Droit de L Union Europeenne 9782297078276

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Stéphane Leclerc
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Droit

Droit de l'Union européenne


Droit de l'Union européenne de
Le Droit de l’Union européenne constitue un ordre juridique propre, intégré au système juridique des
États membres dont les sujets sont non seulement les États membres eux-mêmes mais également
leurs ressortissants.
Le présent ouvrage a pour objet de présenter l’ordre juridique et le système contentieux de
l'Union
l’Union européenne. Il constitue une synthèse claire, structurée et accessible pour connaître et
comprendre le Droit de l’Union européenne. européenne 6e

Stéphane Leclerc
est Maître de conférences HDR en Droit public à l'Université de Caen Normandie. Cours intégral Outils
et synthétique pédagogiques
S. Leclerc

Prix : 19,50 €
ISBN 978-2-297-06821-5
www.gualino.fr

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Stéphane Leclerc
est Maître de conférences HDR en Droit public à l'Université de Caen Normandie.

Du même auteur, chez le même éditeur


Collection « Carrés Rouge »
– L’essentiel du droit des institutions de l'Union européenne, 9e éd. 2019-2020.
Collection « Mémentos »
– Droit de l'Union européenne, 6e éd. 2019.
– Les institutions de l'Union européenne, 7e éd. 2018.
Collection « Master »
– Droit du marché intérieur de l'Union européenne, 1re éd. 2016 (avec coll. G. Godiveau).

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© 2019, Gualino, Lextenso


70, rue du Gouverneur Général Éboué
92131 Issy-les-Moulineaux cedex
978-2-297-06821-5

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Droit
de
l'Union
européenne 6e

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Amphi LMD Master
Mémentos En Poche
Exos LMD Droit Expert
Méthodo LMD Droit en poche
Carrés Rouge Petit Lexique
Annales corrigées Hors collection
et commentées

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Présentation

Ce Mémentos a pour ambition de présenter de manière à la fois simple et


exhaustive le droit de l’Union européenne.
Véritable outil pour connaître et comprendre, il développe successivement,
de façon synthétique et structurée :
– les sources du droit de l’Union : le droit primaire (Chapitre 1), le droit
dérivé (Chapitre 2), le droit conventionnel (Chapitre 3), le droit jurispruden-
tiel (Chapitre 4) ;
– les caractères du droit de l’Union : l’applicabilité directe (Chapitre 5), la
primauté (Chapitre 6), les conséquences de l’applicabilité directe et de la
primauté (Chapitre 7) ;
– le contentieux de l’Union : le contentieux direct (Chapitre 8), le renvoi
préjudiciel ou la coopération entre le juge national et le juge de l’Union
(Chapitre 9).
Chaque chapitre tient compte des évolutions les plus récentes et est
complété d’une sélection bibliographique permettant « d’aller plus loin ».
En fin de livre, une bibliographie générale, une table de jurisprudence et
un index alphabétique complètent ce Mémentos.
Ainsi conçu, cet ouvrage s’adresse en priorité aux étudiants en Droit et à
ceux des Instituts d’études politiques. Il est également destiné aux étudiants
des autres filières qui doivent connaître cette matière : Sciences économi-
ques, AES, Histoire, Instituts universitaires professionnalisés, Instituts d’admi-
nistration des entreprises, Instituts de préparation à l’administration géné-
rale, Instituts d’études judiciaires, Écoles de commerce...
Il intéresse aussi tous les candidats aux concours de la fonction publique
(d’État, territoriale, européenne), au concours d’entrée à l’ENM et à
l’examen national d’accès au CRFPA.

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6 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Avertissement
Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, l’Union européenne s’est vue dotée d’une
personnalité juridique (TUE, art. 47) et a repris les compétences qui étaient auparavant dévo-
lues à la Communauté européenne. Cette substitution a eu pour conséquence que le droit
communautaire est devenu, depuis le 1er décembre 2009, le droit de l’Union. Néanmoins, le
terme « droit communautaire » sera tout de même utilisé dans le présent Mémentos lorsqu’il
cite une jurisprudence des juridictions de l’Union antérieure au Traité de Lisbonne.

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Plan de cours

Présentation 5

PARTIE 1
Les sources du droit de l’Union

Chapitre 1 Le droit primaire 19

Section 1 Le contenu du droit primaire 19


1 Les traités originaires 19
2 Les traités et actes complémentaires 20
A - Les traités ultérieurs ayant opéré une révision d’ensemble
des traités originaires 20
B - Les traités ultérieurs ayant opéré une révision partielle des traités
originaires 20
C - Les actes institutionnels ayant conduit à une adaptation
ponctuelle des traités originaires 21
D - Les Traités d’adhésion 21
3 La portée du droit primaire 22
Section 2 Les procédures de révision et d’adaptation des traités 22
1 La procédure ordinaire de révision des traités 23
2 Les procédures simplifiées de révision des traités 24
A - La révision simplifiée des traités avec l’approbation des États
membres 24
B - La révision simplifiée des traités sans l’approbation des États
membres 24
3 Les procédures d’adaptation des traités 25

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DE COURS A - L’adaptation des traités avec l’approbation des États membres 25
B - L’adaptation des traités sans l’approbation des États membres 26

Chapitre 2 Le droit dérivé 27

Section 1 Les actes de droit dérivé prévus dans la nomenclature


du Traité FUE 27
1 Les actes obligatoires 27
A - Le régime juridique commun des actes obligatoires de droit
dérivé 28
1) Le choix de l’acte 28
2) La base juridique de l’acte 28
3) La motivation de l’acte 29
4) La publication et la notification de l’acte 29
PLAN

5) Les effets dans le temps de l’acte 31


6) La présomption de validité de l’acte 31
7) La modification et le retrait de l’acte 31
B - La typologie des actes obligatoires de droit dérivé 32
1) Les règlements 32
a) Un acte de portée générale 33
b) Un acte obligatoire dans tous ses éléments 33
c) Un acte directement applicable dans tout État membre 34
2) Les directives 35
a) Les caractères de la directive 35
b) L’obligation de transposition de la directive 37
3) Les décisions 40
a) Un acte de portée individuelle ou générale 40
b) Un acte obligatoire dans tous ses éléments 41
2 Les actes non décisoires 42
A - Les recommandations 42
B - Les avis 43
C - La portée des actes non décisoires 43
Section 2 Les actes de droit dérivé hors nomenclature 44
1 Les actes atypiques 44
A - Les règlements régissant l’organisation et le fonctionnement
interne des institutions 44
B - Les directives, recommandations et avis à vocation
interinstitutionnelle 45
2 Les actes découlant de la pratique institutionnelle 46
A - Les actes innommés 46
B - Les actes interinstitutionnels 46

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DE COURS
Chapitre 3 Le droit conventionnel 49

Section 1 Les accords de l’Union européenne 49


1 Le droit de traiter avec des États tiers ou des organisations
internationales 49
2 Les actes unilatéraux adoptés par les organes générés par certains
accords externes 51
3 La place des accords externes dans la hiérarchie des normes
de l’Union 52
A - La subordination du droit conventionnel au droit primaire 52
B - L’autorité du droit conventionnel sur le droit dérivé 52
Section 2 Les accords des États membres 53

PLAN
1 Les accords conclus entre les États membres 53
A - Les accords entre États membres en application des traités
constitutifs 53
B - Les accords entre États membres en dehors des traités
constitutifs 55
2 Les accords conclus par les États membres avec des pays tiers ou
des organisations internationales 55
A - Les accords antérieurs à l’entrée en vigueur des traités ou
à l’adhésion à l’Union 55
B - Les accords postérieurs à l’entrée en vigueur des traités ou
à l’adhésion à l’Union 57

Chapitre 4 Le droit jurisprudentiel 59

Section 1 La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union


européenne 59
1 La fonction normative du juge de Luxembourg 59
2 Les méthodes d’interprétation du juge de Luxembourg 60
Section 2 Les principes généraux du droit 61
1 L’origine et le contenu des principes généraux du droit 61
A - Les principes généraux du droit inhérents au système
de l’Union 61
B - Les principes généraux du droit communs aux droits et systèmes
juridiques des États membres 62
C - Les principes généraux du droit international public 63
D - Les droits fondamentaux 64
1) La protection des droits fondamentaux par le juge
de l’Union 64
2) Typologie des droits fondamentaux consacrés par le juge
de Luxembourg 66
3) La prise en compte croissante des droits fondamentaux par
les traités complémentaires 67
2 La portée des principes généraux du droit 73

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DE COURS
PARTIE 2
Les caractères du droit de l’Union

Chapitre 5 L’applicabilité directe 81

Section 1 Le principe de l’applicabilité directe 81


1 La consécration du principe 81
2 Les conséquences du principe 83
3 Les conditions de l’applicabilité directe 83
4 L’intensité de l’applicabilité directe 85
A - L’effet direct vertical ou limité 85
PLAN

B - L’effet direct horizontal ou complet 85


Section 2 L’applicabilité directe des différentes sources de droit
de l’Union 86
1 L’applicabilité directe du droit primaire 86
A - Les dispositions du Traité sur le fonctionnement de l’UE à effet
direct complet 86
B - Les dispositions du Traité sur le fonctionnement de l’UE à effet
direct limité 87
C - Les dispositions du Traité sur l’UE et du Traité sur
le fonctionnement de l’UE dépourvues d’effet direct 88
2 L’applicabilité directe du droit dérivé 88
A - L’applicabilité directe des règlements 88
B - L’applicabilité directe des directives 89
1) Le fondement de l’invocabilité des directives 89
2) La portée de l’invocabilité des directives 90
a) La reconnaissance de l’effet direct vertical des directives 91
b) L’absence d’effet direct horizontal des directives 93
3) Le Conseil d’État et l’invocabilité des directives 94
C - L’applicabilité directe des décisions 95
3 L’applicabilité directe du droit conventionnel 96

Chapitre 6 La primauté 99

Section 1 Le principe de la primauté 99


1 La consécration du principe 99
2 La portée du principe 101
A - Primauté et normes de l’Union 101
B - Primauté et normes nationales 102
3 Les conséquences du principe 103
A - Les conséquences de la primauté pour toutes les autorités
nationales 103
B - Les conséquences de la primauté pour le juge national 103

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DE COURS
Section 2 La primauté du droit de l’Union en France 104
1 Le droit de l’Union et la loi 105
A - La position du juge constitutionnel 105
B - La position du juge judiciaire 107
C - La position du juge administratif 108
2 Le droit de l’Union et la Constitution 109
A - La position du juge constitutionnel 109
1) Constitution et droit primaire 109
2) Constitution et droit dérivé 112
B - La position des juges ordinaires 113

Chapitre 7 Les conséquences de l’applicabilité directe


et de la primauté 117

PLAN
Section 1 L’obligation de coopération loyale des États membres 118
Section 2 L’autonomie institutionnelle et procédurale des États
membres 119
1 La reconnaissance du principe d’autonomie institutionnelle
et procédurale des États membres par le juge de l’Union 119
2 L’encadrement du principe d’autonomie procédurale des États
membres par le juge de l’Union 120
A - Le principe d’effectivité 121
B - Le principe d’équivalence 121
3 Le dépassement du principe d’autonomie procédurale des États
membres par le juge de l’Union 122
A - Le droit à une protection juridictionnelle effective 122
B - Le droit à une protection provisoire 123
C - L’obligation de soulever d’office les moyens tirés de la violation
du droit de l’Union 124
D - Le droit au remboursement des sommes perçues en violation
du droit de l’Union 125
E - Le droit à réparation en cas de violation du droit de l’Union 127
1) Le principe de la responsabilité 127
2) L’auteur et la nature de la violation 128
3) Les conditions de la responsabilité 129
a) La règle de droit de l’Union enfreinte doit avoir pour objet
de conférer des droits aux particuliers 129
b) La violation commise doit être suffisamment
caractérisée 129
c) La nécessité d’un lien de causalité direct entre la violation
de l’obligation qui incombe à l’État membre
et le dommage subi par les personnes lésées 130
4) Le délai de prescription de l’action en responsabilité 131

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DE COURS
PARTIE 3
Le contentieux du droit de l’Union

Chapitre 8 Le contentieux direct 135

Section 1 La procédure devant les juridictions de l’Union 135


1 Les caractéristiques essentielles de la procédure 136
2 Le régime linguistique de la procédure 136
3 La représentation des parties 137
4 Le déroulement de la procédure 137
A - La phase écrite 138
PLAN

B - La phase orale 138


C - L’intervention à l’instance 138
D - Les référés 139
E - Le délibéré et le prononcé de l’arrêt 140
5 Le pourvoi contre les décisions du Tribunal 141
Section 2 Le contrôle juridictionnel des institutions, organes
et organismes de l’Union 143
1 Le recours en annulation 143
A - Les actes susceptibles d’annulation 143
B - La qualité pour agir 145
1) Les États membres 145
2) Les institutions et organes de l’Union 146
3) Les personnes physiques ou morales 146
C - Les moyens d’annulation 148
1) L’incompétence 148
2) La violation des formes substantielles 149
3) La violation des traités ou de toute règle de droit relative
à leur application 149
4) Le détournement de pouvoir 150
D - Le délai pour agir 150
E - L’autorité de l’arrêt d’annulation 151
2 L’exception d’illégalité 153
A - Les conditions de recevabilité de l’exception d’illégalité 153
B - Le caractère incident de l’exception d’illégalité 154
C - Les effets de l’admission de l’exception d’illégalité 154
3 Le recours en carence 155
A - La notion de carence 155
B - La qualité pour agir 156
1) Les États membres et les institutions de l’Union 156
2) Les personnes physiques ou morales 156
C - La procédure en carence 157

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DE COURS
1) La phase précontentieuse 157
2) La phase contentieuse 157
D - Les effets de l’arrêt en constatation de carence 158
4 Les recours en responsabilité 158
A - Le recours en responsabilité extracontractuelle 158
1) Les conditions de recevabilité du recours en responsabilité
extracontractuelle 159
a) Les parties 159
b) Le délai pour agir 160
2) La mise en œuvre de la responsabilité extracontractuelle 161
a) L’illégalité d’un comportement imputable aux institutions,
organes ou organismes de l’Union ou à leurs agents 162
b) La réalité d’un préjudice 162
c) Un lien de causalité entre le comportement allégué

PLAN
et le préjudice invoqué 163
B - Le recours en responsabilité contractuelle 164
Section 3 Le contrôle juridictionnel des États membres de l’Union 165
1 La notion de manquement 166
2 La qualité pour agir 168
3 La procédure de constatation de manquement 169
A - La phase précontentieuse 169
B - La phase contentieuse 170
4 Les effets de l’arrêt en constatation de manquement 171
A - L’exécution de l’arrêt en constatation de manquement 172
B - Les sanctions au manquement 172
1) La sanction en cas d’inexécution de l’arrêt en constatation
de manquement 172
2) La sanction en cas d’absence de communication des mesures
nationales de transposition d’une directive 176

Chapitre 9 Le renvoi préjudiciel 183

Section 1 Le renvoi préjudiciel par les juridictions nationales 184


1 La notion de juridiction nationale 184
A - Le concept de « juridiction » au sens de l’article 267 du Traité
FUE 184
B - Les deux catégories de juridictions visées par l’article 267 du Traité
FUE 187
1) L’exception à l’obligation de renvoi des juridictions
supérieures : la théorie de l’acte clair 187
2) La relativité de la faculté de renvoi des juridictions inférieures :
l’incompétence du juge national pour constater l’invalidité
d’un acte émanant des institutions, organes et organismes
de l’Union 189
2 L’objet du renvoi préjudiciel 190
A - L’interprétation des traités 190

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DE COURS B - L’interprétation des actes pris par les institutions, organes
et organismes de l’Union 190
C - L’appréciation de la validité des actes pris par les institutions,
organes et organismes de l’Union 192
3 L’étendue de la liberté du juge national dans l’utilisation
du renvoi préjudiciel 192
Section 2 Le jugement des questions préjudicielles par la Cour
de justice 194
1 Les procédures préjudicielles 194
A - La procédure préjudicielle standard 194
B - La procédure préjudicielle accélérée 196
C - La procédure préjudicielle d’urgence 196
2 Les effets des arrêts préjudiciels 197
PLAN

A - L’effet obligatoire des arrêts préjudiciels 197


1) À l’égard de la juridiction de renvoi 197
2) À l’égard des autres juridictions nationales 198
3) À l’égard des institutions, organes et organismes de l’Union
et des autres autorités nationales 198
B - L’effet dans le temps des arrêts préjudiciels 199
1) Les effets dans le temps des arrêts interprétatifs 199
2) Les effets dans le temps des arrêts de déclaration
d’invalidité 200

Bibliographie 203

Table de jurisprudence 207

Index 233

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Liste des principales abréviations

AJDA Actualité juridique – Droit administratif


Ass. Assemblée
BCE Banque centrale européenne
Bull. UE Bulletin de l’Union européenne
Cah. dr. eur. Cahiers de droit européen
CE Communauté européenne
CECA Communauté européenne du charbon et de l’acier
Conv. EDH Convention de sauvegarde des droits de l’Homme
et des libertés fondamentales
CEE Communauté économique européenne
CEEA Communauté européenne de l’énergie atomique
CJ Cour de justice
Comm. ou Commission Commission européenne
CEDH Cour européenne des droits de l’homme
CPJP Coopération policière et judiciaire en matière pénale
D. Dalloz
Europe Revue Europe – Actualité du droit de l’Union européenne
JCl. Europe Traité Jurisclasseur Europe Traité
JDE Journal de droit européen
JOCE Journal officiel des Communautés européennes
JORF Journal officiel de la République française
JOUE Journal officiel de l’Union européenne
PESC Politique étrangère et de sécurité commune
RDP Revue du droit public et de la science politique
RDUE Revue du droit l’Union européenne
Rép. eur. Dalloz Répertoire de droit européen Dalloz
Req. Requête
RAE Revue des affaires européennes
RMCUE Revue du marché commun et de l’Union européenne
Rev. Marché commun Revue du marché commun
Rev. Marché unique eur. Revue du marché unique européen
Rev. UE Revue de l’Union européenne
RP Règlement de procédure
RTD eur. Revue trimestrielle de droit européen
Statut Statut de la Cour de justice de l’Union européenne
TC Eur. Traité établissant une Constitution pour l’Europe
Traité CE Traité instituant la Communauté européenne
Traité CECA Traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier
Traité CEE Traité instituant la Communauté économique européenne
Traité FUE ou TFUE Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
Traité UE ou TUE Traité sur l’Union européenne
Trib. Tribunal
UE Union européenne

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PARTIE 1

Les sources
du droit
de l’Union
Chapitre 1 Le droit primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Chapitre 2 Le droit dérivé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Chapitre 3 Le droit conventionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Chapitre 4 Le droit jurisprudentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Les sources du droit de l’Union peuvent être regroupées en quatre grands


ensembles :
– le droit primaire ou originaire qui se compose du Traité sur l’Union européenne,
du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, du Traité instituant la
Communauté européenne de l’énergie atomique ainsi que des textes qui sont
venus par la suite les modifier, les compléter et les enrichir ;
– le droit dérivé ou secondaire qui rassemble, quant à lui, tous les actes unilatéraux
que les institutions de l’Union sont habilitées à adopter en application et en exécu-
tion du droit primaire ;
– le droit conventionnel qui comprend les accords internationaux conclus par
l’Union européenne et ceux conclus entre et par les États membres ;
– le droit jurisprudentiel qui regroupe les sources non écrites du droit de l’Union et
qui est constitué de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne
et des principes généraux du droit que les juridictions de l’Union ont su progressi-
vement dégager.

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CHAPITRE 1
Le droit primaire

Une fois défini le contenu du droit primaire (Section 1), on s’attachera ensuite à en
présenter les procédures de révision (Section 2).

Section 1
Le contenu du droit primaire
Le droit primaire comprend, outre les traités originaires, l’ensemble des traités et des
actes qui sont venus par la suite les modifier et les enrichir.

1• LES TRAITÉS ORIGINAIRES


Le droit primaire comprend tout d’abord l’ensemble des traités constitutifs, à savoir,
depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne :
– le Traité sur l’Union européenne (TUE) du 7 février 1992 ;
– le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) du 25 mars 1957 qui
s’est substitué au Traité instituant la Communauté européenne (Traité CE) depuis
l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne le 1er décembre 20091 ;
– le Traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (TCEEA) du
25 mars 1957.
L’article 51, du Traité UE dispose que « les protocoles et annexes des traités en font
partie intégrante ». Ainsi, les annexes et protocoles qui sont joints à ces différents
traités ont, de ce fait, la même valeur que les traités eux-mêmes (CJCE, 28 avril 1988,
LAISA e.a./Conseil, 31/86 et 35/86, EU:C:1988:211). De même, l’article 207, du Traité
CEEA stipule, en des termes quasi identiques, que « les protocoles qui, du commun
accord des États membres, seront annexés au présent traité en font partie intégrante ».
En revanche, les déclarations qui sont accolées aux traités n’ont pas de caractère contrai-
gnant même si celles qui émanent de l’ensemble des États membres disposent d’une

——
1. Le Traité instituant la Communauté européenne s’était lui-même substitué au Traité instituant la
Communauté économique européenne avec l’entrée en vigueur du Traité sur l’Union européenne le
1er novembre 1993 (TUE, art. G).

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20 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

autorité politique certaine, notamment vis-à-vis des institutions de l’Union2. Ainsi, le juge
de Luxembourg a eu l’occasion de préciser que les institutions de l’Union se devaient de
prendre en compte les déclarations annexées aux traités (Tribunal, 7 juin 2001,
Agrana Zucker und Stärke/Commission, T-187/99, EU:T:2001:149).
Les traités constitutifs sont autonomes les uns par rapport aux autres. Ce principe
d’autonomie, qui régit donc les relations entre les traités constitutifs, est posé, en ce
qui concerne le Traité CEEA, par l’article 106 bis, § 3, du Traité CEEA qui précise que
les dispositions du Traité UE et du Traité FUE ne dérogent pas aux stipulations du Traité
CEEA. S’agissant des relations entre le Traité UE et le Traité FUE, l’article 40, du Traité UE
pose, en substance, le même principe lorsqu’il mentionne que « la mise en œuvre de la
politique étrangère et de sécurité commune n’affecte pas l’application des procédures et
l’étendue respective des attributions des institutions prévues par les traités pour l’exer-
cice des compétences de l’Union visées aux articles 3 à 6, du Traité FUE. De même, la
mise en œuvre des politiques visées auxdits articles n’affecte pas l’application des procé-
dures et l’étendue respective des attributions des institutions prévues par les traités pour
l’exercice des compétences de l’Union au titre du présent chapitre ».

2• LES TRAITÉS ET ACTES COMPLÉMENTAIRES


Le droit primaire comprend également tous les traités et actes survenus ultérieurement
qui ont modifié et/ou complété ces traités originaires. On peut d’ailleurs les classifier en
quatre grandes catégories.

A - Les traités ultérieurs ayant opéré une révision


d’ensemble des traités originaires
Sont ainsi concernés par cette première catégorie l’Acte unique européen des 17 et
28 février 1986, le Traité sur l’Union européenne (ou Traité de Maastricht) du 7 février
1992, le Traité d’Amsterdam du 2 novembre 1997, le Traité de Nice du 26 février 2001
et enfin le Traité de Lisbonne du 13 décembre 2007.

B - Les traités ultérieurs ayant opéré une révision partielle


des traités originaires
Cette seconde catégorie inclut par exemple le Traité de Bruxelles du 8 avril 1965 insti-
tuant un Conseil unique et une Commission unique des Communautés européennes
(dit « traité de fusion »)3 ou encore le Traité de Luxembourg du 21 avril 1970 portant

——
2. Ex. : Déclaration relative à l’abolition de la peine de mort (1997) ; Déclaration relative à la consolida-
tion des traités (1997) ; Déclaration relative à l’élargissement de l’UE (2001) ; Déclaration relative à
l’avenir de l’Union (2001) ; Déclaration sur la Charte des droits fondamentaux de l’UE (2007 ; Déclara-
tion relative à la primauté (2007) ; Déclaration sur la personnalité juridique de l’UE (2007).
3. JOCE 152, 13 juill. 1967, p. 2.

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CHAPITRE 1 – Le droit primaire 21

modification de certaines dispositions budgétaires des Traités instituant les Commu-


nautés européennes et du Traité instituant un Conseil unique et une Commission
unique des Communautés européennes4.

C - Les actes institutionnels ayant conduit à une adaptation


ponctuelle des traités originaires
Les traités ont parfois prévu que certaines évolutions institutionnelles pourraient être
arrêtées directement par le Conseil puis approuvées par les États membres conformé-
ment à leurs règles constitutionnelles respectives.
Ainsi, les articles 201, du Traité CEE et 173, du Traité CEEA avaient prévu dès l’origine la
possibilité de remplacer les contributions financières des États membres par des
ressources propres afin de garantir l’autonomie financière des Communautés euro-
péennes. Suite à une proposition de la Commission, le Conseil adoptera le 21 avril
1970 la décision 70/243/CECA, CEE, Euratom relative au remplacement des contribu-
tions financières des États membres par des ressources propres aux Communautés5.
Cette première décision « Ressources propres », dénommée « DRP 1970 », est entrée
en vigueur le 1er janvier 1971 après l’accomplissement par les États membres des procé-
dures requises par leurs règles constitutionnelles respectives pour l’adoption de cette
décision.
De même, les articles 138, § 3, du Traité CEE et 108, § 3, du Traité CEEA avaient égale-
ment envisagé la possibilité de l’élection des membres de l’Assemblée parlementaire au
suffrage universel direct en place et lieu des délégués désignés par les Parlements natio-
naux. Suite au projet présenté par l’Assemblée, les représentants des gouvernements
des États membres réunis au sein du Conseil adopteront le 20 septembre 1976 la déci-
sion 76/787/CECA, CEE, CEEA relative à l’Acte portant élection des représentants à
l’Assemblée au suffrage universel direct6. Cette décision est entrée en vigueur le
1er juillet 1978 après son adoption par les États membres.

D - Les Traités d’adhésion


Les Traités d’adhésion et, plus particulièrement, des actes relatifs aux conditions d’adhé-
sion à l’Union européenne qui leur sont systématiquement joints doivent également être
classifiés parmi le droit primaire. En effet, de tels actes comportent non seulement des
adaptations institutionnelles rendues nécessaires par l’adhésion des nouveaux États
membres mais également des mesures transitoires permettant aux nouveaux adhérents
d’être affranchis temporairement de l’application de certaines législations de l’Union
européenne7.

——
4. JOCE L 2, 2 janv. 1971, p. 1.
5. JOCE L 94, 28 avril 1970, p. 19.
6. JOCE L 278, 8 oct. 1976.
7. Voy. en dernier lieu, l’Acte relatif aux conditions d’adhésion à l’Union européenne de la République
de Croatie et aux adaptations du traité sur l’Union européenne, du traité sur le fonctionnement de
l’Union européenne et du traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique, JOUE
L 112, 24 avril 2012, p. 21.

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22 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

3• LA PORTÉE DU DROIT PRIMAIRE


Désigné à de nombreuses reprises par le juge de l’Union comme « la charte constitution-
nelle de base » (CJCE, 23 avril 1986, Parti écologiste « Les Verts »/Parlement, 294/
83, EU:C:1986:166, point 23 ; CJCE, 14 déc. 1991, Projet d’accord portant sur la
création de l’Espace économique européen, avis 1/91, EU:C:1991:490, point 21 ;
CJCE, 3 sept. 2008, Kadi et Al Barakaat International Foundation/Conseil et
Commission, C-402/05 P et C-415/05 P, EU:C:2008:461, point 281 ; Tribunal, Ord.,
17 janv. 2002, Stauner e.a./Parlement et Commission, T-236/00, EU:T:2002:8,
point 50), le droit primaire regroupe les normes suprêmes de l’ordre juridique de
l’Union. Plus particulièrement dans le Traité UE, la primauté du droit primaire, sans être
expressément consacrée par le traité lui-même, découle en premier lieu de l’article 263,
du Traité FUE qui confère compétence à la Cour de justice de l’UE pour annuler tout acte
émanant des institutions pour « violation des traités ou de toute règle de droit relative à
leur application »8. Cette primauté du droit primaire ne s’applique pas seulement à
l’égard du droit dérivé puisqu’elle s’étend également au droit conventionnel. En effet,
l’article 218, § 11, du Traité FUE prévoit qu’en cas d’avis négatif de la Cour de justice
sur la compatibilité entre un accord envisagé et les traités, un tel accord ne peut entrer
en vigueur qu’après modification de celui-ci ou révision du traité.
Ainsi, le droit primaire prévaut donc, sans exception, sur l’ensemble des autres sources
de droit de l’Union et se situe de ce fait au sommet de la hiérarchie des normes de
l’Union. Cette primauté absolue du droit primaire explique notamment que les disposi-
tions des traités échappent à tout contrôle contentieux de la Cour de justice9 et
qu’aucun acte émanant des institutions ne peut y déroger. Le Tribunal a ainsi rappelé
« qu’au regard des principes régissant la hiérarchie des normes, l’octroi d’une exemption
au moyen d’un acte de droit dérivé ne pourrait, en dehors de toute disposition du traité
l’y autorisant, déroger à une disposition du traité » (Tribunal, 10 juill. 1990, Tetra Pak/
Commission, T-51/89, EU:T:1990:41, point 25).

Section 2
Les procédures de révision et d’adaptation
des traités
Le Traité de Lisbonne procède à la réécriture intégrale de l’article 48, du Traité UE et
réalise ainsi une refonte totale des procédures de révision des traités. Plus particulière-
ment, le paragraphe premier de cette disposition prévoit désormais que les traités
peuvent être modifiés conformément à une procédure de révision ordinaire ou à des

——
8. Voy. le présent ouvrage, p. 149.
9. Si l’article 267, du Traité FUE confère compétence à la Cour de justice de l’UE pour interpréter les
dispositions des traités sur lesquels l’Union repose, cette disposition ne lui offre pas en revanche la
possibilité d’en apprécier la validité. Voy. le présent ouvrage, p. 192.

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CHAPITRE 1 – Le droit primaire 23

procédures de révision simplifiées. Parallèlement aux nouvelles procédures de révision


instaurées par l’article 48, du Traité UE, certaines dispositions du Traité FUE peuvent
faire l’objet, comme c’était déjà le cas dans le Traité CE, d’adaptations ponctuelles.

1• LA PROCÉDURE ORDINAIRE DE RÉVISION DES TRAITÉS


La procédure ordinaire de révision des traités associe successivement les institutions de
l’UE puis les États membres dans le cadre d’une conférence intergouvernementale (CIG).
Dans un premier temps, le gouvernement de tout État membre, le Parlement européen
ou la Commission européenne peut prendre l’initiative de soumettre au Conseil des
projets tendant à la révision des traités. Ces projets peuvent, entre autres, tendre à
accroître ou à réduire les compétences attribuées à l’Union dans les traités. Ces projets
sont alors transmis par le Conseil au Conseil européen et notifiés aux Parlements natio-
naux (TUE, art. 48, § 2).
Si le Conseil européen, après consultation du Parlement européen et de la Commission
européenne, adopte à la majorité simple une décision favorable à l’examen des modifi-
cations proposées, le président du Conseil européen convoque une Convention
composée de représentants des parlements nationaux, des chefs d’État ou de gouverne-
ment des États membres, du Parlement européen et de la Commission européenne. La
Banque centrale européenne est également consultée dans le cas de modifications insti-
tutionnelles dans le domaine monétaire. La Convention examine les projets de révision
et adopte par consensus une recommandation à une conférence des représentants des
gouvernements des États membres. Néanmoins, le Conseil européen peut également
décider à la majorité simple, après approbation du Parlement européen, de ne pas
convoquer de Convention lorsque l’ampleur des modifications ne le justifie pas. Dans
ce dernier cas, le Conseil européen établit alors lui-même le mandat pour une confé-
rence des représentants des gouvernements des États membres (TUE, art. 48, § 3).
Dans un second temps, une conférence intergouvernementale composée des représen-
tants des gouvernements des États membres est convoquée par le président du Conseil
en vue d’arrêter d’un commun accord les modifications à apporter aux traités. Les modi-
fications entrent en vigueur après avoir été ratifiées par tous les États membres confor-
mément à leurs règles constitutionnelles respectives (TUE, art. 48, § 4). Toutefois, si à
l’issue d’un délai de deux ans à compter de la signature d’un traité modifiant les
traités, les 4/5e des États membres ont ratifié ce nouveau traité et qu’un ou plusieurs
États membres ont rencontré des difficultés pour procéder à une telle ratification, le
Conseil européen se saisit alors de la question (TUE, art. 48, § 5).
Cette nouvelle procédure, telle qu’introduite par le Traité de Lisbonne, fera nécessaire-
ment l’objet, dans la pratique, d’aménagements et on peut notamment penser qu’à
l’issue d’une conférence intergouvernementale visant à modifier les traités, les ultimes
arbitrages seront arrêtés, comme cela a toujours été le cas par le passé, par les chefs
d’État ou de gouvernement à l’occasion d’un Conseil européen.

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24 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

2• LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RÉVISION DES TRAITÉS


Outre la procédure ordinaire de révision des traités, l’article 48, du Traité UE institue
également des procédures simplifiées, c’est-à-dire des processus de révision des traités
qui impliquent seulement les institutions de l’Union et qui ne requièrent la convocation
ni d’une Convention ni même d’une conférence intergouvernementale. Ces procédures
de révision simplifiées ne nécessitent pas obligatoirement l’approbation des États
membres.

A - La révision simplifiée des traités avec l’approbation


des États membres
L’article 48, § 6, du Traité UE prévoit que le gouvernement de tout État membre, le
Parlement européen ou la Commission européenne peut soumettre au Conseil euro-
péen des projets tendant à la révision de tout ou partie des dispositions de la troisième
partie du Traité FUE, relatives aux politiques et actions internes de l’Union. Il appartient
alors au Conseil européen d’adopter une décision modifiant tout ou partie des disposi-
tions de la troisième partie du Traité FUE. Dans une telle hypothèse, le Conseil européen
statue à l’unanimité, après consultation du Parlement européen et de la Commission
européenne ainsi que de la Banque centrale européenne dans le cas de modifications
institutionnelles dans le domaine monétaire. Cette décision n’entre en vigueur qu’après
son approbation par les États membres, conformément à leurs règles constitutionnelles
respectives. Toutefois, une telle décision du Conseil européen ne peut pas accroître les
compétences attribuées à l’Union dans les traités.

B - La révision simplifiée des traités sans l’approbation


des États membres
L’article 48, § 7, du Traité UE institue une double clause passerelle.
Ainsi, lorsque le Traité FUE ou le titre V du Traité UE relatif aux dispositions générales
concernant l’action extérieure de l’Union et aux dispositions spécifiques concernant la
PESC prévoit que le Conseil statue à l’unanimité dans un domaine ou dans un cas déter-
miné, le Conseil européen peut adopter une décision autorisant le Conseil à statuer à la
majorité qualifiée dans ce domaine ou dans ce cas. Toutefois, ce paragraphe ne peut
s’appliquer aux décisions ayant des implications militaires ou relevant du domaine de la
défense (TUE, art. 48, § 7, al. 1er).
De même, lorsque le Traité FUE prévoit que des actes législatifs sont adoptés par le
Conseil conformément à une procédure législative spéciale, le Conseil européen peut
adopter une décision autorisant l’adoption desdits actes conformément à la procédure
législative ordinaire (TUE, art. 48, § 7, al. 2).
Dès lors que le Conseil européen entend recourir à l’une ou l’autre de ces deux hypo-
thèses, l’initiative prise par le Conseil européen est alors transmise aux parlements natio-
naux. En cas d’opposition d’un parlement national notifiée dans un délai de six mois
après cette transmission, la décision « passerelle » du Conseil européen n’est pas

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CHAPITRE 1 – Le droit primaire 25

adoptée. En l’absence d’opposition, le Conseil européen peut adopter une telle décision
(TUE, art. 48, § 7, al. 3). Cette institution statue alors à l’unanimité, après approbation
du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le composent
(TUE, art. 48, § 7, al. 4).

3• LES PROCÉDURES D’ADAPTATION DES TRAITÉS


Indépendamment des procédures de révision des traités instaurées à l’article 48, du
Traité UE, certaines dispositions du Traité FUE offrent parfois la possibilité aux institu-
tions de procéder à des adaptations ponctuelles au terme de procédures écourtées
n’impliquant qu’elles et ne requérant pas systématiquement l’approbation des États
membres. En pratique, il s’agit donc de véritables clauses optionnelles pouvant être
levées à la discrétion des institutions de l’Union.

A - L’adaptation des traités avec l’approbation des États


membres
Le Traité FUE prévoit, comme l’entrevoyait précédemment le Traité CE10, que certaines
de ses dispositions peuvent faire l’objet d’évolutions institutionnelles arrêtées par le
Conseil, c’est-à-dire sans réunir une conférence intergouvernementale, et soumises
ensuite à l’approbation des États membres. Ainsi, l’article 223, § 1er, du Traité FUE
prévoit que le Conseil, statuant à l’unanimité conformément à une procédure législative
spéciale et après approbation du Parlement européen, établit les dispositions nécessaires
à l’élection des membres de l’assemblée parlementaire au suffrage universel direct selon
une procédure uniforme dans tous les États membres ou conformément à des principes
communs à tous les États membres. Si le Conseil vient à adopter de telles dispositions,
elles entreront en vigueur après leur approbation par les États membres conformément
à leurs règles constitutionnelles respectives. Une procédure identique s’appliquerait
également pour attribuer toute nouvelle ressource propre au budget de l’Union euro-
péenne (TFUE, art. 311, al. 3) ou pour compléter les droits conférés par la citoyenneté
de l’Union (TFUE, art. 25, al. 2).

——
10. Si on met à part les exemples évoqués précédemment concernant les ressources propres et l’élection
du Parlement européen au suffrage universel direct (voy. le présent ouvrage, p. 21), le Conseil avait
déjà fait usage des potentialités identiques prévues par l’article 190, § 4, TCE pour adopter la décision
2002/772/CE, Euratom du 25 juin 2002 et du 23 septembre 2002 en vue de permettre l’élection au
suffrage universel direct du Parlement européen, conformément à des principes communs à tous les
États membres, qui avait été ensuite approuvée par l’ensemble des États membres avant d’être appli-
quée à compter des élections du Parlement européen de juin 2004 (JOCE L 283, 21 oct. 2002, p. 1).

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26 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

B - L’adaptation des traités sans l’approbation des États


membres
Certaines dispositions du Traité FUE peuvent faire l’objet, comme le prévoyait déjà le
Traité CE, de simples ajustements institutionnels, c’est-à-dire sans la réunion d’une
conférence intergouvernementale ni même l’approbation des États membres. Ainsi,
et s’agissant seulement de l’organisation et du fonctionnement des juridictions de
l’Union, « si la Cour de justice le demande, le Conseil, statuant à l’unanimité, peut
augmenter le nombre des avocats généraux » (TFUE, art. 252, al. 1er). De même, « le
Parlement européen et le Conseil, statuant conformément à la procédure législative
ordinaire, peuvent créer des tribunaux spécialisés adjoints au Tribunal chargés de
connaître en première instance de certaines catégories de recours formés dans des
matières spécifiques. Le Parlement européen et le Conseil statuent par voie de règle-
ments soit sur proposition de la Commission et après consultation de la Cour de
justice, soit sur demande de la Cour de justice et après consultation de la Commission »
(TFUE, art. 257, al. 1er).

BIBLIOGRAPHIE

BIEBER R., « Les limites matérielles et formelles à la révision du Traité instituant la Commu-
nauté européenne », Rev. Marché commun UE, nº 367/1993, p. 343.
DA CRUZ VILAÇA J.-L., PIÇARRA N., « Y a-t-il des limites matérielles à la révision des Traités insti-
tuant les Communautés européennes », CDE, nº 1-2/1993, p. 3.
LOUIS J.-V., « Quelques considérations sur la révision des Traités instituant les Commu-
nautés », CDE, nº 5-6/1980, p. 553.
SCHWOB J., « Traités communautaires : sources et révision (Eur.) », Rép. eur. Dalloz (2018).

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CHAPITRE 2
Le droit dérivé

Le droit dérivé ou secondaire comprend l’ensemble des actes unilatéraux que les institu-
tions de l’Union sont habilitées à adopter en exécution et en application des traités. Les
traités leur attribuent en effet un véritable pouvoir normatif autonome afin qu’elles puis-
sent être à même de remplir les différentes missions qui leur sont dévolues et notam-
ment assurer le développement des politiques et actions internes et externes de l’Union
dans le respect des objectifs assignés par les traités.
Après avoir présenté une classification des actes de droit dérivé prévus par le Traité FUE
(Section 1), on évoquera ensuite la pratique institutionnelle qui a conduit les institutions
à générer d’autres actes unilatéraux (dits hors nomenclature) qui échappent à cette clas-
sification (Section 2).

Section 1
Les actes de droit dérivé prévus dans
la nomenclature du Traité FUE
Tout comme le prévoyait déjà les articles 249, du Traité CE et 161, du Traité CEEA avant
l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, l’article 288, du Traité FUE comporte une
nomenclature des actes de droit dérivé que les institutions de l’Union peuvent édicter
et définit également leur portée juridique. Plus particulièrement, la nomenclature
prévue à l’article 288, alinéa 1er, du Traité FUE mentionne que « pour exercer les compé-
tences de l’Union, les institutions adoptent des règlements, des directives, des décisions,
des recommandations et des avis ». On envisagera ces différents actes de droit dérivé en
distinguant les actes obligatoires, en ce sens qu’ils sont juridiquement contraignants, et
les actes non décisoires, c’est-à-dire des actes qui ne lient en rien leurs destinataires.

1• LES ACTES OBLIGATOIRES


Les règlements, directives et décisions constituent les actes obligatoires de droit dérivé
prévus par la nomenclature de l’article 288, alinéa 1er, du Traité FUE. Toutefois, le
préambule de ces actes ainsi que leurs considérants n’ont « pas de valeur juridique
contraignante et ne sauraient être utilement invoqués pour déroger aux dispositions
mêmes de l’acte concerné, ni pour interpréter ces dispositions dans un sens

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28 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

manifestement contraire à leur libellé » (voy. not., CJCE, 24 nov. 2005, Deutsches
Milch-Kontor, C-136/04, EU:C:2005:716, point 32 ; CJCE, 2 avril 2009, Tyson
Parketthandel, C-134/08, EU:C:2009:229, point 16). Bien que chacun de ces trois
actes présente des spécificités, il n’en demeure pas moins qu’un régime juridique
commun leur est applicable.

A - Le régime juridique commun des actes obligatoires


de droit dérivé
1) Le choix de l’acte
L’article 288, alinéa 1er, du Traité FUE ne détermine pas les hypothèses d’utilisation des
différents actes obligatoires qu’il énumère. Parfois, la disposition des traités, constituant
la base juridique de l’acte, prévoit directement l’acte juridique auquel les institutions de
l’Union peuvent recourir1. Dans une telle hypothèse, les institutions n’ont alors pas le
choix des actes à adopter. En revanche, si cette disposition ne mentionne pas le ou les
actes juridiques dont les institutions doivent faire usage2, l’institution auteur de l’acte est
alors libre de recourir indistinctement au règlement, à la directive ou encore à la déci-
sion. Si l’article 296, du Traité FUE confirme désormais cette liberté de choix en mention-
nant que « lorsque les traités ne prévoient pas le type d’acte à adopter, les institutions le
choisissent au cas par cas, dans le respect des procédures applicables et du principe de
proportionnalité » (TFUE, art. 296, al. 1er), cette même disposition pose également le
principe selon lequel « lorsqu’ils sont saisis d’un projet d’acte législatif, le Parlement
européen et le Conseil s’abstiennent d’adopter des actes non prévus par la procédure
législative applicable au domaine concerné » (TFUE, art. 296, al. 3).

2) La base juridique de l’acte


Dans la mesure où l’Union dispose seulement de compétences d’attribution3, tout acte
pris par les institutions de l’Union doit impérativement se fonder sur l’article, voire même
exceptionnellement sur les articles, des traités qui non seulement attribuent compétence
à l’Union pour adopter un acte, mais déterminent par ailleurs la procédure à suivre par
les institutions pour son adoption. Cet article constitue la base juridique de l’acte.
Les institutions de l’Union et les États membres ont très fréquemment des points de vue
radicalement divergents sur cette question de la base juridique, chacun cherchant bien
évidemment à faire prévaloir la base juridique qui lui confère le rôle le plus important
dans la procédure d’élaboration de l’acte. Il en résulte un contentieux abondant et récu-
rant. Selon une jurisprudence constante de la Cour de justice, le choix de la base juri-
dique « doit se fonder sur des éléments objectifs susceptibles de contrôle juridictionnel,
parmi lesquels figurent, notamment, le but [ou la finalité] et le contenu de l’acte
concerné » (pour une illustration voy., CJUE, 22 oct. 2013, Commission/Conseil, C-

——
1. Ex. : Pour réaliser la liberté d’établissement dans une activité déterminée, le Parlement européen et le
Conseil statuent par voie de directives (TFUE, art. 50, § 1er). Il en est de même lorsque ces deux insti-
tutions entendent réaliser la libération d’un service déterminé (TFUE, art. 59, § 1er).
2. Ex : TFUE, art. 48, 56, 77, 78 et 79.
3. Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union européenne, 7e éd., 2018, Gualino éditeur, spéc.
p. 71.

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 29

137/12, EU:C:2013:675, point 52 ; CJUE, 16 avril 2015, Parlement/Conseil, C-317/13


et C-679/13, EU:C:2015:223, point 40). Lorsqu’un acte poursuit une double finalité ou
qu’il a une double composante, la Cour de justice considère que c’est la finalité ou
composante principale ou prépondérante qui détermine le choix de la base juridique
(en ce sens voy., CJCE, 8 sept. 2009, Commission/Parlement et Conseil, C-411/06,
EU:C:2009:518, point 46). Si les deux finalités poursuivies par l’acte sont liées, compa-
rables et compatibles (notamment si ces deux dispositions du traité prévoient la même
procédure de décision), ce dernier peut alors, exceptionnellement, être fondé sur deux
articles pertinents du traité (voy. not., CJCE, 12 déc. 2002, Commission/Conseil, C-
281/01, EU:C:2002:761, point 35 ; CJCE, 3 sept. 2009, Parlement/Conseil, C-166/
07, EU:C:2009:499, point 69).

3) La motivation de l’acte
L’article 296, alinéa 2, du Traité FUE pose une obligation générale de motivation des
actes juridiques qui doivent impérativement viser les propositions, initiatives, recomman-
dations, demandes ou avis prévus par les traités.
Cette obligation de motivation concerne tout acte produisant des effets juridiques
quelle que soit sa dénomination (CJCE, 1er oct. 2009, Commission/Conseil, C-370/07,
EU:C:2009:590, point 42). La Cour de justice considère que la motivation de l’acte doit
être adaptée à sa nature et faire « apparaître d’une façon claire et non équivoque les
raisons sur lesquelles l’acte est fondé » (CJCE, 9 juill. 1969, Italie/Commission, 1/69,
EU:C:1969:34, point 9), de manière à permettre aux intéressés de connaître et de
comprendre les justifications de la mesure prise à leur égard et au juge de Luxembourg
d’exercer son contrôle (CJCE, 24 oct. 2005, Italie/Commission, C-138/03, C-324/03 et
C-431/03, EU:C:2005:714, point 54 ; CJUE, 26 juin 2012, Pologne/Commission, C-
335/09 P, EU:C:2012:385, point 215 ; CJUE, 15 nov. 2012, Al-Aqsa/Conseil et Pays-
Bas/Al-Aqsa, C-539/10 P et C-550/10 P, EU:C:2012:711, point 138).
Les exigences en matière de motivation varient en fonction des circonstances de
l’espèce, notamment du contenu de l’acte, du contexte de son adoption et de
l’ensemble des normes juridiques régissant la matière concernée. Le juge de Luxem-
bourg admet donc, dans certaines circonstances, une motivation sommaire (c’est-à-dire
sans qu’il soit exigé que la motivation spécifie la totalité des différents éléments de fait
ou de droit pertinents) à condition toutefois que les éléments essentiels du raisonne-
ment et l’objectif visé par l’auteur de l’acte soient suffisamment précisés (s’agissant de
décisions adressées à des entreprises voy., CJCE, 8 févr. 1966, Acciairie e ferriere
Pugliesi/Haute Autorité CECA, 8/65, EU:C:1966:5 ; s’agissant de décisions adressées
aux États membres voy., CJCE, 14 janv. 1981, Allemagne/Commission, 819/79, EU:
C:1981:2). De ce fait, tout défaut manifeste de motivation entraîne systématiquement
l’annulation des actes adoptés par les institutions, organes ou organismes de l’Union.

4) La publication et la notification de l’acte


Le Traité de Lisbonne opère désormais une distinction entre les actes législatifs (TFUE,
art. 289, § 3), les actes non législatifs de portée générale (TFUE, art. 290, § 1er) et les
actes d’exécution (TFUE, art. 291). Les actes législatifs sont les actes juridiques adoptés
par les institutions de l’Union au terme d’une procédure législative qui peut être ordi-
naire (TFUE, art. 289, § 1er) ou spéciale (TFUE, art. 289, § 2). Les actes non législatifs,

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30 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

qu’on dénomme plus communément les actes délégués, sont des actes de portée géné-
rale adoptés par la Commission européenne, sur habilitation expresse d’un acte législatif
et qui complètent ou modifient certains éléments non essentiels des actes législatifs
(TFUE, art. 290, § 1er). Les actes d’exécution (ou mesures d’exécution) sont arrêtés par
la Commission européenne lorsque des conditions uniformes d’exécution des actes juri-
diquement contraignants de l’Union sont nécessaires (TFUE, art. 291, § 2)4.
L’article 297, du Traité FUE, relatif à la publication et à la notification des actes, repose
également sur la différenciation entre les actes législatifs et les actes non législatifs.
Cette disposition prévoit en effet que :
– les actes législatifs adoptés conformément à la procédure législative ordinaire sont
signés par le président du Parlement européen et par le président du Conseil. En
revanche, les actes législatifs adoptés conformément à une procédure législative
spéciale sont signés par le président de l’institution qui les a adoptés. Tout acte
législatif est publié au Journal officiel de l’Union européenne et entre en vigueur à
la date qu’il fixe ou, à défaut, le 20e jour suivant sa publication (TFUE, art. 297,
§ 1er) ;
– les actes non législatifs adoptés sous la forme de règlements, de directives ou de
décisions, lorsque ces dernières n’indiquent pas de destinataire, sont signés par le
président de l’institution qui les a adoptés. Les règlements, les directives adressées
à tous les États membres ainsi que les décisions ne mentionnant pas de destinataires
spécifiques sont également publiés au Journal officiel de l’Union européenne et se
voient appliquer le même régime que précédemment s’agissant de leur entrée en
vigueur ;
– les autres directives (c’est-à-dire celles qui ne sont pas adressées à tous les États
membres) ainsi que les décisions qui désignent un ou plusieurs destinataires
doivent être notifiées à leurs destinataires et prennent effet par cette notification
(TFUE, art. 297, § 2). De tels actes non législatifs n’ont pas l’obligation d’être
publiés au Journal officiel de l’Union européenne, même s’il s’agit d’actes affectant
les droits et les intérêts de particuliers (CJCE, 18 févr. 1964, Internationale
Crediet– en Handelsvereniging « Rotterdam », 73/63 et 74/63, EU:C:1964:8).
Néanmoins, lorsque c’est le cas, l’institution n’est pas pour autant dispensée de
procéder à sa notification afin de rendre cet acte non législatif opposable et de
faire courir le délai de transposition s’il s’agit d’une directive (sur l’obligation de noti-
fication d’une décision individuelle publiée au Journal officiel de l’Union européenne
voy., CJCE, 14 juill. 1972, Geigy AG/Commission, 52/69, EU:C:1972:73).
La Cour de justice a pendant longtemps considéré qu’un acte de droit dérivé non publié
ou non notifié n’était pas illégal mais qu’il était alors inopposable à son ou à ses destina-
taires (CJCE, 25 janv. 1979, Racke, 98/78, EU:C:1979:14). La Cour de justice a dit pour
droit qu’un acte émanant des institutions ne sauraient être opposable aux justiciables
« avant que n’existe pour ceux-ci la possibilité d’en prendre connaissance » (CJCE,
25 janv. 1979, Racke, 98/78, EU:C:1979:14, point 15 ; CJUE, 12 mai 2011, Polska
Telefonia Cyfrowa, C-410/09, EU:C:2011:294, point 23). La Haute juridiction consi-
dère en effet que les irrégularités dans la procédure de publication ou de notification

——
4. Sur la question des actes délégués et des mesures d’exécution voy., Leclerc S., Mémentos – Les insti-
tutions de l’Union européenne, préc., spéc. p. 208.

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 31

d’un acte lui sont extérieures et ne peuvent donc le vicier. De telles irrégularités ne
constituent pas dès lors une forme substantielle dont l’absence pourrait être sanc-
tionnée par un recours en annulation. Néanmoins, de telles irrégularités sont suscepti-
bles, dans certaines circonstances, de paralyser l’entrée en vigueur de l’acte et d’empê-
cher que le délai du recours en annulation commence à courir. Une telle question
devient cependant sans intérêt s’il est établi que le destinataire de l’acte a eu complète
connaissance du texte le concernant et qu’il a pu faire usage, dans les délais, de son
droit de recours (CJCE, 14 juill. 1972, Imperial Chemical Industries/Commission, 48/
69, EU:C:1972:70, points 36 et s.). Procédant par la suite à une évolution de sa jurispru-
dence, la Cour de justice a jugé que, dans certaines circonstances, l’absence de notifica-
tion d’une décision désignant un ou plusieurs destinataires spécifiques peut être consti-
tutive d’une violation des formes substantielles pouvant entraîner son annulation (CJCE,
8 juill. 1999, Hoechst/Commission, C-227/92 P, EU:C:1999:360, point 72).

5) Les effets dans le temps de l’acte


En principe, l’adoption d’un acte obligatoire (qui a pour effet de compléter ou de modi-
fier le droit positif en vigueur) ne vise pas les situations antérieures à son entrée en
vigueur. Cependant, la Cour de justice considère que l’absence d’application rétroactive
des actes obligatoires peut, à titre exceptionnel, s’effacer « lorsque le but à atteindre
l’exige et lorsque la confiance légitime des intéressés est dûment respectée » (CJCE,
25 janv. 1979, Racke, 98/78, EU:C:1979:14, point 20). La Haute juridiction admet
également l’application rétroactive d’une directive lorsque la version initiale de cette
dernière a été annulée et remplacée rapidement par une nouvelle afin d’éviter tout
vide juridique et d’offrir une base juridique aux mesures nationales de transposition
déjà adoptées par les États membres à condition que l’objet de la directive en question
ne porte pas sur la matière pénale (CJCE, 13 nov. 1990, Fedesa e.a., C-331/88, EU:
C:1990:391).

6) La présomption de validité de l’acte


Les actes obligatoires de droit dérivé bénéficient d’une présomption de validité. Ils
déploient donc leurs effets juridiques tant que leur illégalité n’a pas été établie par le
juge de l’Union ou qu’ils n’ont pas été retirés régulièrement par les institutions dont ils
émanent.

7) La modification et le retrait de l’acte


Les institutions de l’Union peuvent modifier ou retirer à tout moment les actes obliga-
toires dont elles sont les auteurs.
La Cour de justice considère en effet qu’il est normal et conforme aux exigences de bon
fonctionnement de toute administration qu’une autorité, qui est compétente pour
adopter un acte de portée générale dans un domaine déterminé, ait également la possi-
bilité de le modifier (CJCE, 17 déc. 1964, Boursin/Haute Autorité CECA, 102/63, EU:
C:1964:88). La modification peut intervenir, en principe, sans tenir compte des situa-
tions juridiques créées antérieurement par l’acte en cause sous réserve du respect des
principes de confiance légitime et de sécurité juridique. La Cour estime en effet qu’une
modification du droit positif qui interviendrait de manière totalement imprévisible pour
le justiciable violerait le principe de sécurité juridique dont la Cour garantit le respect et

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32 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

pourrait, dans certaines circonstances, engager la responsabilité de l’Union (CJCE,


14 mai 1975, CNTA/Commission, 74/74, EU:C:1975:59).
En revanche, les juridictions de l’Union considèrent que les actes législatifs de portée
individuelle, une fois adoptés et sous réserve de leur illégalité, sont intangibles et qu’ils
ne peuvent dès lors faire l’objet que de modifications d’ordre orthographique ou synta-
xique, à l’exclusion de modifications affectant les motifs ou altérant le dispositif
(Tribunal, 27 févr. 1992, BASF AG e.a./Commission, T-79/89, T-84/89, T-85/89,
T-86/89, T-89/89, T-91/89, T-92/89, T-94/89, T-96/89, T-98/89, T-102/89 et T-104/89,
EU:T:1992:26).
La Haute juridiction admet également que les institutions de l’Union puissent procéder,
dans le silence des traités et en s’appuyant sur le droit des États membres, au retrait des
actes illégaux dont elles sont les auteurs à condition que cette opération intervienne
dans un délai raisonnable et dans le respect, une fois de plus, des principes de confiance
légitime et de sécurité juridique (pour une illustration voy., CJCE, 12 juill. 1957, Algera
e.a./Assemblée CECA, 7/56, 3/57 à 7/57, EU:C:1957:7 ; CJCE, 13 juill. 1965,
Lemmerz-Werke/Haute Autorité CECA, 111/63, EU:C:1964:82 ; CJCE, 17 avril
1997, De Compte/Parlement, C-90/95 P, EU:C:1997:198).

B - La typologie des actes obligatoires de droit dérivé


Si le Traité de Lisbonne n’apporte aucune modification au règlement et à la directive, il
en est tout autrement de la décision, seul acte obligatoire de droit dérivé à connaître des
évolutions.

1) Les règlements
Le règlement constitue l’instrument le plus complet et le plus efficace des actes de droit
dérivé à la disposition des institutions de l’Union. Il représente donc aujourd’hui la prin-
cipale source de droit dérivé.
Avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, on distinguait, dans la pratique institu-
tionnelle, les règlements de base arrêtés par les institutions sur le fondement d’une
disposition du Traité CE, des règlements d’exécution adoptés pour mettre en œuvre et
en application les règlements de base. Cette pratique avait été entérinée par la Cour de
justice (CJCE, 17 déc. 1970, Köster et Berodt, 25/70, EU:C:1970:115) sous réserve que
le règlement d’exécution soit subordonné au règlement de base (CJCE, 10 mars 1971,
Deutsche Tradax, 38/70, EU:C:1971:24). La Cour de justice veillait tout particulière-
ment à ce que les règlements d’exécution ne portent pas atteinte aux principes et à
l’économie des règlements de base (CJCE, 13 juill. 1995, Parlement/Commission, C-
156/93, EU:C:1995:238). Le Traité de Lisbonne met un terme à cette distinction entre
règlement de base et règlement d’exécution dans la mesure où le Traité FUE opère
désormais une différenciation entre les actes législatifs, les actes non législatifs et les
mesures d’exécution5 : un règlement peut donc être soit un acte législatif, soit un acte
non législatif, c’est-à-dire un acte délégué (dans cette hypothèse, l’adjectif « délégué »
est inséré dans l’intitulé même du règlement qui se dénomme alors « règlement

——
5. Voy. le présent ouvrage, p. 29.

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 33

délégué ») soit enfin une mesure d’exécution (dans une telle hypothèse, l’adjectif
« d’exécution » est inséré dans l’intitulé même du règlement qui se dénomme alors
« règlement d’exécution »).
L’article 288, alinéa 2, du Traité FUE dispose que « le règlement a une portée générale. Il
est obligatoire dans tous ses éléments et il est directement applicable dans tout État
membre »6.

a) Un acte de portée générale


Le règlement est un acte de portée générale dans la mesure où il « établit des principes
normatifs, pose de façon abstraite les conditions de son application et formule les consé-
quences juridiques qui en découlent » (CJCE, 21 juin 1958, Wirtschaftsvereinigung
Eisen-und Stahlindustrie/Haute Autorité CECA, 13/57, EU:C:1958:10). Le règlement
est donc un acte de droit dérivé « de caractère essentiellement normatif, [...] applicable
non à des destinataires limités, désignés ou identifiables mais à des catégories envisa-
gées abstraitement et dans leur ensemble » (CJCE, 14 déc. 1962, Confédération
nationale des producteurs de fruits et légumes e.a./Conseil, 16/62 et 17/62, EU:
C:1962:47, point 2). Le règlement « s’applique à des situations déterminées objective-
ment » et « produit des effets juridiques à l’égard de catégories de personnes envisagées
de manière abstraite » (CJCE, 21 nov. 1989, Usines coopératives de déshydratation
du Vexin e.a./Commission, C-244/88, EU:C:1989:588, point 13).
La Cour de justice a précisé que ne peut être remise en cause la nature réglementaire
d’un acte à partir du moment où ses dispositions ne concernent pas « les intérêts de
certaines personnes déterminées, désignées ou identifiables mais affectent les intérêts
de catégories d’utilisateurs et d’opérateurs commerciaux abstraitement envisagées et
caractérisées uniquement par leur participation au marché des produits en cause »
(CJCE, 13 mars 1968, Industria Molitoria Imolese e.a./Conseil, 30/67, EU:
C:1968:14). La Haute juridiction a par ailleurs ajouté que « la nature réglementaire
d’un acte n’est pas mise en cause par la possibilité de déterminer avec plus ou moins
de précision le nombre ou même l’identité des sujets de droit auxquels il s’applique à
un moment donné, tant qu’il est constant que cette application s’effectue en vertu
d’une situation objective de droit ou de fait définie par l’acte, en relation avec la finalité
de ce dernier » (CJCE, 11 juill. 1968, Zuckerfabrik Watenstedt/Conseil, 6/68, EU:
C:1968:43).

b) Un acte obligatoire dans tous ses éléments


Lorsqu’une institution de l’Union adopte un règlement, elle dispose d’un pouvoir
normatif complet dans la mesure où cet acte de droit dérivé peut fixer non seulement
un résultat à atteindre (obligation de résultat) mais aussi les moyens à mettre en œuvre
pour le réaliser (obligation de moyens). Le règlement s’impose à tous, c’est-à-dire aux
institutions de l’Union, aux États membres ainsi qu’à leurs autorités et ressortissants.
Les dispositions d’un règlement ne peuvent être appliquées « de manière incomplète
ou sélective » (CJCE, 7 févr. 1979, Commission/Royaume-Uni, 128/78, EU:

——
6. Le règlement prévu par l’article 288, alinéa 2, du Traité FUE ne doit pas être confondu avec les règle-
ments intérieurs adoptés par les institutions de l’Union et les règlements de procédures arrêtés par les
juridictions de l’Union, voy. le présent ouvrage, p. 44.

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34 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

C:1979:32, point 9). La Cour de justice a précisé par ailleurs qu’un État membre devait
s’abstenir de tout acte susceptible de remettre en cause l’autorité du règlement, ce
dernier devant pouvoir déployer tous ses effets aussi longtemps que son illégalité n’a
pas été établie par le juge de l’Union (CJCE, 13 févr. 1979, Granaria, 101/78, EU:
C:1979:38, point 5). De plus, la Haute juridiction a indiqué que les réserves ou objec-
tions éventuelles formulées par un État membre lors de l’élaboration d’un règlement
ne le dispensent de son obligation d’appliquer ce règlement dans son intégralité. De
même, elle a souligné que « des difficultés d’application apparues au stade de l’exécu-
tion d’un acte communautaire ne sauraient permettre à un État membre de se dispenser
unilatéralement de l’observation de ses obligations » (CJCE, 7 févr. 1973, Commission/
Italie, 39/72, EU:C:1973:13, point 22). Un État membre ne pourrait pas davantage tirer
argument d’un élément quelconque de sa législation ou de sa pratique administrative
pour justifier le non-respect des obligations et délais résultant des règlements (CJCE,
17 mai 1972, Leonesio, 93/71, EU:C:1972:39, point 22). Le règlement est donc obli-
gatoire dans tous ses éléments.

c) Un acte directement applicable dans tout État membre


L’applicabilité directe du règlement a deux conséquences.
En premier lieu, le règlement s’insère directement, automatiquement et en tant que tel
dans le bloc de légalité interne des États membres dès son entrée en vigueur sans l’inter-
position ou l’intervention d’une quelconque autorité normative nationale. Selon la
formule de Denys Simon, « les règlements sont investis de l’immédiateté normative, en
ce sens qu’ils produisent, dès la date de leur entrée en vigueur leurs effets juridiques
dans les ordres juridiques nationaux »7.
Le juge de l’Union considère en effet que « l’applicabilité directe d’un règlement exige
que son entrée en vigueur et son application en faveur ou à la charge des sujets de
droit se réalisent sans aucune mesure portant réception dans le droit national. Les États
membres sont tenus [...] à ne pas entraver l’effet direct propre aux règlements [...]. Le
respect scrupuleux de ce devoir est une condition indispensable à l’application simul-
tanée et uniforme des règlements communautaires dans l’ensemble de la Commu-
nauté » (CJCE, 10 oct. 1973, Variola, 34/73, EU:C:1973:101, point 10 ; CJUE,
14 juill. 2011, Bureau national interprofessionnel du cognac, C-4/10 et C-27/10,
EU:C:2011:484, point 66).
Ainsi, et en raison même de sa nature et de sa fonction dans le système des sources du
droit de l’Union, le règlement a un effet immédiat dans les ordres juridiques nationaux,
sans qu’il soit besoin pour les autorités nationales de prendre des mesures d’application
(CJCE, 24 juin 2004, Handlbauer, C-278/02, EU:C:2004:388, point 25) ou qu’il soit
besoin pour le législateur de l’Union d’adopter des réglementations complémentaires
(CJUE, 28 oct. 2010, SGS Belgium e.a., C-367/09, EU:C:2010:648, point 32). Néan-
moins, certaines dispositions d’un règlement peuvent parfois nécessiter, pour leur mise
en œuvre, l’adoption de mesures d’application soit par les États membres soit par le
législateur de l’Union lui-même (CJCE, 11 janv. 2001, Monte Arcosu, C-403/98, EU:
C:2001:6, point 26 ; CJUE, 28 oct. 2010, SGS Belgium e.a., C-367/09, EU:
C:2010:648, point 33 ; CJUE, 21 déc. 2011, Danske Svineproducenter, C-316/10,

——
7. Simon D., Le système juridique communautaire, 3e éd., 2001, PUF, spéc. p. 321.

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 35

EU:C:2011:863, point 40). Dans un tel cas de figure, la Cour de justice estime que
l’intervention des autorités nationales ne peut se justifier que « dans la mesure néces-
saire à l’exécution » du règlement (CJCE, 11 févr. 1971, Norddeutsches Vieh-und
Fleischkontor, 39/70, EU:C:1971:16, point 4) et pour autant que cette reprise de
certains éléments d’un règlement dans une norme interne permette d’en faciliter l’appli-
cation. La Cour de justice veille par ailleurs à ce qu’une telle intervention des autorités
nationales ne puisse mettre en péril l’application uniforme des règlements sur
l’ensemble du territoire de l’Union (CJCE, 14 janv. 1993, Lante, C-190/91, EU:
C:1993:11, point 17).
En second lieu, le règlement constitue une source directe de droit. En effet, la Cour de
justice a admis que le règlement « produit des effets immédiats et est, comme tel, apte à
conférer aux particuliers des droits que les juridictions nationales ont l’obligation de
protéger » (CJCE, 14 déc. 1971, Politi, 43/71, EU:C:1971:122, point 9). Un règlement
peut donc être directement invoqué par un particulier à l’appui d’un recours devant le
juge national. Ce dernier aura alors l’obligation de protéger les droits que le particulier
tire du règlement.

2) Les directives
Aux termes de l’article 288, alinéa 3, du Traité FUE, « la directive lie tout État membre
destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux instances nationales la
compétence quant à la forme et aux moyens ».
Avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la pratique institutionnelle amenait à
opérer une distinction entre les directives de base, adoptées directement par les institu-
tions de l’Union sur le fondement d’une disposition du Traité CE, et les directives d’exé-
cution permettant d’assurer l’application des directives de base. La Cour de justice avait
entériné cette pratique sous réserve qu’une directive d’exécution ne puisse déroger à
une directive de base (CJCE, 25 janv. 1994, Angelopharm, C-212/91, EU:C:1994:21).
Une fois encore, le Traité de Lisbonne met un terme à cette distinction dans la mesure où
le Traité FUE repose désormais sur la différenciation entre les actes législatifs, les actes
non législatifs et les mesures d’exécution8. Une fois encore, une directive peut donc
être soit un acte législatif, soit un acte non législatif, c’est-à-dire un acte délégué (dans
cette hypothèse, l’adjectif « déléguée » est insérée dans l’intitulé même de la directive
qui se dénomme alors « directive déléguée ») soit enfin une mesure d’exécution (dans
une telle hypothèse, l’adjectif « d’exécution » est inséré dans l’intitulé même de la direc-
tive qui se dénomme alors « directive d’exécution »). Par ailleurs, si l’ensemble des États
membres est nécessairement concerné par un acte législatif adopté sous la forme d’une
directive, un acte non législatif adopté sous cette même forme peut ne pas être adressé
à tous les États membres. D’ailleurs, dans cette seconde hypothèse, une telle directive
sera notifiée à son ou à ses destinataires et prendra effet par cette notification (TFUE,
art. 297, § 2, al. 3).

a) Les caractères de la directive


La directive apparaît comme un acte obligatoire original car il procède à une intervention
successive des institutions de l’Union puis des autorités nationales. En effet, la directive

——
8. Voy. le présent ouvrage, p. 29.

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36 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

fonctionne en deux temps : tout d’abord, les institutions de l’Union définissent à travers
la directive un ou plusieurs objectifs à atteindre qui s’adressent aux États membres, puis
ces derniers déterminent en principe librement les modalités de mise en œuvre de ces
objectifs dans leur droit interne.
Ainsi, la directive créée une obligation absolue de résultat à la charge des États membres
destinataires tout en leur laissant, au moins en principe, le choix des formes et des
moyens pour atteindre l’objectif assigné. Cette intervention obligatoire des autorités
nationales pour définir la forme et les moyens de mise en œuvre de la directive dans
leur ordre juridique interne fait de cet acte de droit dérivé « un mode de législation ou
de réglementation indirecte » (CJCE, 29 juin 1993, Gouvernment of Gibraltar/
Conseil, C-298/89, EU:C:1993:267, point 16) auquel les institutions de l’Union recou-
rent principalement lorsqu’elles entendent rapprocher ou harmoniser les législations
nationales.
Même si la Cour de justice a été amenée à préciser que « la liberté laissée par
l’article 189 [TFUE, art. 288] aux États membres quant au choix des formes et des
moyens, en matière d’exécution des directives, laisse entière leur obligation de choisir
les formes et les moyens les plus appropriés en vue d’assurer l’effet utile des directives »
(CJCE, 8 avril 1976, Royer, 48/75, EU:C:1976:57, point 75), il n’en demeure pas moins
que cette liberté de choix laissée aux autorités nationales doit être relativisée. En effet,
certaines directives adoptées par les institutions sont des actes de plus en plus détaillés
dont les objectifs sont à ce point précisés que la marge d’appréciation laissée aux auto-
rités nationales quant aux choix des formes et des moyens est de plus en plus réduite
voire même inexistante. Cette pratique institutionnelle contestable, car s’écartant de la
lettre de l’article 288, alinéa 3, du Traité FUE, a pourtant été validée par la Cour de
justice qui considère « que la compétence laissée aux États membres, en ce qui concerne
la forme et les moyens des mesures à prendre par les instances nationales, est fonction
du résultat que le Conseil et la Commission entendent voir atteindre » (CJCE, 23 nov.
1977, Enka BV, 38/77, EU:C:1977:190, point 11). Une directive peut ainsi définir,
avec plus ou moins de minutie, la teneur du résultat escompté. Toutefois, le juge
de Luxembourg considère que l’intensité normative des directives est variable et fonction
de l’objectif à atteindre (CJCE, 18 juin 2002, Commission/France, C-60/01, EU:
C:2002:383, points 25 et s.) et que les obligations qui découlent d’une directive ne
s’épuisent pas dans sa transposition dans la mesure où cette dernière se doit d’être
adaptée par les autorités nationales aux nouvelles circonstances de fait (CJCE, 23 mars
2006, Commission/Autriche, C-209/04, EU:C:2006:195, point 43).
Étant donné que la directive ne lie que le ou les États membres destinataires, il apparaît
de prime abord que cet acte obligatoire n’est pas, à la différence du règlement, un acte
de portée générale mais un acte à caractère individuel. Toutefois, étant donné que les
directives ont généralement pour destinataire la totalité des États membres et qu’elles
ont donc vocation à produire des effets juridiques sur l’ensemble du territoire de l’UE,
le juge de l’Union a admis que les directives avaient elles aussi la qualité « d’acte à
portée générale » (voy. not., CJCE, 22 févr. 1984, Kloppenburg, 70/83, EU:
C:1984:71, point 11 ; CJCE, 29 juin 1993, Government of Gibraltar/Conseil, C-298/
89, EU:C:1993:267, point 16) procédant ainsi à un rapprochement partiel entre les
caractères juridiques de la directive et ceux du règlement. L’assimilation juridique entre
ces deux actes obligatoires n’est cependant pas totale. En effet, dans la mesure où la
directive requiert des mesures de transposition des autorités nationales, elle n’est pas

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 37

en soi directement applicable. La directive ne déploie donc qu’indirectement des effets


juridiques à l’égard des particuliers par l’intermédiaire des seules mesures nationales de
transposition. La Cour de justice a néanmoins admis que, dans certaines circonstances, à
l’expiration du délai de transposition et en l’absence de mesures nationales de transpo-
sition, une directive peut être directement applicable et conférer des droits aux particu-
liers dont ces derniers peuvent se prévaloir devant les juridictions nationales (CJCE,
19 nov. 1991, Francovich et Bonifaci/Italie, C-6/90 et C-9/90, EU:C:1991:428)9.

b) L’obligation de transposition de la directive


Dès lors que les États membres sont destinataires d’une directive, ces derniers ont alors
l’obligation d’en assurer la transposition intégrale dans le délai fixé au cas par cas par
chaque directive, c’est-à-dire l’obligation d’adopter toutes les dispositions nationales
dans l’ordre juridique interne propres à atteindre le résultat prescrit par cet acte de
droit dérivé. En effet, toute directive fixe un délai aux États membres pour atteindre les
objectifs qu’elle leur assigne, qu’on dénomme le délai de transposition. Cette obligation
de transposition à la charge des États membres découle à la fois de l’article 4, § 3, du
Traité UE qui pose le principe de la coopération loyale des États membres à l’égard de
l’Union et de l’article 288, du Traité FUE qui définit les caractères de la directive. Selon
la Cour de justice, « l’obligation des États membres, découlant d’une directive,
d’atteindre le résultat prévu par celle-ci ainsi que leur devoir de prendre toutes mesures
générales ou particulières propres à assurer l’exécution de cette obligation s’imposent à
toutes les autorités des États membres, y compris, dans le cadre de leurs compétences,
aux autorités juridictionnelles » (sur ce point voy. not., CJCE, 10 avril 1984, Von Colson
et Kamann, 14/83, EU:C:1984:153, point 26 ; CJCE, 18 déc. 1997, Inter-Environne-
ment Wallonie, C-129/96, EU:C:1997:628, point 40 ; CJUE, 19 janv. 2010, Kücükde-
veci, C-555/07, EU:C:2010:21, point 47 ; CJUE, 21 oct. 2010, Accardo e.a., C-227/09,
EU:C:2010:624, point 49).
Cette obligation de transposition posée par le droit de l’Union a son équivalent en droit
français que le Conseil constitutionnel puis le Conseil d’État ont déduit de l’article 88-1
de la Constitution. Prenant appui sur cette disposition, le Conseil constitutionnel a jugé
que « la transposition en droit interne d’une directive communautaire résulte d’une
exigence constitutionnelle à laquelle il ne pourrait être fait obstacle qu’en raison d’une
disposition expresse contraire de la Constitution » (Cons. const., 10 juin 2004, nº 2004-
496 DC, Loi pour la confiance dans l’économie numérique, FR:CC:2004:2004.496.
DC, point 7). Quant au Conseil d’État, il a jugé que de l’article 88-1 de la Constitution
« découle une obligation constitutionnelle de transposition des directives » (CE ; ass.,
8 févr. 2007, Req. nº 287110, Société ARCELOR Atlantique et Lorraine e.a., FR:
CEASS:2007:287110.20070208) qui vient s’ajouter, et non se substituer, à l’obligation
équivalente posée par le droit de l’Union (CE, ass., 30 oct. 2009, Req. nº 298348,
Mme Perreux, FR:CEASS:2009:298348.20091030).
Si la Cour de justice admet que les États membres ne sauraient se voir reprocher de ne
pas avoir transposé une directive tant que le délai qui leur est imparti n’est pas expiré, ils
doivent néanmoins s’abstenir au court de cette période « de prendre des dispositions de
nature à compromettre sérieusement le résultat prescrit par la directive » (CJCE, 18 déc.

——
9. Sur l’applicabilité directe des directives, voy. le présent ouvrage, p. 89.

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38 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

1997, Inter-Environnement Wallonie, C-129/96, EU:C:1997:628, point 45 ; CJCE,


23 avril 2009, Angelidaki e.a., C-378/07 à C-380/07, EU:C:2009:250, point 206 ;
CJUE, 26 févr. 2015, Federconsorzi et Liquidazione giudiziale dei beni ceduti ai
creditori della Federazione, C-104/14, EU:C:2015:125, point 32 ; CJUE, 27 oct.
2016, Milev, C-439/16 PPU, EU:C:2016:818, point 21). Une telle obligation d’absten-
tion s’impose à toutes les autorités nationales et « doit être entendue comme se référant
à l’adoption de toute mesure, générale et spécifique, susceptible de produire un tel effet
négatif » (CJUE, 11 sept. 2012, Nomarchiaki Aftodioikisi Aitoloakarnanias e.a.,
C‑43/10, EU:C:2012:560, point 57 ; 4 mai 2016, Commission/Autriche, C-346/14,
EU:C:2016:322, point 50). À l’expiration de ce délai, le droit interne doit être en confor-
mité avec les prescriptions de la directive. La transposition implique donc non seulement
l’adoption des mesures nécessaires par les États membres pour que la directive puisse
produire son plein effet dans les ordres juridiques nationaux, mais également, si néces-
saire, la modification ou l’abrogation des dispositions nationales incompatibles (CJCE,
4 déc. 1997, Commission/Italie, C-207/96, EU:C:1997:583). La Cour de justice consi-
dère que le délai de transposition a un caractère impératif et qu’un État membre ne
saurait exciper de difficultés internes, de dispositions, pratiques, situations de son ordre
juridique national ou de contraintes administratives pour justifier un retard de transposi-
tion d’une directive ou l’inobservation des obligations qu’elle prescrit (voy. not., CJCE,
22 févr. 1979, Commission/Italie, 163/78, EU:C:1979:52, point 5 ; CJCE, 12 févr.
1998, Commission/France, C-144/97, EU:C:1998:60, point 8 ; CJCE, 6 juill. 2000,
Commission/Belgique, C-236/99, EU:C:2000:374, point 23). Même si les États
membres peuvent parfois disposer, lors de la transposition d’une directive, d’une large
marge d’appréciation quant aux choix des moyens, ces mêmes États sont néanmoins
obligés d’assurer le plein effet de cette directive et de respecter les délais qu’elle fixe,
afin que l’exécution en soit uniforme sur l’ensemble du territoire de l’UE (CJUE, 18 déc.
2014, SETAR, C-551/13, EU:C:2014:2467, point 37).
De plus, les mesures nationales de transposition (on parle également de mesures natio-
nales d’exécution) doivent être juridiquement contraignantes. Le juge de l’Union consi-
dère ainsi que la transposition d’une directive intervenue par voie de circulaire (CJCE,
2 déc. 1986, Commission/Belgique, 239/85, EU:C:1986:457, point 7), de simples
pratiques administratives par nature modifiables au gré de l’administration et dépour-
vues d’une publicité adéquate (CJCE, 6 mai 1980, Commission/Belgique, 102/79, EU:
C:1980:120, point 11) ou encore d’actes non contraignants ou de dispositions généra-
lement applicables dans les domaines du droit pénal et du droit civil (CJUE, 11 juin
2015, Commission/Pologne, C-29/14, EU:C:2015:379, point 47) ne saurait être consi-
dérée comme des actes conformes de transposition. Seuls les actes juridiques
obligatoires10 peuvent donc constituer des mesures nationales de transposition. Néan-
moins, la Cour de Luxembourg a admis que « l’existence de principes généraux de droit
constitutionnel ou administratif peut rendre superflue la transposition par des mesures
législatives ou réglementaires spécifiques à condition, toutefois, que ces principes garan-
tissent effectivement la pleine application de la directive par l’administration nationale
[...] » (CJCE, 23 mai 1985, Commission/Allemagne, 29/84, EU:C:1985:229, point 23).

——
10. Ex. en France : les lois, les décrets, les ordonnances, les arrêtés...

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 39

Les dispositions d’une directive doivent être transposées par les États membres « avec
une force contraignante incontestable, avec la spécificité, la précision et la clarté
requises afin que soit satisfaite l’exigence de sécurité juridique » (voy. not., CJCE,
17 sept. 1987, Commission/Pays-Bas, 291/84, EU:C:1987:366, point 15 ; CJCE,
27 févr. 2003, Commission/Belgique, C-415/01, EU:C:2003:118, point 21 ; CJCE,
13 mars 2008, Commission/Grèce, C-81/07, EU:C:2008:172, point 19 ; CJCE,
12 févr. 2009, Commission/Pologne, C-475/07, EU:C:2009:86, point 49). En effet,
« aussi longtemps que la directive n’est pas correctement transposée en droit national,
les justiciables n’ont pas été mis en mesure de connaître la plénitude de leurs droits ». La
Cour de justice estime donc que « seule une transposition correcte de la directive mettra
fin à cet état d’incertitude et ce n’est qu’au moment de cette transposition qu’est créée
la sécurité juridique nécessaire pour exiger des justiciables qu’ils fassent valoir leurs
droits » (CJCE, 25 juill. 1991, Emmott, C-208/90, EU:C:1991:333, points 21 et 22).
La Cour de Luxembourg a également précisé que lorsqu’une directive poursuit plusieurs
objectifs, la mesure de transposition adoptée par les autorités nationales doit respecter
l’équilibre entre les différents objectifs poursuivis par cette directive dans le respect du
principe de proportionnalité (CJCE, 8 mai 2008, Danske Svineproducenter, C-491/
06, EU:C:2008:263, point 31). En l’absence d’une transposition d’une directive dans
son ordre juridique national, un État membre ne peut opposer aux particuliers les limita-
tions qu’il serait en droit de leur imposer s’il avait transposé les dispositions de la direc-
tive en question (CJCE, 19 nov. 1991, Francovich et Bonifaci/Italie, C-6/90 et C-9/90,
EU:C:1991:428, point 21). Prenant appui sur cette jurisprudence constante de la Haute
juridiction (voy. not., CJCE, 30 mars 2006, Uudenkaupungin kaupunki, C-184/04,
EU:C:2006:214, point 28 ; CJCE, 12 févr. 2009, Cobelfret, C-138/07, EU:C:2009:82,
point 49), le Conseil d’État français a ainsi jugé que les autorités françaises ne pouvaient
se prévaloir, à l’encontre d’un particulier, des dispositions d’une directive qui n’ont pas
fait l’objet d’une transposition dans le droit interne (CE, sect., 23 juin 1995, Req.
nº 149226-155083-162001, SA Lilly France, FR:CESJS:1995:149226.19950623 ; CE,
20 nov. 2002, Req. nº 229017, Société Golden-Harvest-Zelder, FR:
CESSR:2002:229017.20021120).
Les États membres ont l’obligation de notifier à la Commission européenne, en sa
qualité de gardienne du droit de l’Union, toutes les mesures nationales de transposition
des directives qu’ils adoptent. Si, à l’expiration du délai prescrit, la Commission estime
que la transposition est inexistante, incorrecte (transposition partielle ou prévoyant des
dérogations ou exceptions non prévues par la directive) ou tardive (après l’expiration du
délai de transposition), elle peut alors introduire un recours en manquement devant la
Cour de justice (TFUE, art. 258 à 260). L’article 260, § 3, du Traité FUE, tel qu’introduit
par Traité de Lisbonne, apporte d’ailleurs une nouveauté en la matière. Lorsque la
Commission européenne saisit la Cour de justice d’un recours en vertu de l’article 258,
du Traité FUE (recours en manquement) à l’encontre d’un État membre pour manque-
ment à son obligation de communication des mesures nationales de transposition
d’une directive adoptée conformément à une procédure législative, elle peut alors, lors-
qu’elle le considère approprié, indiquer à la Cour le montant d’une somme forfaitaire ou
d’une astreinte à payer par cet État qu’elle estime adapté aux circonstances11.

——
11. Voy. le présent ouvrage, p. 176.

