Supervision Bancaire - 2.2

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BANQUE DES ETATS

DE L'AFRIQUE CENTRALE

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Services Centraux
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B. P. 1917 – YAOUNDE
République du Cameroun
-----------------
Direction de la Formation
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CENTRE DE FORMATION ET DE PERFECTIONNEMENT PROFESSIONNELS

« COURS INTERNES BEAC »

COURS SUR LA SUPERVISION DES SECTEURS


BANCAIRE ET DE LA MICROFINANCE

(Trois leçons)
1. INTERET DU CONTROLE DE L’ACTIVITE BANCAIRE
1. 1. La monnaie et ses fonctions économiques
1. 2. Rôle des banques dans l’activité économique
1. 3. De la nécessité d’une mise en œuvre d’un contrôle de l’activité bancaire

2. LA SUPERVISION BANCAIRE EN AFRIQUE


CENTRALE : DE LA MISE EN PLACE DE LA CELLULE
DE CONTROLE DES BANQUES A LA CREATION DE
LA COBAC
2. 1. Dispositif de surveillance bancaire en vigueur avant 1990
2. 2. Création de la COBAC
2. 2. 1. Organisation de la COBAC
2. 2. 2. Attributions de la COBAC
2. 2. 3. Evolution du rôle de la COBAC
2. 3. Autres aspects institutionnels
2. 3. 1. Les Conseils Nationaux du Crédit
2. 3. 2. Les Associations Professionnelles des Etablissements de Crédit

3. CADRES REGLEMENTAIRES DES ACTIVITES


BANCAIRE ET DE MICROFINANCE
3. 1. Réglementation bancaire en vigueur dans la CEMAC
3. 2. Cadre légal d’exercice des activités de microfinance

4. MISE EN ŒUVRE DU CONTROLE BANCAIRE ET


REGLEMENTATIONS PRUDENTIELLES EN VIGUEUR
4. 1. La surveillance des établissements de crédit
4.1.1. Le contrôle sur pièces des établissements de crédit
4.1.2. Le contrôle sur place des établissements de crédit
4. 2. Le dispositif prudentiel applicable aux établissements de crédit
4. 2. 1. Normes de solvabilité
4. 2. 2. Normes de liquidité
4. 2. 3. Autres normes prudentielles
4. 2. 4. Perspectives d’évolution des normes prudentielles
4. 3. La réglementation prudentielle du secteur de la microfinance

5. GESTION DES PROBLEMES ET DES CRISES


BANCAIRES
5. 1. Symptômes et causes des problèmes bancaires
5. 2. Mesures correctives
5. 2. 1. Principes généraux
5. 2. 2. Mise en œuvre des mesures correctives
5. 3. Crises bancaires : programme de restructuration

2
LECON 1

Cette leçon a pour objectif de présenter l’intérêt du contrôle bancaire et l’organe de


supervision bancaire de la CEMAC, ainsi que les réglementations régissant les
activités bancaires et de microfinance.

Au terme de cette leçon, l’apprenant doit être en mesure :

- d’indiquer en quoi le contrôle bancaire est important


- de donner l’organisation et les attributions de la COBAC
- de parler des réglementations des activités bancaires et de microfinance dans
la CEMAC

1. INTERET DU CONTROLE DE L’ACTIVITE BANCAIRE


1. 2. La monnaie et ses fonctions économiques

La monnaie se définit comme un actif généralement accepté comme moyen de


paiement. Sont considérés comme monnaie au sens strict, les pièces et billets de
banque en circulation et les dépôts à vue dans les banques.

La monnaie est assez souvent définie à travers ses fonctions économiques, en


d’autres termes, par les services qu’elle nous rend.

La monnaie est un intermédiaire des échanges. Elle est utilisée pour régler les
transactions, permettant ainsi de résoudre le problème de double coïncidence des
besoins.

Elle est une unité de compte. C’est un numéraire, ou référence, dans lequel sont
libellés les prix de tous les autres biens.

La monnaie est une réserve de valeur et une norme de paiement différé. Elle
permet de transférer les ressources du présent vers l’avenir, à des fins de
consommation différée ou de constitution de patrimoine.

1. 2. Rôle des banques dans l’activité économique

Les banques jouent un rôle très important pour le bon fonctionnement de l’activité
économique et financière d’un pays. Cette importance tient du fait que ces
institutions occupent une place centrale dans le système des paiements ; acceptent les
dépôts des agents économiques, dépôts qui constituent une partie des actifs financiers

3
de la société ; jouent un rôle central dans l’allocation des ressources financières – dans
les économies de marché – en pratiquant de l’intermédiation entre les agents
économiques à capacité de financement et ceux à besoin de financement.

1. 3. De la nécessité d’une mise en œuvre d’un contrôle de l’activité bancaire

La monnaie scripturale (dépôts à vue), qui constitue la majeure partie de la


monnaie au sens strict, est un engagement des banques commerciales. Cet engagement
est couvert par des actifs tels que les encaisses et dépôts auprès de la Banque Centrale,
les titres publics et les créances sur le secteur privé. Ainsi, la monnaie ne vaut que ce
que valent les actifs consolidés de la Banque Centrale et des banques commerciales.

