellement, produisant de la silice en solution et des minéraux
argileux. Comme les eaux météoriques contiennent du CO 2 dissout, les réactions se présentent comme
suit:
Mg2SiO4 (forstérite) + 4 H2 CO3 2 Mg + 4 HCO3 + H4SiO4
++ -
Remarque : ces réactions d'altération des minéraux silicatés sont donc des "pompes" à CO 2
atmosphérique.
Hydratation et déshydratation, ou de manière plus concrète: minéral + eau = nouveau minéral hydraté; la
déshydratation étant le processus inverse. Les réactions les plus importantes sont :
la déshydratation du gypse pour produire de l'anhydrite : CaSO4(2H2O) CaSO4+ 2 H2O;
l'hydratation de l'hématite pour produire de la limonite : Fe2O3+ 3 H2O 2 Fe(OH)3;
l'hydratation de la kaolinite pour produire de la gibbsite.
2+ 3+
Oxydation-réduction. Le processus d'oxydation le plus connu est la transformation de Fe en Fe ; le Mn
se comporte de la même manière que le fer, avec la pyrolusite (MnO 2) et le manganite (Mn2O3.H2O) comme
principaux produits d'oxydation.
(Fe2+)2SiO4+ ½ O2+ 5 H2O 2 Fe3+(OH)3 + H4SiO4
4 FeS2+ 15 O2 + 8 H2O 2 Fe2O3+ 8 H2SO4
Figure 6.1 : Altération physique. A) cryoclastie d'un basalte (roche macrogélive), Islande; B) cryoclastie d'un schiste
(roche microgélive), Belgique; C) joints de décompression dans un massif granitique, Ploumanach; D) glace chargée de
sable et de graviers, Pyrénées.
Figure 6.2 : Profils d'altération. A) en climat tempéré, Habay, Belgique. Un sol très peu épais surmonte des sables et
argiles triassiques. B) en climat tropical, Broome, Australie. La coloration rouge du sol est due à l'accumulation des
oxydes-hydroxydes de fer; rm: roche-mère ; s: profil d'altération.
7.1. DEFINITIONS
Trois grands types de roches forment la croûte terrestre. La figure 7.1 présente ces trois grands types, ainsi
que les processus qui conduisent à leur formation :
Les roches ignées (ou magmatiques) résultent du refroidissement et de la cristallisation de magmas, issus
soit du manteau, soit de la fusion de roches métamorphiques. Les roches métamorphiques résultent de la
modification, par l'action de la chaleur et de la pression, de roches ignées ou sédimentaires, lesquelles
proviennent de la lithification par diagenèse de sédiments. Comme ces sédiments proviennent de la
désagrégation de roches sédimentaires, métamorphiques ou magmatiques, l'ensemble de ces phénomènes
forme un cycle appelé "cycle géologique". Ce schéma véhicule ainsi l'idée de la cyclicité des processus.
Figure 7.1 : Processus de formation des trois grands types roches (cycle géologique)
Le magma est à l'origine de la formation de la croûte terrestre, d'abord au niveau des dorsales océaniques,
puis, par addition à la croûte déjà présente, aux niveaux des points chauds et des zones de
subduction/obduction. Il constitue donc le cœur de ce diagramme; il en est le point de départ et le point
d'arrivée du cycle. La première phase du cycle est constituée par la cristallisation du magma, un processus
qui conduit à la formation d'un cortège de minéraux silicatés. C'est ce premier processus de cristallisation qui
forme les roches ignées, issues de matériaux en fusion provenant de l’intérieur de la Terre (magma).
Lorsqu'elles sont amenées à la surface du globe par les processus dynamiques de la tectonique des
plaques, lors de la formation de chaînes de montagnes par exemple, et qu'elles sont exposées aux
intempéries de la surface, les roches ignées s'altèrent et se désagrègent en particules de tailles variées.
L'érosion par l'eau, la glace et le vent transportent les particules pour former un dépôt meuble, un sédiment
(gravier, sable, boue). Puis ce sédiment se transforme progressivement en une roche sédimentaire,
littéralement une roche déposée. Cette transformation se fait selon un ensemble de processus qu'on appelle
la diagenèse, le principal processus étant la cimentation des particules entre elles.
Dans les chaînes de montagnes, une portion du matériel sédimentaire est enfouie sous des conditions de
températures et de pressions très élevées; les roches sédimentaires se transforment alors en roches
métamorphiques (roches ayant acquis une autre forme). Ce processus de transformation sous l'effet de
températures et de pressions élevées est le métamorphisme. Comme les roches sédimentaires, les roches
ignées peuvent aussi être soumises aux processus du métamorphisme et produire des roches
métamorphiques.
Figure 7.5 : Métamorphisme de contact : Les minéraux de la roche encaissante sont transformés par la
chaleur et on obtient une roche métamorphique
Les principales formations géologiques de la Côte d’Ivoire se distinguent par : un socle cristallin
Précambrien (Archéen et Protérozoïque) situé dans le compartiment méridional du craton Ouest africain qui
occupe la quasi-totalité du territoire (97,5%), sur lequel se sont déposés des formations sédimentaires
côtières (2,5%) qui s’étendent de l’Est à l’Ouest, le long du littoral à partir de la frontière Côte d’Ivoire-Ghana
jusqu’à Sassandra (figure page suivante).
7.5.1. Le socle cristallin de la côte d’ivoire
Grâce aux mesures géochronologiques, l’histoire du socle Précambrien de la Côte d’Ivoire peut être divisée
en deux grandes période : le mégacycle libérien (3000 à 2500 Ma) et le mégacycle éburnéen (2500 et
1500 Ma). Postérieurement à ces mégacycles, des kimberlites et dolérites fournissent quelques âges
radiométriques compris entre 1500 et 284 Ma. Par ces âges, le mégacycle libérien appartient à l’Archéen et
le mégacycle éburnéen au Protérozoïque inférieur et au début du Protérozoïque moyen.