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40 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

3) Les décisions
Le Traité de Lisbonne modifie en substance la décision puisqu’il ne lui confère plus le
caractère exclusivement individuel qui caractérisait antérieurement cet acte obligatoire
de droit dérivé. En effet, l’article 288, alinéa 4, du Traité FUE dispose désormais que « la
décision est obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des destinataires,
elle n’est obligatoire que pour ceux-ci »12. On doit déduire de cette nouvelle formulation
qu’il existe, comme auparavant, des décisions de portée individuelle mais également des
décisions, lorsqu’elles ne désignent pas de destinataires spécifiques, de portée générale.
Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une nouveauté mais plutôt d’une évolution qui
entérine et généralise l’usage d’un acte atypique auquel les institutions recouraient
parfois, en application du Traité CE, dénommé la décision « Beschlüß ».

a) Un acte de portée individuelle ou générale


1. La décision de portée individuelle
Contrairement au règlement ou à la décision de portée générale, la décision de portée
individuelle produit ses effets à l’égard de destinataires désignés et identifiés (un ou
plusieurs États membres, une ou plusieurs personnes physiques ou morales)13. Les déci-
sions de portée individuelle ne sont obligatoires que pour les destinataires qu’elles dési-
gnent. Elles se présentent alors comme des actes individuels d’exécution du droit de
l’Union auxquels les institutions de l’Union vont recourir à chaque fois qu’elles enten-
dent appliquer les dispositions du Traité FUE à des cas particuliers (CJCE, 14 déc. 1962,
Fédération nationale de la boucherie en gros et du commerce en gros des
viandes e.a./Conseil, 19/62 à 22/62, EU:C:1962:48).
Pour déterminer dans les cas douteux si on se trouve en présence d’un règlement, et
désormais d’une décision de portée générale, ou d’une décision de portée individuelle,
le juge de l’Union recherche si l’acte en question concerne individuellement des sujets
déterminés. Si tel est le cas, il s’agit alors d’une décision de portée individuelle. Si, au
contraire, l’acte en cause ne concerne pas des sujets limités et identifiables, il s’agit
alors d’un règlement ou d’une décision de portée générale (sur la question de la distinc-
tion entre un règlement et une décision de portée individuelle voy., CJCE, 14 déc. 1962,
Confédération nationale des producteurs de fruits et légumes e.a./Conseil, 16/62
et 17/62, EU:C:1962:47, point 2).

——
12. En place et lieu de « la décision est obligatoire dans tous ses éléments pour les destinataires qu’elle
désigne » qu’on retrouvait auparavant à l’article 249, alinéa 4, Traité CE.
13. Ex. : Décision de la Commission européenne adressée à un État membre constatant l’incompatibilité
avec le marché intérieur d’une aide d’État au sens de l’article 107, § 1er, du Traité FUE et l’obligeant
à récupérer cette aide illégale (voy. à titre d’ex., décision (UE) 2019/421 de la Commission du 20 juin
2018 concernant l’aide d’État SA.44888 (2016/C ex 2016/NN) mise en exécution par le Luxembourg
en faveur d’Engie, JOUE L 78, 20 mars 2019, p.1) ; Décision de la Commission européenne adressée
à des entreprises autorisant une opération de concentration en application du règlement (CE)
nº 139/2004 (voy. à titre d’ex., décision de la Commission du 1er mars 2019 déclarant la compatibilité
avec le marché intérieur d’une concentration (Affaire M.9145 – Kongsberg Gruppen/Rolls-Royce
Commercial Marine) sur la base du règlement (CE) nº 139/2004 du Conseil, JOUE C 96, 13 mars
2019, p. 2).

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 41

2. La décision de portée générale


Outre des décisions de portée individuelle, l’article 288, alinéa 4, du Traité FUE habilite
désormais les institutions de l’Union à adopter des décisions de portée générale. La
reconnaissance d’une telle possibilité ne fait, en définitive, que confirmer la pratique
antérieure des actes atypiques dénommés les « décisions Beschlüß » et généraliser leur
utilisation. En effet, le Traité CE mentionnait parfois la possibilité pour le Conseil
d’adopter, à l’unanimité, des actes dénommés « décisions » en français mais
« Beschlüß » en allemand. Ces « décisions » ne pouvaient pas être confondues avec
celles de portée individuelle mentionnées à l’article 249, alinéa 4, du Traité CE dans la
mesure où il s’agissait d’actes sui generis de portée générale n’ayant pas de destinataires
spécifiques.
L’article 288, alinéa 4, du Traité FUE officialise donc les décisions de portée générale et
en généralise l’emploi. Ainsi, et comme le prévoyait déjà le Traité CE, c’est en adoptant
une décision de portée générale (ex-décision Beschlüß) que le Conseil peut modifier la
liste des produits relevant du matériel de guerre (TFUE, art. 346, § 2), qu’il établit le
régime d’association applicable aux pays et territoires d’outre-mer (TFUE, art. 203), qu’il
suspend l’application d’un accord ou établit une position à prendre au nom de l’Union
dans une instance créée par un accord (TFUE, art. 218, § 9), qu’il approuve les accords
internationaux (TFUE, art. 218, § 5), qu’il augmente le nombre des avocats généraux
auprès de la Cour de justice (TFUE, art. 251, § 1er) ou encore qu’il adopte les règlements
de procédure de la Cour de justice, du Tribunal ou encore des tribunaux spécialisés
(TFUE, art. 253, al. 6, 254, al. 5 et 257, al. 5). C’est également en adoptant une décision
de portée générale à l’unanimité que le Conseil européen fixe la composition du Parle-
ment européen (TUE, art. 14, § 2). L’article 288, alinéa 4, du Traité FUE devrait égale-
ment permettre aux institutions de l’Union de recourir désormais plus largement à cet
acte de droit dérivé dans le domaine de politique étrangère et de sécurité commune.
Sans prétendre une nouvelle fois être exhaustif, on peut citer, à titre d’exemples, que
c’est en adoptant des décisions de portée générale que le Conseil européen identifie
les intérêts stratégiques de l’Union, fixe les objectifs et définit les orientations générales
de la PESC (TUE, art. 26, § 1er). C’est également en recourant à la décision de portée
générale que le Conseil prend les actes nécessaires à la définition et à la mise en œuvre
de la PESC, sur la base des orientations générales et des lignes stratégiques définies par
le Conseil européen (TUE, art. 26, § 2) ou encore qu’il fixe l’organisation et le fonction-
nement du service européen pour l’action extérieure (TUE, art. 27, § 3).

b) Un acte obligatoire dans tous ses éléments


Contrairement à la directive, obligatoire seulement quant au résultat à atteindre, la déci-
sion, qu’elle soit d’ailleurs de portée individuelle ou de portée générale, est obligatoire
dans tous ses éléments. La Cour de justice a confirmé à travers sa jurisprudence le carac-
tère obligatoire de la décision de portée individuelle en précisant qu’« une décision doit
apparaître comme un acte [...] destiné à produire des effets juridiques » (CJCE, 5 déc.
1963, Usines Emile Henricot e.a./Haute Autorité CECA, 23/63, 24/63 et 52/63, EU:
C:1963:52).

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42 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

2• LES ACTES NON DÉCISOIRES


Outre les règlements, les directives et les décisions, la nomenclature de l’article 288, du
Traité FUE mentionne également la possibilité pour les institutions de l’Union d’adopter
des recommandations et des avis. Plus particulièrement, le libellé laconique de
l’article 288, alinéa 5, du Traité FUE stipule simplement que « les recommandations et
les avis ne lient pas ». Il s’agit donc d’actes non décisoires à la disposition des institutions
de l’Union : leurs destinataires (États membres, personnes physiques ou morales) n’ont
donc pas l’obligation de s’y conformer puisque ces actes sont dépourvus de force
contraignante. Puisqu’ils ne sont pas de nature à faire grief, les recommandations et les
avis ne peuvent faire l’objet d’aucun recours juridictionnel. Néanmoins, les recomman-
dations et les avis sont des instruments très utiles pour les institutions de l’Union leur
permettant d’exprimer leur point de vue de façon non contraignante, de donner une
information voire même parfois d’annoncer des actes contraignants.

A - Les recommandations
La recommandation constitue une invitation à agir ou à adopter un certain comporte-
ment. Elle peut donc se définir comme un instrument d’orientation des comportements
et des législations nationales sans pour autant fixer d’obligation légale. En définitive, la
recommandation ne diffère de la directive que par l’absence de portée obligatoire. À ce
titre, les recommandations constituent « une source indirecte du rapprochement des
législations nationales »14.
Selon l’article 292, du Traité FUE, les recommandations peuvent être adoptées par le
Conseil, la Commission européenne ou encore la Banque centrale européenne. Plus
particulièrement, cette disposition prévoit que « le Conseil adopte des recommanda-
tions » sans plus de précisions. Ainsi, sur la base d’une conclusion du Conseil européen,
le Conseil adopte une recommandation fixant les grandes orientations des politiques
économiques des États membres et de l’Union (TFUE, art. 121, § 2). De même, le
Conseil adopte, sur proposition de la Commission, des recommandations, en vue de
contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union en matière d’éducation, de formation
professionnelle, de jeunesse et de sport (TFUE, art. 165, § 4). L’article 292, du Traité FUE
mentionne également que « la Commission, ainsi que la Banque centrale européenne
dans les cas spécifiques prévus par les traités, adoptent des recommandations ». Ainsi,
la Commission européenne a par exemple la faculté d’adresser aux États membres inté-
ressés des recommandations nécessaires à la libéralisation des services (TFUE, art. 60,
al. 2). De même, lorsqu’il y a lieu de craindre que l’établissement ou la modification
d’une disposition législative, réglementaire ou administrative d’un État membre
provoque une distorsion de concurrence sur le marché intérieur, la Commission euro-
péenne peut alors recommander à cet État membre les mesures appropriées pour
éviter la distorsion en cause (TFUE, art. 117, § 1er). Enfin, et sur recommandation

——
14. Soldatos P., Vandersanden G., « La recommandation, source indirecte des législations nationales dans
le cadre de la CEE », in Les instruments du rapprochement des législations dans le cadre de la CEE,
1976, Éd. de l’Université de Bruxelles, spéc. p. 95.

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 43

notamment de la Banque centrale européenne, le Parlement européen et le Conseil


peuvent modifier, conformément à la procédure législative ordinaire, certaines disposi-
tions des statuts du SEBC et de la BCE (TFUE, art. 129, § 3).

B - Les avis
Lorsqu’une institution ou un organe de l’Union émet un avis, ce dernier constitue, quant
à lui, l’expression de son opinion sur une situation donnée. La Commission européenne
recourt notamment à cet acte non obligatoire lorsqu’elle entend donner son point de
vue sur une question spécifique aux personnes morales ou aux États membres ou
encore lorsqu’elle souhaite se prononcer sur la conformité de pratiques ou de réglemen-
tations nationales au regard du droit de l’Union. Ainsi, dans le domaine de la politique
économique et monétaire, si la Commission estime qu’il y a un déficit excessif dans un
État membre ou qu’un tel déficit risque de se produire, elle adresse alors un avis à l’État
membre en question (TFUE, art. 126, § 5).

C - La portée des actes non décisoires


L’absence d’effet obligatoire des recommandations et des avis ne signifie pas pour
autant que ces actes ne sont pas nantis d’une portée politique certaine (notamment en
matière de rapprochement et d’harmonisation des législations nationales) voire même
d’effets juridiques. Ainsi par exemple, si un État membre ne se conforme pas à l’avis
motivé de la Commission européenne lorsqu’elle estime que ce dernier manque aux
obligations que lui imposent les traités, la Commission est alors en droit de saisir la
Cour de justice d’un recours en manquement en application de l’article 258, du Traité
FUE15. Par ailleurs, la Cour de justice admet la recevabilité des renvois préjudiciels en
interprétation pour les avis et les recommandations. S’agissant plus particulièrement de
ces dernières, la Cour de justice a souligné les effets juridiques indirects que peuvent
produire ces actes en considérant que « les juges nationaux sont tenus de prendre les
recommandations en considération, en vue de la solution de litiges qui leur sont
soumis, notamment lorsque celles-ci éclairent l’interprétation de dispositions nationales
prises dans le but d’assurer leur mise en œuvre ou encore lorsqu’elles ont pour objet de
compléter des dispositions communautaires ayant un caractère contraignant » (CJCE,
13 déc. 1989, Grimaldi, C-322/88, EU:C:1989:646, point 18). Le Tribunal a par ailleurs
précisé que « le respect volontaire des actes non contraignants des institutions est un
élément essentiel dans la réalisation des buts du traité. Il s’ensuit que le caractère non
obligatoire d’une prise de position de la part d’une institution communautaire ne
saurait être mis en question par le fait que le gouvernement destinataire de l’acte s’y
est conformé » (Tribunal, 13 déc. 1990, Nefarma e.a./Commission, T-113/89, EU:
T:1990:82, point 79).

——
15. Voy. le présent ouvrage, p. 165.

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44 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Section 2
Les actes de droit dérivé hors nomenclature
La nomenclature visée à l’article 288, du Traité FUE est loin d’être exclusive. Tout
d’abord, le Traité FUE évoque parfois dans certaines de ses dispositions des actes à voca-
tion purement interne qui ne relèvent pas de cette nomenclature et dont la portée se
limite normalement à la sphère institutionnelle. Par ailleurs, la pratique institutionnelle
a progressivement généré certains actes unilatéraux qui ont pour caractéristique
commune de n’avoir jamais été prévus par l’article 288, du Traité FUE ni même d’ailleurs
par aucune autre du Traité FUE.

1• LES ACTES ATYPIQUES


Le Traité FUE qualifie parfois abusivement certains actes de « règlements », de « direc-
tives », de « recommandations » et d’« avis » alors même que leur portée juridique
respective n’est en rien comparable avec celle des actes ainsi dénommés dans
l’article 288, du Traité FUE.

A - Les règlements régissant l’organisation


et le fonctionnement interne des institutions
Certaines dispositions du Traité FUE posent parfois obligation aux institutions et organes
de l’Union d’adopter des règlements. Plus particulièrement, les articles 232, 235, 240,
249, 287, 303, 306, du Traité FUE invitent respectivement le Parlement européen, le
Conseil européen, le Conseil, la Commission européenne, la Cour des comptes euro-
péenne, le Comité économique et social européen et le Comité européen des régions à
adopter leur règlement intérieur tout comme la Cour de justice et le Tribunal sont
appelés à arrêter leur règlement de procédure en application des articles 253 et 254,
du Traité FUE.
Bien que dénommés « règlement », de tels actes n’ont rien de commun avec le règle-
ment tel que prévu par l’article 288, alinéa 2, du Traité FUE. En effet, ces « règlements »
régissent seulement le fonctionnement et l’organisation des institutions et organes de
l’Union. De fait, de tels « règlements » sont donc dépourvus de portée générale (ils
sont seulement dotés d’une portée institutionnelle) et de force exécutoire. Ils n’ont pas,
en principe, d’effet juridique en dehors des relations interinstitutionnelles. Toutefois, la
Cour de justice n’a pas hésité à annuler une directive du Conseil pour violation du règle-
ment intérieur de cette institution (CJCE, 23 févr. 1988, Royaume-Uni/Conseil, 68/86,
EU:C:1988:85). De même, la Haute juridiction a admis que les personnes physiques et
morales sont recevables à invoquer la violation du règlement intérieur d’une institution
de l’Union au soutien de leurs conclusions dirigées contre un acte émanant de cette
institution (parmi les nombreux arrêts intervenus dans le contentieux de la fonction
publique de l’Union voy. not., en ce qui concerne seulement le règlement intérieur de
la Commission, CJCE, 9 juin 1964, Bernusset/Commission, 94/63 et 96/63, EU:

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 45

C:1964:41 ; CJCE, 4 févr. 1987, Bouteiller/Commission, 324/85, EU:C:1987:59 ; voy.


égal. dans d’autres domaines, CJCE, 29 oct. 1980, Roquette Frères/Conseil, 138/79,
EU:C:1980:249 ; CJCE, 30 juin 1988, CIDA/Conseil, 297/86, EU:C:1988:351 ; CJCE,
11 oct. 1990, FUNOC/Commission, C-200/89, EU:C:1990:356). Tirant les enseigne-
ments de cette jurisprudence constante de la Cour de justice, le Tribunal distingue
parmi les dispositions d’un règlement intérieur d’une institution, celles dont la violation
ne peut être invoquée par les personnes physiques et morales, parce qu’elles concernent
exclusivement les modalités de fonctionnement interne de l’institution qui ne sont pas
susceptibles d’affecter leur situation juridique, et celles dont la violation peut, en
revanche, être invoquée, parce qu’elles sont créatrices de droits et facteur de sécurité
juridique pour ces personnes. Le Tribunal admet ainsi qu’une personne physique ou
morale puisse demander l’annulation d’un acte émanant d’une institution dès lors que
ce dernier a été adopté en violation d’une disposition de son règlement intérieur créa-
trice de droits pour les personnes physiques ou morales (Tribunal, 27 févr. 1992,
BASF AG e.a./Commission, T-79/89, T-84/89, T-85/89, T-86/89, T-89/89, T-91/89, T-
92/89, T-94/89, T-96/89, T-98/89, T-102/89 et T-104/89, EU:T:1992:26, point 78).

B - Les directives, recommandations et avis à vocation


interinstitutionnelle
Il arrive parfois que les institutions s’adressent, entre elles, des directives, avis et recom-
mandations qui n’ont de commun avec ceux visés par l’article 288, du Traité FUE que le
nom. En effet, il s’agit une fois de plus d’actes qui n’ont aucun effet juridique en dehors
des relations interinstitutionnelles. Ainsi, le Parlement européen et surtout les organes
consultatifs, que sont le Comité européen des régions et le Comité économique et social
européen, sont fréquemment consultés par le Conseil, le Parlement européen ou la
Commission pour émettre des « avis » qui s’insèrent dans une procédure qui aboutit à
l’adoption d’un acte contraignant de droit dérivé16. On peut également mentionner les
« recommandations » présentées par la Commission ou par le haut représentant de
l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Conseil en vue d’auto-
riser l’ouverture des négociations nécessaires à la conclusion d’accords internationaux et
de désigner, en fonction de la matière de l’accord envisagé, le négociateur ou le chef de
l’équipe de négociation de l’Union conformément à l’article 218, § 3, du Traité
FUE. C’est également cette même disposition qui prévoit à son § 4 qu’une fois autorisée,
ces négociations sont conduites par le négociateur dans le cadre des « directives » que le
Conseil peut lui adresser.

——
16. Ex. : l’article 43, § 2, du Traité FUE prévoit que le Conseil et le Parlement européen établissent l’orga-
nisation commune des marchés agricoles ainsi que les autres dispositions nécessaires à la poursuite
des objectifs de la politique commune de l’agriculture et de la pêche après consultation du Comité
économique et social européen. L’article 182, § 4, du Traité FUE stipule que le Conseil arrête des
programmes spécifiques en matière de recherche et de développement technologique après consulta-
tion du Parlement européen et du Comité économique et social européen. L’article 192, § 1er, du
Traité FUE prévoit que le Parlement européen et le Conseil décident des actions à entreprendre par
l’Union en vue de réaliser les objectifs de la politique de l’environnement après consultation du
Comité économique et social européen et du Comité européen des régions.

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46 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

2• LES ACTES DÉCOULANT DE LA PRATIQUE INSTITUTIONNELLE


A - Les actes innommés
Les actes du Conseil et de la Commission non prévus par les traités, dits actes
innommés, constituent une catégorie très hétérogène dans laquelle on trouve toute
une série d’actes aux dénominations diverses et variées comme par exemple les résolu-
tions, les délibérations, les communications, les déclarations, les programmes d’action,
les conclusions, les livres blancs et verts ou encore les codes de conduite. La Cour de
justice a admis la légalité du recours à de tels actes à la condition qu’ils ne viennent pas
déroger aux traités (CJCE, 8 avril 1976, Defrenne/SABENA, 43/75, EU:C:1976:56
points 57 et 58).
Les actes non prévus par les traités n’étant pas normalement créateurs de droits, les
justiciables ne peuvent donc pas, en principe, les invoquer à l’appui d’un recours juridic-
tionnel (CJCE, 24 oct. 1973, Schlüter, 9/73, EU:C:1973:110, point 40). Toutefois, de
tels actes peuvent, dans certaines circonstances, être considérés comme de véritables
sources de droit. En effet, le juge de Luxembourg s’attache non pas à leur forme ou à
leur nature mais à leur contenu et aux obligations plus ou moins précises qu’ils peuvent
contenir pour déterminer leur éventuel effet créateur de droit. La Cour de justice ne
s’arrête donc pas à la dénomination formelle de l’acte mais recherche, par l’examen de
son contenu, si l’institution qui en est l’auteur n’a pas manifesté l’intention de se lier. La
Cour de justice a ainsi notamment admis qu’une résolution du Conseil, un code de
conduite de la Commission relatif à la mise en œuvre des financements octroyés au
titre des fonds structurels, une communication de la Commission, des instructions
internes de service dont les effets juridiques sont nouveaux par rapport aux textes
qu’elles visent à appliquer ou encore des lignes directrices dans le domaine de la concur-
rence adoptées par la Commission peuvent faire l’objet d’un recours en annulation (voy.
not., CJCE, 31 mars 1971, Commission/Conseil, 22/70, EU:C:1971:32, point 42 ;
CJCE, 13 nov. 1991, France/Commission, C-303/90, EU:C:1991:424, point 25 ;
CJCE, 13 juill. 2004, Commission/Conseil, C-27/04, EU:C:2004:436, point 97). Les
justiciables sont donc fondés à demander l’annulation des actes innommés lorsque ces
derniers créent des obligations nouvelles à l’égard des tiers et que leurs effets ne se
cantonnent pas à la sphère interne des institutions (CJCE, 6 avril 2000, Espagne/
Commission, C-443/97, EU:C:2000:190, point 28).

B - Les actes interinstitutionnels


Le Traité CE mentionnait parfois la possibilité pour les institutions d’adopter entre elles
des accords. Ainsi, l’article 193, du Traité CE stipulait que les modalités d’exercice du
droit d’enquête de l’Assemblée parlementaire étaient déterminées d’un commun

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CHAPITRE 2 – Le droit dérivé 47

accord par le Parlement européen, le Conseil et la Commission17. Toutefois, la pratique


institutionnelle est allée bien au-delà du traité. En effet, le trinôme Parlement européen/
Conseil/Commission européenne avait pris l’habitude d’adopter des accords interinstitu-
tionnels, des accords-cadres ou des déclarations communes notamment à chaque fois
qu’un aménagement des modalités de mise en œuvre des procédures prévues par le
Traité CE était nécessaire18. Il est vrai que le recours à de tels actes avait été facilité par
le fait que la déclaration de la conférence des États membres annexée au Traité de Nice
relative à l’article 10 du Traité CE consacrait la possibilité pour le Parlement européen, le
Conseil et la Commission européenne de conclure des accords interinstitutionnels dans
l’objectif de faciliter l’application des dispositions du Traité CE. Toutefois, cette déclara-
tion prenait soin de préciser que de tels accords, qui ne constituaient ni plus ni moins
qu’une pratique institutionnelle, ne pouvaient ni modifier ni compléter les dispositions
du Traité CE et ne pouvaient être conclus qu’avec l’accord de ces trois institutions (sur
ce point voy., CJCE, 23 févr. 1988, Royaume-Uni/Conseil, 68/86, EU:C:1988:85,
point 24 ; CJCE, 9 nov. 1995, Allemagne/Conseil, C-426/93, EU:C:1995:367,
point 21). Même si la Commission européenne et le Conseil définissaient l’accord inte-
rinstitutionnel comme « une [simple] déclaration d’intention de caractère politique qui
lie les trois institutions signataires politiquement et moralement, entre elles-mêmes et
vis-à-vis du public, sans pour autant constituer une obligation juridique en tant que
telle »19, les juridictions de l’Union leur reconnaissaient une portée juridique obligatoire
dès lors qu’ils contenaient des obligations suffisamment précises à la charge des institu-
tions. C’est ainsi que la Cour de justice avait annulé pour violation de l’obligation de
coopération entre la Communauté et ses États membres une décision du Conseil qui
résultait d’un arrangement entre le Conseil et la Commission (CJCE, 19 mars 1996,
Commission/Conseil, C-25/94, EU:C:1996:114) Le Tribunal avait également admis la
recevabilité d’un recours en annulation dirigé contre un accord interinstitutionnel, en
l’espèce un accord-cadre sur les relations entre le Parlement européen et la Commission,

——
17. L’article 226, du Traité FUE modifie cette procédure puisqu’à compter de l’entrée en vigueur du Traité
de Lisbonne, les modalités d’exercice du droit d’enquête du Parlement européen sont déterminées par
le Parlement européen, statuant par voie de règlements de sa propre initiative conformément à une
procédure législative spéciale, après approbation du Conseil et de la Commission.
18. Parmi les déclarations communes, accords-cadres et accords interinstitutionnels les plus significatifs,
on peut citer : l’accord interinstitutionnel du 22 décembre 1998 sur les lignes directrices communes
relatives à la qualité rédactionnelle de la législation communautaire, JOCE C 73, 17 mars 1999 ;
l’accord interinstitutionnel du 25 mai 1999 relatif aux enquêtes internes effectuées par l’Office euro-
péen de lutte antifraude, JOCE L 136, 31 mai 1999, p. 15 ; la déclaration commune concernant le
règlement (CE) nº 1049/2001 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2001 relatif à l’accès
du public aux documents du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, JOCE L 173,
27 juin 2001, p. 5 ; l’accord interinstitutionnel du 28 novembre 2001 pour un recours plus structuré à
la technique de la refonte des actes juridiques, JOCE C 77, 28 mars 2002 ; l’accord interinstitutionnel
du 17 mai 2006 sur la discipline budgétaire et la bonne gestion financière, JOUE C 139, 14 juin
2006, p. 1 ; la déclaration commune sur les modalités pratiques de la procédure de codécision, JOUE
C 145 30 juin 2007, p. 5 ; l’accord interinstitutionnel du 13 avril 2016 entre le Parlement européen,
le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne « Mieux légiférer », JOUE L123,
12 mai 2016, p. 1.
19. Voy. la position du Conseil et de la Commission européenne, Question écrite nº 169/77 de M. Jens
Maigaard au Conseil : effet juridique des déclarations communes, JOCE C 259, 27 oct. 1977, p. 4 ;
Question écrite nº 170/77 de M. Jens Maigaard à la Commission : effet juridique des déclarations
communes, JOCE C 180, 28 juill. 1977, p. 18.

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48 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

ce dernier ayant des effets juridiques à l’égard des tiers (Tribunal, Ord., 17 janv. 2002,
Stauner e.a./Parlement et Commission, T-236/00, EU:T:2002:8).
Le Traité de Lisbonne entérine purement et simplement la pratique et la jurisprudence
antérieures puisque l’article 295, du Traité FUE prévoit désormais que « le Parlement
européen, le Conseil et la Commission procèdent à des consultations réciproques et
organisent d’un commun accord les modalités de leur coopération. À cet effet, ils
peuvent, dans le respect des traités, conclure des accords interinstitutionnels qui
peuvent revêtir un caractère contraignant ».

BIBLIOGRAPHIE

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DE SADELEER N., HACHEZ I., « Hiérarchie et typologie des actes juridiques de l’Union euro-
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SIMON D., « Directive (Eur.)», Rép. eur. Dalloz (2018).

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CHAPITRE 3
Le droit conventionnel

L’Union européenne dispose d’une capacité conventionnelle propre lui permettant de


négocier et de conclure des accords externes tant avec les pays tiers qu’avec les autres
organisations internationales. Outre ces accords externes (Section 1), les accords conclus
par et entre les États membres seront également évoqués dans ce chapitre (Section 2).

Section 1
Les accords de l’Union européenne

1• LE DROIT DE TRAITER AVEC DES ÉTATS TIERS


OU DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, seules les Communautés européennes


étaient dotées d’une personnalité juridique (TCE, art. 281 ; TCEEA, art. 184). Néan-
moins, le Traité UE conférait compétence à l’Union, depuis le Traité d’Amsterdam, pour
conclure des accords internationaux avec des pays tiers ou des organisations internatio-
nales tant dans le domaine de la PESC (TUE, art. 24, al. 1er) que dans celui de la CPJP
(TUE, art. 38). Le Traité de Lisbonne met fin à cette situation quelque peu ambiguë
puisque, en se substituant et en succédant à la Communauté européenne (TUE,
art. 1er), l’Union dispose, depuis l’entrée en vigueur de ce dernier traité en date, d’une
personnalité juridique pleine et entière (TUE, art. 47).
La reconnaissance de cette personnalité juridique a notamment pour conséquence
qu’en application de l’article 216, § 1er, du Traité FUE, « l’Union peut conclure un
accord avec un ou plusieurs pays tiers ou organisations internationales lorsque les
traités le prévoient ou lorsque la conclusion d’un accord, soit est nécessaire pour réaliser,
dans le cadre des politiques de l’Union, l’un des objectifs visés par les traités, soit est
prévue dans un acte juridique contraignant de l’Union, soit encore est susceptible
d’affecter des règles communes ou d’en altérer la portée ». Cette disposition, qui
résulte du Traité de Lisbonne, ne fait que reprendre à son compte l’apport de la jurispru-
dence antérieure de la Cour de justice qui avait largement contribué au renforcement
des compétences externes des Communautés européennes.
En effet, l’Union européenne dispose désormais, en sa qualité de « légataire universel »
de la Communauté européenne, d’une compétence externe très étendue.

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50 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

En premier lieu, l’Union européenne peut conclure des accords internationaux dans tous
les domaines où elle s’est vue expressément conférer une compétence externe par les
traités. Ainsi, dans le domaine de la PESC, l’article 37, du Traité UE prévoit que l’Union
peut conclure des accords avec un ou plusieurs États ou organisations internationales.
De même, plusieurs dispositions du Traité FUE confèrent également expressément
compétence à l’Union pour conclure des accords internationaux1.
En second lieu, l’Union européenne peut aussi, en dehors de ces clauses d’attribution
expresse de compétence externe, conclure des accords internationaux dans les
domaines pour lesquels elle dispose seulement d’une compétence interne dès lors que
la conclusion de tels accords est notamment prévue dans un acte juridique contraignant
de l’Union ou encore nécessaire pour réaliser un objectif poursuivi par les traités. Ce
dernier motif, fondé sur le principe du parallélisme des compétences internes et
externes, avait été dégagé par la Cour de justice à partir de sa célèbre jurisprudence A.
E.T.R. de mars 1971 (CJCE, 31 mars 1971, Commission/Conseil, 22/70, EU:C:1971:32,
points 17 et s.). Fondant son raisonnement sur la base de la théorie des compétences
implicites2, la Haute juridiction avait en effet admis dans cette jurisprudence que la
Communauté économique européenne était compétente, même en l’absence d’une
attribution explicite du Traité CEE, pour conclure des accords externes dans tous les
domaines où elle disposait d’une compétence interne en vue de réaliser un objectif
déterminé par le traité et où l’adoption d’un engagement international apparaît néces-
saire à la réalisation de cet objectif (pour une illustration voy. égal., CJCE, 26 avril 1977,
Projet d’accord relatif à l’institution d’un Fonds européen d’immobilisation de la
navigation intérieure, avis 1/76, EU:C:1977:63, point 3 ; CJCE, 19 mars 1993,
Convention nº 170 de l’OIT concernant la sécurité dans l’utilisation des produits
chimiques, avis 2/91, EU:C:1993:106, point 3)3. Ainsi, l’Union européenne dispose
d’une compétence externe implicite pour conclure des accords internationaux avec des
États tiers et des organisations internationales, sous réserve que les institutions de
l’Union aient déjà adopté des mesures internes, que la participation de l’Union à
l’accord soit nécessaire à la réalisation d’un des objectifs de l’Union et que l’accord lui-
même vise à régir des situations internes à l’Union. L’article 3, § 2, du Traité FUE, tel qu’il
résulte du Traité de Lisbonne, confirme d’ailleurs implicitement et conforte la théorie des
compétences implicites lorsqu’il précise que « l’Union dispose également d’une compé-
tence exclusive pour la conclusion d’un accord international lorsque cette conclusion [...]
est nécessaire pour lui permettre d’exercer sa compétence interne ». L’article 216,
§ 1er, du Traité FUE en fait également de même quand il mentionne que « l’Union peut
conclure un accord avec un ou plusieurs pays tiers ou organisations internationales [...]
lorsque la conclusion d’un accord [...] est nécessaire pour réaliser, dans le cadre des

——
1. Ex. : dans le domaine monétaire ou de change (TFUE, art. 219, § 1er et 3) ; dans le cadre de la poli-
tique commerciale commune (TFUE, art. 207, § 3) et des accords d’association (TFUE, art. 217) ; en
matière de recherche et de développement technologique (TFUE, art. 186), d’environnement (TFUE,
art. 191, § 4) et de coopération au développement (TFUE, art. 211).
2. Sur la question des compétences implicites voy., Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union
européenne, préc., spéc. p. 74.
3. La Cour de justice avait été amenée par la suite à nuancer quelque peu la portée de sa théorie des
compétences implicites (sur ce point voy. plus part., CJCE, 15 nov. 1994, Compétence de la
Communauté pour conclure des accords internationaux en matière de services et de protec-
tion de la propriété intellectuelle, avis 1/94, EU:C:1994:384).

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CHAPITRE 3 – Le droit conventionnel 51

politiques de l’Union, l’un des objectifs visés par les traités [...] ». Lorsque l’objet de
l’accord se cantonne aux domaines de compétences exclusives de l’Union4, cette
dernière conclut seule l’accord avec le ou les pays tiers ou encore avec la ou les autres
organisations internationales. En revanche, si l’objet de l’accord va au-delà des seules
compétences exclusives de l’Union et qu’on se situe dans un domaine de compétences
partagées5, cet accord est alors conclu conjointement par les États membres et l’Union
européenne. Il s’agit alors d’un accord mixte6.
Dès leur entrée en vigueur, les accords et traités internationaux conclus par l’Union font
partie intégrante de son ordre juridique (CJCE, 30 avril 1974, Haegeman, 181/73, EU:
C:1974:41, point 5 ; CJCE, 30 sept. 1987, Demirel, 12/86, EU:C:1987:400, point 7) et
lient tout autant les institutions de l’Union (CJCE, 5 oct. 1994, Allemagne/Conseil, C-
280/93, EU:C:1994:367, point 56)7 que les États membres (CJCE, 26 oct. 1982, Kupfer-
berg, 104/81, EU:C:1982:362, point 11) (TFUE, art. 216, § 2). La Cour de justice a par
ailleurs admis qu’il en était de même pour les accords mixtes. En revanche, un accord ou
traité international ne saurait être opposable aux justiciables tant qu’il n’a pas été publié.
En pratique, le Conseil adopte le plus souvent une décision de portée générale en
annexe de laquelle l’accord ou le traité international est reproduit. La Cour de justice a
précisé qu’un tel procédé ne pouvait pas s’apparenter à une procédure d’introduction/
transformation/réception des accords ou des traités internationaux dans l’ordre juridique
de l’Union.

2• LES ACTES UNILATÉRAUX ADOPTÉS PAR LES ORGANES


GÉNÉRÉS PAR CERTAINS ACCORDS EXTERNES

Lorsque les accords externes entre l’Union européenne et un ou plusieurs pays tiers ou
organisations internationales instituent des organes de gestion8 et leur confèrent un
pouvoir de décision, les actes obligatoires unilatéraux pris par ces instances font, à
partir de leur entrée en vigueur, partie intégrante de l’ordre juridique de l’Union au
même titre que les accords ou traités eux-mêmes (CJCE, 14 oct. 1989, Grèce/Commis-
sion, 30/88, EU:C:1989:422, point 13 ; CJCE, 20 sept. 1990, Sevince, C-192/89, EU:
C:1990:322, point 9).

——
4. Sur la question des compétences exclusives voy. Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union
européenne, préc., spéc. p. 76.
5. Sur la question des compétences partagées voy. Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union
européenne, préc., spéc. p. 77.
6. Ex. : Accord euro-méditerranéen instituant une association entre la Communauté européenne et ses
États membres, d’une part, et la République libanaise, d’autre part (JOUE L 143, 30 mai 2006, p. 1) ;
Accord euro-méditerranéen établissant une association entre la Communauté européenne et ses
États membres, d’une part, et la République Algérienne démocratique et populaire, d’autre part
(JOUE L 265, 10 oct. 2005, p. 2) ; Accord de partenariat entre les membres du groupe des États
d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses États
membres, d’autre part, signé à Cotonou le 23 juin 2000 (JOCE L 317, 15 déc. 2000, p. 3).
7. Dès lors que l’accord international entre en vigueur, les institutions de l’Union ne peuvent plus appli-
quer les normes de droit dérivé contraires aux dispositions de cet accord.
8. Ex. : les accords d’association (TFUE, art. 217), les accords de coopération (TFUE, art. 218).

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52 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

3• LA PLACE DES ACCORDS EXTERNES DANS LA HIÉRARCHIE


DES NORMES DE L’UNION

Les accords externes conclus par l’Union européenne occupent un rang supérieur au
droit dérivé et inférieur au droit primaire dans la hiérarchie des normes de l’Union.

A - La subordination du droit conventionnel au droit


primaire
Les accords externes sont de rang inférieur au droit primaire. En effet, de tels accords
sont systématiquement conclus en application des traités. D’ailleurs, si la Cour de
justice n’a pas la capacité d’annuler un accord externe, elle peut par contre parfaitement
annuler la décision de portée générale portant conclusion de cet accord notamment
lorsqu’elle constate son incompatibilité avec un traité ou un principe général du droit
(CJCE, 10 mars 1998, Allemagne/Conseil, C-122/95, EU:C:1998:94). Une telle annula-
tion a pour conséquence de priver d’effets juridiques l’accord externe dans l’ordre juri-
dique de l’Union. Par ailleurs, l’article 218, § 11, du Traité FUE institue une procédure
permettant à la Cour de justice de contrôler la compatibilité d’un accord avec les traités
avant la conclusion définitive de ce dernier. En cas d’incompatibilité entre les deux, c’est-
à-dire lorsque l’accord envisagé fait l’objet d’un avis négatif de la Cour, ce dernier ne
peut entrer en vigueur qu’après modification de celui-ci ou encore révision des traités9.
On voit donc bien que les accords externes sont subordonnés aux traités.

B - L’autorité du droit conventionnel sur le droit dérivé


Les accords externes sont de rang supérieur au droit dérivé dans la mesure où de tels
accords « lient les institutions de l’Union » en application de l’article 216, § 2, du Traité
FUE. L’incompatibilité d’un acte émanant des institutions avec un accord externe liant
l’Union européenne est donc susceptible d’entraîner l’annulation de cet acte par le
juge de Luxembourg (CJCE, 10 mars 1992, NMB/Commission, C-188/88, EU:
C:1992:114 ; Tribunal, 27 janv. 2000, BEUC/Commission, T-256/97, EU:T:2000:21).
Par ailleurs, « la primauté des accords internationaux conclus par la Communauté sur
les actes de droit communautaire dérivé commande d’interpréter ces derniers, dans la
mesure du possible, en conformité avec lesdits accords » (sur ce point voy. not., CJCE,
10 sept. 1996, Commission/Allemagne, C-61/94, EU:C:1996:313, point 52 ; CJCE,
19 févr. 2009, Soyal et Savatli, C-228/06, EU:C:2009:101, point 59).

——
9. Sur la question des attributions consultatives de la Cour de justice voy., Leclerc S., Mémentos – Les
institutions de l’Union européenne, préc., spéc. p. 149.

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CHAPITRE 3 – Le droit conventionnel 53

Section 2
Les accords des États membres

1• LES ACCORDS CONCLUS ENTRE LES ÉTATS MEMBRES


A - Les accords entre États membres en application
des traités constitutifs
Avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, les traités prévoyaient parfois la possibi-
lité pour les États membres de conclure entre eux des accords afin d’en assurer l’exécu-
tion. Plus particulièrement, l’article 293, du Traité CE, abrogé par le Traité de Lisbonne,
habilitait ainsi les États membres à conclure des conventions dans les domaines de la
protection des personnes, de l’élimination de la double imposition à l’intérieur de la
Communauté, la reconnaissance mutuelle des sociétés et la simplification des formalités
de reconnaissance et d’exécution des décisions judiciaires et des sentences arbitrales. De
même, l’article 34, § 2, point d, du Traité UE relatif à la CPJP, également abrogé par le
Traité de Lisbonne, prévoyait que le Conseil pouvait « établir des conventions dont il
recommande l’adoption par les États membres selon leurs règles constitutionnelles
respectives ». Sauf dispositions contraires, ces conventions, une fois adoptées par la
moitié au moins des États membres, entraient en vigueur dans les États membres qui
les avaient adoptées. Les États membres et le Conseil avaient tous deux fait usage à de
nombreuses reprises des possibilités offertes par les articles 293, du Traité CE10 et 34, §
2, point d, du Traité UE11 pour établir des conventions. Ces actes, de nature convention-
nelle, étaient soumis à la ratification des États membres conformément à leurs règles
constitutionnelles respectives. De telles conventions ne devaient pas être cataloguées
parmi les actes imputables aux institutions de l’Union mais comme des normes de droit
international émanant de la collectivité des États membres et non détachables de l’ordre
juridique de l’Union. Le Traité de Lisbonne met un terme à la pratique des conventions
sans pour autant remettre en cause celles antérieurement passées par les États membres
dans le cadre du Traité UE. En effet, le protocole (nº 36) sur les dispositions transitoires
prévoit, à l’article 9 de son titre VII concernant les dispositions transitoires relatives aux

——
10. Ex. : Convention de Bruxelles de 1968 concernant la compétence judiciaire et l’exécution des décisions
en matière civile et commerciale, JOCE L 299, 31 déc. 1972, p. 32 ; Convention nº 90/436/CEE sur
l’élimination des doubles impositions en cas de correction des bénéfices d’entreprises associées, JOCE
L 225, 20 août 1990, p. 10.
11. Ex. : Convention de 1995 relative à la procédure simplifiée d’extradition, JOCE C 78, 30 mars 1995,
p. 2 ; Convention de 1995 portant création d’un office européen de police (dénommée Convention
Europol), JOCE C 316, 27 nov. 1995, p. 2 ; Convention de 1996 relative à l’extradition, JOCE C 313,
23 oct. 1996, p. 12 ; Convention de 1997 relative à la signification et à la notification des actes judi-
ciaires et extrajudiciaires en matière civile et commerciale, JOCE C 261, 27 août 1997, p. 2 ; Conven-
tion de 1997 relative à la lutte contre la corruption, JOCE C 195, 25 juin 1997, p. 2 ; Convention de
1998 relative aux décisions de déchéance du permis de conduire, JOCE C 216, 10 juill. 1998, p. 1 ;
Convention de 2000 relative à l’entraide judiciaire en matière pénale entre les États membres de
l’Union européenne, JOCE C 197, 12 juill. 2000, p. 3.

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54 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

actes adoptés sur la base des titres V (PESC) et VI (CPJP) du Traité UE avant l’entrée en
vigueur du Traité de Lisbonne, que : « Les effets juridiques des actes des institutions,
organes et organismes de l’Union adoptés sur la base du Traité UE avant l’entrée en
vigueur du Traité de Lisbonne sont préservés aussi longtemps que ces actes n’auront
pas été abrogés, annulés ou modifiés en application des traités. Il en va de même des
conventions conclues entre les États membres sur la base du Traité sur
l’Union européenne ».
Le Traité FUE prévoit parfois que les représentants des gouvernements des États
membres arrêtent des décisions. Plus particulièrement, il appartient aux gouvernements
des États membres, agissant alors conjointement en qualité de représentants de la
collectivité des États membres, de désigner les membres du comité consultatif en
matière de transports (TFUE, art. 99), de nommer d’un commun accord pour six ans les
juges et avocats généraux de la Cour de justice (TUE, art. 19, § 2 ; TFUE, art. 253, al. 1er)
ainsi que les membres du Tribunal (TFUE, art. 254, al. 2) ou encore de fixer le siège des
institutions de l’Union (TFUE, art. 341)12. De telles « décisions » ne doivent pas être
confondues avec les actes de droit dérivé du même nom prévus par l’article 288,
alinéa 4, du Traité FUE dans la mesure où elles sont en fait de véritables accords en
forme simplifiée conclus entre les gouvernements des États membres au sein du
Conseil, certains d’entre eux ayant été soumis aux formalités d’approbation nationales13.
En pratique, ces actes conventionnels interétatiques, publiés au Journal officiel de
l’Union européenne, ont aujourd’hui un caractère exceptionnel. Ils échappent toutefois
à tout contrôle de légalité de la Cour de justice. En effet, la Haute juridiction a jugé en
substance que si le recours en annulation est ouvert à l’égard de toutes dispositions
prises par les institutions, organes et organismes de l’Union, quels qu’en soient la
nature, la forme ou le libellé, qui visent à produire des effets en droit, « les actes
adoptés par les représentants des États membres agissant non pas en qualité de
membres du Conseil, mais en qualité de représentants de leur gouvernement, et exer-
çant ainsi collectivement les compétences des États membres, ne sont pas soumis au
contrôle de légalité exercé par la Cour de justice » (CJCE, 30 juin 1993, Parlement/
Conseil et Commission, C-181/91 et C-248/91, EU:C:1993:271, point 12). De
même, s’ils sont également exempts d’un renvoi préjudiciel en appréciation de validité
devant la Cour puisque constituant « l’expression d’une action concertée des États en
tant que sujets de droit international et non des actes d’une institution »14, il semble
néanmoins qu’on pourrait parfaitement concevoir qu’un recours en manquement
puisse être engagé par la Commission européenne à l’encontre de l’ensemble des États

——
12. Marc Blanquet constate néanmoins que par le passé, les représentants des gouvernements des États
membres, réunis parfois au niveau des chefs d’État ou de gouvernement, avaient également recouru
de temps à autre à ce type d’actes « spontanément, en dehors même de toute mention des traités,
pour prendre les mesures requises par le bon développement des Communautés qui, compte tenu
du principe de la compétence d’attribution, ne pouvaient être adoptées par les institutions commu-
nautaires elles-mêmes ». Blanquet M., Droit général de l’Union européenne, 11e éd., 2018, Sirey,
spéc. point 701.
13. Ex. : Décision 76/787/CECA, CEE, CEEA des représentants des gouvernements des États membres
réunis au sein du Conseil du 20 septembre 1976 relative à l’Acte portant élection des représentants à
l’Assemblée au suffrage universel direct, JOCE L 278, 8 oct. 1976 p. 1.
14. Van Raepenbusch S., Droit institutionnel de l’Union européenne, 2e éd., 2016, Larcier, spéc. p. 430.

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CHAPITRE 3 – Le droit conventionnel 55

membres, envisagés collectivement, si une décision des représentants des gouverne-


ments des États membres était incompatible avec les traités15.

B - Les accords entre États membres en dehors des traités


constitutifs
Avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, les États membres avaient également
conclu, dans le cadre de leur compétence internationale résiduelle, des conventions
dans des domaines qui participaient, ou tout du moins étaient utiles, à la réalisation
des objectifs poursuivis par les traités mais qui se situaient en dehors de leur champ
d’application16. De telles conventions échappaient normalement à la compétence de la
Cour de justice. Le Traité de Lisbonne n’interdit pas aux États membres d’adopter de
telles conventions sous réserve toutefois que leurs dispositions ne viennent pas remettre
en cause l’application d’une disposition des traités ou du droit dérivé, voire même
qu’elles nuisent au bon fonctionnement des institutions de l’Union. En effet, la Cour de
justice avait eu l’opportunité de juger que « si l’application d’une disposition des traités
ou du droit dérivé de ceux-ci ou encore le fonctionnement des institutions communau-
taires était entravé par une mesure prise dans le cadre de la mise en œuvre d’une
convention conclue entre les États membres hors du champ d’application des traités,
[...] la mesure en question pourrait être considérée comme contraire aux obligations
découlant de l’article 5, alinéa 2, du Traité CEE [TUE, art. 4, § 3] » (CJCE, 15 janv. 1986,
Hurd, 44/84, EU:C:1986:2, point 39).

2• LES ACCORDS CONCLUS PAR LES ÉTATS MEMBRES AVEC


DES PAYS TIERS OU DES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES

On opère une distinction selon que l’accord a été conclu avant ou après l’entrée en
vigueur des traités constitutifs ou l’adhésion à l’Union.

A - Les accords antérieurs à l’entrée en vigueur des traités


ou à l’adhésion à l’Union
L’article 351, alinéa 1er, du Traité FUE prévoit que « les droits et obligations résultant de
conventions conclues antérieurement au 1er janvier 1958 ou, pour les États adhérents,
antérieurement à la date de leur adhésion, entre un ou plusieurs États membres, d’une

——
15. Sur ce point voy., Joliet R., Le droit institutionnel des Communautés européennes. Les institutions, Les
sources. Les rapports entre ordres juridiques, 1983, Faculté de Droit de Liège, spéc. p. 187 et s.
16. Ex. : Accord de Luxembourg de 1989 en matière de brevets communautaires, JOCE L 401, 30 déc.
1989, p. 1 ; Accord de Schengen de 1985 relatif à la suppression graduelle des contrôles aux fron-
tières communes, JOCE L 239, 22 sept. 2000, p. 13 ; Convention d’application de 1990 de l’Accord
de Schengen du 14 juin 1985, JOCE L 239, 22 sept. 2000, p. 19.

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56 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

part, et un ou plusieurs États tiers, d’autre part, ne sont pas affectés par les dispositions
des traités ». Selon la Cour de justice, cette disposition « a pour objet de préciser,
conformément aux principes du droit international, que l’application du traité n’affecte
pas l’engagement de l’État membre concerné de respecter les droits des États tiers résul-
tant d’une convention antérieure et d’observer ses obligations correspondantes » (CJCE,
14 oct. 1980, Burgoa, 812/79, EU:C:1980:231, point 8).
Si l’article 351, du Traité FUE permet aux États membres de respecter leurs obligations
résultant de conventions internationales antérieures aux traités ou à leur adhésion, il ne
les autorise pas pour autant à se prévaloir des droits découlant de telles conventions
pour se soustraire aux obligations que le droit de l’Union leur impose (CJCE, 2 août
1993, Levy, C-158/91, EU:C:1993:332, point 12 ; CJCE, 2 juill. 1996, Commission/
Luxembourg, C-473/93, EU:C:1996:263, point 40). Le juge de Luxembourg a égale-
ment précisé que cette disposition implique « l’obligation des institutions de la Commu-
nauté de ne pas entraver l’exécution des engagements des États membres découlant
d’une convention antérieure » (CJCE, 14 oct. 1980, Burgoa, 812/79, EU:C:1980:231,
point 9).
L’article 351, alinéa 1er, du Traité FUE n’a donc pas pour objet, ni même pour effet,
d’opérer un transfert automatique à l’Union européenne des engagements contractés
par les États membres antérieurement à l’entrée en vigueur des traités ou à leur adhé-
sion. La Cour de justice a toutefois considéré que l’Union pouvait, dans les domaines
où elle s’est vue conférer une compétence exclusive, être liée par des accords internatio-
naux conclus par les seuls États membres avant leur adhésion. Les droits et obligations
découlant d’accords internationaux antérieurs à l’adhésion ont donc parfois été trans-
férés à l’Union européenne mais seulement avec le consentement des États tiers. C’est
ainsi que la Cour de justice a admis en son temps que la Communauté économique
européenne était liée par les dispositions de l’Accord GATT de 1949 sans en être pour
autant partie contractante (CJCE, 12 déc. 1972, International Fruit Company e.a.,
21/72 à 24/72, EU:C:1972:115). La Haute juridiction a jugé qu’une convention interna-
tionale non ratifiée par la Communauté européenne peut néanmoins la lier et faire
partie des dispositions que cette juridiction peut interpréter, si dans le champ d’applica-
tion de cette convention, la Communauté « a assumé les compétences précédemment
exercées par les États membres » (voy. not., CJCE, 3 juin 2008, Intertanko e.a., C-308/
06, EU:C:2008:312, point 48 ; CJCE, 22 oct. 2009, Bogiatzi, C-301/08, EU:
C:2009:649, point 25 : à propos de la Convention de Varsovie pour l’unification des
certaines règles relatives au transport aérien international du 12 octobre 1929). Le juge
de Luxembourg a fait usage de cette jurisprudence au bénéfice de la Convention
de Bruxelles sur la nomenclature douanière du 15 décembre 1950 (CJCE, 19 nov.
1975, Douaneagent der Nederlandse Spoorwegen, 38/75, EU:C:1975:154). En
revanche, une telle transmission n’est pas envisageable dans les domaines dans lesquels
les États membres n’ont pas transféré leur compétence à l’Union européenne (CJCE,
14 juill. 1994, Peralta, C-379/92, EU:C:1994:296, point 16).
Si ces conventions ne sont pas compatibles avec les traités, l’article 351, alinéa 2, du
Traité FUE dispose que « le ou les États membres en cause recourent à tous les moyens
appropriés pour éliminer les incompatibilités constatées. En cas de besoin, les États
membres se prêtent une assistance mutuelle en vue d’arriver à cette fin et adoptent le
cas échéant une attitude commune ». La formulation de cette disposition est sans équi-
voque : si la révision d’un accord par voie de négociation diplomatique est impossible,

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CHAPITRE 3 – Le droit conventionnel 57

l’État membre a l’obligation de dénoncer unilatéralement son engagement conven-


tionnel (sur ce point voy. not., CJCE, 4 juill. 2000, Commission/Portugal, C-62/98,
EU:C:2000:358 ; CJCE, 3 mars 2009, Commission/Autriche, C-205/06, EU:
C:2009:118 ; CJCE, 3 mars 2009, Commission/Suède, C-249/06, EU:C:2009:119).

B - Les accords postérieurs à l’entrée en vigueur des traités


ou à l’adhésion à l’Union
L’adhésion à l’Union européenne induit l’interdiction pour les États membres de
conclure des accords internationaux susceptibles de porter atteinte aux obligations que
leur impose le droit de l’Union (CJCE, 13 oct. 1992, Portugal et Espagne/Conseil, C-
63/90 et C-67/90, EU:C:1992:381). Si tel était le cas, le non-respect de ces obligations
ouvrirait droit à une action en manquement (TFUE, art. 258 à 260) et les États membres
concernés devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l’infraction
(pour une illustration voy. CJCE, 24 avril 2007, Commission/Pays-Bas, C-523/04, EU:
C:2007:244 : à propos du maintien en vigueur, malgré la renégociation, de l’accord
relatif au transport aérien conclu entre les Pays-Bas et les États-Unis d’Amérique le
3 avril 1957, matière relevant du champ de compétence exclusive de l’Union, incompa-
tible avec le droit de l’Union). Il s’agirait alors pour l’État membre de renégocier cet
accord et d’apporter les modifications indispensables pour qu’il soit compatible avec le
droit de l’Union, ou d’en suspendre l’application, voire même, le cas échéant, de le
dénoncer unilatéralement. Une telle situation ne manquerait pas de susciter de graves
difficultés avec les tiers contractants.

BIBLIOGRAPHIE

KOVAR R., « La contribution de la Cour de justice au développement de la condition interna-


tionale de la Communauté », CDE, nº 5/1978, p. 529.
MICHEL V., « Les compétences externes implicites : continuité jurisprudentielle et clarification
méthodologique », Europe, nº 10/2006, p. 4.
NEFRAMI E., Les accords mixtes de la Communauté européenne : aspects communautaires et
internationaux, 2007, Bruylant, coll. Droit de l’Union européenne.
NEFRAMI E., « Accords internationaux. Statut des accords internationaux dans l’ordre juridique
de l’Union européenne», JCl. Europe Traité, fasc. 192-2 (2011).
RIDEAU J., « Accords internationaux (Eur.) », Rép. eur. Dalloz (2014).

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CHAPITRE 4
Le droit jurisprudentiel

Le droit jurisprudentiel comprend les sources non écrites du droit de l’Union que sont la
jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (Section 1) et les principes
généraux du droit (Section 2).

Section 1
La jurisprudence de la Cour de justice
de l’Union européenne

1• LA FONCTION NORMATIVE DU JUGE DE LUXEMBOURG


Les traités confient mission à la Cour de justice de l’Union européenne d’assurer le
respect du droit dans l’interprétation et l’application des traités (TUE, art. 19, § 1er ;
TCEEA, art. 136). À ce titre, l’article 267, du Traité FUE, et depuis l’entrée en vigueur du
Traité de Nice l’article 256, du Traité FUE, confient la responsabilité à la Cour de justice
et au Tribunal d’assurer l’interprétation du droit primaire et du droit qui en dérive par
l’intermédiaire des questions préjudicielles qui leur sont posées par les juridictions
nationales1. Ces deux juridictions disposent donc d’une compétence exclusive en
matière d’interprétation du droit de l’Union puisqu’elles seules sont habilitées par le
Traité FUE à délivrer « la seule interprétation authentique »2 du droit de l’Union. D’ail-
leurs, ce monopole de l’interprétation du droit de l’Union se traduit également par le
fait que ces interprétations sont obligatoires (CJCE, 18 juin 1970, Krohn, 74/69, EU:
C:1970:58). Or, l’interprétation du droit de l’Union conduit bien souvent le juge
de Luxembourg à préciser non seulement le sens des dispositions de droit primaire ou
de droit dérivé mais également à en combler les lacunes lorsque ces dispositions se révè-
lent incomplètes ou trop générales. Il est vrai que le juge de l’Union est bien souvent
confronté à des normes ou notions juridiques dont le contenu s’avère imparfait,
inachevé voire même lacunaire. Souvent, le juge de l’Union ne se cantonne donc pas
seulement à appliquer et à interpréter le droit, il joue aussi un rôle créateur de droit et

——
1. Voy. le présent ouvrage, p. 183.
2. Selon l’expression de Boulouis J., Droit institutionnel de l’Union européenne, 6e éd., 1997, Montchres-
tien, spéc. p. 234.

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60 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

apparaît, à ce titre, comme un législateur d’appoint ou de substitution. Sean Van


Raepenbusch observe même fort justement que « la jurisprudence a ainsi souvent préfi-
guré une évolution législative »3. On comprend dès lors l’influence que la jurisprudence
des juridictions de l’Union peut avoir en tant que source du droit de l’Union.

2• LES MÉTHODES D’INTERPRÉTATION DU JUGE


DE LUXEMBOURG

Cette mission créatrice de droit n’a été rendue possible que par le recours à des
méthodes d’interprétation du droit de l’Union particulièrement dynamiques. En effet,
et sans exclure le recours parfois à des méthodes classiques d’interprétation4, les juridic-
tions de l’Union n’hésitent pas à faire usage de techniques plus audacieuses et construc-
tives. Elles préfèrent en effet recourir à l’interprétation systématique du droit de l’Union
s’appuyant sur la place et la fonction de la disposition à interpréter dans le système
général des traités et dans l’ensemble de la réglementation en cause et, plus fréquem-
ment, à l’interprétation téléologique qui consiste à interpréter la disposition en cause à
la lumière de ses finalités (CJCE, 13 mars 1973, Mij PPW International NV, 61/72, EU:
C:1973:28) ou de ses objectifs (CJCE, 13 févr. 1969, Wilhelm e.a., 14/68, EU:
C:1969:4). Le juge de l’Union fait d’ailleurs le plus souvent une utilisation conjointe de
ces deux méthodes (pour une illustration voy., CJCE, 8 avril 1976, Defrenne/SABENA,
43/75, EU:C:1976:56)5.
Le droit de l’Union est donc, pour une large part, un droit prétorien. Cette situation
s’explique en grande partie par le fait que l’ordre juridique de l’Union est un système
de droit en voie de formation qui est sans cesse enrichi et consolidé par le biais de la
jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. Ainsi, la reconnaissance de
l’effet direct du droit de l’Union6, de sa primauté7 ou encore du principe du parallélisme
des compétences internes et externes de l’Union européenne8 sont autant d’exemples
qui illustrent la volonté du juge de Luxembourg d’apporter sa contribution à la consoli-
dation et au développement de l’ordre juridique de l’Union.

——
3. Van Raepenbusch S., Droit institutionnel de l’Union européenne, préc., spéc. p. 510.
4. Comme not. l’interprétation littérale lorsque la disposition à interpréter est claire et sans équivoque.
5. Pour une illustration de l’utilisation faite par les avocats généraux des différentes méthodes d’inter-
prétation voy. not. les conclusions de l’avocat général Paolo Mengozzi présentées le 30 avril 2014,
Noorzia, C-338/13, EU:C:2014:288.
6. Voy. le présent ouvrage, p. 81.
7. Ibid., p. 99.
8. Ibid., p. 50.

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 61

Section 2
Les principes généraux du droit
Les principes généraux du droit constituent aujourd’hui une source importante du droit
de l’Union. Il est vrai que le juge de Luxembourg fait un usage d’autant plus abondant
de ces règles de droit non écrites qu’il dispose d’une totale liberté pour aller glaner dans
les autres systèmes juridiques et en extraire les principes et les règles qu’il intègre dans
l’ordre juridique de l’Union en qualité de principes généraux du droit dont il assure la
protection. Puisque découlant directement du travail d’analyse et d’interprétation du
juge de Luxembourg, les principes généraux du droit représentent sans nul doute la
manifestation la plus aboutie de son œuvre prétorienne. Après avoir déterminé l’origine
et le contenu des principes généraux du droit, il conviendra d’en délimiter la portée.

1• L’ORIGINE ET LE CONTENU DES PRINCIPES GÉNÉRAUX


DU DROIT

Les sources d’inspiration des principes généraux du droit sont multiples. Certains d’entre
eux, auxquels les juridictions de l’Union se réfèrent, découlent de la nature même de
l’Union et de l’économie du système établi par les traités, d’autres sont communs aux
droits et systèmes juridiques des États membres, d’autres encore sont issus du droit
international public, d’autres enfin ont été érigés par le juge de l’Union en droits
fondamentaux.

A - Les principes généraux du droit inhérents au système


de l’Union
Il s’agit de l’ensemble des règles et principes consacrés par les traités constitutifs « qui
sont à la base du système institutionnel » de l’Union (CJCE, 21 sept. 1983, Deutsche
Milchkontor GbmH e.a., 205/82 à 215/82, EU:C:1983:233, point 17) et « sans
lesquels l’armature de la construction de l’Union, qui est constamment appelée à se
développer, s’effondrerait »9.
Sans prétendre être exhaustif, on peut ainsi considérer comme inscrits parmi les fonde-
ments de l’Union : le principe de solidarité entre les États membres (CJCE, 7 févr. 1973,
Commission/Italie, 39/72, EU:C:1973:5613, point 25), le principe de préférence de
l’Union dans le domaine agricole (CJCE, 13 mars 1968, Beus GmbH, 5/67, EU:
C:1968:13), le principe de l’équilibre institutionnel (CJCE, 13 juin 1958, Meroni/Haute
Autorité CECA, 9/56, EU:C:1958:7), le principe de libre circulation applicable aux
personnes, aux marchandises, aux services et aux capitaux (s’agissant de l’article 45, du
Traité FUE relatif à la libre circulation des travailleurs voy. not., CJCE, 19 mars 1964,
Unger, 75/63, EU:C:1964:19 ; s’agissant de l’article 49, du Traité FUE relatif à la liberté

——
9. Van Raepenbusch S., Droit institutionnel de l’Union européenne, préc., spéc. p. 506.

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62 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

d’établissement voy. not., CJCE, 21 juin 1974, Reyners, 2/74, EU:C:1974:68 ; s’agissant
de l’article 56, du Traité FUE relatif à la liberté de prestation des services voy. not., CJCE,
3 déc. 1974, Van Binsbergen, 33/74, EU:C:1974:131), l’interdiction des discrimina-
tions fondées sur la nationalité (CJCE, 12 juill. 1984, Prodest, 237/83, EU:C:1984:277)
ou sur le sexe (CJCE, 17 oct. 1995, Kalanke, C-450/93, EU:C:1995:322), le principe de
libre concurrence (CJCE, 25 oct. 1977, Metro/Commission, 26/76, EU:C:1977:167), le
principe de coopération loyale (CJCE, 13 déc. 1991, Commission/Italie, C-69/90, EU:
C:1991:478, point 11 ; CJCE, 8 févr. 1973, Commission/Italie, 30/72, EU:C:1973:16,
point 11), le principe de précaution (Tribunal, 26 nov. 2002, Artegodan e.a./
Commission, T-74/00, T-76/00, T-83/00, T-84/00, T-85/00, T-132/00, T-137/00 et T-
141/00, EU:T:2002:283, point 184), le principe d’égalité de traitement10 (CJUE,
12 mai 2011, Luxembourg/Parlement et Conseil, C-176/09, EU:C:2011:290,
point 31), le principe de l’interdiction de l’abus de droit selon lequel les justiciables ne
sauraient frauduleusement ou abusivement se prévaloir des normes du droit de l’Union
(CJUE, 26 févr. 2019, N Luxembourg 1 e.a., C-115/16, C-118/16, C-119/16 et C-299/
16, EU:C:2019:134, points 95 et s.) ou encore le principe de non-discrimination entre
opérateurs économiques de l’Union (CJCE, 19 oct. 1977, Moulins & Huileries
de Pont-à-Mousson e.a., 124/76 et 20/77, EU:C:1977:161, point 16) ou en fonction
de l’âge11 (CJUE, 19 janv. 2010, Kücükdeveci, C-555/07, EU:C:2010:21, point 21).

B - Les principes généraux du droit communs aux droits


et systèmes juridiques des États membres
Si le Traité FUE requiert parfois des juridictions de l’Union qu’elles s’inspirent des
systèmes juridiques nationaux pour interpréter le droit de l’Union12, c’est le plus
souvent de sa propre initiative que ces juridictions, et plus particulièrement la Cour de
justice, transposent dans l’ordre juridique de l’Union, en les adaptant si besoin est, les
principes communs aux droits et systèmes juridiques des États membres. C’est donc en
s’inspirant « des règles reconnues par les législations, la doctrine et la jurisprudence des
pays membres » (CJCE, 12 juill. 1957, Algera e.a./Assemblée CECA, 7/56, 3/57 à 7/
57, EU:C:1957:7) que la Cour de justice va notamment ériger en principes généraux du
droit les principes de proportionnalité (CJCE, 16 juill. 1956, Fédération Charbonnière
de Belgique/Haute Autorité CECA, 8/55, EU:C:1956:7 ; CJCE, 18 mars 1980, Forges
de Thy-Marcinelle et Monceau/Commission, 26/79 et 86/79, EU:C:1980:82 ;

——
10. La Cour de justice a jugé que le droit de l’Union ne consacre pas pour autant un principe général
d’égalité de traitement des actionnaires en vertu duquel les actionnaires minoritaires sont protégés
par l’obligation de l’actionnaire dominant acquérant ou exerçant le contrôle d’une société d’offrir à
ceux-ci de racheter leurs actions aux mêmes conditions que celles convenues lors de l’acquisition
d’une participation dans cette société conférant ou renforçant le contrôle de l’actionnaire dominant
(CJCE, 15 oct. 2009, Audiolux e.a., C-101/08, EU:C:2009:626, point 52).
11. La Cour de justice a jugé que le droit de l’Union ne consacre pas un principe général de non-discrimi-
nation en raison de l’obésité, en tant que telle, en ce qui concerne l’emploi et le travail (CJUE, 18 déc.
2014, FOA, C-354/13, EU:C:2014:2463, point 40).
12. L’article 340, alinéa 2, du Traité FUE prévoit : « En matière de responsabilité non contractuelle, l’Union
doit réparer, conformément aux principes généraux communs aux droits des États membres, les
dommages causés par ses institutions ou par ses agents dans l’exercice de leurs fonctions », voy. le
présent ouvrage, p. 158.

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 63

Tribunal, 3 sept. 2009, Cheminova e.a./Commission, T-326/07, EU:T:2009:299,


point 194), de sécurité juridique (CJCE, 13 déc. 1967, Neumann, 17/67, EU:
C:1967:56 ; CJCE, 16 juin 1993, France/Commission, C-325/91, EU:C:1993:245,
point 30), de bonne administration (CJCE, 27 mars 1990, Italie/Commission, C-10/
88, EU:C:1990:135), de bonne foi (CJCE, 22 mars 1961, SNUPAT/Haute Autorité
CECA, 42/59 et 49/59, EU:C:1961:5), de confiance légitime (CJCE, 8 juin 1977,
Merkur/Commission, 97/76, EU:C:1977:98), d’égalité devant la réglementation
économique (CJCE, 21 juin 1958, Groupement des hauts fourneaux et aciéries
belges/Haute Autorité CECA, 8/57, EU:C:1958:9).
Toutefois, le juge de Luxembourg ne se livre en pratique que très rarement à une étude
de droit comparé. Dans la plupart des cas, le juge de l’Union se contente donc d’affirmer
un principe sans rechercher s’il est véritablement commun à tous les États membres.
Ainsi, l’objectif de la Cour de justice de l’Union européenne n’est donc pas de consacrer
des principes généraux qui constitueraient en quelque sorte des standards communs à
tous les États membres13 mais de dégager, à partir de l’esprit et de l’évolution des
droits nationaux, les règles et principes les plus appropriés à l’objet et aux finalités des
traités. Ainsi, comme le note Joël Rideau, « cette recherche de principes communs
n’implique pas le dégagement d’un dénominateur commun, qui serait d’autant plus
réducteur que l’Union s’élargit. Le recours aux solutions de certains droits nationaux,
voire d’un système juridique national déterminé, répond parfois mieux aux exigences
spécifiques de l’Union européenne succédant à la Communauté européenne, comme
en témoigne le recours privilégié au droit allemand pour le principe de proportionnalité
et le principe de confiance légitime. La Cour communautarise les principes ainsi repris
qui seront indirectement injectés dans les droits nationaux »14.

C - Les principes généraux du droit international public


Le recours aux principes généraux de droit international est limité tant ces derniers se
révèlent souvent incompatibles avec la spécificité de l’ordre juridique de l’Union. Ainsi,
la Cour de justice a admis que le principe de réciprocité (CJCE, 26 févr. 1976, Commis-
sion/Italie, 52/75, EU:C:1976:29, point 11), le droit pour les États membres de se faire
justice à eux-mêmes (CJCE, 13 nov. 1964, Commission/Luxembourg et Belgique, 90/
63 et 91/63, EU:C:1964:80) ou encore d’émettre des réserves pour les actes adoptés sur
le fondement de l’article 352, § 1er, du Traité FUE (CJCE, 17 févr. 1970, Commission/
Italie, 31/69, EU:C:1970:10) ne sauraient trouver application dans le système de
l’Union. Il est vrai, par exemple, que le principe de réciprocité se conjugue difficilement
avec celui de solidarité entre les États membres qui constitue un des fondements de la
construction de l’Union. De même, on peut concevoir que le droit pour les États
membres de se faire justice eux-mêmes n’a pas place dans l’Union européenne puisque
les traités ne se bornent pas seulement à créer des obligations réciproques envers les
différents sujets auxquels ils s’appliquent, mais établissent un ordre juridique nouveau

——
13. De toute façon, un tel objectif s’avérerait en pratique impossible à réaliser notamment dans le
contexte des élargissements successifs de l’UE.
14. Rideau J., Droit institutionnel de l’Union européenne, 6e éd., 2010, LGDJ, coll. Manuel, spéc. point
144.

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64 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

comportant un système complet de voies de recours en cas de manquement par un État


ou une institution aux obligations qui découlent des traités.
Le juge de Luxembourg applique donc seulement les principes généraux de droit inter-
national qui sont conciliables avec les exigences de l’ordre juridique de l’Union comme
par exemple les principes pacta sunt servanda (CJCE, 16 juin 1998, Racke, C-162/96,
EU:C:1998:293, point 49) et de bonnes fois régissant l’exécution des traités (Tribunal,
22 janv. 1997, Opel Austria/Conseil, T-115/94, EU:T:1997:3, point 83), le principe de
territorialité (s’agissant de l’application du droit de la concurrence de l’Union à des
entreprises extérieures à l’Union voy. en part., CJCE, 27 sept. 1988, Ahlström
Osakeyhtiö e.a./Commission, 89, 104, 114, 116, 117 et 125 à 129/85 EU:
C:1988:447, point 18), le principe selon lequel la caducité d’un traité ne se présume
pas (CJCE, 14 déc. 1971, Commission/France, C-7/71, EU:C:1971:121, point 18) ou
encore celui qui « s’oppose à ce qu’un État refuse à ses propres ressortissants le droit
d’accès à son territoire et d’y séjourner » (CJCE, 4 déc. 1974, Van Duyn, 41/74, EU:
C:1974:133, point 22).
La Cour de justice a également rappelé que les compétences de l’Union européenne
devraient être exercées dans le respect du droit international (CJCE, 24 nov. 1992,
Poulsen et Diva Navigation, C-286/90, EU:C:1992:453, point 9). Elle a notamment
admis que cette dernière était soumise, en tant que personne de droit international,
aux règles du droit international de la mer (CJCE, 14 juill. 1976, Kramer e.a., 3/76, 4/
76 et 6/76, EU:C:1976:114, point 31).

D - Les droits fondamentaux


1) La protection des droits fondamentaux par le juge de l’Union
Même si les traités constitutifs, et notamment le Traité CEE, comportaient plusieurs
dispositions qui touchent de près ou de loin à la sauvegarde des droits et garanties qui
s’attachent à la protection des personnes15, il n’en demeure pas moins que ces traités ne
contenaient initialement aucune disposition générale relative à la protection des droits
fondamentaux. Un tel oubli n’est cependant pas surprenant dans le contexte des
années Soixante, les Communautés ayant à l’époque une vocation essentiellement
économique.
Après avoir refusé, dans un premier temps, de contrôler la légalité des décisions de la
Haute autorité CECA au regard des droits fondamentaux garantis par les constitutions
nationales (et plus particulièrement la Loi fondamentale allemande) au motif qu’il ne lui
appartient pas « d’assurer le respect des règles de droit interne, même constitution-
nelles, en vigueur dans l’un ou l’autre des États membres » (CJCE, 4 févr. 1959, Stork
& Cie/Haute Autorité CECA, 1/58, EU:C:1959:4 ; CJCE, 15 juill. 1960, Comptoirs de
vente du charbon de la Ruhr e.a./Haute Autorité CECA, 36/59 à 38/59 et 40/59,
EU:C:1960:36), la Cour de justice va dans un second temps reconnaître dans les arrêts
Stauder de novembre 1969, puis International Handelgesellschaft de décembre 1970

——
15. Ex. : le principe de non-discrimination en raison de la nationalité (TCEE, art. 6, al. 1er – TFUE, art. 18,
al. 1er), le principe de l’égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins
(TCEE, art. 119, § 1er – TFUE, art. 157, § 1er).

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 65

que « le respect des droits fondamentaux fait partie intégrante des principes généraux
du droit dont la Cour de justice assure le respect » (CJCE, 12 nov. 1969, Stauder, 29/
69, EU:C:1969:57, point 7 ; CJCE, 17 déc. 1970, Internationale Handelsgesell-
schaft, 11/70, EU:C:1970:114, point 4 ; CJCE, 3 sept. 2008, Kadi et Al Barakaat
International Foundation/Conseil et Commission, C-402/05 P et C-415/05 P, EU:
C:2008:461, point 283 ; Tribunal, 7 déc. 2010, Fahas/Conseil, T-49/07, EU:
T:2010:499, point 45 ; CJUE, 29 sept. 2011, Elf Aquitaine/Commission, C-521/09 P,
EU:C:2011:620, point 112 ; 24 avril 2012, Kamberaj, C-571/10, EU:C:2012:233,
point 61). Elle indiquera par la suite dans son arrêt Nold de mai 1974 que « les instru-
ments internationaux concernant la protection des droits de l’homme, auxquels les
États membres ont coopéré ou adhéré, peuvent également fournir des indications dont
il convient de tenir compte dans le cadre du droit communautaire » (CJCE, 14 mai 1974,
Nold/Commission, 4/73, EU:C:1974:51, point 13) avant de préciser que « la Conven-
tion européenne des droits de l’homme revêt, à cet égard, une signification particu-
lière » (voy. not., CJCE, 15 mai 1986, Johnston, 222/84, EU:C:1986:206, point 18 ;
CJCE, 6 mars 2001, Connolly/Commission, C-274/99 P, EU:C:2001:127, point 37 ;
Tribunal, 7 déc. 2010, Fahas/Conseil, T-49/07, EU:T:2010:499, point 45).
Cette évolution jurisprudentielle s’explique principalement par le fait que certaines juri-
dictions nationales, et plus particulièrement la Cour constitutionnelle fédérale alle-
mande, avaient incité la Cour de justice à un tel développement. Il est vrai que la Cour
de Karlsruhe avait non seulement envisagé la possibilité de contrôler elle-même la vali-
dité des actes de droit dérivé dès lors qu’ils étaient susceptibles de porter atteinte aux
droits fondamentaux reconnus par la Loi fondamentale allemande (Cour constitution-
nelle fédérale (Bundesverfassungsgericht), 18 oct. 1967, RTD eur. 1968, p. 203)
mais également refusé de faire primer le droit communautaire sur la loi fondamentale
de 1949 en raison du fait que la Communauté économique européenne ne disposerait
pas d’un système de protection des droits de l’homme comparable à celui qui existait en
Allemagne (Cour constitutionnelle fédérale (Bundesverfassungsgericht, 2e ch.) du
29 mai 1974, RTD eur. 1975, p. 316). C’est donc par la technique des principes géné-
raux du droit que la Cour de justice a consacré l’existence et la protection des droits
fondamentaux dans l’ordre juridique de l’Union sans pour autant d’ailleurs définir le
contenu de ces droits. Le juge de l’Union a plus particulièrement érigé en principes
généraux du droit les droits fondamentaux qui présentent une certaine connexité et
compatibilité avec le droit de l’Union. Ces principes généraux du droit sont dégagés et
consacrés par le juge de Luxembourg soit à partir des traditions constitutionnelles
communes des États membres soit des conventions internationales, auxquelles les États
membres coopèrent ou adhèrent, et en particulier de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950
du Conseil de l’Europe16 (sur ce point voy. not., CJCE, 26 juin 2007, Ordre des
barreaux francophone et germanophone e.a., C-305/05, EU:C:2007:383,
point 29).

——
16. On constate d’ailleurs que la Cour de justice ne fait qu’un usage tout à fait exceptionnel aux conven-
tions internationales de protection des droits de l’homme autres que la Convention européenne des
droits de l’homme (pour une référence au Pacte international relatif aux droits civils et politiques
voy., CJCE, 17 févr. 1998, Grant, C-249/96, EU:C:1998:63, points 43 et s. ; pour une référence à la
Charte sociale européenne voy., CJCE, 2 févr. 1988, Blaizot, 24/86, EU:C:1988:43, point 17).

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66 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Si le respect des droits fondamentaux consacrés par la Cour de justice s’impose en


premier lieu aux institutions, organes et organismes de l’Union, notamment lorsqu’ils
font usage de leurs prérogatives normatives, il résulte sans ambiguïté de la jurisprudence
de la Cour de justice que l’obligation de respecter les droits fondamentaux définis dans
le cadre de l’Union s’impose également aux États membres lorsqu’ils mettent en œuvre
et agissent dans le champ d’application du droit de l’Union (voy. not., CJCE, 13 juill.
1989, Wachauf, 5/88, EU:C:1989:321, point 19 ; CJCE, 18 juin 1991, ERT/DEP, C-
260/89, EU:C:1991:254, point 43). Le juge de Luxembourg a notamment confirmé
cette jurisprudence dans l’arrêt Parlement/Conseil de juin 2006 dans les termes suivants :
« il convient de rappeler que, ainsi qu’il résulte d’une jurisprudence constante, les
exigences découlant de la protection des principes généraux reconnus dans l’ordre juri-
dique communautaire, au nombre desquels figurent les droits fondamentaux, lient
également les États membres lorsqu’ils mettent en œuvre des réglementations commu-
nautaires et que, par la suite, ceux-ci sont tenus, dans toute la mesure du possible,
d’appliquer ces réglementations dans des conditions qui ne méconnaissent pas lesdites
exigences » (CJCE, 27 juin 2006, Parlement/Conseil, C-540/03, EU:C:2006:429,
point 105). Une telle obligation s’impose tout autant aux autorités centrales qu’aux
autorités régionales ou locales et aux organismes publics lorsqu’ils mettent en œuvre le
droit de l’Union.
Tout comme le prévoyait déjà en des termes identiques l’article I-9, § 3, du Traité établis-
sant une Constitution pour l’Europe, l’article 6, § 3, du Traité UE, tel qu’il résulte du
Traité de Lisbonne, consacre expressément les droits fondamentaux en qualité de prin-
cipes généraux du droit de l’Union : « Les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis
par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales et tels qu’ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux
États membres, font partie du droit de l’Union en tant que principes généraux ».

2) Typologie des droits fondamentaux consacrés par le juge


de Luxembourg
L’éventail des droits fondamentaux reconnus par le juge de Luxembourg est très large.
Sans prétendre une nouvelle fois être exhaustif, on peut citer parmi les droits fondamen-
taux et libertés essentielles de la personne les plus fréquemment cités par les juridictions
de l’Union dont le juge de l’Union garantit le respect :
– la liberté d’expression (CJCE, 18 juin 1991, ERT/DEP, C-260/89, EU:C:1991:254) ;
– la liberté de pensée et de religion (CJCE, 27 oct. 1976, Prais/Conseil, 130/75, EU:
C:1976:142) ;
– la liberté syndicale (CJCE, 28 oct. 1975, Rutili, 36/75, EU:C:1975:137) incluant
l’action collective, y compris le droit de grève (CJCE, 18 déc. 2007, Laval un Part-
neri, C-341/05, EU:C:2007:809) ;
– la liberté d’association et de réunion (CJCE, 15 déc. 1995, Bosman, C-415/93, EU:
C:1995:463) ;
– la liberté de la presse (Tribunal, 4 oct. 2006, Tillack/Commission, T-193/04, EU:
T:2006:292) ;
– le droit de propriété et le droit d’exercer une activité économique (voy., Tribunal,
30 avril 2015, Al-Chihabi/Conseil, T-593/11, EU:T:2015:249) ;

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 67

– le droit de négociation collective (CJUE, 15 juill. 2010, Commission/Allemagne, C-


271/08, EU:C:2010:426) ;
– le droit au respect de la vie privée (CJCE, 26 juin 1980, National Panasonic/
Commission, 136/79, EU:C:1980:169) et de la vie familiale (CJCE, 18 mai 1989,
Commission/Allemagne, 249/86, EU:C:1989:204) ;
– le droit au respect de la dignité de la personne humaine (CJCE, 14 oct. 2004,
Omega, C-36/02, EU:C:2004:614) ;
– le droit des personnes physiques à l’inviolabilité du domicile privé (CJCE, 21 sept.
1989, Hoechst/Commission, 46/87 et 227/88, EU:C:1989:337) ;
– le droit au secret de la correspondance (CJCE, 18 mai 1982, AM & S/Commission,
155/79, EU:C:1981:29) ;
– le droit à un recours juridictionnel effectif (CJCE, 15 mai 1986, Johnston, 222/84,
EU:C:1986:206) ;
– le principe de la présomption d’innocence et le droit à un procès équitable
(Tribunal, 7 déc. 2010, Fahas/Conseil, T-49/07, EU:T:2010:499) ;
– le principe d’égalité entre les sexes (CJCE, 15 juin 1978, Defrenne, 149/77, EU:
C:1978:130) ;
– le principe du respect des droits de la défense (voy. not., Tribunal, 19 févr. 1998,
Eyckeler & Malt/Commission, T-42/96, EU:T:1998:40) ;
– le principe de la non-rétroactivité des dispositions pénales (CJCE, 10 juill. 1984,
Kirk, 63/83, EU:C:1984:255).
En revanche, le juge de Luxembourg a notamment refusé de reconnaître le statut de
principe général du droit au principe de cohésion économique, sociale et territoriale
(CJCE, 23 nov. 1999, Portugal/Conseil, C-149/96, EU:C:1999:574, point 87), de
préférence communautaire (CJCE, 10 mars 2005, Espagne/Conseil, C-342/03, EU:
C:2005:151, point 19), d’équité (CJCE, 26 oct. 2006, Koninklijke Coöperatie
Cosun, C-248/04, EU:C:2006:666, point 85) ainsi qu’à la protection du bien-être des
animaux (CJCE, 12 juill. 2001, Jippes e.a., C-189/01, EU:C:2001:420, point 76).

3) La prise en compte croissante des droits fondamentaux par les traités


complémentaires
Même si l’Acte unique européen comporte une référence explicite aux droits
fondamentaux17, c’est sans nul doute le Traité UE qui marque une étape décisive en la
matière dans la mesure où ce traité de février 1992 consacre la jurisprudence de la Cour
de justice en matière de droits fondamentaux en disposant à son article 6, § 2, que
désormais « l’Union respecte les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis par la
convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamen-
tales, signées à Rome le 4 novembre 1950, et tels qu’ils résultent des traditions constitu-
tionnelles communes aux États membres, en tant que principes généraux du droit
communautaire ». C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’adhésion de la Communauté
européenne à la Convention européenne des droits de l’homme avait été proposée par
la Commission européenne. Toutefois, la Cour de justice rendra un avis négatif en appli-
cation de l’article 218, § 11, du Traité FUE à une telle adhésion au motif que la Commu-
nauté européenne n’avait nullement compétence, à l’époque, pour adhérer à la

——
17. Troisième considérant du préambule de l’Acte unique européen.