La monnaie dépend donc essentiellement de la confiance qu’ont les agents dans


leur propre économie. Pour soutenir cette confiance, le système bancaire doit être
stable et solide. Et le contrôle bancaire participe de l’atteinte de cet objectif. Un
système bancaire instable peut contribuer à entamer la confiance en l’acceptabilité
générale de la monnaie émise. De plus, l’essentiel de la masse monétaire est créé par
les banques commerciales. L’action de ces dernières dans le processus de création
monétaire est donc déterminante. Or, le privilège de créer de la monnaie conféré aux
banques commerciales ne va pas sans risques. De ce fait, une absence de contrôle de
l’activité bancaire est susceptible de limiter l’efficacité de la politique monétaire de la
Banque Centrale.

Sous l’angle de l’économie réelle, les banques constituent un maillon important du


circuit de production. Elles participent au financement de l’économie, à travers les
crédits qu’elles octroient aux agents économiques. Sans elles, les coûts de transaction
pour l’obtention des ressources financières seraient très élevés pour les investisseurs.

Conscients du rôle important que joue l’activité bancaire dans une économie et
pour limiter les effets néfastes qui peuvent résulter d’un système bancaire instable, la
plupart des pays ont mis en place des politiques qui visent à stabiliser et à renforcer la
solidité de leurs systèmes bancaires.

2. LA SUPERVISION BANCAIRE EN AFRIQUE CENTRALE : DE


LA MISE EN PLACE DE LA CELLULE DE CONTROLE DES
BANQUES A LA CREATION DE LA COBAC

2. 1. Dispositif de surveillance bancaire en vigueur avant 1990

La supervision bancaire était demeurée pendant plusieurs années du domaine


réservé des Etats. La Banque des Etats de l’Afrique Centrale avait reçu certaines
compétences dans le domaine du contrôle des banques. L’article 25 de ses anciens
statuts l’habilitait à instituer certaines normes aux banques et établissements
financiers. Ce qui l’autorisait à mettre en place une cellule de Contrôle des banques

4
après l’échec du système de contrôle sur documents organisé auparavant au niveau de
chaque Etat.

Toutefois, ce fut au titre de l’article 26 qui lui conférait plutôt une mission
d’assistance technique que cette cellule avait été institutionnalisée le 14 avril 1981 par
le Conseil d’Administration de la BEAC. Dans ce schéma, un rôle purement technique
était assigné à l’Institut d’Emission, les Etats conservant la maîtrise de toute la chaîne
du contrôle de leur système bancaire.

Le système mis en place s’est avéré inefficace, car les constats dressés par la
Banque Centrale n’étaient pas pleinement relayés au niveau des Etats. Les faillites
bancaires successives qui s’en étaient suivies procédaient, entre autres, d’une mauvaise
répartition des tâches entre la BEAC et les autorités nationales, gendarmes trop
souvent impuissants.

Cette situation a conduit à une refonte totale du dispositif de surveillance des


établissements de crédit avec, en toile de fond, la signature à Yaoundé de la
Convention du 16 octobre 1990 créant la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale
(COBAC).

2. 2. Création de la COBAC

La mise en place de la COBAC répondait au souci des Etats membres de la


CEMAC de sortir leurs systèmes bancaires de la grave crise des années 80. La
COBAC se présentait ainsi comme un nouvel organe de mise en œuvre de la
coopération monétaire entre les six états membres de la CEMAC, aux côtés de la
BEAC.

2. 2. 1. Organisation de la COBAC

La COBAC est structurée en deux organes : la Commission Bancaire (organe


délibérant et de décision) et le Secrétariat Général (permanence administrative).

La Commission Bancaire

Elle est présidée par le Gouverneur de la BEAC, assisté du Vice-Gouverneur, et


comprend en plus 11 membres. Il s’agit des trois Censeurs de la BEAC ou leurs
suppléants, du représentant de la Commission Bancaire Française ou son suppléant et
de sept autres membres ou leurs suppléants, nommés par le Comité Ministériel de
l’UMAC1 sur la base de leurs compétences en matières bancaire, financière, juridique
et en fonction de leur honorabilité.

Le Secrétariat Général

1
Sur proposition du Gouverneur et sur avis conforme du Conseil d’Administration de la BEAC, pour un mandat de trois ans renouvelable
deux fois.

5
La permanence administrative de la Commission Bancaire est assurée par un
Secrétariat Général dirigé par un Secrétaire Général nommé par la Conférence des
Chefs d’Etat de la CEMAC, sur proposition du Comité Ministériel statuant sur
présentation du Gouvernement tchadien et après avis de la Commission bancaire
statuant à l’unanimité. Celui-ci est assisté d’un Secrétaire Général Adjoint nommé
dans les mêmes conditions, sur présentation du Gouvernement de la République de
Guinée Equatoriale.

Le Secrétariat Général de la COBAC prend toutes les mesures d’administration


et de gestion que requiert le bon accomplissement de la mission dévolue à la
Commission Bancaire. Pour son fonctionnement, la BEAC met à la disposition du
Secrétariat Général de la COBAC des ressources humaines et financières.

2. 2. 2. Attributions de la COBAC

La COBAC a reçu pour mission de veiller au respect par les établissements de


crédit des dispositions législatives et réglementaires qui leur sont applicables et de
sanctionner les manquements constatés. Il s’agit particulièrement pour la COBAC de
contrôler les conditions d’exploitation des établissements de crédit, de veiller à la
qualité de leur situation financière ainsi qu’à l’intégrité du système bancaire et
financier et d’assurer le respect des règles déontologiques de la profession.