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68 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Convention de sauvegarde des droits de l’homme (CJCE, 28 mars 1996, Adhésion de


la Communauté à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des
libertés fondamentales, avis 2/94, EU:C:1996:140). Quoi qu’il en soit et malgré cet
échec, le Traité d’Amsterdam apporte lui aussi sa contribution à la protection des droits
fondamentaux en insérant dans le Traité UE une procédure de sanction à l’encontre des
États membres qui commettraient une violation grave et persistante aux principes démo-
cratiques sur lesquels l’Union est fondée (liberté, démocratie, respect des droits de
l’homme et des libertés fondamentales...) (TUE, art. 7), en érigeant le respect de ces prin-
cipes démocratiques en condition pour l’adhésion à l’Union européenne (TUE, art. 49) et
en complétant le Traité CE d’un nouvel article 6A (TFUE, art. 19) qui permet au Conseil
« de prendre les mesures nécessaires en vue de combattre toute discrimination fondée
sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l’âge
ou l’orientation sexuelle ».
Si le Traité de Nice n’apporte pas d’évolution notable quant à la prise en compte des
droits fondamentaux par et dans l’Union européenne18, la véritable innovation du
système de protection des droits fondamentaux dans l’Union européenne se produit en
marge de l’ordre juridique de l’Union. En effet, un pas supplémentaire est franchi lors du
Conseil européen de Nice (7, 8 et 9 décembre 2000)19 avec la proclamation conjointe
par les présidents du Conseil, du Parlement européen et de la Commission de la Charte
des droits fondamentaux de l’UE. Ce texte établit un catalogue de droits fondamentaux
inspirés principalement de la Conv. EDH, des traditions constitutionnelles des États
membres, de la Charte sociale européenne et de la Charte communautaire des droits
sociaux fondamentaux des travailleurs. Elle intègre ainsi dans un texte unique à côté
des droits civiques et politiques classiques, des droits économiques et sociaux fonda-
mentaux. L’article 51, § 1er, de la Charte précise que les dispositions de cette Charte
« s’adressent aux institutions, organes et organismes de l’Union dans le respect du prin-
cipe de subsidiarité ainsi qu’aux États membres uniquement lorsqu’ils mettent en œuvre
le droit de l’Union. En conséquence, ils respectent les droits, observent les principes et en
promeuvent l’application, conformément à leurs compétences respectives et dans le
respect des limites des compétences de l’Union telles qu’elles lui sont conférées dans
les traités ». Par ailleurs, l’article 51, § 2, de la Charte prend soin de préciser qu’elle
« n’étend pas le champ d’application du droit de l’Union au-delà des compétences de
l’Union, ni ne crée aucune compétence ni aucune tâche nouvelle pour l’Union et ne
modifie pas les compétences et tâches définies dans les traités ».
La Charte des droits fondamentaux de l’UE constituait le titre II du Traité établissant une
Constitution pour l’Europe lui conférant ainsi une valeur juridique contraignante.
Cependant, ce traité n’ayant pas été ratifié par tous les États membres20, le statut juri-
dique de la Charte est resté inchangé. La Charte des droits fondamentaux de l’UE a été
proclamée une nouvelle fois le 12 décembre 2007 lors d’une cérémonie officielle au
Parlement européen à Strasbourg dans l’objectif d’augmenter sa visibilité auprès du

——
18. Le Traité de Nice vient seulement complèter le mécanisme de sanction prévu à l’article 7, du Traité UE
en permettant au Conseil de prendre également des sanctions en cas de risque clair de violation grave
par un État membre des principes fondateurs sur lesquels repose l’UE.
19. Bull. UE, nº 12-2000, p. 183.
20. Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union européenne, préc., spéc. p. 43.

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 69

public et de donner une base juridique aux articles faisant référence à ce texte dans le
nouveau Traité UE tel qu’il résulte du Traité de Lisbonne21.
Le Traité de Lisbonne ne reprend plus le texte intégral de la Charte des droits fondamen-
taux de l’UE dans le corps même des traités mais se limite seulement à affirmer, dans le
nouvel article 6, § 1er, du Traité UE, que « l’Union reconnaît les droits, les libertés et les
principes énoncés dans la Charte des droits fondamentaux du 7 décembre 2000, telle
qu’adaptée le 12 décembre 2007 à Strasbourg, laquelle a la même valeur juridique que
les traités ». Ainsi, la Charte des droits fondamentaux de l’UE se voit donc reconnaître
une valeur juridique identique à celle des traités (pour un rappel voy., CJUE, 26 sept.
2013, HK Danmark, C-476/11, EU:C:2013:590, point 19). Elle dispose donc, depuis
l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, du statut d’acte juridiquement contraignant.
Les dispositions de la Charte s’appliquent comme auparavant aux institutions, organes
et organismes de l’Union et aux États membres lorsqu’ils mettent en œuvre le droit de
l’Union exception faite pour le Royaume-Uni et la Pologne. En effet, le protocole (nº 30)
relatif à l’application de la Charte des droits fondamentaux de l’UE à la Pologne et au
Royaume-Uni22 prévoit que « la Charte n’étend pas la faculté de la Cour de justice de
l’Union européenne, ou de toute juridiction de la Pologne ou du Royaume-Uni,
d’estimer que les lois, règlements ou dispositions, pratiques ou action administratives
de la Pologne ou du Royaume-Uni sont incompatibles avec les droits, les libertés et les
principes fondamentaux qu’elle réaffirme » (art. 1er § 1er) et « pour dissiper tout doute,
rien dans le titre IV de la Charte [Solidarité] ne crée des droits justiciables applicables à
la Pologne ou au Royaume-Uni, sauf dans la mesure où la Pologne ou le Royaume-Uni
a prévu de tels droits dans sa législation nationale » (art. 1er, § 2). Le protocole (nº 30)
ajoute enfin : « lorsqu’une disposition de la Charte fait référence aux législations et prati-
ques nationales, elle ne s’applique à la Pologne ou au Royaume-Uni que dans la mesure
où les droits et principes qu’elle contient sont reconnus dans la législation ou les prati-
ques de la Pologne ou du Royaume-Uni » (art. 2)23.
Il résulte, en substance, de la jurisprudence constante de la Cour que les droits fonda-
mentaux garantis dans l’ordre juridique de l’Union ont vocation à être appliqués dans
toutes les situations régies par le droit de l’Union, mais pas en dehors de telles situations
(voy. not., CJUE, 26 févr. 2013, Åkerberg Fransson, C-617/10, EU:C:2013:105,
point 19 ; CJUE, 27 mars 2014, Torralbo Marcos, C-265/13, EU:C:2014:187,
point 29). C’est dans cette mesure que la Cour a déjà rappelé qu’elle ne peut apprécier,
au regard de la Charte, une réglementation nationale qui ne se situe pas dans le cadre
du droit de l’Union (en ce sens voy., CJUE, Ord., 12 juill. 2012, Currà e.a., C-466/11,
EU:C:2012:465, point 26). En revanche, dès lors qu’une telle réglementation entre dans
le champ d’application de cet ordre juridique, la Cour, saisie à titre préjudiciel, doit
fournir tous les éléments d’interprétation nécessaires à l’appréciation, par la juridiction
nationale, de la conformité de cette réglementation avec les droits fondamentaux dont
elle assure le respect (à titre d’ex. voy. not., CJCE, 18 juin 1991, ERT/DEP, C-260/89,
EU:C:1991:254, point 42 ; CJCE, 29 mai 1997, Kremzow, C-299/95, EU:C:1997:254,

——
21. JOUE C 303, 14 déc. 2007, p. 1.
22. Voy. le protocole (nº 30) sur l’application de la Charte des droits fondamentaux de l’UE à la Pologne
et au Royaume-Uni.
23. Voy. égal., dans une moindre mesure, la déclaration (nº 53) de la République tchèque sur la Charte
des droits fondamentaux de l’UE.

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70 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

point 15 ; CJCE, 18 déc. 2008, Sopropé, C‑349/07, EU:C:2008:746, point 34 ; CJUE,


7 juin 2012, Vinkov, C-27/11, EU:C:2012:326, point 58). Finalement, l’applicabilité
du droit de l’Union implique automatiquement celle des droits fondamentaux garantis
par la Charte. Le simple fait d’invoquer les dispositions de la Charte devant le juge de
l’Union ne suffit pas non plus et en soi à fonder la compétence de ce juge (sur ce point
voy. not., CJUE, Ord., 16 janv. 2014, Dutka et Sajtos, C-614/12 et C-10/13, EU:
C:2014:30, point 15 ; CJUE, 27 mars 2014, Torralbo Marcos, C-265/13, EU:
C:2014:187, point 30 ; CJUE, 8 mai 2014, Pelckmans Turnhout, C-483/12, EU:
C:2014:304, point 20 ; CJUE, Ord., 10 févr. 2015, Băbășan, C-305/14, EU:
C:2015:97, point 16).
Même si la Charte des droits fondamentaux de l’UE est, et demeure, juridiquement
contraignante seulement pour les institutions, organes et organismes de l’Union et les
États membres lorsqu’ils mettent en œuvre le droit de l’Union24 (pour un rappel du
champ d’application de la Charte des droits fondamentaux de l’UE voy., CJUE, Ord.,
12 nov. 2010, Asparuhov Estov e.a., C-339/10, EU:C:2010:680, point 12 ; CJUE,
21 déc. 2011, N. S. e.a., C-411/10 et C-493/10, EU:C:2011:865, point 64 ; CJUE,
26 févr. 2013, Åkerberg Fransson, C-617/10, EU:C:2013:105, point 17 ; voy. égal.,
CJUE, 15 janv. 2014, Association de médiation sociale, C-176/12, EU:C:2014:2,
point 51 : dans lequel la Cour refuse de consacrer dans un litige entre particuliers l’invo-
cabilité d’exclusion d’une disposition de la Charte des droits fondamentaux de l’UE25
(contrairement aux conclusions de l’avocat général). Lorsqu’une mesure nationale de
transposition d’une directive – en l’espèce l’article L. 1111‑3 du Code du travail français
– est incompatible avec le droit de l’Union – en l’espèce la directive 2002/14/CE du Parle-
ment européen et du Conseil, du 11 mars 2002, établissant un cadre général relatif à
l’information et la consultation des travailleurs dans la Communauté européenne –,
l’article 27 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE relatif au droit à l’information
et à la consultation des travailleurs au sein de l’enteprise ne peut pas être pour autant
invoqué dans un litige horizontal afin de laisser inappliquée la disposition nationale de
transposition en question), il n’en demeure pas moins qu’elle tend progressivement à
devenir une référence incontournable pour le juge de Luxembourg qui dispose désor-
mais, selon l’expression anglophone, d’un basic text pour veiller au respect des droits
fondamentaux dans l’Union européenne.
L’impact de la Charte des droits fondamentaux de l’UE se fait même ressentir en dehors
de la sphère de l’Union. Ainsi, la Cour européenne des droits de l’homme n’a pas hésité
parfois à puiser dans la Charte des éléments pour légitimer une évolution de la sa propre
jurisprudence (pour une illustration voy., CEDH, 11 juill. 2002, Goodwin/Royaume-
Uni, req. nº 28957/95, § 100 : dans cette affaire, dans laquelle la CEDH reconnaît le
droit des transsexuels de se marier, cette juridiction observe que le libellé de l’article 9
de la Charte (« Le droit de se marier et le droit de fonder une famille sont garantis
selon les lois nationales qui en régissent l’exercice ») s’écarte de celui de l’article 12 de

——
24. Selon la Cour de justice, cette notion de « mise en œuvre du droit de l’Union », au sens de l’article 51
de la Charte, impose l’existence d’un lien de rattachement d’un certain degré, dépassant le voisinage
des matières visées ou les incidences indirectes de l’une des matières sur l’autre (en ce sens voy.,
CJCE, 29 mai 1997, Kremzow, C-299/95, EU:C:1997:254, point 16 ; CJUE, 6 mars 2014, Siragusa,
C-206/13, EU:C:2014:126, point 24).
25. Sur l’invocabilité d’exclusion voy. le présent ouvrage, p. 90.

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 71

la Conv. EDH (« À partir de l’âge nubile, l’homme et la femme ont le droit de se marier et
de fonder une famille selon les lois nationales régissant l’exercice de ce droit ») en ce
qu’il exclut une référence à l’homme et à la femme et justifie ainsi tout type de
mariage). Par ailleurs, la Charte des droits fondamentaux de l’UE gagne également
progressivement du terrain auprès de certaines juridictions suprêmes des États
membres. Ainsi, la Cour constitutionnelle fédérale autrichienne (Verfassungsgerichtshof)
a annoncé dans un communiqué en date du 4 mai 2012, suite à sa décision du 14 mars
2012 (U 466/11, EuGRZ 2012, s. 331) par laquelle elle décide d’étendre son contrôle de
constitutionnalité des lois autrichiennes aux dispositions de la Charte, que « dans les cas
où la législation de l’Union européenne joue un rôle, la Charte européenne des droits
fondamentaux doit être considérée comme étant au même niveau que la Constitution ».
Par conséquent, « si une décision de l’autorité administrative ne respecte pas un droit
garanti par la Charte européenne des droits fondamentaux, la Cour constitutionnelle
l’annulera, car elle sera anticonstitutionnelle », sans devoir consulter la Cour de justice,
a ajouté la Cour constitutionnelle en précisant que toute loi autrichienne qui ne respecte
pas cette Charte sera également considérée comme contraire à la Constitution. La
Charte des droits fondamentaux est maintenant prise en considération dans toutes les
affaires où l’Union dispose d’une législation claire et forte, en particulier dans les
domaines clés comme l’immigration, les demandes d’asile et la concurrence. En
revanche, le juge constitutionnel autrichien n’appliquera pas la Charte dans les
domaines où l’Union européenne ne légifère pas (sur les conséquences de cette prise
en compte de la Charte en droit autrichien voy., CJUE, 11 sept. 2014, A., C-112/13,
EU:C:2014:2195).
Le nouvel article 6, § 2, du Traité UE, tel qu’il résulte du Traité de Lisbonne, prévoit, tout
comme le planifiait déjà le Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TC Eur.,
art. I-9, § 2), que « l’Union adhère à la Convention européenne de sauvegarde des
droits de l’homme et des libertés fondamentales ». Le libellé de cette disposition est
sans appel et ne laisse place à aucun élément d’opportunité : il ne s’agit pas pour
l’Union d’avoir la possibilité d’adhérer à la Conv. EDH mais, au contraire, d’avoir l’obliga-
tion d’y adhérer. Le Traité UE encadre strictement cette adhésion. Tout d’abord,
l’article 6, § 2, du Traité UE prend soin de préciser qu’une telle adhésion ne peut modi-
fier les compétences de l’Union telles qu’elles sont définies par les traités. Cette limite est
réitérée à l’article 2 du protocole (nº 8)26 : l’accord relatif à l’adhésion de l’Union à la
Conv. EDH doit garantir que cette adhésion « n’affecte ni les compétences de l’Union
ni les attributions de ses institutions ». L’article 1er de ce même protocole précise que
l’accord relatif à l’adhésion « doit refléter la nécessité de préserver les caractéristiques
spécifiques de l’Union et du droit de l’Union, notamment en ce qui concerne :
a) les modalités particulières de l’éventuelle participation de l’Union aux instances de
contrôle de la Convention européenne ;
b) les mécanismes nécessaires pour garantir que les recours formés par des États non-
membres et les recours individuels soient dirigés correctement contre les États
membres et/ou l’Union, selon le cas ».

——
26. Protocole (nº 8) relatif à l’article 6, § 2, du Traité UE sur l’adhésion de l’Union à la Convention euro-
péenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

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72 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Par ailleurs, cet accord d’adhésion ne doit affecter ni l’article 344, du Traité FUE, aux
termes duquel « les États membres s’engagent à ne pas soumettre un différend relatif
à l’interprétation ou à l’application des traités à un mode de règlement autre que ceux
prévus par ceux-ci » (Protocole nº 8, art. 3) ni « la situation particulière des États
membres à l’égard de la Convention européenne, et notamment de ses protocoles, des
mesures prises par les États membres par dérogation à la Convention européenne,
conformément à son article 15, et des réserves à la Convention européenne formulées
par les États membres conformément à son article 57 ». Enfin, la déclaration ad article 6,
§ 2, du Traité UE27 précise que l’adhésion de l’Union à la Conv. EDH « devrait s’effectuer
selon des modalités permettant de préserver les spécificités de l’ordre juridique de
l’Union. Dans ce contexte, la Conférence constate l’existence d’un dialogue régulier
entre la Cour de justice de l’Union européenne et la Cour européenne des droits de
l’homme, dialogue qui pourra être renforcé lors de l’adhésion de l’Union à cette
Convention ».
En pratique, les pourparlers officiels sur l’adhésion de l’UE à la Conv. EDH ont débuté en
juillet 2010 suite à l’adoption d’une décision par le Conseil le 4 juin de la même année
autorisant l’ouverture des négociations relatives à l’accord d’adhésion et désignant la
Commission européenne en tant que négociateur. Le 5 avril 2013, les négociateurs
sont parvenus à un accord sur les projets d’instruments d’adhésion et ont convenu que
tous ces textes constituent un ensemble indissociable et indispensable pour permettre
l’adhésion de l’UE à la Conv. EDH. Le projet d’accord d’adhésion contient tout d’abord
un premier groupe de dispositions qui régit l’adhésion proprement dite de l’UE à la
Conv. EDH et introduit par ailleurs divers mécanismes procéduraux nécessaires pour
permettre une adhésion effective. Le projet d’accord englobe par ailleurs un second
groupe de dispositions, présentant un caractère purement technique, qui prévoit,
d’une part, les modifications et adaptations de cette Convention qui s’imposent au
regard du fait qu’elle a été rédigée pour s’appliquer aux États parties du Conseil de
l’Europe alors que l’Union n’est ni un État ni un membre de cette organisation interna-
tionale et, d’autre part, des dispositions relatives aux relations entre la Conv. EDH et
d’autres accords conclus au sein du Conseil de l’Europe et qui sont liés à cette Conven-
tion auxquelles viennent s’ajouter des clauses finales régissant notamment l’entrée en
vigueur de l’accord d’adhésion. Conformément à l’article 218, § 11, du Traité FUE28, la
Commission européenne a introduit une demande d’avis le 4 juillet 2013 auprès de la
Cour de justice afin qu’elle apprécie la compatibilité de ce projet d’accord d’adhésion
avec les traités avant sa conclusion, pour le Conseil de l’Europe, par le Comité des Minis-
tres et, pour l’Union européenne, par le Conseil après approbation du Parlement euro-
péen (TFUE, art. 218, § 6,). Prenant à contrepied les États membres et les autres institu-
tions de l’UE, la Cour de justice rend, à la surprise générale, un (second) avis négatif en
décembre 2014 sur ce projet d’accord d’adhésion (CJUE, 18 déc. 2014, Projet
d’accord international – Adhésion de l’Union européenne à la convention euro-
péenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales –
Compatibilité dudit projet avec les traités UE et FUE, avis 2/13, EU:C:2014:2454).
En effet, la Cour de justice identifie dans son avis 2/13 pas moins de sept

——
27. Déclaration ad article 6, § 2, du Traité UE.
28. Sur la question des attributions consultatives de la Cour de justice voy., Leclerc S., Mémentos – Les
institutions de l’Union européenne, préc., spéc. p. 149.

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 73

incompatibilités entre ce projet d’adhésion et le droit primaire, inconciliabilités de nature


à porter atteinte, réellement ou potentiellement, non seulement à la structure institu-
tionnelle de l’Union européenne mais également à ses caractéristiques. L’adhésion de
l’UE à la Conv. EDH est désormais plus incertaine que jamais. On peut même raisonna-
blement se demander, comme le font plusieurs observateurs29, si cet avis négatif ne
sonne pas en définitive le glas du processus d’adhésion de l’UE à la Conv. EDH tant la
déclaration d’incompatibilité rendue par la Cour est catégorique, sans concession et ne
laisse entrevoir, même implicitement, aucune adaptation possible du projet d’accord
d’adhésion. Les quarante-sept États parties à la Conv. EDH, y compris les vingt-huit
États membres de l’UE, sont-ils prêts à faire des concessions supplémentaires pour
répondre aux exigences de l’avis 2/13 ? Rien n’est moins sûr surtout quand on sait que
de nombreuses voix se sont élevées au fur et à mesure de l’avancement des négociations
sur les difficultés à venir en cas d’adhésion effective de l’UE à la Conv. EDH et quand on
se souvient que plusieurs États membres de l’UE se sont très clairement posés la ques-
tion de l’opportunité d’une telle adhésion considérant qu’en définitive la Charte des
droits fondamentaux de l’UE constitue un instrument suffisant et pertinent de protection
des droits fondamentaux dans l’UE. Dans ce contexte, chacun est désormais conscient
qu’il sera très compliqué de renégocier un nouvel accord d’adhésion qui, s’il voit le
jour, nécessitera de toute façon la ratification de chacun des quarante-sept États
parties à la Conv. EDH, conformément à leurs exigences constitutionnelles respectives,
y compris par les parties à cette Convention qui sont également États membres de l’UE.

2• LA PORTÉE DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT


Le juge de l’Union reconnaît aux principes généraux du droit une valeur identique aux
dispositions des traités comme le confirme la Cour de justice notamment dans ses
arrêts Kadi de septembre 2008 (CJCE, 3 sept. 2008, Kadi et Al Barakaat Interna-
tional Foundation/Conseil et Commission, C-402/05 P et C-415/05 P, EU:
C:2008:461, points 307 et 308 : dans lequel la Cour de justice rappelle qu’un accord
international conclu par la Communauté européenne « bénéficierait de la primauté sur
les actes de droit communautaire dérivé [...]. Toutefois, cette primauté au plan du droit
communautaire ne s’étendrait pas au droit primaire et, en particulier, aux principes
généraux dont font partie les droits fondamentaux ») et E. et F. de juin 2010 (CJUE,
29 juin 2010, E. et F., C-550/09, EU:C:2010:382, point 44 : dans lequel la Cour de

——
29. Sur l’avis 2/13 voy. not., Simon D., « Deuxième (ou second et dernier ?) coup d’arrêt à l’adhésion de
l’Union à la CEDH : étrange avis 2/13 », Europe, nº 2/2015, étude nº 2 ; Jacqué J.-P., « CJUE – CEDH :
2-0 », Éditorial, RTD eur., nº 4/2014, p. 823 ; Dony M., « L’Union est-elle soluble dans la Convention
européenne des droits de l’homme », Éditorial, JDE, nº 216/2015 ; Popov A., « L’avis 2/13 de la CJUE
complique l’adhésion de l’Union européenne à la CEDH », La Revue des droits de l’homme [En
ligne], Actualités Droits-Libertés, mis en ligne le 24 février 2015, consulté le 2 juillet 2017 URL :
http://revdh.revues.org/1065 ; Labayle H., « La guerre des juges n’aura pas lieu. Tant mieux ? Libres
propos sur l’avis 2/13 de la Cour de justice relatif à l’adhésion de l’Union à la CEDH », Réseau univer-
sitaire européen – droit de l’Espace de liberté, sécurité et justice, mis en ligne le 22 décembre 2014,
consulté le 2 juillet 2017 : http://www.gdr-elsj.eu/2014/12/22/droits-fondamentaux/la-guerre-des-
juges-naura-pas-lieu-tant-mieux-libres-propos-sur-lavis-213-de-la-cour-de-justice-relatif-a-ladhesion-de-
lunion-a-la-cedh/#more-3660

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74 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

justice souligne que « l’Union est une Union de droit dans laquelle ses institutions sont
soumises au contrôle de la conformité de leurs actes, notamment, avec le Traité FUE et
les principes généraux du droit »). Cette assimilation conduit ainsi les principes généraux
du droit dégagés par le juge de Luxembourg à se positionner au sommet de l’ordre juri-
dique de l’Union au même rang que les traités constitutifs et ainsi à faire partie inté-
grante du droit primaire.
Existe-t-il pour autant une hiérarchie entre les principes généraux du droit et les disposi-
tions des traités ? Même si une telle situation ne peut avoir qu’un caractère exceptionnel
dans la mesure où la consécration d’un principe général du droit par le juge de Luxem-
bourg suppose l’absence de contradiction entre ce principe et les finalités et objectifs
poursuivis par les traités, il n’en demeure pas moins que la Cour de justice a déjà eu
l’occasion d’examiner cette question dans différentes affaires soumises à son apprécia-
tion. Toutefois, lorsque la Haute juridiction se livre à un tel examen, elle n’aborde pas
cette question à travers le prisme de la hiérarchie mais de la coexistence des droits.
Ainsi, la Cour de justice a été amenée, à la demande du juge autrichien, à se prononcer
sur un conflit entre la libre circulation des marchandises et la liberté d’expression et de
réunion dans son arrêt Schmidberger de juin 2003 (CJCE, 12 juin 2003, Schmidberger,
C-112/00, EU:C:2003:333). Plus particulièrement, il s’agissait pour le juge de Luxem-
bourg d’apprécier dans cette affaire si la liberté d’expression et de réunion, droit fonda-
mental consacré au rang de principe général du droit, pouvait contrevenir à la libre circu-
lation des marchandises telle que posée par le Traité FUE. La Cour de justice va établir les
conditions de leur compatibilité sans se prononcer pour autant sur leur place respective
dans la hiérarchie des normes. Après avoir rappelé que la protection des droits fonda-
mentaux « constitue un intérêt légitime de nature à justifier, en principe, une restriction
aux obligations imposées par le droit communautaire, même en vertu d’une liberté
fondamentale garantie par le traité telle que la libre circulation des marchandises »
(point 74), la Cour de justice constate que « les droits à la liberté d’expression et à la
liberté de réunion pacifique garantis par la Conv. EDH n’apparaissent pas non plus –
contrairement à d’autres droits fondamentaux consacrés par la même convention, tels
que le droit de toute personne à la vie ou l’interdiction de la torture ainsi que des
peines ou traitements inhumains ou dégradants, qui ne tolèrent aucune restriction –
comme des prérogatives absolues, mais doivent être pris en considération par rapport à
leur fonction dans la société. Des restrictions peuvent ainsi être apportées à l’exercice de
ces droits, pour autant que celles-ci répondent effectivement à des objectifs d’intérêt
général et ne constituent pas, compte tenu du but poursuivi par de telles restrictions,
une intervention démesurée et intolérable qui porterait atteinte à la substance même
des droits » (point 80). Selon la Cour, « il convient de mettre en balance les intérêts en
présence et de déterminer, eu égard à l’ensemble des circonstances de chaque cas
d’espèce, si un juste équilibre a été respecté entre ces intérêts » (point 81). En l’espèce,
la Cour de justice juge que les restrictions apportées aux échanges intra-UE sont propor-
tionnées au regard du but légitime poursuivi, à savoir en l’espèce la protection des droits
fondamentaux (point 93). Dans le même ordre d’idée, la Cour de justice a également
examiné les relations entre la libre prestation de services et la dignité humaine en
matière de « jouer à tuer » des personnes et jugé que le droit de l’Union « ne s’oppose
pas à ce qu’une activité économique consistant en l’exploitation commerciale de jeux de
simulation d’actes homicides fasse l’objet d’une mesure nationale d’interdiction adoptée
pour des motifs de protection de l’ordre public en raison du fait que cette activité porte

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 75

atteinte à la dignité humaine » (CJCE, 14 oct. 2004, Omega, C-36/02, EU:C:2004:614,


point 41). Par la suite, la Cour de justice n’a pas hésité à aller plus loin dans son raison-
nement en qualifiant dans sa jurisprudence Kadi de septembre 2008 les droits fonda-
mentaux de « principes constitutionnels » supplantant l’article 351, du Traité FUE
(CJCE, 3 sept. 2008, Kadi et Al Barakaat International Foundation/Conseil et
Commission, C-402/05 P et C-415/05 P, EU:C:2008:461, point 285) avant de para-
chever sa démarche en affirmant dans ses arrêts Audiolux et NCC Construction
Danmark d’octobre 2009 que « les principes généraux du droit communautaire se
situent au rang constitutionnel » (CJCE, 15 oct. 2009, Audiolux e.a., C-101/08, EU:
C:2009:626, point 63 ; CJCE, 29 oct. 2009, NCC Construction Danmark, C-174/08,
EU:C:2009:669, point 42).
Le respect des principes généraux du droit s’impose en premier lieu aux institutions,
organes et organismes de l’Union européenne. Ces derniers sont donc tenus de les
respecter lorsqu’ils adoptent des actes de droit dérivé ou lorsqu’ils concluent des
accords externes avec des pays tiers ou des organisations internationales sous peine
d’illégalité. C’est ainsi que la Cour de justice a annulé une directive du Parlement euro-
péen et du Conseil pour violation du principe de proportionnalité (CJCE, 6 déc. 2005,
ABNA e.a., C-453/03, C-11/04, C-12/04 et C-194/04, EU:C:2005:741) et que le
Tribunal a partiellement annulé un règlement de la Commission pris en violation du prin-
cipe de protection de la confiance légitime (Tribunal, 15 nov. 2007, Hongrie/Commis-
sion, T-310/06, EU:T:2007:343). De même, le juge de Luxembourg n’a pas hésité à
annuler une décision du Conseil portant approbation au nom de la Communauté euro-
péenne d’un accord international pour violation du principe de non-discrimination
(CJCE, 10 mars 1998, Allemagne/Conseil, C-122/95, EU:C:1998:94) ou encore un
règlement du Conseil assurant la mise en œuvre d’une résolution du Conseil de sécurité
dans l’Union européenne pour violation des principes constitutionnels du Traité CE, au
nombre desquels figure le principe selon lequel tous les actes de l’Union doivent
respecter les droits fondamentaux (CJCE, 3 sept. 2008, Kadi et Al Barakaat Interna-
tional Foundation/Conseil et Commission, C-402/05 P et C-415/05 P, EU:C:2008:46,
point 285).
Par ailleurs, il résulte sans ambiguïté d’une jurisprudence constante de la Cour que l’obli-
gation de respecter les principes généraux du droit s’impose en second lieu aux États
membres lorsque ces derniers agissent dans le champ d’application du droit de l’Union
(pour une illustration voy. not., CJCE, 29 mai 1997, Kremzow, C-299/95, EU:
C:1997:254, point 15 ; CJCE, 10 avril 2003, Steffensen, C-276/01, EU:C:2003:228,
point 70). Les juridictions nationales ont admis cette autorité des principes généraux
du droit consacrés par le juge de Luxembourg comme le confirme d’ailleurs la jurispru-
dence administrative française (voy. not., CE, ass., 11 juill. 2001, Req. nº 219494-
221021-221274-221275-221421, Fédération nationale des syndicats d’exploitants
agricoles e.a., FR:CEASS:2001:219494.20010711 ; CE, 3 déc. 2001, Req. nº 226514,
Syndicat national de l’industrie pharmaceutique e.a., FR:
CESSR:2001:226514.20011203).

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76 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

La hiérarchie des normes en droit de l’Union

DROIT PRIMAIRE
Traité UE du 7 février 1992
Traité FUE du 25 mars 1957
Traité CEEA du 25 mars 1957
Protocoles (37) et annexes (2) des traités
Principes généraux du droit (dont les droits fondamentaux)
Charte des droits fondamentaux de l’UE (TUE, art. 6 §1er)

DROIT CONVENTIONNEL
Les accords conclus par l’UE avec des États tiers ou des organisations internationales
Les accords conclus entre les États membres en application des traités constitutifs

DROIT DÉRIVÉ
{
{
Actes prévus dans Les règlements
la nomenclature Les décisions de portée générale Actes
de l’article 288, Les directives obligatoires
du TraitéTFUE Les décisions de portée individuelle
{
{
Actes Les recommandations et avis
hors Actes
Les actes atypiques non
nomenclature Les actes découlant de la pratique institution-
de l’article 288, Décisoires
du Traité FUE

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CHAPITRE 4 – Le droit jurisprudentiel 77

BIBLIOGRAPHIE

Sur la contribution de la jurisprudence au développement du droit de l’Union


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MERTENS DE WILMARS J., « La jurisprudence de la Cour de justice comme instrument de l’intégra-
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PARTIE 2

Les caractères
du droit
de l’Union
Chapitre 5 L’applicabilité directe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Chapitre 6 La primauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Chapitre 7 Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté . . . 117

La question des rapports entre l’ordre juridique de l’Union et les ordres juridiques
nationaux est fondamentale dans la mesure où elle détermine l’autorité du droit
de l’Union dans les différents États membres. Les traités constitutifs n’apportant
pas de réponses à cette question, il est donc naturellement revenu à la Cour de
justice d’y pourvoir. C’est en se fondant sur la nature propre de l’ordre juridique
de l’Union et sur la nécessité de lui donner sa pleine efficacité que la Cour de
justice a rapidement mis en lumière à travers sa jurisprudence les caractères fonda-
mentaux du droit de l’Union, à savoir l’applicabilité directe et la primauté.
La Cour de justice rappellera solennellement l’importance de ces deux principes qui
garantissent une application uniforme et effective du droit de l’Union dans les
ordres juridiques internes des États membres dans son avis 1/91 relatif à l’accord
portant création de l’Espace économique européen de décembre 1991 : « le Traité
CEE, bien que conclu sous la forme d’un accord international, n’en constitue pas
moins la charte constitutionnelle d’une communauté de droit. Selon une jurispru-
dence constante de la Cour de justice, les traités communautaires ont instauré un
nouvel ordre juridique au profit duquel les États ont limité, dans des domaines de
plus en plus étendus, leurs droits souverains et dont les sujets sont non seulement

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80 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

les États membres, mais également leurs ressortissants. Les caractéristiques essen-
tielles de l’ordre juridique communautaire ainsi constitué sont, en particulier, sa
primauté par rapport aux droits des États membres ainsi que l’effet direct de
toute une série de dispositions applicables à leurs ressortissants et à eux-mêmes »
(CJCE, 14 déc. 1991, Projet d’accord portant sur la création de l’Espace
économique européen, avis 1/91, EU:C:1991:490, point 21 ; voy. égal., CJUE,
8 mars 2011, Projet d’accord – Création d’un système unifié de règlement
des litiges en matière de brevets – Juridiction du brevet européen et du
brevet communautaire – Compatibilité dudit projet avec les traités, avis 1/
09, EU:C:2011:123, point 65 ; CJUE, 18 déc. 2014, Projet d’accord interna-
tional – Adhésion de l’Union européenne à la convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales – Compa-
tibilité dudit projet avec les traités UE et FUE, avis 2/13, EU:C:2014:2454,
point 157 ; CJUE, 28 avril 2015, Commission/Conseil, C-28/12, EU:C:2015:282,
point 39).

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CHAPITRE 5
L’applicabilité directe

L’applicabilité directe du droit de l’Union (on parle également d’effet direct du droit de
l’Union) signifie qu’une norme de l’Union peut créer, dans certaines circonstances et par
elle-même, des droits dans le chef des particuliers dont ils peuvent directement se préva-
loir dans les litiges qu’ils soumettent aux juridictions nationales qui ont l’obligation d’en
assurer la sauvegarde et le respect en laissant inappliquée, si besoin est, toute disposi-
tion nationale contraire, que celle-ci soit antérieure ou postérieure à la règle du droit
de l’Union. « En d’autres termes, l’effet direct d’une norme communautaire implique à
la fois la modification directe du patrimoine juridique des personnes physiques ou
morales par intégration immédiate de droits et/ou d’obligations issus de la norme
communautaire elle-même et l’attribution au justiciable de la faculté procédurale de
faire valoir ses droits issus du droit communautaire directement devant les tribunaux
internes »1.
On s’attachera dans un premier temps à poser le principe de l’applicabilité directe
(Section 1) avant d’envisager son application aux différentes sources du droit de
l’Union (Section 2).

Section 1
Le principe de l’applicabilité directe

1• LA CONSÉCRATION DU PRINCIPE
Traditionnellement, les traités et accords internationaux ne génèrent d’effets juridiques
qu’à l’égard des seuls États qui y sont parties et ne sont donc pas directement applica-
bles au profit de leurs ressortissants.
S’agissant de la Communauté économique européenne, le Traité CEE ne conférait
expressément un effet direct qu’aux seuls règlements adoptés par les institutions
(TCEE, art. 189)2. Cette absence de clause générale sur l’effet direct du droit commu-
nautaire ne va pas empêcher la Cour de justice de se prononcer pour l’applicabilité

——
1. Simon D., Invocabilité du droit communautaire, Le Lamy Procédures communautaires, janv. 2005,
étude 210, spéc. point 210-10.
2. Voy. le présent ouvrage, p. 88.

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82 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

directe de principe du droit communautaire dans son célèbre arrêt Van Gend en Loos de
février 1963 bouleversant du même coup les solutions traditionnellement admises par le
droit international (CJCE, 5 févr. 1963, Van Gend en Loos, 26/62, EU:C:1963:1).
La Cour de justice profite en effet d’une question préjudicielle du juge administratif
néerlandais pour affirmer que « le droit communautaire [...] de même qu’il crée des
charges dans le chef des particuliers, est aussi destiné à engendrer des droits qui
entrent dans leur patrimoine juridique ». Le juge de Luxembourg considère en effet que
le Traité CEE « constitue plus qu’un accord qui ne créerait que des obligations mutuelles
entre les États contractants » et qu’il concerne également directement les ressortissants
des États membres qui sont donc de ce fait des sujets à part entière de l’ordre juridique
communautaire. Le raisonnement de la Cour de justice repose sur plusieurs arguments
qui découlent, selon elle, de « l’esprit, l’économie et les termes » du Traité CEE. Ainsi,
elle estime que ce traité, dont l’objectif « est d’instituer un marché commun dont le
fonctionnement concerne directement les justiciables de la Communauté », a créé des
organes dotés de compétences dont l’exercice affecte aussi bien les États membres que
leurs citoyens. Elle considère également que le préambule du Traité CEE vise, au-delà
des gouvernements, les peuples européens qui sont d’ailleurs directement associés au
fonctionnement de la Communauté et à l’élaboration du droit communautaire au
travers du Parlement européen et du Conseil économique et social. Enfin, elle termine
sa démonstration juridique en rappelant que le renvoi préjudiciel, prévu désormais par
l’article 267, du Traité FUE, n’a de raison d’être dans l’économie du traité qu’en raison
du fait que le droit communautaire est susceptible d’être invoqué par les particuliers
devant le juge national, juge de l’Union de droit commun3. C’est en se fondant sur ces
différents éléments que la Cour conclut que « la Communauté constitue un nouvel
ordre juridique de droit international, au profit duquel les États ont limité, bien que
dans des domaines restreints, leurs droits souverains, et dont les sujets sont non seule-
ment les États membres mais également leurs ressortissants » et que « partant, le droit
communautaire, indépendamment de la législation des États membres, de même qu’il
crée des charges dans le chef des particuliers, est aussi destiné à engendrer des droits
qui entrent dans leur patrimoine juridique ». En précisant enfin que les droits ainsi créés
au profit des particuliers « naissent non seulement lorsqu’une attribution explicite en est
faite par le traité, mais aussi en raison d’obligations que le traité impose d’une manière
bien définie tant aux particuliers qu’aux États membres et aux institutions communau-
taires », la Haute juridiction souligne que les particuliers sont en droit d’invoquer l’appli-
cabilité directe du droit communautaire devant le juge national même lorsqu’ils n’en
sont pas explicitement les destinataires.

——
3. Voy. le présent ouvrage, p. 183.

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 83

2• LES CONSÉQUENCES DU PRINCIPE


La Cour de justice précise à l’occasion de son arrêt Simmenthal de mars 1978 les consé-
quences du principe d’applicabilité directe en quatre points (CJCE, 9 mars 1978,
Simmenthal, 106/77, EU:C:1978:49) :
– les normes communautaires « doivent déployer la plénitude de leurs effets, d’une
manière uniforme dans tous les États membres, à partir de leur entrée en vigueur
et pendant toute la durée de leur validité » (point 14) ;
– les normes communautaires constituent « une source de droits et d’obligations pour
tous ceux qu’elles concernent, qu’il s’agisse des États membres ou des particuliers
qui sont parties à des rapports juridiques relevant du droit communautaire »
(point 15) ;
– « Tout juge national [...], saisi dans le cadre de sa compétence, a, en tant qu’organe
d’un État membre, pour mission de protéger les droits conférés aux particuliers par
le droit communautaire » (point 16) ;
– « Les dispositions du traité et les actes des institutions directement applicables ont
pour effet, dans leurs rapports avec le droit interne des États membres, non seule-
ment de rendre inapplicables de plein droit, du fait même de leur entrée en vigueur,
toute disposition contraire de la législation nationale existante, mais encore en tant
que ces dispositions et actes font partie intégrante, avec rang de priorité, de l’ordre
juridique applicable sur le territoire de chacun des États membres d’empêcher la
formation valable de nouveaux actes législatifs nationaux dans la mesure où ils
seraient incompatibles avec des normes communautaires » (point 17).
La jurisprudence Simmenthal a été rappelée et confirmée à de nombreuses reprises
depuis lors par la Cour de justice. À titre d’exemple, on peut notamment citer l’arrêt
Philips Electronics UK de septembre 2012 dans lequel la Cour a rappelé « que tout juge
national, saisi dans le cadre de sa compétence, a, en tant qu’organe d’un État membre,
l’obligation, par application du principe de coopération énoncé à l’article 10 du Traité CE
[remplacé en substance par l’article 4, § 3, du Traité FUE], d’appliquer intégralement le
droit de l’Union directement applicable et de protéger les droits que celui-ci confère
aux particuliers, en laissant inappliquée toute disposition éventuellement contraire de la
loi nationale, que celle-ci soit antérieure ou postérieure à la règle de droit de l’Union »
(CJUE, 6 sept. 2012, Philips Electronics UK, C-18/11, EU:C:2012:532, point 38).

3• LES CONDITIONS DE L’APPLICABILITÉ DIRECTE


Selon une jurisprudence constante de la Cour de justice, une norme de l’Union, mis à
part le règlement qui est par définition directement applicable (TFUE, art. 288), bénéficie
de l’applicabilité directe dès lors qu’elle réunit trois conditions, à savoir être claire,
précise et inconditionnelle. En revanche, il n’est pas indispensable que la disposition

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84 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

confère des droits subjectifs aux particuliers4. Ainsi, le juge de l’Union peut parfaitement
admettre l’applicabilité directe d’une disposition et donc la possibilité pour les particu-
liers de s’en prévaloir devant le juge national alors même qu’elle désigne seulement les
États membres comme sujets d’une obligation de s’abstenir5.
Dans la mesure où la condition de clarté recoupe très largement celle de précision, le
juge de l’Union se limite le plus souvent à exiger que les dispositions en cause « appa-
raissent, du point de vue de leur contenu, inconditionnelles et suffisamment précises »
pour qu’elles bénéficient de l’applicabilité directe (CJCE, 26 févr. 1986, Marshall, 152/
84, EU:C:1986:84, point 46 ; CJCE, 5 oct. 2004, Pfeiffer e.a., C-397/01 à 403/01, EU:
C:2004:584, point 109). Une disposition de droit de l’Union satisfait à la condition de
précision lorsqu’elle énonce une obligation en des termes non équivoques (voy. not.,
CJCE, 4 déc. 1986, Federatie Nederlandse Vakbeweging, 71/85, EU:C:1986:465,
point 18) et répond à la condition d’inconditionnalité lorsqu’elle énonce une obligation
qui n’est assortie d’aucune condition ni subordonnée, dans son exécution ou dans ses
effets, à l’intervention d’aucun acte soit des institutions de l’Union, soit encore des
États membres (voy. not., CJUE, 15 mai 2014, Almos Agrárkülkereskedelmi, C-337/
13, EU:C:2014:328, point 32 ). En définitive, l’applicabilité directe d’une norme de
l’Union n’est donc ni générale ni automatique mais dépend exclusivement de son
contenu.
La Cour de justice a toutefois apporté certains assouplissements à ces conditions.
Tout d’abord, la Cour de justice considère que l’absence de précision d’une norme de
l’Union ne fait pas obstacle à son effet direct dès lors qu’elle est susceptible de faire
l’objet d’une clarification par la voie d’une interprétation juridictionnelle soit du juge
de Luxembourg soit du juge national (CJCE, 4 avril 1968, Fink-Frucht GmbH, 27/67,
EU:C:1968:22). D’autre part, l’existence d’un terme à l’entrée en vigueur d’une norme
de l’Union n’est pas de nature à affecter son inconditionnalité. Le juge de Luxembourg
estime simplement que la norme de l’Union ne produira d’effet direct qu’à l’expiration
du délai. Enfin, l’absence d’intervention complémentaire des autorités nationales ou
européennes n’interdit pas que l’application de la disposition de l’Union requière de
leur part des compléments ultérieurs mais implique seulement pour le juge de Luxem-
bourg que les autorités nationales ou européennes à qui il appartiendra de prendre les
mesures d’exécution ne jouissent d’aucun pouvoir discrétionnaire pour prendre de telles
dispositions (CJCE, 16 juin 1966, Lütticke, 57/65, EU:C:1966:34 ; CJCE, 3 févr. 1976,
Manghera e.a., 59/75, EU:C:1976:14, point 16). Ainsi, la Cour de justice a jugé dans
son arrêt Iannelli/Meroni de mars 1977 que l’article 107, § 1er, du Traité FUE qui prévoit
que les aides accordées par les États ou au moyen de ressources d’État sont incompati-
bles avec le marché intérieur n’est pas une disposition d’applicabilité directe en raison du
fait que cette disposition accorde « à la Commission un large pouvoir d’appréciation et
au Conseil un pouvoir étendu en vue d’admettre des aides d’État par dérogation à

——
4. Une telle condition pourra, par contre, être prise en compte par le juge national en application des
règles procédurales applicables afin de déterminer l’intérêt à agir du particulier qui invoque l’effet
direct d’une disposition du droit de l’Union dans le contentieux qu’il lui soumet.
5. Ex. : l’article 30, du Traité FUE qui interdit entre les États membres les droits de douane à l’importation
et à l’exportation ainsi que toute taxe d’effet équivalent. Les articles 34 et 35, du Traité FUE qui inter-
disent entre les États membres les restrictions quantitatives à l’importation et à l’exportation ainsi que
toute mesure d’effet équivalent.

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 85

l’interdiction générale du paragraphe 1 de l’article 92 [TFUE, art. 117] » (CJCE, 22 mars


1977, Iannelli/Meroni, 74/76, EU:C:1977:51, point 11).

4• L’INTENSITÉ DE L’APPLICABILITÉ DIRECTE


Le principe d’applicabilité directe n’a pas une portée absolue : d’une part, seules les
dispositions de l’Union qui satisfont aux critères d’inconditionnalité et de précision sont
d’effet direct et, d’autre part, l’invocabilité6 d’une norme de l’Union d’applicabilité
directe est variable.

A - L’effet direct vertical ou limité


Une norme de l’Union est d’effet direct limité (ou incomplet) dès lors qu’elle peut seule-
ment être invoquée devant le juge national par un particulier dans un litige qui l’oppose
à un État membre (on parle d’un litige vertical). Une telle hypothèse se présente notam-
ment quand un particulier revendique devant le juge national le bénéfice du droit de
l’Union à l’encontre d’un État membre qui n’aurait pas respecté une obligation qui lui
était pourtant imposée par le droit de l’Union. Dans un tel cas de figure, la norme de
l’Union bénéficie d’une opposabilité ascendante, c’est-à-dire que le bénéfice d’une
telle norme ne peut être revendiqué que par un particulier à l’encontre d’un État
membre et non l’inverse. L’opposabilité descendante (on parle également d’effet direct
vertical inversé) qui permettrait à un État membre de se prévaloir d’une norme de
l’Union à l’encontre d’un particulier est en revanche exclue dans la mesure où les dispo-
sitions de l’Union à effet direct vertical ne sont pas censées créer d’obligations dans le
chef des particuliers.

B - L’effet direct horizontal ou complet


Une norme de l’Union est d’effet direct complet dès lors qu’elle peut être invoquée
devant le juge national par un particulier non seulement à l’encontre d’un État membre
(litige vertical), mais également dans un litige qui l’oppose à un autre particulier (on parle
d’un litige horizontal). Dans une telle hypothèse, la norme de l’Union ne se cantonne
pas à créer des droits au profit des particuliers mais génère également des obligations à
leur charge. Ainsi, à titre d’exemple, on peut citer l’article 157, du Traité FUE qui prohibe
les discriminations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins en matière de
rémunération pour un même travail ou un travail de même valeur. Cette disposition
crée non seulement un droit au profit des travailleurs mais également et corrélativement
une obligation à la charge des employeurs. Si un travailleur féminin estime être victime
d’une telle discrimination dans son entreprise ou dans son administration, il pourra alors
saisir le juge national compétent (litige horizontal en cas de discrimination dans une

——
6. On entend par « invocabilité » d’une norme de l’Union, sa capacité à être invoquée par un particulier
à l’appui d’un recours interne devant le juge national.

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86 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

entreprise et litige vertical en cas de discrimination dans une administration, l’État agis-
sant alors en qualité d’employeur) et revendiquer directement le bénéfice de
l’article 157, du Traité FUE dans le contentieux qui l’oppose à son employeur devant ce
juge interne. Un particulier est donc en droit de revendiquer le bénéfice des normes
d’effet direct complet dans tout type de litige, y compris ceux qu’ils rencontrent avec
les autres particuliers.

Section 2
L’applicabilité directe des différentes
sources de droit de l’Union

1• L’APPLICABILITÉ DIRECTE DU DROIT PRIMAIRE


La Cour de justice de l’UE opère une distinction entre les dispositions des traités à effet
direct complet, celles à effet direct limité et enfin celles qui sont dépourvues d’effet
direct.

A - Les dispositions du Traité sur le fonctionnement de l’UE


à effet direct complet
Pour rappel, il s’agit des dispositions du Traité FUE qui peuvent être invoquées tant dans
un litige opposant un particulier à un État membre (litige vertical) que dans un litige
opposant deux particuliers (litige horizontal).
Selon la jurisprudence de la Cour de justice, bénéficient notamment d’un effet direct
complet :
– l’article 45, du Traité FUE relatif à la libre circulation des travailleurs et qui implique
notamment l’abolition de toute discrimination fondée sur la nationalité entre les
travailleurs des États membres (CJCE, 4 déc. 1974, Van Duyn, 41/74, EU:
C:1974:133, point 7) ;
– l’article 49, du Traité FUE relatif à la liberté d’établissement (CJCE, 21 juin 1974,
Reyners, 2/74, EU:C:1974:68, point 32) ;
– les articles 56, alinéa 1er, et 57, alinéa 3, du Traité FUE concernant la liberté de pres-
tation de services (CJCE, 3 déc. 1974, Van Binsbergen, 33/74, EU:C:1974:131,
point 27) ;
– les articles 101 et 102, du Traité FUE qui interdisent les ententes susceptibles
d’affecter le commerce entre États membres ou qui ont pour objet ou pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du
marché intérieur ainsi que les abus de position dominante (CJCE, 30 janv. 1974,
BRT/SABAM, 127/73, EU:C:1974:6, point 16 ; CJCE, 10 juill. 1980, Marty/
Lauder, 37/79, EU:C:1980:190, point 13) ;

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 87

– l’article 157, du Traité FUE qui prohibe les discriminations entre travailleurs masculins
et travailleurs féminins en matière de rémunération (CJCE, 8 avril 1976, Defrenne/
SABENA, 43/75, EU:C:1976:56, point 40).

B - Les dispositions du Traité sur le fonctionnement de l’UE


à effet direct limité
Pour rappel, il s’agit des dispositions du Traité FUE qui ne peuvent être invoquées que
dans un litige opposant un particulier à un État membre (litige vertical).
Selon la jurisprudence de la Cour de justice, bénéficient notamment d’un effet direct
limité :
– l’article 18, du Traité FUE qui interdit toute discrimination exercée en raison de la
nationalité (CJCE, 20 oct. 1993, Collins e.a., C-92/92 et C-326/92, EU:
C:1993:847, point 35) ;
– l’article 28, du Traité FUE qui interdit entre les États membres les droits de douane à
l’importation et à l’exportation ainsi que toute taxe d’effet équivalent (CJCE, 5 févr.
1963, Van Gend en Loos, 26/62, EU:C:1963:1 ; CJCE, 17 déc. 1970, SpA SACE,
33/70, EU:C:1970:118, point 15) ;
– l’article 34, du Traité FUE qui interdit entre les États membres les restrictions quanti-
tatives à l’importation ainsi que toute mesure d’effet équivalent (CJCE, 22 mars
1977, Iannelli/Meroni, 74/76, EU:C:1977:51, point 17) ;
– l’article 35, du Traité FUE qui interdit entre les États membres les restrictions quanti-
tatives à l’exportation ainsi que toute mesure d’effet équivalent (CJCE, 29 nov.
1978, Redmond, 83/78, EU:C:1978:214, point 66) ;
– l’article 37, § 1er et 2, du Traité FUE qui interdit toute discrimination entre les ressor-
tissants des États membres en ce qui concerne les monopoles nationaux présentant
un caractère commercial (en ce qui concerne l’article 37, § 1er, du Traité FUE, CJCE,
3 févr. 1976, Manghera e.a., 59/75, EU:C:1976:14, point 16 ; en ce qui concerne
l’article 37, § 2, du Traité FUE, CJCE, 15 juill. 1964, Costa/E.N.E.L., 6/64, EU:
C:1964:66 ; CJCE, 13 mars 1979, Hansen, 91/78, EU:C:1979:65, point 17) ;
– l’article 63, du Traité FUE qui proscrit toute restriction aux mouvements de capitaux
entre les États membres et entre les États membres et les États tiers (CJCE, 14 déc.
1995, Sanz de Lera e.a., C-163/94, C-165/94 et C-250/94, EU:C:1995:451, point
47) ;
– l’article 108, § 3, du Traité FUE qui interdit aux États membres de mettre à exécution
un projet d’aide nouvelle non notifié à la Commission et sur lequel celle-ci n’a pas
pris position (CJCE, 11 déc. 1973, Lorenz, 120/73, EU:C:1973:152, point 8) ;
– l’article 110, alinéa 1er et 2, du Traité FUE interdisant toute discrimination fiscale à
l’égard des produits des autres États membres (en ce qui concerne l’article 110,
al. 1er, du Traité FUE, CJCE, 16 juin 1966, Lütticke, 57/65, EU:C:1966:34 ; CJCE,
17 févr. 1976, Rewe-Zentrale des Lebensmittel-Großhandels, 45/75, EU:
C:1976:22, point 24 ; en ce qui concerne l’article 110, al. 2, du Traité FUE, CJCE,
4 avril 1968, Fink-Frucht GmbH, 27/67, EU:C:1968:22).

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88 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

C - Les dispositions du Traité sur l’UE et du Traité sur


le fonctionnement de l’UE dépourvues d’effet direct
Il s’agit soit de dispositions de nature institutionnelle, soit de dispositions dont la mise en
œuvre requiert l’exercice d’une compétence de l’Union, soit encore de dispositions qui
laissent une marge d’appréciation aux États membres ou à l’Union.
La Cour de justice considère notamment que les dispositions suivantes des traités sont
dépourvues d’effet direct :
– l’article 3, du Traité UE fixant les objectifs de l’Union (CJCE, 24 janv. 1991, Alsthom
Atlantique, C-339/89, EU:C:1991:28, point 9) ;
– l’article 4, § 3, du Traité UE concernant l’obligation de coopération loyale des États
membres (CJCE, 24 oct. 1973, Schlüter, 9/73, EU:C:1973:110, point 39) ;
– l’article 106, § 2, du Traité FUE relatif à la soumission aux règles de concurrence des
entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général (CJCE,
14 juill. 1971, Muller, 10/71, EU:C:1971:85, point 16) ;
– les articles 107, § 1er, du Traité FUE interdisant les aides accordées par les États qui
faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entre-
prises ou certaines productions (CJCE, 22 mars 1977, Iannelli/Meroni, 74/76, EU:
C:1977:51, point 12) ;
– l’article 48, du Traité FUE relatif à la compétence du Parlement européen et du
Conseil, conformément à la procédure législative ordinaire, pour adopter, dans le
domaine de la sécurité sociale, les mesures nécessaires pour l’établissement de la
libre circulation des travailleurs (CJUE, 10 mars 2011, Casteels, C-379/09, EU:
C:2011:131, point 16) ;
– les articles 151 et 153, du Traité FUE relatifs à la politique sociale (CJCE, 29 oct.
1987, Zaera, 126/86, EU:C:1987:395, points 14 et 16) ;

2• L’APPLICABILITÉ DIRECTE DU DROIT DÉRIVÉ


A - L’applicabilité directe des règlements
Le règlement est le seul acte de droit dérivé auquel le Traité FUE (TFUE, art. 288, al. 2)
reconnaît une applicabilité directe dans tout État membre. La Cour de justice en a fort
logiquement déduit, selon une formule rituelle, que le règlement « en raison de sa
nature même et de sa fonction dans le système des sources du droit communautaire
[...] produit des effets immédiats et est, comme tel, apte à conférer aux particuliers des
droits que les juridictions nationales ont l’obligation de protéger » (voy. not., CJCE,
14 déc. 1971, Politi, 43/71, EU:C:1971:122, point 9 ; CJCE, 10 oct. 1973, Variola,
34/73, EU:C:1973:101, point 8). La portée générale du règlement lui confère une appli-
cabilité directe complète. Un règlement est donc invocable par une personne physique
ou morale à l’encontre d’un État membre qui n’assurerait pas son plein effet mais égale-
ment à l’encontre d’une autre personne physique ou morale qui agirait en violation de
ses dispositions. La Cour de justice a ainsi admis que le respect de règlements du Conseil
relatifs aux normes de qualité applicables aux fruits et aux légumes doit être assuré dans

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 89

le cadre d’un procès civil intenté par un opérateur économique à l’encontre d’un opéra-
teur concurrent (CJCE, 17 sept. 2002, Muñoz et Superior Fruiticola, C-253/00, EU:
C:2002:497, point 32). Cependant, lorsque l’application effective d’une disposition
d’un règlement est subordonnée à l’intervention normative complémentaire de la
Commission européenne en application de l’article 290, § 1er, du Traité FUE, c’est-à-
dire lorsqu’on est en présence d’un règlement adopté par le Parlement européen et le
Conseil qui nécessite un (voire plusieurs) règlement délégué de la Commission
européenne7, la Cour de justice considère alors que l’absence d’une telle intervention
complémentaire, nécessaire à la mise en œuvre du règlement dans l’ordre juridique
interne, interdit à un particulier de s’en prévaloir directement devant le juge national.
Cette évolution jurisprudentielle, qui a pris corps à compter de l’arrêt Monte Arcosu de
janvier 2001 (CJCE, 11 janv. 2001, Monte Arcosu, C-403/98, EU:C:2001:6, point 28),
peut nous amener à nous demander, tout comme Denys Simon l’observe, « s’il n’est pas
dans l’intention du juge communautaire de remettre en cause discrètement l’automati-
cité de l’effet direct des règlements, au moins dans le cas où les mesures complémen-
taires conditionnent l’applicabilité du règlement »8 (pour une autre application voy.,
CJCE, 24 juin 2004, Handlbauer, C-278/02, EU:C:2004:388, point 26).

B - L’applicabilité directe des directives


Pendant longtemps, la doctrine a considéré que les directives ne pouvaient pas produire
d’effets directs. On estimait en effet que la création de droits et d’obligations au béné-
fice ou à la charge des particuliers ne découlait pas de la directive elle-même mais des
mesures nationales de transposition. La Cour de justice va réfuter cette approche doctri-
nale et admettre que, sous certaines conditions, les dispositions d’une directive peuvent
être directement applicables.

1) Le fondement de l’invocabilité des directives


S’inspirant de l’approche finaliste développée dans son arrêt Van Gend en Loos de
février 1963 (CJCE, 5 févr. 1963, Van Gend en Loos, 26/62, EU:C:1963:1), la Cour de
justice va reconnaître, dans certaines circonstances, un effet direct à la directive. En
effet, la Cour refuse d’exclure cet acte de droit dérivé du bénéfice de l’applicabilité
directe. Elle justifie cette position par deux considérations :
– d’une part, « l’effet contraignant » des directives reconnu par l’article 288, du Traité
FUE s’opposerait à ce que les obligations qu’elles contiennent ne puissent être invo-
quées que par les institutions de l’Union elles-mêmes ;
– d’autre part, « l’effet utile » des directives serait affaibli si les justiciables étaient
empêchés de s’en prévaloir en justice et les juridictions nationales dans l’impossibi-
lité de les prendre en considération en tant qu’éléments du droit de l’Union (CJCE,
17 déc. 1970, SpA SACE, 33/70, EU:C:1970:118, point 10 : à propos des disposi-
tions combinées du Traité CEE et d’une directive ; CJCE, 4 déc. 1974, Van Duyn,
41/74, EU:C:1974:133, points 12 et 15 : à propos d’une directive seule).

——
7. Sur la question des actes délégués voy., Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union euro-
péenne, préc., spéc. p. 208.
8. Simon D., Invocabilité du droit communautaire, préc., spéc. point 210-45.

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90 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Dans tous les cas où une directive est correctement mise en œuvre, ses effets atteignent
les particuliers par l’intermédiaire des seules mesures nationales d’exécution prises par
l’État membre concerné. En revanche, des problèmes particuliers se posent au cas où
un État membre n’a pas correctement exécuté une directive et, plus spécialement, dans
le cas où les dispositions d’une directive sont restées inexécutées à l’expiration du délai
de transposition fixé pour sa mise en œuvre. « Ce n’est que dans le cas où un État
membre n’a pas correctement exécuté une directive à l’expiration du délai fixé pour sa
mise en œuvre que, selon la jurisprudence de la Cour, les particuliers peuvent, sous
certaines conditions, faire valoir devant les juridictions nationales des droits qu’ils tirent
directement des dispositions de cette directive » (CJCE, 3 déc. 1993, Suffritti e.a., C-
140/91, 141/91, C-278/91 et C-279/91, EU:C:1992:492, point 13).
Ainsi, la Cour de justice ne conteste donc pas l’absence, en principe, d’effet direct de la
directive qui ne déploie ses effets qu’à travers les mesures nationales de transposition
adoptées par les États membres. Néanmoins, dès lors qu’un État membre n’a pas trans-
posé une directive ou qu’il l’a incorrectement transposé, les particuliers sont alors fondés
à en invoquer le bénéfice à l’appui d’un recours interne devant les juridictions nationales
à l’encontre de l’État défaillant et sous réserve que les dispositions de la directive en
question apparaissent, du point de vue de leur contenu, inconditionnelles et suffisam-
ment précises (sur ce point voy. not., CJCE, 11 juill. 2002, Marks & Spencer, C-62/00,
EU:C:2002:435, point 25 ; CJCE, 12 févr. 2009, Cobelfret, C-138/07, EU:C:2009:82,
point 58 ; CJUE, 3 mars 2011, Auto Nikolovi, C-203/10, EU:C:2011:118, point 61 ;
CJUE, 24 nov. 2011, ASNEF et FECEMD, C-468/10 et C-469/10, EU:C:2011:777,
point 51 ; CJUE, 15 mai 2014, Almos Agrárkülkereskedelmi, C-337/13, EU:
C:2014:328, point 31 ; CJUE, 6 oct. 2015, T-Mobile Czech Republic et Vodafone
Czech Republic, C-508/14, EU:C:2015:657, point 52). Ainsi, toutes les directives ne
sont donc pas automatiquement d’applicabilité directe ni même d’ailleurs l’intégralité
d’une directive. Selon Marc Blanquet, « l’effet direct n’est pas une qualité substantielle
de la directive, mais une “garantie minimale” [...]. C’est le défaut d’exécution de la
directive [...] qui fonde [...] le pouvoir et le devoir du juge interne de l’appliquer directe-
ment à l’encontre de l’État défaillant et constitue ainsi une condition nécessaire, qui
s’ajoute au caractère inconditionnel et suffisamment précis de ses termes. La probléma-
tique même de l’invocabilité présuppose donc ici, contrairement à ce qu’il en est pour le
règlement, un contexte juridique particulier, c’est-à-dire en réalité “pathologique” »9.
L’effet direct d’une directive « ne saurait servir de justification à un État membre pour
se dispenser de prendre, en temps utile, des mesures d’application adéquates à l’objet
de chaque directive » (CJCE, 6 mai 1980, Commission/Belgique, 102/79, EU:
C:1980:120, point 12). Autrement dit, l’éventuelle applicabilité directe des dispositions
d’une directive ne dispense pas pour autant l’État défaillant d’en assurer la transposition.

2) La portée de l’invocabilité des directives


Compte tenu de leur fondement spécifique (sanctionner l’inexécution par un État
membre des obligations découlant du droit de l’Union), les dispositions directement
applicables d’une directive ne sauraient être invoquées qu’à l’encontre de l’État

——
9. Blanquet M., Droit général de l’Union européenne, préc., spéc. point 968.

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 91

défaillant. Par conséquent, la Cour de justice se refuse à reconnaître aux directives un


effet direct complet.

a) La reconnaissance de l’effet direct vertical des directives


La Cour de justice reconnaît que les particuliers peuvent opposer à l’État défaillant les
droits qu’ils tirent des dispositions inconditionnelles et suffisamment précises d’une
directive non transposée ou incorrectement transposée. Hormis l’État, la disposition
d’une directive directement applicable peut également être invoquée à l’encontre
d’une autorité locale ou d’une entreprise publique (CJCE, 22 juin 1989, Costanzo/
Comune di Milano, 103/88, EU:C:1989:256 ; CJCE, 12 juill. 1990, Foster e.a.,
C‑188/89, EU:C:1990:313). La Cour de justice considère que l’invocabilité d’une dispo-
sition d’une directive d’effet direct s’étend même à « un organisme qui, quelle que soit
sa forme juridique, a été chargé en vertu d’un acte de l’autorité publique d’accomplir,
sous le contrôle de cette dernière, un service d’intérêt public et qui dispose, à cet effet,
de pouvoirs exorbitants par rapport aux règles applicables dans les relations entre parti-
culiers » (sur ce point voy. not., CJUE, 24 janv. 2012, Dominguez, C-282/10, EU:
C:2012:33, point 39 ; CJUE, 12 déc. 2013, Portgás, C-425/12, EU:C:2013:829,
point 26). Une directive peut être opposée à l’État, une collectivité territoriale ou un
organisme public, quelle que soit la qualité en laquelle ils se présentent, autorité
publique ou employeur public (CJCE, 2 août 1993, Marshall, C-271/91, EU:
C:1993:335, point 38 ; CJCE, 14 sept. 2000, Collino et Chiappero, C-343/98, EU:
C:2000:441, point 22 ; CJCE, 15 avril 2008, Impact, C-268/06, EU:C:2008:223,
point 85 ; CJUE, 14 oct. 2010, Fuß, C-243/09, EU:C:2010:609, point 56 ; CJUE,
25 nov. 2010, Fuß, C-429/09, EU:C:2010:717, point 39 ; CJUE, 10 oct. 2017, Farrell,
C-413/15, EU:C:2017:745, point 33).
Selon la Cour de justice, « dans tous les cas où des dispositions d’une directive apparais-
sent comme étant, du point de vue de leur contenu, inconditionnelles et suffisamment
précises, ces dispositions peuvent être invoquées, à défaut de mesures d’application
prises dans les délais, à l’encontre de toute disposition nationale non conforme à la
directive, ou encore en tant qu’elles sont de nature à définir des droits que les particu-
liers sont en mesure de faire valoir à l’égard de l’État » (CJCE, 19 janv. 1982, Becker, 8/
81, EU:C:1982:7, point 25).
Ainsi, la reconnaissance de l’effet direct vertical d’une directive a une double consé-
quence pour le justiciable.
En premier lieu, si à l’expiration du délai de transposition, une norme de droit national
n’est pas conforme aux dispositions d’une directive, le justiciable est alors en droit de
demander au juge national qu’il écarte l’application du droit national contraire et qu’il
y substitue la disposition de la directive en question. On parle alors d’une invocabilité
d’exclusion.
En second lieu, si à l’expiration du délai de transposition, aucune mesure de transposi-
tion n’a été prise par l’État membre ou s’il n’a pas correctement transposé la directive en
droit national, le justiciable est alors en droit d’invoquer directement devant le juge
national les dispositions de la directive et de faire valoir les droits qu’il en tire. On parle
alors d’une invocabilité de substitution (pour une illustration voy. not., CJUE, 24 janv.
2012, Dominguez, C-282/10, EU:C:2012:33, point 33 ; CJUE, 6 oct. 2015, T-Mobile
Czech Republic et Vodafone Czech Republic, C-508/14, EU:C:2015:657, point 52 ;

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92 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

CJUE, 21 déc. 2016, TDC, C-327/15, ECLI:EU:C:2016:974, point 84). La Cour de


justice a précisé les obligations incombant au juge national lorsque ce dernier doit appli-
quer une directive entre l’expiration du délai de transposition et la date tardive de sa
transposition en droit interne. Ainsi, même en l’absence de mesures nationales spécifi-
ques de transposition d’une directive, « il incombe au juge national d’interpréter le droit
national dans toute la mesure possible à la lumière du texte et de la finalité de la direc-
tive concernée, afin d’atteindre le résultat visé par celle-ci, ce qui requiert qu’il fasse tout
ce qui relève de sa compétence en prenant en considération l’ensemble du droit interne
et en faisant application des méthodes d’interprétation reconnues par celui-ci » (sur ce
point voy., CJUE, 18 déc. 2014, Schoenimport « Italmoda » Mariano Previti e.a., C-
131/13, C-163/13 et C-164/13, EU:C:2014:2455, point 52 ; CJUE, 24 janv. 2018,
Pantuso e.a., C-616/16 et C-617/16, EU:C:2018:32, point 45).
La Cour de justice a par ailleurs jugé qu’un justiciable était également en droit d’invo-
quer le bénéfice d’une directive correctement transposée en droit national en cas
d’application illégale par un État membre de cet acte de droit dérivé : « l’adoption de
mesures nationales transposant correctement une directive n’a pas pour conséquence
d’épuiser les effets de celle-ci et [qu’]un État membre demeure tenu d’assurer effective-
ment la pleine application de la directive même après l’adoption de ces mesures. Dès
lors, les particuliers sont fondés à invoquer devant le juge national à l’encontre de l’État
les dispositions d’une directive qui apparaissent, du point de vue de leur contenu, incon-
ditionnelles et suffisamment précises, dans tous les cas où la pleine application de celle-
ci n’est pas effectivement assurée, c’est-à-dire non seulement en cas d’absence de trans-
position ou de transposition incorrecte de cette directive, mais aussi dans le cas où les
mesures nationales qui transposent correctement ladite directive ne sont pas appliquées
de manière à atteindre le résultat qu’elle vise » (voy. not., CJCE, 11 juill. 2002, Marks &
Spencer, C-62/00, EU:C:2002:435, point 27).En revanche, en reconnaissant dans son
arrêt Ratti d’avril 1979 qu’« un État membre qui n’a pas pris, dans les délais, les
mesures d’exécution imposées par la directive, ne peut opposer aux particuliers le non-
accomplissement, par lui-même, des obligations qu’elle comporte » (CJCE, 5 avril 1979,
Ratti, 148/78, EU:C:1979:110, point 22), la Cour de justice a également admis que les
directives ne pouvaient pas être invoquées par les autorités d’un État membre défaillant
à l’encontre des particuliers (absence d’effet direct limité inversé)10. Une telle jurispru-
dence vise à éviter qu’un État membre ne puisse tirer avantage de sa méconnaissance
du droit de l’Union. Il en résulte notamment qu’un État membre ne peut opposer aux
justiciables une directive non transposée en droit national qui aurait pour effet de déter-
miner ou d’aggraver, par elle-même et indépendamment de toute mesure nationale de
transposition prise pour son application, la responsabilité pénale de ceux qui agissent en
infraction aux dispositions de la directive en question (CJCE, 11 juin 1987, Pretore di
Salò/X., 14/86, EU:C:1987:275, point 20). En revanche, les justiciables sont en droit
de se prévaloir directement devant le juge national d’une directive d’effet direct non-
transposée si elle a pour conséquence d’abroger ou de réduire les sanctions pénales
antérieures applicables en raison du principe de la rétroactivité de la loi pénale la plus
favorable (CJCE, 29 oct. 1998, Awoyemi, C-230/97, EU:C:1998:521, point 45).

——
10. Voy. la position identique du Conseil d’État français, le présent ouvrage, p. 39.

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 93

b) L’absence d’effet direct horizontal des directives


Néanmoins, les directives ne bénéficient pas pour autant d’un effet direct complet. En
effet, le juge de Luxembourg rappelle systématiquement depuis son arrêt Marshall de
février 1986 que « le caractère contraignant d’une directive sur lequel est fondée la
possibilité d’invoquer celle-ci devant une juridiction nationale n’existe qu’à l’égard de
tout "État membre destinataire". Il s’ensuit qu’une directive ne peut pas, par elle-
même, créer d’obligations dans le chef d’un particulier et qu’une disposition d’une
directive ne peut donc pas être invoquée en tant que telle à l’encontre d’une telle
personne » (CJCE, 26 févr. 1986, Marshall, 152/84, EU:C:1986:84, point 48 ; voy.
égal., CJCE, 14 juill. 1994, Faccini Dori, C-91/92, EU:C:1994:292, point 20 ; 14 sept.
2000, Collino et Chiappero, C-343/98, EU:C:2000:441, point 20 ; CJUE, 19 janv.
2010, Kücükdeveci, C-555/07, EU:C:2010:21, point 46 ; CJUE, 21 oct. 2010,
Accardo e.a., C-227/09, EU:C:2010:624, point 45). En l’état actuel du processus
d’intégration, les directives sont donc dépourvues d’effet direct horizontal dans la
mesure où de tels actes ne créent pas, en eux-mêmes, d’obligations entre particuliers.
Les dispositions d’une directive d’effet direct ne peuvent donc pas être invoquées dans
le cadre d’un litige entre particuliers. La Cour de justice a précisé récemment qu’« une
juridiction nationale, saisie d’un litige entre particuliers, qui se trouve dans l’impossibilité
de procéder à une interprétation des dispositions de son droit national qui serait
conforme à une directive, n’est pas tenue, sur le seul fondement du droit de l’Union,
de laisser inappliquées les dispositions de son droit national contraires aux dispositions
de cette directive qui remplissent toutes les conditions requises pour produire un effet
direct et d’étendre ainsi l’invocabilité d’une disposition d’une directive non transposée,
ou incorrectement transposée, au domaine des rapports entre les particuliers » (CJUE,
7 août 2018, Smith, C-122/17, EU:C:2018:631, point 49).
Il est vrai que la reconnaissance d’un effet direct horizontal aux directives aurait nécessai-
rement pour conséquence de remettre en cause la typologie des actes de droit dérivé, telle
qu’elle découle de l’article 288, du Traité FUE, en effaçant toute distinction entre la direc-
tive et le règlement. Comme le rappelle la Cour de justice, « étendre l’invocabilité d’une
disposition d’une directive non transposée, ou incorrectement transposée, au domaine
des rapports entre les particuliers reviendrait à reconnaître à l’Union européenne le
pouvoir d’édicter avec effet immédiat des obligations à la charge des particuliers, alors
qu’elle ne détient cette compétence que là où lui est attribué le pouvoir d’adopter des
règlements » (CJCE, 14 juill. 1994, Faccini Dori, C-91/92, EU:C:1994:292, point 24 ;
CJUE, 7 août 2018, Smith, C-122/17, EU:C:2018:631, point 42).
Sans remettre en cause l’absence d’effet direct horizontal des directives, la Cour de
justice a cependant procédé à un infléchissement de sa jurisprudence en admettant
l’invocabilité d’une directive dans l’hypothèse de « situations triangulaires », c’est-à-dire
lorsqu’un État membre a l’obligation, à la demande d’un particulier, d’appliquer une
directive qui aurait pour conséquence de priver un autre particulier de ses droits. Le
juge de Luxembourg a en effet affirmé dans l’arrêt Wells de janvier 2004 que « de
simples répercussions négatives sur les droits de tiers, même si elles sont certaines, ne
justifient pas de refuser à un particulier d’invoquer les dispositions d’une directive à
l’encontre de l’État membre concerné » (CJCE, 7 janv. 2004, Wells, C-201/02, EU:
C:2004:12, point 57 ; CJUE, 6 oct. 2015, T-Mobile Czech Republic et Vodafone
Czech Republic, C-508/14, EU:C:2015:657, point 48). Comme le résume parfaitement
Denys Simon, « dans des situations triangulaires, l’effet collatéral ne fait pas obstacle à

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94 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

l’effet direct vertical des directives »11. La Cour de justice a précisé par la suite la portée
de l’invocabilité des directives dans une telle hypothèse (voy. not., CJCE, 17 juill. 2008,
Arcor e.a., C-152/07 à C-154/07, EU:C:2008:426). Par ailleurs, et à l’occasion de litiges
portant sur l’application du principe de non-discrimination en fonction de l’âge, la Cour
de justice a jugé que l’absence d’effet direct d’une directive ne fait pas obstacle à l’exis-
tence d’une invocabilité d’interprétation conforme du droit national, les juridictions
nationales étant en effet « tenues de prendre en considération l’ensemble des règles
de ce droit et de faire application des méthodes d’interprétation reconnues par celui-ci
afin de l’interpréter, dans toute la mesure du possible, à la lumière du texte ainsi que de
la finalité de la directive en cause pour atteindre le résultat fixé par celle-ci et de se
conformer ainsi à l’article 288, troisième alinéa, du Traité FUE » (CJUE, 19 janv. 2010,
Kücükdeveci, C-555/07, EU:C:2010:21, point 48 ; CJUE, 24 janv. 2012, Dominguez,
C-282/10, EU:C:2012:33, point 24 ; CJUE, 19 avril 2016, Dansk Industri (DI), C-441/
14, EU:C:2016:278, point 31 ; CJUE, 7 juill. 2016, Ambisig, C-46/15, EU:C:2016:530,
point 24). En rappelant « que le principe de non-discrimination en fonction de l’âge
confère aux particuliers un droit subjectif invocable en tant que tel qui, même dans des
litiges entre particuliers, oblige les juridictions nationales à écarter l’application des
dispositions nationales non conformes audit principe » (sur ce point voy., CJUE,
15 janv. 2014, Association de médiation sociale, C-176/12, EU:C:2014:2, point
47 ; CJUE, 19 avril 2016, Dansk Industri (DI), C-441/14, EU:C:2016:278, point 36),
la Cour de justice admet ainsi la possibilité d’invocabilité couplée d’une directive et
d’un principe général du droit y compris dans un litige horizontal entre personnes
privées. On ne peut que se ranger sous l’observation de Denys Simon selon laquelle
« la technique de l’interprétation conforme joue à l’évidence le rôle de “palliatif” [...]
de l’absence d’effet direct horizontal, afin de garantir aux justiciables, quelle que soit la
nature du litige, la protection minimale des droits qu’ils tirent des directives »12.

3) Le Conseil d’État et l’invocabilité des directives


Si l’effet direct des règlements n’a jamais fait l’objet d’aucune controverse dans les juri-
dictions administratives françaises, il en est tout autrement des directives. En effet, le
Conseil d’État s’est opposé à l’applicabilité directe des directives dans la mesure où il
considérait qu’aucune disposition des traités ne prévoyait une telle possibilité. La Haute
Assemblée exclut ainsi dans son célèbre arrêt Cohn-Bendit de décembre 1978 la possibi-
lité pour un particulier d’invoquer les dispositions d’une directive à l’appui d’un recours
pour excès de pouvoir dirigé contre une décision individuelle (CE, ass., déc. 1978, Req.
nº 11604, Ministre de l’intérieur/Cohn-bendit, FR:CEASS:1978:11604.19781222).
Cette jurisprudence va connaître avec le temps quelques évolutions qui vont en réduire
la portée et conduire à un rapprochement progressif des positions de la Cour de justice
et du Conseil d’État, sans pour autant mettre un terme à la différence théorique. En
effet, le Conseil d’État a, dans la pratique, donné leur plein effet aux directives. Ainsi, il
admet qu’un particulier est en droit d’invoquer les objectifs d’une directive pour
demander l’annulation de mesures nationales de transposition (CE, 28 sept. 1984,
Req. nº 28467, Confédération nationale des sociétés de protection des animaux

——
11. Simon D., Europe, nº 3/2004, comm. nº 63, p. 12.
12. Simon D., Europe, nº 6/2016, comm. nº 186, p. 16.

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 95

de France et des pays d’expression française e.a., FR:CESSR:1984:28467.9840928)


ou encore de tout acte réglementaire incompatible avec lesdits objectifs (CE, 7 déc.
1984, Req. nº 41971-41972, Fédération française des sociétés de protection de la
nature e.a., FR:CESSR:1984:41971.19841207). De même, le Conseil d’État reconnaît
le droit pour les particuliers d’exiger de l’administration l’annulation de tout acte anté-
rieur contraire aux objectifs d’une directive (CE, ass., 3 févr. 1989, Req. nº 74052,
Compagnie Alitalia, FR:CEASS:1989:74052.19890203) ou encore l’inapplication
d’actes réglementaires antérieurs contraires aux objectifs d’une directive au terme du
délai de transposition (CE, ass., 6 févr. 1998, Req. nº 138777-147424 e.a., Tête et
Association de sauvegarde de l’Ouest lyonnais, FR:CEASS:1998:138777.
19980206). Ces évolutions et solutions ne s’appliquent pas seulement à l’encontre des
actes réglementaires mais prévalent également lorsque des lois sont en cause. Ainsi, la
Haute Assemblée juge qu’une loi de transposition doit être écartée dès lors qu’elle est
incompatible avec une directive (CE, 28 févr. 1992, Req. nº 56776-56777, SA Roth-
mans International France et SA Philip Morris France, FR:CEASS:1992:
56776.19920228) et que les mesures nationales de transposition d’une directive
doivent être interprétées à la lumière des objectifs de cette directive (CE, ass., 22 déc.
1989, Req. nº 86113, Cercle militaire mixte de la caserne Mortier, FR:
CESJS:1989:86113.19891222). Enfin, le Conseil d’État admet, tout comme son homo-
logue européen, qu’un particulier puisse demander réparation des préjudices subis en
raison de la non-transposition ou la transposition incorrecte d’une directive et engager
la responsabilité de l’État (CE, ass., 28 févr. 1992, Req. nº 87753, Société Arizona
Tobacco Products et SA Philipp Morris France, FR:CEASS:1992:87753.19920228).
En dépit de ces évolutions, le Conseil d’État restait fermement campé sur sa jurispru-
dence Cohn-Bendit et refusait la possibilité pour un particulier d’invoquer une directive
à l’appui d’un recours pour excès de pouvoir dirigé contre une décision individuelle. Cet
ultime verrou est levé par le Conseil d’État dans une décision d’assemblée Mme Perreux
d’octobre 2009 dans lequel il reconnaît que « tout justiciable peut se prévaloir, à l’appui
d’un recours dirigé contre un acte administratif non réglementaire, des dispositions
précises et inconditionnelles d’une directive, lorsque l’État n’a pas pris, dans les délais
impartis par celle-ci, les mesures nationales de transposition nécessaires », conduisant
ainsi à l’abandon de la jurisprudence Cohn-Bendit (CE, 30 oct. 2009, Req. nº 298348,
Mme Perreux, FR:CEASS:2009:298348.20091030). Le Conseil d’État a rendu par la
suite un avis contentieux à la demande du tribunal administratif de Montreuil qui vient
confirmer la faculté du particulier d’invoquer une directive à l’appui d’un recours dirigée
contre un acte administratif individuel non réglementaire et qui complète ainsi le revire-
ment opéré par la jurisprudence Mme Perreux (CE, 21 mars 2011,
Req. nº 345978-346612, M. Jin et M. Thiero, FR:CESSR:2011:345978.20110321).

C - L’applicabilité directe des décisions


En modifiant en substance la décision qui n’est plus désormais un acte de caractère
exclusivement individuel, le Traité de Lisbonne conduit à revoir la question de l’applica-
bilité directe des décisions.
S’agissant des décisions de portée individuelle, il convient de distinguer celles adressées
aux particuliers de celles adressées aux États membres. Les décisions adressées à des

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96 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

personnes physiques ou morales créent directement des droits et/ou des obligations au
bénéfice et/ou à la charge de leurs destinataires. Elles bénéficient donc, tout comme le
règlement, d’un effet direct complet étant donné que la modification du patrimoine juri-
dique de leurs destinataires qu’elle engendre doit pouvoir être invoquée dans tout type
de litige. La Cour de justice admet que les décisions adressées à des particuliers puissent
également créer des droits au profit des tiers dont ils pourront se prévaloir devant les
juridictions nationales notamment dans le domaine de la concurrence13. Les décisions
adressées aux États membres sont soumises au même régime que les directives en
matière d’applicabilité directe comme l’a démontré la Cour de justice à travers sa juris-
prudence (pour une illustration voy., CJCE, 6 oct. 1970, Grad, 9/70, EU:C:1970:78 ;
CJCE, 10 nov. 1992, Fleisch, C-156/91, EU:C:1992:423). Ainsi, tout comme les direc-
tives et sous réserve qu’elles satisfassent elles aussi aux critères d’inconditionnalité et de
précision, de telles décisions peuvent alors seulement être invoquées par un particulier
contre un État membre (effet direct limité).
S’agissant des décisions de portée générale, il conviendra de rechercher au cas par cas si
elles sont de nature ou non à créer des droits dans le patrimoine des particuliers. Si tel
est le cas, la jurisprudence de la Cour de justice relative aux directives devrait alors leur
être applicable. Ainsi, les dispositions de ces décisions, sans destinataire spécifique,
pourraient alors être directement invoquées par un particulier à l’encontre d’un État
défaillant à l’appui d’un recours interne sous réserve que de telles dispositions satisfas-
sent aux exigences de précision et d’inconditionnalité. En revanche, les décisions de
portée générale adressées aux seules institutions de l’Union devraient être dépourvues
d’un quelconque effet direct.

3• L’APPLICABILITÉ DIRECTE DU DROIT CONVENTIONNEL


La Cour de justice n’exclut pas que les dispositions des accords externes conclus par
l’Union puissent être d’effet direct sous réserve qu’elles répondent aux conditions de
précision et d’inconditionnalité : « une disposition d’un accord conclu par la Commu-
nauté avec des pays tiers doit être considérée comme étant d’application directe
lorsque, eu égard à ses termes ainsi qu’à l’objet et à la nature de l’accord, elle comporte
une obligation claire et précise, qui n’est subordonnée, dans son exécution ou dans ses
effets, à l’intervention d’aucun acte ultérieur » (CJCE, 30 sept. 1987, Demirel, 12/86,
EU:C:1987:400, point 14). Ainsi, la Cour de justice recherche donc à travers l’esprit,
l’économie et les termes d’un accord externe l’éventuel effet direct de ses dispositions
(CJCE, 12 déc. 1995, Chiquita Italia, C-469/93, EU:C:1995:435, point 25). D’ailleurs,
le fait qu’un tel accord vise pour l’essentiel à promouvoir une coopération globale entre
les parties contractantes ou encore à favoriser le développement économique des pays
tiers contractants, sans viser à une association ou à une future adhésion de ces pays,
n’est pas de nature à empêcher l’applicabilité directe de certaines de ses dispositions
(CJCE, 5 févr. 1976, Bresciani, 87/75, EU:C:1976:18, point 23 : à propos des

——
13. Ainsi, une entreprise qui s’estime victime d’un accord conclu entre ses concurrents peut directement
invoquer devant le juge national une décision de la Commission leur ordonnant de mettre fin à cet
accord contraire à l’article 101, du Traité FUE.

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CHAPITRE 5 – L’applicabilité directe 97

conventions de Yaoundé de 1963 et de 1969 entre la CEE et les États africains et


malgache associés (EAMA) ; CJCE, 31 janv. 1991, Kziber, C-18/90, EU:C:1991:36,
point 21 : à propos de l’accord de coopération ente la CEE et le Royaume du Maroc ;
CJUE, 20 mai 2010, Ioannis Katsivardas – Nikolaos Tsitsikas, C-160/09, EU:
C:2010:293, point 35 : à propos de l’accord-cadre de coopération entre la CEE et
l’accord de Carthagène et ses pays membres).
Les personnes physiques ou morales peuvent donc invoquer devant le juge national les
droits qu’ils tirent des accords externes conclus entre l’Union et des pays tiers, y compris
dans le cadre de litige entre personnes privées. La Cour admet ainsi qu’un accord de
libre-échange, de coopération ou encore d’association peut contenir des dispositions
d’effet direct (pour une illustration voy., CJCE, 5 févr. 1976, Bresciani, 87/75, EU:
C:1976:18 ; CJCE, 29 avril 1982, Pabst & Richarz KG, 17/81, EU:C:1982:129 ; CJCE,
20 sept. 2007, Tum et Dari, C-16/05, EU:C:2007:530). Le juge de Luxembourg
applique le même raisonnement aux décisions adoptées par les organes institués par
de tels accords (pour une illustration voy., CJCE, 5 oct. 1994, Eroglu, C-355/93, EU:
C:1994:369 : à propos des décisions du Conseil d’association CEE-Turquie).
En revanche, la Cour de justice a refusé de reconnaître à plusieurs reprises un effet direct
aux règles du GATT en raison notamment de leur souplesse et du caractère incomplet
du système de règlement des différends (voy. not., CJCE, 12 déc. 1972, International
Fruit Company e.a., 21/72 à 24/72, EU:C:1972:115). Le juge de Luxembourg a retenu
une solution identique s’agissant des règles contenues dans les accords de Marrakech
créant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des décisions de l’organe de
règlement des différends de l’OMC qui ne peuvent notamment pas être invoquées à
l’appui d’un recours en annulation ou en responsabilité (CJCE, 23 nov. 1999,
Portugal/Conseil, C-149/96, EU:C:1999:574 ; Tribunal, 20 mars 2001, Cordis/
Commission, T-18/99, EU:T:2001:95 ; CJUE, 16 juill. 2015, Commission/Rusal
Armesal, C-21/14 P, EU:C:2015:494). Par contre, le juge de l’Union accepte de
contrôler exceptionnellement la légalité d’un acte de droit dérivé au regard d’un traité
international lorsque cet acte vise à exécuter une disposition particulière de ce traité
international ou encore renvoie à des dispositions précises de celui-ci (CJCE, 22 juin
1989, Fediol/Commission, 70/87, EU:C:1989:254 : à propos de l’accord instituant
l’OMC ; CJCE, 7 mai 1991, Nakajima/Conseil, C-69/89, EU:C:1991:186 : à propos du
code antidumping du GATT ; CJUE, 13 janv. 2015, Conseil e.a./Vereniging Milieude-
fensie et Stichting Stop Luchtverontreiniging Utrecht, C-401/12 P à C-403/12 P,
EU:C:2015:4 : à propos de la Convention d’Aarhus).

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98 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

BIBLIOGRAPHIE

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concreto », CDE, nº 1/2016, p. 65.

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CHAPITRE 6
La primauté

La primauté du droit de l’Union signifie que la norme de l’Union prend place dans l’ordre
juridique interne des États membres avec rang de priorité sur l’ensemble des normes
nationales. La conséquence est qu’en cas de conflit entre une norme de l’Union et une
norme nationale, l’application de la seconde devra être écartée au profit de la première.
Après avoir évoqué en premier lieu le rôle déterminant de la Cour de justice dans la
consécration du principe de primauté (Section 1), on abordera en second lieu la mise
en œuvre du principe de primauté par les juridictions françaises (Section 2).

Section 1
Le principe de la primauté

1• LA CONSÉCRATION DU PRINCIPE
En l’absence d’une clause générale de supériorité du droit communautaire sur les droits
nationaux dans les traités constitutifs ou tout du moins d’une disposition qui détermine-
rait le rapport hiérarchique entre le droit communautaire et les droits nationaux, c’est
donc la Cour de justice qui a solennellement posé le principe de la primauté du droit
communautaire sur celui des États membres dans son arrêt Costa/E.N.E.L. de juillet 1964
relatif à la nationalisation de l’électricité en Italie (CJCE, 15 juill. 1964, Costa/E.N.E.L., 6/
64, EU:C:1964:66) :
« [...] qu’à la différence des traités internationaux ordinaires, le Traité de la CEE a institué
un ordre juridique propre, intégré au système juridique des États membres lors de
l’entrée en vigueur du traité et qui s’impose à leurs juridictions ;
qu’en effet, en instituant une Communauté de durée illimitée, dotée d’institutions
propres, de la personnalité, de la capacité juridique, d’une capacité de représentation
internationale et plus particulièrement de pouvoirs réels issus d’une limitation de compé-
tence ou d’un transfert d’attributions des États à la Communauté, ceux-ci ont limité,
bien que dans des domaines restreints, leurs droits souverains et créé ainsi un corps de
droit applicable à leurs ressortissants et à eux-mêmes ;
attendu que cette intégration au droit de chaque pays membre de dispositions qui
proviennent de source communautaire, et plus généralement les termes et l’esprit du
traité, ont pour corollaire l’impossibilité pour les États de faire prévaloir, contre un

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100 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

ordre juridique accepté par eux sur une base de réciprocité, une mesure unilatérale ulté-
rieure qui ne saurait ainsi lui être opposable ;
que la force exécutive du droit communautaire ne saurait, en effet, varier d’un État à l’autre
à la faveur des législations internes ultérieures, sans mettre en péril la réalisation des buts
du traité visée à l’article 5 (2), ni provoquer une discrimination interdite par l’article 7 ;
que les obligations contractées dans le Traité instituant la Communauté ne seraient pas
inconditionnelles mais seulement éventuelles, si elles pouvaient être mises en cause par
les actes législatifs futurs des signataires ;
que, lorsque le droit d’agir unilatéralement est reconnu aux États, c’est en vertu d’une
clause spéciale précise (articles 15, 93-3, 223 à 225 par exemple) ;
que, d’autre part, les demandes de dérogation des États sont soumises à des procédures
d’autorisation (articles 8-4, 17-4, 25, 26, 73, 93-2, 3e alinéa, et 226 par exemple) qui
seraient sans objet s’ils avaient la possibilité de se soustraire à leurs obligations au
moyen d’une simple loi ;
attendu que la prééminence du droit communautaire est confirmée par l’article 189 aux
termes duquel les règlements ont valeur “obligatoire” et sont “directement applicables
dans tout État membre” ;
que cette disposition, qui n’est assortie d’aucune réserve, serait sans portée si un État
pouvait unilatéralement en annihiler les effets par un acte législatif opposable aux
textes communautaires ;
attendu qu’il résulte de l’ensemble de ces éléments, qu’issu d’une source autonome, le
droit né du traité ne pourrait donc, en raison de sa nature spécifique originale, se voir judi-
ciairement opposer un texte interne quel qu’il soit, sans perdre son caractère communau-
taire et sans que soit mise en cause la base juridique de la Communauté elle-même ;
que le transfert opéré par les États, de leur ordre juridique interne au profit de l’ordre juri-
dique communautaire, des droits et obligations correspondant aux dispositions du traité,
entraîne donc une limitation définitive de leurs droits souverains contre laquelle ne saurait
prévaloir un acte unilatéral ultérieur incompatible avec la notion de Communauté [...]. »
Le raisonnement de juge de Luxembourg repose sur un ensemble d’arguments complé-
mentaires d’ordre fonctionnel. Après avoir rappelé que l’ordre juridique communautaire
est « intégré au système juridique des États membres » et « s’impose à leurs juridic-
tions », la Cour de justice souligne que les États membres ont doté la Communauté
économique européenne « de pouvoirs réels issus d’une limitation de compétence ou
d’un transfert d’attributions des États à la Communauté », créant par là même « un
corps de droit applicable à leurs ressortissants et à eux-mêmes ». Ainsi, « les termes et
l’esprit du traité, ont pour corollaire l’impossibilité pour les États de faire prévaloir,
contre un ordre juridique accepté par eux sur une base de réciprocité, une mesure unila-
térale ultérieure qui ne saurait ainsi lui être opposable ». Puis la Cour de justice
démontre que ce sont en définitive les caractéristiques propres de l’ordre juridique
communautaire qui ordonnent de consacrer la primauté du droit communautaire sur
les droits nationaux, à savoir :
– l’applicabilité directe :
« [...] la prééminence du droit communautaire est confirmée par l’article 189 [TFUE,
art. 288] aux termes duquel les règlements ont valeur “obligatoire”et sont “directement
applicables dans tout État membre” ;

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CHAPITRE 6 – La primauté 101

Que cette disposition, qui n’est assortie d’aucune réserve, serait sans portée si un État
pouvait unilatéralement en annihiler les effets par un acte législatif opposable aux
textes communautaires » ;
– le transfert d’attributions des États membres :
« [...] le transfert opéré par les États, de leur ordre juridique interne au profit de l’ordre
juridique communautaire, des droits et obligations correspondant aux dispositions du
traité, entraîne donc une limitation définitive de leurs droits souverains contre laquelle
ne saurait prévaloir un acte unilatéral ultérieur incompatible avec la notion
de Communauté » ;
– l’unité de l’ordre juridique communautaire :
« [...] la force exécutive du droit communautaire ne saurait, en effet, varier d’un État à
l’autre à la faveur des législations internes ultérieures, sans mettre en péril la réalisation
des buts du traité visé à l’article 5 (2) [TUE, art. 4, § 3], ni provoquer une discrimination
interdite par l’article 7 [TFUE, art. 18] ».
La Cour de justice parachève sa démonstration en précisant « qu’il résulte de l’ensemble
de ces éléments, qu’issu d’une source autonome, le droit né du traité ne pourrait donc,
en raison de sa nature spécifique originale, se voir judiciairement opposer un texte
interne quel qu’il soit, sans perdre son caractère communautaire et sans que soit mise
en cause la base juridique de la Communauté elle-même ». La primauté est donc, selon
le juge Pierre Pescatore, « une condition existentielle » du droit de l’Union1.

2• LA PORTÉE DU PRINCIPE
La jurisprudence ultérieure de la Cour de justice est venue confirmer que le principe de
primauté a une portée absolue, c’est-à-dire que toutes les normes de l’Union à caractère
obligatoire prévalent sur l’ensemble des normes nationales.

A - Primauté et normes de l’Union


L’ensemble des normes obligatoires de l’Union jouissent de la primauté. La primauté du
droit de l’Union bénéficie donc non seulement au droit primaire (c’est-à-dire aux traités
eux-mêmes comme dans l’arrêt Costa/E.N.E.L. et à leurs protocoles) (CJCE, 24 févr.
1988, Commission/Belgique, 260/86, EU:C:1988:91), au droit dérivé (c’est-à-dire aux
règlements (CJCE, 14 déc. 1971, Politi, 43/71, EU:C:1971:122 ; CJCE, 7 mars 1972,
Marimex, 84/71, EU:C:1972:14), aux directives (CJCE, 7 juill. 1981, Rewe/Hauptzol-
lamt Kiel, 158/80, EU:C:1981:163 ; CJCE, 19 janv. 1982, Becker, 8/81, EU:C:1982:7),
aux décisions (CJCE, 8 mars 1979, Salumificio di Cornuda, 130/78, EU:C:1979:60),
mais également au droit conventionnel (c’est-à-dire aux accords internationaux conclus
ou liant l’Union européenne) (CJCE, 19 nov. 1975, Douaneagent der Nederlandse
Spoorwegen, 38/75, EU:C:1975:154). La Cour de justice a par ailleurs admis que la

——
1. Pescatore P., L’ordre juridique des Communautés européennes – Étude des sources du droit commu-
nautaire, 2006, Bruylant, spéc. p. 227.

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102 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

primauté vaut également au profit des actes hors nomenclature dès lors qu’ils génèrent
des effets juridiques obligatoires (CJCE, 31 mars 1971, Commission/Conseil, 22/70,
EU:C:1971:32). Enfin, les principes généraux du droit priment également sur le droit
des États membres à partir du moment où ces derniers agissent dans le champ d’appli-
cation du droit de l’Union (CJCE, 13 juill. 1989, Wachauf, 5/88, EU:C:1989:321 ; CJCE,
3 déc. 1998, Belgocodex, C-381/97, EU:C:1998:589). Ainsi, la primauté bénéficie donc
à l’ensemble des normes obligatoires de l’Union, qu’elles soient ou non d’applicabilité
directe. Finalement, les seules normes de l’Union qui sont exclues du bénéfice de la
primauté sont les normes dépourvues d’effet contraignant que sont notamment les
recommandations et les avis. Les juridictions nationales sont toutefois tenues de
prendre en considération de tels actes lorsqu’ils sont susceptibles d’éclairer l’inter-
prétation de dispositions obligatoires (CJCE, 13 déc. 1989, Grimaldi, C-322/88, EU:
C:1989:646, point 18).

B - Primauté et normes nationales


Le droit de l’Union prime sur toutes les normes nationales, quelles qu’elles soient,
comme le confirme d’ailleurs l’arrêt de principe Costa/E.N.E.L. de juillet 1964 : « le droit
né du traité ne pourrait donc, en raison de sa nature spécifique originale, se voir judiciai-
rement opposer un texte interne quel qu’il soit ». Le droit de l’Union prévaut donc,
quelle que soit la nature de la norme nationale en cause et quels que soient son
auteur, son objet et sa date d’adoption. En effet, le juge de Luxembourg admet la
primauté d’une norme de l’Union sur des normes nationales contraires antérieures
mais aussi à l’égard de celles qui lui sont postérieures comme ce fut le cas dans l’arrêt
Costa/E.N.E.L. (s’agissant plus spécifiquement des actes législatifs voy., CJCE, 9 mars
1978, Simmenthal, 106/77, EU:C:1978:49). Par ailleurs, le droit de l’Union prime sur
le droit national quel que soit l’auteur de l’acte incompatible avec le droit de l’Union,
qu’il s’agisse des autorités centrales de l’État (CJCE, 28 févr. 1991, Commission/Alle-
magne, C-57/89, EU:C:1991:89) ou des collectivités territoriales (voy. not., CJCE,
13 juill. 1989, Base e.a./Comune di Cinisello Balsamo, 380/87, EU:C:1989:318).
Enfin, le juge de Luxembourg considère que toutes les normes nationales sont assujet-
ties au principe de primauté (actes législatifs, actes administratifs de nature réglemen-
taire ou individuelle, conventions collectives...), y compris les normes constitutionnelles
(voy. not., CJCE, 7 juill. 1981, Rewe/Hauptzollamt Kiel, 158/80, EU:C:1981:163,
point 43). En effet, après avoir simplement constaté que la mise en échec du droit
communautaire par des dispositions constitutionnelles serait « contraire à l’ordre juri-
dique communautaire » (CJCE, Ord., 22 juin 1965, San Michele/Haute Autorité
CECA, 9/65, EU:C:1965:63), le juge de Luxembourg a affirmé que « l’invocation
d’atteintes portées, soit aux droits fondamentaux tels qu’ils sont formulés par la Consti-
tution d’un État membre, soit aux principes d’une structure constitutionnelle nationale,
ne saurait affecter la validité d’un acte de la Communauté ou son effet sur le territoire
de cet État » (CJCE, 17 déc. 1970, Internationale Handelgesellschaft, 11/70, EU:
C:1970:114, point 3). Ainsi, la Cour de justice a jugé, dans son arrêt Kreil de
janvier 2000, que la directive nº 76/207/CEE du Conseil du 9 février 1976, relative à
l’égalité de traitement entre hommes et femmes, primait sur l’article 12a de la loi fonda-
mentale allemande qui excluait, d’une manière générale, les femmes des emplois mili-
taires comportant l’utilisation d’armes et qui les autorisait seulement à accéder aux

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CHAPITRE 6 – La primauté 103

services de santé et aux formations de musique militaire (CJCE, 11 janv. 2000, Kreil, C-
285/98, EU:C:2000:2). En résumé, toutes les normes nationales sont donc assujetties à
la primauté.

3• LES CONSÉQUENCES DU PRINCIPE


Les conséquences du principe de primauté ont été exposées par la Cour de justice dans
un arrêt Simmenthal de mars 1978 (CJCE, 9 mars 1978, Simmenthal, 106/77, EU:
C:1978:49). La Cour rappelle tout d’abord que « les dispositions du traité et les actes
des institutions directement applicables [...] font partie intégrante, avec rang de priorité,
de l’ordre juridique applicable sur le territoire de chacun des États membres » (point 17),
puis s’intéresse aux conséquences de la primauté pour l’ensemble des autorités natio-
nales avant d’insister tout particulièrement sur les conséquences d’un tel principe pour
le juge national.

A - Les conséquences de la primauté pour


toutes les autorités nationales
Le juge de Luxembourg distingue deux hypothèses :
– lorsque les normes nationales contraires sont antérieures à la norme de l’Union, le
principe de primauté a pour effet « de rendre inapplicable de plein droit, du fait
même de leur entrée en vigueur, toute disposition contraire de la législation natio-
nale existante » (point 17) (sur ce point voy. égal., CJCE, 19 juin 1990, Factortame
Ltd e.a., C-213/89, EU:C:1990:257, point 18 ; CJUE, 8 sept. 2010, Winner
Wetter, C-409/06, EU:C:2010:503, point 53) ;
– lorsque les normes nationales contraires sont postérieures à la norme de l’Union, le
principe de primauté a pour effet « d’empêcher la formation valable de nouveaux
actes législatifs nationaux dans la mesure où ils seraient incompatibles avec des
normes communautaires » (point 17).
La Cour de justice précisera ultérieurement qu’en vertu du principe de coopération loyale
posé désormais par l’article 4, § 3, du Traité TUE, le principe de primauté commande aux
États membres d’abroger les normes nationales incompatibles avec le droit de l’Union
(CJCE, 24 mars 1988, Commission/Italie, 104/86, EU:C:1988:171, point 12).

B - Les conséquences de la primauté pour le juge national


Dans les deux hypothèses évoquées précédemment, la Cour de justice considère que
l’attitude du juge national doit être la même : « tout juge national, saisi dans le cadre de
sa compétence, a l’obligation d’appliquer intégralement le droit communautaire et de
protéger les droits que celui-ci confère aux particuliers, en laissant inappliquée toute
disposition éventuellement contraire de la loi nationale, que celle-ci soit antérieure ou
postérieure à la règle communautaire » (point 21). En effet, « serait, dès lors, incompatible
avec les exigences inhérentes à la nature même du droit communautaire toute disposition

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104 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

d’un ordre juridique national ou toute pratique, législative, administrative ou judiciaire, qui
aurait pour effet de diminuer l’efficacité du droit communautaire par le fait de refuser au
juge compétent pour appliquer ce droit, le pouvoir de faire, au moment même de cette
application, tout ce qui est nécessaire pour écarter les dispositions législatives nationales
formant éventuellement obstacle à la pleine efficacité des normes communautaires »
(point 22). Dès lors, « le juge national chargé d’appliquer, dans le cadre de sa compétence,
les dispositions du droit communautaire, a l’obligation d’assurer le plein effet de ces
normes en laissant au besoin inappliquée, de sa propre autorité, toute disposition
contraire de la législation nationale, même postérieure, sans qu’il ait à demander ou à
attendre l’élimination préalable de celle-ci par voie législative ou par tout autre procédé
constitutionnel » (point 24) (pour une confirmation voy. not., CJUE, 5 oct. 2010,
Elchinov, C-173/09, EU:C:2010:581, point 31 ; CJUE, 20 oct. 2011, Interedil, C-396/
09, EU:C:2011:671, point 38 ; CJUE, 18 juill. 2013, Consiglio nazionale dei geologi
et Autorità garante della concorrenza e del mercato, C-136/12, EU:C:2013:489,
point 33 ; CJUE, 6 juill. 2017, Glencore Agiculture Hungary, C-254/16, EU:
C:2017:522, point 35 ; CJUE, 6 mars 2018, SEGRO, C-52/16 et C-113/16, EU:
C:2018:157, point 46 ; CJUE, 4 déc. 2018, Minister for Justice and Equality et
Commissioner of An Garda Síochána, C-378/17, EU:C:2018:979, point 50).
Ainsi, le juge national a l’obligation d’écarter toute disposition nationale, même d’ordre
constitutionnel, qui serait susceptible de mettre en péril le plein effet du droit de l’Union.
Il se doit donc de garantir et d’assurer, à travers sa fonction juridictionnelle, l’application
pleine et entière du droit de l’Union.
La jurisprudence ultérieure de la Cour de justice a confirmé les conséquences de la
primauté pour l’ensemble des autorités nationales, y compris juridictionnelles. À chaque
fois qu’elle en a l’opportunité, la Cour rappelle, selon une formule rituelle, qu’« à défaut
de pouvoir procéder à une interprétation et à une application de réglementation nationale
conforme aux exigences du droit de l’Union, les juridictions nationales et les organes de
l’administration ont l’obligation d’appliquer intégralement le droit de l’Union et de
protéger les droits que celui-ci confère aux particuliers, en laissant au besoin inappliquée
toute disposition contraire de droit interne » (parmi une jurisprudence très abondante voy.
not., CJCE, 4 févr. 1988, Murphy e.a., 157/86, EU:C:1988:62, point 11 ; CJCE, 26 sept.
2000, Engelbrecht, C-262/97, EU:C:2000:492, point 40 ; CJCE, 22 juin 1989,
Costanzo/Comune di Milano, 103/88, EU:C:1989:256, point 33 ; CJCE, 11 janv.
2007, ITC, C-208/05, EU:C:2007:16, point 69 ; CJUE, 14 oct. 2010, Fuß, C-243/09, EU:
C:2010:609, point 63 ; CJUE, 25 nov. 2010, Fuß, C-429/09, EU:C:2010:717, point 40 ;
CJUE, 7 sept. 2017, H., C-174/16, EU:C:2017:637, point 70 ; CJUE, 21 nov. 2018,
Ayubi, C-713/17, EU:C:2018:929, point 40).

Section 2
La primauté du droit de l’Union en France
Comme l’observent fort justement Claude Blumann et Louis Dubouis, « la position du
juge national ne peut être parfaitement symétrique, voire identique, à celle du juge de
l’Union. Il lui faut en effet tenir compte de son propre environnement juridique, c’est-à-

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CHAPITRE 6 – La primauté 105

dire des textes et pratiques nationales qui fondent sa compétence et qui se prononcent
sur les conflits des systèmes juridiques »2. Ainsi en France3, si les juridictions ordinaires
n’ont jamais eu de difficultés particulières à faire primer le droit de l’Union sur les actes
administratifs ou réglementaires4, il en est par contre tout autrement dès lors que le droit
de l’Union a été confronté à la loi et à la Constitution.

1• LE DROIT DE L’UNION ET LA LOI


A - La position du juge constitutionnel5
L’article 55 de la Constitution pose expressément le principe de la primauté du droit
international sur la loi française, et de ce fait de la primauté du droit de l’Union sur la
loi française : « les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord
ou traité, de son application par l’autre partie ».
Toutefois, le Conseil constitutionnel français se refuse traditionnellement à examiner la
conformité d’une loi aux dispositions d’un traité ou d’un accord international. Le juge
constitutionnel estime en effet qu’il ne lui appartient pas de prononcer, au titre de
l’article 61 de la Constitution, l’inconstitutionnalité d’une loi contraire à un traité. Cette
fin de non-recevoir ressort clairement de sa décision du 15 janvier 1975 (Cons. const.,
15 janv. 1975, nº 74-54 DC, Loi relative à l’interruption volontaire de grossesse,
FR:CC:1975:74.54.DC) par laquelle le juge constitutionnel français a jugé que, malgré
le principe de la primauté des traités sur les lois posé par l’article 55 de la Constitution,
il n’était pas compétent pour examiner la conformité des lois – en l’espèce, le projet de
loi sur la libéralisation de l’avortement – avec les engagements internationaux de la
France – en l’espèce, la Convention européenne des droits de l’homme – : « il
n’appartient pas au Conseil constitutionnel, lorsqu’il est saisi en application de
l’article 61 de la Constitution, d’examiner la conformité d’une loi aux stipulations d’un
traité ou d’un accord international » (point 7). Cette décision est principalement fondée

——
2. Blumann C., Dubouis L., Droit institutionnel de l’Union européenne, 6e éd., 2016, LexisNexis, coll.
Manuel, spéc. point 1043.
3. Pour une analyse détaillée dans les autres États membres voy., Blumann C., Dubouis L., Droit institu-
tionnel de l’Union européenne, préc., point 1076 et s. ; Rideau J., Droit institutionnel de l’Union euro-
péenne, préc., point 718 et s. ; Jacque J.-P., Droit institutionnel de l’Union européenne, 9e éd., 2018,
Dalloz, point 999 et s. ; Blanquet M., Droit général de l’Union européenne, préc., point 858 et s.
4. Il pouvait difficilement en être autrement étant donné qu’en droit français, la hiérarchie des normes
prévoit la subordination des actes administratifs et réglementaires aux traités internationaux et aux
lois. Voy. not., CE, sect., 10 juill. 1970, Req. nº 76643, Syndicat national du commerce extérieur
des céréales (Synacomex), FR:CEORD:1970:76643.19700710 ; Cass. crim., 22 oct. 1970, Société
Les fils d’Henri Ramel : D. 1971, p. 221 ; CE, sect., 6 janv. 1997, Req. nº 163524, Société Euralair
international, FR:CESJS:1997:163524.19970106 : à propos de l’annulation d’un arrêté ministériel
incompatible avec un règlement ; CE, 28 avril 2006, Req. nº 242727, 243 359, 243385 et 243703,
Dellas e.a., FR:CESSR:2006:242727.20060428 : à propos de l’annulation d’un arrêté ministériel
incompatible avec une directive.
5. L’ensemble des décisions du Conseil constitutionnel sont disponibles sur le site : https://www.conseil-
constitutionnel.fr

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106 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

sur un argument juridique qui découle d’une interprétation stricte de l’article 61 de la


Constitution : « L’article 61 de la Constitution ne confère pas au Conseil constitutionnel
un pouvoir général d’appréciation et de décision identique à celui du Parlement, mais lui
donne seulement compétence pour se prononcer sur la conformité à la Constitution des
lois déférées à son examen » (point 1). Si les dispositions de l’article 55 de la Constitution
confèrent aux traités une autorité supérieure à celle des lois, « elles ne prescrivent ni
n’impliquent que le respect de ce principe doive être assuré dans le cadre du contrôle
de la conformité des lois à la Constitution prévu à l’article 61 de celle-ci » (point 3).
Ainsi, en refusant dans cette décision d’apprécier la conformité d’une loi à un traité, le
Conseil constitutionnel pose clairement le principe selon lequel il ne lui appartient pas de
se prononcer sur la primauté des traités internationaux sur la loi et que cette tâche
incombe donc implicitement aux juridictions ordinaires qui se doivent d’assurer l’effet
utile de l’article 55 et d’exercer le contrôle de la conformité des lois au regard des
traités internationaux (on parle également de contrôle de conventionnalité).
Dans ses décisions ultérieures, le Conseil constitutionnel confirmera explicitement ce qui
n’était qu’implicite dans sa décision de 1975 : dans la mesure où le contrôle de la
conformité des lois françaises avec les engagements internationaux souscrits par la
France – et donc le contrôle de la supériorité des traités et accords internationaux par
rapport à la loi – ne peut être effectué par le Conseil constitutionnel dans le cadre du
contrôle de constitutionnalité des lois, ce contrôle de conventionnalité doit être effectué
par les juridictions ordinaires sous le contrôle de la Cour de cassation et du Conseil
d’État (voy. not., Cons. const., 3 sept. 1986, nº 86-216 DC, Loi relative aux condi-
tions d’entrée et de séjour des étrangers en France, FR:CC:1986:86.216.DC ;
Cons. const., 29 déc. 1989, nº 89-268 DC, Loi de finances pour 1990, FR:
CC:1989:89.268.DC). Le Conseil constitutionnel s’est donc systématiquement refusé,
en sa qualité de juge constitutionnel, à contrôler le respect des traités et accords interna-
tionaux par le législateur sauf si une disposition législative est contraire à l’article 55 de la
Constitution ou encore si les dispositions conventionnelles sont incorporées directement
dans la Constitution. Ainsi, par exemple, le Conseil constitutionnel a accepté d’exa-
miner, dans sa décision du 20 mai 1998, la conformité d’une loi organique déterminant
les conditions d’application de l’article 88-3 de la Constitution avec le droit de l’Union
relatif au droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et européennes des
citoyens de l’Union autres que français (Cons. const., 20 mai 1998, nº 98-400 DC, Loi
organique déterminant les conditions d’application de l’article 88-3 de la
Constitution relatif à l’exercice par les citoyens de l’Union européenne résidant
en France, autres que les ressortissants français, du droit de vote et d’éligibilité
aux élections municipales, et portant transposition de la directive 94/80/CE du
19 décembre 1994, FR:CC:1998:98.400.DC). Par ailleurs, le Conseil constitutionnel
accepte de contrôler la conventionnalité d’une loi dès lors qu’il intervient en sa qualité
de juge électoral et non de juge constitutionnel (Cons. const., 21 oct. 1988, nº 88-
1082/1117 A. N., Val d’Oise (5e circonscription), FR:CC:1988:88.1082.AN).
La mise en place de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) par la loi orga-
nique nº 2009-1523 du 10 décembre 2009 relative à l’application de l’article 61-1 de la
Constitution (JORF, 11 déc. 2009, p. 21379) ne remet nullement en cause cette situa-
tion. Ainsi, dans sa décision du 12 mai 2010 concernant la loi relative à l’ouverture à la
concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne, le
Conseil constitutionnel réitère purement et simplement sa position désormais

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CHAPITRE 6 – La primauté 107

traditionnelle dégagée à l’occasion de sa décision du 15 janvier 1975. Reprenant comme


point de départ l’argument selon lequel l’autorité supérieure des traités sur les lois
posées par l’article 55 de la Constitution n’implique nullement « que le respect de ce
principe doit être assuré dans le cadre du contrôle de la conformité des lois à la Consti-
tution », le Conseil constitutionnel confirme la distinction entre le contrôle de constitu-
tionnalité, qui relève de sa compétence, même si ce dispositif se voit adjoindre le méca-
nisme de la question prioritaire de constitutionnalité, et le contrôle de conventionnalité
qui demeure de la compétence des juridictions ordinaires (Cons. const., 12 mai 2010,
nº 2010-605 DC, Loi relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du
secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne, FR:CC:2010:2010.605.DC,
points 10 à 13).

B - La position du juge judiciaire


Pendant longtemps, le juge judiciaire a refusé de faire prévaloir un traité ou un accord
international sur une loi postérieure au motif qu’il ne se reconnaissait pas le droit de
remettre en cause la volonté du législateur.
Quelques mois après la décision du Conseil constitutionnel de janvier 1975 qui confie
implicitement le contrôle de conventionnalité des lois aux juges ordinaires, la Cour de
cassation abandonnent sa doctrine à l’occasion de l’affaire Société des cafés Jacques
Vabre (Cass. ch. mixte, 24 mai 1975, Administration des douanes/Société Cafés
Jacques Vabre et SARL J. Weigel et Cie : D. 1975, p. 497). Dans cette affaire, la
Cour de cassation fait primer une disposition du Traité CEE sur une loi nationale
postérieure en appuyant son raisonnement non seulement sur la spécificité de l’ordre
juridique de l’Union mais également sur l’article 55 de la Constitution consacrant ainsi
solennellement la primauté du droit de l’Union sur la loi nationale, même postérieure.
Cette double référence n’a pas été exempte de critiques. Il est vrai que l’argument
fondé sur la spécificité de l’ordre juridique de l’Union renvoie à une primauté absolue
alors que celui tiré de l’article 55 de la Constitution conduit seulement à la
reconnaissance d’une primauté relative compte tenu notamment de la clause de
réciprocité incluse dans cette disposition. Ce double fondement manque donc
singulièrement d’homogénéité et de cohérence juridique comme l’observent
parfaitement Claude Blumann et Louis Dubouis : « La Cour [de cassation] donne
l’impression de rendre un jugement de Salomon qui, s’il peut se comprendre sur le plan
d’une politique jurisprudentielle, manque de cohérence sur le plan juridique. En effet, la
primauté fondée sur les caractères propres du droit de l’Union ne peut être qu’absolue
et illimitée, alors que celle qui repose sur l’article 55 d’abord tire sa force d’une norme
interne et surtout peut souffrir des faiblesses congénitales de l’article 55 que le Conseil
constitutionnel avait lui-même soulignées »6. Malgré les insuffisances de ce fondement
hybride, la Cour de cassation confirmera ultérieurement à de nombreuses reprises sa
jurisprudence Société des cafés Jacques Vabre en se référant quasi-systématiquement à
ce double fondement (voy. not., Cass. crim., 1er oct. 1979, Rosi di Montalera :
Bull. crim., nº 262, p. 705 ; Cass. ch. mixte, 3 juin 1988, Klaus Barbie : Bull. crim.,

——
6. Blumann C., Dubouis L., Droit institutionnel de l’Union européenne, préc., spéc. point 1049.

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108 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

nº 246, p. 637 ; Cass. com., 5 mai 1987, SA des marchés et usines Auchan/Rudin
e.a. : Bull. civ. IV, nº 109, p. 84).

C - La position du juge administratif


Le Conseil d’État ne va pas manifester le même enthousiasme que son homologue judi-
ciaire. En effet, si le juge du Palais royal n’a eu aucune difficulté pour admettre la
primauté du droit de l’Union sur les lois antérieures (CE, ass., 22 janv. 1982, Req.
nº 11029-11050, Conseil régional de Paris de l’ordre des experts comptables et
comptables agréés e.a., FR:CEASS:1982:11029.19820122), il va se poser beaucoup
plus de questions s’agissant des lois postérieures au traité en se fondant, comme le
juge judiciaire, sur une tradition constitutionnelle française de soumission du juge au
pouvoir législatif. Selon le Conseil d’État, reconnaître la primauté du traité sur une loi
postérieure revenait à contrôler la conformité des lois au regard des traités internatio-
naux, ce que le juge administratif français, tout comme son homologue judiciaire,
s’interdit traditionnellement de faire puisque relevant de la compétence exclusive du
Conseil constitutionnel en vertu de l’article 61 de la Constitution. Ainsi, dans l’affaire
dite des Semoules de 1968 (CE, sect., 1er mars 1968, Req. nº 62814, Syndicat
général des fabricants de semoules de France, FR:CESJS:1968:62814.19680301),
le Conseil d’État refuse de faire primer un règlement du Conseil sur une ordonnance à
valeur législative au motif que le règlement était antérieur au texte national.
En dépit de la décision du Conseil constitutionnel de janvier 1975 et de l’arrêt de la Cour
de cassation qui y fait suite, le Conseil d’État va rester très fermement camper sur cette
position pendant plus de vingt ans (pour une illustration voy., CE, ass., 22 oct. 1979,
Req. nº 17541, Union démocratique du travail, FR:CEASS:1979:17541.19791022).
Il faudra en effet attendre l’arrêt Nicolo d’octobre 1989 pour que le juge du Palais royal
consente à abandonner sa doctrine de la « loi-écran » et que soit explicitement consa-
crée la primauté du droit primaire sur une loi postérieure (CE, ass., 20 oct. 1989, Req.
nº 108243, Nicolo, FR:CEASS:1989:108243.19891020). Il convient cependant de
préciser que la Haute juridiction administrative justifie cette évolution en se fondant
uniquement sur l’article 55 de la Constitution et non, comme la Cour de justice et le
juge judiciaire français, sur la spécificité de l’ordre juridique de l’Union. Cette position
du Conseil d’État, réaffirmée ultérieurement (CE, 5 janv. 2005, Req. nº 257341-
257534, Mlle Deprez et Baillard, FR:CESSR:2005:257341.20050105), est d’autant
plus critiquable que l’article 88-1 de la Constitution, tel qu’issu de la révision constitu-
tionnelle qui a précédé la ratification du Traité UE, constitue un fondement légitime à
la primauté du droit de l’Union sur la loi. Toutefois, la jurisprudence du Conseil d’État
semble progressivement s’infléchir puisqu’il a examiné la conformité d’un décret trans-
posant la directive 2003/87/CE du Parlement européen et du Conseil établissant un
système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre mis en place dans le
cadre du protocole de Kyoto en se référant non seulement à l’article 55 de la Constitu-
tion mais également à son article 88-1 (CE, ass., 8 févr. 2007, Req. nº 287110, Société
ARCELOR Atlantique et Lorraine e.a., FR:CEASS:2007:287110.20070208).
La primauté du droit de l’Union sur les lois nationales postérieures contraires est désor-
mais largement admise par les juridictions administratives dans la mesure où le juge du
Palais royal a étendu le bénéfice de la jurisprudence Nicolo aux règlements (CE, 24 sept.

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CHAPITRE 6 – La primauté 109

1990, Req. nº 58657, Boisdet, FR:CESSR:1990:58657.19900924), puis aux directives


(CE, 28 févr. 1992, Req. nº 56776-56777, SA Rothmans International France et SA
Philip Morris France, FR:CEASS:1992:56776.19920228) et enfin, aux principes géné-
raux du droit de l’Union (CE, 3 déc. 2001, Req. nº 226514, Syndicat national de
l’industrie pharmaceutique e.a., FR:CESSR:2001:226514.20011203) et aux décisions
de portée individuelle (CE, 10 janv. 2002, Req. nº 219138, Région Guadeloupe, FR:
CESSR:2001:219138.20010110).

2• LE DROIT DE L’UNION ET LA CONSTITUTION


La Constitution de 1946 était tout particulièrement favorable au droit communautaire.
En premier lieu, l’alinéa 14 du préambule de cette Constitution prévoit que « la Répu-
blique française fidèle à ses traditions se conforme aux règles du droit international
public » et l’alinéa 15 que « sous réserve de réciprocité, la France consent aux limitations
de souveraineté nécessaires à l’organisation et à la défense de la paix ». En second lieu,
la Constitution de 1946 ne prévoyait aucun contrôle de constitutionnalité des traités
internationaux. On comprend dès lors pourquoi les ratifications des traités de Paris
(CECA) et de Rome (CEE, CEEA) ne soulèveront aucune difficulté en France.
La Constitution de 1958 n’est pas aussi favorable au droit de l’Union. Ainsi, l’article 11
permet au président de la République de soumettre au référendum notamment « la rati-
fication d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le
fonctionnement des institutions ». De même, l’article 54 institue un contrôle préalable et
préventif de constitutionnalité des engagements internationaux. En application de cette
disposition, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le président de la République, le
Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale ou du Sénat, ou encore soixante
députés ou soixante sénateurs, afin qu’il se prononce sur la compatibilité avec la Consti-
tution d’un engagement international dont la ratification ou l’approbation est envi-
sagée. Si le Conseil constitutionnel juge qu’une ou plusieurs dispositions de l’engage-
ment international soumis à son examen sont contraires à la Constitution,
l’autorisation de le ratifier ou de l’approuver ne pourra intervenir qu’après révision préa-
lable de la Constitution soit par référendum soit encore par un vote à la majorité des 3/
5e du Parlement réuni en Congrès.

A - La position du juge constitutionnel


1) Constitution et droit primaire
Les traités et accords internationaux souscrits antérieurement à l’entrée en vigueur de la
Constitution de 1958 bénéficient d’une présomption de compatibilité avec cette Consti-
tution comme l’a notamment rappelé le Conseil constitutionnel dans sa décision du
19 juin 1970 en affirmant que les traités de Paris et de Rome (ainsi que les décisions et
traités intervenus par la suite pour les modifier) « ont été régulièrement ratifiés et
publiés et sont, dès lors, entrés dans le champ d’application de l’article 55 de la Consti-
tution », c’est-à-dire qu’ils bénéficient d’une immunité constitutionnelle et d’une auto-
rité supérieure à celle des lois (Cons. const., 19 juin 1970, nº 70-39 DC, Traité signé

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110 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

à Luxembourg le 22 avril 1970 et Cons. CE, 21 avril 1970, FR:CC:1970:70.39.DC,


point 5).
Les traités relatifs à l’Union approuvés et ratifiés postérieurement à l’entrée en vigueur
de la Constitution de 1958 ont pu et peuvent encore faire l’objet d’un contrôle a priori
de constitutionnalité par le Conseil constitutionnel sur la base soit de l’article 54 soit de
l’article 61 de la Constitution. Ces traités bénéficient d’une immunité constitutionnelle
dès lors qu’ils n’ont pas été soumis à l’appréciation du Conseil constitutionnel (Acte
unique européen, Traité de Nice) ou, dans l’hypothèse d’une telle saisine, s’ils ont fait
l’objet d’un contrôle positif de constitutionnalité. C’est ainsi que le Conseil constitu-
tionnel a admis dans ses décisions du 19 juin 1970 (Cons. const., 19 juin 1970, nº 70-
39 DC, Traité signé à Luxembourg le 22 avril 1970 et Cons. CE, 21 avril 1970, FR:
CC:1970:70.39.DC) et du 30 décembre 1976 (Cons. const., 30 déc. 1976, nº 76-71 DC,
Décision du Conseil des Communautés européennes relative à l’élection de
l’Assemblée des Communautés au suffrage universel direct, FR:CC:1976:76.71.
DC) que ni le Traité de Luxembourg du 22 avril 1970 et la décision du Conseil du
21 avril 1970 relative au remplacement des contributions financières des États
membres par des ressources propres ni la décision des représentants des
gouvernements des États membres réunis au sein du Conseil du 20 septembre 1976
portant élection des membres de l’assemblée parlementaire au suffrage universel direct
ne comportaient de clauses contraires à la Constitution.
Alors même que le Conseil constitutionnel s’est bien gardé pendant longtemps de juger
que les normes communautaires, dont il était saisi, étaient incompatibles avec la Consti-
tution (voy. not., Cons. const., 19 juin 1970, nº 70-39 DC, Traité signé à Luxem-
bourg le 22 avril 1970 et Cons. CE, 21 avril 1970, FR:CC:1970:70.39.DC ;
Cons. const., 30 déc. 1976, nº 76-71 DC, Décision du Conseil des Communautés
européennes relative à l’élection de l’Assemblée des Communautés au suffrage
universel direct, FR:CC:1976:76.71.DC), il faut finalement attendre 1992 pour qu’il
s’oppose pour la première fois à la ratification d’un traité communautaire sans révision
préalable de la Constitution, ouvrant ainsi la voie à un cycle pratiquement ininterrompu
de révisions constitutionnelles.
C’est en effet dans la décision nº 92-308 DC du 9 avril 1992 relative au Traité UE que le
Conseil constitutionnel déclare pour la première fois que plusieurs dispositions de ce
traité sont contraires à la Constitution (Cons. const., 9 avril 1992, nº 92-308 DC,
Traité sur l’Union européenne, FR:CC:1992:92.308.DC). Il s’agissait plus
particulièrement des articles relatifs au droit de vote et d’éligibilité aux élections
municipales des ressortissants des autres États membres demeurant sur le territoire
français, à l’Union économique et monétaire et enfin à la politique des visas
concernant les ressortissants des États tiers. Constatant que de telles dispositions sont
contraires à la Constitution ou portent atteinte aux conditions essentielles d’exercice de
la souveraineté nationale, le Conseil constitutionnel s’oppose à la ratification du Traité
UE sans révision préalable de la Constitution. Ce sera chose faite avec l’adoption de la
loi constitutionnelle du 25 juin 1992 qui introduit dans la Constitution un titre XIV
(devenu titre XV) intitulé « Des Communautés et de l’Union européenne » (art. 88-1 à
88-4). Cette loi constitutionnelle, qui prend acte de l’appartenance de la République
française aux Communautés et à l’Union (art. 88-1), se limite à supprimer les trois
obstacles à la ratification du traité identifiés par le Conseil constitutionnel et à autoriser
dans ces trois domaines un transfert de compétences.

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CHAPITRE 6 – La primauté 111

Le même schéma se présente un peu plus tard lors de la ratification du Traité d’Ams-
terdam. Le Conseil constitutionnel juge dans sa décision nº 97-394 DC du 31 décembre
1997 que la « communautarisation » partielle du 3e pilier dans les domaines de l’asile,
de l’immigration et du franchissement des frontières opérées par ce nouveau traité7
s’apparente à un transfert de compétences puisqu’intéressant directement l’exercice de
la souveraineté nationale (Cons. const., 31 déc. 1997, nº 97-394 DC, Traité
d’Amsterdam, FR:CC:1997:97.394.DC). Ainsi, la ratification du Traité d’Amsterdam
ne peut intervenir sans une révision préalable de la Constitution. Une fois de plus, la loi
constitutionnelle du 25 janvier 1999 se cantonne à constitutionnaliser le nouveau
transfert de compétence induit par cette communautarisation partielle du pilier III
(art. 88-2 al. 2).
La décision nº 2004-505 DC du 19 novembre 2004 relative au Traité établissant une
Constitution pour l’Europe marque indubitablement une étape décisive (Cons. const.,
19 nov. 2004, nº 2004-505 DC, Traité établissant une Constitution pour l’Europe,
FR:CC:2004:2004.505.DC). S’il constate une fois encore que l’autorisation de ratifier ce
traité exige une révision préalable de la Constitution en raison notamment du transfert à
l’Union de compétences inhérentes à l’exercice de la souveraineté nationale (contrôle
aux frontières, coopération judiciaire en matière civile et pénale...) (points 27 et 28) ou
des dispositions de ce traité qui confèrent aux parlements nationaux le pouvoir de
s’opposer à une révision simplifiée du traité (points 38 et 41) ou de veiller au respect du
principe de subsidiarité (point 39), le juge constitutionnel procède surtout dans cette
décision à l’intégration de l’ordre juridique de l’Union dans l’ordre juridique français ;
ordre juridique de l’Union qu’il reconnaît être distinct de l’ordre juridique international
(point 11). Si, de prime abord, on peut se réjouir d’une telle évolution, il convient
néanmoins de la relativiser. En effet, le Conseil constitutionnel prend soin de
démontrer et de préciser que la constitutionnalisation du droit de l’Union n’a pas pour
conséquence d’engendrer la supériorité de ce droit sur la Constitution française qui
demeure, malgré la consécration du principe de primauté du droit de l’Union par
l’article I-6 du Traité établissant une Constitution pour l’Europe, « au sommet de l’ordre
juridique interne » (point 10). La décision du 19 novembre 2004 a conduit à une
nouvelle révision constitutionnelle (L. const., 1er mars 2005).
Enfin, et dans la lignée de ses décisions de 1992, 1997 et 2004, le Conseil constitu-
tionnel juge dans sa décision nº 2007-560 DC du 20 décembre 2007, que le Traité
de Lisbonne est partiellement incompatible avec la Constitution et, qu’une fois de plus,
il est nécessaire de procéder à une révision constitutionnelle préalable à la ratification de
ce nouveau traité (Cons. const., 20 déc. 2007, nº 2007-560 DC, Traité de Lisbonne,
FR:CC:2007 :2007.560.DC). Le Conseil constitutionnel considère notamment que
certaines dispositions du Traité de Lisbonne transfèrent à l’Union des compétences
nouvelles inhérentes à l’exercice de la souveraineté nationale comme par exemple la
lutte contre le terrorisme et les activités connexes (TFUE, art. 75), le contrôle aux
frontières (TFUE, art. 77) ou encore la lutte contre la traite des êtres humains (TFUE,
art. 79) qui impliquent une révision préalable de la Constitution (point 18) tout comme
les nouvelles prérogatives reconnues aux parlements nationaux dans le cadre de
l’Union : « le droit reconnu au Parlement français de s’opposer à la soumission à la

——
7. Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union européenne, préc., spéc. p. 41.

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112 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

procédure législative ordinaire de certains aspects du droit de la famille rend nécessaire


une révision de la Constitution afin de permettre l’exercice de cette prérogative ; qu’il en
va de même des moyens nouveaux qui lui sont conférés, le cas échéant selon des
procédures propres à chacune des deux chambres, pour contrôler le respect du
principe de subsidiarité dans le cadre de la procédure législative ordinaire » (point 32).
Cette dernière décision en date du juge constitutionnel conduit à l’adoption par le
Congrès de la loi constitutionnelle nº 2008-103 du 4 février 2008 modifiant le titre XV
de la Constitution.
On voit ainsi que la question des rapports entre la Constitution française et le droit
primaire se pose donc essentiellement en termes de compatibilité et non de hiérarchie :
dès lors qu’il y a inadéquation entre la Constitution et les exigences de la construction de
l’Union, on procède systématiquement à une révision constitutionnelle.

2) Constitution et droit dérivé


En affirmant dans la décision nº 77-90 DC du 30 décembre 1977 que « les répercussions
de la répartition des compétences ainsi opérées entre les institutions communautaires et
les autorités nationales au regard tant des conditions d’exercice de la souveraineté natio-
nale que du jeu des règles de l’article 34 de la Constitution relatives au domaine de la loi
ne sont que la conséquence d’engagements internationaux souscrits par la France qui
sont entrés dans le champ de l’article 55 de la Constitution » (Cons. const., 30 déc.
1977, nº 77-89 DC, Loi de finances pour 1978, FR:CC:1977:77.89.DC), le Conseil
constitutionnel pose ainsi clairement le principe selon lequel le droit dérivé bénéficie
d’une immunité constitutionnelle. Le juge constitutionnel considère en effet qu’il s’agit
d’actes pris par les instances d’une organisation internationale conformément aux règles
prévues par le traité ne nécessitant ni une ratification ni une approbation, qui ne
peuvent lui être soumis au titre de l’article 54 de la Constitution et échappent de ce fait
à tout contrôle de constitutionnalité.
Le Conseil constitutionnel a confirmé cette immunité juridictionnelle du droit dérivé dans
ses décisions de juin et juillet 2004 et notamment dans celle relative à la loi sur l’éco-
nomie numérique dans laquelle le juge constitutionnel devait se prononcer sur un éven-
tuel contrôle de constitutionnalité des lois de transposition des directives (Cons. const.,
10 juin 2004, nº 2004-496 DC, Loi pour la confiance dans l’économie numérique,
FR:CC:2004:2004.496.DC ; Cons. const., 1er juill. 2004, nº 2004-497 DC, Loi relative
aux communications électroniques et aux services de communication
audiovisuelle, FR:CC:2004:2004.497.DC ; Cons. const., 29 juill. 2004, nº 2004-499
DC, Loi relative à la protection des personnes physiques à l’égard des
traitements de données à caractère personnel, FR:CC:2004:2004.499.DC).
Fondant son raisonnement sur l’article 88-1 de la Constitution, au terme duquel « la
République participe aux Communautés européennes et à l’Union européenne,
constituées d’États qui ont choisi librement, en vertu des traités qui les ont instituées,
d’exercer en commun certaines de leurs compétences », le Conseil constitutionnel
refuse de se livrer à un tel contrôle. Le juge constitutionnel justifie cette position par le
fait que « la transposition en droit interne d’une directive communautaire résulte d’une
exigence constitutionnelle à laquelle il ne pourrait être fait obstacle qu’en raison d’une
disposition expresse contraire de la Constitution ; qu’en l’absence d’une telle
disposition, il n’appartient qu’au juge communautaire, saisi le cas échéant à titre
préjudiciel, de contrôler le respect par une directive communautaire tant des

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CHAPITRE 6 – La primauté 113

compétences définies par les traités que des droits fondamentaux garantis par l’article 6
du Traité sur l’Union européenne ». Si cette décision vient préciser le statut
constitutionnel du droit dérivé, elle ne remet par contre nullement en cause la
jurisprudence du Conseil constitutionnel selon laquelle il se refuse à reconnaître la
primauté du droit de l’Union sur la Constitution elle-même. Le Conseil constitutionnel a
d’ailleurs rappelé cette supériorité de la Constitution sur le droit de l’Union notamment
dans la décision nº 2006-540 DC du 27 juillet 2006 relative au droit d’auteur et droits
voisins dans la société de l’information en précisant que « la transposition d’une
directive ne saurait aller à l’encontre d’un principe inhérent à l’identité constitutionnelle
de la France, sauf à ce que le constituant y ait consenti » (Cons. const., 27 juill. 2006,
nº 2006-540 DC, Loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société
de l’information, FR:CC:2006:2006.540.DC ; voy. égal., Cons. const., 17 déc. 2010,
nº 2010-79 QPC, Kamel D., FR:CC:2010:2010.79.QPC).
Même si le juge constitutionnel admet dans sa décision du 19 novembre 2004 la spéci-
ficité de l’ordre juridique de l’Union et son intégration à l’ordre juridique français, il n’en
demeure pas moins que le Conseil constitutionnel ne reconnaît qu’une valeur relative à
la primauté du droit de l’Union et qu’elle doit impérativement céder le pas devant les
impératifs constitutionnels (Cons. const., 19 nov. 2004, nº 2004-505 DC, Traité
établissant une Constitution pour l’Europe, FR:CC:2004:2004.505.DC). En
conséquence de quoi, la Constitution est, et demeure, la norme suprême de l’ordre
juridique français. On ne sera dès lors pas surpris que le Conseil d’État et la Cour de
cassation aient tous deux affirmer la supériorité de la Constitution sur le droit de l’Union.

B - La position des juges ordinaires


Après avoir admis à la suite d’un recours introduit contre un décret d’extradition qu’il lui
appartenait d’interpréter un accord bilatéral entre la France et le Mali à la lumière du
principe fondamental reconnu par les lois de la République selon lequel l’État doit
refuser l’extradition d’un étranger lorsqu’elle est demandée dans un but politique (CE,
ass., 3 juill. 1996, Req. nº 169219, M. Koné, FR:CEASS:1996:169219.19960703) – ce
qui revient à reconnaître qu’une convention internationale ne peut porter atteinte à des
principes de valeur constitutionnelle –, le Conseil d’État franchit une nouvelle étape à
l’occasion de l’arrêt Sarran et Levacher d’octobre 1998 (CE, ass., 30 oct. 1998, Req.
nº 200286-200287, Sarran et Levacher e.a., FR:CEASS:1998:200286.19981030).
Saisi d’une éventuelle incompatibilité entre la loi constitutionnelle nº 96-610 du
20 juillet 1998 relative au statut de la Nouvelle-Calédonie (devenu article 76 de la
Constitution) et plusieurs dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques ainsi que de la Convention européenne des droits de l’homme, le Conseil
d’État juge que la supériorité des traités internationaux posée par l’article 55 de la
Constitution ne peut être opposée aux dispositions ayant elles-mêmes valeur constitu-
tionnelle, consacrant ainsi la primauté des règles à valeur constitutionnelle sur les
traités internationaux : « si l’article 55 de la Constitution dispose que les traités ou
accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supé-
rieure à celle des lois [...], la suprématie ainsi conférée aux engagements internationaux
ne s’applique pas, dans l’ordre interne, aux dispositions de nature constitutionnelle ».
Quelques années plus tard, la Haute juridiction administrative confirme la même

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114 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

solution en faisant expressément référence au droit de l’Union à l’occasion de son arrêt


Syndicat national de l’industrie pharmaceutique de décembre 2001. Selon, le juge du
Palais royal, le principe de primauté du droit de l’Union posé par ce droit « ne saurait
conduire, dans l’ordre interne, à remettre en cause la suprématie de la Constitution »
(CE, 3 déc. 2001, Req. nº 226514, Syndicat national de l’industrie pharmaceutique
e.a., FR:CESSR:2001:226514.20011203). Le Conseil d’État a réaffirmé depuis lors la
prééminence des dispositions constitutionnelles sur le droit de l’Union (pour une illustra-
tion voy. not., CE, 3 juin 2005, Req. nº 281001, Olziibat, FR:
CEORD:2005:281001.20050603 ; CE, 27 juill. 2006, Req. nº 281629, Association
Avenir de la langue française, FR:CESSR:2006:281629.20060727 ; CE, ass., 8 févr.
2007, Req. nº 287110, Société ARCELOR Atlantique et Lorraine e.a., FR:
CEASS:2007:287110.20070208).
La Cour de cassation n’est pas demeurée en reste. Saisie d’une question concernant
l’incompatibilité entre l’article 188 de la loi organique nº 99-209 du 19 mars 1999 rela-
tive à la Nouvelle-Calédonie et les articles 2 et 25 du Pacte international relatif aux droits
civils et politiques, l’article 3 du premier protocole additionnel à la Convention euro-
péenne des droits de l’homme et l’article F du Traité UE (TUE, art. 6), l’Assemblée
plénière de la Cour de cassation admet également dans son arrêt Fraisse de juin 2000
(Cass. ass. plén., 2 juin 2000, nº 99-60274, P. Fraisse : Bull. ass. plén., nº 4, p. 7), en
des termes d’ailleurs pratiquement identiques à ceux utilisés par le juge du Palais royal
dans l’arrêt Sarran et Levacher, que les dispositions à valeur constitutionnelle priment
sur les traités internationaux : « [...] que la suprématie conférée aux engagements
internationaux, ne s’appliquant pas, dans l’ordre interne, aux dispositions de valeur
constitutionnelle, le moyen tiré de ce que les dispositions de l’article 188 de la loi
organique seraient contraires au Pacte international relatif aux droits civils et politiques
et à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales doit être écarté ». Même s’il est loisible de penser à la suite de cet arrêt
qu’en procédant, contrairement au Conseil d’État, à une distinction entre les moyens
tirés du droit international conventionnel de ceux fondés sur le droit de l’Union
(l’Assemblée plénière prend en effet bien soin de préciser que le droit invoqué en
l’espèce – droit d’être inscrit sur les listes électorales – « n’entre pas dans le champ
d’application du droit communautaire »), la Cour de cassation se réserve une porte de
sortie laissant entrevoir qu’elle pourrait peut-être envisager différemment les rapports
entre le droit de l’Union et la Constitution8, il semble qu’on puisse plutôt y déceler son
refus réitéré d’assimiler le droit de l’Union au droit international conventionnel9 et sa
volonté de rappeler la spécificité de l’ordre juridique de l’Union européenne.

——
8. Voy. en ce sens, Simon D., Primauté du droit communautaire, Le Lamy Procédures communautaires,
Étude 215, janv. 2005, spéc. point 215-90.
9. Il ne semble pas en effet que la Cour de cassation incline encore en ce sens, notamment au regard
des positions exprimées par le Conseil constitutionnel sur les rapports entre le droit de l’Union et la
Constitution. Voy. paragraphe précédent.

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CHAPITRE 6 – La primauté 115

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116 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

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CHAPITRE 7
Les conséquences
de l’applicabilité
directe
et de la primauté

Si la création du droit de l’Union est l’apanage des institutions, et plus particulièrement


du trinôme Commission européenne/Conseil/Parlement européen, sa mise en œuvre
échoue pour l’essentiel aux États membres. Il incombe en effet à l’ensemble des auto-
rités publiques des États membres de participer pleinement à la mise en œuvre et à l’exé-
cution du droit de l’Union. Chaque État membre met donc à la disposition de l’Union
son administration pour assurer l’exécution concrète des obligations découlant des
traités ou résultant des actes adoptés par les institutions, ses organes normatifs pour
adopter les textes nationaux complémentaires et enfin, si nécessaire, sa justice pour en
assurer le respect et la protection. Ainsi, si les États membres sont tenus à une obligation
de coopération loyale à la mise en œuvre du droit de l’Union (Section 1), ces derniers
disposent également en la matière d’une autonomie institutionnelle et procédurale.
Toutefois, la Cour de justice a progressivement, à travers sa jurisprudence, encadré
l’autonomie procédurale dont bénéficient les États membres afin de garantir l’effet
utile du droit de l’Union. En effet, et après avoir explicité dans un premier temps les solu-
tions en cas de conflit entre le droit de l’Union et le droit national, la Cour de justice a
développé dans un second temps un « contentieux de la deuxième génération », selon
l’expression de Denys Simon1, destiné à contraindre les autorités nationales, et plus
particulièrement les autorités juridictionnelles, à tirer les conséquences de l’effet direct
et de la primauté du droit de l’Union, notamment lorsque ce dernier confère des droits
aux particuliers. Enfin, le juge de Luxembourg ne s’est pas limité à encadrer le principe
de l’autonomie procédurale des États membres, il l’a par la suite dépassé pour définir,
lui-même, certaines attributions du juge national qu’imposait l’effet utile du droit de
l’Union (Section 2).

——
1. Simon D., « Les exigences de la primauté du droit communautaire : continuité ou métamorphoses ? »,
in Mélanges Boulouis, 1991, Dalloz, p. 481.

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118 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Section 1
L’obligation de coopération loyale des États
membres
L’obligation de coopération loyale des États membres résulte directement des traités
constitutifs. Plus particulièrement, cette obligation est posée, depuis l’entrée en vigueur
du Traité de Lisbonne, par l’article 4, § 3, du Traité UE : « Les États membres prennent
toute mesure générale ou particulière propre à assurer l’exécution des obligations
découlant des traités ou résultant des actes des institutions de l’Union. Les États
membres facilitent l’accomplissement par l’Union de sa mission et s’abstiennent de
toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs de l’Union ».
L’article 4, § 3, du Traité UE pose donc une obligation générale de collaboration loyale,
de participation active et de bonne foi des États membres à la réalisation des objectifs de
l’Union. En effet, la formulation de cette disposition suppose que les États membres ont
non seulement l’obligation d’adopter les mesures prescrites par les traités ou par le droit
dérivé mais qu’ils sont également tenus d’intervenir spontanément si cela est nécessaire
et en dehors de toute sollicitation des institutions de l’Union.
La Cour de justice a développé une jurisprudence relativement abondante sur l’article 4,
§ 3, du Traité UE qui lui a permis d’en préciser non seulement les contours mais égale-
ment les conséquences. C’est notamment en vertu de cette disposition que les États
membres ont le droit et surtout l’obligation d’adopter les dispositions propres à assurer
l’effet utile du droit de l’Union (CJCE, 17 déc. 1970, Scheer, 30/70, EU:C:1970:117,
point 9). Il découle également de l’article 4, § 3, du Traité UE l’interdiction pour les
États membres d’introduire ou de maintenir en vigueur dans leur législation une disposi-
tion nationale susceptible d’aller à l’encontre de l’effet utile du droit de l’Union (CJCE,
16 nov. 1977, INNO/ATAB, 13/77, EU:C:1977:185, point 31 ; CJUE, 22 avril 2010,
Enosi Efopliston Aktoploïas e.a., C-122/09, EU:C:2010:222, point 17). Il en résulte
aussi que les États membres sont tenus de fournir à la Commission européenne une
information claire et précise lui permettant d’exercer sa fonction de gardienne de la
légalité conformément à l’article 17, § 1er, du Traité UE (CJCE, 25 mai 1982, Commis-
sion/Pays-Bas, 96/81, EU:C:1982:192, point 8) ou encore de répondre dans des délais
raisonnables à ses demandes de renseignements dans le cadre d’une enquête visant à
établir l’existence éventuelle d’une violation du droit de l’Union (CJCE, 24 juin 1992,
Commission/Grèce, C-137/91, EU:C:1992:272, point 6). Enfin, la Cour de justice
estime que « par application du principe de coopération énoncé à l’article 5 du traité
[TUE, art. 4, § 3], c’est aux juridictions nationales qu’est confié le soin d’assurer la protec-
tion juridique découlant, pour les justiciables, de l’effet direct des dispositions du droit
communautaire » (CJCE, 16 déc. 1976, Rewe, 33/76, EU:C:1976:188, point 5).

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 119

Section 2
L’autonomie institutionnelle et procédurale
des États membres

1• LA RECONNAISSANCE DU PRINCIPE D’AUTONOMIE


INSTITUTIONNELLE ET PROCÉDURALE DES ÉTATS MEMBRES
PAR LE JUGE DE L’UNION

Le principe de l’autonomie institutionnelle et procédurale des États membres signifie


qu’à chaque fois que des mesures nationales doivent être arrêtées par les États
membres pour assurer la mise en œuvre du droit de l’Union, ces derniers déterminent
librement, et en application de leur propre système constitutionnel, les autorités natio-
nales compétentes et les procédures à appliquer. Selon la Cour de justice, « lorsque les
dispositions du traité ou des règlements reconnaissent des pouvoirs aux États membres
ou leur imposent des obligations aux fins de l’application du droit communautaire, la
question de savoir de quelle façon l’exercice de ces pouvoirs et l’exécution de ces obliga-
tions peuvent être confiés par les États membres à des organes déterminés relève
uniquement du système constitutionnel de chaque État membre » (CJCE, 15 déc.
1971, International Fruit Company e.a., 51/71 à 54/71, EU:C:1971:128, point 4). Il
est désormais de jurisprudence constante que « chaque État membre est libre de répartir
les compétences au plan interne et de mettre en œuvre les actes de droit communau-
taire qui ne sont pas directement applicables au moyen de mesures prises par les auto-
rités régionales ou locales, pourvu que cette répartition des compétences permette une
mise en œuvre correcte des actes de droit communautaire en cause » (CJCE, 10 nov.
1992, Fleisch, C-156/91, EU:C:1992:423, point 23 : à propos d’une directive ; CJCE,
16 juill. 2009, Horvath, C-428/07, EU:C:2009:458, point 50 : à propos d’un règlement
habilitant les États membres à prendre des mesures d’application).
Le principe de l’autonomie institutionnelle et procédurale des États membres s’impose
également au juge national. Il incombe en effet au juge interne, en sa qualité de juge
de l’Union de droit commun, d’assurer l’application du droit de l’Union et la protection
des droits que les particuliers tirent de celui-ci. Cette double mission confiée au juge
interne est assurée dans le cadre des systèmes juridiques nationaux, selon les voies de
droit et les règles procédurales prévues par la législation propre à chaque État membre.
La Cour a ainsi jugé que « [...] si le traité a créé un certain nombre d’actions directes qui
peuvent être exercées le cas échéant par des personnes privées devant la Cour de
justice, il n’a pas entendu créer devant les juridictions nationales, en vue du maintien
du droit communautaire, des voies de droit autres que celles établies par le droit
national. » (CJCE, 7 juill. 1981, Rewe/Hauptzollamt Kiel, 158/80, EU:C:1981:163,
point 44). Il appartient donc à chaque État membre, en application du principe d’auto-
nomie institutionnelle et procédurale des États membres, de désigner les juridictions
compétentes et d’en fixer les pouvoirs, de régler les modalités procédurales et de déter-
miner les conditions de recevabilité des recours en justice destinés à assurer la

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120 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

sauvegarde des droits que les justiciables tirent du droit de l’Union. Le juge interne se
doit alors d’appliquer « parmi les divers procédés de l’ordre juridique interne, ceux qui
sont [les plus] appropriés pour sauvegarder les droits individuels conférés par le droit
communautaire » (CJCE, 4 avril 1968, Lück, 34/67, EU:C:1968:24).
Toutefois, la Cour de justice a très rapidement opéré une distinction entre l’autonomie
institutionnelle et l’autonomie procédurale des États membres afin de garantir l’effet
utile du droit de l’Union et d’assurer une protection efficace des droits que les particu-
liers tirent du droit de l’Union.

2• L’ENCADREMENT DU PRINCIPE D’AUTONOMIE


PROCÉDURALE DES ÉTATS MEMBRES PAR LE JUGE
DE L’UNION

À compter des arrêts Rewe et Comet BV de décembre 1976 (CJCE, 16 déc. 1976, 33/76,
EU:C:1976:188 ; CJCE, 16 déc. 1976, Comet BV, 45/76, EU:C:1976:191), le juge
de Luxembourg va progressivement dégager et développer à travers sa jurisprudence
des principes destinés à encadrer les systèmes juridiques nationaux et plus particulière-
ment le principe d’autonomie procédurale des États membres.
Selon le juge de Luxembourg, le principe d’autonomie procédurale des États membres
est subordonné à une absence d’harmonisation de l’Union, c’est-à-dire seulement
quand le droit de l’Union n’a pas procédé à un aménagement des procédures nationales
applicables. La Cour de justice a rappelé solennellement cette règle dans son arrêt Deut-
sches Milchkontor de septembre 1983 : « Conformément aux principes généraux qui
sont la base du système institutionnel de la Communauté et qui régissent les relations
entre la Communauté et les États membres, il appartient aux États membres, en vertu
de l’article 5 du traité [TUE, art. 4, § 3], d’assurer sur leurs territoires l’exécution des
réglementations communautaires, notamment dans le cadre de la Politique agricole
commune. Pour autant que le droit communautaire, y compris les principes généraux
de celui-ci, ne comporte pas de règles communes à cet effet, les autorités nationales
procèdent, lors de cette exécution des réglementations communautaires, en suivant les
règles de forme et de fond de leur droit national, étant entendu, comme la Cour l’a déjà
dit dans son arrêt du 6 juin 1982 (Schlüter, 94/71, Recueil p. 307), que cette règle doit se
concilier avec la nécessité d’une application uniforme du droit communautaire,
nécessaire pour éviter un traitement inégal des opérateurs économiques » (CJCE,
21 sept. 1983, Deutsche Milchkontor GbmH e.a., 205/82 à 215/82, EU:
C:1983:233, point 17). De même, dans l’arrêt Jensen et Korn de mai 1998, la Cour de
justice a admis qu’en l’absence d’une harmonisation de l’Union des procédures
nationales en matière de compensation, un État membre peut valablement prévoir une
compensation entre un montant dû au titre d’une aide européenne et des arriérés de
créances publiques dès lors qu’une telle réglementation nationale n’entrave pas l’effet
utile du droit de l’Union (CJCE, 19 mai 1998, Jensen et Korn, C-132/95, EU:
C:1998:237, points 35 et s.).
Ainsi, les États membres ont donc toute latitude pour déterminer les autorités nationales
compétentes pour mettre en œuvre le droit de l’Union mais voient en revanche leur

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 121

liberté limitée dès lors qu’il s’agit des modalités procédurales à appliquer. Cette limita-
tion de l’autonomie procédurale des États membres s’explique par la nécessité d’assurer
une application uniforme du droit de l’union et plus particulièrement par l’exigence que
les procédures définies par les États membres n’occasionnent pas de discriminations
entre les ressortissants des États membres. On peut ainsi en déduire que si l’autonomie
institutionnelle des États membres est absolue, l’autonomie procédurale qui leur est
reconnue est, en revanche, relative. On comprend dès lors pourquoi la Cour de justice,
tout en affirmant l’autonomie procédurale des États membres, a pris soin de l’encadrer
et de la limiter par l’intermédiaire de deux principes, à savoir celui d’effectivité et celui
d’équivalence.

A - Le principe d’effectivité
Le principe d’effectivité implique que la protection des justiciables soit « effective »
(CJCE, 9 juill. 1985, Bozzetti, 179/84, EU:C:1985:306, point 17). Il en résulte plus
particulièrement que les procédures des recours juridictionnels destinées à assurer la
sauvegarde du droit de l’Union ne peuvent pas être aménagées de manière à rendre
pratiquement impossible ou excessivement difficile l’exercice des droits que les juridic-
tions nationales ont l’obligation de sauvegarder. La Cour de justice a ainsi jugé dans
son arrêt San Giorgio de novembre 1983 que si le droit de l’Union ne s’oppose pas à ce
que le droit national refuse la restitution intégrale de taxes indûment perçues lorsque
celles-ci sont de nature à entraîner un enrichissement sans cause des ayants droit confor-
mément à sa jurisprudence antérieure (CJCE, 27 févr. 1980, Just, 68/79, EU:C:1980:57,
point 26), en revanche « seraient incompatibles avec le droit communautaire toutes
modalités de preuve dont l’effet est de rendre pratiquement impossible ou excessive-
ment difficile l’obtention du remboursement de taxes perçues en violation du droit
communautaire » et ce, même si le remboursement d’impôts, droits ou taxes perçus en
violation du droit national est soumis au même régime de preuve. La Cour de justice
conclut qu’en l’espèce : « tel est le cas notamment de présomptions ou de règles de
preuves qui visent à rejeter sur le contribuable la charge d’établir que les taxes indûment
payées n’ont pas été répercutées sur d’autres sujets, ou de limitations particulières en ce
qui concerne la forme des preuves à rapporter, comme l’exclusion de tout mode de
preuve autre que la preuve documentaire » (CJCE, 9 nov. 1983, San Giorgio, 199/82,
EU:C:1983:318, point 14). La Cour a jugé par ailleurs que les législations nationales
relatives au calcul des intérêts octroyés lors de la restitution d’une taxe perçue en viola-
tion du droit de l’Union qui aboutissent à priver les assujettis d’une indemnisation
adéquate de la perte occasionnée par le paiement indu de cette taxe sont contraires au
droit de l’Union et plus particulièrement au principe d’effectivité (sur ce point voy. not.,
CJUE, 19 juill. 2012, Littlewoods Retail e.a., C-591/10, EU:C:2012:478, point 29 ;
CJUE, 18 avril 2013, Irimie, C-565/11, EU:C:2013:250, point 26).

B - Le principe d’équivalence
Le principe d’équivalence implique que les règles procédurales applicables aux recours
juridictionnels destinées à assurer la sauvegarde du droit de l’Union ne soient pas
moins favorables que celles qui s’appliquent à des recours similaires de droit interne. Le

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122 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

principe d’équivalence a donc pour conséquence que « tout type d’action prévu par le
droit national doit pouvoir être utilisé pour assurer le respect des règles communautaires
d’effet direct dans les mêmes conditions de recevabilité et de procédure que s’il s’agis-
sait d’assurer le respect du droit national » (CJCE, 7 juill. 1981, Rewe/Hauptzollamt
Kiel, 158/80, EU:C:1981:163, point 44). La Cour de justice a ainsi jugé qu’un État
membre méconnaissait le principe d’équivalence dès lors qu’une action en responsabi-
lité dirigée contre lui pour violation du droit de l’Union par une loi nationale est condi-
tionnée par l’épuisement préalable par le requérant de toutes les voies de recours
internes alors même qu’une telle obligation procédurale n’est pas applicable à une
action en responsabilité dirigée contre ce même État fondée sur la violation de la Consti-
tution par cette même loi (CJUE, 26 janv. 2010, Transportes Urbanos y Servicios
Generales, C-118/08, EU:C:2010:39, point 48).

3• LE DÉPASSEMENT DU PRINCIPE D’AUTONOMIE


PROCÉDURALE DES ÉTATS MEMBRES PAR LE JUGE
DE L’UNION

Après avoir affirmé dans un premier temps que le traité « n’a pas entendu créer devant
les juridictions nationales, en vue du maintien du droit communautaire, des voies de
droit autres que celles établies par le droit national » (CJCE, 7 juill. 1981, Rewe/Haup-
tzollamt Kiel, 158/80, EU:C:1981:163, point 44), le juge de Luxembourg a parfois été
amené à écarter le principe de l’autonomie procédurale des États membres et à combler
les lacunes des systèmes juridiques nationaux en définissant lui-même certaines attribu-
tions du juge national.

A - Le droit à une protection juridictionnelle effective


La Cour de justice reconnaît aux justiciables la possibilité de faire valoir, par voie juridic-
tionnelle, les droits qui leur sont reconnus par le droit de l’Union et qui ne sont pas
respectés par les autorités nationales : « [...] tout particulier dont les droits sont lésés
par des mesures d’un État membre contraires au droit communautaire doit avoir la
possibilité de rechercher la protection d’un juge compétent » (CJCE, 16 déc. 1981,
Foglia, 244/80, EU:C:1981:302, point 26). Ainsi posé, le droit au juge2 garantit donc
que toute infraction au droit de l’Union résultant des autorités nationales est soumise à
un contrôle juridictionnel. Le juge de Luxembourg indiquera ultérieurement que ce droit
à une protection juridictionnelle effective découle d’un principe général du droit
consacré tant par les traditions constitutionnelles communes aux États membres que
par les articles 6 et 13 de la Convention européenne des droits de l’homme (CJCE,
15 mai 1986, Johnston, 222/84, EU:C:1986:206, point 18). C’est en application de
ce droit au juge que la Cour de justice a notamment jugé qu’à partir du moment où,

——
2. Selon l’expression de l’avocat général Marco Darmon lors des conclusions présentées le 28 janvier
1984, Johnston, 222/84, Rec. 1984, p. 1654, spéc. p. 1656.

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 123

dans un État membre, l’accès à une profession salariée est subordonné à la possession
d’un diplôme national ou d’un diplôme étranger équivalent, la décision refusant au
ressortissant d’un autre État membre la reconnaissance de l’équivalence de son
diplôme délivré par l’État membre dont il est originaire doit être susceptible d’un
recours de nature juridictionnelle permettant d’en vérifier la légalité au regard du droit
de l’Union, et plus particulièrement de contrôler l’existence d’une éventuelle discrimina-
tion en raison de la nationalité, et les motifs qui sont à la base de cette décision de refus
doivent être portés à la connaissance de l’intéressé (CJCE, 15 oct. 1987, Unectef/
Heylens e.a., 222/86, EU:C:1987:442, point 17 : à propos de l’accès en France à la
profession d’entraîneur de football professionnel ; CJCE, 7 mai 1991, Vlassopoulou,
C-340/89, EU:C:1991:193, point 22 : à propos de l’accès en Allemagne à la profession
d’avocat). La Cour de justice précisera par ailleurs que le recours ouvert aux justiciables
doit être non seulement accessible et effectif mais également efficace.
Le droit à un recours effectif a été renforcé par son inscription à l’article 47 de la Charte
des droits fondamentaux de l’UE : « Toute personne dont les droits et libertés garantis
par le droit de l’Union ont été violés a droit à un recours effectif devant un tribunal
dans le respect des conditions prévues au présent article ». On observera d’ailleurs que
la Cour de justice prend soin désormais de citer systématiquement cette disposition de la
Charte lorsqu’elle évoque le droit à une protection juridictionnelle effective dans sa juris-
prudence (pour une illustration voy., CJCE, 16 juill. 2009, Mono Car Styling, C-12/08,
EU:C:2009:466, point 47 ; CJUE, 19 juin 2019, RF/Commission, C-660/17 P, EU:
C:2019:509, point 55).

B - Le droit à une protection provisoire


Le juge de Luxembourg reconnaît aux justiciables un droit à un juge de l’urgence dès lors
que l’adoption de mesures provisoires, et notamment d’un sursis à exécution, est indis-
pensable pour protéger les droits qu’ils prétendent tirer du droit de l’Union, même
lorsque le droit national n’autorise pas le juge national à prononcer de telles mesures,
et en particulier le sursis à exécution, à l’encontre de dispositions nationales contraires
au droit de l’Union.
La Cour de justice a en effet jugé dans son arrêt Factortame de juin 1990 que « serait
incompatible avec les exigences inhérentes à la nature même du droit communautaire
toute disposition d’un ordre juridique national ou toute pratique, législative, administra-
tive ou judiciaire, qui aurait pour effet de diminuer l’efficacité du droit communautaire
par le fait de refuser au juge compétent pour appliquer ce droit, le pouvoir de faire, au
moment même de cette application, tout ce qui est nécessaire pour écarter les disposi-
tions législatives nationales formant éventuellement obstacle, même temporaire, à la
pleine efficacité des normes communautaires. Il y a lieu d’ajouter que la pleine efficacité
du droit communautaire se trouverait tout aussi diminuée si une règle du droit national
pouvait empêcher le juge saisi d’un litige régi par le droit communautaire d’accorder les
mesures provisoires en vue de garantir la pleine efficacité de la décision juridictionnelle à
intervenir sur l’existence des droits invoqués sur la base du droit communautaire. »
(CJCE, 19 juin 1990, Factortame Ltd e.a., C-213/89, EU:C:1990:257, points 20
et 21). La Cour de justice a admis ensuite dans un arrêt Zuckerfabrik Süderdithmarschen
AG et Zuckerfabrik Soest GmbH de février 1991 que le juge national pouvait prononcer

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124 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

des mesures provisoires non seulement dans l’hypothèse d’une violation alléguée du
droit de l’Union par des dispositions nationales incompatibles (comme c’était le cas
dans l’arrêt Factortame) mais également dans l’hypothèse de l’invalidité supposée
d’une disposition de l’Union elle-même : « la protection provisoire qui est assurée aux
justiciables devant les juridictions nationales par le droit communautaire ne saurait
varier, selon qu’ils contestent la compatibilité de dispositions de droit national avec le
droit communautaire ou la validité d’actes communautaires de droit dérivé, dès lors
que, dans les deux cas, la contestation est fondée sur le droit communautaire » (CJCE,
21 févr. 1991, Zuckerfabrik Süderdithmarschen AG et Zuckerfabrik Soest GmbH,
C-143/88 et C-92/89, EU:C:1991:65, point 20). Le juge de Luxembourg a par ailleurs
précisé dans cet arrêt les conditions dans lesquelles le juge national doit accorder le
sursis à exécution : « le sursis à l’exécution d’un acte national pris en exécution d’un
règlement communautaire ne peut être accordé par une juridiction nationale que si
cette juridiction a des doutes sérieux sur la validité de l’acte communautaire et que si,
pour le cas où la Cour ne serait pas déjà saisie de la question de validité de l’acte
contesté, elle la lui renvoie elle-même, que s’il y a urgence et que si le requérant est
menacé d’un préjudice grave et irréparable, et que si cette juridiction prend dûment en
compte l’intérêt de la Communauté » (point 33). L’arrêt Atlanta Fruchthandelsgesell-
schaft de novembre 1995 permettra enfin au juge de Luxembourg de préciser que le
juge national peut ordonner, hormis le sursis à exécution, des mesures provisoires posi-
tives comme, en l’espèce, l’injonction de délivrer des certificats d’importation supplé-
mentaires au profit des requérants (CJCE, 9 nov. 1995, Atlanta Fruchthandelsgesell-
schaft e.a., C-465/93, EU:C:1995:369, points 27 et 28).