De par cette mission fondamentale, la COBAC jouit de pouvoirs et compétences


dont l’application concourt au renforcement de la stabilité du système bancaire de la
CEMAC. Il s’agit de pouvoirs juridictionnel, administratif, de contrôle et de
réglementation.

A travers le pouvoir administratif, la COBAC est habilitée à délivrer des avis


conformes aux agréments et autorisations individuelles.

La COBAC jouit d’un pouvoir juridictionnel. Elle intervient ainsi à titre


disciplinaire sans préjudice de sanctions ou de poursuites judiciaires éventuelles. La
COBAC peut prononcer, selon les cas, des sanctions allant de l’avertissement au
retrait d’agrément de l’établissement.

La COBAC dispose d’un pouvoir de contrôle. Elle contrôle les conditions


d’exploitation des établissements de crédit et la qualité de leur situation financière. La
COBAC exerce ce pouvoir à travers son Secrétariat Général sous la forme de
surveillances sur place et sur pièces des établissements de crédit assujettis.

Avec son pouvoir normatif ou réglementaire, la COBAC établit les


prescriptions générales applicables aux assujettis. Elle fixe ainsi les règles destinées à
assurer et à contrôler la liquidité et la solvabilité des établissements de crédit à l’égard
des tiers, et plus généralement l’équilibre de leur structure financière.

6
2. 2. 3. Evolution du rôle de la COBAC

Le rôle que la COBAC joue dans le maintien de la stabilité du système bancaire


de la CEMAC est appelé à s’intensifier. De nouvelles missions lui sont régulièrement
confiées par les Etats, à l’instar de la supervision du secteur de la microfinance.

La nécessité de mettre ce secteur sous le contrôle de la COBAC tient du


développement incontrôlé des structures de micro-finance observé dans plusieurs pays
de la CEMAC et des nombreux cas de faillite des institutions déjà existantes. Cette
situation était de nature à compromettre gravement les chances de survie de ce secteur
émergent et surtout de consacrer définitivement la défiance d’une grande frange des
populations de la Communauté à l’égard de tout organisme financier.

2. 3. Autres aspects institutionnels

L’Annexe à la Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la


réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique de Centrale, dans son titre V sur
l’organisation de la profession, prévoit l’existence des Conseils Nationaux du Crédit
(CNC) et des Associations Professionnelles des Etablissements de Crédit (APEC).

2. 3. 1. Les Conseils Nationaux du Crédit

Les CNC sont des organismes consultatifs, à compétence nationale, chargés


d’émettre des avis sur l’orientation de la politique monétaire et du crédit ainsi que sur
la réglementation bancaire. Ils sont placés auprès de l’Autorité Monétaire. Ils étudient
les conditions de fonctionnement des Etablissements de crédit, notamment dans leurs
relations avec la clientèle, et proposent toutes mesures qu’ils jugent appropriées. A ce
titre, ils sont, entre autres, consultés pour avis sur les conditions de banque, sur la
détermination du capital minimum des banques et sur l’ouverture et la fermeture des
guichets de banque.

Ils établissent tous les ans un rapport relatif à la monnaie, au crédit et au


fonctionnement du système bancaire et financier. Ce rapport est adressé au Président
de la République de l’Etat dont ils relèvent.

2. 3. 2. Les Associations Professionnelles des Etablissements de Crédit

L’APEC a pour objet la représentation des intérêts collectifs des Etablissements de


crédit, notamment auprès des pouvoirs publics, l’information de ses adhérents et du
public, l’étude de toute question d’intérêt commun et l’élaboration des
recommandations s’y rapportant en vue, le cas échéant, de favoriser la coopération
entre réseaux, ainsi que l’organisation et la gestion de services d’intérêt commun.

Dans chaque Etat, tout Etablissement de crédit est tenu d’adhérer à l’APEC.
L’Association est tenue d’adhérer à une fédération professionnelle commune aux

7
Etablissements de crédit de l’Afrique Centrale, chargée de poursuivre le même objet
auprès des institutions à caractère sous-régional.

3. CADRES REGLEMENTAIRES DES ACTIVITES BANCAIRE ET


DE MICROFINANCE

3. 1. Réglementation bancaire en vigueur dans la CEMAC

Le bon fonctionnement de l’organe de supervision communautaire et la pleine


réalisation des objectifs ayant présidé à sa création avaient nécessité que les politiques
relatives à l’exercice et au contrôle de la profession bancaire soient harmonisées dans
les six Etats2. C’est dans ce but que ces Etats signèrent, le 17 janvier 1992, la
Convention portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de
l’Afrique centrale. Cette dernière fixe les conditions dans lesquelles l’activité et le
contrôle des établissements de crédit doivent s’exercer et s’articule autour de neuf
titres.

Le titre premier, sur les dispositions liminaires, réaffirme l’autorité de la


COBAC sur le territoire des Etats signataires et donne une définition de la notion
d’établissement de crédit.

Les titres 2 et 3 fixent respectivement les modalités d’agrément des


établissements de crédit et celles des dirigeants et commissaires aux comptes de ces
établissements.