C - L’obligation de soulever d’office les moyens tirés


de la violation du droit de l’Union
Après avoir admis dans un premier temps que le droit de l’Union n’empêche pas une
juridiction nationale d’apprécier d’office la conformité d’une réglementation nationale
avec le droit de l’Union lorsque le justiciable n’a pas soulevé un tel moyen devant la juri-
diction saisie (CJCE, 11 juill. 1991, Verholen e.a., C-87/90 à C-89/90, EU:C:1991:314,
point 16), le juge de Luxembourg est allé au terme de son raisonnement en admettant
ensuite dans l’arrêt Peterbroeck de décembre 1995 que « le droit communautaire
s’oppose à l’application d’une règle de procédure nationale qui [...] interdit au juge
national, saisi dans le cadre de sa compétence, d’apprécier d’office la compatibilité
d’un acte de droit interne avec une disposition communautaire, lorsque cette dernière
n’a pas été invoquée dans un certain délai par le justiciable » (CJCE, 14 déc. 1995,
Peterbroeck e.a., C-312/93, EU:C:1995:437, point 21). Toutefois, la Cour de justice a
été amenée à nuancer cette solution puisqu’elle a jugé le même jour dans son arrêt Van
Schijndel que « le droit communautaire n’impose pas aux juridictions nationales de
soulever d’office un moyen tiré de la violation de dispositions communautaires, lorsque
l’examen de ce moyen les obligerait à renoncer à la passivité qui leur incombe, en
sortant des limites du litige tel qu’il a été circonscrit par les parties et en se fondant sur
d’autres faits et circonstances que ceux sur lesquels la partie qui a intérêt à l’application
desdites dispositions a fondé sa demande » (CJCE, 14 déc. 1995, Van Schijndel e.a., C-
430/93 et C-431/93, EU:C:1995:441, point 22). Ainsi, dès lors que la passivité ou la

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 125

neutralité du juge interne s’impose dans certaines procédures contentieuses nationales,


la liberté laissée aux requérants de délimiter l’objet du litige qui les oppose et d’en fixer
les griefs l’emporte sur les exigences du droit de l’Union. Dans un tel cas de figure, le
juge national ne peut alors soulever d’office les moyens tirés de la violation du droit de
l’Union qui n’ont pas été invoqués par les parties au litige. Même si cette précision n’est
pas exempte de tout reproche, puisqu’elle revient en définitive à remettre en cause le
principe de primauté du droit de l’Union, Denys Simon en nuance cependant la portée
en observant que ces arrêts sont surtout révélateurs de « la recherche d’un équilibre
entre le principe de "subsidiarité juridictionnelle", qui suppose que soit respectée l’auto-
nomie procédurale du droit national, et le principe de primauté du droit communau-
taire, qui exige que soit assurée une protection juridictionnelle effective des droits issus
du droit communautaire »3.

D - Le droit au remboursement des sommes perçues


en violation du droit de l’Union
La Cour de justice reconnaît aux justiciables le droit d’introduire une action en répétition
des sommes perçues par les autorités nationales en violation du droit de l’Union (l’action
en répétition de l’indu) : « Lorsqu’une taxe nationale frappant un contribuable [...] a été
perçue en violation du traité, l’obligation de remboursement qui incombe à l’État
membre concerné découle de l’effet direct de la disposition communautaire à laquelle
il a été porté atteinte » (CJCE, 29 juin 1988, Deville, 240/87, EU:C:1988:349,
point 11). Selon la Cour, « le droit d’obtenir le remboursement de taxes perçues dans
un État membre en violation des règles du droit de l’Union est la conséquence et le
complément des droits conférés aux justiciables par les dispositions du droit de l’Union
telles qu’elles ont été interprétées par la Cour » (pour une illustration voy., CJUE,
15 sept. 2011, Accor, C-310/09, EU:C:2011:581, point 71 ; CJUE, 15 oct. 2014,
Nicula, C-331/13, EU:C:2014:2285, point 27 ; CJUE, 20 déc. 2017, Caterpillar Finan-
cial Services, C-500/16, EU:C:2017:996, point 35 ; CJUE, 25 juill. 2018, Messer
France, C-103/17, EU:C:2018:587, point 56).Toutefois, en l’absence d’une réglemen-
tation de l’Union en matière de restitution de taxes nationales indûment perçues en
violation du droit de l’Union, « il appartient à l’ordre juridique interne de chaque État
membre de désigner les juridictions compétentes et de régler les modalités procédurales
des recours en justice destinés à assurer la sauvegarde des droits que les justiciables
tirent de l’effet direct du droit communautaire » pour autant que deux conditions
soient respectées (en ce sens voy., CJCE, 16 déc. 1976, Rewe, 33/76, EU:C:1976:188,
point 11 ; CJCE, 16 déc. 1976, Comet BV, 45/76, EU:C:1976:191, point 13 ; CJUE,
15 mars 2017, Aquino, C-3/16, EU:C:2017:209, point 48). Tout d’abord, les modalités
procédurales régissant la restitution des sommes indûment perçues en violation du droit
de l’Union ne doivent pas être plus strictes que celles qui s’appliquent au rembourse-
ment de sommes indûment perçues par les autorités nationales en violation du droit
interne (principe d’équivalence). Ainsi, dès lors que la restitution d’une taxe illégale au
regard du droit interne donne lieu au versement d’intérêts moratoires, une obligation

——
3. Simon D., Le système juridique communautaire, préc., spéc. p. 424-425.

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126 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

similaire pèse sur les autorités nationales lorsque le remboursement est fondé sur le droit
de l’Union (CJCE, 12 juin 1980, Express Dairy Foods, 130/79, EU:C:1980:155). Par
ailleurs, les modalités procédurales fixées par le droit national ne doivent pas avoir pour
effet de rendre pratiquement impossible ou excessivement difficile l’obtention du
remboursement de taxes nationales perçues en violation du droit de l’Union (principe
d’effectivité) (pour une illustration voy., CJCE, 16 déc. 1976, Rewe, 33/76, EU:
C:1976:188, point 5 ; CJCE, 9 nov. 1983, San Giorgio, 199/82, EU:C:1983:318,
point 4 ; CJCE, 24 sept. 2002, Grundig Italiana, C-255/00, EU:C:2002:525,
point 33 ; CJCE, 9 déc. 2003, Commission/Italie, C-129/00, EU:C:2003:656,
point 25). En dehors de ces deux modalités procédurales, la Cour de justice a jugé que
le droit de l’Union s’oppose à ce que des actions en remboursement de droits perçus en
violation d’une directive puissent être rejetées au motif que l’imposition de ces droits
résulte d’une erreur excusable des autorités de l’État membre pendant une longue
période sans que ni celles-ci ni les assujettis n’aient été conscients de leur illégalité
(CJCE, 2 déc. 1997, Fantask e.a., C-188/95, EU:C:1997:580). La Haute juridiction a
par ailleurs admis qu’un législateur national ne peut adopter, postérieurement à un
arrêt de la Cour dont il résulte qu’une législation déterminée est incompatible avec le
traité, de règles procédurales réduisant spécifiquement les possibilités d’agir en répéti-
tion de l’indu des taxes qui ont été indûment perçues en vertu de cette législation (sur
ce point voy. not., CJCE, 2 févr. 1988, Barra, 309/85, EU:C:1988:42). En revanche, et
conformément à une jurisprudence constante, le droit de l’Union ne fait pas obstacle à
ce qu’un système juridique national refuse la restitution de taxes indûment perçues dans
des conditions qui entraîneraient un enrichissement sans cause des ayants droit (sur ce
point voy. not., CJCE, 10 avril 2008, Marks & Spencer, C-309/06, EU:C:2008:211,
point 41). La protection des droits garantis en la matière par l’ordre juridique de
l’Union n’impose donc pas le remboursement des impôts, droits et taxes perçus en viola-
tion du droit de l’Union lorsqu’il est établi que la personne astreinte au paiement de ces
droits les a effectivement répercutés sur d’autres sujets, et notamment sur le consomma-
teur final (pour une illustration voy., CJUE, 6 sept. 2011, Lady & Kid e.a., C-398/09,
EU:C:2011:540, point 18 ; CJUE, 15 sept. 2011, Accor, C-310/09, EU:C:2011:581,
point 72). La Cour de justice a néanmoins jugé dernièrement que le contribuable, qui
a effectivement supporté la charge d’une taxe d’effet équivalent contraire au droit de
l’Union, doit pouvoir obtenir le remboursement des sommes qu’il a versées à ce titre,
même dans une situation où le mécanisme de paiement de la taxe a été conçu, dans la
législation nationale, de telle manière que cette taxe soit répercutée sur le consomma-
teur (CJUE, 1er mars 2018, Petrotel-Lukoil et Georgescu, C-76/17, EU:C:2018:139,
point 39). A contrario, lorsqu’un État membre prélève des taxes en violation du droit
de l’Union, les justiciables peuvent également avoir droit au remboursement non seule-
ment de l’impôt indûment perçu mais également des montants payés à cet État ou
retenus par ce dernier en rapport direct avec cet impôt. Cette restitution avec des inté-
rêts comprend notamment les pertes constituées par l’indisponibilité de sommes
d’argent à la suite de l’exigibilité prématurée de l’impôt (sur ce point voy. not., CJUE,
19 juill. 2012, Littlewoods Retail e.a., C-591/10, EU:C:2012:478, points 25 et 26 ;
CJUE, 15 oct. 2014, Nicula, C-331/13, EU:C:2014:2285, points 28 et 29). Dans la
même logique, lorsque des taxes ou des droits ont été perçus par un État membre en
application d’un règlement de l’Union, déclaré invalide ou annulé par le juge de
l’Union, les intéressés qui se sont acquittés des taxes ou des droits en question ont le

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 127

droit d’obtenir, en principe, non seulement le remboursement des sommes perçues,


mais également des intérêts sur lesdites sommes (pour une illustration voy., CJUE,
27 sept. 2012, Zuckerfabrik Jülich, C-113/10, C-147/10 et C-234/10, EU:
C:2012:591, points 65 à 67 ; CJUE, 18 janv. 2017, Wortmann, C-365/15, EU:
C:2017:19, point 37).

E - Le droit à réparation en cas de violation du droit


de l’Union
1) Le principe de la responsabilité
La Cour de Luxembourg consacre pour la première fois avec netteté4 le droit des justicia-
bles à obtenir réparation lorsqu’ils subissent un préjudice du fait de la violation du droit
de l’Union par un État membre dans l’arrêt Francovich et Bonifaci de novembre 1991
(CJCE, 19 nov. 1991, Francovich et Bonifaci/Italie, C-6/90 et C-9/90, EU:
C:1991:428) : « le droit communautaire impose le principe selon lequel les États
membres sont obligés de réparer les dommages causés aux particuliers par les violations
du droit communautaire qui leur sont imputables ». Elle estime « que la pleine efficacité
des normes communautaires serait mise en cause et la protection des droits qu’elles
reconnaissent serait affaiblie si les particuliers n’avaient pas la possibilité d’obtenir
réparation lorsque leurs droits sont lésés par une violation du droit communautaire
imputable à un État membre » (point 33). La Cour souligne que « la possibilité de répara-
tion à charge de l’État membre est particulièrement indispensable lorsque [...] le plein
effet des normes communautaires est subordonné à la condition d’une action de la
part de l’État et que, par conséquent, les particuliers ne peuvent pas, à défaut d’une
telle action, faire valoir devant les juridictions nationales les droits qui leur sont reconnus
par le droit communautaire » (point 34). Selon la Cour de justice, l’obligation de réparer
les dommages résultant d’une violation du droit communautaire « est inhérent au
système du traité » (point 35). Elle précise par ailleurs dans cette jurisprudence de prin-
cipe que le droit des justiciables à obtenir réparation « trouve directement son fonde-
ment dans le droit communautaire » (point 41), qu’il dépend « de la nature de la viola-
tion du droit communautaire qui est à l’origine du dommage causé » (point 38) et que
c’est, en l’absence d’une réglementation communautaire « dans le cadre du droit
national de la responsabilité qu’il incombe à l’État de réparer les conséquences du préju-
dice causé » (point 42).
Le juge de l’Union détermine également dans la jurisprudence Francovich et Bonifaci les
conditions d’ouverture du droit à réparation dans l’hypothèse où un État ne prend pas
les mesures nécessaires pour atteindre le résultat prescrit par une directive : le résultat

——
4. La jurisprudence antérieure de la Cour de justice en matière de constatation de manquement laissait
en effet entrevoir l’émergence d’une telle responsabilité même si en tout état de cause le droit pour
les particuliers d’obtenir réparation du préjudice subi ne découle pas directement d’un arrêt en cons-
tatation de manquement. En effet, il appartient aux seuls États membres de prendre toutes les
mesures nécessaires pour se conformer à cet arrêt et notamment l’éventuelle réparation des effets illi-
cites.
Sur ce point voy. not., CJCE, 19 mars 1991, Commission/Belgique, C-249/88, EU:C:1991:121,
point 41 ; CJCE, 30 mai 1991, Commission/Allemagne, C-361/88, EU:C:1991:224, point 31.

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128 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

prescrit par la directive doit comporter l’attribution de droits au profit des particuliers ; le
contenu de ces droits doit être identifié sur la base des dispositions de la directive ; l’exis-
tence d’un lien de causalité entre la violation de l’obligation qui incombe à l’État et le
dommage subi par les personnes lésées par la violation (point 40). Le juge de Luxem-
bourg mentionne enfin que les conditions de mise en œuvre de la responsabilité des
États pour violation du droit de l’Union sont soumises, conformément à sa jurisprudence
constante, aux principes d’équivalence et d’effectivité (point 43).

2) L’auteur et la nature de la violation


Les arrêts postérieurs de la Cour de justice ont confirmé les principes dégagés dans la
jurisprudence Francovich et Bonifaci dans des cadres juridiques et factuels sensiblement
différents.
Tout d’abord, le juge de Luxembourg a établi par la suite que le principe de responsabi-
lité s’applique à toute violation du droit de l’Union. Ainsi, la transposition erronée d’une
directive (CJCE, 26 mars 1996, British Telecommunications, C-392/93, EU:
C:1996:131), la non-transposition d’un tel acte (CJCE, 8 oct. 1996, Dillenkofer e.a.,
C-178/94, C-179/94, C-188/94, C-189/94 et C-190/94, EU:C:1996:375), l’application
incorrecte d’une directive (CJCE, 24 mars 2009, Danske Slagterier, C-445/06, EU:
C:2009:178), la violation d’une interdiction prescrite par les traités (CJCE, 23 mai 1996,
Lomas, C-5/94, EU:C:1996:205) ou encore la violation d’une disposition des traités
(CJCE, 1er juin 1999, Konle, C-302/97, EU:C:1999:271) sont autant d’exemples de
nature à engager la responsabilité d’un État membre.
Par ailleurs, le juge de Luxembourg a également admis que le droit à réparation est
ouvert aux justiciables quel que soit l’organe de l’État membre qui est à l’origine du
dommage. En effet, la Cour de justice considère qu’un tel droit ne saurait dépendre de
la répartition constitutionnelle des compétences et des responsabilités entre les diffé-
rentes autorités publiques. La Cour de justice a posé ce principe dans son arrêt Brasserie
du pêcheur et Factortame de mars 1996 dans lequel elle juge que le principe de la
responsabilité de l’État pour des dommages causés aux particuliers par des violations
du droit de l’Union qui lui sont imputables est « inhérent au système du traité » et
« valable pour toute hypothèse de violation du droit communautaire par un État
membre, et ce quel que soit l’organe de l’État membre dont l’action ou l’omission est à
l’origine du manquement » (CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et Factortame
e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79, points 31 et 32). Ainsi, la violation du droit de
l’Union peut donc être imputable non seulement au pouvoir législatif (sur ce point voy.
not., CJCE, 19 nov. 1991, Francovich et Bonifaci/Italie, C-6/90 et C-9/90, EU:
C:1991:428 ; CJCE, 24 sept. 1998, Brinkmann Tabakfabriken, C-319/96, EU:
C:1998:429), au pouvoir exécutif, aux autorités administratives, au pouvoir judiciaire (y
compris lorsque la violation est le fait d’une juridiction suprême d’un État membre
statuant en dernier ressort) (sur ce point voy., CJCE, 30 sept. 2003, Köbler, C-224/01,
EU:C:2003:513, points 52 et 53 ; CJCE, 13 juin 2006, Traghetti del Mediterraneo,
C-173/03, EU:C:2006:391, point 31 ; CJUE, 24 nov. 2011, Commission/Italie, C-379/
10, EU:C:2011:775, point 41) mais peut également être le fait d’organismes de droit
public ou encore d’entités infra-étatiques, comme par exemple les États fédérés ou les
collectivités territoriales (pour une illustration voy., CJCE, 1er juin 1999, Konle, C-302/
97, EU:C:1999:271 ; CJCE, 4 juill. 2000, Haim, C-424/97, EU:C:2000:357). Selon la
Cour de justice, le droit de l’Union ne s’oppose pas à ce que la responsabilité qui

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 129

incombe à un organisme de droit public de réparer le dommage causé à un particulier


par une violation du droit de l’Union puisse être engagée en plus de celle de l’État
membre lui-même (CJCE, 4 juill. 2000, Haim, C-424/97, EU:C:2000:357, points 31
et 32 ; CJUE, 25 nov. 2010, Fuß, C-429/09, EU:C:2010:717, point 61). La Cour de
justice a jugé par ailleurs que les déclarations publiques d’un fonctionnaire peuvent,
sous certaines conditions, être imputées à l’État, constituer une entrave à la libre circula-
tion des marchandises incompatible avec les obligations découlant d’une directive et, de
ce fait, être de nature à engager la responsabilité de l’État membre pour violation du
droit de l’Union (CJCE, 17 avril 2007, AGM-COS.MET, C-470/03, EU:C:2007:213).

3) Les conditions de la responsabilité


L’arrêt Brasserie du pêcheur et Factortame de mars 1996 constitue une jurisprudence
déterminante dans le domaine de la responsabilité des États membres pour violation
du droit de l’Union dans la mesure où cet arrêt définit les conditions générales d’enga-
gement de la responsabilité des États membres5. Dans le sillage de l’arrêt Francovich et
Bonifaci, la Cour de justice considère que les particuliers lésés ont un droit à réparation
dès lors que les trois conditions sont réunies, à savoir que la règle de droit de l’Union
violée a pour objet de leur conférer des droits, que la violation de cette règle est suffi-
samment caractérisée et qu’il existe un lien de causalité direct entre cette violation et le
préjudice subi par les particuliers. La mise en œuvre de ces conditions permettant d’éta-
blir la responsabilité des États membres pour les dommages causés aux particuliers par
des violations du droit de l’Union doit, en principe, être opérée par les juridictions natio-
nales (sur ce point voy. not., CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et Factortame
e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79, point 58 ; CJCE, 30 sept. 2003, Köbler, C-
224/01, EU:C:2003:513, point 100), conformément aux orientations fournies par la
Cour de justice pour procéder à cette mise en œuvre (CJCE, 12 déc. 2006, Test Clai-
mants in the FII Group Litigation, C-446/04, EU:C:2006:774, point 210).

a) La règle de droit de l’Union enfreinte doit avoir pour objet de conférer


des droits aux particuliers
En l’état actuel du droit de l’Union, il n’existe pas de définition générale de cette notion
« de droit conféré aux particuliers » par la norme de l’Union enfreinte. Le respect de
cette première condition relève donc d’une analyse au cas par cas par le juge national,
conformément à la règle évoquée précédemment selon laquelle les conditions de
responsabilité sont fonction de la nature de la violation en cause.

b) La violation commise doit être suffisamment caractérisée


Selon la Cour de justice, le critère décisif en la matière est celui « de la méconnaissance
manifeste et grave, par un État membre comme par une institution communautaire des
limites qui s’imposent à son pouvoir discrétionnaire » (CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du
pêcheur et Factortame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79, point 55). La Haute
juridiction fournit également dans l’arrêt Brasserie du pêcheur et Factortame une liste

——
5. Plus précisément, il s’agissait de déterminer dans quelle mesure et dans quelles conditions un opéra-
teur économique pouvait obtenir réparation du préjudice subi du fait du manquement au droit de
l’Union imputable au législateur national.

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130 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

non exhaustive d’éléments, confirmée par la jurisprudence ultérieure (CJCE, 15 juin


1999, Rechberger e.a., C-140/97, EU:C:1999:306 ; CJCE, 18 janv. 2001, Svenska
staten et Stockholm Lindöpark, C-150/99, EU:C:2001:34), que le juge national peut
prendre en considération comme, par exemple, le degré de clarté et de précision de la
norme de l’Union enfreinte, le caractère intentionnel ou involontaire du manquement
commis ou du préjudice subi, l’étendue de la marge d’appréciation que la norme de
l’Union violée laisse aux autorités nationales et européennes, l’adoption ou le maintien
de mesures ou de pratiques nationales contraires au droit de l’Union ou encore le carac-
tère excusable ou inexcusable d’une éventuelle erreur de droit (pour une illustration
voy., CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et Factortame e.a., C-46/93 et C-48/
93, EU:C:1996:79, point 56 ; CJCE, 25 janv. 2007, Robins e.a., C-278/05, EU:
C:2007:56, point 70 ; CJUE, 4 oct. 2018, Kantarev, C-571/16, EU:C:2018:807, point
105). En tout état de cause, une violation du droit de l’Union est suffisamment caracté-
risée lorsqu’elle est intervenue en méconnaissance manifeste de la jurisprudence de la
Cour de justice en la matière (CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et Factor-
tame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79, point 57 ; CJCE, 28 janv. 2001, Larsy,
C-118/00, EU:C:2001:368, point 44). En revanche, le fait que, dans le cadre d’un
recours en indemnité pour violation du droit de l’Union introduit contre un État
membre, la juridiction nationale saisie de ce contentieux estime nécessaire de poser
une question préjudicielle à la Cour de justice portant sur l’interprétation du droit de
l’Union en cause dans ce litige ne doit pas être considéré comme un facteur décisif afin
de déterminer s’il existe ou non une violation manifeste de ce droit par l’État membre en
question (CJUE, 10 juill. 2014, Ogieriakhi, C-244/13, EU:C:2014:2068, point 55).

c) La nécessité d’un lien de causalité direct entre la violation de l’obligation


qui incombe à l’État membre et le dommage subi par les personnes
lésées
Cette dernière condition renvoie directement à l’appréciation du juge national qui doit
vérifier, au cas par cas, si les conditions de mise en œuvre de la responsabilité de l’État
définies par la Cour de justice sont réunies. Si tel est le cas, il appartient alors au seul
juge national d’en tirer les conséquences dans le cadre de son droit interne de la respon-
sabilité, en écartant, si besoin est, toute disposition qui subordonnerait le droit à répara-
tion à l’existence d’une faute de la puissance publique (CJCE, 5 mars 1996, Brasserie
du pêcheur et Factortame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79, points 78
et 79). La seule exigence posée par la Cour est que « la réparation des dommages
causés aux particuliers par des violations du droit communautaire doit être adéquate
au préjudice subi, de nature à assurer une protection effective de leurs droits » (CJCE,
5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et Factortame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:
C:1996:79, point 82)6. La Cour de justice avait d’ailleurs précisé auparavant qu’à partir

——
6. L’autonomie procédurale des États demeure toutefois bien encadrée car la Cour rappelle constam-
ment, à travers sa jurisprudence, que « les conditions de fond et de forme fixées par les diverses légis-
lations nationales en matière de réparation des dommages ne sauraient être moins favorables que
celles qui concernent les réclamations semblables de nature interne et ne sauraient être aménagées
de manière à rendre pratiquement impossible ou excessivement difficile l’obtention de la réparation ».
Voy. not., CJCE, 19 nov. 1991, Francovich et Bonifaci/Italie, C-6/90 et C-9/90, EU:C:1991:428,
point 43 ; CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et Factortame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:
C:1996:79, point 83.

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CHAPITRE 7 – Les conséquences de l’applicabilité directe et de la primauté 131

du moment où la réparation pécuniaire est retenue par le juge national pour indemniser
le requérant du préjudice subi, une telle réparation pécuniaire « doit être adéquate en ce
sens qu’elle doit permettre de compenser intégralement les préjudices effectivement
subis » (CJCE, 2 août 1993, Marshall, C-271/91, EU:C:1993:335, point 26).

4) Le délai de prescription de l’action en responsabilité


La Cour de justice reconnaît la compatibilité avec le droit de l’Union de la fixation de
délais raisonnables de recours à peine de forclusion dans l’intérêt de la sécurité juridique
du justiciable et de l’État membre (sur ce point voy. not., CJCE, 27 mars 1980, Denkavit
italiana, 61/79, EU:C:1980:100, point 23 ; CJCE, 10 juill. 1997, Palmisani, C-261/95,
EU:C:1997:351, point 28 ; CJCE, 17 nov. 1998, Aprile, C-228/96, EU:C:1998:544,
point 19). En effet, elle estime que de tels délais ne sont pas de nature à rendre prati-
quement impossible ou excessivement difficile l’exercice du droit des justiciables
d’obtenir réparation des dommages subis du fait de la violation du droit de l’Union
même si, par définition, l’écoulement de ces délais entraîne le rejet, total ou partiel, de
l’action intentée. La Haute juridiction a jugé que le droit de l’Union ne s’oppose à ce
qu’une autorité nationale excipe de l’écoulement d’un délai de prescription raisonnable
que si, par son comportement, elle a été à l’origine de la tardivité de la demande, privant
ainsi le justiciable de la possibilité de faire valoir ses droits découlant d’une directive de
l’Union devant les juridictions nationales (en ce sens voy., CJUE, 15 avril 2010, Barth,
C-542/08, EU:C:2010:193, points 33 à 36). La Cour de justice a précisé ultérieurement
que le droit de l’Union « ne s’oppose pas à ce qu’un État membre excipe de l’écoule-
ment d’un délai de prescription raisonnable à l’encontre d’une action en justice intro-
duite par un particulier en vue de la sauvegarde des droits conférés par une directive,
alors même qu’il ne l’aurait pas correctement transposée, pourvu que, par son compor-
tement, il n’ait pas été à l’origine de la tardivité du recours. La constatation par la Cour
de la violation du droit de l’Union est sans incidence sur le point de départ du délai de
prescription, dès lors que ladite violation ne fait aucun doute » (CJUE, 19 mai 2011, Iaia
e.a., C-452/09, EU:C:2011:323, point 24). À cet égard, la Cour a jugé qu’un délai
national de forclusion de trois ans est raisonnable (CJCE, 24 mars 2009, Danske Slag-
terier, C-445/06, EU:C:2009:178, point 32).

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132 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

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PARTIE 3

Le contentieux
du droit
de l’Union
Chapitre 8 Le contentieux direct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Chapitre 9 Le renvoi préjudiciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

Le contrôle juridictionnel opéré par les juridictions de l’Union s’exerce dans le cadre
d’un ensemble de voies de droit et de recours très diversifiés. Il comporte cepen-
dant deux grandes branches complémentaires qui contribuent à garantir toutes
deux le respect du droit de l’Union mais qui sont techniquement très différentes ;
la première se compose des recours directs devant le juge de Luxembourg et la
seconde repose sur une coopération entre les juges nationaux et la Cour de
justice de l’UE.

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CHAPITRE 8
Le contentieux direct

Les recours directs regroupent l’ensemble des mécanismes juridictionnels de saisine


directe des juridictions de l’Union qui les amènent à trancher, en premier et dernier
ressort, par voie d’action ou d’exception, les litiges dont elles sont saisies. Avant de les
évoquer dans le détail en opérant la distinction entre les mécanismes de contrôle juridic-
tionnel des institutions, organes et organismes de l’Union (Section 2) et ceux des États
membres (Section 3), on s’attachera à présenter tout d’abord la procédure devant les
juridictions de l’Union (Section 1).

Section 1
La procédure devant les juridictions
de l’Union
La procédure applicable devant les juridictions de l’Union s’inspire de celle qui s’applique
devant le Conseil d’État français. Le protocole (nº 3) sur le Statut de la Cour de justice de
l’UE1, prévoit que la Cour de justice et le Tribunal sont régis par la même procédure
(Statut, Titre III : art. 19 à 46 et 53, al. 1er). Néanmoins, la procédure devant le Tribunal
est précisée et complétée, si besoin est, par son règlement de procédure afin de tenir
compte des spécificités de son organisation et de son fonctionnement (Statut, art. 53,
al. 2).

——
1. Voy. égal., Règlement (UE, Euratom) nº 741/2012 du Parlement européen et du Conseil du 11 août
2012 modifiant le protocole sur le statut de la Cour de justice de l’Union européenne et son annexe
I, JOUE L 228, 23 août 2012, p. 1 ; Règlement (UE, Euratom) 2015/2422 du Parlement européen et
du Conseil du 16 décembre 2015 modifiant le protocole nº 3 sur le statut de la Cour de justice de
l’Union européenne, JOUE L 341, 24 déc. 2015, p. 14 ; Règlement (UE, Euratom) 2016/1192 du Parle-
ment européen et du Conseil du 6 juillet 2016 relatif au transfert au Tribunal de la compétence pour
statuer, en première instance, sur les litiges entre l’Union européenne et ses agents, JOUE L 200,
26 juill. 2016, p. 137 ; Règlement (UE, Euratom) 2019/629 du Parlement européen et du Conseil du
17 avril 2019 modifiant le protocole no 3 sur le statut de la Cour de justice de l’Union européenne,
JOUE L 111, 24 avril 2019, p. 1.
Une version consolidée du protocole (nº 3) sur le Statut de la Cour de justice de l’UE est disponible sur
le site :
https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2016-08/tra-doc-fr-div-c-0000-2016-
201606984-05_00.pdf

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136 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

1• LES CARACTÉRISTIQUES ESSENTIELLES DE LA PROCÉDURE


La procédure devant les juridictions de l’Union est :
– mixte : elle se décompose en une phase écrite et une phase orale (Statut, art. 20,
al. 1er) ;
– semblable pour tous les recours directs : la phase écrite de la procédure repose sur
une requête introductive d’instance, un mémoire en défense, un mémoire en
réplique du requérant (facultatif), un mémoire en duplique du défendeur (facultatif)
et un rapport préalable du juge rapporteur (Statut, art. 21 à 23) ;
– contradictoire : tous les mémoires, requêtes, défenses, observations et, éventuelle-
ment, répliques ainsi que toutes pièces et documents transmis au greffe de la juridic-
tion saisie par une des parties au litige sont communiqués à l’autre partie ainsi qu’aux
institutions de l’Union dont les décisions sont en cause (Statut, art. 20, al. 2 et 3) ;
– inquisitoire : les juridictions de l’Union peuvent ordonner toutes les mesures d’ins-
truction qu’elles jugent opportunes (ex. : demandes de renseignements, production
de documents, expertise, auditions de témoins...) (Statut, art. 24 à 29) ;
– gratuite : la procédure devant les juridictions de l’Union est gratuite (absence de
droit d’inscription) (RP/CJ, art. 143 ; RP/Trib., art. 139). Par ailleurs, si une partie se
trouve dans l’impossibilité de faire face en totalité ou en partie aux frais de l’ins-
tance, elle peut à tout moment demander le bénéfice de l’aide juridictionnelle
gratuite (RP/CJ, art. 1152 ; RP/Trib., art. 146).

2• LE RÉGIME LINGUISTIQUE DE LA PROCÉDURE


Les langues de procédure sont l’allemand, l’anglais, le bulgare, le croate, le danois, l’espa-
gnol, l’estonien, le finnois, le français, le grec, le hongrois, l’irlandais, l’italien, le letton, le
lituanien, le maltais, le néerlandais, le polonais, le portugais, le roumain, le slovaque, le
slovène, le suédois et le tchèque, c’est-à-dire les vingt-quatre langues officielles de
l’Union européenne (RP/CJ, art. 363 ; RP/Trib., art. 444). En principe, cette langue de procé-
dure est choisie par le requérant sauf si le défendeur est un État membre ou une personne
physique ou morale ressortissant d’un État membre (la langue de procédure est alors la
langue officielle de cet État) ou si les parties définissent conjointement une autre langue
de procédure ou encore si l’une des parties au litige est autorisée par la juridiction saisie du
litige, l’autre partie et l’avocat général entendus, à employer totalement ou partiellement
une autre langue5. Une fois choisie, elle sera employée tout au long de la procédure et
notamment dans les mémoires et plaidoiries des parties (RP/CJ, art. 38, § 1er ; RP/Trib.,
art. 46, § 1er). Le choix de la langue de procédure détermine également la version de
l’arrêt faisant foi (RP/CJ, art. 41 ; RP/Trib., art. 49).

——
2. Voy. égal. l’article 4 du règlement de procédure additionnel de la Cour du justice de janvier 2014,
JOUE L 32, 1er févr. 2014, p. 37, spéc. p. 39.
3. Voy. en dernier lieu, JOUE L 173, 26 juin 2013, p. 65.
4. Voy. en dernier lieu, JOUE L 173, 26 juin 2013, p. 66.
5. Cette demande ne peut être introduite par une institution de l’Union.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 137

3• LA REPRÉSENTATION DES PARTIES


Les parties doivent obligatoirement être représentées devant les juridictions de l’Union.
Les États membres, les institutions de l’Union ainsi que les États tiers parties à l’accord
sur l’EEE et l’Autorité de surveillance AELE sont représentés par un agent nommé pour
chaque affaire (Statut, art. 19, al. 1er et 2). Les autres parties, et notamment les
personnes physiques et morales, doivent être représentées ou assistées par un avocat
inscrit à un barreau d’un État membre ou d’un autre État partie à l’accord sur l’EEE
(CJCE, Ord., 5 déc. 1996, Lopes, C-174/96 P, EU:C:1996:473 : à propos de l’obligation
de représentation des parties par un avocat tiers, c’est-à-dire concrètement l’impossibi-
lité pour un requérant lui-même avocat de s’auto-représenter devant le juge de l’Union).
Les professeurs ressortissants des États membres dont la législation leur reconnaît le
droit de plaider peuvent également assurer la représentation des autres parties devant
les juridictions de l’Union (Statut, art. 19, al. 3, 4 et 7).

4• LE DÉROULEMENT DE LA PROCÉDURE
La procédure se décompose en deux phases bien distinctes qui précèdent le délibéré et
le prononcé de l’arrêt : l’une est écrite, l’autre orale6 (Statut, art. 20, al. 1er).
Toutefois, lorsque la Cour de justice ou le Tribunal sont manifestement incompétents
pour connaître d’un recours ou lorsque celui-ci est manifestement irrecevable7, ces
deux juridictions peuvent la déclarer irrecevable par voie d’ordonnance motivée (RP/CJ,
art. 53, § 2 ; RP/Trib., art. 208). Ces mêmes juridictions peuvent également, à tout
moment, d’office, les parties entendues, statuer par voie d’ordonnance motivée sur les
fins de non-recevoir d’ordre public ou constater que le recours est devenu sans objet et
qu’il n’y a plus lieu de statuer (RP/CJ, art. 149 et 150 ; RP/Trib., art. 129 et 131).
De plus, les présidents de la Cour de justice et du Tribunal peuvent statuer selon une
procédure sommaire dérogeant, autant que besoin est, aux règles traditionnelles de la
procédure sur des conclusions tendant soit à l’obtention d’un sursis à exécution (TFUE,
art. 278 ; TCEEA, art. 157), soit à l’application de mesures provisoires (TFUE, art. 279)
soit encore à la suspension de l’exécution forcée (TFUE, art. 299, al. 4 ; TCEEA, art. 164,
al. 3) (Statut, art. 39, al. 1er). L’ordonnance ainsi rendue n’a qu’un caractère provisoire et
ne préjuge en rien la décision de la juridiction de l’Union statuant au principal (Statut,
art. 39, al. 4).

——
6. Pour plus de détails sur le déroulement de la procédure on peut consulter : le règlement de procédure
de la Cour de justice, septembre 2012 (version consolidée) :
http://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2012-10/rp_fr.pdf
Le règlement de procédure additionnel de la Cour de justice, janvier 2014 :
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2014:032:0037:0045:FR:PDF
Le règlement de procédure du Tribunal, mars 2015 (version consolidée) :
https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2018-11/version_consolidee_rp_propre.pdf
7. Ou encore lorsqu’un recours devant le Tribunal est manifestement dépourvu de tout fondement en
droit.

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138 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

A - La phase écrite
La procédure écrite comprend la communication aux parties ainsi qu’aux institutions de
l’Union dont les décisions sont en cause, des requêtes, mémoires, défenses, observa-
tions et, éventuellement, des répliques présentées par les requérants. Elle comporte
également la communication de toutes les pièces et documents à l’appui ou de leurs
copies certifiées conformes (Statut, art. 20, al. 2). Les communications sont réalisées par
le greffier dans l’ordre et les délais déterminés par les règlements de procédure (Statut,
art. 20, al. 3). Lorsque cette phase de communication des écrits est achevée, le président
de la juridiction saisie fixe alors la date à laquelle le juge rapporteur présente un rapport
préalable. Ce rapport peut conduire cette juridiction à décider de l’ouverture d’instruc-
tions complémentaires. C’est également à ce stade de la procédure que la juridiction de
l’Union saisie peut décider de la jonction d’affaires dont l’objet est proche et qu’elle
prononce le renvoi de l’affaire devant une chambre composée de trois ou de cinq juges.

B - La phase orale
La procédure orale comprend la lecture du rapport présenté par le juge rapporteur,
l’audition des agents, conseils et avocats et des conclusions de l’avocat général, ainsi
que, s’il y a lieu, l’audition des témoins et experts (Statut, art. 20, al. 4).
Lorsqu’elle estime que l’affaire ne soulève aucune nouvelle question de droit, la juridic-
tion de l’Union peut décider, l’avocat général entendu, que l’affaire sera jugée sans
conclusions de l’avocat général (Statut, art. 20, al. 5).

C - L’intervention à l’instance
Les États membres et les institutions de l’Union peuvent intervenir dans un litige soumis
aux juridictions de l’Union sans avoir à justifier d’un intérêt à la solution du litige (Statut,
art. 40, al. 1er). Les organes et organismes de l’Union ainsi que les personnes physiques
ou morales peuvent également intervenir à l’instance s’ils justifient d’un intérêt à la solu-
tion d’un litige soumis à la juridiction de l’Union. Toutefois, les personnes physiques ou
morales ne peuvent intervenir dans les affaires entre États membres, entre institutions
ou entre États membres et institutions (Statut, art. 40, al. 2). Par ailleurs, les États tiers
parties à l’accord sur l’EEE ainsi que l’Autorité de surveillance AELE visée par cet accord
peuvent également intervenir aux litiges soumis aux juridictions de l’Union lorsque ceux-
ci concernent un des domaines d’application de l’accord sur l’EEE (Statut, art. 40, al. 3).
Les conclusions de la requête en intervention ne peuvent avoir d’autres objets que le
soutien des conclusions de l’une des parties au litige (Statut, art. 40, al. 4).

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 139

D - Les référés

TFUE, art. 2788


« Les recours formés devant la Cour de justice de l’Union européenne n’ont pas
d’effet suspensif. Toutefois, la Cour peut, si elle estime que les circonstances l’exigent,
ordonner le sursis à l’exécution de l’acte attaqué. »
TFUE, art. 279
« Dans les affaires dont elle est saisie, la Cour de justice de l’Union européenne peut prescrire
les mesures provisoires nécessaires. »

Les articles 278 et 279, du Traité FUE confèrent compétence à la Cour de justice de l’UE
respectivement pour ordonner le sursis à exécution d’un acte contesté et pour prescrire
toute mesure provisoire nécessaire9. Ces deux dispositions, qui peuvent être utilisées par
les parties au litige pendant tout le déroulement de la procédure, sont reprises et
complétées par les règlements de procédure des deux juridictions de l’Union (RP/CJ,
art. 160 à 166 ; RP/Trib., art. 156 à 161). En pratique, le président de la Cour de justice,
ou du Tribunal statue lui-même sur ces demandes provisoires et accessoires ou défère la
décision à la juridiction.
Une demande de sursis à exécution d’un acte d’une institution au titre de l’article 278,
du Traité FUE n’est recevable devant une juridiction de l’Union que si le demandeur a
également attaqué cet acte dans un recours devant cette même juridiction. Une
demande de mesures provisoires n’est recevable au titre de l’article 279, du Traité FUE
que si elle émane d’une partie à une affaire dont la juridiction de l’Union est saisie et si
elle se réfère à ladite affaire. Les règlements de procédure exigent que les demandes de
mesures provisoires ou de sursis à exécution spécifient l’objet du litige, les circonstances
établissant l’urgence ainsi que les moyens de fait et de droit justifiant à première vue
l’octroi de la mesure provisoire à laquelle elles concluent (RP/CJ, art. 160, § 3 ; RP/Trib.,
art. 156, § 4). À ces conditions posées par les règlements de procédure, la jurisprudence
a ajouté avec le temps la nécessité d’établir pour le demandeur l’existence d’un préju-
dice grave et irréparable (pour une illustration voy., Tribunal, Ord., 16 janv. 2004,
Arizona Chemical e.a./Commission, T-369/03 R, EU:T:2005:458) et la mise en
balance des intérêts en cause, à savoir ceux du demandeur à obtenir des mesures provi-
soires et ceux du défendeur ou de l’Union à rejeter de telles mesures (pour une applica-
tion voy. not., CJCE, Ord., 22 avril 1994, Commission/Belgique, C-87/94 R, EU:
C:1994:166). Le Tribunal a récemment assoupli la condition de l’urgence dans le cadre
d’une procédure en référé en jugeant que le caractère suffisamment manifeste et grave
des illégalités relevées à première vue par le soumissionnaire évincé dans le cadre d’une
procédure en matière de marchés publics justifie l’imposition de mesures provisoires
même si le préjudice qu’il invoque n’est pas irréparable (Tribunal, Ord., 6 sept. 2014,

——
8. TCEEA, art. 157.
9. La Cour de justice a rappelé que le juge des référés a bien l’opportunité, en application de l’article
279, du Traité FUE d’ordonner toutes les mesures provisoires qu’il juge utiles, y compris la possibilité,
dans le cadre d’une procédure en constatation de manquement, d’assortir des injonctions adressées à
un État membre d’astreintes en cas d’inexécution de ces mêmes injonctions (sur ce point voy., CJUE,
Ord., 20 nov. 2017, Commission/Pologne, C-441/17 R, EU:C:2017:877, points 96 à 100).

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140 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Vanbreda Risk & Benefits/Commission, T-199/14 R, EU:T:2014:1024, point 162).


Cette jurisprudence, qui « diverge par rapport à la jurisprudence constante développée
par le juge de l’Union » (point 23), a été tempérée par la Cour de justice lorsque cette
dernière a été saisie par la Commission européenne d’un pourvoi à l’encontre de
l’ordonnance du Tribunal (CJUE, Ord., 23 avril 2015, Commission/Vanbreda Risk &
Benefits, C-35/15 P(R), EU:C:2015:275). En effet, le vice-président de la Cour de
justice a certes validé cette nouvelle approche de la condition de l’urgence mais limité
son application aux actions en référé en matière de marchés publics européens
introduites avant la conclusion du contrat entre l’adjudicataire et l’attributaire du
marché (point 57). La demande doit être présentée par acte séparé et dans les
conditions prévues aux articles 120 à 122 du règlement de procédure de la Cour de
justice et aux articles 76 et 78 du règlement de procédure du Tribunal. On peut en
déduire que toute demande en référé présentée dans le même acte que le recours
principal est irrecevable (CJCE, 21 janv. 1965, Merlini/Haute Autorité CECA, 108/63
R, EU:C:1965:4) et que toute demande en référé présentée avant le recours principal ou
tardivement a également toutes les chances de connaître un sort identique (CJCE, Ord.,
30 janv. 1959, Mannesmann e.a./Haute Autorité CECA, 2/59 R, EU:C:1959:2). Par
ailleurs, le rejet pour irrecevabilité du recours principal sur lequel vient se greffer une
demande en référé rend cette action accessoire elle aussi irrecevable (CJCE, Ord.,
12 oct. 1992, Landbouwschap/Commission, C-295/92 R, EU:C:1992:380).
Après instruction de la demande, le président de la juridiction saisie d’une demande de
référé rend une ordonnance motivée qui n’a qu’un caractère provisoire et qui ne préjuge
en rien de la décision au principal (RP/CJ, art. 162, § 4 ; RP/Trib., art. 158, § 4). À la
demande d’une partie, cette ordonnance peut d’ailleurs à tout moment être modifiée
ou rapportée par suite d’un changement de circonstances (RP/CJ, art. 163 ; RP/Trib.,
art. 159). Les règlements de procédure permettent de subordonner l’exécution de
l’ordonnance à la constitution par le demandeur d’une caution dont le montant et les
modalités sont fixés compte tenu des circonstances par l’ordonnance (RP/CJ, art. 162,
§ 2 ; RP/Trib., art. 158, § 2). Étant donné qu’il est statué sur les dépens dans l’arrêt ou
l’ordonnance qui met fin à l’instance principale (RP/CJ, art. 137 ; RP/Trib., art. 133), la
pratique des ordonnances de référé est donc de réserver les dépens. Si l’ordonnance
de référé ne lie pas le juge saisi du litige au fond, elle s’impose par contre aux parties
au litige. Le rejet de la demande de mesures provisoires n’empêche pas la partie qui
l’avait introduite de présenter une autre demande fondée sur des faits nouveaux (RP/
CJ, art. 164 ; RP/Trib., art. 160) (voy. égal., CJCE, Ord., 10 juill. 1979, Buttner e.a./
Commission, 51/79 R II, EU:C:1979:183). L’ordonnance de référé peut donner lieu à
une exécution forcée.

E - Le délibéré et le prononcé de l’arrêt


La juridiction saisie d’une affaire délibère sur la base du projet d’arrêt rédigé par le juge
rapporteur. Ces délibérations sont et restent secrètes (Statut, art. 35). Seuls les juges
ayant assisté à la procédure orale prennent part au délibéré. Une juridiction de l’Union
ne peut valablement délibérer qu’en nombre impair. C’est pourquoi les délibérations des
chambres composées de trois ou de cinq juges de la Cour de justice ne sont valables que
si elles sont prises par trois juges, celles de la grande chambre ne sont valables que si

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 141

onze juges sont présents et enfin les délibérations de la Cour siégeant en assemblée
plénière ne sont valables que si dix-sept juges sont présents (Statut, art. 17).
Chacun des juges présents au délibéré exprime son opinion en la motivant. Les votes
sont émis dans l’ordre inverse de l’ancienneté de fonctions. La décision de la Cour ou
du Tribunal est adoptée après discussion finale par la majorité des juges. Les arrêts sont
motivés et mentionnent les noms des juges qui ont délibéré (Statut, art. 36).
La Cour de justice et le Tribunal statuent sur les dépens dans l’arrêt ou l’ordonnance qui
met fin à l’instance (Statut, art. 38 ; RP/CJ, art. 137 ; RP/Trib., art. 133). En principe, toute
partie qui succombe est condamnée aux dépens. Si plusieurs parties succombent, la juri-
diction peut décider du partage des dépens (RP/CJ, art. 137 à 146 ; RP/Trib., art. 134 à
138). La juridiction de l’Union peut aussi répartir les dépens ou décider que chaque
partie supporte ses propres dépens si les parties succombent respectivement sur un ou
plusieurs chefs ou encore pour des motifs exceptionnels. Enfin, la juridiction de l’Union
peut également condamner une partie, même gagnante, à rembourser à l’autre partie
les frais qu’elle lui a fait exposer et que la juridiction reconnaît comme frustratoires ou
vexatoires (RP/CJ, art. 139 ; RP/Trib., art. 135, § 2). Les États membres, les institutions
de l’Union, les États tiers parties à l’accord sur l’EEE ainsi que l’Autorité de surveillance
AELE visée par cet accord qui sont intervenus au litige supportent leurs propres dépens
(RP/CJ, art. 140 ; RP/Trib., art. 138).
Les arrêts sont signés par le président et le greffier de la juridiction saisie. Ils sont rendus en
audience publique, les parties convoquées (Statut, art. 37 ; RP/CJ, art. 86 et 88, § 1er ; RP/
Trib., art. 116 et 118, § 1er). L’arrêt de la Cour de justice a force obligatoire à compter du
jour de son prononcé tout comme l’ordonnance a force obligatoire à compter du jour de sa
signification (RP/CJ, art. 91, § 1er et 2). Il en est de même pour ceux rendus par le Tribunal
sous réserve des dispositions de l’article 60 du Statut (RP/Trib., art. 121, § 1er et 2)10.
Les décisions de la Cour de justice et du Tribunal sont publiées dans l’ordre chronolo-
gique au Recueil de la jurisprudence de la Cour de justice et du Tribunal dans la partie I
pour les arrêts et ordonnances de la Cour de justice et dans la partie II pour les juge-
ments du Tribunal. Les décisions du Tribunal de la fonction publique de l’UE ont égale-
ment été publiées entre 2005 et 201611 dans l’ordre chronologique au Recueil de juris-
prudence – Fonction publique (RecFP)12.

5• LE POURVOI CONTRE LES DÉCISIONS DU TRIBUNAL


Les décisions du Tribunal mettant fin à l’instance, ainsi que celles qui tranchent partielle-
ment le litige sur le fond ou qui mettent fin à un incident de procédure portant sur une
exception d’incompétence ou d’irrecevabilité peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant
la Cour de justice dans un délai de deux mois à compter de la notification de la décision

——
10. Voy. le paragraphe 5 de la présente section.
11. Sur la suppression du Tribunal de la fonction publique de l’UE depuis le 1er septembre 2016 voy.,
Leclerc S., Mémentos – Les institutions de l’Union européenne, préc., spéc. p. 141-143.
12. Les arrêts et ordonnances de la Cour de justice, du Tribunal et du Tribunal de la fonction publique de
l’UE sont disponibles sur le site : http://curia.europa.eu/jcms/jcms/Jo2_7045/

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142 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

attaquée (Statut, art. 56, al. 1er ; RP/CJ, art. 167 à 190 bis). Ce pourvoi peut être formé
par toute partie ayant partiellement ou totalement succombé en ses conclusions. Les
parties qui interviennent dans le litige autres que les États membres et les institutions
de l’Union ne peuvent former un tel pourvoi que lorsque la décision du Tribunal les
affecte directement (Statut, art. 56, al. 2). Sauf dans les cas de litiges opposant l’Union
à ses agents, un pourvoi peut également être formé par les États membres et les institu-
tions de l’Union qui ne sont pas intervenus en première instance dans le litige devant le
Tribunal. Dans une telle hypothèse, ces États ou ces institutions sont dans une position
identique à celle d’États ou d’institutions qui seraient intervenus en première instance
(Statut, art. 56, al. 3). De plus, les demandes de sursis à exécution (TFUE, art. 278 ;
TCEEA, art. 157), de mesures provisoires (TFUE, art. 279) ou encore d’exécution forcée
(TFUE, art. 299, al. 4 ; TCEEA, art. 164, al. 3) sur lesquelles le Tribunal a statué en
première instance peuvent également faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour de
justice par les parties à la procédure dans un délai de deux mois à compter de leur noti-
fication (Statut, art. 57, al. 2). Enfin, un pourvoi peut être formé devant la Cour de justice
contre les décisions du Tribunal rejetant une demande d’intervention, dans un délai de
deux semaines à compter de la notification de la décision de rejet, par toute personne
dont la demande a été rejetée (Statut, art. 57, al. 1er).
Le pourvoi devant la Cour de justice est limité aux seules questions de droit et la Haute
juridiction refuse systématiquement d’examiner les allégations visant à contester l’appré-
ciation des faits opérée par le Tribunal (pour un ex. voy. not., CJUE, 22 nov. 2012, E.ON
Energie/Commission, C-89/11 P, EU:C:2012:738, point 112). Il peut être fondé sur
des moyens tirés de l’incompétence du Tribunal (pour une illustration voy. not., CJCE,
Ord., 14 oct. 1999, Gluiber/Conseil et Commission, C-188/99 P, EU:C:1999:506,
point 15), d’irrégularités de procédure devant cette instance juridictionnelle portant
atteinte aux intérêts de la partie requérante (pour un ex. voy. not., CJCE, 15 juin 2000,
TEAM/Commission, C-13/99 P, EU:C:2000:329, point 36) ainsi que de la violation du
droit de l’Union par le Tribunal (pour une application voy. not., CJCE, 17 déc. 1992,
Moritz/Commission, C-68/91 P, EU:C:1992:531, points 20 à 26 et 37 à 40) (Statut,
art. 58, al. 1er). Un pourvoi ne peut porter uniquement sur la charge ou le montant des
dépens (voy. not., CJCE, Ord., 13 janv. 1995, Bonnamy/Conseil, C-264/94 P, EU:
C:1995:5, point 14) (Statut, art. 58, al. 2).
Le pourvoi n’a pas d’effet suspensif (Statut, art. 60, § 1er) mais la partie requérante peut
saisir la Cour de justice d’une demande de sursis à exécution (TFUE, art. 278) ou d’une
demande de mesures provisoires (TFUE, art. 279). Lorsque le pourvoi est fondé, la Cour
de justice annule la décision du Tribunal. Elle peut alors lui renvoyer l’affaire pour qu’il
statue (pour une application voy. not., CJCE, 20 nov. 1997, Commission/V., C-188/96
P, EU:C:1997:554, point 33) ou encore statuer elle-même définitivement sur le litige
lorsqu’elle estime qu’il est en état d’être jugé (Statut, art. 61, al. 1er) (pour une illustra-
tion voy. not., CJCE, 15 juin 1994, Commission/BASF e.a., C-137/92 P, EU:
C:1994:247, point 55). En cas de renvoi, le Tribunal est alors lié par les points de droit
tranchés par la décision de la Cour de justice (Statut, art. 61, al. 2). Lorsqu’un pourvoi
formé par un État membre ou une institution de l’Union qui ne sont pas intervenus au
litige devant le Tribunal est fondé, la Cour de justice peut, si elle l’estime nécessaire, indi-
quer ceux des effets de la décision annulée du Tribunal qui doivent être considérés
comme définitifs à l’égard des parties au litige (Statut, art. 61, al. 3).

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 143

Section 2
Le contrôle juridictionnel des institutions,
organes et organismes de l’Union

1• LE RECOURS EN ANNULATION
TFUE, art. 263
« La Cour de justice de l’Union européenne contrôle la légalité des actes législatifs, des actes du
Conseil, de la Commission et de la Banque centrale européenne, autres que les recommanda-
tions et les avis, et des actes du Parlement européen et du Conseil européen destinés à
produire des effets juridiques à l’égard des tiers. Elle contrôle aussi la légalité des actes des
organes ou organismes de l’Union destinés à produire des effets juridiques à l’égard des tiers.
À cet effet, la Cour est compétente pour se prononcer sur les recours pour incompétence,
violation des formes substantielles, violation des traités ou de toute règle de droit relative à
leur application, ou détournement de pouvoir, formés par un État membre, le Parlement euro-
péen, le Conseil ou la Commission.
La Cour de justice est compétente, dans les mêmes conditions, pour se prononcer sur les
recours formés par la Cour des comptes, par la Banque centrale européenne et par le Comité
des régions qui tendent à la sauvegarde des prérogatives de ceux-ci.
Toute personne physique ou morale peut former, dans les conditions prévues aux premier et
deuxième alinéas, un recours contre les actes dont elle est le destinataire ou qui la concernent
directement et individuellement, ainsi que contre les actes réglementaires qui la concernent
directement et qui ne comportent pas de mesures d’exécution.
Les actes créant les organes et organismes de l’Union peuvent prévoir des conditions et moda-
lités particulières concernant les recours formés par des personnes physiques ou morales contre
des actes de ces organes ou organismes destinés à produire des effets juridiques à leur égard.
Les recours prévus au présent article doivent être formés dans un délai de deux mois à compter,
suivant le cas, de la publication de l’acte, de sa notification au requérant ou, à défaut, du jour
où celui-ci en a eu connaissance. »
TFUE, art. 264
« Si le recours est fondé, la Cour de justice de l’Union européenne déclare nul et non avenu
l’acte contesté.
Toutefois, la Cour de justice indique, si elle l’estime nécessaire, ceux des effets de l’acte annulé
qui doivent être considérés comme définitifs. »

Le recours en annulation vise à obtenir du juge de l’Union l’annulation pour illégalité


d’un acte émanant des institutions, organes et organismes de l’Union. Il s’apparente,
dans son mécanisme général, à une transposition du recours pour excès de pouvoir
prévu en droit administratif français.

A - Les actes susceptibles d’annulation


Avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, l’article 230, alinéa 1er, du Traité CE stipu-
lait que « la Cour de justice contrôle la légalité des actes adoptés conjointement par le
Parlement européen et le Conseil, des actes du Conseil, de la Commission et de la BCE,

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144 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

autres que les recommandations et les avis, et des actes du Parlement européen destinés à
produire des effets juridiques vis-à-vis des tiers », semblant ainsi seulement exclure du
recours en annulation les recommandations et les avis. Néanmoins, le juge de Luxembourg
ne limitait pas pour autant sa compétence aux seuls actes obligatoires estimant que
« toutes les dispositions prises par les institutions qui visent à produire des effets de droit,
quelles qu’en soient la nature et la forme » pouvaient faire l’objet d’un recours en annula-
tion (CJCE, 31 mars 1971, Commission/Conseil, 22/70, EU:C:1971:32, points 41 et 42).
Pour se prononcer sur la recevabilité d’un recours, le juge de Luxembourg s’attachait donc
non à la dénomination formelle de l’acte mais à son contenu et à ses effets qu’il recherchait
au-delà de la seule qualification. Il avait ainsi reconnu la recevabilité de recours en annula-
tion dirigés contre un code de conduite de la Commission, une communication de la
Commission, une déclaration du porte-parole de la Commission ou encore des instructions
internes de services dans la mesure où ces actes, au-delà de leur dénomination et de leur
forme, avaient pour effet d’imposer de nouvelles obligations à leurs destinataires et de
modifier leurs situations juridiques (pour une application voy. not., CJCE, 13 nov. 1991,
France/Commission, C-303/90, EU:C:1991:424 ; CJCE, 20 mars 1997, France/Commis-
sion, C-57/95, EU:C:1997:164 ; CJUE, 26 janv. 2010, Internationaler Hilfsfonds/
Commission, C-362/08 P, EU:C:2010:40 ; Tribunal, Ord., 7 mars 2018, Fertisac/ECHA,
T-855/16, EU:T:2018:118). En revanche, la Cour de justice avait déclaré irrecevable les
recours en annulation formulés contre les actes dépourvus d’effets juridiques obligatoires
comme par exemple les actes préparatoires, les actes confirmatifs ou informatifs, une
pratique propre à une institution déterminée ou encore la décision de la Commission
d’introduire un recours en justice devant une juridiction d’un État tiers (pour une illustration
voy., CJUE, 9 sept. 2015, Lito Maieftiko Gynaikologiko kai Cheirourgiko Kentro/
Commission, C-506/13 P, EU:C:2015:562 : à propos d’une note de débit de la Commis-
sion européenne ; Tribunal, Ord., 14 sept. 2015, Slovénie/Commission, T-585/14, EU:
T:2015:662 : à propos de courriers émanant de la DG BUDG de la Commission euro-
péenne enjoignant la Slovénie à verser des sommes au budget de l’UE au titre des
ressources propres ; CJUE, 14 déc. 2016, SV Capital OÜ/ABE, C-577/15 P, EU:
C:2016:947 : à propos des décisions de l’autorité bancaire européenne (ABE) et de la
commission de recours des autorités européennes à l’encontre des autorités de surveillance
du secteur financier estonienne et finnoise ; Tribunal, 24 mars 2017, Estonie/Commis-
sion, T-117/15, EU:T:2017:217 : à propos d’un courrier de la Commission européenne
adressé à l’Estonie dans lequel l’institution mentionne qu’elle n’a pas lieu de modifier une
décision antérieure ; CJUE, 20 févr. 2018, Belgique/Commission, C-16/16 P, EU:
C:2018:079 : à propos d’une recommandation de la Commission européenne). Si le
Tribunal avait lui aussi contribué à définir la notion d’acte attaquable notamment en reje-
tant les recours en annulation dirigés contre une simple lettre informative, les actes décla-
ratoires ou confirmatifs, la réponse à une demande d’information, des lignes directrices
destinées à mettre en œuvre un programme de l’Union, les décisions du médiateur euro-
péen ou encore un avis de l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au motif
que de tels actes ne produisent pas d’effets juridiques (pour une illustration voy. not.,
Tribunal, 10 avril 2003, Le Pen/Parlement, T-353/00, EU:T:2003:112 ; Tribunal, Ord.,
3 nov. 2008, Srinivasan/Médiateur, T-196/08, EU:T:2008:470 ; Tribunal, 17 juin 2008,
FMC Chemical/EFSA, T-312/06, EU:T:2007:67 ; Tribunal, 9 juin 2009, NDSHT/Commis-
sion, T-152/06, EU:T:2009:181 ; Tribunal, Ord., 20 juill. 2010, Perret/Commission, T-
186/10, EU:T:2010:314 ; Tribunal, 22 mai 2012, Sviluppo Globale/Commission, T-6/

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 145

10, EU:T:2012:245 ; Tribunal, Ord., 8 oct. 2012, ClientEarth/Conseil, T-62/12, EU:


T:2012:525), cette juridiction s’était surtout distinguée en érigeant les organes et orga-
nismes de l’Union en auteur d’actes attaquables. Dépassant la lettre de l’article 230,
alinéa 1er, du Traité CE, qui prévoyait la possibilité pour la Cour de justice de contrôler la
légalité des actes émanant des seules institutions, le Tribunal avait dégagé à l’occasion de
son arrêt Sogelma/AER d’octobre 2008 un principe général selon lequel « tout acte
émanant d’un organisme communautaire destiné à produire des effets juridiques vis-à-vis
des tiers doit être susceptible d’un contrôle juridictionnel », en l’occurrence une décision de
l’Agence européenne pour la reconstruction (AER) (Tribunal, 8 oct. 2008, Sogelma/AER,
T-411/06, EU:T:2008:419, point 37).
Le Traité de Lisbonne clarifie la question des actes susceptibles de faire l’objet d’un recours
en annulation puisque son article 263, alinéa 1er, du Traité FUE reprend à son compte les
évolutions jurisprudentielles évoquées précédemment. En effet, cette disposition mentionne
désormais que la Cour de justice de l’UE est compétente pour contrôler la légalité :
– des actes législatifs (c’est-à-dire des actes adoptés par le Parlement et/ou le Conseil au
terme de la procédure législative ordinaire ou d’une procédure législative spéciale) ;
– des actes du Conseil, de la Commission et de la Banque centrale européenne,
autres que les recommandations et les avis ;
– des actes du Parlement européen et du Conseil européen destinés à produire des
effets juridiques à l’égard des tiers ;
– des actes des organes et des organismes de l’Union destinés à produire des effets
juridiques à l’égard des tiers (consolidation de la jurisprudence du Tribunal).
Ainsi, et selon une jurisprudence constante, « sont à considérer comme étant suscepti-
bles de faire l’objet d’un recours en annulation toutes dispositions ou mesures adoptées
par les institutions, les organes ou les organismes de l’Union, quelle qu’en soit la forme,
qui visent à produire des effets juridiques obligatoires de nature à affecter les intérêts
d’une personne physique ou morale, en modifiant de façon caractérisée la situation juri-
dique de celle-ci » (sur ce point voy. not., CJUE, 13 oct. 2011, Deutsche Post et Alle-
magne/Commission, C-463/10 P et C-475/10 P, EU:C:2011:656, point 37 ; CJUE,
31 janv. 2019, International Management Group/Commission, C-183/17 P et C-
184/17 P, EU:C:2019:78, point 51).

B - La qualité pour agir


L’article 263, du Traité FUE distingue trois catégories de requérants : les États membres,
les institutions et organes de l’Union et les personnes physiques ou morales.

1) Les États membres


Les États membres ont un droit illimité d’agir en annulation, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas à
justifier d’un intérêt à agir et qu’ils peuvent se prévaloir de tout moyen d’annulation. Ils
sont qualifiés de ce fait de requérants privilégiés. Les juridictions de l’Union ont toutefois
une conception restrictive de la notion d’État membre dans la mesure où elles ont précisé
que cette notion, au sens des dispositions institutionnelles, vise les seules autorités
gouvernementales des États membres et ne saurait être élargie aux gouvernements de

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146 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

régions ou de communautés autonomes ni même aux collectivités territoriales13 (parmi


une jurisprudence abondante voy. not., CJCE, Ord., 21 mars 1997, Région wallonne/
Commission, C-95/97, EU:C:1997:184, point 6 ; CJCE, 2 mai 2006, Regione Sici-
liana/Commission, C-417/04 P, EU:C:2006:282, point 21 ; Tribunal, Ord., 21 mai
2015, APRAM/Commission, T-403/13, EU:T:2015:317, point 35).

2) Les institutions et organes de l’Union


Parmi les institutions et organes de l’Union, l’article 263, du Traité FUE fait une distinc-
tion entre :
– le Parlement européen, le Conseil et la Commission (TFUE, art. 263, al. 2). Ces trois
institutions de l’Union bénéficient du droit d’agir en annulation dans les mêmes
conditions que les États membres. Elles constituent donc également des requérants
privilégiés ;
– la Cour des comptes européenne, la Banque centrale européenne et, depuis le
Traité de Lisbonne, le Comité européen des régions (TFUE, art. 263, al. 3). Ces trois
institutions et organes de l’Union peuvent agir en annulation seulement si le recours
formé tend « à la sauvegarde des prérogatives de ceux-ci », ce qui est incontestable-
ment plus limité que le recours dont disposent le Parlement, le Conseil et la
Commission. Dans la mesure où ces institutions et organes ne peuvent agir en
annulation que pour défendre leurs prérogatives, ils peuvent alors être qualifiés de
requérants intermédiaires.

3) Les personnes physiques ou morales


Les personnes physiques ou morales, de droit privé ou de droit public14, disposent d’un
droit d’agir en annulation dont les conditions de recevabilité sont particulièrement
restrictives. En effet, et contrairement à l’article 230, alinéa 4, du Traité CE qui prévoyait,
avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, qu’une personne physique ou morale
pouvait former un recours en annulation seulement « contre les décisions dont elle est
destinataire ou contre les décisions qui, bien que prises sous l’apparence d’un règlement
ou d’une décision adressée à une autre personne, la concernent directement et
individuellement »15, l’article 263, alinéa 4, du Traité FUE prévoit désormais qu’une

——
13. Les collectivités territoriales sont assimilées à des personnes physiques ou morales.
14. Ex. : Entreprises, organisations professionnelles, associations, collectivités territoriales...
15. Une personne physique ou morale pouvait ainsi introduire un recours en annulation à l’encontre d’une
décision individuelle, au sens de l’article 249, TCE dont elle était la destinataire et d’une décision qui,
bien que prise sous l’apparence d’un règlement ou d’une décision adressée à une autre personne, la
concernait directement et individuellement. Il s’agissait alors d’éviter que le choix de la forme d’un
règlement opéré par les institutions exclut le recours des particuliers contre un acte qui les concerne
directement et individuellement. Le juge communautaire recherchait donc, au-delà de la qualification
de l’acte, sa portée générale ou individuelle ainsi que les effets juridiques qu’il produisait. Le recours
contre un règlement était par conséquent recevable lorsqu’il constituait une décision déguisée, c’est-à-
dire lorsque le règlement n’avait pas de portée générale mais qu’il comportait au contraire plusieurs
décisions adaptées à des cas individuels. Un tel règlement devait s’analyser en un faisceau de décisions
individuelles et non pas comme une mesure de portée générale au sens de l’article 249, TCE (sur ce
point voy. not., CJCE, 21 janv. 1999, France/Comafrica e.a., C-73/97 P, EU:C:1999:13) ou encore lors-
qu’il était pour partie un acte de portée générale et de caractère normatif et pour l’autre un acte indivi-
duel concernant certaines personnes physiques ou morales déterminées (théorie de l’acte hybride)
(CJCE, 16 mai 1991, Extramet Industrie/Conseil, C-358/89, EU:C:1991:214).

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 147

personne physique ou morale ne peut former un recours en annulation que « contre les
actes dont elle est destinataire ou qui la concernent directement et individuellement,
ainsi que contre les actes réglementaires qui la concernent directement et qui ne
comportent pas de mesures d’exécution ».
L’article 263, alinéa 4, du Traité FUE permet tout d’abord aux personnes physiques ou
morales d’introduire un recours en annulation à l’encontre de tout acte dont elles sont
destinataires ou qui les concernent directement et individuellement. On doit déduire de
cette formulation qu’une personne physique ou morale peut agir en annulation à
l’encontre d’une décision de portée individuelle dont elle est destinataire ou contre un
acte de portée générale qui la concerne directement et individuellement. Le juge de
l’Union considère qu’un requérant ordinaire est directement et individuellement
concerné par un acte s’il établit que la disposition litigieuse dont il demande l’annulation
« l’atteint en raison de certaines qualités qui lui sont particulières ou d’une situation de
fait qui le caractérise par rapport à toute autre personne et de ce fait l’individualise d’une
manière analogue à celle du destinataire » (parmi une jurisprudence abondante voy.
not., CJCE, 15 juill. 1963, Plaumann/Commission, 25/62, EU:C:1963:17 ; CJCE,
10 avril 2003, Commission/Nederlandse Antillen, C-142/00 P, EU:C:2003:217,
point 65 ; CJCE, 23 avril 2009, Sahlstedt e.a./Commission, C-362/06 P, EU:
C:2009:243, point 26 ; CJUE, 9 juin 2011, Comitato « Venezia vuole vivere » e.a./
Commission, C-71/09 P, C-73/09 P et C-76/09 P, EU:C:2011:368, point 52 ; CJUE,
24 nov. 2016, Ackermann Saatzucht e.a./Parlement et Conseil, C-408/15 P et C-
409/15 P, ECLI:EU:C:2016:893, point 30 ; Tribunal, Ord., 14 déc. 2017, PGNiG
Supply & Trading/Commission, T-849/16, EU:T:2017:924, point 37). L’article 263,
alinéa 4, du Traité FUE permet également aux personnes physiques ou morales d’intro-
duire un recours en annulation à l’encontre des actes réglementaires ne comportant pas
de mesures d’exécution (sur ce point voy. not., CJUE, 13 mars 2018, Industrias
Químicas del Vallés/Commission, C-244/16 P, EU:C:2018:177, point 39 ; CJUE,
18 oct. 2018, Internacional de Productos Metálicos/Commission, C-145/17 P, EU:
C:2018:839, point 32) et les concernant directement. Le Traité de Lisbonne ajoute
ainsi une nouvelle branche au recours en annulation introduit par des personnes physi-
ques et morales venant en assouplir les conditions de recevabilité. En effet, sans
soumettre la recevabilité des recours en annulation introduits par cette catégorie de
requérants à la condition relative à l’affectation individuelle, cette disposition leur ouvre
désormais l’opportunité d’un recours en annulation à l’égard des actes réglementaires
ne comportant pas de mesures d’exécution et les concernant directement. Le juge de
l’Union a précisé ultérieurement que « la notion d’“acte réglementaire” [visée à
l’article 263, alinéa 4, du Traité FUE] doit être comprise comme visant des actes de
portée générale à l’exception des actes législatifs », c’est-à-dire soit un acte adopté ni
selon la procédure législative ordinaire ni selon une procédure législative spéciale au
sens de l’article 289, § 1er à 3, du Traité FUE soit un acte non législatif de portée générale
(pour une illustration voy. not., CJUE, 3 oct. 2013, Inuit Tapiriit Kanatami e.a./
Parlement et Conseil, C-583/11 P, EU:C:2013:625, point 60 ; pour une application
de la jurisprudence « Inuit » voy. not., Tribunal, 12 juin 2015, Plantavis et NEM/
Commission et EFSA, T-334/12, EU:T:2015:376, points 24 et s. ; Tribunal, 7 juill.
2015, Federcoopesca e.a./Commission, T-312/14, EU:T:2015:472, points 23 et s.).
Enfin, l’article 263, alinéa 5, du Traité FUE offre l’opportunité aux personnes physiques
ou morales d’agir en annulation contre les actes des organes et organismes de l’Union

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148 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

« destinés à produire des effets juridiques à leur égard » pour autant que les actes créant
ces organes et organismes aient prévu les conditions et modalités particulières concer-
nant de tels recours.
Les associations en charge de défendre des intérêts collectifs sont recevables à agir en
annulation dans trois hypothèses : lorsqu’elles représentent les intérêts de personnes
physiques ou morales qui, elles, seraient recevables à agir, ou lorsqu’elles sont individua-
lisées en raison de l’affectation de leurs intérêts propres en tant qu’association (notam-
ment lorsque l’acte dont elles demandent l’annulation affecte leurs positions de négo-
ciatrice), ou encore lorsqu’une disposition légale leur reconnaît expressément une série
de facultés à caractère procédural (pour une illustration voy., Tribunal, Ord., 30 sept.
1997, Federolio/Commission, T-122/96, EU:T:1997:142, point 60 ; Tribunal,
18 mars 2010, Forum 187/Commission, T-189/08, EU:T:2010:99, point 58).
Les personnes physiques ou morales constituent donc des requérants ordinaires puis-
qu’elles ne peuvent former de recours en annulation que sous réserve de justifier d’un
intérêt à agir, c’est-à-dire d’établir que l’acte en question affecte leur situation juridique
et leur cause un préjudice16.

C - Les moyens d’annulation


Selon l’article 263, alinéa 2, du Traité FUE, « [...] la Cour est compétente pour se
prononcer sur les recours pour incompétence, violation des formes substantielles, viola-
tion des traités ou de toute règle de droit relative à leur application, ou détournement de
pouvoir [...] ». L’incompétence et la violation des formes substantielles sont des moyens
d’ordre public, ce qui signifie que le juge de l’Union peut les examiner d’office (en ce qui
concerne l’incompétence de l’auteur de l’acte voy. not., CJCE, 10 mai 1960, Alle-
magne/Haute Autorité CECA, 19/58, EU:C:1960:19 ; CJUE, 14 déc. 2016, SV
Capital OÜ/ABE, C-577/15 P, EU:C:2016:947, point 32 ; en ce qui concerne la viola-
tion des formes substantielles par l’auteur de l’acte voy. not, CJCE, 21 déc. 1954,
France/Haute Autorité CECA, 1/54, EU:C:1954:7). En revanche, les deux autres
moyens, à savoir la violation des traités ou de toute règle de droit relative à leur applica-
tion et le détournement de pouvoir, ne peuvent être examinés par le juge de l’Union que
s’ils sont invoqués par le requérant (pour une illustration voy., CJUE, 10 déc. 2013,
Commission/Irlande e.a., C-272/12 P, EU:C:2013:812, point 28).

1) L’incompétence
Même si l’incompétence est rarement retenue par le juge de l’Union, elle peut cepen-
dant revêtir de nombreuses formes :
– l’acte a été pris par une institution dans un domaine qui ne relève pas de la compé-
tence de l’Union (CJCE, 23 avril 1986, Parti écologiste “Les Verts”/Parlement,
294/83, EU:C:1986:166, points 45 et s. ; CJCE, 5 oct. 2000, Allemagne/Parle-
ment et Conseil, C-376/98, EU:C:2000:544, points 76 et s.) ;

——
16. L’intérêt à agir doit être né et actuel mais le juge de l’Union admet un intérêt à agir futur s’il est
certain et non hypothétique (sur ce point voy. not., Tribunal, 30 avril 1998, Cityflyer Express/Com-
mission, T-16/96, EU:T:1998:78).

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 149

– l’acte a été pris par une institution dans un domaine qui relève de la compétence
d’une autre institution (CJCE, 9 oct. 1990, France/Commission, C-366/88, EU:
C:1990:348, points 23 et 24) ;
– l’acte est pris par un membre d’une institution qui ne bénéficie pas d’une habilita-
tion ou d’une délégation régulière (CJCE, 23 sept. 1986, AKZO Chemie/Commis-
sion, 5/85, EU:C:1986:328, points 36 et 37) ;
– l’acte est pris par une institution incompétente ratione temporis17, loci18 ou
materiae19 (à titre d’ex. voy. not., Tribunal, 4 mars 2015, Royaume-Uni/BCE, T-
496/11, EU:T:2015:133, point 110 : dans lequel le Tribunal juge que la BCE est
incompétente pour imposer, au nom de l’Eurosystème, une exigence de
localisation au sein de la zone euro des contreparties centrales fournissant des
services de compensation de titres libellés en euros).

2) La violation des formes substantielles


La notion de « formes substantielles » a été précisée par la jurisprudence en l’absence
d’une définition par les traités. Ce moyen d’annulation regroupe notamment la violation
de l’obligation de motivation prévue par l’article 296, du Traité FUE20, la violation des
règles de procédure relatives à l’élaboration ou à l’adoption des actes juridiques (pour
une illustration voy. not., CJUE, 16 avril 2015, Parlement/Conseil, C-317/13 et C-
679/13, EU:C:2015:223 ; CJUE, 16 avril 2015, Parlement/Conseil, C-540/13, EU:
C:2015:224 : à propos de l’absence de consultation obligatoire du Parlement européen
par le Conseil ; CJCE, 23 févr. 1988, Royaume-Uni/Conseil, 68/86, EU:C:1988:85 : à
propos d’un acte adopté par le Conseil à la majorité qualifiée alors qu’il aurait dû l’être
à l’unanimité ; CJUE, 28 avril 2015, Commission/Conseil, C-28/12, EU:C:2015:282 : à
propos de l’annulation d’une décision hybride, c’est-à-dire qui émanait à la fois du
Conseil et des représentants des gouvernements des États membres réunis au sein du
Conseil, pour violation de l’article 218, du Traité FUE relatif à la procédure de conclusion
des accords entre l’Union et des pays tiers ou des organisations internationales) ou
encore la violation des règles visant à garantir les droits de la défense (pour une applica-
tion voy., CJCE, 12 févr. 1979, Hoffmann-La Roche/Commission, 85/76, EU:
C:1979:36 : à propos du respect du contradictoire et des droits de la défense ; CJCE,
13 juill. 1966, Consten et Grundig/Commission, 56/64 et 58/64, EU:C:1966:41 : à
propos de l’obligation de la Commission de communiquer aux intéressés les éléments
de fait sur lesquels elle fonde ses griefs en matière de concurrence).

3) La violation des traités ou de toute règle de droit relative


à leur application
Ce moyen d’annulation permet au juge de Luxembourg d’annuler un acte qui serait
contraire à une norme qui lui est juridiquement supérieure, c’est-à-dire lorsque l’institu-
tion qui l’a adopté méconnaît la hiérarchie des normes de l’Union. Ceci vaut bien

——
17. Si l’acte adopté par l’institution l’a été en dehors des limites de temps fixées pour l’exercice d’une
compétence déterminée.
18. Si l’acte adopté par l’institution produit ses effets en dehors du territoire sur lequel s’exerce sa compé-
tence.
19. Si l’acte adopté par l’institution l’a été en dehors des limites de son champ de compétences.
20. Voy. le présent ouvrage, p. 29.

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150 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

évidemment pour l’ensemble des sources du droit de l’Union et notamment lorsque


l’acte est contraire à une disposition de droit primaire, mais également lorsqu’il
s’oppose à un principe général du droit (CJCE, 12 juill. 1957, Algera e.a./Assemblée
CECA, 7/56, 3/57 à 7/57, EU:C:1957:7) ou encore à une disposition d’un accord inter-
national liant l’Union (CJCE, 12 déc. 1972, International Fruit Company e.a., 21/72 à
24/72, EU:C:1972:115).

4) Le détournement de pouvoir
Selon une jurisprudence établie, un acte n’est entaché de détournement de pouvoir que
s’il apparaît avoir été pris « exclusivement, ou à tout le moins de manière déterminante,
à des fins autres que celles dont il est excipé ou dans le but d’éluder une procédure
spécialement prévue par le traité pour parer aux circonstances de l’espèce » (pour une
illustration voy. not., CJUE, 4 déc. 2013, Commission/Conseil, C-111/10, EU:
C:2013:785, point 80 ; CJUE, 4 déc. 2013, Commission/Conseil, C-118/10, EU:
C:2013:787, point 87 ; CJUE, 4 déc. 2013, Commission/Conseil, C-121/10, EU:
C:2013:784, point 81 ; CJUE, 5 mai 2015, Espagne/Parlement et Conseil, C-146/13,
EU:C:2015:298, point 56). Le détournement de pouvoir ne peut être présumé, le
requérant se doit donc d’apporter des indices objectifs, pertinents et concordants de
preuve à l’appui de ce moyen d’annulation (CJCE, 29 oct. 1976, Giuffrida/Conseil,
105/75, EU:C:1976:128). Selon le Tribunal, le détournement de pouvoir doit être
démontré « sur la base d’indices objectifs, pertinents et concordants » permettant d’éta-
blir avec certitude que l’acte litigieux visait un but autre que celui poursuivi par la régle-
mentation en cause (Tribunal, 27 juin 2001, Andres de Dios e.a./Conseil, T-166/99,
EU:T:2001:171, point 48 ; Tribunal, 16 oct. 2003, Co-Frutta/Commission, T-47/01,
EU:T:2003:272, point 72 ; Tribunal, 9 sept. 2009, Diputación Foral de Álava et
GobiernoVasco/Commission, T-227/01 à T-229/01, T-265/01, T-266/01 et T-270/01,
EU:T:2009:315, point 213).
Lorsque l’institution dispose d’un pouvoir (discrétionnaire) d’appréciation impliquant des
évaluations complexes d’ordre économique et social, le juge de Luxembourg se refuse à
contrôler l’opportunité de l’acte contesté. Il considère en effet qu’il ne peut pas substi-
tuer sa propre appréciation à celle de l’institution qui est l’auteur de l’acte en cause. Le
contrôle juridictionnel appliqué à l’exercice de ce pouvoir d’appréciation se cantonne
alors à un contrôle minimum, à savoir la vérification du respect des règles de procédure
et de motivation, le contrôle de l’exactitude matérielle des faits retenus et enfin
l’absence d’erreur de droit, d’erreur manifeste dans l’appréciation des faits ou de
détournement de pouvoir (pour une illustration voy., CJUE, 4 déc. 2013, Commission/
Conseil, C-118/10, EU:C:2013:787, point 104 ; CJUE, 4 déc. 2013, Commission/
Conseil, C-111/10, EU:C:2013:785, point 97 ; CJUE, 4 déc. 2013, Commission/
Conseil, C-121/10, EU:C:2013:784, point 98).

D - Le délai pour agir


Le recours en annulation doit être formé dans un délai de deux mois à compter, suivant
le cas, de la publication de l’acte (hypothèse d’un règlement, d’une directive ou d’une
décision de portée générale), de sa notification au requérant (hypothèse d’une décision
de portée individuelle) ou, à défaut, du jour où celui-ci en a eu connaissance (TFUE,

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 151

art. 263, al. 6). Compte tenu du fait que la détermination de délais de recours vise à
sauvegarder la sécurité juridique en évitant une remise en cause indéfinie des actes de
l’Union entraînant des effets de droit (sur ce point voy. not., CJCE, 12 oct. 1978,
Commission/Belgique, 156/77, EU:C:1978:180, point 20 ; CJCE, 22 oct. 2002,
National Farmers’Union, C-241/01, EU:C:2002:604, point 34), le juge de l’Union
considère que la date de publication, s’il y en a une, est le critère décisif pour déterminer
le point de départ du délai de recours. Ainsi, un requérant ne peut donc pas invoquer le
fait d’avoir pris connaissance de l’acte attaqué postérieurement à sa publication afin de
retarder ce point de départ (pour une illustration voy., CJCE, Ord., 25 nov. 2008, S.A.
BA.R./Commission, C-501/07 P, EU:C:2008:652, point 22 ; CJCE, Ord., 9 juill. 2009,
Fornaci Laterizi Danesi/Commission, C-498/08 P, EU:C:2009:447, point 37). Néan-
moins, « à défaut de publication ou de notification, il appartient à celui qui a connais-
sance de l’existence d’un acte qui le concerne d’en demander le texte intégral dans un
délai raisonnable, mais que, sous cette réserve, le délai de recours ne saurait courir qu’à
partir du moment où le tiers concerné a une connaissance exacte du contenu et des
motifs de l’acte en cause de manière à pouvoir faire fruit de son droit de recours »
(Tribunal, 7 mars 1995, Socurte e.a./Commission, T-432/93 à T-434/93, EU:
T:1995:43, point 49). Ainsi, le recours introduit après l’expiration du délai de deux
mois est, en principe, irrecevable quelle que soit la qualité du requérant. Le juge de
l’Union est habilité à examiner d’office le respect du délai de recours dans la mesure où
ce dernier est d’ordre public (pour une illustration voy., CJCE, 7 juill. 1971, Müllers/
Comité économique et social, 79/70, EU:C:1971:79, point 6 ; CJUE, 11 nov. 2010,
Transportes Evaristo Molina/Commission, C-36/09 P, EU:C:2010:670, point 33).
Toutefois, le juge de Luxembourg admet exceptionnellement qu’une erreur excusable
puisse justifier une dérogation aux règles régissant le délai du recours en annulation intro-
duit par les particuliers (Tribunal, Ord., 21 mars 2002, Laboratoire Monique Rémy/
Commission, T-218/01, EU:T:2002:86, point 30). Par ailleurs, l’article 45, alinéa 2 du
Statut permet également au juge de l’Union de déroger au délai de deux mois si le requé-
rant établit l’existence d’un cas fortuit ou de force majeure (Tribunal, 28 janv. 2009,
Centro Studi Manieri/Conseil, T-125/06, EU:T:2009:19, points 27 et 28).
Le fait de saisir le juge de l’Union d’un recours en annulation n’a pas d’effet suspensif
mais le requérant peut, par requête séparée, lui demander le sursis à exécution de
l’acte contesté conformément à l’article 278, du Traité FUE21.