Le titre 4 aborde les interdictions d’exercice de l’activité de banque et des


fonctions de dirigeant ou d’administrateur d’un établissement de crédit et le titre 5
précise le mode d’organisation de la profession.

Le titre 6 porte sur la réglementation et le contrôle des établissements de crédit.


Il définit, entre autres, dans son chapitre premier, les règles que la COBAC est
habilitée à fixer en vue notamment de garantir la liquidité, la solvabilité et l’équilibre
de la situation financière des établissements de crédit. Le chapitre deuxième réaffirme
le pouvoir de contrôle de la COBAC.

Le titre 7 traite des dispositions diverses, notamment la notion d’intermédiaire


en opérations de banque, et le titre 8 aborde la panoplie de sanctions que l’on peut
infliger aux contrevenants aux dispositions de la réglementation bancaire.

Des dispositions transitoires et finales (titre 9) complètent le texte.

2
Chaque pays avait sa propre réglementation bancaire et la nécessité d’une harmonisation s’imposait, afin que l’organe de supervision
commun aux six Etats puisse travailler sur la base d’un référentiel unique.

8
3. 2. Cadre légal d’exercice des activités de microfinance

Les activités de microfinance disposent, depuis avril 2002, d’un cadre légal fourni
par le Règlement n°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice
et de contrôle de l’activité de microfinance dans la CEMAC. Il contient douze titres.

Le titre premier sur les dispositions générales donne une définition de la notion de
microfinance et de celle d’établissement de microfinance (EMF). Y figurent aussi, les
différentes catégorisations possibles d’EMF, ainsi que les niveaux de capital minimum
réglementaires.

Le titre II porte sur les opérations et services autorisés, notamment la collecte de


l’épargne, les opérations de crédits et les placements financiers.

Le titre III traite de l’organisation de l’activité de microfinance. Le chapitre


premier est relatif aux réseaux, organes faîtiers et organes financiers. Le chapitre
deuxième porte sur des dispositions particulières à certains établissements et le
troisième sur l’organisation de la profession.

Le titre IV contient les dispositions relatives à l’agrément des établissements


(EMF, réseau, organe faîtier), des dirigeants et des commissaires aux comptes, aux
autorisations préalables et déclarations, ainsi qu’aux interdictions.

Le titre V sur les normes réglementaires réaffirme le pouvoir de la COBAC en


matière de fixation des règles relatives à l’équilibre financier des établissements.

Le titre VI porte sur la surveillance et le contrôle des établissements. Il y ressort


trois niveaux de contrôle : le contrôle interne, le contrôle externe assuré par les
commissaires aux comptes et la surveillance de la COBAC.

Les titres VII, VIII et IX traitent respectivement des sanctions applicables, de


l’administration provisoire et de la liquidation.

Les titres X et XI portent respectivement sur les dispositions diverses (publication,


déclaration et affichage des conditions applicables à la clientèle) et sur celles
transitoires et finales.

9
LECON 2

Cette leçon a pour objectif de présenter les modalités de mise en œuvre du contrôle
bancaire et les différentes normes de gestion prudentielle applicables aux secteurs
bancaire et de la microfinance dans la CEMAC.

Au terme de cette leçon, l’apprenant doit être en mesure :

- de dire ce qu’est le contrôle sur pièces


- d’indiquer en quoi consiste le contrôle sur place
- de parler de la réglementation prudentielle de la COBAC applicable aux
établissements de crédit
- de parler de la réglementation prudentielle de la COBAC applicable aux
établissements de microfinance

4. MISE EN ŒUVRE DU CONTROLE BANCAIRE ET


REGLEMENTATIONS PRUDENTIELLES EN VIGUEUR

4. 1. La surveillance des établissements de crédit

La surveillance des établissements de crédit se fait sous forme de contrôles sur


pièces et sur place.

4.1.1. Le contrôle sur pièces des établissements de crédit

Le contrôle sur pièces consiste à suivre la situation des établissements de crédit


assujettis à travers l'analyse des documents déclaratifs adressés aux autorités de tutelle
par les établissements, selon des périodicités requises. Ses sources d'informations sont
donc essentiellement comptables et financières. Toutefois, il s’appuie également sur
les entretiens que les agents affectés au contrôle permanent ont régulièrement avec les
dirigeants et les cadres tout autant qu’avec les commissaires aux comptes des
établissements de crédit.

4.1.2. Le contrôle sur place des établissements de crédit

Schématiquement, on distingue trois types d'enquêtes : les vérifications de portée


générale, les vérifications ponctuelles ou commandées par l’urgence et les enquêtes
thématiques.

10
Les vérifications de portée générale
Ce sont des missions dont le champ d’investigation porte sur l’ensemble des
activités de l’établissement de crédit et qui se renouvellent selon une périodicité
variable, mais généralement comprise entre 2 et 3 ans.

Les vérifications ponctuelles ou commandées par l’urgence


Ces missions font généralement suite à une constatation, par le contrôle sur
pièces, d'une dégradation de la situation ou, éventuellement, à des rumeurs de place, à
l'apparition de pertes importantes, à des difficultés de refinancement sur le marché
(liquidité) - diminution ou dénonciation de lignes par plusieurs contreparties - ou
encore à un accroissement rapide des encours sur des secteurs à risques ou sur de gros
débiteurs paraissant particulièrement vulnérables.

Les enquêtes thématiques


L'approche de ces enquêtes est sensiblement différente. Elles visent à avoir une
vision globale pour un ensemble plus ou moins large d'établissements sur un point
précis. Souvent, les enquêtes thématiques (ou horizontales) précèdent ou font suite à
une modification de la réglementation. Elles peuvent également être sollicitées sur des
risques spécifiques et leurs modalités de gestion. Elles se font parfois à la demande du
Comité Ministériel ou du Gouverneur de la BEAC afin d’avoir une connaissance plus
approfondie d’un phénomène ou de certaines pratiques dans le secteur bancaire.

4. 2. Le dispositif prudentiel applicable aux établissements de crédit


La réglementation prudentielle est l’ensemble des règles et normes de gestion
fixées par l’organe de supervision et qui visent à garantir la liquidité, la solvabilité et
l’équilibre de la structure financière des établissements de crédit.

4. 2. 1. Normes de solvabilité
La solvabilité se définit comme la capacité à pouvoir honorer ses engagements.
Pour un établissement de crédit, elle peut être approchée à travers un niveau de fonds
propres permettant de s’assurer de la solidité financière de l’établissement.

La notion de fonds propres


Les banques, plus que toute autre entreprise commerciale, font du niveau des
fonds propres un indicateur important de leur gestion.

Entré en vigueur le 1er juillet 1993, le texte régissant le calcul des fonds propres
nets3 dans la CEMAC a fait l’objet d’une modification ayant pris effet à compter du 1er
janvier 20024 sans remettre fondamentalement en cause les règles de calcul de cet
agrégat.

3
Règlement COBAC R-93/02 relatif aux fonds propres nets des établissements de crédit.
4
Règlement COBAC R-2001/01 modifiant le Règlement COBAC R-93/02.

11
La représentation du capital minimum
Le règlement qui traite du capital minimum est le règlement COBAC R-93/10
fixant les règles de représentation du capital minimum des établissements de crédit
(modifié par le règlement COBAC R-2001/04). Selon ce règlement, tout Etablissement
de crédit doit justifier à tout moment que son passif interne net est égal ou supérieur au
capital minimum requis.

Le ratio de couverture des risques


Le règlement sur la couverture des risques a été mis en place en 1993 et a fait
l’objet d’une importante réforme en mai 2001. Cette nouvelle version est entrée en
vigueur le 1er janvier 20025. Le ratio de couverture des risques se définit comme « le
rapport entre le montant des fonds propres nets et celui de l’ensemble des risques de
crédit que les établissements de crédit encourent du fait de leurs opérations ». Ce
rapport doit être égal au moins à 8%6.

Ratio de couverture des immobilisations


Le rapport de couverture des immobilisations édicté par la COBAC7 se
détermine en disposant, au numérateur, les fonds propres nets et les autres ressources
permanentes de l’établissement de crédit et, au dénominateur, les immobilisations
corporelles. Le taux minimum est de 100%.

Normes de division des risques


Afin d’assurer une division convenable des risques par les établissements de
crédit, la COBAC a institué deux normes de division des risques8 :

- un rapport maximum de 45% entre l’ensemble des risques encourus par


un établissement du fait de ses opérations sur un même bénéficiaire et le
montant des fonds propres nets ;
- un rapport maximum de 800% entre la somme des grands risques qu’il
encourt et le montant de ses fonds propres nets.

Par « grand risque », on entend les risques encourus du fait des opérations avec
un même bénéficiaire lorsque qu’ils excèdent 15% des fonds propres nets de
l’établissement.

5
Règlement COBAC R-2001/02 relatif à la couverture des risques des établissements de crédit (abrogeant le Règlement COBAC R-93/03)
complété par le Règlement COBAC R-2003/06 entré en vigueur le 14 novembre 2003.
6
Appliqué depuis le 31 décembre 2004.
7
Règlement COBAC R-93/05 relatif à la couverture des immobilisations (modifié par le Règlement COBAC R-2001/06), entré en vigueur le
1er juillet 1993.
8
Règlement COBAC R-2001/03 relatif à la division des risques des établissements de crédit (abrogeant le Règlement COBAC R-93/04)
complété par le règlement COBAC R-2003/07.

12
Limitation des engagements en faveur des apparentés
Les apparentés visés par la COBAC dans son texte réglementaire9 sont les
actionnaires ou associés, les administrateurs, les dirigeants et le personnel. L’encours
global des engagements portés directement ou indirectement par un établissement de
crédit sur les apparentés est limité à 15% des fonds propres nets.

Les engagements excédant 5% des fonds propres nets d’un établissement en


faveur d’un de ses actionnaires détenant au moins 10% des droits de vote, d’un de ses
administrateurs, dirigeant ou agent viennent en déduction des fonds propres nets et du
passif net interne (pris en compte dans la représentation du capital minimum).

Limitation des participations dans le capital des entreprises


Le rôle des banques n’est pas de détenir des participations dans les entreprises.
La COBAC a dès lors pris l’option de limiter cette activité. Le texte réglementaire10
fixe deux plafonds :
- chaque participation ne peut excéder 15% des fonds propres nets de
l’établissement de crédit ;
- l’ensemble des participations ne peut excéder 45% des fonds propres
nets.