E - L’autorité de l’arrêt d’annulation


« Si le recours est fondé, la Cour de justice de l’Union européenne déclare nul et non
avenu l’acte contesté » (TFUE, art. 264, al. 1er). Ainsi, l’arrêt d’annulation a un effet
rétroactif et l’acte annulé est donc censé n’avoir jamais existé. L’arrêt d’annulation a un
effet erga omnes (autorité absolue de chose jugée). L’annulation porte en principe sur
l’ensemble des dispositions de l’acte en cause mais une annulation partielle est cepen-
dant possible, à condition que les dispositions annulées soient détachables du reste de
l’acte litigieux sans faire perdre à celui-ci sa raison d’être (pour une illustration voy.,

——
21. Voy. le présent ouvrage, p. 139.

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152 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

CJCE, 31 mars 1998, France et Société commerciale des potasses et de l’azote


(SCPA) e.a./Commission, C-68/94 et C-30/95, EU:C:1998:148, point 256). Avant
l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, l’article 231, alinéa 2, du Traité CE n’offrait la
possibilité au juge de l’Union de réduire les conséquences de l’annulation d’un acte
qu’au profit des seuls règlements : « Toutefois, en ce qui concerne les règlements, la
Cour de justice indique, si elle l’estime nécessaire ceux des effets du règlement annulé
qui doivent être considérés comme définitifs ». Le juge de Luxembourg faisait usage de
cette disposition afin de maintenir provisoirement en vigueur un règlement annulé
jusqu’à son remplacement afin d’éviter que cette annulation n’occasionne un vide juri-
dique (pour une application voy. not., CJCE, 1er juin 1994, Parlement/Conseil, C-388/
92, EU:C:1994:213, point 22 ; CJCE, 21 janv. 2003, Commission/Parlement et
Conseil, C-378/00, EU:C:2003:42, point 76 ; CJUE, 6 sept. 2012, Parlement/Conseil,
C-490/10, EU:C:2012:525, point 93)22. Selon la Cour, le maintien des effets d’un acte
de l’Union annulé peut se justifier « en présence de considérations impérieuses de sécu-
rité juridique tenant à l’ensemble des intérêts, tant publics que privés, en jeu [...] et
durant le laps de temps nécessaire aux fins de permettre qu’il soit remédié à une telle
illégalité » (CJCE, 22 déc. 2008, Régie Networks, C-333/07, EU:C:2008:764,
points 122 et 126 ; CJUE, 8 sept. 2010, Winner Wetter, C-409/06, EU:C:2010:503,
point 66). L’article 264, alinéa 2, du Traité FUE stipule désormais : « la Cour indique, si
elle l’estime nécessaire, ceux des effets de l’acte annulé qui doivent être considérés
comme définitifs ». On observe que cette nouvelle formulation ne fait en définitive
qu’entériner une évolution jurisprudentielle entamée de longue date par la Cour de
justice puisque le juge de l’Union a désormais la possibilité de réduire les conséquences
de l’annulation d’un acte, quel qu’il soit (à titre d’ex. voy., CJUE, 22 oct. 2013, Commis-
sion/Conseil, C-137/12, EU:C:2013:675 : à propos d’une décision du Conseil relative à
la signature au nom de l’Union d’une convention européenne négociée au sein du
Conseil de l’Europe ; CJUE, 6 mai 2014, Commission/Parlement et Conseil, C-43/12,
EU:C:2014:298 : à propos d’une directive du Parlement et du Conseil facilitant
l’échange transfrontalier d’informations concernant les infractions en matière de sécu-
rité routière).
Le juge de Luxembourg, qui annule un acte, ne peut se substituer à l’institution, à
l’organe ou à l’organisme dont émane l’acte litigieux ni même lui adresser des injonc-
tions (Tribunal, 24 janv. 1995, Ladbroke Racing/Commission, T-74/92, EU:
T:1995:10, point 75 ; Tribunal, Ord., 3 nov. 2008, Srinivasan/Médiateur, T-196/08,
EU:T:2008:470, point 21 ; Tribunal, 29 sept. 2009, Thomson Sales Europe/Commis-
sion, T-225/07 et T-364/07, EU:T:2009:363, point 221). L’article 266, alinéa 1er, du
Traité FUE prévoit en effet que « l’institution, l’organe ou l’organisme dont émane
l’acte annulé [...] est tenu de prendre les mesures que comporte l’exécution de l’arrêt
de la Cour de justice de l’Union européenne ». L’exécution de l’arrêt doit intervenir
dans un délai raisonnable ce qui doit, selon le Tribunal, « être apprécié cas par cas » en
fonction « de la nature des mesures à prendre ainsi que des circonstances contingentes
propres à chaque cas » (Tribunal, 19 mars 1997, Oliveira/Commission, T-73/95, EU:

——
22. Cette exigence de sécurité juridique avait d’ailleurs conduit le juge de Luxembourg à faire usage de
cette possibilité, au-delà des règlements, pour le budget communautaire (CJCE, 3 juill. 1986,
Conseil/Parlement, 34/86, EU:C:1986:291) puis pour les directives (CJCE, 7 juill. 1992, Parlement/-
Conseil, C-295/90, EU:C:1992:294).

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 153

T:1997:39, point 45). Par ailleurs, l’annulation d’un acte n’affecte pas nécessairement
les actes préparatoires (CJCE, 12 nov. 1998, Espagne/Commission, C-415/96, EU:
C:1998:533, point 32).

2• L’EXCEPTION D’ILLÉGALITÉ
TFUE, art. 277
« Nonobstant l’expiration du délai prévu à l’article 263, sixième alinéa, toute partie peut, à
l’occasion d’un litige mettant en cause un acte de portée générale adopté par une institution,
un organe ou un organisme de l’Union, se prévaloir des moyens prévus à l’article 263,
deuxième alinéa, pour invoquer devant la Cour de justice de l’Union européenne l’inapplicabi-
lité de cet acte. »

Cette procédure vient non seulement pallier le délai très bref du recours en annulation
des actes adoptés par les institutions, organes et organismes de l’Union mais également
compenser les conditions restrictives auxquelles sont soumises les personnes physiques
ou morales pour exercer un tel recours. Elle permet donc au juge de Luxembourg « de
protéger le justiciable contre l’application d’un [acte de portée générale] illégal, sans
que soit pour autant mis en cause [cet acte de portée générale] lui-même, devenu inat-
taquable par l’écoulement des délais » du recours en annulation (CJCE, 14 déc. 1962,
Wöhrmann/Commission, 31/62 et 33/62, EU:C:1962:49).

A - Les conditions de recevabilité de l’exception d’illégalité


L’article 277, du Traité FUE mentionne désormais que l’exception d’illégalité peut être
soulevée à l’encontre de tout acte de portée générale émanant d’une institution, d’un
organe ou d’un organisme de l’Union alors même que l’article 241, du Traité CE stipulait
auparavant qu’une telle opportunité n’était possible qu’à l’encontre d’un règlement
arrêté conjointement par le Parlement européen et le Conseil ou d’un règlement du
Conseil, de la Commission ou de la Banque centrale européenne. Néanmoins, la Haute
juridiction n’avait pas attendu le Traité de Lisbonne pour étendre le bénéfice de l’excep-
tion d’illégalité à tout acte de portée générale dès lors qu’il était susceptible de produire
des effets juridiques analogues à ceux d’un règlement (CJCE, 6 mars 1979, Simmen-
thal/Commission, 92/78, EU:C:1979:53, point 40).
Le juge de Luxembourg exige qu’un rapport particulier existe entre l’acte individuel,
faisant l’objet du litige principal, et l’acte contre lequel l’exception d’illégalité est
soulevée. Il considère que cette condition de connexité est remplie lorsque le premier
est fondé sur le second, c’est-à-dire lorsque le requérant soulève, dans le cadre d’un
recours en annulation formé contre une décision individuelle, l’illégalité de l’acte régle-
mentaire qui en constitue la base juridique (CJCE, 13 juin 1958, Meroni/Haute Auto-
rité CECA, 9/56, EU:C:1958:7). Toutefois, le juge n’exige pas systématiquement un lien
aussi direct entre les deux (CJCE, 13 juill. 1966, Italie/Conseil et Commission, 32/65,
EU:C:1966:42). L’exception d’illégalité n’est recevable que si cette question est détermi-
nante pour la solution du litige principal.

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154 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

L’exception d’illégalité peut être soulevée explicitement devant le juge de l’Union à tout
moment23, par toute partie, dès lors qu’elle invoque l’un des moyens d’annulation visés
par l’article 263, alinéa 2, du Traité FUE et qu’elle justifie, pour les personnes physiques
ou morales, d’un intérêt à agir en établissant que ses intérêts sont affectés par l’applica-
tion de l’acte dont elle demande l’inapplicabilité (CJCE, 18 mars 1980, Valsabbia e.a./
Commission, 154, 205, 206, 226 à 228, 263 et 264/78, 39, 31, 83 et 85/79, EU:
C:1980:81, point 9).

B - Le caractère incident de l’exception d’illégalité


L’exception d’illégalité n’est pas une procédure autonome. Il s’agit donc d’une procé-
dure incidente ou accessoire qui ne peut être invoquée « que dans une procédure pour-
suivie devant la Cour elle-même sur la base d’une autre disposition du traité » (CJCE,
14 déc. 1962, Wöhrmann/Commission, 31/62 et 33/62, EU:C:1962:49). En l’absence
d’un recours principal, les requérants ne peuvent pas invoquer le bénéfice de
l’article 277, du Traité FUE (Tribunal, Ord., 8 juill. 1999, Area Cova e.a./Conseil, T-
194/95, EU:T:1999:141, point 78). De même, l’inapplicabilité d’un règlement ne peut
constituer en soi qu’un moyen à l’appui du recours principal et non l’objet de ce recours
dont la recevabilité sera appréciée par le juge de l’Union indépendamment des éven-
tuelles exceptions d’illégalité qui peuvent être soulevées à leur soutien (CJCE, Ord.,
16 nov. 2000, Schiocchet/Commission, C-289/99 P, EU:C:2000:641, point 25).
Si l’exception d’illégalité se greffe naturellement sur le contentieux de l’annulation
(TFUE, art. 263), elle peut également être soulevée à l’occasion d’autres voies de
recours et notamment à l’appui d’un recours contre les sanctions (TFUE, art. 261)
(CJCE, 18 mars 1980, Valsabbia e.a./Commission, 154, 205, 206, 226 à 228, 263 et
264/78, 39, 31, 83 et 85/79, EU:C:1980:81), d’un recours d’un fonctionnaire de l’Union
(TFUE, art. 270) (CJCE, 10 déc. 1987, Del Plato e.a./Commission, 181/86 à 184/86,
EU:C:1987:543) ou d’un recours en manquement (TFUE, art. 258) et seulement, dans
cette dernière hypothèse, lorsqu’un État membre invoque l’inapplicabilité d’un règle-
ment (CJCE, 25 juill. 1991, Commission/Espagne, C-258/89, EU:C:1991:322). En
revanche, la procédure d’exception d’illégalité prévue à l’article 277, du Traité TFUE est
irrecevable si elle est formée à l’appui d’un recours devant le juge national. Une telle
solution est logique dans la mesure où le juge national dispose d’une voie de droit
appropriée avec le mécanisme des questions préjudicielles en appréciation de validité
(TFUE, art. 267, al. 1er, point b)24.

C - Les effets de l’admission de l’exception d’illégalité


Si le juge de l’Union reconnaît l’exception d’illégalité d’un acte de portée générale, ce
dernier ne sera pas, pour autant, annulé mais seulement déclaré inapplicable en
l’espèce. La déclaration d’illégalité n’a autorité de chose jugée qu’à l’égard des parties

——
23. L’exception d’illégalité ne constitue pas un moyen d’ordre public voy., CJCE, 17 déc. 1959, Société
des fonderies de Pont-à-Mousson/Haute Autorité CECA, 14/59, EU:C:1959:31.
24. Voy. le présent ouvrage, p. 192.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 155

à l’instance et ne peut donc pas être invoquée par des tiers (CJCE, 5 oct. 2000, Conseil/
Busacca e.a., C-434/98 P, EU:C:2000:546, point 26).

3• LE RECOURS EN CARENCE
TFUE, art. 265
« Dans le cas où, en violation des traités, le Parlement européen, le Conseil européen, le
Conseil, la Commission ou la Banque centrale européenne s’abstiennent de statuer, les États
membres et les autres institutions de l’Union peuvent saisir la Cour de justice de l’Union euro-
péenne en vue de faire constater cette violation. Le présent article s’applique, dans les mêmes
conditions, aux organes et organismes de l’Union qui s’abstiennent de statuer.
Ce recours n’est recevable que si l’institution, l’organe ou l’organisme en cause a été préalable-
ment invité à agir. Si, à l’expiration d’un délai de deux mois à compter de cette invitation, l’ins-
titution, l’organe ou l’organisme n’a pas pris position, le recours peut être formé dans un
nouveau délai de deux mois.
Toute personne physique ou morale peut saisir la Cour dans les conditions fixées aux alinéas
précédents pour faire grief à l’une des institutions, ou à l’un des organes ou organismes de
l’Union d’avoir manqué de lui adresser un acte autre qu’une recommandation ou un avis. »

Le recours en carence vise à faire constater par le juge de Luxembourg l’illégalité d’une
abstention d’une institution, d’un organe ou d’un organisme de l’Union. Selon les
termes mêmes de la Cour de justice, l’intérêt de cette voie de recours consiste en ce
que « l’inaction illégale [d’une des institutions visées à l’article 265, alinéa 1er, du Traité
FUE] permet aux autres institutions et aux États membres ainsi que, dans certains cas,
aux particuliers de saisir la Cour afin que celle-ci déclare que l’abstention d’agir est
contraire au traité, dans la mesure où l’institution concernée n’a pas remédié à cette
abstention » (CJCE, 12 juill. 1987, Commission/Conseil, 383/87, EU:C:1988:388,
point 9 ; CJCE, 12 juill. 1988, Parlement/Conseil, 377/87, EU:C:1988:387, point 9).

A - La notion de carence
La carence peut se définir comme l’abstention, l’inaction illégale ou l’inertie fautive du
Parlement européen, du Conseil européen, du Conseil, de la Commission européenne,
de la Banque centrale européenne ou encore d’un organe ou d’un organisme de l’Union
d’adopter un acte alors même que les traités ou les actes pris en leur application les y
obligent (pour une illustration récente voy., Tribunal, 16 déc. 2015, Suède/Commis-
sion, T-521/14, EU:T:2015:976 : à propos d’un recours en carence introduit par la
Suède contre la Commission européenne pour avoir omis d’adopter dans les temps les
actes délégués prévus par un acte législatif). La Cour de justice a d’ailleurs précisé que la
carence, au sens de l’article 265, du Traité FUE, se caractérise bien par une abstention de
statuer ou de prendre position contraire au Traité FUE et non par l’adoption d’un acte
différent de celui qu’on aurait souhaité ou estimé nécessaire (CJUE, 19 nov. 2013,
Commission/Conseil, C-196/12, EU:C:2013:753, point 22 ; Tribunal, 16 déc. 2015,
Suède/Commission, T-521/14, EU:T:2015:976, point 33).

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156 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Toutefois, la Cour de justice considère qu’il ne peut y avoir carence qu’à condition que
l’auteur présumé de cette carence soit tenu d’agir (c’est-à-dire qu’il ne dispose pas d’un
pouvoir discrétionnaire) (CJCE, 14 févr. 1989, Star Fruit/Commission, 247/87, EU:
C:1989:58) et que l’omission reprochée « porte sur des mesures dont la portée peut
être suffisamment définie pour qu’elles puissent être individualisées et faire l’objet
d’une exécution au sens de l’article 176 [TFUE, art. 265] du traité » (CJCE, 22 mai
1985, Parlement/Conseil, 13/83, EU:C:1985:220, point 37).

B - La qualité pour agir


1) Les États membres et les institutions de l’Union
Les États membres et les institutions de l’Union, telles que visées par l’article 13, § 1er, du
Traité UE, peuvent introduire un recours en carence. Ils disposent d’un droit illimité
d’agir en carence, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas à justifier d’un intérêt à agir. Les États
membres et les institutions de l’Union constituent donc, comme dans le cadre du
recours en annulation, des requérants privilégiés.

2) Les personnes physiques ou morales


L’article 265, alinéa 3, du Traité FUE prévoit que « toute personne physique ou morale
peut saisir la Cour [...] pour faire grief à l’une des institutions, ou à l’un des organes ou
organismes de l’Union d’avoir manqué de lui adresser un acte autre qu’une recomman-
dation ou un avis ». La formulation de cette disposition appelle deux observations.
D’une part, à la différence des requérants privilégiés, les personnes physiques ou
morales ne peuvent donc pas mettre en cause la carence d’une institution, d’un organe
ou d’un organisme de l’Union à adopter un acte non obligatoire (CJCE, 15 juill. 1970,
Borromeo/Commission, 6/70, EU:C:1970:75, points 6 et 7). D’autre part, il semble,
en principe, que ces requérants ne puissent agir en carence que contre les décisions de
portée individuelle dont ils sont les destinataires puisque l’alinéa 3 vise expressément la
situation dans laquelle le requérant peut faire grief « à l’une des institutions, ou à l’un
des organes ou organismes de l’Union d’avoir manqué de lui adresser » un acte déter-
miné. Toutefois, la Cour de justice a accepté de dépasser la lettre de l’article 265,
alinéa 3, du Traité FUE et a aligné les conditions de recevabilité du recours en carence
formé par un requérant ordinaire sur celles du recours en annulation (CJCE, 18 nov.
1970, Chevalley/Commission, 15/70, EU:C:1970:95, point 6) en admettant la receva-
bilité d’un recours en carence formé par un particulier directement et individuellement
concerné par une décision adressée à une autre personne (CJCE, 16 févr. 1993, ENU/
Commission, C-107/91, EU:C:1993:56, point 17).
Les personnes physiques ou morales sont donc considérées, de même que dans le cadre
du recours en annulation, comme des requérants ordinaires puisqu’elles ne peuvent
former de recours en annulation que sous réserve de justifier d’un intérêt à agir (en ce
sens voy., CJUE, 4 juin 2015, Andechser Molkerei Scheitz/Commission, C‑682/13 P,
EU:C:2015:356, point 27). L’intérêt à agir d’un requérant doit être né et actuel et ne
peut concerner une situation future et hypothétique (CJUE, 23 nov. 2017, Bionorica/
Commission, C-596/15 P et C-597/15 P, EU:C:2017:886, point 84). L’existence d’un
intérêt à agir du requérant suppose que le recours soit susceptible, par son résultat, de

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 157

procurer un bénéfice personnel à la partie qui l’a intenté (sur ce point voy. not., CJCE,
7 juin 2007, Wunenburger/Commission, C-362/05 P, EU:C:2007:322, point 42).

C - La procédure en carence
Le recours en carence se décompose en deux phases : une phase précontentieuse et une
phase contentieuse. La première a pour objectif d’éviter la seconde.

1) La phase précontentieuse
L’article 265, alinéa 2, du Traité FUE subordonne la recevabilité du recours en carence à
l’accomplissement d’une phase précontentieuse préalable au cours de laquelle le requé-
rant invite l’institution, l’organe ou l’organisme de l’Union en cause à agir. L’invitation à
agir doit être motivée et comporter clairement les mesures que l’institution, l’organe ou
l’organisme est mis en demeure d’adopter puisqu’elle délimitera le cadre de l’éventuel et
ultérieur recours contentieux devant le juge de l’Union (CJCE, 6 mai 1986, Nuovo
Campsider/Commission, 25/85, EU:C:1986:195, point 8). L’article 265, du Traité FUE
ne fixe pas, par contre, de délai au requérant pour inviter l’institution sollicitée à agir.
Selon la Cour de justice, « les exigences de la sécurité juridique et de la continuité de
l’action communautaire [...] implique[nt] que l’exercice du droit de saisir la Commission
ne saurait être retardé indéfiniment. Que, si les justiciables sont ainsi tenus d’observer un
délai raisonnable en cas de silence de la Commission, il doit, à plus forte raison, en être
ainsi dès que la résolution de la Commission de s’abstenir est devenue manifeste »
(CJCE, 6 juill. 1971, Pays-Bas/Commission, 59/70, EU:C:1971:77, points 15, 18
et 19).
Si, à l’expiration d’un délai de deux mois à compter de cette invitation à agir, l’institu-
tion, l’organe ou l’organisme sollicité n’a pas mis fin à la carence ou pris position sur la
demande qui lui a été adressée, la carence est alors réputée constituée et un recours
peut être formé devant le juge de l’Union dans un nouveau délai de deux mois. La
Cour de justice considère qu’une réponse d’attente, évasive ou dilatoire n’est pas consti-
tutive d’une prise de position (et ne met donc pas un terme à la carence) contrairement
au fait d’adopter la mesure demandée ou même une mesure différente de celle qui a été
sollicitée (CJCE, 18 oct. 1979, GEMA/Commission, 125/78, EU:C:1979:237, point 21 ;
CJCE, 5 déc. 1988, Irish Cement Ltd/Commission, 166/86 et 220/86, EU:C:1988:549,
point 17 ; Tribunal, 15 sept. 1998, Gestevisión Telecinco/Commission, T-95/96, EU:
T:1998:206, point 88 ; Tribunal, 7 mars 2002, Intervet International/Commission,
T-212/99, EU:T:2002:63, point 61 ; Tribunal, 16 déc. 2015, Suède/Commission, T-
521/14, EU:T:2015:976, point 42).

2) La phase contentieuse
Le recours devra être introduit par le même requérant que celui qui a présenté la
demande préalable et porter sur les mêmes mesures que celles ayant fait l’objet de l’invi-
tation à agir (CJCE, 15 juill. 1960, Chambre syndicale de la sidérurgie de l’est de la
France e.a./Haute Autorité CECA, 24/58 et 34/58, EU:C:1960:32). Si l’institution,
l’organe ou l’organisme de l’Union prend position après l’introduction du recours en
carence et avant le prononcé de l’arrêt, le recours devient alors sans objet (pour une
illustration voy., CJCE, 12 juill. 1988, Parlement/Conseil, 377/87, EU:C:1988:387). Le

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158 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

juge de Luxembourg rend alors une ordonnance de non-lieu à statuer. Cette solution
s’explique par le fait que l’article 265, du Traité FUE cherche moins à condamner à tout
prix les institutions, organes ou organismes de l’Union qu’à obtenir qu’elles mettent fin à
leur comportement irrégulier25.

D - Les effets de l’arrêt en constatation de carence


L’arrêt en carence a un caractère déclaratoire, en ce sens qu’il se borne à constater l’abs-
tention illégale de statuer sans pouvoir adresser des injonctions à l’institution défaillante
(Tribunal, Ord., 12 nov. 1996, SDDDA/Commission, T-47/96, EU:T:1996:164,
point 45). Cette dernière est toutefois tenue de prendre les mesures que comporte
l’exécution de l’arrêt en carence conformément à l’article 266, alinéa 1er, du Traité FUE.

4• LES RECOURS EN RESPONSABILITÉ


Les recours en responsabilité visent à obtenir du juge de Luxembourg réparation des
préjudices causés par l’Union soit à l’occasion de ses activités matérielles ou normatives
(responsabilité extracontractuelle) soit encore à l’occasion de l’exécution d’un contrat
(responsabilité contractuelle). En cas de difficultés, il appartient à la Cour de justice de
déterminer si un litige relève de la responsabilité extracontractuelle ou contractuelle de
l’Union (pour un ex. voy., CJCE, 3 oct. 1985, Commission/Tordeur e.a., 232/84, EU:
C:1985:392, point 21).

A - Le recours en responsabilité extracontractuelle

TFUE, art. 268


« La Cour de justice de l’Union européenne est compétente pour connaître des litiges relatifs à
la réparation des dommages visés à l’article 340, deuxième et troisième alinéas. »
TFUE, art. 34026
« La responsabilité contractuelle de l’Union est régie par la loi applicable au contrat en cause.
En matière de responsabilité non contractuelle, l’Union doit réparer, conformément aux prin-
cipes généraux communs aux droits des États membres, les dommages causés par ses institu-
tions ou par ses agents dans l’exercice de leurs fonctions.
Par dérogation au deuxième alinéa, la Banque centrale européenne doit réparer, conformé-
ment aux principes généraux communs aux droits des États membres, les dommages causés
par elle-même ou par ses agents dans l’exercice de leurs fonctions.
La responsabilité personnelle des agents envers l’Union est réglée dans les dispositions fixant
leur statut ou le régime qui leur est applicable. »

——
25. Voy. en ce sens les conclusions de l’avocat général Jean Mischo présentées le 26 mai 1988, Parle-
ment/Conseil, 377/87, Rec. 1988, p. 4026, spéc. p. 4042, point 124.
26. TCEEA, art. 188.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 159

La Cour de justice de l’UE a une compétence exclusive pour statuer sur les recours qui
tendraient à mettre en cause, directement ou indirectement, la responsabilité extracon-
tractuelle de l’Union (Tribunal, 13 déc. 1995, Vereniging van Exporteurs in Levende
Varkens e.a./Commission, T-481/93 et T-484/93, EU:T:1995:209, point 72).
La responsabilité non contractuelle de l’Union ne peut être engagée que pour les
dommages causés par les institutions et, par extension, par les organes et organismes
de l’Union (CJCE, 2 déc. 1992, SGEEM et Etroy/BEI, C-370/89, EU:C:1993:202,
point 16 : à propos d’un recours en indemnité dirigé contre la Banque européenne
d’investissement ; Tribunal, 29 avril 2015, Staelen/Médiateur, T-217/11, EU:
T:2015:238, point 55 : à propos d’un recours en indemnité dirigé contre le médiateur
européen) ou en raison des comportements de leurs agents dans l’exercice de leurs
fonctions. En revanche, l’Union ne peut être tenue responsable des dommages causés
aux personnes privées par les organismes des États membres ou leurs agents, y compris
lorsqu’ils agissent en violation du droit de l’Union. Dans une telle hypothèse, la question
de la réparation d’un préjudice doit être appréciée par les juridictions nationales et en
fonction du seul droit national de la responsabilité publique (CJCE, 13 févr. 1979,
Granaria, 101/78, EU:C:1979:38, point 14). Selon une jurisprudence constante de la
Cour de justice, l’action en indemnité au titre de l’article 268, du Traité FUE et de l’article
340, alinéa 2, du Traité FUE a été instituée comme une voie autonome ayant une fonc-
tion particulière dans le cadre du système des voies de recours (sur l’autonomie du
recours en responsabilité extracontractuelle par rapport au recours en annulation voy.,
CJCE, 2 déc. 1971, Zuckerfabrik Schöppenstedt/Conseil, 5/71, EU:C:1971:116,
point 3 ; sur l’autonomie du recours en responsabilité extracontractuelle par rapport
au recours en carence voy., CJCE, 28 avril 1971, Lütticke/Commission, 4/69, EU:
C:1971:40, point 6). Le juge de l’Union estime en effet que le recours en responsabilité
extracontractuelle doit être apprécié au regard de l’ensemble du système de protection
juridictionnelle des particuliers instauré par le traité. « Il en résulte que, lorsqu’une
personne s’estime lésée par l’application régulière d’une réglementation de l’Union
qu’elle considère comme illégale et que le fait générateur du dommage allégué est
ainsi exclusivement imputable à l’Union, la recevabilité d’un tel recours en indemnité
peut néanmoins se trouver subordonnée, dans certains cas, à l’épuisement des voies
de recours internes. Encore faut‑il pour qu’il en soit ainsi que ces voies de recours natio-
nales assurent d’une manière efficace la protection des droits des personnes concernées
et qu’elles soient susceptibles d’aboutir à la réparation du dommage allégué » (CJCE,
30 mai 1989, Roquette frères/Commission, 20/88, EU:C:1989:221, point 15 ;
Tribunal, 23 nov. 2004, Cantina sociale di Dolianova e.a./Commission, T-166/98,
EU:T:2004:337, point 115 ; Tribunal, 23 sept. 2015, Schroeder/Conseil et Commis-
sion, T-205/14, EU:T:2015:673, point 18).

1) Les conditions de recevabilité du recours en responsabilité


extracontractuelle
a) Les parties
1. Le demandeur
Contrairement aux articles 263 (recours en annulation), et 265 (recours en carence), du
Traité FUE, l’article 268, du Traité FUE n’énumère pas les personnes susceptibles d’intro-
duire un recours en responsabilité extracontractuelle. On peut donc en déduire que tout

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160 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

État, y compris les États tiers, ainsi que toute personne physique ou morale, quelle que
soit sa nationalité, peut former un recours sur le fondement de l’article 268, du Traité
FUE dès lors qu’elle estime avoir subi un préjudice l’affectant dans son patrimoine
propre du fait des activités de l’Union. Les associations et organisations professionnelles
ne peuvent donc pas introduire un recours sur le fondement de l’article 268, du Traité
FUE lorsque le préjudice affecte seulement leurs membres. Néanmoins, ces derniers ont
la possibilité de donner mandat à une association ou à une organisation professionnelle
pour les représenter. En résumé, un droit d’agir au titre de l’article 340, du Traité FUE
n’est reconnu aux associations et organisations professionnelles que dans la mesure où
« elles peuvent faire valoir en justice ou bien un intérêt propre distinct de celui de leurs
membres ou bien un droit à réparation qui leur a été cédé par d’autres personnes » (sur
ce point voy. not., Tribunal, 30 sept. 1998, Coldiretti e.a./Conseil et Commission, T-
149/96, EU:T:1998:228, point 57).
2. Le défendeur
L’action en responsabilité doit être dirigée contre l’institution27 ou, depuis l’entrée en
vigueur du Traité de Lisbonne, l’organe ou l’organisme de l’Union auteur du dommage
(CJCE, 13 nov. 1973, Werhahn Hansamühle e.a./Conseil, 63/72 à 69/72, EU:
C:1973:121) même si en fait c’est la responsabilité de l’Union qui est recherchée puisque
ses institutions, organes et organismes ne disposent pas de la personnalité juridique. La
Cour de justice n’avait toutefois pas attendu ce dernier traité en date pour interpréter
largement la notion d’institution puisqu’elle avait notamment jugé par le passé recevable
dans son arrêt SGEEM et Etroy/BEI de décembre 1992 le recours en responsabilité extra-
contractuelle introduit par une personne morale à l’encontre de la Banque européenne
d’investissement estimant que « le terme “institution” [...] ne doit pas être compris
comme visant les seules institutions de la Communauté [...] mais comme recouvrant
également, eu égard au système de responsabilité non contractuelle établi par le traité,
les organismes communautaires tels que la Banque » (CJCE, 2 déc. 1992, SGEEM et
Etroy/BEI, C-370/89, EU:C:1993:202, point 16). La responsabilité de l’Union peut égale-
ment être engagée si le fait dommageable est commis par un des agents de ces institu-
tions, organes et organismes dans l’exercice de ses fonctions. Le recours doit alors être
formé contre l’institution, l’organe ou l’organisme de l’Union dont il relève. L’Union peut,
le cas échéant, se retourner contre cet agent pour demander réparation du dommage subi
ou encore obtenir le remboursement des sommes versées au demandeur (action
récursoire).

b) Le délai pour agir


Selon l’article 46 du Statut, les actions contre l’Union en matière de responsabilité non
contractuelle se prescrivent par un délai de cinq ans à compter de la survenance du fait

——
27. En conférant rang d’institution de l’Union au Conseil européen (TUE, art. 17, § 1er), le Traité de Lisbonne
conduit à une évolution du contentieux de la responsabilité extracontractuelle. En effet, si le Tribunal a
été amené par le passé à juger que la responsabilité extracontractuelle ne pouvait être engagée lorsque
le dommage allégué par le requérant était le fait du Conseil européen (Tribunal, Ord., 17 déc. 2003,
Krikorian e.a./Parlement e.a., T-346/03, EU:T:2003:348, point 17), il devrait désormais en être tout
autrement dans la mesure où les dommages causés par cette institution ou par ses agents dans l’exer-
cice de leurs fonctions devraient entraîner, comme pour toutes les autres institutions de l’Union, l’enga-
gement de sa responsabilité extracontractuelle sur le fondement de l’article 340, du Traité FUE.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 161

qui y donne lieu. Il résulte d’une jurisprudence constante des juridictions de l’Union que
le délai de prescription « ne saurait commencer à courir avant que ne soient réunies
toutes les conditions auxquelles se trouve subordonnée l’obligation de réparation et
notamment [...], s’agissant des cas où la responsabilité [...] trouve sa source dans un
acte normatif, ce délai de prescription ne saurait commencer à courir avant que les
effets dommageables de cet acte ne se soient produits » (CJCE, 27 janv. 1982,
Birra Wührer e.a./Conseil et Commission, 256, 257, 265, 267/80, 5 et 51/81 et
282/82, EU:C:1987:87, point 10) « et partant, avant le moment où les intéressés ont
dû subir un préjudice certain » (CJCE, 17 juill. 2008, Commission/Cantina sociale di
Dolianova e.a., C-51/05 P, EU:C:2008:409, point 54 ; CJCE, 11 juin 2009, Transports
Schiocchet – Excursions/Commission, C-335/08 P, EU:C:2009:372, point 33).
La prescription est interrompue soit par la requête formée devant la Cour de justice, soit
par la demande préalable que la victime peut adresser à l’institution, l’organe ou l’orga-
nisme de l’Union auteur du dommage (sur ce point voy., Tribunal, 25 nov. 1998, Stef-
fens/Conseil et Commission, T-222/97, EU:T:1998:267, point 35). Dans ce dernier
cas, la requête doit être formée dans le délai de deux mois prévu dans le cadre du
recours en annulation à l’article 263, du Traité FUE et les dispositions de l’article 265,
alinéa 2, du Traité FUE relatif au recours en carence sont, le cas échéant, applicables.

2) La mise en œuvre de la responsabilité extracontractuelle


L’engagement de la responsabilité extracontractuelle de l’Union est subordonné à la
réunion de trois conditions cumulatives (la charge de preuve incombe au demandeur) à
savoir l’illégalité du comportement imputable à l’institution, l’organe ou l’organisme de
l’Union ou encore à un de ses agents, la réalité du dommage et enfin l’existence d’un
lien de causalité entre le comportement allégué et le préjudice invoqué (parmi une juris-
prudence très abondante voy. not., Tribunal, 18 mars 2015, Cahier e.a./Conseil et
Commission, T-195/11, T-458/11, T-448/12 et T-41/13, EU:T:2015:161, point 22 ;
Tribunal, 29 avril 2015, Staelen/Médiateur, T-217/11, EU:T:2015:238, point 68). Le
caractère cumulatif de ces conditions implique que, lorsque l’une d’entre elles n’est pas
remplie, le recours en responsabilité doit être rejeté dans son ensemble sans qu’il soit
nécessaire d’examiner les autres conditions (pour des illustrations en matière d’éco-
nomie de moyens voy., Tribunal, 21 janv. 2014, Klein/Commission, T-309/10, EU:
T:2014:19, point 60 ; Tribunal, 15 janv. 2015, Ziegler et Ziegler Relocation/
Commission, T-539/12 et T-150/13, EU:T:2015:15, point 60).
Ces conditions, classiques en droit de la responsabilité, ont été précisées par la Cour de
justice lorsqu’elle a souhaité, à compter de l’arrêt Brasserie du pêcheur et Factortame de
mars 1996 qui reconnaît le droit à réparation des particuliers en cas de violation du droit
de l’Union imputable aux États membres (CJCE, 5 mars 1996, Brasserie du pêcheur et
Factortame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79)28, aligner les conditions de mise
en œuvre de la responsabilité de l’Union en cas de dommages causés à des particuliers
sur celles permettant d’engager la responsabilité des États membres dans une hypothèse
identique.

——
28. Voy. le présent ouvrage, p. 127.

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162 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

a) L’illégalité d’un comportement imputable aux institutions, organes ou


organismes de l’Union ou à leurs agents
Deux conditions doivent être réunies pour que les institutions, organes ou organismes
de l’Union ou leurs agents voient leur responsabilité reconnue et engagée pour des
dommages causés aux particuliers : la règle de droit enfreinte doit avoir pour objet de
conférer des droits aux particuliers ou de les protéger et la violation doit être suffisam-
ment caractérisée (pour une illustration voy. not., CJCE, 9 sept. 2008, FIAMM e.a./
Conseil et Commission, C-120/06 P et C-121/06 P, EU:C:2008:476, points 172
et 173 ; CJUE, 19 avril 2012, Artegodan/Commission, C-221/10 P, EU:C:2012:216,
point 80). Selon le juge de Luxembourg, « le critère décisif pour considérer qu’une viola-
tion du droit communautaire est suffisamment caractérisée est celui de la méconnais-
sance manifeste et grave, par une institution communautaire, des limites qui s’imposent
à son pouvoir d’appréciation. Lorsque l’institution en cause ne dispose que d’une marge
d’appréciation considérablement réduite, voire inexistante, la simple infraction au droit
communautaire peut suffire à établir l’existence d’une violation suffisamment caracté-
risée » (CJCE, 4 juill. 2000, Bergaderm et Goupil/Commission, C-352/98 P, EU:
C:2000:361, points 41 à 44 ; Tribunal, 3 mars 2010, Artegodan/Commission, T-
429/05, EU:T:2010:60, point 53 ; Tribunal, 16 sept. 2013, ATC e.a./Commission, T-
333/10, EU:T:2014:842, point 62). En revanche, la constatation de l’illégalité d’un
acte juridique ne suffit pas, pour regrettable que soit cette illégalité, pour considérer
que la condition d’engagement de la responsabilité de l’Union tenant à l’illégalité du
comportement reproché aux institutions est remplie (Tribunal, 9 sept. 2008,
MyTravel/Commission, T-212/03, EU:T:2008:315, points 43 et 45 ; Tribunal,
23 nov. 2011, Sison/Conseil, T-341/07, EU:T:2011:687, point 31).
La violation de la règle de droit enfreinte doit être directe en ce sens qu’elle doit être le
fait d’une institution, d’un organe ou d’un organisme de l’Union ou encore d’un de leurs
agents dans l’exercice de leurs fonctions. Lorsque le fait dommageable est imputable à
un agent de l’Union, le juge de Luxembourg recherche si le fait dommageable résulte
d’une faute de service ou d’une faute personnelle de cet agent. Le dommage est consti-
tutif d’une faute de service lorsque les actes de l’agent en question « en vertu d’un
rapport direct et interne, constituent le prolongement nécessaire des missions confiées
aux institutions » (CJCE, 10 juill. 1969, Sayag e.a./Leduc e.a., 9/69, EU:C:1969:37,
point 7). Dans tous les autres cas, il s’agit d’une faute personnelle de l’agent qui n’est
pas de nature à engager la responsabilité de l’Union mais la responsabilité personnelle
de l’agent devant le juge national.

b) La réalité d’un préjudice


Le juge de Luxembourg considère que la responsabilité de l’Union peut être engagée
quelle que soit la nature de l’activité en cause. Le fait générateur du préjudice est donc
généralement matériel (économique ou financier) (CJCE, 14 juill. 1967, Kampffmeyer
e.a./Commission, 5/66, 7/66 et 13/66 à 24/66, EU:C:1967:31), mais il peut également
s’agir d’un préjudice purement moral (Tribunal, 24 sept. 2008, M. /Médiateur, T-412/
05, EU:T:2008:397, point 150 ; Tribunal, 10 juill. 2013, Missir Mamachi di Lusi-
gnano/Commission, T-401/11 P, EU:T:2014:625, point 41).
Le dommage allégué doit être non seulement né, actuel, réel et certain (sur ce point voy.
not., CJCE, 2 juin 1965, FERAM e.a./Haute Autorité CECA, 9 et 25/64, EU:

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 163

C:1965:52 ; CJCE, 28 mai 1970, Richez-Parise e.a./Commission, 19, 20, 25, 30/69,
EU:C:1970:47, point 31), mais encore susceptible de donner lieu à une évaluation
(Tribunal, 16 janv. 1996, Candiotte/Conseil, T-108/94, EU:T:1994:247, point 7).
Toutefois, la Cour admet la réparation de dommages futurs, c’est-à-dire « imminents et
prévisibles avec une certitude suffisante » (CJCE, 14 janv. 1987, Zuckerfabrik Bedburg
e.a./Conseil et Commission, 281/84, EU:C:1987:3, point 14). Les dommages de
nature à engendrer une réparation ne peuvent en revanche pas être seulement proba-
bles voire purement hypothétiques (pour une illustration voy., Tribunal, 29 oct. 1998,
TEAM/Commission, T-13/96, EU:T:1997:87, point 76). Il appartient au demandeur
d’étayer ses allégations par des éléments concrets et objectifs de preuve qui permettent
au juge d’établir, outre l’existence, l’étendue du dommage (Tribunal, 28 avril 1998,
Dorsch Consult Ingenieurgesellschaft/Conseil et Commission, T-184/95, EU:
T:1998:74). Dans les domaines économiques où les institutions de l’Union disposent
d’un large pouvoir d’appréciation, le juge exige que le préjudice soit spécial (ce qui
signifie qu’il doit concerner, sinon une seule personne, du moins « un groupe restreint
et nettement délimité d’opérateurs économiques » : CJCE, 4 oct. 1979, Dumontier e.
a./Conseil, 64 et 113/76, 167 et 239/78, 27, 28 et 45/79, EU:C:1979:223, point 11)
et anormal (c’est-à-dire que « le dommage allégué par la requérante dépasse les limites
des risques économiques inhérents aux activités dans le secteur concerné » : Tribunal,
7 nov. 2012, Syndicat des thoniers méditerranéens e.a./Commission, T-574/08,
EU:T:2012:583, point 78).

c) Un lien de causalité entre le comportement allégué et le préjudice


invoqué
Le demandeur doit enfin établir l’existence d’un lien de causalité entre le comportement
reproché de l’institution, l’organe ou l’organisme de l’Union ou de son agent et le préju-
dice invoqué. Le préjudice doit donc avoir été causé directement par la faute commise
par l’institution, l’organe ou l’organisme ou son agent dans l’exercice de ses fonctions.
Tout défaut de lien de causalité ne peut ouvrir droit à réparation des préjudices subis
(pour une illustration voy., CJCE, 13 juill. 1961, Meroni e.a./Haute Autorité CECA,
14, 16, 17, 20, 24, 26 et 27/60 et 1/61, EU:C:1961:16 ; Tribunal, 13 déc. 2006,
Abad Pérez e.a./Conseil et Commission, T-304/01, EU:T:2006:389, points 157 et
158). Le juge de Luxembourg tient compte d’éventuelles négligences ou imprudences
imputables au demandeur car les agissements de ce dernier sont de nature à remettre
en cause l’existence d’un lien de causalité entre le préjudice subi et le comportement
de l’institution, de l’organe ou de l’organisme. Le juge de l’Union considère en effet
que si le préjudice subi ne trouve pas sa cause exclusive dans le comportement de l’ins-
titution, de l’organe ou de l’organisme de l’Union ou de son agent mais également dans
celui du demandeur, la responsabilité de l’Union pourra n’être que partielle. Dans un tel
cas de figure, le juge de Luxembourg pourra alors opérer une répartition de la responsa-
bilité en cause entre les deux parties (pour une illustration voy., Tribunal, 24 oct. 2000,
Fresh Marine/Commission, T-178/98, EU:T:2000:240).

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164 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

B - Le recours en responsabilité contractuelle

TFUE, art. 272


« La Cour de justice de l’Union européenne est compétente pour statuer en vertu d’une clause
compromissoire contenue dans un contrat de droit public ou de droit privé passé par l’Union ou
pour son compte. »
TFUE, art. 34029
« La responsabilité contractuelle de l’Union est régie par la loi applicable au contrat en cause.
En matière de responsabilité non contractuelle, l’Union doit réparer, conformément aux prin-
cipes généraux communs aux droits des États membres, les dommages causés par ses institu-
tions ou par ses agents dans l’exercice de leurs fonctions.
Par dérogation au deuxième alinéa, la Banque centrale européenne doit réparer, conformé-
ment aux principes généraux communs aux droits des États membres, les dommages causés
par elle-même ou par ses agents dans l’exercice de leurs fonctions.
La responsabilité personnelle des agents envers l’Union est réglée dans les dispositions fixant
leur statut ou le régime qui leur est applicable. »

L’Union disposant de la personnalité juridique dans les États membres (TUE, art. 47), les
contrats passés avec ses cocontractants sont susceptibles de donner lieu à des différends
et d’engager sa responsabilité contractuelle. Toutefois, les différends qui peuvent subvenir
dans l’exécution d’un contrat ne relèvent pas automatiquement de la compétence des juri-
dictions de l’Union. En effet, en l’absence d’une clause compromissoire contenue dans le
contrat attribuant compétence à la Cour de justice de l’UE, les différends contractuels relè-
vent de la compétence du juge national (pour un rappel voy., CJUE, 18 avril 2013,
Commission/Systran et Systran Luxembourg, C-103/11 P, EU:C:2013:245, point 59).
Dans la pratique, on constate que seuls les contrats les plus importants sont dotés d’une
clause compromissoire et relèvent donc de la compétence du juge de Luxembourg alors
que les contrats moins importants sont laissés à la compétence de tribunaux arbitraux ou
de juridictions nationales (pour une application voy., Tribunal, 17 déc. 2010, Commis-
sion/Acentro Turismo, T-460/08, EU:T:2010:551 : dans lequel le Tribunal condamne un
cocontractant à verser des intérêts de retard à la Commission européenne pour défaut
d’exécution d’un contrat de prestation de services ; Tribunal, 13 juin 2012, Insula/
Commission, T-366/09, EU:T:2012:288 : dans lequel le Tribunal condamne un cocontrac-
tant à rembourser des sommes avancées ou versées à la Commission européenne pour
défaut d’exécution d’un contrat conclu dans le cadre du programme spécifique de
recherche « Énergie, environnement et développement durable »). L’article 340,
alinéa 1er, du Traité FUE prévoit que « la responsabilité contractuelle de l’Union est régie
par la loi applicable au contrat en cause ». La loi applicable au litige à laquelle les parties
se réfèrent et sur la base de laquelle sera établie une éventuelle responsabilité de l’Union
est le plus souvent une loi nationale (CJCE, 7 déc. 1976, Pellegrini e.a./Commission e.
a., 23/76, EU:C:1976:174 ; CJCE, 16 janv. 2001, Commission/TVR, C-40/98, EU:
C:2001:19) même si les cocontractants peuvent parfois assortir cette référence à la loi
nationale d’éventuelles dérogations (CJCE, 26 nov. 1985, Commission/CO.DE.MI., 318/
81, EU:C:1985:467). Ils peuvent également renvoyer aux principes généraux communs

——
29. TCEEA, art. 188.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 165

aux droits des États membres (Tribunal, 16 nov. 2003, Masdar (UK)/Commission, T-333/
03, EU:T:2006:348 : dans lequel le Tribunal accueille, au titre des principes généraux
communs aux droits des États membres, les moyens tirés de l’enrichissement sans cause
et de la gestion d’affaires) voire même exceptionnellement pour certains contrats au droit
de l’Union lui-même (CJCE, 22 sept. 1983, Commission/Royale belge, 23/81, EU:
C:1983:239 : dans lequel la Cour de justice prend en compte le statut des fonctionnaires
de l’UE pour interpréter les obligations contractuelles souscrites par une compagnie
d’assurance).

Section 3
Le contrôle juridictionnel des États membres
de l’Union

TFUE, art. 258


« Si la Commission estime qu’un État membre a manqué à une des obligations qui lui incom-
bent en vertu des traités, elle émet un avis motivé à ce sujet, après avoir mis cet État en
mesure de présenter ses observations.
Si l’État en cause ne se conforme pas à cet avis dans le délai déterminé par la Commission,
celle-ci peut saisir la Cour de justice de l’Union européenne. »
TFUE, art. 259
« Chacun des États membres peut saisir la Cour de justice de l’Union européenne s’il estime
qu’un autre État membre a manqué à une des obligations qui lui incombent en vertu des
traités.
Avant qu’un État membre n’introduise, contre un autre État membre, un recours fondé sur une
prétendue violation des obligations qui lui incombent en vertu des traités, il doit en saisir la
Commission.
La Commission émet un avis motivé après que les États intéressés ont été mis en demeure de
présenter contradictoirement leurs observations écrites et orales.
Si la Commission n’a pas émis l’avis dans un délai de trois mois à compter de la demande,
l’absence d’avis ne fait pas obstacle à la saisine de la Cour. »
TFUE, art. 260
« 1. Si la Cour de justice de l’Union européenne reconnaît qu’un État membre a manqué à une
des obligations qui lui incombent en vertu des traités, cet État est tenu de prendre les mesures
que comporte l’exécution de l’arrêt de la Cour.
2. Si la Commission estime que l’État membre concerné n’a pas pris les mesures que comporte
l’exécution de l’arrêt, elle peut saisir la Cour, après avoir mis cet État en mesure de présenter ses
observations. Elle indique le montant de la somme forfaitaire ou de l’astreinte à payer par l’État
membre concerné qu’elle estime adapté aux circonstances.
Si la Cour de justice reconnaît que l’État membre concerné ne s’est pas conformé à son arrêt,
elle peut lui infliger le paiement d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte.
Cette procédure est sans préjudice de l’article 259.
3. Lorsque la Commission saisit la Cour d’un recours en vertu de l’article 258, estimant que
l’État membre concerné a manqué à son obligation de communiquer des mesures de transpo-
sition d’une directive adoptée conformément à une procédure législative, elle peut, lorsqu’elle
le considère approprié, indiquer le montant d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte à payer
par cet État, qu’elle estime adaptée aux circonstances.
Si la Cour constate le manquement, elle peut infliger à l’État membre concerné le paiement
d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte dans la limite du montant indiqué par la Commis-
sion. L’obligation de paiement prend effet à la date fixée par la Cour dans son arrêt. »

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166 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Le recours en manquement constitue la seule modalité de contrôle juridictionnel des


États membres par le juge de l’Union. Le recours en constatation de manquement vise
à faire constater par le juge de Luxembourg l’inexécution par un État membre des obli-
gations qui lui incombent en vertu des traités. Selon la formule consacrée depuis la
CECA par la Cour de justice, le recours en manquement « constitue l’ultima ratio
permettant de faire prévaloir les intérêts communautaires consacré par le traité contre
l’inertie et contre la résistance des États membres » (CJCE, 15 juill. 1960, Pays-Bas/
Haute Autorité CECA, 25/59, EU:C:1960:34), En l’état actuel du processus d’intégra-
tion, les recours en manquement ne peuvent être introduits que devant la Cour de
justice (TFUE, art. 256, § 1er)30.

1• LA NOTION DE MANQUEMENT
Les articles 258 et suivants du Traité FUE visent de manière très générale tout manque-
ment d’un État membre « à une des obligations qui lui incombent en vertu des traités ».
Pour qu’un recours en manquement puisse être engagé à l’encontre d’un État membre,
il faut donc qu’il méconnaisse une norme obligatoire et contraignante de l’Union. Le
manquement peut donc découler de la violation d’obligations résultant de l’ensemble
des sources du droit de l’Union comme les traités (CJCE, 5 nov. 2002, Commission/
Danemark, C-467/98, EU:C:2002:625), les actes obligatoires de droit dérivé (CJCE,
13 juill. 2000, Commission/France, C-160/99, EU:C:2000:410 : à propos d’un règle-
ment ; CJCE, 28 nov. 2002, Commission/France, C-259/01, EU:C:2002:719 : à propos
d’une directive ; CJCE, 2 févr. 1988, Commission/Pays-Bas, 213/85, EU:C:1988:39 : à
propos d’une décision) ou encore les accords internationaux conclus par l’Union (CJCE,
26 oct. 1982, Kupferberg, 104/81, EU:C:1982:362)31.
En pratique, le manquement peut recouvrir des situations très diverses.

——
30. Cette compétence exclusive de la Cour n’interdit pas au Tribunal, en application de l’article 256, § 1er,
du Traité FUE, d’avoir à connaître d’un éventuel recours en annulation introduit par un État membre
sur le fondement de l’article 263, du Traité FUE et dirigé contre une décision de la Commission euro-
péenne relative à l’exécution d’un arrêt en constatation de manquement de la Haute juridiction. On
peut parfaitement envisager une telle hypothèse s’agissant d’une décision individuelle de la Commis-
sion portant demande de paiement d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte à un État membre
condamné par la Cour de justice en application de l’article 260, § 2, du Traité FUE. Néanmoins, dans
l’exercice de cette compétence, le Tribunal ne saurait empiéter sur la compétence de la Cour de
justice et notamment se prononcer, dans le cadre d’un tel recours en annulation, sur une question,
relative à la méconnaissance par cet État membre des obligations qui lui incombent en vertu du
Traité FUE, qui n’aurait pas été préalablement tranchée par la Cour (pour une illustration voy.,
Tribunal, 29 mars 2011, Portugal/Commission, T-33/09, EU:T:2011:127, points 61 à 67).
31. Toute violation d’obligations résultant du droit de l’Union ne relève pas systèmatiquement du champ
d’application des articles 258 et suivants du Traité FUE. Ainsi, l’article 126, du Traité FUE relatif à la
lutte contre les déficits excessifs exclut à son paragraphe dix le recours en manquement dans la
mesure où il existe une procédure spécifique relevant de la compétence du Conseil et pouvant
aboutir à des sanctions à l’encontre de l’État membre concerné. De même, le Traité FUE prévoit, à
côté de la procédure générale, des procédures spécifiques et simplifiées qui dérogent aux règles de
droit commun comme par exemple en matière d’aides d’État (TFUE, art. 108, § 2), de sécurité natio-
nale (TFUE, art. 348, al. 2) ou encore d’achèvement du marché intérieur par voie d’harmonisation des
législations nationales (TFUE, art. 114, § 4 et 5).

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 167

Il peut tout d’abord consister dans une action positive d’un État membre comme par
exemple le maintien d’une norme nationale contraire aux obligations que lui impose le
droit de l’Union (CJCE, 11 mai 2000, Commission/France, C-296/98, EU:C:2000:227),
l’adoption d’un texte national contraire aux obligations que lui impose le droit de
l’Union (CJCE, 22 oct. 1998, Commission/France, C-184/96, EU:C:1998:495), l’adop-
tion d’un texte national ne répondant que partiellement aux obligations que lui impo-
sent le droit de l’Union (CJCE, 13 juill. 2000, Commission/France, C-160/99, EU:
C:2000:410) ou encore l’adoption d’un texte national comportant des conditions
supplémentaires à celles fixées par la norme de l’Union (CJCE, 5 mai 1993, Commis-
sion/France, C-246/91, EU:C:1993:174).
Le manquement peut également consister en une abstention, une omission ou une inac-
tion d’un État membre comme par exemple le défaut d’adoption d’un texte ou d’abro-
gation d’un texte contraire aux obligations que lui impose le droit de l’Union (CJCE,
13 avril 2000, Commission/Espagne, C-274/98, EU:C:2000:206), l’absence de dénon-
ciation ou de renégociation d’un accord conclu avec un pays tiers devenu incompatible
avec le droit de l’Union (CJCE, 4 juill. 2000, Commission/Portugal, C-62/98, EU:
C:2000:358), l’absence de poursuite et de répression à l’encontre des ressortissants
nationaux dont les agissements seraient contraires au droit de l’Union (CJCE, 1er févr.
2001, Commission/France, C-333/99, EU:C:2001:73 : à propos de l’absence d’un
mécanisme de sanctions administratives des dépassements de quotas par les pêcheurs
français) ou encore le fait de ne pas affecter suffisamment de personnel à la réalisation
de contrôles efficaces et effectifs prévus par une législation de l’Union (CJCE, 22 déc.
2008, Commission/Espagne, C-189/07, EU:C:2008:760 : à propos de contrôle en
matière de pêche ; CJCE, 23 avril 2009, Commission/Grèce, C-331/07, EU:
C:2009:247 : à propos de contrôles sanitaires).
En pratique, la quasi-totalité des recours en manquement sont relatifs au défaut de
transposition dans les délais des directives. Concrètement, ce manquement peut notam-
ment prendre la forme d’une absence de transposition, d’une transposition incomplète
ou incorrecte, d’un défaut de transmission des mesures nationales de transposition à la
Commission ou encore du maintien dans l’ordre juridique interne d’une norme natio-
nale incompatible avec les objectifs d’une directive (pour une illustration voy., CJUE,
27 oct. 2011, Commission/Pologne, C-362/10, EU:C:2011:703 ; CJUE, 29 juill. 2010,
Commission/France, C-35/10, EU:C:2010:464 : à propos d’un défaut de transposition
d’une directive dans le délai prescrit ; CJUE, 17 oct. 2011, Commission/Pologne, C-
311/10, EU:C:2011:702 : à propos d’une transposition incomplète d’une directive ;
CJUE, 26 janv. 2012, Commission/Slovénie, C-185/11, EU:C:2012:43 : à propos
d’une transposition non conforme d’une directive ; CJUE, 19 juill. 2010, Commission/
Belgique, C-6/10, EU:C:2010:462 : à propos d’un défaut de communication des
mesures nationales de transposition d’une directive).
Le manquement peut émaner de n’importe quel organe de l’État membre ou d’une
collectivité infraétatique comme par exemple une région autonome, une commune ou
un conseil de district urbain (pour une illustration voy., CJCE, 5 mai 1970, Commis-
sion/Belgique, 77/69, EU:C:1970:34, point 15 ; CJCE, 10 mars 1987, Commission/
Italie, 199/85, EU:C:1987:115, points 8 et 9 ; CJCE, 22 sept. 1988, Commission/
Irlande, 45/87, EU:C:1988:435, point 12). La Cour de justice considère que le manque-
ment peut même être le fait d’une société privée s’il existe des liens suffisamment étroits

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168 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

entre elle et l’État membre concerné (CJCE, 24 nov. 1982, Commission/Irlande, 249/
81, EU:C:1982:402).
Traditionnellement, la Cour de justice écarte systématiquement les faits justificatifs que
les États membres pourraient tirer des dispositions, pratiques ou situations de leur ordre
juridique interne pour justifier leur manquement. Quelles que soient les justifications
avancées par les États membres (CJCE, 8 juin 2000, Commission/France, C-46/99,
EU:C:2000:307 : difficultés soulevées par une directive au regard du droit national justi-
fiant une expertise approfondie de la part des autorités compétentes avant toute trans-
position de cette même directive ; CJCE, 9 déc. 2008, Commission/France, C-121/07,
EU:C:2008:695 : opposition d’une partie de l’opinion publique à l’exécution d’un acte
de l’Union ; CJCE, 16 juill. 2009, Commission/Pologne, C-165/08, EU:C:2009:473 :
allégation d’arguments d’ordre éthique ou religieux ; CJCE, 9 juill. 1998, Commission/
Belgique, C-323/97, EU:C:1998:347 : nécessité d’une révision constitutionnelle ; CJCE,
12 févr. 1998, Commission/France, C-144/97, EU:C:1998:60 : dissolution imprévue de
l’organe législatif), elles sont indifférentes à la constatation d’un manquement par la
Cour de justice et ne peuvent légitimer le non-respect par un État des obligations de
l’Union qui s’imposent à lui. De même, la Cour de justice considère qu’un État membre
ne peut invoquer l’absence de conséquences négatives d’un manquement pour s’exo-
nérer de sa responsabilité (pour une illustration voy., CJCE, 18 oct. 2007, Commission/
Danemark, C-19/05, EU:C:2007:606, point 35). Par ailleurs, un État membre ne peut
exciper du fait qu’un autre État méconnaît également les obligations que lui impose le
droit de l’Union pour se soustraire au respect de ses propres obligations car la Cour de
justice considère que l’exception de réciprocité est irrecevable en la matière (CJUE,
19 nov. 2009, Commission/Finlande, C-118/07, EU:C:2009:715, point 48). En défini-
tive, seule une impossibilité absolue d’exécuter convenablement une obligation qu’im-
pose le droit de l’Union peut être admise par la Cour de justice et à condition que l’État
membre défaillant ait collaboré de bonne foi avec la Commission européenne pour
surmonter les difficultés rencontrées conformément à l’obligation de coopération
loyale désormais posée par l’article 4, § 3, du Traité UE qui s’impose à lui (CJCE,
15 janv. 1986, Commission/Belgique, 52/84, EU:C:1986:3, points 14 et 16) (pour
une illustration des moyens de défense invoqués fréquemment par les États membres
poursuivis en manquement et systématiquement rejetés par la Cour de justice voy.
not., CJUE, 18 nov. 2010, Commission/Espagne, C-48/10, EU:C:2010:704).

2• LA QUALITÉ POUR AGIR


Le recours en manquement est ouvert à la Commission européenne (TFUE, art. 258) et
aux États membres (TFUE, art. 259). Ils n’ont pas à justifier d’un intérêt à agir pour
mettre en œuvre la procédure en manquement et notamment démontrer l’existence
d’un préjudice propre (CJCE, 14 déc. 1971, Commission/France, 7/71, EU:
C:1971:121, point 50).
Dans la pratique, la Commission européenne joue un rôle essentiel dans la procédure
conformément au rôle de gardienne des traités qui lui est assigné par l’article 17, § 1er,

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 169

du Traité UE étant donné les réticences qu’éprouvent, depuis toujours, les États
membres à faire usage de l’article 259, du Traité FUE32. La Commission peut tout
autant se saisir d’office d’une affaire de manquement comme agir sur la base de plaintes
des États membres ou de personnes physiques ou morales33.

3• LA PROCÉDURE DE CONSTATATION DE MANQUEMENT


Le déclenchement de la procédure en constatation de manquement est une compé-
tence discrétionnaire de la Commission européenne (sur le pouvoir d’appréciation
discrétionnaire de la Commission et son absence d’intérêt à agir voy. not., CJCE,
24 mars 2009, Danske Slagterier, C-445/06, EU:C:2009:178, points 43 et 44). Les
particuliers ne peuvent donc exiger d’elle qu’elle prenne une position dans un sens
déterminé ni même introduire un recours en annulation contre son refus d’agir (sur ce
point voy., CJCE, 17 mai 1990, Sonito e.a./Commission, C-87/89, EU:C:1990:213,
point 6 ; Tribunal, Ord., 20 juill. 2010, Perret/Commission, T-186/10, EU:
T:2010:314, point 9). La procédure en constatation de manquement comprend une
phase précontentieuse et, le cas échéant, une phase contentieuse.

A - La phase précontentieuse
Le recours en manquement comprend obligatoirement une phase précontentieuse au
cours de laquelle la Commission européenne va instruire l’affaire. Cette phase adminis-
trative incombe à la Commission que le recours soit envisagé par cette même institution
sur le fondement de l’article 258, du Traité FUE où qu’il soit introduit à l’initiative d’un ou
de plusieurs États membres sur la base de l’article 259, du Traité FUE. La Commission
adresse tout d’abord à l’État membre concerné une lettre de mise en demeure qui non
seulement délimite le manquement reproché à l’État mais l’invite également à présenter
dans un certain délai ses observations sur les griefs formulés par la Commission euro-
péenne. La Cour de justice considère que cette demande d’observations est « une
garantie essentielle voulue par le traité, son observation est une forme substantielle de
régularité de la procédure constatant un manquement d’un État membre » (sur ce point
voy. not., CJCE, 17 févr. 1970, Commission/Italie, 31/69, EU:C:1970:10, point 13 ;
CJUE, 4 sept. 2014, Commission/Allemagne, C-211/13, EU:C:2014:2148, point 22).
Selon la Cour de justice, la mise en demeure doit « donner l’occasion à l’État membre

——
32. En effet, on constate que les États membres sont quelque peu réticents à faire usage de l’article 259,
du Traité FUE de peur que l’État membre qu’il mettrait directement en cause n’en vienne lui aussi à
examiner de plus près le respect de leurs propres obligations. Finalement, la stratégie des États
membres consiste le plus souvent à adresser une plainte à la Commission européenne et à l’inviter à
mettre en œuvre elle-même la procédure.
33. Le recours en manquement n’étant pas ouvert aux particuliers, rien ne les empêche par contre
d’informer la Commission européenne des violations du droit de l’Union qui seraient le fait de leur
État d’origine ou de tout autre État membre de l’Union. Un formulaire de plainte est d’ailleurs dispo-
nible à cet effet pour les personnes physiques ou morales sur le site de la Commission européenne :
https://ec.europa.eu/assets/sg/report-a-breach/complaints_fr/index.html

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170 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

de justifier sa position et, le cas échéant, de permettre à la Commission d’amener l’État


membre à se conformer volontairement aux exigences » des traités (CJCE, 27 mai 1981,
Essevi et Salengo, 142/80 et 143/80, EU:C:1981:121, point 15). Une fois de plus,
l’objectif de cette phase précontentieuse est donc d’éviter de condamner à tout prix les
États membres et d’obtenir qu’ils mettent fin aux violations des obligations que leur
impose le droit de l’Union.
La phase précontentieuse prend fin par un avis motivé qui est l’acte par lequel la
Commission européenne enjoint l’État concerné à mettre fin au manquement (TFUE,
art. 258, al. 1er). L’avis motivé doit contenir un exposé cohérent et détaillé des raisons
qui amènent la Commission à la conviction que l’État membre manque aux obligations
que le droit de l’Union lui impose et lui fixer un délai raisonnable pour s’y conformer
(CJCE, 19 déc. 1961, Commission/Italie, 7/61, EU:C:1961:31). La Cour de justice
considère que le manquement doit être avéré et que la Commission ne peut se
contenter de simples présomptions. L’avis motivé doit se limiter aux seuls griefs formulés
dans la lettre de mise en demeure. La Commission européenne peut également
mentionner dans l’avis motivé les mesures qu’elle recommande à l’État pour faire
cesser le manquement mais celles-ci sont dépourvues de caractère obligatoire (CJCE,
11 juill. 1991, Commission/Portugal, C-247/89, EU:C:1991:305, point 22). Lorsque
l’initiative de la procédure émane d’un État, celui-ci a l’obligation, avant d’introduire
son recours devant la Cour de justice, de saisir la Commission européenne qui « émet
un avis motivé après que les États intéressés ont été mis en demeure de présenter
contradictoirement leurs observations écrites et orales » (TFUE, art. 259, al. 3).
Si l’État membre concerné se conforme à l’avis motivé dans le délai prescrit par la
Commission européenne, cette dernière doit classer l’affaire. En revanche, si la Commis-
sion estime que l’État membre ne s’est pas conformé à l’avis motivé, elle peut alors saisir
la Cour de justice. La Cour de justice considère qu’elle peut en faire de même si l’État ne
met fin au manquement qu’après le délai prescrit car elle conserve alors un intérêt à agir
pouvant résider dans une éventuelle responsabilité de l’État membre en cause (CJCE,
7 févr. 1973, Commission/Italie, 39/72, EU:C:1973:13, point 9). La recevabilité d’un
tel recours est cependant conditionnée par le fait que l’action en manquement doit
comporter encore « un intérêt suffisant » (CJCE, 9 juill. 1970, Commission/France,
26/69, EU:C:1970:67, point 10). Lorsque l’initiative du recours est le fait d’un État
membre, l’article 259, alinéa 4, du Traité FUE précise que « si la Commission n’a pas
émis l’avis dans un délai de trois mois à compter de la demande, l’absence d’avis ne
fait pas obstacle à la saisine de la Cour de justice ».

B - La phase contentieuse
La Commission européenne décide de l’opportunité d’introduire un recours. Elle n’a
donc pas l’obligation de saisir la Cour de justice, même si l’État membre destinataire de
l’avis motivé manque encore aux obligations que lui impose le droit de l’Union. Elle n’est
pas non plus soumise à un délai spécifique pour saisir la Cour de justice. Cette dernière a
toutefois précisé sur ce point que « dans certaines hypothèses, une durée excessive de la
procédure précontentieuse prévue par l’article 169 [TFUE, art. 258] est susceptible
d’augmenter, pour l’État mis en cause, la difficulté de réfuter les arguments de la
Commission et de violer ainsi les droits de la défense » (CJCE, 16 mai 1991,

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 171

Commission/Pays-Bas, C-96/89, EU:C:1991:213, point 16). La Cour de justice exige


donc que la procédure précontentieuse soit menée dans un délai raisonnable.
La requête introductive d’instance de la Commission européenne doit obligatoirement
être fondée sur les mêmes motifs et moyens que ceux invoqués dans le cadre de la
phase précontentieuse (pour une illustration voy. not., CJUE, 3 sept. 2014, Commis-
sion/Espagne, C-127/12, EU:C:2014:2130, point 23). La Commission a néanmoins la
possibilité de préciser ses griefs postérieurement à la lettre de mise en demeure (CJCE,
20 mars 1997, Commission/Allemagne, C-96/95, EU:C:1997:165, points 30 et 31).
La Cour de justice a jugé que le contenu et la cohérence de l’avis motivé et de la
requête introductive d’instance sont nécessaires au respect des droits de la défense
mais aussi à l’efficacité du contrôle qu’elle opère (CJUE, 15 juin 2010, Commission/
Espagne, C-211/08, EU:C:2010:340, point 32). Selon une jurisprudence constante,
l’existence d’un manquement est appréciée par la Cour en fonction de la situation de
l’État membre telle qu’elle se présentait au terme du délai fixé dans l’avis motivé (pour
une illustration voy., CJUE, 3 juin 2010, Commission/Espagne, C-487/08, EU:
C:2010:310, point 34). Il incombe à la Commission européenne, qui ne peut se
cantonner à de simples présomptions de manquement, d’établir la matérialité des faits
reprochés et de fournir à la Cour de justice les éléments nécessaires à la vérification de la
réalité du manquement (pour une illustration voy., CJUE, 16 oct. 2014, Commission/
Allemagne, C-100/13, EU:C:2014:2293, point 37). Il appartient à l’État membre pour-
suivi de contester de manière substantielle et détaillée les données présentées par la
Commission européenne et les conséquences qui en découlent (CJCE, 6 oct. 2009,
Commission/Finlande, C-335/07, EU:C:2009:612, point 47 ; CJUE, 24 nov. 2011,
Commission/Italie, C-379/10, EU:C:2011:775, point 29). La Cour de justice admet
que l’État membre mis en cause puisse, quant à lui, faire état d’arguments qu’il n’a pas
exposés au cours de la phase précontentieuse, en application du principe général du
respect des droits de la défense (CJCE, 16 sept. 1999, Commission/Espagne, C-414/
97, EU:C:1999:417, point 19). La Commission européenne peut se désister à tout
moment de la phase contentieuse en retirant sa requête contre l’État défendeur qui a
procédé à la régularisation de son manquement.

4• LES EFFETS DE L’ARRÊT EN CONSTATATION


DE MANQUEMENT

Si la Cour de justice considère qu’un État membre a manqué aux obligations que lui
impose le droit de l’Union, elle rend alors un arrêt en constatation de manquement.
Cet arrêt n’a qu’un effet déclaratoire, en ce sens que la Cour de justice ne fait que cons-
tater que l’État concerné a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu du droit
de l’Union. Elle ne peut donc ni le contraindre à adopter des mesures déterminées, ni le
condamner à des dommages et intérêts, ni même annuler ou déclarer invalides les
normes nationales qui seraient incompatibles avec le droit de l’Union (CJCE, 16 déc.
1960, Humblet, 6/60, EU:C:1960:48). Par contre, l’arrêt en constatation de manque-
ment a un effet erga omnes (autorité absolue de chose jugée) et peut être dès lors
invoqué par une personne physique ou morale en vue d’obtenir du juge national l’inap-
plication de toute norme nationale qui serait contraire au droit de l’Union.

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172 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

La Cour de justice refuse de limiter les effets dans le temps des arrêts en constatation de
manquement (pour une illustration voy., CJCE, 7 juin 2007, Commission/Grèce, C-
178/05, EU:C:2007:317, points 65 à 68 ; CJCE, 12 févr. 2009, Commission/Pologne,
C-475/07, EU:C:2009:86, points 60 à 63).

A - L’exécution de l’arrêt en constatation de manquement


Lorsque la Cour de justice constate qu’un État membre a manqué à une des obligations
qui lui incombent en vertu du droit de l’Union, celui-ci est alors « tenu de prendre les
mesures que comporte l’exécution de l’arrêt de la Cour » (TFUE, art. 260, § 1er). La
Cour de justice précise d’ailleurs que « la mise en œuvre de l’exécution d’un arrêt doit
être entamée immédiatement et qu’elle doit aboutir dans les délais les plus brefs possi-
bles » (CJUE, 6 nov. 1985, Commission/Italie, 131/84, EU:C:1985:447, point 7). Par
ailleurs, la constatation du manquement implique « pour les autorités nationales compé-
tentes prohibition de plein droit d’appliquer une prescription nationale reconnue incom-
patible avec le traité et, le cas échéant, obligation de prendre toutes dispositions pour
faciliter la réalisation du plein effet du droit communautaire » (CJUE, 13 juill. 1972,
Commission/Italie, 48/71, EU:C:1972:65, point 7). Si l’exécution d’un arrêt en consta-
tation de manquement implique parfois l’obligation pour un État membre de sanc-
tionner les particuliers qui méconnaissent le droit de l’Union (sur ce point voy. not.,
CJUE, 22 déc. 2008, Commission/Espagne, C-189/07, EU:C:2008:760), elle peut
également aller jusqu’à lui imposer par exemple de procéder à la résiliation d’un
contrat conclu par une collectivité territoriale pour l’élimination des déchets passé en
violation des règles de l’Union en matière de passation des marchés publics (CJUE,
18 juill. 2007, Commission/Allemagne, C-503/04, EU:C:2007:432).

B - Les sanctions au manquement


À l’origine, l’inexécution d’un arrêt en constatation de manquement ne pouvait faire
l’objet d’aucune sanction. La seule solution qui s’offrait alors à la Commission euro-
péenne consistait à introduire une nouvelle procédure de manquement devant la Cour
de justice fondée sur la violation de l’article 171, du Traité CEE, procédure qualifiée de
« manquement sur manquement ». Le Traité de Maastricht vient combler cette
« lacune » du système initial de constatation de manquement en permettant à la Cour
de justice d’infliger à un État membre qui ne s’est pas conformé à son arrêt en constata-
tion de manquement le paiement d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte. Le Traité
de Lisbonne complète ce mécanisme initial de sanction pécuniaire en instaurant une
procédure de « manquement accélérée » dans l’hypothèse où un État membre manque
à son obligation de communiquer les mesures nationales de transposition d’une direc-
tive adoptée conformément à une procédure législative.

1) La sanction en cas d’inexécution de l’arrêt en constatation


de manquement
Conformément à l’article 260, § 2, du Traité FUE, si la Commission européenne estime
qu’un État membre n’a pas pris les mesures que comporte l’exécution d’un arrêt en

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 173

constatation de manquement pris à son encontre par la Cour de justice, elle peut alors
saisir à nouveau la Cour après avoir mis cet État en mesure de présenter ses
observations34. Dans un tel cas de figure, il incombe alors à la Commission d’indiquer à
la Cour le montant de la somme forfaitaire ou de l’astreinte à payer par l’État membre
concerné qu’elle estime adapté aux circonstances. Ainsi, la procédure prévue à
l’article 260, § 2, du Traité FUE doit donc être considérée, à l’instar du juge de l’Union,
comme une procédure judiciaire spéciale d’exécution des arrêts en constatation de
manquement, soit, en d’autres termes, comme une voie d’exécution (en ce sens voy.,
CJUE, 12 juill. 2005, Commission/France, C-304/02, EU:C:2005:444, point 92 ;
CJUE, 15 janv. 2014, Commission/Portugal, C-292/11 P, EU:C:2014:3, point 40).
À la suite de cette évolution induite du Traité de Maastricht, la Commission européenne
publie une première communication en juin 1996 concernant la mise en œuvre de
l’article 171 du Traité CEE35 (TCE, art. 228) puis une seconde en janvier 1997 relative à
la méthode de calcul des astreintes36. La Cour de justice n’est pas demeurée en reste
puisque la Haute juridiction rend trois arrêts significatifs sur l’article 228 du Traité
CE. Tout d’abord, la Cour, dans son arrêt Commission/Grèce de juillet 2000, condamne
pour la première fois un État membre sur le fondement de l’article 228 du Traité CE, en
l’occurrence la Grèce au paiement d’une astreinte de 20 000 € par jour de retard pour
inexécution d’un arrêt en manquement relatif au non-respect par cet État de deux direc-
tives en matière d’environnement. En outre, la Haute juridiction entérine également
dans cet arrêt les critères définis par la Commission européenne dans ses communica-
tions de 1996 et 1997 (CJCE, 4 juill. 2000, Commission/Grèce, C-387/97, EU:
C:2000:356). Ensuite, dans son arrêt Commission/Espagne de novembre 2003, la Cour
de justice insiste tout particulièrement sur le fait qu’elle entend se réserver une grande
latitude en ce qui concerne le montant des astreintes. Les propositions émises par la
Commission en la matière ne liant pas la Cour et ne constituant pour elle qu’une base
de référence utile37, il revient donc à la seule Cour de justice de fixer l’astreinte « de telle
sorte que celle-ci soit, d’une part, adaptée aux circonstances et, d’autre part, propor-
tionnée au manquement constaté ainsi qu’à la capacité de paiement de l’État membre
concerné »38 (CJCE, 25 nov. 2003, Commission/Espagne, C-278/01, EU:C:2003:635,
point 41 ; pour une application de l’autonomie de la Cour de justice quant au choix et
à la détermination du montant des sanctions pécuniaires au titre de l’article 260, § 2, du

——
34. Le Traité de Lisbonne supprime l’étape précontentieuse de l’avis motivé qui existait auparavant. La
procédure se trouve par conséquent accélérée en pratique, de sorte que, selon la Commission euro-
péenne, la durée moyenne de procédure devrait mécaniquement se voir réduite à une fourchette de
huit à dix-huit mois.
35. Communication du 5 juin 1996 concernant la mise en œuvre de l’article 171 du traité, JOCE C 242,
21 août 1996, p. 6.
36. Communication du 8 janvier 1997 – Méthode de calcul de l’astreinte prévue à l’article 171 du traité,
JOCE C 63, 28 févr. 1997, p. 2.
37. On en voudra pour seule preuve que la Cour de justice s’autorise à refuser une astreinte réclamée par
la Commission alors même que la Haute juridiction constate que l’État membre en cause n’a pas pris
toutes les mesures nécessaires. Pour une illustration voy., CJCE, 18 juill. 2006, Commission/Italie, C-
119/04, EU:C:2006:489.
38. En l’espèce, la Commission européenne proposait d’infliger à l’Espagne une astreinte de 45 600 € par
jour de retard en raison de l’inexécution de l’arrêt en manquement du 12 février 1998 relatif au non-
respect par l’Espagne d’une directive environnementale concernant la qualité des eaux de baignade.
La Cour de justice refuse de suivre la Commission et décide d’imposer à l’Espagne non pas une
astreinte journalière constante mais une astreinte annuelle dégressive.

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174 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Traité FUE voy. not., CJCE, 9 déc. 2008, Commission/France, C-121/07, EU:
C:2008:695 ; CJCE, 7 juill. 2009, Commission/Grèce, C-369/07, EU:C:2009:428 ;
CJUE, 31 mars 2011, Commission/Grèce, C-407/09, EU:C:2011:196 ; CJUE, 17 nov.
2011, Commission/Italie, C-496/09, EU:C:2011:740). Enfin, dans son arrêt Commis-
sion/France de juillet 2005, la Cour de justice juge que les deux types de sanction pécu-
niaire qu’elle peut infliger en application de l’article 228 du Traité CE, à savoir l’astreinte
et la somme forfaitaire, peuvent, contrairement à la lettre de cette disposition, se
cumuler pour la même infraction et procède pour la première fois à un tel cumul
(CJCE, 12 juill. 2005, Commission/France, C-304/02, EU:C:2005:444). Pour inexécu-
tion de l’arrêt en manquement du 11 juin 1991 (nº C-64/88) dans lequel la Cour avait
constaté le non-respect de la réglementation de l’Union en matière de contrôle des acti-
vités de pêche, la France est ainsi le premier État de l’Union à être condamné au paie-
ment à la fois d’une somme forfaitaire de 20 000 000 € et d’une astreinte de
57 761 250 € pour chaque période de six mois de retard jusqu’à l’exécution de l’arrêt
de juin 1991.
C’est dans ce contexte que la Commission européenne avait adopté en décembre 2005
une communication relative à la mise en œuvre de l’article 228, § 2, du Traité CE (TFUE,
art. 260, § 2) se substituant aux communications de 1996 et 199739. Pour l’essentiel,
cette communication reprenait les éléments définis dans les deux communications anté-
rieures tout en tenant compte de la jurisprudence intervenue dans l’intervalle et détermi-
nait une nouvelle méthode de calcul des sanctions. Prenant acte de l’arrêt Commission/
Grèce de novembre 2018 (CJUE, 14 nov.2018, Commission/Grèce, C-93/17, EU:
C:2018:90340), la Commission a publié en février 2019 une nouvelle communication
qui vient modifier celle de 2005 en ce qui concerne la méthode de calcul des sommes
forfaitaires et des astreintes journalières qu’elle propose dans le cadre des procédures
d’infraction devant la Cour de justice de l’UE41.
En application de l’article 260, § 2, du Traité FUE, la Commission européenne, qui
dispose d’un pouvoir discrétionnaire en ce qui concerne la saisine de la Cour de justice,
peut proposer à la Haute juridiction d’infliger à un État membre le paiement d’une
somme forfaitaire (pour pénaliser l’existence de l’infraction elle-même) et/ou d’une
astreinte journalière (pour pénaliser la poursuite de l’infraction postérieurement à
l’arrêt en constatation de manquement de la Cour de justice). L’approche générale
adoptée par la Commission européenne pour calculer ces sanctions financières est
désormais bien établie. La gardienne des traités applique depuis toujours une méthode
de calcul prenant en compte tout à la fois la capacité de paiement de l’État membre et
son poids institutionnel. Cette approche est appliquée au moyen de ce qu’on appelle le
« facteur « n ». À cela s’ajoute trois critères fondamentaux, à savoir la gravité de

——
39. Communication de la Commission du 9 décembre 2005 – Mise en œuvre de l’article 228 du Traité
CE, SEC (2005) 1658.
40. Dans lequel la Cour de justice abandonne le critère du nombre des voix dont les États membres
disposent au Conseil lorsqu’il délibére à la majorité qualifiée pour évaluer et calculer le montant des
sanctions pécuniaires en cas d’inexécution d’un arrêt en constatation de manquement. Cet abandon
s’explique par le fait que ce mécanisme de pondération des voix ne s’applique plus au Conseil depuis
le 1er avril 2017.
41. Communication de la Commission du 20 février 2019 – Modification de la méthode de calcul des
sommes forfaitaires et des astreintes journalières qu’elle propose dans le cadre des procédures
d’infraction devant la Cour de justice de l’UE, JOUE C 70, 25 févr. 2019, p. 1.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 175

l’infraction, sa durée et la nécessité d’assurer l’effet dissuasif de la sanction elle-même


afin d’éviter les récidives, dont la Commission tient compte pour calculer le montant de
la sanction pécuniaire qu’elle préconise, sachant que la décision finale appartient à la
seule Cour de justice. Jusqu’en 2019, ce facteur « n », propre à chaque État membre,
était calculé sur la base de son PIB et du nombre de voix dont il disposait au Conseil
lorsque ce dernier délibérait à la majorité qualifiée. Toutefois, la Cour de justice a récem-
ment jugé que les anciennes modalités de la majorité qualifiée au Conseil ne pouvaient
plus être utilisées dans les modalités de calcul des sanctions financières prononcées à
l’encontre des États membres en application de l’article 260, § 2, du Traité FUE (CJUE,
14 nov. 2018, Commission/Grèce, C-93/17, EU:C:2018:903, points 138 à 142). Afin
d’éviter que la méthode de calcul de ces sanctions financières repose de façon prédomi-
nante sur le seul PIB des États membres et parce qu’elle entend conserver l’effet dissuasif
des sanctions ainsi que leur caractère proportionné, la Commission européenne calcule
désormais ce facteur « n » sur la base de deux éléments : le premier est économique et il
est fonction du PIB de chaque État membre ; le second est démographique et repose sur
le nombre de sièges attribué à chaque État membre au Parlement européen. La
Commission considère qu’il s’agit de la méthode de calcul la plus adéquate permettant
tout à la fois de refléter le poids institutionnel respectif de tous les États membres au sein
de l’UE et de maintenir un écart raisonnable entre chacun d’entre eux.
Le montant des astreintes journalières repose sur un forfait standard (fixé à 690 € par
jour x 4,542 = 3105 €) multiplié par un facteur « n » invariable et propre à chaque État
membre, fondé, d’une part sur le PIB de l’État membre en cause et, d’autre part sur le
nombre de sièges dont il dispose au Parlement européen. La formule qui en résulte
permet d’obtenir un facteur « n » compris entre 0,07 (Malte) et 4,60 (Allemagne) entre
les différents États membres (le facteur « n » français est de 3,40).
Le montant des sommes forfaitaires est fixé par la Commission européenne en deux
temps. Tout d’abord, lors de toute saisine de la Cour de justice au titre de l’article 260,
§ 2, du Traité FUE, la Commission propose au moins une somme forfaitaire fixe, déter-
minée pour chaque État membre en fonction du facteur « n ». Ce socle minimal inva-
riable reflète le principe selon lequel tout cas d’inexécution persistante d’un arrêt en
constatation de manquement de la Cour par un État membre représente, en soi, indé-
pendamment de toute circonstance aggravante, une atteinte au principe de légalité
dans une Union de droit. Cette somme forfaitaire minimale (ou socle minimal) varie
selon les États et s’échelonne entre 180 000 € (Malte) et 11 812 000 € (Allemagne) (la
somme forfaitaire minimale pour la France est de 8 731 000 €). La seconde étape est
mise en œuvre si la somme forfaitaire minimale est dépassée. Dans une telle hypothèse,
la Commission propose à la Cour de justice de déterminer la somme forfaitaire en multi-
pliant un forfait standard (fixé à 230 € par jour x 4,5 = 1035 €) par le nombre de jours de
persistance de l’infraction intervenus entre le jour du prononcé de l’arrêt en constatation
de manquement rendu en titre de l’article 260, § 1er, du Traité FUE et le jour de régulari-
sation de l’infraction ou, à défaut de régularisation, le jour du prononcé de l’arrêt « en
sanction de manquement » pris en vertu de l’article 260, § 2, du Traité FUE.

——
42. Il s’agit d’un facteur d’ajustement qui garantit que les montants proposés par la Commission demeu-
rent proportionnés, suffisamment dissuasifs et proches de ceux qui s’appliquaient jusqu’à présent.

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176 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

L’ensemble de ces montants sera révisé chaque année afin de prendre en compte
l’inflation.
Parmi les exemples les plus récents de sanctions pécuniaires prononcées au titre de
l’article 260, § 2, du Traité FUE, on peut notamment citer l’arrêt Commission/Grèce de
février 2018 (CJUE, 22 févr. 2018, Commission/Grèce, C-328/16, EU:C:2018:98)
dans lequel la Cour de justice condamne la Grèce à payer une astreinte semestrielle
dégressive de 3 276 000 € et une amende de 5 000 000 € pour inexécution de l’arrêt
en constatation de manquement du 24 juin 2004 (C-119/02) concernant l’application
incomplète en Grèce de la directive nº 91/271/CEE du Conseil relative au traitement
des eaux urbaines résiduaires. On peut également mentionner l’arrêt Commission/
Espagne de juillet 2018 (CJUE, 25 juill. 2018, Commission/Espagne, C-205/17, EU:
C:2018:606) dans lequel la Cour condamne l’Espagne à payer une somme forfaitaire
(amende) de 12 000 000 € et une astreinte semestrielle dégressive de 10 950 000 €
dans la mise en œuvre des mesures nécessaires pour se conformer à l’arrêt du 14 avril
2011, Commission/Espagne (C-343/10) concernant une fois de plus l’application
partielle en Espagne de la directive nº 91/271/CEE du Conseil relative au traitement des
eaux urbaines résiduaires.
Même si le droit de l’Union ne permet pas (encore) le recouvrement forcé des astreintes
et des amendes forfaitaires et qu’on ne peut en aucune manière assimiler ces astreintes
et amendes à des sanctions de caractère pénal puisqu’« infligée[s] pour peser sur un
comportement futur » (CJCE, 4 juill. 2000, Commission/Grèce, C-387/97, EU:
C:2000:356, point 41), il n’en demeure pas moins qu’on peut tirer un bilan plutôt
positif du mécanisme prévu à l’article 260, § 2, du Traité FUE. Il est en effet certain que
ce dispositif joue un rôle dissuasif indéniable et qu’il concourt assurément à des régula-
risations précipitées des États membres dès lors que la Commission européenne brandit
simplement la menace de faire usage de cette disposition à leur encontre.

2) La sanction en cas d’absence de communication des mesures nationales


de transposition d’une directive
Si le Traité de Lisbonne ne modifie que très sensiblement la procédure désormais prévue
à l’article 260, § 2, du Traité FUE43, ce dernier traité en date comprend en revanche une
innovation plus substantielle. En effet, l’article 260, § 3, du Traité FUE, tel qu’introduit
par le Traité de Lisbonne, dispose désormais : « Lorsque la Commission saisit la Cour
d’un recours en vertu de l’article 258, estimant que l’État membre concerné a manqué
à son obligation de communiquer des mesures de transposition d’une directive adoptée
conformément à une procédure législative, elle peut, lorsqu’elle le considère approprié,
indiquer le montant d’une somme forfaitaire ou d’une astreinte à payer par cet État,
qu’elle estime adapté aux circonstances. Si la Cour constate le manquement, elle peut
infliger à l’État membre concerné le paiement d’une somme forfaitaire ou d’une
astreinte dans la limite du montant indiqué par la Commission. L’obligation de paiement
prend effet à la date fixée par la Cour dans son arrêt. ». L’article 260, § 3, du Traité FUE
instaure ainsi un instrument complètement inédit permettant à la Commission euro-
péenne de proposer à la Cour de justice, dès son recours en manquement introduit au
titre de l’article 258, du Traité FUE, d’infliger une somme forfaitaire ou une astreinte

——
43. Voy. la note de bas de page nº 34, le présent ouvrage, p. 173.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 177

dans le même arrêt qui constate un manquement d’un État membre à son obligation de
communiquer des mesures de transposition d’une directive adoptée conformément à la
procédure législative. L’objectif de cette nouveauté est d’inciter plus fermement les États
membres à transposer les directives dans les délais fixés par le législateur et assurer ainsi
l’efficacité réelle de la législation de l’Union.
À la suite de cette innovation, la Commission a publié en janvier 2011 une communica-
tion à destination des États membres dans laquelle elle définit les modalités de mise en
œuvre de l’article 260, § 3, du Traité FUE44 et expose comment elle entend faire usage
de cette nouvelle disposition.
Tout d’abord, la Commission eurpoéenne rappelle que la détermination de la sanction
doit être guidée par l’objectif essentiel de cet instrument, à savoir assurer la transposi-
tion en temps voulu du droit de l’Union et prévenir la répétition de ce type d’infractions.
La Commission européenne estime que cette détermination doit se fonder sur trois
critères fondamentaux, à savoir la gravité de l’infraction, la durée de celle-ci et enfin la
nécessité d’assurer l’effet dissuasif de la sanction elle-même pour éviter les récidives.
Deuxièmement, les sanctions proposées à la Cour par la Commission doivent être prévi-
sibles pour les États membres et calculées selon une méthode qui respecte tout à la fois
le principe de proportionnalité et le principe d’égalité de traitement entre les États
membres. Il importe également de disposer d’une méthode claire et uniforme, puisque
la Commission devra justifier devant la Cour la détermination du montant proposé. Troi-
sièmement, du point de vue de l’efficacité de la sanction, il est important de fixer des
montants appropriés pour assurer son caractère dissuasif. L’infliction de sanctions pure-
ment symboliques ôterait à cet instrument tout effet utile et irait à l’encontre de
l’objectif d’assurer une transposition des directives dans les délais prescrits.
Puis, la Commission européenne précise les conditions d’engagement de la procédure
de l’article 260, § 3, du Traité FUE. Cette disposition conférant à la Commission un
large pouvoir discrétionnaire analogue à celui dont elle dispose dans le cadre de
l’article 258, du Traité FUE, cette institution entend recourir, par principe, à l’article 260,
§ 3, du Traité FUE dans toutes les affaires concernant les manquements visés par cette
disposition. La Commission considère en effet que l’importance de veiller à une transpo-
sition par les États membres dans les délais prescrits existe de manière égale pour toutes
les directives législatives, sans qu’il soit a priori nécessaire de faire une distinction entre
elles. Ainsi, la Commission fera usage de l’article 260, § 3, du Traité FUE tant dans
l’hypothèse de l’absence totale de communication des mesures nationales de transposi-
tion que dans celle d’une communication partielle de ces mêmes mesures. Conformé-
ment à la jurisprudence Commission/France de juillet 2005 (CJCE, 12 juill. 2005,
Commission/France, C-304/02, EU:C:2005:444), la Commission n’exclut pas la possibi-
lité de combiner les deux sanctions financières (astreinte et somme forfaitaire) si les
circonstances le justifient. Conformément à la logique inhérente aux deux types de sanc-
tions, la Commission, dans les affaires pendantes devant la Cour de justice où elle n’a
proposé qu’une astreinte, se désistera de son recours lorsque l’État membre procède à
la communication des mesures nationales de transposition requises pour mettre fin à
l’infraction. En revanche, dans les affaires pendantes dans lesquelles elle a également

——
44. Communication de la Commission du 12 janvier 2011 – Mise en œuvre de l’article 260, paragraphe 3,
TFUE, JOUE C 12, 15 janv. 2011, p. 1.

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178 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

proposé une somme forfaitaire, elle ne se désistera pas de la procédure, du seul fait de la
communication requise. Le montant de l’astreinte journalière et/ou de la somme forfai-
taire que la Commission propose en vertu de l’article 260, § 3, du Traité FUE est calculé
selon la même méthode établie par la Commission dans sa communication de 2019
pour les sanctions applicables en cas d’inexécution d’un arrêt en constatation de
manquement prévues à l’article 260, § 2, du Traité FUE45.
Enfin, et conformément à la lettre de l’article 260, § 3, du Traité FUE qui prévoit que
l’obligation de paiement de la sanction infligée « prend effet à la date fixée par la Cour
dans son arrêt », il appartient à la Cour de justice de fixer librement, comme date de
prise d’effet, soit le jour du prononcé soit un moment postérieur à celui-ci. Néanmoins,
la Commission européenne est d’avis qu’il serait plus approprié de fixer le jour du
prononcé de l’arrêt comme date à laquelle l’obligation de payer les sanctions infligées
prend effet. Il s’ensuit notamment que l’astreinte journalière devrait courir à compter
du jour du prononcé de l’arrêt.
S’il est encore un peu trop tôt pour tirer un véritable enseignement de la pratique de
l’article 260, § 3, du Traité FUE et de ses conséquences, il n’en demeure pas moins
qu’une telle disposition incite d’ores et déjà davantage les États membres à respecter
bien plus consciencieusement que par le passé les délais de transposition des directives
fixés par le législateur de l’Union (sur ce point voy., CJUE, Ord., 16 mars 2016,
Commission/Pologne, C-545/15, EU:C:2016:228 ; CJUE, Ord., 30 mars 2017,
Commission/Luxembourg, C-489/16, EU:C:2017:295).

——
45. Voy. le présent ouvrage, p. 174.

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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 179

Les principaux recours directs devant le juge de l’Union

Le recours
Le recours Le recours de la fonction
en responsabilité
en annulation publique européenne
contractuelle
TFUE, art. 263 et 264 TFUE, art. 270
TFUE, art. 272 & 340

Dans l’hypothèse d’un acte


pris par une institution, un Dans l’hypothèse d’un
organe ou un organisme Dans l’hypothèse d’un différend subvenant dans
de l’Union incompétent, litige l’exécution d’un contrat
adopté en violation des entre une institution, un de droit public ou de droit
formes substantielles ou organe privé doté d’une clause
en violation des traités ou un organisme de compromissoire et passé
ou de toute règle de droit l’Union par l’Union
relative à leur application et un de ses agents. ou pour son compte
ou encore entaché de avec un cocontractant.
détournement de pouvoir.

Dans l’hypothèse Dans l’hypothèse de


Dans l’hypothèse de d’un manquement d’un dommages causés par
l’inaction d’une institution, État membre les institutions, organes
d’un organe ou d’un à une des obligations que ou organismes de l’Union
organisme de l’Union. lui impose le droit ou par leurs agents
de l’Union. dans l’exercice de
leurs fonctions.

Le recours
Le recours
en constatation
Le recours en carence en responsabilité
de manquement
TFUE, art. 265 extracontractuelle
TFUE, art. 258, 259 et 260
TFUE, art. 268 et 340

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180 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux
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CHAPITRE 8 – Le contentieux direct 181

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Sur l’exception d’illégalité
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WOLF K., Le recours en carence dans le droit des Communautés européennes, Rev. Marché
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Sur les recours en responsabilité
CAPELLI F., MIGLIAZZA M., « Recours en indemnité et protection des intérêts individuels : Quels
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COUZINET J.-F., « La faute dans le régime de la responsabilité non contractuelle des Commu-
nautés européennes », RTD eur., nº 3/1986, p. 367.
DANIC O., « La fuyante responsabilité de la Communauté pour les dommages qu’elle cause :
retour sur les affaires FIAMM et Fedon », Rev. Marché commun UE, nº 535/2010, p. 128.
DUMON F., « La responsabilité extracontractuelle des Communautés européennes et de leurs
agents », CDE, nº 1/1969, p. 3.
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GROSSRIEDER TISSOT S., « La responsabilité de la Communauté européenne du fait de l’activité
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HUGLO J.-G., « Recours en indemnité », JCl. Europe Traité, fasc. 370 (2010), 371 (2010).
PERNICE I., « Le recours en indemnité », CDE, nº 5-6/1995, p. 641.
SCHOCKWEILER F., « Le régime de la responsabilité extra-contractuelle du fait d’actes juridiques
dans la Communauté européenne », RTD eur., nº 1/1990, p. 27.
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182 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

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Sur les référés
DAVID E., « Référé (Eur.) », Rép. eur. Dalloz (2013).PICOD F., « Référé devant la Cour de justice
de l’Union européenne », JCl. Europe Traité, fasc. 390 (2014).
MARKUS J.-P., « Sursis à exécution et intérêt général », AJDA, nº 4/1996, p. 251.
PASTOR B., VAN GINDERACHTER E., « La procédure en référé », RTD eur., nº 4/1989, p. 561.
Sur le recours en manquement
BARAV A., SIMON D., « La responsabilité de l’administration nationale en cas de violation du
droit communautaire », Rev. Marché commun, nº 305/1987, p. 165.
BLANC D., « Ombres et lumières portées sur la procédure du recours “en manquement sur
manquement” : la Commission entre le Tribunal et Cour de justice », RTD eur., nº 2/2015,
p. 285.
CAHIER P., « Les articles 169 et 171 du Traité instituant la Communauté économique européenne
à travers la pratique de la Commission et la jurisprudence de la Cour », CDE, nº 1/1974, p. 3.
CANDELA CASTILLO J., MONGIN B., « Les infractions au droit communautaire commises par les
États membres : quelques apports clés de la jurisprudence récente de la Cour de justice en
matière de manquement », Rev. Marché commun UE, nº 394/1996, p. 51.
CANDELA CASTILLLO J., MONGIN B., « La loi européenne désormais mieux protégée. Quelques
réflexions sur la première décision de la Commission demandant à la Cour de justice de
prononcer une sanction pécuniaire au sens de l’article 171 du Traité à l’encontre de certains
États membres pour violation du droit communautaire », Rev. Marché unique eur., nº 1/
1997, p. 9.
DE BELLESCIZE D., « L’article 169 du Traité de Rome et l’efficacité du contrôle communautaire
sur les manquements des États membres », RTD eur., nº 2/1977, p. 173.
DIETZ-HOCHLEITNER J., « Le Traité de Maastricht et l’inexécution des arrêts de la Cour de justice
par les États membres », Rev. Marché unique eur., nº 2/1994, p. 111.
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Communautés européennes dans les affaires en manquement d’États », Mél. Teitgen,
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MATERNE T., La procédure en manquement d’État. Guide à la lumière de la jurisprudence de la
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opérateurs lésés », Rev. Marché unique eur., nº 3/1995, p. 123.
MICHEL V., « Recours en constatation de manquement (Eur.) », Rép. eur. Dalloz (2019).
MOINE A., « L’imputation de la responsabilité engagée en cas de violation du droit de l’Union
par une collectivité territoriale », Rev. UE, nº 587/2015, p. 200.
MUNOZ R., « Comment pallier les manquements du recours en manquement ? », Europe,
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(2010) 381 (2011).
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Marché commun UE, nº 353/1991, p. 887.
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Lisbonne », CDE, nº 2-3/2015, p. 557.

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CHAPITRE 9
Le renvoi préjudiciel
TFUE, art. 267
« La Cour de justice de l’Union européenne est compétente pour statuer, à titre préjudiciel :
a) sur l’interprétation des traités ;
b) sur la validité et l’interprétation des actes pris par les institutions, organes ou organismes de
l’Union.
Lorsqu’une telle question est soulevée devant une juridiction d’un des États membres, cette
juridiction peut, si elle estime qu’une décision sur ce point est nécessaire pour rendre son juge-
ment, demander à la Cour de statuer sur cette question.
Lorsqu’une telle question est soulevée dans une affaire pendante devant une juridiction natio-
nale dont les décisions ne sont pas susceptibles d’un recours juridictionnel de droit interne,
cette juridiction est tenue de saisir la Cour.
Si une telle question est soulevée dans une affaire pendante devant une juridiction nationale
concernant une personne détenue, la Cour statue dans les plus brefs délais. »

L’application matérielle et concrète du droit de l’Union dans les États membres relève, en
règle générale, des autorités nationales. Selon la Cour de justice, l’obligation d’assurer le
plein effet du droit de l’Union dans l’ensemble des ordres juridiques internes s’impose
« à toutes les autorités des États membres, y compris, dans le cadre de leurs compé-
tences, aux autorités juridictionnelles » (CJCE, 10 avril 1984, Von Colson et Kamann,
14/83, EU:C:1984:153, point 26 ; CJCE, 18 déc. 1997, Inter-Environnement
Wallonie, C-129/96, EU:C:1997:628, point 40 ; CJUE, 19 janv. 2010, Kücükdeveci,
C-555/07, EU:C:2010:21, point 47 ; CJUE, 21 oct. 2010, Accardo e.a., C-227/09, EU:
C:2010:624, point 49). Ceci explique que les juridictions nationales sont les juridictions
de droit commun de l’Union puisqu’elles sont appelées à se prononcer « en première
ligne »1 sur les questions d’interprétation et d’application du droit de l’Union à des cas
individuels.
Le juge national étant, selon l’expression même du Tribunal, le « juge communautaire
de droit commun » (Tribunal, 10 juill. 1990, Tetra Pak/Commission, T-51/89, EU:
T:1990:41, point 42), les rédacteurs des traités de Rome ont instauré un mécanisme
permettant d’assurer l’uniformité non seulement de l’interprétation du droit de l’Union
mais également de l’appréciation de la validité des actes émanant des institutions,
organes et organismes de l’Union, permettant ainsi une application homogène et
analogue du droit de l’Union dans l’ensemble des États membres. En effet, comment
concevoir que le droit de l’Union appliqué par le juge français soit différent de celui
qu’utilise le juge croate lorsque la même norme de l’Union est soulevée dans un litige
national par un de leurs ressortissants ?
La procédure prévue à l’article 267, du Traité FUE vise donc à assurer une interprétation
et une application uniforme du droit de l’Union dans l’ensemble des ordres juridiques
des États membres grâce à une collaboration entre le juge de Luxembourg et le juge

——
1. Selon l’expression de Van Raepenbusch S., Droit institutionnel de l’Union européenne, préc., spéc.
p. 583.

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184 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

national. Lorsque ce dernier, juge de l’Union de droit commun, est confronté, dans un
litige qui lui est soumis et sur lequel il doit statuer, à un problème touchant à l’inter-
prétation d’une norme de l’Union ou à l’appréciation de la validité d’un acte de droit
dérivé, il peut (voire doit) surseoir à statuer et poser à la Cour de justice une ou plusieurs
questions – dénommées questions préjudicielles – concernant soit l’interprétation de la
norme de l’Union susceptible d’être appliquée au contentieux qui est soumise à son
jugement, soit encore l’appréciation de sa validité. Dès que la Haute juridiction s’est
prononcée sur l’interprétation de la norme ou sur l’appréciation de sa validité – cette
réponse prend la forme d’un arrêt dénommé arrêt préjudiciel en interprétation ou arrêt
préjudiciel en appréciation de validité –, la procédure juridictionnelle interne reprend et
le juge national peut alors trancher le litige au fond conformément aux réponses appor-
tées par la Cour de justice. L’intervention de la Cour de justice constitue donc un inci-
dent du litige principal.
Le renvoi préjudiciel est donc une procédure non contentieuse reposant « sur un
dialogue de juge à juge » (CJUE, 15 janv. 2013, Križan e.a., C-416/10, EU:C:2013:8,
point 66), « un instrument de coopération entre la Cour et les juridictions nationales »
(CJUE, 11 sept. 2014, Gruslin, C-88/13, EU:C:2014:2205, point 27) qui permet au
juge de Luxembourg d’assurer, conformément à l’article 19, § 1er, du Traité UE, « le
respect du droit dans l’interprétation et l’application des traités ».
Avant d’évoquer le jugement des questions préjudicielles par la Cour de justice
(Section 2), on examinera au préalable le renvoi préjudiciel par les juridictions nationales
(Section 1).

Section 1
Le renvoi préjudiciel par les juridictions
nationales

1• LA NOTION DE JURIDICTION NATIONALE


A - Le concept de « juridiction » au sens de l’article 267
du Traité FUE
Aux termes de l’article 267, alinéa 2, du Traité FUE, le renvoi préjudiciel ne peut être
formé que par une « juridiction d’un des États membres »2. Cette notion de

——
2. Cette formulation exclut les juridictions des pays tiers et les juridictions internationales telles que la
Cour européenne des droits de l’homme mais inclut en revanche les juridictions des États membres
ayant pour ressort un pays et territoire à statut spécifique (CJCE, 12 déc. 1990, Kaefer et Procacci,
C-100/89 et C-101/89, EU:C:1990:456, point 10 : à propos de la compétence de la Cour de justice
pour statuer, à titre préjudiciel, sur une question préjudicielle posée par le tribunal administratif
de Papeete en Polynésie française).

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 185

« juridiction » se devait d’être définie, en l’absence de précisions des traités, au niveau


de l’Union et non au niveau national. La Cour de justice considère en effet de façon
générale que « sauf renvoi, explicite ou implicite, au droit national, les notions juridiques
utilisées par le droit communautaire doivent être interprétées et appliquées de façon
uniforme dans l’ensemble de la Communauté » (CJCE, 1er févr. 1972, Hagen OGH,
49/71, EU:C:1972:6, point 6). Sean van Raepenbusch estime par ailleurs que : « Inter-
préter cette notion en fonction des droits nationaux non seulement mettrait en péril
l’objectif d’uniformité dans l’application et l’interprétation du droit de l’Union [que pour-
suit l’article 267, du Traité FUE], mais encore aurait pour effet de soustraire à l’inter-
prétation de la Cour des secteurs entiers de la vie économique et sociale dont le conten-
tieux est soumis à des autorités non considérées comme des juridictions par le droit
national »3.
Selon une jurisprudence constante de la Cour de justice élaborée à partir de 1966 (CJCE,
30 juin 1966, Vaassen-Göbbels, 61/65, EU:C:1966:39), la Cour apprécie si l’organisme
possède la qualité de « juridiction » au sens de l’article 267, du Traité FUE en tenant
compte « d’un ensemble d’éléments, tels l’origine légale de l’organe, sa permanence,
le caractère obligatoire de sa juridiction, la nature contradictoire de la procédure, l’appli-
cation, par l’organisme, des règles de droit ainsi que son indépendance » (pour des ex.
voy. not., CJCE, 17 sept. 1997, Dorsch Consult Ingenieurgesellschaft, C-54/96, EU:
C:1997:413, point 23 ; CJCE, 14 juin 2001, Salzmann, C-178/99, EU:C:2001:331,
point 13 ; CJUE, 31 janv. 2013, D. et A., C-175/11, EU:C:2013:45, point 83 ; CJUE,
12 juin 2014, Ascendi Beiras Litoral e Alta, Auto Estradas das Beiras Litoral e
Alta, C-377/13, EU:C:2014:1754, point 23).
Toutefois, les critères retenus par la Cour de justice ne sont pas pour autant absolus. Elle
a ainsi reconnu la qualité de juridiction au Conseil d’État néerlandais à une époque où
celui-ci ne disposait que d’une compétence consultative (CJCE, 27 nov. 1973, Neder-
landse Spoorwegen, 36/73, EU:C:1973:130), à une commission fédérale allemande
de surveillance en matière de passation de marchés publics (CJCE, 17 sept. 1997,
Dorsch Consult Ingenieurgesellschaft, C-54/96, EU:C:1997:413, point 38), à une
juridiction d’appel qui ne statue pas au terme d’une procédure contradictoire mais qui
exerce cependant une fonction juridictionnelle (CJCE, 15 janv. 2002, Lutz e.a., C-182/
00, EU:C:2002:19, point 13 ; CJCE, 16 déc. 2008, Cartesio, C-210/06, EU:C:2008:723,
point 56), à une organisation professionnelle néerlandaise (la commission de recours
pour la médecine générale) exerçant une fonction juridictionnelle (CJCE, 6 oct. 1981,
Broekmeulen, 246/80, EU:C:1981:218, point 17) ou encore, plus récemment, à un
organe administratif collégial spécialisé compétent pour traiter des recours en matière
de marchés publics (CJUE, 6 oct. 2015, Consorci Sanitari del Maresme, C-203/14,
EU:C:2015:664, point 27).
En revanche, la Cour de justice ne reconnaît pas la qualité de « juridiction » notamment
à une commission consultative chargée d’émettre des avis dans le cadre d’une procé-
dure administrative et non de trancher des litiges, aux instances arbitrales de droit

——
3. Van Raepenbusch S., Droit institutionnel de l’Union européenne, préc., spéc. p. 594.

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186 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

privé4, à une commission nationale des recours en matière de télécommunications pour


défaut d’indépendance quant à la nomination/révocation de ses membres, aux conseils
professionnels lorsqu’ils ne sont pas appelés à statuer en matière disciplinaire, aux
organes de sanction des autorités administratives indépendantes présentant un lien
fonctionnel avec leurs organes administratifs de contrôle ainsi qu’aux juridictions qui, à
certains stades d’une procédure nationale, interviennent en qualité d’autorité adminis-
trative et non d’organe destiné à rendre une décision de caractère juridictionnel (pour
des ex. récents voy., CJUE, 19 déc. 2012, Epitropos tou Elegktikou Synedriou, C-
363/11, EU:C:2012:825, point 33 ; CJUE, 31 janv. 2013, Belov, C-394/11, EU:
C:2013:48, point 51 ; CJUE, 9 oct. 2014, TDC, C-222/13, EU:C:2014:2265, point 38 ;
CJUE, 16 févr. 2017, Margarit Panicello, C-503/15, EU:C:2017:126, point 43). Elle
considère en effet qu’elle ne peut être saisie à titre préjudiciel « que par une juridiction
appelée à statuer dans le cadre d’une procédure destinée à aboutir à une décision de
caractère juridictionnel » (à titre d’ex. voy. not., CJCE, Ord., 18 juin 1980, Borker,
138/80, EU:C:1980:162, point 4 ; CJCE, Ord., 5 mars 1986, Greis Unterweger, 318/
85, EU:C:1986:106, point 4 ; CJCE, 19 oct. 1995, Job Centre, C-111/94, EU:
C:1995:340, point 9 ; CJCE, 12 nov. 1998, Victoria Film, C-134/97, EU:C:1998:535,
point 14). C’est également pour cette raison que la Cour de justice a jugé qu’elle ne
peut être saisie d’une question préjudicielle par le Ministère public (CJCE, 12 déc.
1996, X., C-74/95 et C-129/95, EU:C:1996:491, point 20).
Enfin, il convient de signaler que le droit de saisir la Cour de justice d’une question préju-
dicielle appartient à n’importe quelle juridiction nationale, qu’elle soit civile, commer-
ciale, administrative, fiscale, sociale, pénale (CJCE, 21 mars 1972, SAIL, 82/71, EU:
C:1972:20, point 5) voire même constitutionnelle (voy. en ce sens la première saisine
de la Cour de justice par le Conseil constitutionnel français d’une question préjudicielle
relative au mandat d’arrêt européen, Cons. const., 4 avril 2013, nº 2013-314P QPC,
Jérémy F., FR:CC:2013:2013.314P.QPC ; CJUE, 30 mai 2013, F., C-168/13 PPU, EU:
C:2013:358. Compte tenu de l’objet de cette question relative à la procédure pénale,
de la situation du requérant, qui est détenu, et du délai dans lequel le Conseil constitu-
tionnel doit statuer sur cette QPC, il avait demandé à la Haute juridiction de statuer selon
la procédure préjudicielle d’urgence5. Voy. égal. le premier arrêt préjudiciel rendu par la
Cour de justice sur saisine de la Cour constitutionnelle allemande relatif aux prérogatives
de la Banque centrale européenne, CJUE, 16 juin 2015, Gauweiler e.a., C-62/14, EU:
C:2015:400). Par ailleurs, le juge des référés est également une juridiction au sens de
l’article 267, du Traité FUE puisque la Cour juge « que le caractère sommaire et urgent
d’une procédure nationale n’empêche pas que la Cour se considère valablement saisie
[...] chaque fois qu’une juridiction nationale estime nécessaire d’en faire usage » (CJCE,
24 mai 1977, Hoffmann-La Roche, 107/76, EU:C:1977:89, point 4).

——
4. Si les arbitres sont dans l’impossibilité de poser des questions préjudicielles à la Cour de justice en
raison notamment du fait que les parties n’ont aucune obligation de confier leur litige à des arbitres
et alors même qu’ils excercent en pratique une fonction similaire à celle des juges, il en est tout autre-
ment pour le juge national qui peut être amené à prêter son concours aux arbitres ou encore à
contrôler les sentences que ces derniers prononcent. Ainsi, la Cour de justice a jugé qu’un juge
national se devait d’annuler une sentence arbitrale contraire au droit de l’Union (sur ce point voy.,
CJCE, 1er juin 1999, Eco Swiss, C-126/97, EU:C:1999:269).
5. Voy. le présent ouvrage, p. 196.

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 187

B - Les deux catégories de juridictions visées par


l’article 267 du Traité FUE
L’article 267, du Traité FUE établit, au moins en théorie, une distinction fondamentale
entre deux catégories de juridictions : celles « dont les décisions ne sont pas susceptibles
d’un recours juridictionnel de droit interne » (TFUE, art. 267, al. 3) et celles dont les déci-
sions sont susceptibles d’un tel recours (TFUE, art. 267, al. 2). Les premières ont l’obliga-
tion de saisir la Cour de justice et les secondes en ont la faculté (pour un rappel voy.,
CJUE, 18 juill. 2013, Consiglio nazionale dei geologi et Autorità garante della
concorrenza e del mercato, C-136/12, EU:C:2013:489, point 25). La Cour de justice
a jugé d’ailleurs qu’« une règle de procédure nationale ne saurait remettre en cause la
faculté qu’ont les juridictions nationales ne statuant pas en dernier instance de saisir la
Cour d’une demande de décision préjudicielle lorsqu’elles ont des doutes [...] sur l’inter-
prétation du droit de l’Union » (pour une illustration voy., CJUE, 5 oct. 2010, Elchinov,
C-173/09, EU:C:2010:581, point 25 ; CJUE, 20 oct. 2011, Interedil, C-396/09, EU:
C:2011:671, point 39 ; CJUE, 15 janv. 2013, Križan e.a., C-416/10, EU:C:2013:8,
point 67). L’obligation qui pèse sur les juridictions qui statuent en dernier ressort
s’explique, selon Joël Rideau et Fabrice Picod, « par la volonté des rédacteurs du traité
de Rome d’empêcher que puisse se consolider une jurisprudence nationale comportant
des erreurs d’interprétation ou une mauvaise application du droit communautaire et que
se développent des divergences d’interprétation »6 entre les juridictions suprêmes des
États membres. La Cour de justice a d’ailleurs jugé dernièrement qu’en application de
l’article 267, alinéa 3, du Traité FUE, une juridiction nationale dont les décisions ne sont
pas susceptibles d’un recours juridictionnel est tenue, en principe, de procéder au renvoi
préjudiciel d’une question d’interprétation du droit de l’Union même si, dans le cadre de
la même procédure nationale, la Cour constitutionnelle de l’État membre concerné a
apprécié la constitutionnalité des règles nationales au regard des normes de référence
d’un contenu analogue à celles du droit de l’Union (CJUE, 20 déc. 2017, Global
Starnet, C-322/16, EU:C:2017:985, point 26).

1) L’exception à l’obligation de renvoi des juridictions supérieures :


la théorie de l’acte clair
Cette théorie trouve son fondement dans les résistances de certaines juridictions natio-
nales supérieures, et notamment le Conseil d’État français, qui répugnaient à admettre
l’obligation de saisine de la Cour de justice. Selon ces juridictions, il n’y avait pas lieu à
renvoi lorsque la disposition de droit communautaire en cause a un sens évident (voy.
not., CE, ass., 19 juin 1964, Req. nº 47007-47 008 e.a., Société des Pétroles Shell-
Berre e.a. : Rec. Lebon, p. 344). La Cour de justice a fait sienne cette théorie de l’acte
clair dans son arrêt CILFIT d’octobre 1982 en s’écartant de la thèse soutenue par les
partisans du renvoi automatique tout en l’encerclant dans des limites très strictes. Elle
précise en effet dans cet arrêt fondamental (CJCE, 6 oct. 1982, CILFIT, 283/81, EU:
C:1982:335) :

——
6. Rideau J., Picod F., Code des procédures juridictionnelles de l’Union européenne, 2002, Paris, Litec,
spéc. p. 304.

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188 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

« 10. [...], il découle du rapport entre les alinéas 2 et 3 de l’article 177 [TFUE, art. 267]
que les juridictions visées par l’alinéa 3 jouissent du même pouvoir d’appréciation que
toutes les autres juridictions nationales en ce qui concerne le point de savoir si une déci-
sion sur un point de droit communautaire est nécessaire pour leur permettre de rendre
leur décision. Ces juridictions ne sont, dès lors, pas tenues de renvoyer une question
d’interprétation de droit communautaire soulevée devant elles si la question n’est pas
pertinente, c’est-à-dire dans le cas où la réponse à cette question, quelle qu’elle soit,
ne pourrait avoir aucune influence sur la solution du litige.
11. Par contre, si elles constatent que le recours au droit communautaire est nécessaire
en vue d’aboutir à la solution d’un litige dont elles se trouvent saisies, l’article 177 [TFUE,
art. 267] leur impose l’obligation de saisir la Cour de justice de toute question d’inter-
prétation qui se pose.
[...]
13. [...] que si l’article 177, dernier alinéa, [TFUE, art. 267, al. 3] obligent sans aucune
restriction les juridictions nationales dont les décisions ne sont pas susceptibles d’un
recours juridictionnel de droit interne à soumettre à la cour toute question d’inter-
prétation soulevée devant elles, l’autorité de l’interprétation donnée par celle-ci en
vertu de l’article 177 [TFUE, art. 267] peut cependant priver cette obligation de sa
cause et la vider ainsi de son contenu ; qu’il en est notamment ainsi quand la question
soulevée est matériellement identique à une question ayant déjà fait l’objet d’une déci-
sion à titre préjudiciel dans une espèce analogue7.
14. Le même effet, en ce qui concerne les limites de l’obligation formulée par
l’article 177 [TFUE, art. 267], alinéa 3, peut résulter d’une jurisprudence établie de la
Cour résolvant le point de droit en cause, quelle que soit la nature des procédures qui
ont donné lieu à cette jurisprudence, même à défaut d’une stricte identité des questions
en litige.
15. Il reste cependant entendu que, dans toutes ces hypothèses, les juridictions natio-
nales, y compris celles visées à l’article 3 de l’article 177 [TFUE, art. 267], conservent
l’entière liberté de saisir la Cour si elles l’estiment opportun.
16. Enfin, l’application correcte du droit communautaire peut s’imposer avec une
évidence telle qu’elle ne laisse place à aucun doute raisonnable sur la manière de
résoudre la question posée. Avant de conclure à l’existence d’une telle situation, la juri-
diction nationale doit être convaincue que la même évidence s’imposerait également
aux juridictions des autres États membres et à la Cour de justice. Ce n’est que si ces
conditions sont remplies que la juridiction nationale pourra s’abstenir de soumettre
cette question à la Cour et la résoudre sous sa propre responsabilité. [...] ».
Par conséquent, et sous réserve des exceptions résultant de la jurisprudence CILFIT
d’octobre 1982, une juridiction statuant en dernier ressort a l’obligation de saisir la
Cour de justice d’une question préjudicielle dans toutes les hypothèses où elle l’estime
utile et aucune règle nationale de nature législative ou jurisprudentielle ne saurait l’en
empêcher (CJUE, 22 juin 2010, Melki et Abdeli, C-188/10, EU:C:2010:363, point
53 ; CJUE, 5 avril 2016, PFE, C-689/13, EU:C:2016:199, point 34). La Cour de justice
a clarifié à travers sa jurisprudence cette notion de « juridiction statuant en dernier

——
7. Solution déjà retenue par la Cour de justice voy., CJCE, 27 mars 1963, Da Costa en Schaake e.a.,
28/62 à 30/62, EU:C:1963:6.

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 189

ressort ». Ainsi que la Haute juridiction l’a souligné à plusieurs reprises, une juridiction
statuant en dernier ressort constitue « par définition la dernière instance devant laquelle
les particuliers peuvent faire valoir les droits que le droit de l’Union leur reconnaît. Les
juridictions statuant en dernier ressort sont chargées d’assurer à l’échelle nationale
l’interprétation uniforme des règles de droit » (en ce sens voy., CJCE, 30 sept. 2003,
Köbler, C-224/01, EU:C:2003:513, point 34 ; CJCE, 13 juin 2006, Traghetti del
Mediterraneo, C-173/03, EU:C:2006:391, point 31 ; CJUE, 15 mars 2017, Aquino,
C-3/16, EU:C:2017:209, point 34). La Cour de justice a par ailleurs précisé « qu’il appar-
tient aux seules juridictions nationales dont les décisions ne sont pas susceptibles d’un
recours juridictionnel de droit interne d’apprécier, sous leur propre responsabilité et de
manière indépendante, si elles sont en présence d’un acte clair » dont la Cour de Luxem-
bourg déduit « qu’une juridiction nationale dont les décisions ne sont pas susceptibles
de recours juridictionnel de droit interne [...] n’est pas tenue de saisir la Cour au seul
motif qu’une juridiction nationale de rang inférieur a, dans une affaire semblable à
celle dont elle est saisie et portant sur exactement la même problématique, posé une
question préjudicielle à la Cour ni d’attendre la réponse apportée à cette question »
(CJUE, 9 sept. 2015, X., C-72/14 et C-197/14, EU:C:2015:564, points 59 et 63).

2) La relativité de la faculté de renvoi des juridictions inférieures :


l’incompétence du juge national pour constater l’invalidité d’un acte
émanant des institutions, organes et organismes de l’Union
Si les juridictions nationales d’instance n’ont pas l’obligation de saisir la Cour de justice
de questions d’interprétation (et peuvent donc de ce fait être appelées à interpréter
elles-mêmes le droit de l’Union), la Cour de justice va cependant poser un principe
dans son arrêt Foto-Frost d’octobre 1987 selon lequel elles ne peuvent invalider des
actes de l’Union (CJCE, 22 oct. 1987, Foto-Frost, 314/85, EU:C:1987:452) :« [...] 13.
En donnant aux juridictions nationales dont les décisions sont susceptibles d’un recours
juridictionnel de droit interne la faculté de poser à la Cour des questions préjudicielles en
interprétation ou en appréciation de validité, l’article 117 [TFUE, art. 267] n’a pas
tranché la question du pouvoir de ces juridictions de constater elles-mêmes l’invalidité
des actes des institutions communautaires.
14. Ces juridictions peuvent examiner la validité d’un acte communautaire et, si elles
n’estiment pas fondés les moyens d’invalidité que les parties invoquent devant elles,
rejeter ces moyens en concluant que l’acte est pleinement valide. En effet, en agissant
de la sorte, elles ne mettent pas en cause l’existence de l’acte communautaire.
15. En revanche, elles n’ont pas le pouvoir de déclarer invalides les actes des institutions
communautaires. [...] Les compétences reconnues à la Cour par l’article 177 [TFUE,
art. 267] ont essentiellement pour objet d’assurer une application uniforme du droit
communautaire par les juridictions nationales. Cette exigence d’uniformité est particu-
lièrement impérieuse lorsque la validité d’un acte communautaire est en cause. Des
divergences entre les juridictions des États membres quant à la validité des actes
communautaires seraient susceptibles de compromettre l’unité même de l’ordre juri-
dique communautaire et de porter atteinte à l’exigence fondamentale de la sécurité juri-
dique.[...]
17. L’article 173 [TFUE, art. 263] attribuant compétence exclusive à la Cour pour annuler
un acte d’une institution communautaire, la cohérence du système exige que le pouvoir

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190 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

de constater l’invalidité du même acte, si elle est soulevée devant une juridiction natio-
nale, soit également réservé à la Cour. [...]. »
La jurisprudence dégagée par la Cour à l’occasion de cet arrêt implique donc que le juge
national, quel qu’il soit, qui doute de la validité d’un acte émanant d’une institution,
d’un organe ou d’un organisme de l’Union doit opérer un renvoi préjudiciel. La Cour
de justice a rappelé dans son arrêt Gaston Schul Douane-expediteur de décembre 2005
que la règle, dégagée dans son arrêt Foto-Frost, selon laquelle les juridictions nationales
ne sont pas compétentes pour constater, elles-mêmes, l’invalidité des actes émanant des
institutions de l’Union ne peut faire l’objet d’aucun aménagement (CJCE, 6 déc. 2005,
Gaston Schul Douane-expediteur, C-461/03, EU:C:2005:742).

2• L’OBJET DU RENVOI PRÉJUDICIEL


Conformément à l’article 267, alinéa 1er, du Traité FUE, le renvoi préjudiciel ne peut porter
que sur l’interprétation des traités ou des actes pris par les institutions, organes ou orga-
nismes de l’Union ou encore sur l’appréciation de la validité de ces mêmes actes. La
compétence de la Cour de justice est donc limitée à l’examen des seules dispositions du
droit de l’Union (CJCE, 21 déc. 1995, Max Mara, C-307/95, EU:C:1995:465, point 5).
En application d’une jurisprudence constante, cette juridiction n’est donc pas habilitée à
interpréter le droit interne d’un État membre (voy. not., CJUE, 17 mars 2011, Naftiliaki
Etaireia Thasou et Amaltheia I Naftiki Etaireia, C-128/10 et C-129/10, EU:
C:2011:163, point 40), à juger si la juridiction de renvoi fait une interprétation correcte
de ses propres dispositions nationales (voy. not., CJUE, 13 déc. 2013, Caves Krier
Frères, C-379/11, EU:C:2012:798, point 36) ou encore à se prononcer sur la compatiblité
d’une disposition nationale avec les dispositions du droit de l’Union (voy. not., CJUE,
15 mai 2014, Almos Agrárkülkereskedelmi, C-337/13, EU:C:2014:328, point 18).

A - L’interprétation des traités


L’interprétation peut porter non seulement sur les dispositions des traités eux-mêmes, y
compris l’article 267, du Traité FUE (CJCE, 6 oct. 1982, CILFIT e.a., 283/81, EU:
C:1982:335), mais aussi sur leurs annexes et protocoles ainsi que sur les traités portant
modification des traités constitutifs et les traités d’adhésion (CJCE, 15 janv. 1986, Hurd,
44/84, EU:C:1986:2).

B - L’interprétation des actes pris par les institutions,


organes et organismes de l’Union
Les institutions visées par l’article 267, du Traité FUE sont celles énumérées à l’article 13,
§ 1er, du Traité UE, à savoir le Parlement européen, le Conseil européen, le Conseil, la
Commission européenne, la Cour des comptes européenne, la Banque centrale

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 191

européenne et la Cour de justice de l’UE8. Pour l’essentiel, les questions préjudicielles en


interprétation portent sur les actes législatifs ainsi que sur ceux du Conseil ou de la
Commission.
La compétence préjudicielle du juge de l’Union s’étend à l’ensemble des actes pris par
ces institutions « sans aucune exception » (CJCE, 13 déc. 1989, Grimaldi, C-322/88,
EU:C:1989:646, point 8). La Cour de justice peut donc se prononcer à titre préjudiciel
sur tous les actes émanant des institutions, qu’ils soient ou non d’effet direct, qu’ils
soient ou non prévus dans la nomenclature de l’article 288, du Traité FUE (voy., CJCE,
24 oct. 1973, Schlüter, 9/73, EU:C:1973:110 : à propos d’une demande de décision
préjudicielle portant sur l’interprétation d’une résolution du Conseil). Par ailleurs, la
Cour de justice considère que la notion d’« actes pris par les institutions » couvre égale-
ment les accords externes (CJCE, 30 avril 1974, Haegeman, 181/73, EU:C:1974:41), y
compris s’il s’agit d’accords mixtes (c’est-à-dire ceux conclus par l’Union et les États
membres avec des pays tiers) (CJCE, 5 févr. 1976, Bresciani, 87/75, EU:C:1976:18).
Toutefois, l’interprétation ne peut porter dans cette seconde hypothèse que sur les
dispositions de l’accord qui relèvent de la compétence de l’Union. Le juge de Luxem-
bourg se reconnaît également compétent pour interpréter les accords externes conclus
par les seuls États membres (voy., CJCE, 12 déc. 1972, International Fruit Company e.
a., 21/72 à 24/72, EU:C:1972:115 : à propos de l’Accord GATT). En revanche, la Cour se
déclare incompétente pour interpréter les accords conclus entre les États membres en
dehors du cadre de l’Union (CJCE, 27 nov. 1973, Vandeweghe e.a., 130/73, EU:
C:1973:131). Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la Cour de justice est
désormais compétente pour interpréter également les actes adoptés par les organes et
les organismes de l’Union.
Enfin, le juge de l’Union est également compétent pour interpréter des actes qui, certes
ont été adoptés par des organes ne pouvant être qualifiés « d’institutions, d’organes ou
d’organismes de l’Union », mais qui présentent néanmoins la nature de mesures de mise
en œuvre ou d’application d’un acte de droit de l’Union (en ce sens voy., CJCE, 20 sept.
1990, Sevince, C‑192/89, EU:C:1990:322, point 10 : dans lequel la Cour juge qu’elle
est compétente pour se prononcer à titre préjudiciel sur l’interprétation des décisions
prises par le conseil d’association CEE-Turquie ; CJCE, 21 janv. 1993, Deutsche Shell,
C-188/91, EU:C:1993:24, point 17 : dans lequel la Cour juge qu’elle est compétente
pour se prononcer à titre préjudiciel sur l’interprétation des arrangements arrêtés par la
commission mixte instituée par la convention relative à un régime de transit commun
CEE/Pays AELE ; CJUE, 27 oct. 2016, James Elliott Construction, C-613/14, EU:
C:2016:821, point 47 : dans lequel la Cour juge qu’elle est compétente pour se
prononcer à titre préjudiciel sur l’interprétation d’une norme technique européenne
élaborée en référence à une directive du Conseil). Selon la Cour de justice, « une telle
solution est justifiée par l’objet même de l’article 267, du Traité FUE, qui a pour fonction
d’assurer l’application uniforme, dans l’Union, de toutes les dispositions qui font partie
de l’ordre juridique de l’Union, en vue d’éviter que leurs effets ne varient selon l’inter-
prétation qui leur est donnée dans les différents États membres » (CJCE, 20 sept.
1990, Sevince, C-192/89, EU:C:1990:322, point 11).

——
8. La Cour de justice considère que ses propres arrêts peuvent faire l’objet d’une interprétation préjudi-
cielle. Pour une illustration voy., CJCE, 16 mars 1978, Bosch, 135/77, EU:C:1978:75, point 1.

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192 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

C - L’appréciation de la validité des actes pris par


les institutions, organes et organismes de l’Union
L’appréciation de la validité des actes de l’Union permet à la Cour de justice d’opérer un
contrôle de la légalité externe et interne des actes adoptés par les institutions, organes
ou organismes de l’Union. Le contrôle exercé par le juge de Luxembourg dans le cadre
du renvoi préjudiciel en appréciation de validité peut donc être assimilé à celui qu’il
exerce dans le cadre du recours en annulation. Joël Rideau observe à juste titre que
« les limitations qui frappent les particuliers dans le cadre du recours en annulation
peuvent ainsi être compensées, sous réserve de l’impossibilité de remettre en cause des
actes qui auraient pu être attaqués par la voie du recours en annulation »9. Hormis les
arrêts rendus par les juridictions de l’Union, tous les autres actes émanant des institu-
tions et, par extension, des organes et organismes de l’Union, peuvent faire l’objet
d’un renvoi préjudiciel en appréciation de validité (CJCE, Ord., 5 mars 1986,
Wünsche, 69/85, EU:C:1986:104, point 16).

3• L’ÉTENDUE DE LA LIBERTÉ DU JUGE NATIONAL DANS


L’UTILISATION DU RENVOI PRÉJUDICIEL

Le mécanisme de coopération instauré par l’article 267, du Traité FUE offre une grande
latitude au juge national qui est finalement maître du renvoi préjudiciel même si la Cour
de justice a posé certaines limites à cette liberté.
Le juge national est seul compétent pour décider d’un renvoi préjudiciel. La Cour estime
en effet qu’« il appartient à la juridiction nationale, en vertu de la séparation de compé-
tences sur laquelle est basé l’article 177 [TFUE, art. 267] du traité, d’apprécier dans
quelle mesure l’interprétation du droit communautaire lui est nécessaire pour son juge-
ment » (CJCE, 13 mars 1979, Peureux, 86/78, EU:C:1979:64, point 6). De fait, les
parties au litige ne peuvent pas adresser directement à la Cour de justice une telle
demande, ni en changer la teneur (sur ce point voy. not., CJUE, 21 déc. 2011, Danske
Svineproducenter, C-316/10, EU:C:2011:86, point 32), ni même obliger le juge
national à suspendre la procédure et à procéder à un renvoi préjudiciel. Le juge national
peut saisir la Cour d’office (CJCE, 6 oct. 1982, CILFIT e.a., 283/81, EU:C:1982:335,
point 9 ; CJUE, 15 janv. 2013, Križan e.a., C-416/10, EU:C:2013:8, point 65) ou à la
demande des parties qui ne peuvent toutefois pas l’y contraindre.
Le juge national peut décider de recourir au mécanisme du renvoi préjudiciel à tous les
stades de la procédure contentieuse nationale. La Cour estime en effet que « le choix,
par le juge national, du moment où il introduit un recours en vertu de l’article 177
[TFUE, art. 267] obéit à des considérations d’économie et d’utilité procédurales dont
l’appréciation appartient à ce juge » (CJCE, 10 mars 1981, Irish Creamery Milk
Suppliers Association e.a., 36/80 et 71/80, EU:C:1981:62, point 8). Il appartient
également au juge national de déterminer le contenu, les termes et l’ordre des questions

——
9. Rideau J., Droit institutionnel de l’Union européenne, préc., spéc. point 665.

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 193

à poser à la Cour de justice. En résumé, il ressort de la jurisprudence de la Cour « qu’il


appartient aux seules juridictions nationales, qui sont saisies du litige et doivent assumer
la responsabilité de la décision juridictionnelle à intervenir, d’apprécier, au regard des
particularités de chaque affaire, tant la nécessité d’une décision préjudicielle pour être
en mesure de rendre leur jugement que la pertinence des questions qu’elles posent à
la Cour » (CJCE, 15 juin 1995, Zabala Erasun e.a., C-422/93, C-423/93 et C-424/93,
EU:C:1995:183, point 14 ; CJUE, 9 déc. 2010, Fluxys, C-241/09, EU:C:2010:753,
point 28). La Cour de justice a jugé qu’une telle opportunité appartient également aux
juridictions de renvoi dont les décisions ne sont pas susceptibles d’un recours juridic-
tionnel de droit interne et que toute disposition nationale qui aurait pour effet de
porter atteinte à cette faculté de déterminer et de formuler librement les questions
préjudicielles portant sur l’interprétation du droit de l’Union qu’elles jugent pertinentes
pour la solution des litiges dont elles sont saisies doit être laissée inappliquée (CJUE,
18 juill. 2013, Consiglio nazionale dei geologi et Autorità garante della concor-
renza e del mercato, C-136/12, EU:C:2013:489, point 36 ; CJUE, 15 mars 2017,
Aquino, C-3/16, EU:C:2017:209, point 43). De fait, ni un arrêt rendu par une Cour
constitutionnelle ni une règle interne imposant au juge de renvoi de se conformer à la
position juridique exprimée par cette dernière ne sauraient empêcher un juge national,
quel qu’il soit, de saisir la Cour de justice d’une question préjudicielle et d’écarter, le cas
échéant, la solution que le droit interne lui commande d’adopter (CJUE, 15 janv. 2013,
Križan e.a., C-416/10, EU:C:2013:8, point 73).
Cependant, la Cour de justice impose certaines obligations au juge national de renvoi.
Ce dernier doit définir le cadre juridique de l’affaire (CJCE, 12 juill. 1979, Union laitière
normande e.a., 244/78, EU:C:1979:198, point 5). Il est désormais de jurisprudence
constante que « la nécessité de parvenir à une interprétation du droit de l’Union qui
soit utile pour le juge national exige que celui-ci définisse le cadre factuel et réglemen-
taire dans lequel s’insèrent les questions qu’il pose ou que, à tout le moins, il explique les
hypothèses factuelles sur lesquelles ses questions sont fondées » (CJCE, 21 sept. 2000,
Association basco-béarnaise des opticiens indépendants, C-109/99, EU:
C:2000:483, point 42 ; CJUE, 4 juill. 2012, Ettaghi, C-73/12, EU:C:2012:410,
point 5 ; CJUE, 4 juill. 2012, Tam, C-74/12, EU:C:2012:411, point 5). La Cour consi-
dère que cette présentation succincte du cadre factuel et réglementaire du litige au prin-
cipal, que le juge national de renvoi définit sous sa responsabilité et dont il n’appartient
pas à la Cour de vérifier l’exactitude, est indispensable « car les informations fournies
dans les décisions de renvoi servent non seulement à permettre à la Cour de fournir
des réponses utiles, mais également à donner aux gouvernements des États membres
ainsi qu’aux autres intéressés la possibilité de présenter des observations » (CJCE, Ord.,
28 juin 2000, Laguillaumie, C-116/00, EU:C:2000:350, point 14 ; CJUE, 9 déc. 2010,
Fluxys, C-241/09, EU:C:2010:753, point 30). Le juge national doit également indiquer
les raisons précises qui le conduisent à s’interroger sur l’interprétation du droit de
l’Union ou sur l’appréciation de sa validité et à poser des questions préjudicielles. Il doit
donner, en outre, « un minimum d’explications sur les raisons du choix des dispositions
communautaires dont il demande l’interprétation et sur le lien qu’il établit entre ces
dispositions et la législation nationale applicable au litige » (CJCE, Ord., 28 juin 2000,
Laguillaumie, C-116/00, EU:C:2000:350, point 9). La Cour de justice pourra déclarer
manifestement irrecevables les questions préjudicielles qui ne respectent pas ces
différentes conditions.

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194 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Section 2
Le jugement des questions préjudicielles par
la Cour de justice

1• LES PROCÉDURES PRÉJUDICIELLES


Le renvoi préjudiciel s’organise autour de trois procédures selon la nature des questions
préjudicielles posées par les juridictions nationales. En effet, parallèlement à la procé-
dure courante prévue à l’article 23 du Statut, l’article 23 bis du Statut, introduit par une
décision du Conseil de décembre 200710, institue également une procédure accélérée et
une procédure d’urgence des renvois préjudiciels.

A - La procédure préjudicielle standard


Lorsqu’un juge national estime qu’il convient de recourir au mécanisme de l’article 267,
du Traité FUE pour régler le différend qui lui est soumis par les requérants, il sursoit à
statuer et pose une ou plusieurs questions préjudicielles en interprétation du droit de
l’Union et/ou en appréciation de validité d’actes émanant des institutions, organes ou
organismes de l’Union.
La demande préjudicielle est alors enregistrée au greffe de la Cour de justice et notifiée,
par les soins du greffier de la Cour, aux parties au litige en cause, aux États membres, à
la Commission européenne ainsi qu’à l’institution, l’organe ou l’organisme de l’Union
qui a adopté l’acte dont la validité est contestée ou dont l’interprération est demandée.
Les destinataires de la notification disposent d’un délai de deux mois pour déposer
devant la Cour des mémoires et des observations écrites (Statut, art. 23).
Conformément à l’article 99, RP/CJ, la Cour de justice peut, à tout moment, sur propo-
sition du juge rapporteur, l’avocat général entendu, statuer par voie d’ordonnance
motivée :
– lorsque la question posée à titre préjudiciel est identique à une question sur laquelle
la Cour a déjà statué ;
– lorsque la réponse à la question préjuridicielle posée peut être clairement déduite de
la jurisprudence ;
– lorsque la réponse à la question préjuridicielle posée ne laisse place à aucun doute
raisonnable.
La Cour de justice peut également à tout moment rejeter la question préjudicielle posée
par le juge de renvoi par voie d’ordonnance motivée lorsqu’elle constate qu’une requête
est manifestement irrecevable ou lorsque la Cour est manifestement incompétente pour
connaître d’une affaire (RP/CJ, art. 53, § 2). Elle peut enfin refuser de statuer sur une

——
10. Décision 2008/79/CE, Euratom du Conseil du 20 décembre 2007 portant modification du protocole
sur le statut de la Cour de justice, JOUE L 24, 29 janv. 2008, p. 42.

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 195

question préjudicielle si la question posée ne concerne à aucun égard l’interprétation ou


l’appréciation de validité d’une norme de l’Union (pour une illustration voy., CJCE, 6 oct.
1987, Demouche e.a., 152/83, EU:C:1987:421, point 21), lorsqu’il lui apparaît que
l’interprétation ou l’appréciation de validité d’une norme de l’Union demandée est
manifestement sans rapport avec la réalité ou l’objet du litige principal (pour une illustra-
tion voy., CJUE, 24 oct. 2013, Stoilov i Ko, C-180/12, EU:C:2013:693, point 38 ;
CJUE, 21 mai 2015, Verder LabTec, C-657/13, EU:C:2015:331, point 29), lorsque les
questions qui lui sont posées par le juge national ont trait à une situation ne relevant pas
du champ d’application du droit de l’Union (pour une illustration voy., CJUE, 16 juin
2016, Rodríguez Sánchez, C-351/14, EU:C:2016:447, point 67), lorsque la question
posée lui paraît « manifestement sans incidence sur la solution du litige principal »
(CJCE, 21 juin 2001, SONAE, C-206/99, EU:C:2001347, point 45), lorsque le problème
soulevé par la juridiction nationale est de nature hypothétique (pour une illustration
voy., CJCE, 2 avril 2009, Elshani, C-459/07, EU:C:2009:224, point 42), lorsque le juge
national demande l’interprétation d’une disposition de droit international liant des États
membres en dehors du cadre du droit de l’Union (pour une illustration voy., CJCE,
27 nov. 1973, Vandeweghe e.a., 130/73, EU:C:1973:131, point 2 ; CJUE, 5 févr.
2015, Nisttahuz Poclava, C-117/14, EU:C:2015:60, point 43) ou encore lorsque la
Cour de justice ne dispose pas des éléments de fait et de droit nécessaires pour répondre
de façon utile aux questions qui lui sont posées (pour une illustration voy., CJCE,
10 mars 2009, Hartlauer, C-169/07, EU:C:2009:141, point 25 ; CJUE, 8 sept. 2010,
Winner Wetten, C-409/06, EU:C:2010:503, point 37).
De façon générale, on constate que la Cour de justice manifeste une très grande liberté
à l’égard des questions qui lui sont posées dans le cadre du mécanisme prévu par
l’article 267, du Traité FUE afin d’être à même d’apporter des réponses utiles aux ques-
tions préjudicielles formulées par les juridictions nationales. Outre le fait que la Cour de
justice peut demander des éclaircissements à la juridiction nationale de renvoi (RP/CJ,
art. 101), elle n’hésite pas, selon les circonstances, à reformuler les questions du juge
de renvoi afin d’en extraire ce qui relève de sa compétence (CJCE, 10 mai 2001,
Agorà et Excelsior, C-223/99 et C-260/99, EU:C:2001:259), à interpréter des disposi-
tions non visées dans la question formulée par la juridiction nationale afin de fournir à
celle-ci une réponse utile (pour une illustration voy., CJUE, 2 sept. 2010, Kirin
Amgen, C-66/09, EU:C:2010:484, point 27 ; CJUE, 14 oct. 2010, Fuß, C-243/09, EU:
C:2010:609, point 39 ; CJUE, 12 sept. 2013, Konstantinides, C-475/11, EU:
C:2013:542, point 43), à se prononcer sur des moyens d’invalidité différents de ceux
évoqués par l’ordonnance de renvoi (CJCE, 7 juill. 1981, Rewe/Hauptzollamt Kiel,
158/80, EU:C:1981:163), à modifier l’ordre des questions posées par le juge national
(CJCE, 25 janv. 2001, Frota Azul-Transportes e Turismo, C-413/98, EU:C:2001:55)
ou encore à déclarer d’office invalide un acte dont seule l’interprétation lui était
demandée (CJCE, 3 févr. 1977, Strehl, 62/76, EU:C:1977:18). Selon une formule cons-
tante de la Cour, elle « se considère comme saisie d’une demande à titre préjudiciel [...]
aussi longtemps que cette demande n’a pas été retirée par la juridiction dont elle émane
ou mise à néant, sur recours, par une juridiction supérieure » (CJCE, 9 mars 1978,
Simmenthal, 106/77, EU:C:1978:49, point 10) (sur ce point voy. égal., RP/CJ,
art. 100, § 1er). La Cour de justice procède donc à la radiation de l’affaire lorsqu’un
recours exercé devant une juridiction supérieure contre une décision de renvoi abouti
ou encore lorsque la question préjudicielle est retirée par la juridiction de renvoi soit à

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196 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

la suite d’un arrêt rendu par la Cour de justice qui porte sur une question identique ou
similaire, soit en raison d’un désistement ou d’un accord amiable des parties au litige
principal, soit encore en raison d’un changement du cadre juridique de référence (sur
ce dernier point voy., CJUE, 9 déc. 2010, Fluxys, C-241/09, EU:C:2010:753). En
matière d’appréciation de validité, la Cour considère qu’elle n’a pas lieu de répondre à
une question portant sur la validité d’un acte émanant d’une institution lorsque cette
dernière a procédé à son annulation (CJCE, 5 oct. 2000, Imperial Tobacco e.a., C-74/
99, EU:C:2000:547).
La Cour ne peut apprécier dans le cadre d’un renvoi préjudiciel la compatibilité ou la
conformité du droit national avec le droit de l’Union (CJCE, Ord., 28 juin 2000,
Laguillaumie, C-116/00, EU:C:2000:350). Elle n’est pas non plus compétente pour
appliquer le droit de l’Union à une espèce donnée (elle doit dire le droit et non en faire
application) (CJCE, 10 mai 2001, Veedfald, C-203/99, EU:C:2001:258) ni même pour
interpréter le droit national et examiner son application au cas d’espèce (pour une
illustration voy., CJUE, 13 févr. 2014, Airport Shuttle Express e.a., C-162/12 et C-
163/12, EU:C:2014:74, point 29 ; CJUE, 13 févr. 2014, Crono Service e.a., C-419/12
et C-420/12, EU:C:2014:81, point 27). Enfin, il n’appartient pas à la Cour de justice
mais au juge national de se prononcer sur les dépens de la procédure préjudicielle (RP/
CJ, art. 102).

B - La procédure préjudicielle accélérée


À la demande d’une juridiction nationale ou, à titre exceptionnel d’office, le président de
la Cour de justice peut, le juge rapporteur et l’avocat général entendus, décider de
soumettre un renvoi préjudiciel à une procédure accélérée si la nature de l’affaire exige
son traitement dans les plus brefs délais (RP/CJ, art. 105, § 1er). Dans une telle hypo-
thèse, le président de la Cour fixe immédiatement la date de l’audience qui est commu-
niquée aux parties au principal et aux autres intéressés visés à l’article 23 du Statut (RP/
CJ, art. 105, § 2). Les parties et autres intéressés disposent alors d’un délai minimum de
15 jours pour déposer des mémoires ou observations écrites éventuels limités, si le prési-
dent le souhaite, aux points de droit essentiels soulevés par la question préjudicielle (RP/
CJ, art. 105, § 3).

C - La procédure préjudicielle d’urgence


Un renvoi préjudiciel qui soulève une ou plusieurs questions concernant l’Espace
de Liberté, de Sécurité et de Justice (Titre V de la troisième partie du Traité FUE) peut, à
la demande de la juridiction nationale ou, à titre exceptionnel, d’office, être soumis à
une procédure d’urgence dérogeant à la procédure standard (RP/CJ, art. 107, § 1er). La
demande de la juridiction nationale expose les circonstances de droit et de fait qui
établissent l’urgence et justifient l’application de cette procédure dérogatoire, et elle
indique, dans la mesure du possible, la réponse qu’elle propose aux questions préjudi-
cielles (RP/CJ, art. 107, § 2). Si la juridiction de renvoi n’a pas présenté de demande
visant à mettre en œuvre la procédure d’urgence, le président de la Cour de justice
peut, si l’application de cette procédure semble, à première vue, s’imposer, demander
à la chambre à cinq juges désignée à cet effet d’examiner la nécessité de soumettre le

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 197

renvoi à une telle procédure (RP/CJ, art. 107, § 3). La décision de soumettre un renvoi à
la procédure d’urgence est prise par la chambre désignée sur proposition du juge
rapporteur, l’avocat général entendu dont la composition est déterminée conformément
à l’article 28, § 2, du règlement de procédure de la Cour de justice (RP/CJ, art. 108,
§ 1er). Si le renvoi préjudiciel n’est pas soumis à la procédure d’urgence, la procédure se
poursuit alors conformément aux dispositions de l’article 23 du Statut (RP/CJ, art. 109,
§ 6). En revanche, si le renvoi préjudiciel est soumis à la procédure d’urgence, la Cour
fixe le délai pendant lequel les parties au litige et les autres intéressés visés à l’article 23
du Statut peuvent déposer des mémoires ou observations écrites. La Cour peut préciser
les points de droit sur lesquels ces mémoires ou observations écrites doivent porter et
peut fixer la longueur maximale de ces écrits (RP/CJ, art. 109, § 2). La date de l’audience
ainsi que les mémoires ou observations écrites signifiés sont alors communiqués aux
parties et intéressés (RP/CJ, art. 110, § 2 et 3). Dans les cas d’extrême urgence, la Cour
peut décider d’omettre la phase écrite de la procédure et se limiter à la phase orale (RP/
CJ, art. 111). La chambre à cinq juges désignée statue, l’avocat général entendu (RP/CJ,
art. 112) mais peut également décider de siéger à trois juges (RP/CJ, art. 113, § 1er) ou
encore de renvoyer l’affaire devant la Cour aux fins de son attribution à une formation
de jugement plus importante. La procédure d’urgence se poursuit devant la nouvelle
formation, le cas échéant après réouverture de la procédure orale (RP/CJ, art. 113, § 2)
(pour des ex. récents d’application de la procédure préjudicielle d’urgence voy., CJUE,
Ord., 10 avril 2018, CV, C-85/18 PPU, EU:C:2018:220 ; CJUE, Ord., 12 févr. 2019,
RH, C-8/19 PPU, EU:C:2019:110).
Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, cette procédure d’urgence s’applique
également lorsqu’une question préjudicielle est soulevée dans une affaire pendante
devant une juridiction nationale concernant une personne détenue. En effet,
l’article 267, alinéa 4, du Traité FUE, tel qu’introduit par le Traité de Lisbonne, prévoit
que, dans une telle hypothèse, « la Cour statue dans les plus brefs délais »11.

2• LES EFFETS DES ARRÊTS PRÉJUDICIELS


A - L’effet obligatoire des arrêts préjudiciels
1) À l’égard de la juridiction de renvoi
L’arrêt préjudiciel s’impose non seulement au juge national à l’origine du renvoi mais
également à tous ceux qui auront ultérieurement à connaître du même litige à l’occasion
des différents mécanismes juridictionnels susceptibles d’entraîner son réexamen (CJCE,
3 févr. 1977, Benedetti, 52/76, EU:C:1977:16, point 26).
La Cour de justice considère que l’interprétation qu’elle donne d’une norme de l’Union
« éclaire et précise, lorsque besoin en est, la signification et la portée de cette règle telle

——
11. Pour une première évaluation de la procédure préjudicielle d’urgence voy., Cour de justice, « Rapport
sur la mise en œuvre de la procédure préjudicielle d’urgence par la Cour de justice », janvier 2012,
disponible sur le site : https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2012-07/fr_rapport.pdf

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198 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

qu’elle doit ou aurait dû être comprise et appliquée depuis le moment de sa mise en


vigueur » (CJCE, 27 mars 1980, Salumi e.a., 66/79, 127/79 et 128/79, EU:
C:1980:101, point 9). Il appartient donc au juge national de renvoi de tirer les consé-
quences de l’arrêt préjudiciel. Ce dernier dispose cependant de la faculté de saisir à
nouveau la Cour d’une question préjudicielle avant de trancher le litige au principal
notamment s’il demeure encore, après un arrêt préjudiciel rendu par la Cour, un doute
quant à la compatibilité d’une réglementation nationale avec le droit de l’Union (en ce
sens voy., CJUE, 24 févr. 2015, Grünewald, C-559/13, EU:C:2015:109, point 13) ou si
le juge national de renvoi « se heurte à des difficultés de compréhension ou d’applica-
tion de l’arrêt, lorsqu’il pose à la Cour une nouvelle question de droit ou encore lorsqu’il
lui soumet de nouveaux éléments d’appréciation susceptibles de conduire la Cour à
répondre différemment à une question déjà posée » (CJCE, Ord., 5 mars 1986,
Wünsche, 69/85, EU:C:1986:104, point 15). Toutefois, cette faculté d’interroger de
nouveau la Cour ne saurait permettre à la juridiction nationale de remettre en cause la
validité de l’arrêt préjudiciel précédemment rendu par la Cour de justice.

2) À l’égard des autres juridictions nationales


L’arrêt en interprétation s’impose à toutes les juridictions nationales. Le juge
de Luxembourg admet que si la réponse fournie par la Cour de justice dans un arrêt
préjudiciel en interprétation est matériellement identique à son cas d’espèce ou
encore soulève le même point de droit, l’existence de ce précédent est de nature à
affranchir une juridiction nationale dont les décisions ne sont pas susceptibles de
recours juridictionnels de l’obligation de renvoi (CJCE, 6 oct. 1982, CILFIT e.a., 283/
81, EU:C:1982:335, point 13).
L’arrêt en appréciation de validité s’impose également à toutes les juridictions nationales
dans la mesure où la Cour de justice estime que « l’invalidité d’un acte d’une institution
[...], bien qu’il ne soit adressé directement qu’au juge qui a saisi la Cour, constitue une
raison suffisante pour tout autre juge de considérer cet acte comme non valide pour les
besoins d’une décision qu’il doit rendre » (CJCE, 13 mai 1981, International Chemical
Corporation, 66/80, EU:C:1981:102, point 13). Cette constatation ne les prive cepen-
dant pas de l’existence d’un intérêt à ressaisir à nouveau le juge de l’Union « s’il subsis-
tait des questions relatives aux motifs, à l’étendue et éventuellement aux conséquences
de l’invalidité précédemment établie. Dans le cas contraire, les juridictions nationales
sont entièrement fondées à tirer, pour les affaires dont elles sont saisies, les consé-
quences découlant d’un arrêt d’invalidité rendu par la Cour dans un litige entrent
d’autres parties » (CJCE, 13 mai 1981, International Chemical Corporation, 66/80,
EU:C:1981:102, points 14 et 15). Par ailleurs, rien n’interdit aux juridictions nationales
de remettre en cause la validité d’une norme de l’Union dont la validité n’a pas été cons-
tatée par la Cour dans un arrêt précédent dès lors qu’elles se fondent sur les moyens
d’invalidité différents de ceux qui avaient été soulevés la première fois devant la Cour
(pour une illustration voy., CJCE, 13 juill. 1978, Milac, 8/78, EU:C:1978:157).

3) À l’égard des institutions, organes et organismes de l’Union


et des autres autorités nationales
La Cour de justice considère qu’un arrêt préjudiciel déclarant l’invalidité d’un acte de
l’Union lie l’institution, l’organe ou l’organisme de l’Union dont il émane ainsi que les
autorités nationales. Il appartient donc à l’auteur de l’acte invalide « de prendre les

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 199

mesures nécessaires pour remédier à l’illégalité » (Tribunal, 20 mai 1999, H. &


R. Ecroyd/Commission, T-220/97, EU:T:1999:106, point 49) et aux autorités natio-
nales « de tirer les conséquences dans leur ordre juridique de la déclaration d’une telle
invalidité » (CJCE, 30 oct. 1975, Soda, 23/75, EU:C:1975:142, point 51). Ces dernières
devront notamment « veiller à la restitution des sommes indûment perçues sur la base
de règlements communautaires déclarés invalides » (CJCE, 12 juin 1980, Express
Dairy Foods, 130/79, EU:C:1980:155, point 14).
Par ailleurs, la Cour de justice a admis dans son arrêt Kühne & Heitz de janvier 2004
qu’une norme de l’Union ayant fait l’objet d’une interprétation par la Cour de justice
« doit être appliquée par un organe administratif dans le cadre de ses compétences
même à des rapports juridiques nés et constitués avant l’intervention de l’arrêt de la
Cour statuant sur la demande d’interprétation » (CJCE, 13 janv. 2004, Kühne &
Heitz, C-453/00, EU:C:2004:17, point 22). Il en résulte qu’une autorité administrative
a l’obligation de retirer et de réexaminer une décision administrative définitive qui se
révèle incompatible avec le droit de l’Union tel qu’interprété à l’occasion d’un arrêt
préjudiciel rendu ultérieurement. La Haute juridiction a précisé, à la lumière des principes
généraux du droit, la portée de cette jurisprudence (CJCE, 12 févr. 2008, Kempter, C-
2/06, EU:C:2008:78).

B - L’effet dans le temps des arrêts préjudiciels


En principe, les arrêts rendus par la Cour de justice sur le fondement de l’article 267, du
Traité FUE ont un effet rétroactif.

1) Les effets dans le temps des arrêts interprétatifs


Selon la Cour de justice, la norme de l’Union interprétée « peut et doit être appliquée
par le juge même à des rapports juridiques nés et constitués avant l’arrêt statuant sur la
demande d’interprétation, si par ailleurs les conditions permettant de porter devant les
juridictions compétentes un litige relatif à l’application de ladite règle se trouvent
réunies » (en ce sens voy. not., CJUE, 14 avril 2015, Manea, C-76/14, EU:C:2015:216,
point 53). Toutefois, la Cour de justice peut, par application d’un principe général de
sécurité juridique inhérent à l’ordre juridique de l’Union, être amenée à limiter la possi-
bilité pour tout intéressé d’invoquer une disposition qu’elle a interprétée en vue de
mettre en cause des relations juridiques établies de bonne foi. Pour qu’une telle limita-
tion des effets d’une interprétation préjudicielle dans le temps puisse être décidée par le
juge de l’Union, faut-il que « des considérations impérieuses le justifient » (CJCE, 3 oct.
1996, Hallouzi-Choho, C-126/95, EU:C:1996:368, point 42) et que deux critères
essentiels soient réunis, à savoir le risque de troubles graves dans des relations juridiques
établies de bonne foi entre les milieux intéressés (sur ce point voy. not., CJUE, 7 juill.
2011, Nisipeanu, C-263/10, EU:C:2011:466, point 33). Plus spécifiquement, le juge
de l’Union n’a recours à cette solution que dans des circonstances bien précises, notam-
ment lorsqu’il existe un risque de répercussions économiques graves dues en particulier
au nombre élevé de rapports juridiques constitués de bonne foi sur la base de la régle-
mentation considérée comme étant validement en vigueur et qu’il apparaît que les parti-
culiers et les autorités nationales ont été incités à adopter un comportement non
conforme à la réglementation de l’Union en raison d’une incertitude objective et

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200 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

importante quant à la portée des dispositions de la règlementation en question, incerti-


tude à laquelle ont éventuellement contribué les comportements adoptés par d’autres
États membres ou par la Commission européenne (pour une illustration voy., CJUE,
10 avril 2014, Emerging Markets Series of DFA Investment Trust Company, C-
190/12, EU:C:2014:249, point 110). Il est également de jurisprudence constante que
les conséquences financières qui pourraient découler pour un État membre d’un arrêt
préjudiciel en interprétation ne justifient pas, par elles-mêmes, une limitation des effets
de cet arrêt dans le temps (pour une illustration voy., CJCE, 20 sept. 2001, Grzelczyk,
C-184/99, EU:C:2001:458, point 52 ; CJCE, 15 mars 2005, Bidar, C-209/03, EU:
C:2005:169, point 68 ; CJUE, 3 juin 2010, Kalinchev, C-2/09, EU:C:2010:312,
point 52). Il incombe à l’État membre sollicitant une telle limitation de produire, devant
la Cour de justice, des données chiffrées établissant le risque de répercussions économi-
ques graves (sur ce point voy., CJCE, 18 janv. 2007, Brzezinski, C-313/05, EU:
C:2007:33, points 59 et 60).

2) Les effets dans le temps des arrêts de déclaration d’invalidité


La Cour de justice considère qu’un arrêt « constatant à titre préjudiciel l’invalidité d’un
acte communautaire a, en principe, un effet rétroactif, à l’instar d’un arrêt d’annula-
tion » (CJCE, 26 avril 1994, Roquette Frères, C-228/92, EU:C:1994:168, point 17).
Toutefois, la Cour de justice a été amenée à nuancer cette jurisprudence en acceptant
de limiter l’effet rétroactif d’un arrêt en appréciation de validité au bénéfice des seules
personnes physiques ou morales qui avaient, avant la date de l’arrêt de déclaration
d’invalidité, introduit une action en justice ou soulevé une réclamation équivalente
selon le droit national applicable (CJCE, 10 mars 1992, Lomas e.a., C-38/90 et C-151/
90, EU:C:1992:116, point 30).
Par ailleurs, et en faisant une application par analogie de l’article 264, du Traité FUE, la
Cour de justice considère que, pour des raisons de sécurité juridique, elle peut être
amenée, à titre exceptionnel et lorsque d’impérieuses considérations le justifient, à
déterminer les effets d’un acte de l’Union qu’elle déclare invalide qu’il y a lieu de consi-
dérer comme définitifs.

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CHAPITRE 9 – Le renvoi préjudiciel 201

Le renvoi préjudiciel

Litige
Personne morale / Personne physique

Juge national
(juge de droit commun de l’Union)

Renvoi préjudiciel Renvoi préjudiciel


en interprétation en appréciation de validité

Cour de justice

Arrêt préjudiciel Arrêt préjudiciel


en interprétation en appréciation de validité

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202 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

BIBLIOGRAPHIE

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BLANQUET M., Droit général de l’Union européenne, 11e éd., 2018, Sirey, Armand Colin.
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JACQUÉ J.-P., Droit institutionnel de l’Union européenne, 9e éd., 2018, Dalloz.
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ROUX J., Droit général de l’Union européenne, 5e éd., 2016, LexisNexis Litec.
SCHWARZE J., La naissance d’un ordre constitutionnel européen, 2001, Bruylant.
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SIMON D., Le système juridique communautaire, 3e éd., 2001, PUF.
TERPAN F., Droit et politique de l’Union européenne, 3e éd., 2018, Larcier.
VANDERSANDEN G., BARAV A., Contentieux communautaire, 1977, Bruylant.
VAN RAEPENBUSCH S., Droit institutionnel de l’Union européenne, 2e éd., 2016, Larcier.
WATHELET M., WILDEMEERSCH J., Contentieux européen, 2e éd., 2014, Larcier.

• Recueils de textes
BOUTAYEB C. (dir.), Les grands arrêts du droit de l’Union européenne. Droit institutionnel et matériel de
l’Union européenne, 1re éd., 2014, LGDJ-Lextenso.
DUBOUIS L., GUEYDAN C., Les grands textes du droit de l’Union européenne, 8e éd., 2010, Dalloz.

• Documentation de l’Union européenne


Traité sur l’Union européenne (version consolidée 2016), JOUE C 202, 7 juin 2016, p. 13.
Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (version consolidée 2016), JOUE C 202, 7 juin
2016, p. 47.
Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, JOUE C 202, 7 juin 2016, p. 389.
Traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (version consolidée 2016), JOUE
C 203, 7 juin 2016, p. 1.
Les traités de l’Union européenne sont disponibles sur le site :
https://eur-lex.europa.eu/collection/eu-law/treaties/treaties-force.html
Journal officiel de l’Union européenne :
– Partie L (législation)
– Partie C (communication)
La législation de l’Union est accessible sur le site :
http://eur-lex.europa.eu/collection/eu-law/legislation/recent.html?locale=fr
Rapport général sur l’activité de l’Union européenne, Commission européenne, annuel, depuis 1958.
Les rapports généraux sont disponibles sur le site (depuis 2004) :
https://publications.europa.eu/fr/web/general-publications/publications
Recueil de la jurisprudence de la Cour de justice et du Tribunal, depuis 1954 :
– Partie I – Cour de justice
– Partie II – Tribunal
Recueil de jurisprudence – Fonction publique, depuis 1994
Les arrêts et ordonnances de la Cour de justice, du Tribunal et du Tribunal de la fonction publique
de l’Union européenne sont disponibles sur le site : http://curia.europa.eu/jcms/jcms/Jo2_7045/fr/

• Revues spécialisées de langue française


Cahiers de droit européen : Bruxelles, depuis 1965.
Europe – Actualité du droit de l’Union européenne : Paris, depuis novembre 1991.
Revue des affaires européennes : Paris, depuis 1991.

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BIBLIOGRAPHIE 205

Revue de l’Union européenne : Paris, depuis 2010 (ex-RMCUE).


Revue du droit de l’Union européenne : Paris, depuis 2000 (ex-RMUE).
Revue du marché commun : Paris, depuis 1958.
Revue du marché commun et de l’Union européenne : Paris, depuis 1994 (ex-RMC).
Revue du marché unique européen : Paris, depuis 1991.
Revue trimestrielle de droit européen : Paris, depuis 1965.