Surveillance des positions de change

La surveillance des positions de change est entrée en vigueur le 1er janvier


200411 et fait obligation aux établissements de crédit de respecter de façon permanente
deux plafonds :
- un rapport maximum de 15% entre le montant pondéré de leur position
longue ou courte dans chaque devise et le montant des fonds propres
nets ;
- un rapport maximum de 45% entre la plus élevée des sommes des
positions pondérées longues ou des positions pondérées courtes dans
l’ensemble des devises et le montant de leurs fonds propres nets.

4. 2. 2. Normes de liquidité

Avec la solvabilité et la rentabilité, la liquidité est l’un des critères


d’appréciation de la solidité financière d’une banque.

9
Règlement COBAC R-93/13 relatif aux engagements des établissements de crédit en faveur de leurs actionnaires ou associés,
administrateurs, dirigeants et personnel (modifié par le règlement COBAC R-2005/01).
10
Règlement COBAC R-93/11 relatif aux participations d’établissements de crédit dans le capital d’entreprises.
11
Règlement COBAC R-2003/02 relatif à la surveillance des positions de change.

13
Notions de liquidité et de transformation
La liquidité est le degré d’aptitude à rembourser les dettes à vue ou à court
terme et tout spécialement à faire face dans l’immédiat aux retraits sur les dépôts à vue
de la clientèle.

La notion de transformation est directement liée à celle de liquidité. La


transformation consiste à affecter des ressources courtes à des emplois d’une durée
plus longue.

Le rapport de liquidité
Les dispositions relatives à la liquidité sont fixées par le règlement COBAC R-
93/06 relatif à la liquidité des établissements de crédit (modifié par le règlement
COBAC R-94/01). Le règlement exige des établissements de crédit des respecter en
permanence un rapport minimum de 100% entre les actifs et passifs à vue ou à échoir
dans le mois, quelle que soit leur nature. Il traduit la capacité d’un établissement de
crédit à faire face à ses engagements à vue et à moins d’un mois à partir des ressources
de même terme.

Le coefficient de transformation à long terme


C’est le rapport entre les ressources stables et les emplois à plus de cinq ans. Il
constitue un indicateur tant de la solvabilité que de la liquidité à long terme. Le
règlement qui régule l’activité de transformation est le règlement COBAC R-93/07
relatif à la transformation réalisée par les établissements de crédit. Le minimum
réglementaire est de 50 % : les ressources stables doivent à tout moment représenter au
moins la moitié des actifs immobilisés, toutes choses étant égales par ailleurs.

4. 2. 3. Autres normes prudentielles

Rapport de structure du portefeuille


Les établissements de crédit sont tenus de respecter en permanence un rapport
minimum entre leurs risques en trésorerie refinancés par l’Institut d’Emission et/ou
mobilisables auprès d’une institution financière et l’ensemble des crédits bruts de
même nature consentis à la clientèle, dit “rapport de structure du portefeuille-crédits”.
Institué par le règlement COBAC R-96/01 relatif à la structure du portefeuille-crédits
des établissements de crédit, ce rapport doit être au moins égal à 55%.

Limitation des produits accessoires


Le montant annuel de l’ensemble des produits provenant des activités dont
l’exercice est autorisé à titre accessoire ne doit pas excéder 10 % du produit net
bancaire, défini comme la différence entre les produits et les frais bancaires.

14
4. 2. 4. Perspectives d’évolution des normes prudentielles

Dès le démarrage de ses activités, la COBAC a mis un point d’honneur à se


rapprocher autant que possible des normes et standards internationaux. C’est ainsi
qu’elle a adopté en 1993 une réglementation prudentielle en droite ligne des
prescriptions de l’Accord de Bâle12 sur les fonds propres de juillet 1988 (Bâle I), tout
en tenant compte des préoccupations locales.

En juin 2004, un Nouvel Accord sur les fonds propres a été publié par le
Comité de Bâle et reconnu sous le nom de Bâle II. Etant donné que Bâle II offre une
occasion d’améliorer la réglementation et le contrôle bancaire à l’échelon national,
ainsi que les pratiques de gestion des risques des établissements de crédit, la COBAC a
décidé, en 2003, de l’appliquer dans sa juridiction de compétence.

La mise en œuvre de Bâle II dans la CEMAC entraînera une modification


substantielle de la réglementation bancaire en vigueur.

Concernant le risque de crédit, la mise en œuvre de Bâle II devrait conduire à


une révision profonde des pondérations retenues avec comme critère principal de
pondération la notation externe des contreparties (Souverain, banques, entreprises,
particuliers).

Pour ce qui est du risque de marché, le dispositif prudentiel actuellement en


vigueur dans la CEMAC ne prévoit pas un traitement particulier en vue de sa
couverture par les fonds propres nets.

De même, le risque opérationnel sera intégré dans le calcul de la norme de


couverture des risques. Ce risque, déjà cité dans notre réglementation parmi ceux
devant faire l’objet d’un certain nombre de diligences, sera mieux défini et cerné et
fera l’objet d’une évaluation très probablement suivant les propositions retenues dans
la méthode standard simplifiée.

4. 3. La réglementation prudentielle du secteur de la microfinance

A la suite du règlement CEMAC relatif aux conditions de contrôle et d’exercice de


l’activité de microfinance dans la CEMAC, la COBAC a publié la réglementation
prudentielle applicable au secteur.

Certaines de ces normes se déterminent sur la base des fonds patrimoniaux nets
(pour les Etablissements de microfinance de la première catégorie, constitués par la
somme des fonds patrimoniaux et des ressources assimilées de laquelle sont déduits les
titres de participation dans des EMF) et des fonds propres nets (pour les
Etablissements de microfinance des deuxième et troisième catégories, constitués par la
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Mis en place par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Créé en 1974 par les Gouverneurs des banques centrales des pays du Groupe
des dix (G10), il rassemble les autorités de contrôle bancaire issues des pays du G10 (Allemagne, Belgique, Canada, Etats-Unis, France,
Italie, Japon, Royaume-Uni, Suède et Suisse), du Luxembourg, des Pays-Bas et de l’Espagne. Pour en savoir plus sur le Comité de Bâle,
consulter le site www.bis.org

15
somme des fonds propres de base et des ressources assimilées de laquelle sont déduits
les titres de participation dans des EMF ainsi que les prêts participatifs et subordonnés
aux dits établissements).

Constitution du Fonds de Solidarité


Les EMF de la première catégorie sont tenus de constituer, dès leur création, un
« Fonds de solidarité » destiné à faire face aux déficits d’exercice. Le Fonds de
Solidarité doit représenter en permanence au moins 40 % du capital constitué après
imputation des déficits d’exercice. Il cesse d’être exigé et peut être distribué entre les
membres, lorsque les réserves obligatoires atteignent 40% du capital.

Constitution d’une réserve obligatoire


Les Etablissements de microfinance de la première catégorie sont tenus de
constituer une réserve obligatoire représentant 20 % de l’excédent d’exercice à affecter
sans limitation de durée et de montant.

Les Etablissements de microfinance des deuxième et troisième catégories sont


tenus de constituer, outre la réserve légale, une réserve obligatoire représentant 15 %
des bénéfices à affecter sans limitation de durée et de montant.

Couverture des risques


Les Etablissements de microfinance sont tenus de respecter en permanence un
rapport minimum, dit rapport de couverture des risques, entre le montant de leurs
fonds propres nets ou leurs fonds patrimoniaux nets et celui des risques qu’ils
encourent du fait de leurs opérations avec leur clientèle. Ce rapport de couverture des
risques est fixé à un minimum de 10 %.

Division des risques


Les établissements assujettis doivent pouvoir justifier à tout moment que le
montant total des risques encourus sur un même bénéficiaire n’excède pas :

- 15 % des fonds patrimoniaux nets pour les EMF de la première catégorie. Cette
limitation ne s’applique pas aux concours accordés par l’organe faîtier à ses affiliés ;

- 25 % des fonds propres nets pour les EMF des deuxième et troisième catégories.

Le montant total des risques encourus sur les bénéficiaires dont les
engagements dépassent pour chacun d’entre eux 10 % des fonds propres nets pour les
EMF des deuxième et troisième catégories ne doit pas excéder l’octuple des fonds
propres nets.

Couverture des immobilisations


Les Etablissements de microfinance sont tenus de respecter en permanence un
rapport minimum, dit rapport de couverture des immobilisations, entre le montant de
leurs ressources permanentes, d’une part, et celui de leurs immobilisations corporelles,
d’autre part. Ce rapport est fixé à un minimum de 100 %.

16
Les ressources d’emprunt affectées au financement des immobilisations ne
doivent pas excéder 50% des fonds patrimoniaux ou des fonds propres nets.

Limitation des engagements en faveur des apparentés


L’encours global des engagements nets portés directement ou indirectement par
un établissement assujetti sur ses actionnaires, administrateurs, dirigeants et personnel
ne pourra excéder 20 % du montant des fonds patrimoniaux ou fonds propres nets de
l’établissement.

Pour la première catégorie, ces engagements ne pourront excéder 30% à


condition que les bénéficiaires ne participent pas aux délibérations d’octroi des crédits.

Lorsqu’ils excèdent 5% des fonds patrimoniaux ou des fonds propres nets, les
engagements portés directement ou indirectement par un établissement assujetti sur un
de ses administrateurs ou dirigeants agréés, sur un de ses agents, viennent en déduction
du passif interne et du montant des fonds patrimoniaux ou des fonds propres nets.

Nombre minimum de sociétaires et limitation de parts détenues par un


même membre
Les Etablissements de microfinance de la première catégorie doivent présenter
un nombre minimum de membres :

- 5 entités affiliées pour les organes faîtiers, dont deux affiliés ayant une expérience de
2 ans au moins ;

- 15 sociétaires ou membres pour les EMF affiliés à un organe faîtier ;

- 30 sociétaires ou membres pour un EMF exerçant de manière indépendante.

Pour les EMF de la première catégorie autres que les organes faîtiers, un même
sociétaire ou membre ne peut détenir ni directement, ni par personne interposée plus
de 20 % des parts sociales.

Coefficient de couverture des crédits par les ressources disponibles


Les EMF sont tenus de respecter un rapport minimum entre leurs emplois et
engagements et leurs ressources, dit "coefficient de couverture des crédits par les
ressources disponibles".