• Sites officiels des institutions, organes et organismes de l’Union


européenne
Actualité de l’Union européenne : https://europa.eu/newsroom/home_fr
Banque centrale européenne : https://www.ecb.europa.eu/ecb/html/index.fr.html
Banque européenne d’investissement : https://www.eib.org/fr/
Comité européen des régions : https://cor.europa.eu/fr
Comité économique et social européen : https://www.eesc.europa.eu/fr
Commission européenne : http://www.ec.europa.eu
Conseil : https://www.consilium.europa.eu/fr/
Conseil européen : http://www.consilium.europa.eu/fr/european-council/
Contrôleur européen de la protection des données : https://edps.europa.eu/edps-homepage_fr
Cour de justice de l’Union européenne : https://curia.europa.eu/jcms/jcms/index.html
Cour des comptes européenne : http://www.eca.europa.eu/fr/Pages/ecadefault.aspx
Médiateur européen : https://www.ombudsman.europa.eu/fr/home
Parlement européen : http://www.europarl.europa.eu/portal/fr
Portail de l’Union européenne : https://europa.eu/european-union/index_fr

• Sites officiels français


Centre d’information sur l’Europe : http://www.touteleurope.eu
Fondation Robert Schuman : http://www.robert-schuman.eu/fr/
Notre Europe – Institut Jacques Delors : http://www.institutdelors.eu
Ministère des Affaires étrangères et européennes : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne https://ue.delegfrance.org/

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Table
de jurisprudence

(les chiffres en caractères gras renvoient aux numéros des pages où sont mentionnées les décisions citées)

• Arrêts, avis et ordonnances de la Cour de justice


1954
21.12.1954, France/Haute Autorité CECA, 1/54, EU:C:1954:7 : 148
1956
16.7.1956, Fédération Charbonnière de Belgique/Haute Autorité CECA, 8/55, EU:C:1956:7 : 62
1957
12.7.1957, Algera e.a./Assemblée CECA, 7/56, 3/57 à 7/57, EU:C:1957:7 : 32, 62, 150
1958
13.6.1958, Meroni/Haute Autorité CECA, 9/56, EU:C:1958:7 : 61, 153
21.6.1958, Groupement des hauts fourneaux et aciéries belges/Haute Autorité CECA, 8/57, EU:
C:1958:9 : 63
21.6.1958, Wirtschaftsvereinigung Eisen und Stahlindustrie/Haute Autorité CECA, 13/57, EU:
C:1958:10 : 33
1959
30.1.1959, Ord., Mannesmann e.a./Haute Autorité CECA, 2/59 R, EU:C:1959:2 : 140
4.2.1959, Stork & Cie/Haute Autorité CECA, 1/58, EU:C:1959:4 : 64
17.12.1959, Société des fonderies de Pont-à-Mousson/Haute Autorité CECA, 14/59, EU:C:1959:31 :
154

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208 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

1960
10.5.1960, Allemagne/Haute Autorité CECA, 19/58, EU:C:1960:19 : 148
15.7.1960, Chambre syndicale de la sidérurgie de l’est de la France e.a./Haute Autorité CECA, 24/58
et 34/58, EU:C:1960:32 : 157
15.7.1960, Pays-Bas/Haute Autorité CECA, 25/59, EU:C:1960:34 : 166
15.7.1960, Comptoirs de vente du charbon de la Ruhr e.a./Haute Autorité CECA, 36/59 à 38/59 et
40/59, EU:C:1960:36 : 64
16.12.1960, Humblet, 6/60, EU:C:1960:48 : 171
1961
22.3.1961, SNUPAT/Haute Autorité CECA, 42/59 et 49/59, EU:C:1961:5 : 63
13.7.1961, Meroni e.a./Haute Autorité CECA, 14, 16, 17, 20, 24, 26 et 27/60 et 1/61, EU:
C:1961:16 : 163
19.12.1961, Commission/Italie, 7/61, EU:C:1961:31 : 170
1962
14.12.1962, Confédération nationale des producteurs de fruits et légumes e.a./Conseil, 16/62 et 17/
62, EU:C:1962:47 : 33, 40
14.12.1962, Fédération nationale de la boucherie en gros et du commerce en gros des viandes e.a./
Conseil, 19/62 à 22/62, EU:C:1962:48 : 40
14.12.1962, Wöhrmann/Commission, 31/62 et 33/62, EU:C:1962:49 : 153, 154
1963
5.2.1963, Van Gend en Loos, 26/62, EU:C:1963:1 : 82,87,89
27.3.1963, Da Costa en Schaake e.a., 28/62 à 30/62, EU:C:1963:6 : 188
15.7.1963, Plaumann/Commission, 25/62, EU:C:1963:17 : 147
5.12.1963, Usines Emile Henricot e.a./Haute Autorité CECA, 23/63, 24/63 et 52/63, EU:C:1963:52 :
41
1964
18.2.1964, Internationale Crediet – en Handelsvereniging « Rotterdam », 73/63 et 74/63, EU:
C:1964:8 : 30
19.3.1964, Unger, 75/63, EU:C:1964:19 : 61
9.6.1964, Bernusset/Commission, 94/63 et 96/63, EU:C:1964:41 : 44
15.7.1964, Costa/E.N.E.L., 6/64, EU:C:1964:66 : 87, 99
13.11.1964, Commission/Luxembourg et Belgique, 90/63 et 91/63, EU:C:1964:80 : 63
17.12.1964, Boursin/Haute Autorité CECA, 102/63, EU:C:1964:88 : 31
1965
21.1.1965, Merlini/Haute Autorité CECA, 108/63, EU:C:1965:4 : 140
2.6.1965, FERAM e.a./Haute Autorité CECA, 9 et 25/64, EU:C:1965:52 : 162
22.6.1965, Ord., San Michele/Haute Autorité CECA, 9/65, EU:C:1965:63 : 102
13.7.1965, Lemmerz-Werke/Haute Autorité CECA, 111/63, EU:C:1964:82 : 32
1966
8.2.1966, Acciairie e ferriere Pugliesi/Haute Autorité CECA, 8/65, EU:C:1966:5 : 29
16.6.1966, Lütticke, 57/65, EU:C:1966:34 : 84, 87

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TABLE DE JURISPRUDENCE 209

30.6.1966, Vaassen-Göbbels, 61/65, EU:C:1966:39 : 185


13.7.1966, Consten et Grundig/Commission, 56/64 et 58/64, EU:C:1966:41 : 149
13.7.1966, Italie/Conseil et Commission, 32/65, EU:C:1966:42 : 153
1967
14.7.1967, Kampffmeyer e.a./Commission, 5/66, 7/66 et 13/66 à 24/66, EU:C:1967:31 : 162
13.12.1967, Neumann, 17/67, EU:C:1967:56 : 63
1968
13.3.1968, Beus GmbH, 5/67, EU:C:1968:13 : 61
13.3.1968, Industria Molitoria Imolese e.a./Conseil, 30/67, EU:C:1968:14 : 33
4.4.1968, Fink-Frucht GmbH, 27/67, EU:C:1968:22 : 84, 87
4.4.1968, Lück, 34/67, EU:C:1968:24 : 120
11.7.1968, Zuckerfabrik Watenstedt/Conseil, 6/68, EU:C:1968:43 : 33
1969
13.2.1969, Wilhelm e.a., 14/68, EU:C:1969:4 : 60
9.7.1969, Italie/Commission, 1/69, EU:C:1969:34 : 29
10.7.1969, Sayag e.a./Leduc e.a., 9/69, EU:C:1969:37 : 162
12.11.1969, Stauder, 29/69, EU:C:1969:57 : 65
1970
17.2.1970, Commission/Italie, 31/69, EU:C:1970:10 : 63, 169
5.5.1970, Commission/Belgique, 77/69, EU:C:1970:34 : 167
28.5.1970, Richez-Parise e.a./Commission, 19, 20, 25, 30/69, EU:C:1970:47 : 163
18.6.1970, Krohn, 74/69, EU:C:1970:58 : 59
9.7.1970, Commission/France, 26/69, EU:C:1970:67 : 170
15.7.1970, Borromeo/Commission, 6/70, EU:C:1970:75 : 156
6.10.1970, Grad, 9/70, EU:C:1970:78 : 96
18.11.1970, Chevalley/Commission, 15/70, EU:C:1970:95 : 156
17.12.1970, Internationale Handelsgesellschaft, 11/70, EU:C:1970:114 : 65, 102
17.12.1970, Köster et Berodt, 25/70, EU:C:1970:115 : 32
17.12.1970, Scheer, 30/70, EU:C:1970:117 : 118
17.12.1970, SpA SACE, 33/70, EU:C:1970:118 : 91
1971
11.2.1971, Norddeutsches Vieh-und Fleischkontor, 39/70, EU:C:1971:16 : 35
10.3.1971, Deutsche Tradax, 38/70, EU:C:1971:24 : 32
31.3.1971, Commission/Conseil, 22/70, EU:C:1971:32 : 46, 50, 102, 144
28.4.1971, Lütticke/Commission, 4/69, EU:C:1971:40 : 159
6.7.1971, Pays-Bas/Commission, 59/70, EU:C:1971:77 : 157
14.7.1971, Muller, 10/71, EU:C:1971:85 : 88
7.7.1971, Müllers/Comité économique et social, 79/70, EU:C:1971:79 : 151
2.12.1971, Zuckerfabrik Schöppenstedt/Conseil, 5/71, EU:C:1971:116 : 159

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210 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

14.12.1971, Commission/France, 7/71, EU:C:1971:121 : 64, 168


14.12.1971, Politi, 43/71, EU:C:1971:122 : 35, 88, 101
15.12.1971, International Fruit Company e.a., 51/71 à 54/71, EU:C:1971:128 : 119
1972
1er.2.1972, Hagen OGH, 49/71, EU:C:1972:6 : 185
7.3.1972, Marimex, 84/71, EU:C:1972:14 : 101
21.3.1972, SAIL, 82/71, EU:C:1972:20 : 186
17.5.1972, Leonesio, 93/71, EU:C:1972:39 : 34
13.7.1972, Commission/Italie, 48/71, EU:C:1972:65 : 172
14.7.1972, Imperial Chemical Industries (ICI), 48/69, EU:C:1972:70 : 31
14.7.1972, Geigy AG/Commission, 52/69, EU:C:1972:73 : 30
12.12.1972, International Fruit Company e.a., 21/72 à 24/72, EU:C:1972:115 : 56, 97, 150, 191
1973
7.2.1973, Commission/Italie, 39/72, EU:C:1973:13 : 34, 61, 170
8.2.1973, Commission/Italie, 30/72, EU:C:1973:16 : 62
13.3.1973, Mij PPW International NV, 61/72, EU:C:1973:28 : 60
10.10.1973, Variola, 34/73, EU:C:1973:101 : 34, 88
24.10.1973, Schlüter, 9/73, EU:C:1973:110 : 46, 88, 191
13.11.1973, Werhahn Hansamühle e.a./Conseil, 63/72 à 69/72, EU:C:1973:121 : 160
27.11.1973, Nederlandse Spoorwegen, 36/73, EU:C:1973:130 : 185
27.111973, Vandeweghe e.a., 130/73, EU:C:1973:131 : 191, 195
11.12.1973, Lorenz, 120/73, EU:C:1973:152 : 87
1974
30.1.1974, BRT/SABAM, 127/73, EU:C:1974:6 : 86
30.4.1974, Haegeman, 181/73, EU:C:1974:41 : 51, 191
14.5.1974, Nold/Commission, 4/73, EU:C:1974:51 : 65
21.6.1974, Reyners, 2/74, EU:C:1974:68 : 62, 86
3.12.1974, Van Binsbergen, 33/74, EU:C:1974:131 : 62, 86
4.12.1974, Van Duyn, 41/74, EU:C:1974:133 64, 86, 89
1975
14.5.1975, CNTA/Commission, 74/74, EU:C:1975:59 : 32
28.10.1975, Rutili, 36/75, EU:C:1975:137 : 66
30.10.1975, Soda, 23/75, EU:C:1975:142 : 199
19.11.1975, Douaneagent der Nederlandse Spoorwegen, 38/75, EU:C:1975:154 : 56, 101
1976
3.2.1976, Manghera e.a., 59/75, EU:C:1976:14 : 84, 87
5.2.1976, Bresciani, 87/75, EU:C:1976:18 : 96, 97, 191
17.2.1976, Rewe-Zentrale des Lebensmittel-Großhandels, 45/75, EU:C:1976:22 : 87
26.2.1976, Commission/Italie, 52/75, EU:C:1976:29 : 63

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TABLE DE JURISPRUDENCE 211

8.4.1976, Defrenne/SABENA, 43/75, EU:C:1976:56 : 46, 60, 87


8.4.1976, Royer, 48/75, EU:C:1976:57 : 36
14.7.1976, Kramer e.a., 3/76, 4/76 et 6/76, EU:C:1976:114 : 64
27.10.1976, Prais/Conseil, 130/75, EU:C:1976:142 : 66
29.10.1976, Giuffrida/Conseil, 105/75, EU:C:1976:128 : 150
7.12.1976, Pellegrini e.a./Commission e.a., 23/76, EU:C:1976:174 : 164
16.12.1976, Rewe, 33/76, EU:C:1976:188 : 118, 120, 125, 126
16.12.1976, Comet BV, 45/76, EU:C:1976:191 : 120, 125
1977
3.2.1977, Benedetti, 52/76, EU:C:1977:16 : 197
3.2.1977, Strehl, 62/76, EU:C:1977:18 : 195
22.3.1977, Iannelli/Meroni, 74/76, EU:C:1977:51 : 85, 87, 88
26.4.1977, Projet d’accord relatif à l’institution d’un Fonds européen d’immobilisation de la naviga-
tion intérieure, avis 1/76, EU:C:1977:63 04
24.5.1977, Hoffmann-La Roche, 107/76, EU:C:1977:89 : 186
8.6.1977, Merkur/Commission, 97/76, EU:C:1977:98 : 63
19.10.1977, SA Moulins & Huileries de Pont-à-Mousson e.a., 124/76 et 20/77, EU:C:1977:161 : 62
25.10.1977, Metro/Commission, 26/76, EU:C:1977:167 : 62
16.11.1977, INNO/ATAB, 13/77, EU:C:1977:185 : 118
23.11.1977, Enka BV, 38/77, EU:C:1977:190 : 36
1978
9.3.1978, Simmenthal, 106/77, EU:C:1978:49 : 83, 102, 103, 195
16.3.1978, Bosch, 135/77, EU:C:1978:75 : 191
15.6.1978, Defrenne, 149/77, EU:C:1978:130 : 67
13.7.1978, Milac, 8/78, EU:C:1978:157 : 198
12.10.1978, Commission/Belgique, 156/77, EU:C:1978:180 : 151
29.11.1978, Redmond, 83/78, EU:C:1978:214 : 87
1979
25.1.1979, Racke, 98/78, EU:C:1979:14 : 30, 31
7.2.1979, Commission/Royaume-Uni, 128/78, EU:C:1979:32 : 33
12.2.1979, Hoffmann-La Roche/Commission, 85/76, EU:C:1979:36 : 149
13.2.1979, Granaria, 101/78, EU:C:1979:38 : 34, 159
22.2.1979, Commission/Italie, 163/78, EU:C:1979:52 : 38
6.3.1979, Simmenthal/Commission, 92/78, EU:C:1979:53 : 153
8.3.1979, Salumificio di Cornuda, 130/78, EU:C:1979:60 : 101
13.3.1979, Peureux, 86/78, EU:C:1979:64 : 192
13.3.1979, Hansen, 91/78, EU:C:1979:65 : 87
5.4.1979, Ratti, 148/78, EU:C:1979:110 : 92
10.7.1979, Ord., Buttner e.a./Commission, 51/79 R II, EU:C:1979:183 : 140
12.7.1979, Union laitière normande e.a., 244/78, EU:C:1979:198 : 193

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212 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

4.10.1979, Dumontier e.a./Conseil, 64 et 113/76, 167 et 239/78, 27, 28 et 45/79, EU:C:1979:223 :


163
18.10.1979, GEMA/Commission, 125/78, EU:C:1979:237 : 157
1980
27.2.1980, Just, 68/79, EU:C:1980:57 : 121
18.3.1980, Valsabbia e.a./Commission, 154, 205, 206, 226 à 228, 263 et 264/78, 39, 31, 83 et 85/
79, EU:C:1980:81 : 154
18.3.1980, Forges de Thy-Marcinelle et Monceau/Commission, 26/79 et 86/79, EU:C:1980:82 : 62
27.3.1980, Denkavit italiana, 61/79, EU:C:1980:100 : 131
27.3.1980, Salumi e.a., 66/79, 127/79 et 128/79, EU:C:1980:101 : 198
6.5.1980, Commission/Belgique, 102/79, EU:C:1980:120 : 38, 90
12.6.1980, Express Dairy Foods, 130/79, EU:C:1980:155 : 126, 199
18.6.1980, Borker, 138/80, EU:C:1980:162 : 186
10.7.1980, Marty/Lauder, 37/79, EU:C:1980:190 : 86
26.6.1980, National Panasonic, 136/79, EU:C:1980:169 : 67
14.10.1980, Burgoa, 812/79, EU:C:1980:231 : 56
29.10.1980, Roquette Frères/Conseil, 138/79, EU:C:1980:249 : 45
1981
14.1.1981, Allemagne/Commission, 819/79, EU:C:1981:2 : 29
10.3.1981, Irish Creamery Milk Suppliers Association e.a., 36/80 et 71/80, EU:C:1981:62 : 192
13.5.1981, International Chemical Corporation, 66/80, EU:C:1981:102 : 198
27.5.1981, Essevi et Salengo, 142/80 et 143/80, EU:C:1981:121 : 170
7.7.1981, Rewe/Hauptzollamt Kiel, 158/80, EU:C:1981:163 : 101, 102, 119, 122, 195
6.10.1981, Broekmeulen, 246/80, EU:C:1981:218 : 185
16.12.1981, Foglia, 244/80, EU:C:1981:302 : 122
1982
19.1.1982, Becker, 8/81, EU:C:1982:7 : 91, 101
27.1.1982, Birra Wührer e.a./Conseil et Commission, 256, 257, 265, 267/80, 5 et 51/81 et 282/82,
EU:C:1987:87 : 161
29.4.1982, Pabst & Richarz KG, 17/81, EU:C:1982:129 : 97
18.5.1982, AM & S/Commission, 155/79, EU:C:1981:29 : 67
25.5.1982, Commission/Pays-Bas, 96/81, EU:C:1982:192 : 118
6.10.1982, CILFIT e.a., 283/81, EU:C:1982:335 : 187, 190, 192, 198
26.10.1982, Kupferberg, 104/81, EU:C:1982:362 : 51, 166
24.11.1982, Commission/Irlande, 249/81, EU:C:1982:402 : 168
1983
21.9.1983, Deutsche Milchkontor GbmH e.a., 205/82 à 215/82, EU:C:1983:233 : 61, 120
22.9.1983, Commission/Royale belge, 23/81, EU:C:1983:239 : 165
9.11.1983, San Giorgio, 199/82, EU:C:1983:318 : 121, 126

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TABLE DE JURISPRUDENCE 213

1984
22.2.1984, Kloppenburg, 70/83, EU:C:1984:71 : 36
10.4.1984, Von Colson et Kamann, 14/83, EU:C:1984:153 : 37, 183
10.7.1984, Kirk, 63/83, EU:C:1984:255 : 67
12.7.1984, Prodest, 237/83, EU:C:1984:277 : 62
1985
22.5.1985, Parlement/Conseil, 13/83, EU:C:1985:220 : 156
23.5.1985, Commission/Allemagne, 29/84, EU:C:1985:229 : 38
9.7.1985, Bozzetti, 179/84, EU:C:1985:306 : 121
3.10.1985, Commission/Tordeur e.a., 232/84, EU:C:1985:392 : 158
6.11.1985, Commission/Italie, 131/84, EU:C:1985:447 : 172
26.11.1985, Commission/CO.DE.MI., 318/81, EU:C:1985:467 : 164
1986
15.1.1986, Hurd, 44/84, EU:C:1986:2 : 55, 190
15.1.1986, Commission/Belgique, 52/84, EU:C:1986:3 : 168
26.2.1986, Marshall, 152/84, EU:C:1986:84 : 84, 93
5.3.1986, Ord., Wünsche, 69/85, EU:C:1986:104 : 192, 198
5.3.1986, Ord., Greis Unterweger, 318/85, EU:C:1986:106 : 186
23.4.1986, Parti écologiste « Les Verts »/Parlement, 294/83, EU:C:1986:166 : 22, 148
6.5.1986, Nuovo Campsider/Commission, 25/85, EU:C:1986:195 : 157
15.5.1986, Johnston, 222/84, EU:C:1986:206 : 65, 67, 122
3.7.1986, Conseil/Parlement, 34/86, EU:C:1986:291 : 152
23.9.1986, AKZO Chemie/Commission, 5/85, EU:C:1986:328 : 149
2.12.1986, Commission/Belgique, 239/85, EU:C:1986:457 : 38
4.12.1986, Federatie Nederlandse Vakbeweging, 71/85, EU:C:1986:465 : 84
1987
14.1.1987, Zuckerfabrik Bedburg e.a./Conseil et Commission, 281/84, EU:C:1987:3 : 163
4.2.1987, Bouteiller, 324/85, EU:C:1987:59 : 45
10.3.1987, Commission/Italie, 199/85, EU:C:1987:115 : 167
11.6.1987, Pretore di Salò/X., 14/86, EU:C:1987:275 : 92
12.7.1987, Commission/Conseil, 383/87, EU:C:1988:388 : 155
17.9.1987, Commission/Pays-Bas, 291/84, EU:C:1987:366 : 39
30.9.1987, Demirel, 12/86, EU:C:1987:400 : 51, 96
6.10.1987, Demouche e.a., 152/83, EU:C:1987:421 : 195
15.10.1987, Unectef/Heylens e.a., 222/86, EU:C:1987:442 : 123
22.10.1987, Foto-Frost, 314/85, EU:C:1987:452 : 189
29.10.1987, Zaera, 126/86, EU:C:1987:395 : 88
10.12.1987, Del Plato e.a./Commission, 181/86 à 184/86, EU:C:1987:543 : 154

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214 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

1988
2.2.1988, Commission/Pays-Bas, 213/85, EU:C:1988:39 : 166
2.2.1988, Barra, 309/85, EU:C:1988:42 : 126
2.2.1988, Blaizot, 24/86, EU:C:1988:43 : 65
23.2.1988, Royaume-Uni/Conseil, 68/86, EU:C:1988:85 : 44, 47, 149
24.2.1988, Commission/Belgique, 260/86, EU:C:1988:91 : 101
24.3.1988, Commission/Italie, 104/86, EU:C:1988:171 : 103
28.4.1988, LAISA e.a./Conseil, 31/86 et 35/86, EU:C:1988:211 : 19
29.6.1988, Deville, 240/87, EU:C:1988:349 : 125
30.6.1988, CIDA/Conseil, 297/86, EU:C:1988:351 : 45
12.7.1988, Parlement/Conseil, 377/87, EU:C:1988:387 : 155, 157
22.9.1988, Commission/Irlande, 45/87, EU:C:1988:435 : 167
27.9.1988, Ahlström Osakeyhtiö e.a./Commission, 89, 104, 114, 116, 117 et 125 à 129/85, EU:
C:1988:447 : 64
15.12.1988, Irish Cement Ltd/Commission, 166/86 et 220/86, EU:C:1988:549 : 157
1989
14.2.1989, Star Fruit/Commission, 247/87, EU:C:1989:58 : 156
18.5.1989, Commission/Allemagne, 249/86, EU:C:1989:204 : 67
30.5.1989, Roquette frères/Commission, 20/88, EU:C:1989:221 : 159
22.6.1989, Fediol/Commission, 70/87, EU:C:1989:254 : 97
22.6.1989, Costanzo/Comune di Milano, 103/88, EU:C:1989:256 : 91, 104
13.7.1989, Base e.a./Comune di Cinisello Balsamo, 380/87, EU:C:1989:318 : 102
13.7.1989, Wachauf, 5/88, EU:C:1989:321 : 66, 102
21.9.1989, Hoechst/Commission, 46/87 et 227/88, EU:C:1989:337 : 67
14.10.1989, Grèce/Commission, 30/88, EU:C:1989:422 : 52
21.11.1989, Usines coopératives de déshydratation du Vexin e.a./Commission, C-244/88, EU:
C:1989:588 : 33
13.12.1989, Grimaldi, C-322/88, EU:C:1989:646 : 43, 102, 191
1990
27.3.1990, Italie/Commission, C-10//88, EU:C:1990:135 : 63
19.6.1990, Factortame Ltd e.a., C-213/89, EU:C:1990:257 : 103, 123
12.7.1990, Foster e.a., C-188/89, EU:C:1990:313 : 91
20.9.1990, Sevince, C-192/89, EU:C:1990:322 : 52, 191
9.10.1990, France/Commission, C-366/88, EU:C:1990:348 : 149
11.10.1990, FUNOC/Commission, C-200/89, EU:C:1990:356 : 45
13.11.1990, Fedesa e.a., C-331/88, EU:C:1990:391 : 31
12.12.1990, Kaefer et Procacci, C-100/89 et C-101/89, EU:C:1990:456 : 184
1991
24.1.1991, Alsthom Atlantique, C-339/89, EU:C:1991:28 : 88
31.1.1991, Kziber, C-18/90, EU:C:1991:36 : 97

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TABLE DE JURISPRUDENCE 215

21.2.1991, Zuckerfabrik Süderdithmarschen AG et Zuckerfabrik Soest GmbH, C-143/88 et C-92/89,


EU:C:1991:65 : 124
28.2.1991, Commission/Allemagne, C-57/89, EU:C:1991:89 : 102
19.3.1991, Commission/Belgique, C-249/88, EU:C:1991:121 : 127
7.5.1991, Vlassopoulou, C-340/89, EU:C:1991:193 : 123
7.5.1991, Nakajima/Conseil, C-69/89, EU:C:1991:186 : 97
16.5.1991, Commission/Pays-Bas, C-96/89, EU:C:1991:213 : 171
16.5.1991, Extramet Industrie/Conseil, C-358/89, EU:C:1991:214 : 146
30.5.1991, Commission/Allemagne, C-361/88, EU:C:1991:224 : 127
18.6.1991, ERT/DEP, C-260/89, EU:C:1991:254 : 66, 69
11.7.1991, Commission/Portugal, C-247/89, EU:C:1991:305 : 170
11.7.1991, Verholen e.a., C-87/90 à C-89/90, EU:C:1991:314 : 124
25.7.1991, Commission/Espagne, C-258/89, EU:C:1991:322 : 154
25.7.1991, Emmott, C-208/90, EU:C:1991:333 : 39
13.11.1991, France/Commission, C-303/90, EU:C:1991:424 : 46, 144
19.11.1991, Francovich et Bonifaci/Italie, C-6/90 et C-9/90, EU:C:1991:428 : 37, 39, 127, 128, 130
13.12.1991, Commission/Italie, C-69/90, EU:C:1991:478 : 62
14.12.1991, Projet d’accord portant sur la création de l’EEE, avis 1/91, EU:C:1991:490 : 22, 80
1992
10.3.1992, NMB/Commission, C-188/88, EU:C:1992:114 : 52
10.3.1992, Lomas e.a., C-38/90 et C-151/90, EU:C:1992:116 : 200
24.6.1992, Commission/Grèce, C-137/91, EU:C:1992:272 : 118
7.7.1992, Parlement/Conseil, C-295/90, EU:C:1992:294 : 152
12.10.1992, Ord., Landbouwschap/Commission, C-295/92 R, EU:C:1992:380 : 140
13.10.1992, Portugal et Espagne/Conseil, C-63/90 et C-67/90, EU:C:1992:381 : 57
10.11.1992, Fleisch, C-156/91, EU:C:1992:423 : 96, 119
24.11.1992, Poulsen et Diva Navigation, C-286/90, EU:C:1992:453 : 64
2.12.1992, SGEEM et Etroy/BEI, C-370/89, EU:C:1993:202 : 159, 160
17.12.1992, Moritz/Commission, C-68/91 P, EU:C:1992:531 : 142
1993
14.1.1993, Lante, C-190/91, EU:C:1993:11 : 35
21.1.1993, Deutsche Shell, C 188/91, EU:C:1993:24 : 191
16.2.1993, ENU/Commission, C-107/91, EU:C:1993:56 : 156
19.3.1993, Convention no 170 de l’OIT concernant la sécurité dans l’utilisation des produits chimi-
ques, avis 2/91, EU:C:1993:106 : 50
5.5.1993, Commission/France, C-246/91, EU:C:1993:174 : 167
16.6.1993, France/Commission, C-325/91, EU:C:1993:245 : 63
29.6.1993, Gouvernment of Gibraltar/Conseil, C-298/89, EU:C:1993:267 : 36
30.6.1993, Parlement/Conseil et Commission, C-181/91 et C-248/91, EU:C:1993:271 : 54
2.8.1993, Marshall, C-271/91, EU:C:1993:335 : 91, 131

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216 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

2.8.1993, Levy, C-158/91, EU:C:1993:332 : 56


20.10.1993, Collins e.a., C-92/92 et C-326/92, EU:C:1993:847 : 87
3.12.1993, Suffritti e.a.,, C-140/91, 141/91, C-278/91 et C-279/91, EU:C:1992:492 : 90
1994
25.1.1994, Angelopharm, C-212/91, EU:C:1994:21 : 35
22.4.1994, Ord., Commission/Belgique, C-87/94 R, EU:C:1994:166 : 139
26.4.1994, Roquette Frères, C-228/92, EU:C:1994:168 : 200
1er.6.1994, Parlement/Conseil, C-388/92, EU:C:1994:213 : 152
15.6.1994, Commission/BASF e.a., C-137/92 P, EU:C:1994:247 : 142
14.7.1994, Faccini Dori, C-91/92, EU:C:1994:292 : 93
14.7.1994, Peralta, C-379/92, EU:C:1994:296 : 56
5.10.1994, Allemagne/Conseil, C-280/93, EU:C:1994:367 : 51
5.10.1994, Eroglu, C-355/93, EU:C:1994:369 : 97
15.11.1994, Compétence de la Communauté pour conclure des accords internationaux en matière
de services et de protection de la propriété intellectuelle, avis 1/94, EU:C:1994:384 : 50
1995
13.1.1995, Ord., Bonnamy/Conseil, C-264/94 P, EU:C:1995:5 : 142
15.6.1995, Zabala Erasun e.a., C-422/93, C-423/93 et C-424/93, EU:C:1995:183 : 193
13.7.1995, Parlement/Commission, C-156/93, EU:C:1995:238 : 32
17.10.1995, Kalanke, C-450/93, EU:C:1995:322 : 62
19.10.1995, Job Centre, C-111/94, EU:C:1995:340 : 186
9.11.1995, Allemagne/Conseil, C-426/93, EU:C:1995:367 : 47
9.11.1995, Atlanta Fruchthandelsgesellschaft e.a., C-465/93, EU:C:1995:369 : 124
12.12.1995, Chiquita Italia, C 469/93, EU:C:1995:435 : 96
14.12.1995, Peterbroeck e.a., C-312/93, EU:C:1995:437 : 124
14.12.1995, Van Schijndel e.a., C-430/93 et C-431/93, EU:C:1995:441 : 124
14.12.1995, Sanz de Lera e.a., C-163/94, C-165/94 et C-250/94, EU:C:1995:451 : 87
15.12.1995, Bosman, C-415/93, EU:C:1995:463 : 66
21.12.1995, Max Mara, C-307/95, EU:C:1995:465 : 190
1996
5.3.1996, Brasserie du pêcheur et Factortame e.a., C-46/93 et C-48/93, EU:C:1996:79 : 128, 130,
161
19.3.1996, Commission/Conseil, C-25/94, EU:C:1996:114 : 47
26.3.1996, British Telecommunications, C-392/93, EU:C:1996:131 : 128
28.3.1996, Adhésion de la Communauté à la Convention de sauvegarde des droits de l’Homme et
des libertés fondamentales, avis 2/94, EU:C:1996:140 : 68
2.7.1996, Commission/Luxembourg, C-473/93, EU:C:1996:263 : 56
10.9.1996, Commission/Allemagne, C-61/94, EU:C:1996:313 : 52
3.10.1996, Hallouzi-Choho, C-126/95, EU:C:1996:368 : 199

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TABLE DE JURISPRUDENCE 217

8.10.1996, Dillenkofer e.a., C-178/94, C-179/94, C-188/94, C-189/94 et C-190/94, EU:C:1996:375 :


128
5.12.1996, Ord., Lopes, C-174/96 P, EU:C:1996:473 : 137
12.12.1996, X., C-74/95 et C-129/95, EU:C:1996:491 : 186
1997
20.3.1997, France/Commission, C-57/95, EU:C:1997:164 : 144
20.3.1997, Commission/Allemagne, C-96/95, EU:C:1997:165 : 171
21.3.1997, Ord., Région wallonne/Commission, C-95/97, EU:C:1997:184 : 146
17.4.1997, De Compte/Parlement, C-90/95 P, EU:C:1997:198 : 32
29.5.1997, Kremzow, C-299/95, EU:C:1997:254 : 69, 70, 75
10.7.1997, Palmisani, C-261/95, EU:C:1997:351 : 131
17.9.1997, Dorsch Consult Ingenieurgesellschaft, C-54/96, EU:C:1997:413 : 185
20.11.1997, Commission/V., C-188/96 P, EU:C:1997:554 : 142
2.12.1997, Fantask e.a., C-188/95, EU:C:1997:580 : 126
4.12.1997, Commission/Italie, C-207/96, EU:C:1997:583 : 38
18.12.1997, Inter-Environnement Wallonie, C-129/96, EU:C:1997:628 : 37, 38, 183
1998
12.2.1998, Commission/France, C-144/97, EU:C:1998:60 : 38, 168
17.2.1998, Grant, C-249/96, EU:C:1998:63 : 65
10.3.1998, Allemagne/Conseil, C-122/95, EU:C:1998:94 : 52, 75
31.3.1998, France et Société commerciale des potasses et de l’azote (SCPA) e.a./Commission, C-68/
94 et C-30/95, EU:C:1998:148 : 152
19.5.1998, Jensen et Korn, C-132/95, EU:C:1998:237 : 120
16.6.1998, Racke, C-162/96, EU:C:1998:293 : 64
9.7.1998, Commission/Belgique, C-323/97, EU:C:1998:347 : 168
24.9.1998, Brinkmann Tabakfabriken, C-319/96, EU:C:1998:429 : 128
22.10.1998, Commission/France, C-184/96, EU:C:1998:495 : 167
29.10.1998, Awoyemi, C-230/97, EU:C:1998:521 : 92
12.11.1998, Espagne/Commission, C-415/96, EU:C:1998:533 : 153
12.11.1998, Victoria Film, C-134/97, EU:C:1998:535 : 186
17.11.1998, Aprile, C-228/96, EU:C:1998:544 : 131
3.12.1998, Belgocodex, C-381/97, EU:C:1998:589 : 102
1999
21.1.1999, France/Comafrica e.a., C-73/97 P, EU:C:1999:13 : 146
1er.6.1999, Eco Swiss, C-126/97, EU:C:1999:269 : 186
1er.6.1999, Konle, C-302/97, EU:C:1999:271 : 128
15.6.1999, Rechberger e.a., C-140/97, EU:C:1999:306 : 130
8.7.1999, Hoechst/Commission, C-227/92 P, EU:C:1999:360 : 31
16.9.1999, Commission/Espagne, C-414/97, EU:C:1999:417 : 171
14.10.1999, Gluiber/Conseil et Commission, C-188/99 P, EU:C:1999:506 : 142

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218 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

23.11.1999, Portugal/ Conseil, C-149/96, EU:C:1999:574 : 67, 97


2000
11.1.2000, Kreil, C-285/98, EU:C:2000:2 : 103
6.4.2000, Espagne/Commission, C-443/97, EU:C:2000:190 : 46
13.4.2000, Commission/Espagne, C-274/98, EU:C:2000:206 : 167
11.5.2000, Commission/France, C-296/98, EU:C:2000:227 : 167
8.6.2000, Commission/France, C-46/99, EU:C:2000:307 : 168
15.6.2000, TEAM/Commission, C-13/99 P, EU:C:2000:329 : 142
28.6.2000, Ord., Laguillaumie, C-116/00, EU:C:2000:350 : 193, 196
4.7.2000, Commission/Grèce, C-387/97, EU:C:2000:356 : 173, 176
4.7.2000, Haim, C-424/97, EU:C:2000:357 : 128, 129
4.7.2000, Commission/Portugal, C-62/98, EU:C:2000:358 : 57, 167
4.7.2000, Bergaderm et Goupil/Commission, C-352/98 P, EU:C:2000:361 : 162
6.7.2000, Commission/Belgique, C-236/99, EU:C:2000:374 : 38
13.7.2000, Commission/France, C-160/99, EU:C:2000:410 : 166, 167
14.9.2000, Collino et Chiappero, C-343/98, EU:C:2000:441 : 91, 93
21.9.2000, Association basco-béarnaise des opticiens indépendants, C-109/99, EU:C:2000:483 : 193
5.10.2000, Allemagne/Parlement et Conseil, C-376/98, EU:C:2000:544 : 148
5.10.2000, Conseil/Busacca e.a., C-434/98 P, EU:C:2000:546 : 155
5.10.2000, Imperial Tobacco e.a., C-74/99, EU:C:2000:547 : 196
16.11.2000, Ord., Schiocchet/Commission, C-289/99 P, EU:C:2000:641 : 154
2001
11.1.2001, Monte Arcosu, C-403/98, EU:C:2001:6 : 34, 89
16.1.2001, Commission/TVR, C-40/98, EU:C:2001:19 : 164
18.1.2001, Svenska staten et Stockholm Lindöpark, C-150/99, EU:C:2001:34 : 130
25.1.2001, Frota Azul-Transportes e Turismo, C-413/98, EU:C:2001:55 : 195
28.1.2001, Larsy, C-118/00, EU:C:2001:368 : 130
1er.2.2001, Commission/France, C-333/99, EU:C:2001:73 : 167
6.3.2001, Connolly/Commission, C-274/99 P, EU:C:2001:127 : 65
10.5.2001, Veedfald, C-203/99, EU:C:2001:258 : 196
10.5.2001, Agorà et Excelsior, C-223/99 et C-260/99, EU:C:2001:259 : 195
14.6.2001, Salzmann, C-178/99, EU:C:2001:331 : 185
21.6.2001, SONAE, C-206/99, EU:C:2001347 : 195
12.7.2001, Jippes e.a., C-189/01, EU:C:2001:420 : 67
20.9.2001, Grzelczyk, C-184/99, EU:C:2001:458 : 200
2002
15.1.2002, Lutz e.a., C-182/00, EU:C:2002:19 : 185
18.6.2002, Commission/France, C-60/01, EU:C:2002:383 : 36
11.7.2002, Marks & Spencer, C-62/00, EU:C:2002:435 : 90, 92

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TABLE DE JURISPRUDENCE 219

17.9.2002, Muñoz et Superior Fruiticola, C-253/00, EU:C:2002:497 : 89


24.9.2002, Grundig Italiana, C-255/00, EU:C:2002:525 : 126
22.10.2002, National Farmers’ Union, C-241/01, EU:C:2002:604 : 151
5.11.2002, Commission/Danemark, C-467/98, EU:C:2002:625 : 166
28.11.2002, Commission/France, C-259/01, EU:C:2002:719 : 166
12.12.2002, Commission/Conseil, C-281/01 EU:C:2002:761 : 29
2003
21.1.2003, Commission/Parlement et Conseil, C-378/00, EU:C:2003:42 : 152
27.2.2003, Commission/Belgique, C-415/01, EU:C:2003:118 : 39
10.4.2003, Commission/Nederlandse Antillen, C-142/00 P, EU:C:2003:217 : 147
10.4.2003, Steffensen, C-276/01, EU:C:2003:228 : 75
12.6.2003, Schmidberger, C-112/00, EU:C:2003:333 : 74
30.9.2003, Köbler, C-224/01, EU:C:2003:513 : 128, 129, 189
25.11.2003, Commission/Espagne, C-278/01, EU:C:2003:635 : 173
9.12.2003, Commission/Italie, C-129/00, EU:C:2003:656 : 126
2004
7.1.2004, Wells, C-201/02, EU:C:2004:12 : 93
13.1.2004, Kühne & Heitz, C-453/00, EU:C:2004:17 : 199
24.6.2004, Handlbauer, C-278/02, EU:C:2004:388 : 34, 89
13.7.2004, Commission/Conseil, C-27/04, EU:C:2004:436 : 46
5.10.2004, Pfeiffer e.a., C-397/01 à 403/01, EU:C:2004:584 : 84
14.10.2004, Omega, C-36/02, EU:C:2004:614 : 67, 74
2005
10.3.2005, Espagne/Conseil, C-342/03, EU:C:2005:151 : 67
15.3.2005, Bidar, C-209/03, EU:C:2005:169 : 200
12.7.2005, Commission/France, C-304/02, EU:C:2005:444 : 173, 174, 177
24.10.2005, e.a., Italie/Commission, C-138/03, C-324/03 et C-431/03, EU:C:2005:714 : 29
24.11.2005, Deutsches Milch-Kontor, C-136/04, EU:C:2005:7162006 : 28
6.12.2005, ABNA e.a., C-453/03, C-11/04, C-12/04 et C-194/04, EU:C:2005:741 : 75
6.12.2005, Gaston Schul Douane-expediteur, C-461/03, EU:C:2005:742 : 190
2006
23.3.2006, Commission/Autriche, C-209/04, EU:C:2006:195 : 36
30.3.2006, Uudenkaupungin kaupunki, C-184/04, EU:C:2006:214 : 39
2.5.2006, Regione Siciliana/Commission, C-417/04 P, EU:C:2006:282 : 146
13.6.2006, Traghetti del Mediterraneo, C-173/03, EU:C:2006:391 : 128, 189
27.6.2006, Parlement/Conseil, C-540/03, EU:C:2006:429 : 66
18.7.2006, Commission/Italie, C-119/04, EU:C:2006:489 : 173
26.10.2006, Koninklijke Coöperatie Cosun, C-248/04, EU:C:2006:666 : 67
12.12.2006, Test Claimants in the FII Group Litigation, C-446/04, EU:C:2006:774 : 129

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220 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

2007
11.1.2007, ITC, C-208/05, EU:C:2007:16 : 104
18.1.2007, Brzezinski, C-313/05, EU:C:2007:33 : 200
25.1.2007, Robins e.a., C-278/05, EU:C:2007:56 : 130
17.4.2007, AGM-COS.MET, C-470/03, EU:C:2007:213 : 129
24.4.2007, Commission/Pays-Bas, C-523/04, EU:C:2007:244 : 57
7.6.2007, Commission/Grèce, C-178/05, EU:C:2007:317 : 172
7.6.2007, Wunenburger/Commission, C 362/05 P, EU:C:2007:322 : 157
26.6.2007, Ordre des barreaux francophone et germanophone e.a., C-305/05, EU:C:2007:383 : 65
18.7.2007, Commission/Allemagne, C-503/04, EU:C:2007:432 : 172
20.9.2007, Tum et Dari, C-16/05, EU:C:2007:530 : 97
18.10.2007, Commission/Danemark, C-19/05, EU:C:2007:606 : 168
18.12.2007, Laval un Partneri, C-341/05, EU:C:2007:809 : 66
2008
12.2.2008, Kempter, C-2/06, EU:C:2008:78 : 199
13.3.2008, Commission/Grèce, C-81/07, EU:C:2008:172 : 39
10.4.2008, Marks & Spencer, C-309/06, EU:C:2008:211 : 126
15.4.2008, Impact, C-268/06, EU:C:2008:223 : 91
8.5.2008, Danske Svineproducenter, C-491/06, EU:C:2008:263 : 39
3.6.2008, Intertanko e.a., C 308/06, EU:C:2008:312 : 56
17.7.2008, Commission/Cantina sociale di Dolianova e.a., C-51/05 P, EU:C:2008:40 : 161
17.7.2008, Arcor e.a., C-152/07 à C-154/07, EU:C:2008:426 : 94
3.9.2008, Kadi et Al Barakaat International Foundation/Conseil et Commission, C-402/05 P et C-415/
05 P, EU:C:2008:461 : 22, 65, 73, 75
9.9.2008, FIAMM e.a./Conseil et Commission, C-120/06 P et C-121/06 P, EU:C:2008:476 : 162
25.11.2008, Ord., S.A.BA.R./Commission, C-501/07 P, EU:C:2008:652 : 151
9.12.2008, Commission/France, C-121/07, EU:C:2008:695 : 168, 174
16.12.2008, Cartesio, C-210/06, EU:C:2008:723 : 185
18.12.2008, Sopropé, C-349/07, EU:C:2008:746 : 70
22.12.2008, Commission/Espagne, C-189/07, EU:C:2008:760 : 167, 172
22.12.2008, Régie Networks, C-333/07, EU:C:2008:764 : 152
2009
12.2.2009, Cobelfret, C-138/07, EU:C:2009:82 : 30, 90
12.2.2009, Commission/Pologne, C-475/07, EU:C:2009:86 : 39, 172
19.2.2009, Soyal et Savatli, C-228/06, EU:C:2009:101 : 52
3.3.2009, Commission/Autriche, C-205/06, EU:C:2009:118 : 57
3.3.2009, Commission/Suède, C-249/06, EU:C:2009:119 : 57
10.3.2009, Hartlauer, C-169/07, EU:C:2009:141 : 195
24.3.2009, Danske Slagterier, C-445/06, EU:C:2009:178 : 128, 131, 169
2.4.2009, Elshani, C-459/07, EU:C:2009:224 : 195

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TABLE DE JURISPRUDENCE 221

2.4.2009, Tyson Parketthandel, C-134/08, EU:C:2009:229 : 28


23.4.2009, Sahlstedt e.a./Commission, C-362/06 P, EU:C:2009:243 : 147
23.4.2009, Commission/Grèce, C-331/07, EU:C:2009:247 : 167
23.4.2009, Angelidaki e.a., C-378/07 à C-380/07, EU:C:2009:250 : 38
11.6.2009, Transports Schiocchet – Excursions/Commission, C-335/08 P, EU:C:2009:372 : 161
7.7.2009, Commission/Grèce, C-369/07, EU:C:2009:428 : 174
9.7.2009, Ord., Fornaci Laterizi Danesi/Commission, C-498/08 P, EU:C:2009:447 : 151
16.7.2009, Horvath, C-428/07, EU:C:2009:458 : 119
16.7.2009, Mono Car Styling, C-12/08, EU:C:2009:466 : 123
16.7.2009, Commission/Pologne, C-165/08, EU:C:2009:473 : 168
3.9.2009, Parlement/Conseil, C-166/07, EU:C:2009:499 : 29
8.9.2009, Commission/Parlement et Conseil, C-411/06, EU:C:2009:518 : 29
1er.10.2009, Commission/Conseil, C-370/07, EU:C:2009:590 : 29
6.10.2009, Commission/Finlande, C-335/07, EU:C:2009:612 : 171
15.10.2009, Audiolux, C-101/08, EU:C:2009:626 : 62, 75
22.10.2009, Bogiatzi, C-301/08, EU:C:2009:649 : 56
29.10.2009, NCC Construction Danmark, C-174/08, EU:C:2009:669 : 75
19.11.2009, Commission/Finlande, C-118/07, EU:C:2009:715 : 168
2010
19.1.2010, Kücükdeveci, C-555/07, EU:C:2010:21 : 37, 62, 93, 94, 183
26.1.2010, Transportes Urbanos y Servicios Generales SAL, C-118/08, EU:C:2010:39 : 122
26.1.2010, Internationaler Hilfsfonds/Commission, C-362/08 P, EU:C:2010:40 : 144
15.4.2010, Barth, C-542/08, EU:C:2010:193 : 131
22.4.2010, Enosi Efopliston Aktoploïas e.a., C-122/09, EU:C:2010:222 : 118
20.5.2010, Katsivardas, C-160/09, EU:C:2010:293 : 97
3.6.2010, Commission/Espagne, C-487/08, EU:C:2010:310 : 171
3.6.2010, Kalinchev, C-2/09, EU:C:2010:312 : 200
15.6.2010, Commission/Espagne, C-211/08, EU:C:2010:340 : 171
22.6.2010, Melki et Abdeli, C-188/10, EU:C:2010:363 : 189
29.6.2010, E. et F., C-550/09, EU:C:2010:382 : 73
15.7.2010, Commission/Allemagne, C-271/08, EU:C:2010:426 : 67
19.7.2010, Commission/Belgique, C-6/10, EU:C:2010:462 : 167
29.7.2010, Commission/France, C-35/10, EU:C:2010:464 : 167
2.9.2010, Kirin Amgen, C-66/09, EU:C:2010:484 : 195
8.9.2010, Winner Wetter, C-409/06, EU:C:2010:503 : 103, 152, 195
5.10.2010, Elchinov, C-173/09, EU:C:2010:581 : 104, 187
14.10.2010, Fuß, C-243/09, EU:C:2010:609 : 91, 104, 195
21.10.2010, Accardo e.a., C-227/09, EU:C:2010:624 : 37, 93, 183
28.10.2010, SGS Belgium e.a., C-367/09, EU:C:2010:648 : 34

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222 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

11.11.2010, Transportes Evaristo Molina/Commission, C-36/09 P, EU:C:2010:670 : 151


12.11.2010, Ord., Asparuhov Estov e.a., C-339/10, EU:C:2010:680 : 70
18.11.2010, Commission/Espagne, C-48/10, EU:C:2010:704 : 168
25.11.2010, Fuß, C-429/09, EU:C:2010:717 : 91, 104, 129
9.12.2010, Fluxys, C-241/09, EU:C:2010:753 : 193, 196
2011
3.3.2011, Auto Nikolovi, C-203/10, EU:C:2011:118 : 90
8.3.2011, Projet d’accord – Création d’un système unifié de règlement des litiges en matière de
brevets – Juridiction du brevet européen et du brevet communautaire – Compatibilité dudit projet
avec les traités, avis 1/09, EU:C:2011:123 : 80
10.3.2011, Casteels, C-379/09, EU:C:2011:131 : 88
17.3.2011, Naftiliaki Etaireia Thasou et Amaltheia I Naftiki Etaireia, C-128/10 et C-129/10, EU:
C:2011:163 : 190
31.3.2011, Commission/Grèce, C-407/09, EU:C:2011:196 : 174
12.5.2011, Luxembourg/Parlement et Conseil, C-176/09, EU:C:2011:290 : 62
12.5.2011, Polska Telefonia Cyfrowa, C-410/09, EU:C:2011:294 : 30
19.5.2011, Iaia e.a., C-452/09, EU:C:2011:323 : 131
9.6.2011, Comitato “Venezia vuole vivere” e.a./Commission, C-71/09 P, C-73/09 P et C-76/09 P,
EU:C:2011:368 : 147
7.7.2011, Nisipeanu, C-263/10, EU:C:2011:466 : 199
14.7.2011, Bureau national interprofessionnel du cognac, C-4/10 et C-27/10, EU:C:2011:484 : 34
6.9.2011, Lady & Kid e.a., C-398/09, EU:C:2011:540 : 126
15.9.2011, Accor, C-310/09, EU:C:2011:581 : 125, 126
29.9.2011, Elf Aquitaine/Commission, C-521/09 P, EU:C:2011:620 : 65
13.10.2011, Deutsche Post et Allemagne/Commission, C 463/10 P et C 475/10 P, EU:C:2011:656 :
145
17.10.2011, Commission/Pologne, C-311/10, EU:C:2011:702 : 167
20.10.2011, Interedil, C-396/09, EU:C:2011:671 : 104, 187
27.10.2011, Commission/Pologne, C-362/10, EU:C:2011:703 : 167
17.11.2011, Commission/Italie, C-496/09, EU:C:2011:740 : 174
24.11.2011, Commission/Italie, C-379/10, EU:C:2011:775 : 128, 171
24.11.2011, ASNEF et FECEMD, C-468/10 et C-469/10, EU:C:2011:777 : 90
21.12.2011, Danske Svineproducenter, C-316/10, EU:C:2011:863 : 34, 192
21.12.2011, N. S. e.a., C-411/10 et C-493/10, EU:C:2011:865 : 70
2012
24.1.2012, Dominguez, C-282/10, EU:C:2012:33 : 91, 94
26.1.2012, Commission/Slovénie, C-185/11, EU:C:2012:43 : 167
19.4.2012, Artegodan/Commission, C-221/10 P, EU:C:2012:216 : 162
24.4.2012, Kamberaj, C-571/10, EU:C:2012:233 : 65
7.6.2012, Vinkov, C-27/11, EU:C:2012:326 : 70
26.6.2012, Pologne/Commission, C-335/09 P, EU:C:2012:385 : 29

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TABLE DE JURISPRUDENCE 223

4.7.2012, Ettaghi, C-73/12, EU:C:2012:410 : 193


4.7.2012, Tam, C-74/12, EU:C:2012:411 : 193
19.7.2012, Littlewoods Retail e.a., C-591/10, EU:C:2012:478 : 121, 126
6.9.2012, Parlement/Conseil, C-490/10, EU:C:2012:525 : 152
6.9.2012, Philips Electronics UK, C-18/11, EU:C:2012:532 : 87
11.9.2012, Nomarchiaki Aftodioikisi Aitoloakarnanias e.a., C 43/10, EU:C:2012:560 : 38
27.9.2012, Zuckerfabrik Jülich, C 113/10, C 147/10 et C 234/10, EU:C:2012:591 : 127
15.11.2012, Al-Aqsa/Conseil et Pays-Bas/Al-Aqsa, C-539/10 P et C-550/10 P, EU:C:2012:711 : 29
22.11.2012, E.ON Energie/Commission, C-89/11 P, EU:C:2012:738 : 142
19.12.2012, Epitropos tou Elegktikou Synedriou, C-363/11, EU:C:2012:825 : 186
2013
15.1.2013, Križan e.a., C-416/10, EU:C:2013:8 : 184, 187, 192, 193
31.1.2013, D. et A., C-175/11, EU:C:2013:45 : 185
31.1.2013, Belov, C-394/11, EU:C:2013:48 : 186
26.2.2013, Åkerberg Fransson, C-617/10, EU:C:2013:105 : 69, 70
18.4.2013, Commission/Systran et Systran Luxembourg, C-103/11 P, EU:C:2013:245 : 164
18.4.2013, Irimie, C-565/11, EU:C:2013:250 : 121
30.5.2013, F., C-168/13 PPU, EU:C:2013:358 : 186
18.7.2013, Consiglio nazionale dei geologi et Autorità garante della concorrenza e del mercato, C-
136/12, EU:C:2013:489 : 104, 187, 193
12.9.2013, Konstantinides, C-475/11, EU:C:2013:542 : 195
26.9.2013, HK Danmark, C-476/11, EU:C:2013:590 : 69
3.10.2013, Inuit Tapiriit Kanatami e.a./Parlement et Conseil, C-583/11 P, EU:C:2013:625 : 147
22.10.2013, Commission/Conseil, C-137/12, EU:C:2013:675 : 29, 152
24.10.2013, Stoilov i Ko, C-180/12, EU:C:2013:693 : 195
19.11.2013, Commission/Conseil, C-196/12, EU:C:2013:753 : 155
4.12.2013, Commission/Conseil, C-111/10, EU:C:2013:785 : 150
4.12.2013, Commission/Conseil, C-118/10, EU:C:2013:787 : 150
4.12.2013, Commission/Conseil, C-121/10, EU:C:2013:784 : 150
10.12.2013, Commission/Irlande e.a., C-272/12 P, EU:C:2013:812 : 148
12.12.2013, Portgás, C-425/12, EU:C:2013:829 : 91
13.12.2013, Caves Krier Frères, C-379/11, EU:C:2012:798 : 190
2014
15.1.2014, Commission/Portugal, C-292/11 P, EU:C:2014:3 : 173
15.1.2014, Association de médiation sociale, C-176/12, EU:C:2014:2 : 70, 94
16.1.2014, Ord., Dutka et Sajtos, C-614/12 et C-10/13, EU:C:2014:30 : 70
13.2.2014, Airport Shuttle Express e.a., C-162/12 et C-163/12, EU:C:2014:74 : 196
13.2.2014, Crono Service e.a., C-419/12 et C-420/12, EU:C:2014:81 : 196
6.3.2014, Siragusa, C-206/13, EU:C:2014:126 : 70
27.3.2014, Torralbo Marcos, C-265/13, EU:C:2014:187 : 69, 70

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224 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

10.4.2014, Emerging Markets Series of DFA Investment Trust Company, C-190/12, EU:C:2014:249 :
200
6.5.2014, Commission/Parlement et Conseil, C-43/12, EU:C:2014:298 : 152
8.5.2014, Pelckmans Turnhout, C-483/12, EU:C:2014:304 : 70
15.5.2014, Almos Agrárkülkereskedelmi, C-337/13, EU:C:2014:328 : 74, 90, 190
12.6.2014, Ascendi Beiras Litoral e Alta, Auto Estradas das Beiras Litoral e Alta, C-377/13, EU:
C:2014:1754 : 185
10.7.2014, Ogieriakhi, C-244/13, EU:C:2014:2068 : 130
3.9.2014, Commission/Espagne, C-127/12, EU:C:2014:2130 : 171
4.9.2014, Commission/Allemagne, C-211/13, EU:C:2014:2148 : 169
11.9.2014, Gruslin, C-88/13, EU:C:2014:2205 : 184
11.9.2014, A., C-112/13, EU:C:2014:2195 : 71
9.10.2014, TDC, C-222/13, EU:C:2014:2265 : 186
15.10.2014, Nicula, C-331/13, EU:C:2014:2285 : 125, 126
16.10.2014, Commission/Allemagne, C-100/13, EU:C:2014:2293 : 171
18.12.2014, Projet d’accord international – Adhésion de l’Union européenne à la convention euro-
péenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales – Compatibilité dudit
projet avec les traités UE et FUE, avis 2/13, EU:C:2014:2454 : 72, 73
18.12.2014, Schoenimport « Italmoda » Mariano Previti e.a., C 131/13, C 163/13 et C 164/13, EU:
C:2014:2455 : 92
18.12.2014, FOA, C-354/13, EU:C:2014:2463 : 62
18.12.2014, SETAR, C-551/13, EU:C:2014:2467 : 438
2015
13.1.2015, Conseil e.a./Vereniging Milieudefensie et Stichting Stop Luchtverontreiniging Utrecht, C-
401/12 P à C-403/12 P, EU:C:2015:4 : 97
5.2.2015, Nisttahuz Poclava, C-117/14, EU:C:2015:60 : 195
10.2.2015, Ord., Băbășan, C-305/14, EU:C:2015:97 : 70
24.2.2015, Grünewald, C-559/13, EU:C:2015:109 : 298
26.2.2015, Federconsorzi et Liquidazione giudiziale dei beni ceduti ai creditori della Federazione, C-
104/14, EU:C:2015:125 : 38
14.4.2015, Manea, C-76/14, EU:C:2015:216 : 199
16.4.2015, Parlement/Conseil, C-317/13 et C-679/13, EU:C:2015:2232014 : 29, 149
16.4.2015, Parlement/Conseil, C-540/13, EU:C:2015:224 : 149
23.4.2015, Ord., Commission/Vanbreda Risk & Benefits, C-35/15 P(R), EU:C:2015:275 : 140
28.4.2015, Commission/Conseil C-28/12, EU:C:2015:28 : 80, 149
5.5.2015, Espagne/Parlement et Conseil, C-146/13, EU:C:2015:298 : 150
21.5.2015, Verder LabTec, C-657/13, EU:C:2015:331 : 195
4.6.2015, Andechser Molkerei Scheitz/Commission, C 682/13 P, EU:C:2015:356 : 156
11.6.2015, Commission/Pologne, C-29/14, EU:C:2015:379 : 38
16.6.2015, Gauweiler e.a., C-62/14, EU:C:2015:400 : 186
16.7.2015, Commission/Rusal Armesal, C-21/14 P, EU:C:2015:494 : 97

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TABLE DE JURISPRUDENCE 225

9.9.2015, Lito Maieftiko Gynaikologiko kai Cheirourgiko Kentro/Commission, C-506/13 P, EU:


C:2015:562 : 144
9.9.2015, X., C-72/14 et C-197/14, EU:C:2015:564 : 189
6.10.2015, T-Mobile Czech Republic et Vodafone Czech Republic, C-508/14, EU:C:2015:657 : 90,
91, 93
6.10.2015, Consorci Sanitari del Maresme, C-203/14, EU:C:2015:664 : 185
2016
16.3.2016, Ord., Commission/Pologne, C-545/15, EU:C:2016:228 : 178
5.4.2016, PFE, C-689/13, EU:C:2016:199 : 188
19.4.2016, Dansk Industri (DI), C-441/14, EU:C:2016:278 : 94
4.5.2016, Commission/Autriche, C-346/14, EU:C:2016:322 : 38
7.7.2016, Ambisig, C-46/15, EU:C:2016:530 : 94
27.10.2016, Milev, C-439/16 PPU, EU:C:2016:818 : 38
27.10.2016, James Elliott Construction, C-613/14, EU:C:2016:821 : 191
24.11.2016, Ackermann Saatzucht e.a./Parlement et Conseil, C-408/15 P et C-409/15 P, ECLI:EU:
C:2016:893 : 147
14.12.2016, SV Capital OÜ/ABE, C-577/15 P, EU:C:2016:947 : 144
21.12.2016, TDC, C-327/15, ECLI:EU:C:2016:974 : 92
2017
18.1.2017, Wortmann, C-365/15, EU:C:2017:19 : 127
16.2.2017, Margarit Panicello, C-503/15, EU:C:2017:126 : 186
15.3.2017, Aquino, C-3/16, EU:C:2017:209 : 125, 189, 193
30.3.2017, Ord., Commission/Luxembourg, C-489/16, EU:C:2017:295 : 178
6.7.2017, Glencore Agiculture Hungary, C-254/16, EU:C:2017:522 : 104
7.9.2017, H., C-174/16, EU:C:2017:637 : 104
10.10.2017, Farrell, C-413/15, EU:C:2017:745 : 91
20.11.2017, Ord., Commission/Pologne, C-441/17 R, EU:C:2017:877 : 139
23.11.2017, Bionorica/Commission, C-596/15 P et C-597/15 P, EU:C:2017:886 : 156
20.12.2017, Global Starnet, C-322/16, EU:C:2017:985 : 187
20.12.2017, Caterpillar Financial Services, C-500/16, EU:C:2017:996 : 125
2018
24.1.2018, Pantuso e.a., C-616/16 et C-617/16, EU:C:2018:32 : 92
20.2.2018, Belgique/Commission, C-16/16 P, EU:C:2018:079 : 144
1er.3.2018, Petrotel-Lukoil et Georgescu, C-76/17, EU:C:2018:139 : 126
22.2.2018, Commission/Grèce, C-328/16, EU:C:2018:98 : 176
6.3.2018, SEGRO, C-52/16 et C-113/16, EU:C:2018:157 : 104
13.3.2018, Industrias Químicas del Vallés/Commission, C 244/16 P, EU:C:2018:177 : 147
10.4.2018, Ord., CV, C-85/18 PPU, EU:C:2018:220 : 197
25.7.2018, Messer France, C-103/17, EU:C:2018:587 : 125
25.7.2018, Commission/Espagne, C-205/17, EU:C:2018:606 : 176

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226 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

7.8.2018, Smith, C-122/17, EU:C:2018:631 : 93


4.10.2018, Kantarev, C-571/16, EU:C:2018:807 : 130
18.10.2018, Internacional de Productos Metálicos/Commission, C-145/17 P, EU:C:2018:839 : 147
14.11.2018, Commission/Grèce, C-93/17, EU:C:2018:903 : 174
21.11.2018, Ayubi, C-713/17, EU:C:2018:929 : 104
4.12.2018, Minister for Justice and Equality et Commissioner of An Garda Síochána, C-378/17, EU:
C:2018:979 : 104
2019
31.1.2019, International Management Group/Commission, C-183/17 P et C-184/17 P, EU:
C:2019:78 : 145
12.2.2019, Ord., RH, C-8/19 PPU, EU:C:2019:110 : 197
26.2.2019, N Luxembourg 1 e.a., C 115/16, C 118/16, C 119/16 et C 299/16,EU:C:2019:134 : 62

• Arrêts et ordonnances du Tribunal


1990
10.7.1990, Tetra Pak/Commission, T-51/89, EU:T:1990:41 : 22, 183
13.12.1990, Nefarma e.a., T-113/89, EU:T:1990:82 : 43
1992
27.2.1992, BASF AG e.a./Commission, T-79/89, T-84/89, T-85/89, T-86/89, T-89/89, T-91/89, T-92/
89, T-94/89, T-96/89, T-98/89, T-102/89 et T-104/89, EU:T:1992:26 : 32, 45
1995
24.1.1995, Ladbroke Racing/Commission, T-74/92, EU:T:1995:10 : 152
7.3.1995, Socurte e.a./Commission, T-432/93 à T-434/93, EU:T:1995:43 : 151
13.12.1995, Vereniging van Exporteurs in Levende Varkens e.a./Commission, T-481/93 et T-484/93,
EU:T:1995:209 : 159
1996
16.1.1996, Candiotte/Conseil, T-108/94, EU:T:1994:247 : 163
12.11.1996, Ord., SDDDA/Commission, T-47/96, EU:T:1996:164 : 158
1997
22.1.1997, Opel Austria/Conseil, T-115/94, EU:T:1997:3 : 64
19.3.1997, Oliveira/Commission, T-73/95, EU:T:1997:39 : 155
30.9.1997, Ord., Federolio/Commission, T-122/96, EU:T:1997:142 : 148
1998
19.2.1998, Eyckeler & Malt, T-42/96, EU:T:1998:40 : 67
28.4.1998, Dorsch Consult Ingenieurgesellschaft/Conseil et Commission, T-184/95, EU:T:1998:74 :
163
30.4.1998, Cityflyer Express/Commission, T-16/96, EU:T:1998:78 : 148
15.9.1998, Gestevisión Telecinco/Commission, T 95/96, EU:T:1998:206 : 157
30.9.1998, Coldiretti e.a./Conseil et Commission, T-149/96, EU:T:1998:228 : 160
29.10.1998, TEAM/Commission, T-13/96, EU:T:1997:87 : 163
25.11.1998, Steffens/Conseil et Commission, T-222/97, EU:T:1998:267 : 161

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TABLE DE JURISPRUDENCE 227

1999
20.5.1999, H. & R. Ecroyd/Commission, T-220/97, EU:T:1999:106 : 199
8.7.1999, Ord., Area Cova e.a./Conseil, T-194/95, EU:T:1999:141 : 154
2000
27.1.2000, BEUC/Commission, T-256/97, EU:T:1999:15 : 52
24.10.2000, Fresh Marine/Commission, T-178/98, EU:T:2000:240 : 163
2001
20.3.2001, Cordis/Commission, T-18/99, EU:T:2001:95 : 97
7.6.2001, Agrana Zucker et Stärke, T-187/99, EU:T:2001:149 : 20
27.6.2001, Andres de Dios e.a./Conseil, T-166/99, EU:T:2001:171 : 150
2002
17.1.2002, Ord., Stauner e.a./Parlement et Commission, T-236/00, EU:T:2002:8 : 22, 48
7.3.2002, Intervet International/Commission, T 212/99, EU:T:2002:63 : 157
21.3.2002, Ord., Laboratoire Monique Rémy/Commission, T-218/01, EU:T:2002:86 : 151
26.11.2002, Artegodan e.a./Commission, T-74/00, T-76/00, T-83/00, T-84/00, T-85/00, T-132/00, T-
137/00 et T-141/00, EU:T:2002:283 : 62
2003
10.4.2003, Le Pen/Parlement, T-353/00, EU:T:2003:112 : 144
16.10.2003, Co-Frutta/Commission, T-47/01, EU:T:2003:272 : 150
16.11.2003, Masdar (UK)/Commission, T-333/03, EU:T:2006:348 : 165
17.12.2003, Ord., Krikorian e.a./Parlement e.a., T-346/03, EU:T:2003:348 : 160
2004
16.1.2004, Ord., Arizona Chemical e.a./Commission, T-369/03 R, EU:T:2005:458 : 139
23.11.2004, Cantina sociale di Dolianova e.a./Commission, T 166/98, EU:T:2004:337 : 159
2006
4.10.2006, Tillack/Commission, T-193/04, EU:T:2006:292 : 66
13.12.2006, Abad Pérez e.a./Conseil et Commission, T-304/01, EU:T:2006:389 : 163
2007
15.11.2007, Hongrie/Commission, T-310/06, EU:T:2007:343 : 75
2008
17.6.2008, FMC Chemical/EFSA, T-312/06, EU:T:2007:67 : 144
9.9.2008, MyTravel/Commission, T-212/03, EU:T:2008:315 : 162
24.9.2008, M./Médiateur, T-412/05, EU:T:2008:397 : 162
8.10.2008, Sogelma/AER, T-411/06, EU:T:2008:419 : 145
3.11.2008, Ord., Srinivasan/Médiateur, T-196/08, EU:T:2008:470 : 144, 152
2009
28.1.2009, Centro Studi Manieri/Conseil, T-125/06, EU:T:2009:19 : 151
9.6.2009, NDSHT/Commission, T-152/06, EU:T:2009:181 : 144
3.9.2009, Cheminova A/S e.a./Commission, T-326/07, EU:T:2009:299 : 63

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228 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

9.9.2009, Diputación Foral de Álava et GobiernoVasco/Commission, T-227/01 à T-229/01, T-265/01,


T-266/01 et T-270/01, EU:T:2009:315 : 151
29.9.2009, Thomson Sales Europe/Commission, T-225/07 et T-364/07, EU:T:2009:363 : 152
2010
3.3.2010, Artegodan/Commission, T-429/05, EU:T:2010:60 : 162
18.3.2010, Forum 187/Commission, T-189/08, EU:T:2010:99 : 148
20.7.2010, Ord., Perret/Commission, T-186/10, EU:T:2010:314 : 144, 169
7.12.2010, Fahas/Conseil, T-49/07, EU:T:2010:499 : 65, 67
17.12.2010, Commission/Acentro Turismo, T-460/08, EU:T:2010:551 : 164
2011
29.3.2011, Portugal/Commission, T-33/09, EU:T:2011:127 : 166
23.11.2011, Sison/Conseil, T-341/07, EU:T:2011:687 : 162
2012
22.5.2012, Sviluppo Globale/Commission, T-6/10, EU:T:2012:245 : 144
13.6.2012, Insula/Commission, T-366/09, EU:T:2012:288 : 164
8.10.2012, Ord., ClientEarth/Conseil, T-62/12, EU:T:2012:525 : 145
7.11.2012, Syndicat des thoniers méditerranéens e.a./Commission, T-574/08, EU:T:2012:583 : 163
2013
10.7.2013, Missir Mamachi di Lusignano/Commission, T-401/11 P, EU:T:2014:625 : 162
16.9.2013, ATC e.a./Commission, T-333/10, EU:T:2014:842 : 161
2014
21.1.2014, Klein/Commission, T-309/10, EU:T:2014:19 : 161
6.9.2014, Ord., Vanbreda Risk & Benefits/Commission, T-199/14 R, EU:T:2014:1024 : 140
2015
15.1.2015, Ziegler et Ziegler Relocation/Commission, T-539/12 et T-150/13, EU:T:2015:15 : 161
4.3.2015, Royaume-Uni/BCE, T-496/11, EU:T:2015:133 : 149
18.3.2015, Cahier e.a./Conseil et Commission, T-195/11, T-458/11, T-448/12 et T-41/13, EU:
T:2015:161 : 161
29.4.2015, Staelen/Médiateur, T-217/11, EU:T:2015:238 : 159, 161
30.4.2015, Al-Chihabi/Conseil, T-593/11, EU:T:2015:249 : 66
21.5.2015, Ord., APRAM/Commission, T-403/13, EU:T:2015:317 : 146
14.9.2015, Ord., Slovénie/Commission, T-585/14, EU:T:2015:662 : 144
23.9.2015, Schroeder/Conseil et Commission, T-205/14, EU:T:2015:673 : 159
16.12.2015, Suède/Commission, T-521/14, EU:T:2015:976 : 155, 157
2017
24.3.2017, Estonie/Commission, T-117/15, EU:T:2017:217 : 144
14.12.2017, Ord., PGNiG Supply & Trading/Commission, T-849/16, EU:T:2017:924 : 147
2018
7.3.2018, Ord., Fertisac/ECHA, T-855/16, EU:T:2018:118 : 144

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TABLE DE JURISPRUDENCE 229

• Décisions et jugements des juridictions françaises


Conseil constitutionnel
19.6.1970, no 70-39 DC, Traité signé à Luxembourg le 22 avril 1970 et décision du Conseil des
Communautés européennes du 21 avril 1970 FR:CC:1970:70.39.DC : 109
15.1.1975, no 74-54 DC, Loi relative à l’interruption volontaire de grossesse, FR:CC:1975:74.54.DC :
105
30.12.1976, no 76-71 DC, Décision du Conseil des Communautés européennes relative à l’élection
de l’Assemblée des Communautés au suffrage universel direct, FR:CC:1976:76.71.DC : 110
30.12.1977, no 77-89 DC, Loi de finances pour 1978, FR:CC:1977:77.89.DC : 112
3.9.1986, no 86-216 DC, Loi relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France,
FR:CC:1986:86.216.DC : 105
21.10.1988, no 88-1082/1117 AN du A. N., Val d’Oise (5e circonscription), FR:CC:1988:88.1082.AN :
106
29.12.1989, no 89-268 DC, Loi de finances pour 1990, FR:CC:1989:89.268.DC : 106
9.4.1992, no 92-308 DC, Traité sur l’Union européenne, FR:CC:1992:92.308.DC : 110
31.12.1997, no 97-394 DC, Traité d’Amsterdam, FR:CC:1997:97.394.DC : 111
20.5.1998, no 98-400 DC, Loi organique déterminant les conditions d’application de l’article 88-3 de
la Constitution relatif à l’exercice par les citoyens de l’Union européenne résidant en France, autres
que les ressortissants français, du droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales, et portant
transposition de la directive 94/80/CE du 19 décembre 1994, FR:CC:1998:98.400.DC : 106
10.6.2004, no 2004-496 DC, Loi pour la confiance dans l’économie numérique, FR:CC:2004:2004.
496.DC : 37, 112
1er.7.2004, no 2004-497 DC, Loi relative aux communications électroniques et aux services de
communication audiovisuelle, FR:CC:2004:2004.497.DC : 112
29.7.2004, no 2004-499 DC, Loi relative à la protection des personnes physiques à l’égard des traite-
ments de données à caractère personnel, FR:CC:2004:2004.499.DC : 112
19.11.2004, no 2004-505 DC, Traité établissant une Constitution pour l’Europe, FR:CC:2004:2004.
505.DC : 111, 113
27.7.2006, no 2006-540 DC, Loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de
l’information, FR:CC:2006:2006.540.DC : 113
20.12.2007, no 2007-560 DC, Traité de Lisbonne, FR:CC:2007:2007.560.DC : 110
12.5.2010, no 2010-605 DC, Loi relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur
des jeux d’argent et de hasard en ligne, FR:CC:2010:2010.605.DC : 107
17.12.2010, no 2010-79 QPC, Kamel D., FR:CC:2010:2010.79.QPC : 113
4.4.2013, no 2013-314P QPC, Jérémy F., FR:CC:2013:2013.314P.QPC : 186
Conseil d’État
19.6.1964, Ass., no 47007-47 008 e.a., Société des Pétroles Shell-Berre e.a. : Rec. Lebon, p. 344 :
187
1er.3.1968, Sect., no 62814, Syndicat général des fabricants de semoules de France, FR:
CESJS:1968:62814.19680301 : 108
10.7.1970, Sect., no 76643, Synacomex, FR:CEORD:1970:76643.19700710 : 105
22.12.1978, Ass., no 11604, Ministre de l’intérieur/Cohn-bendit, FR:CEASS:1978:11604.19781222 :
94
22.10.1979, Ass., no 17541, Union démocratique du travail, FR:CEASS:1979:17541.19791022 : 108

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230 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

22.1.1982, Ass., no 11029-11050, Conseil régional de Paris de l’ordre des experts comptables et
comptables agréés e.a., FR:CEASS:1982:11029.19820122 : 108
28.9.1984, no 28467, Confédération nationale des sociétés de protection des animaux de France et
des pays d’expression française e.a., FR:CESSR:1984:28467.19840928 : 94
7.12.1984, no 41971-41972, Fédération française des sociétés de protection de la nature e.a., FR:
CESSR:1984:41971.19841207 : 95
3.2.1989, Ass., no 74052, Compagnie Alitalia, FR:CEASS:1989:74052.19890203 : 95
20.10.1989, Ass., no 108243, Nicolo, FR:CEASS:1989:108243.19891020 : 108
22.12.1989, Ass., no 86113, Cercle militaire mixte de la caserne Mortier, FR:
CESJS:1989:86113.19891222 : 95
24.9.1990, no 58657, Boisdet, FR:CESSR:1990:58657.19900924 : 109
28.2.1992, no 56776-56777, SA Rothmans International France et SA Philip Morris France, FR:
CEASS:1992:56776.19920228 : 95, 109
28.2.1992, Ass., no 87753, Société Arizona Tobacco Products et SA Philipp Morris France, FR:
CEASS:1992:87753.19920228 : 95
23.6.1995, Sect., no 149226-155083-162001, SA Lilly France, FR:CESJS:1995:149226.19950623 : 39
3.7.1996, Ass., no 169219, M. Koné, FR:CEASS:1996:169219.19960703 : 113
6.1.1997, Sect., no 163524, Société Euralair international, FR:CESJS:1997:163524.19970106 : 105
6.2.1998, Ass., no 138777-147424 e.a., Tête et Association de sauvegarde de l’Ouest lyonnais, FR:
CEASS:1998:138777.19980206 : 95
30.10.1998, Ass., no 200286-200287, Sarran et Levacher e.a., FR:CEASS:1998:200286.19981030 :
113
11.7.2001, Ass., no 219494-221021-221274-221275-221421, Fédération nationale des syndicats
d’exploitants agricoles e.a., FR:CEASS:2001:219494.20010711 : 75
3.12.2001, no 226514, Syndicat national de l’industrie pharmaceutique e.a., FR:CESSR:2001:
226514.20011203 : 75, 109, 114
10.1.2002, no 219138, Région Guadeloupe, FR:CESSR:2001:219138.20010110 : 109
20.11.2002, no 229017, Société Golden-Harvest-Zelder, FR:CESSR:2002:229017.20021120 : 39
5.1.2005, no 257341-257534, Mlle Deprez et Baillard, FR:CESSR:2005:257341.20050105 : 108
3.6.2005, no 281001, Olziibat, FR:CEORD:2005:281001.20050603 : 114
28.4.2006, no 242727, 243 359, 243385 et 243703, Dellas e.a., FR:CESSR:2006:242727.20060428 :
105
27.7.2006, no 281629, Association Avenir de la langue française, FR:CESSR:2006:281629.
20060727 : 114
8.2.2007, Ass., no 287110, Sté ARCELOR Atlantique et Lorraine e.a., FR:CEASS:2007:287110.
20070208 : 37, 108, 114
30.10.2009, Ass., no 298348, Mme Perreux, FR:CEASS:2009:298348.20091030 : 37, 95
21.3.2011, no 345978-346612, M. Jin et M. Thiero, FR:CESSR:2011:345978.20110321 : 95
Cour de cassation
22.10.1970, Ch. Crim., Société Les fils d’Henri Ramel : D. 1971, p. 221 : 105
24.5.1975, Ch. mixte, Administration des douanes/Société Cafés Jacques Vabre et SARL J. Weigel et
Cie : D. 1975, p. 497 : 107
1er.10.1979, Ch. Crim., Rosi di Montalera : Bulletin des arrêts de la Cour de cassation – chambre
criminelle, no 262, p. 705 : 107

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TABLE DE JURISPRUDENCE 231

5.5.1987, Ch. Civile, SA des marchés et usines Auchan/Rudin e.a. : Bulletin des arrêts de la Cour de
cassation – chambres civiles, 4e Partie, no 109, p. 84 : 108
3.6.1988, Ch. Crim., Klaus Barbie : Bulletin des arrêts de la Cour de cassation – chambre criminelle,
no 246, p. 637 : 107
2.6.2000, ass. plén., Pourvoi no 99-60.274, P. Fraisse : Bull. ass. plén., no 4/2000, p. 7 : 114

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Index

A – règlement cf. Règlement


Accord conclu entre les États membres, 53 – retrait, 31
Accord international Acte unilatéral cf. Avis, Décision, Directive, Re-
– conclu par les États membres, 55 commandation, Règlement
– conclu par l’Union européenne, 49 Aide juridictionnelle gratuite, 136
– effet direct, 96 Annulation cf. Recours en annulation
Accord mixte, 51, 191 Applicabilité directe du droit de l’Union
Acte clair (théorie de l’), 187 – des décisions, 95
Acte unique européen, 20, 67, 110 – des directives, 89
Acte de l’Union – des règlements, 88
– atypique, 44 – du droit conventionnel, 96
– avis cf. Avis – du droit dérivé, 88
– base juridique, 28 – du droit primaire, 86
– d’exécution, 29, 90, 32, 33, 35, 40 Appréciation de validité cf. Renvoi préjudiciel
– décision cf. Décision Arrêt préjudiciel cf. Renvoi préjudiciel
– délégué cf. Acte non législatif de portée géné- Autonomie institutionnelle et procédurale des
rale États membres (principe d’), 119
– directive cf. Directive Avocat général, 26, 41, 54, 60, 70, 122, 136,
– effets dans le temps, 31 138, 158, 194, 196, 197
– innommé, 46 Avis, 22, 27, 29, 42-45, 52, 67, 72, 73, 80, 95,
102, 143-145, 155, 156, 165, 170, 171, 173,
– interinstitutionnel, 46 178, 185
– législatif, 28, 30, 31, 35, 100, 101, 155
– modification, 31 B
– motivation (obligation de), 29 Base juridique cf. Actes de l’Union
– non décisoire, 42
C
– non législatif de portée générale, 29, 30, 32,
Carence cf. Recours en carence
35, 147
Charte des droits fondamentaux de l’Union eu-
– notification, 29
ropéenne, 20, 68-71, 73, 123
– obligatoire, 27 Communication, 39, 46, 138, 144, 167, 173,
– présomption de validité, 31 174, 176-178, 186
– publication, 29 Conseil d’État (fr.), 37, 39, 92, 94, 95, 106, 108,
– recommandation cf. Recommandation 113, 114, 135, 185, 187

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234 MÉMENTOS – DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE

Convention européenne des droits de l’homme, M


65, 67, 73, 105, 113, 114, 122 Manquement cf. Recours en manquement
Cour de cassation (fr.), 106-108, 113, 114 Mesure nationale de transposition, 31, 37-39,
70, 89, 90, 92, 94, 95, 167, 172, 176, 177
D Mesures provisoires cf. Référés
Décision Méthodes d’interprétation cf. Interprétation
– de portée générale, 41 Motivation (obligation de) cf. Actes de l’Union
– de portée individuelle, 40
– définition, 40 N
– destinataires, 40 Notification cf. Actes de l’Union
– effet direct, 95
Détournement de pouvoir cf. Recours en annula- P
tion Personnalité juridique de l’Union, 6, 20, 49, 160,
Directive 164
– définition, 35 Pourvoi contre les décisions du Tribunal, 141
– délai de transposition, 30, 37-39, 90-92, 95 Préjudiciel cf. Renvoi préjudiciel
– effet direct, 89 Principes généraux du droit, 61
Procédure devant les juridictions de l’Union (ca-
– invocabilité, 89
ractères généraux de la), 135
– transposition, 37 Protocole, 19, 53, 69, 71, 72, 101, 135, 190,
Droit 194
– conventionnel, 49 Primauté du droit de l’Union
– dérivé, 27 – conséquences, 103
– jurisprudentiel, 59 – principe, 99
– primaire, 19 – portée, 101
Droits fondamentaux, 61, 64-71, 73-75, 102, – mise en œuvre en France, 104
113, 123
Publicité cf. Acte de l’Union
E
Effectivité (principe d’), 121 Q
Effet direct cf. Applicabilité directe du droit de Question préjudicielle cf. Renvoi préjudiciel
l’Union Question prioritaire de constitutionnalité, 106,
Effet utile, 36, 89, 106, 117, 118, 120, 177 107
Équivalence (principe d’), 121
R
Exception d’illégalité, 153
Recommandation, 23, 27, 29, 42-45, 102, 144,
I 145, 155
Incompétence cf. Recours en annulation Recours en annulation
Indu (action en répétition de), 125 – actes attaquables, 143
Interprétation préjudicielle cf. Renvoi préjudiciel – arrêt d’annulation, 151
Interprétation – délai de recours, 150
– littérale, 60 – détournement de pouvoir, 150
– systématique, 60 – effets de l’arrêt, 151
– téléologique, 60 – incompétence, 148
Invocabilité cf. Applicabilité directe du droit de – moyens d’annulation, 148
l’Union – qualité pour agir, 145
J – violation des formes substantielles, 149
Juge national, 35, 43, 82-85, 89, 91, 92, 96, 97, – violation des traités ou de toute règle de droit
103, 104, 117, 119, 122-125, 129, 130, 154, relative à leur application, 149
162, 164, 171, 183, 186, 189, 190, 192-198 Recours en carence
Jurisprudence, 63 – effets de l’arrêt, 158

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INDEX 235

– notion de carence, 155 – lien de causalité, 163


– procédure, 157 – qualité pour agir, 159
– qualité pour agir, 156 Retrait cf. Acte de l’Union
Recours en manquement Révision des traités
– arrêt en constatation de manquement, 171 – procédure ordinaire, 23
– effets de l’arrêt, 171 – procédure simplifiée, 24
– notion de manquement, 166
– procédure, 169 S
Sanction financière contre les États membres,
– qualité pour agir, 168
172
– sanctions, 172 Sursis à exécution cf. Référés
Référés
– mesures provisoires, 123, 124, 137, 139, 140, T
142 Traité cf. Droit primaire
– sursis à exécution, 123, 124, 137, 139, 142, 151 Traité CE, 19, 23, 25-27, 32, 35, 40, 41, 46, 47,
Règlement 50, 53, 68, 75, 83, 143, 145, 146, 153, 173,
– de procédure, 33, 44, 135, 136-140, 197 174
– définition, 32 Traité CEE, 21, 55, 64, 80-82, 89, 107, 172, 173
– effet direct, 88 Traité CEEA, 20, 21, 27
– intérieur, 44 Traité d’Amsterdam, 20, 68, 111
Renvoi préjudiciel Traité de Lisbonne, 6, 19, 20, 22, 23, 29, 35, 39,
40, 17-50, 53-55, 66, 69, 71, 111, 143, 145-
– effet de l’arrêt, 197 147, 153, 160, 172, 173, 176, 191, 197
– en interprétation, 190 Traité de Nice, 20, 59, 68, 110
– en appréciation de validité, 192 Traité établissant une Constitution pour l’Europe,
– notion de juridiction, 184 66, 68, 71, 111, 113
– procédure accélérée, 196 Traité sur le fonctionnement de l’Union euro-
– procédure d’urgence, 196 péenne, 19-30, 32, 35-37, 39-42, 44, 45,
48-50, 52, 54-56, 59, 63, 67, 71, 72, 74,
– procédure standard, 194
75, 82, 84-89, 93, 94, 109, 139, 145-149,
Requérant 152-161, 164, 166, 169, 170, 172-178,
– intermédiaire, 146 183-187, 190-192, 194-197, 199
– ordinaire, 148, 156 Traité international cf. Accord international
– privilégié, 145, 146, 156 Traité sur l’Union européenne, 19, 20, 22-25, 37,
Résolution, 46, 75, 157, 191 49, 50, 53, 54, 66-69, 71, 72, 88, 108, 110,
Responsabilité contractuelle, 164 114, 118, 156, 168, 169, 184, 190
Responsabilité des États membres, 127 Transposition des directives cf. Directives
Responsabilité extracontractuelle
V
– conditions de recevabilité, 159 Violation des formes substantielles cf. Recours en
– délai pour agir, 160 annulation
– dommage, 162 Violation du traité ou de toute règle de droit
– faute, 162 cf. Recours en annulation

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corpus_drt-union-europeenne Page 236

Imprimé en France - JOUVE, 1, rue du Docteur Sauvé, 53100 MAYENNE


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