Le coefficient de couverture est fixé à 70% pour les EMF des première et
deuxième catégories exerçant leur activité de manière indépendante et pour les organes
faîtiers ; et à 65% pour les EMF affiliés à un réseau.

Coefficient de recours aux lignes de financement

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La ligne de financement correspond aux ressources autres que les dépôts
collectés et faisant l’objet d’un accord explicite de remboursement entre le prêteur et
l’établissement concerné après autorisation du Conseil d’Administration ou de
l’organe en tenant lieu.

Les EMF sont tenus de respecter un rapport minimum entre d’une part le niveau
de leurs ressources propres (pour la première catégorie) ou leurs fonds propres nets
(pour la deuxième catégorie) et d’autre part les lignes de financement. Ce coefficient
de recours aux lignes de financement doit être au moins égal à 50%.

Rapport de liquidité
Les EMF sont tenus de respecter un rapport minimum de liquidité de 100%
entre leurs disponibilités et leurs exigibilités à moins de trois mois dit « rapport de
liquidité ».

Limitation des participations


Les Etablissements de microfinance, peuvent prendre des participations dans le
respect de l’une et l’autre des limites suivantes :

- chaque participation ne pourra excéder 5 % des fonds patrimoniaux ou fonds propres


nets de l’établissement assujetti ;

- l’ensemble des participations ne pourra excéder 15 % des fonds patrimoniaux ou


fonds propres nets de l’établissement assujetti.

Limitation des opérations effectuées à titre accessoire


Les Etablissements de microfinance peuvent effectuer à titre accessoire les
opérations visées à l’article 10 du règlement CEMAC relatif à l’activité de
microfinance. Ces opérations ne doivent pas représenter plus de 20 % du produit
d’exploitation.

Fourniture des formules de chèques


Les EMF peuvent fournir à leur clientèle des formules de chèques payables sur
place. La place est définie comme le lieu de domiciliation du compte du tireur ou le
siège des EMF affiliés au même réseau.

Les formules de chèques délivrées à la clientèle ou aux membres des EMF


devront indiquer, outre les mentions obligatoires du chèque, le lieu d’émission et de
paiement des chèques. Les chèques ne pourront être émis par les titulaires qu’à
l’intérieur d’une même place

18
LECON 3
Cette leçon a pour objectif de présenter les modes de gestion des problèmes et des
crises bancaires.

Au terme de cette leçon, l’apprenant doit être en mesure :

- de distinguer les symptômes d’un problème bancaire de ses causes


- d’indiquer la panoplie de mesures correctives à mettre en œuvre pour
résoudre les problèmes bancaires
- de définir une situation de crise bancaire et les solutions possibles permettant
de la juguler

5. GESTION DES PROBLEMES ET DES CRISES BANCAIRES

5. 1. Symptômes et causes des problèmes bancaires

Une banque en difficulté présente généralement les symptômes suivants : une


mauvaise qualité des actifs, une absence de rentabilité, des pertes de fonds propres, des
problèmes de réputation et des problèmes de liquidité. Les difficultés des banques
résultent, certes, d’une combinaison de facteurs. Mais, dans la majorité des cas, ces
difficultés sont liées au risque de crédit (vu l’importance de l’activité de crédit dans
l’ensemble des opérations bancaires).

Les pertes sur les crédits sont, assez souvent, dues aux insuffisances du contrôle de
la Direction Générale et des systèmes de gestion du risque de crédit. Ce qui est à
même de favoriser une prise excessive de risques, une concentration excessive des
prêts, le non-respect des politiques et procédures existantes en matière d’octroi de
crédit, la fraude, etc. Hormis le risque de crédit, les problèmes des banques peuvent
aussi provenir des autres risques liés à l’activité bancaires, tels que le risque
opérationnel, le risque de marché, le risque de taux d’intérêt, etc.

Enfin, des facteurs externes tels que les chocs macroéconomiques peuvent aussi
donner lieu à des problèmes bancaires.

5. 2. Mesures correctives

Les mesures correctives sont les actions nécessaires pour traiter les problèmes que
présentent les banques en difficulté. Elles peuvent être mises en œuvre volontairement
par la banque, sous le contrôle du superviseur, ou, si nécessaire, à travers une
intervention formelle de ce dernier.
Normalement, il revient au Conseil d’Administration et à la Direction Générale de
la banque, et non au superviseur, de déterminer comment l’établissement de crédit doit

19
résoudre ses problèmes. Le rôle du superviseur est de guider la banque dans sa
réhabilitation. Dans le cas extrême, le superviseur doit avoir le pouvoir de fermer la
banque.

5. 2. 1. Principes généraux

Dans la mise en œuvre des mesures correctives, les principes ci-après doivent
guider le superviseur : mise en œuvre à temps des actions correctives. La banque et le
superviseur doivent être prompts à prendre des mesures afin d’éviter que les problèmes
prennent de l’ampleur ; engagement de la Direction Générale ; proportionnalité. Les
actions correctives doivent être proportionnelles aux circonstances et à l’étendue du
problème ; intégralité. Les mesures à mettre en œuvre doivent prendre en compte à la
fois les causes et les symptômes des problèmes.

5. 2. 2. Mise en œuvre des mesures correctives

Détermination de la nature et de la gravité du problème


En vue de formuler des actions correctives, il faut une évaluation de la nature et de
la gravité du problème. L’envoi d’une mission d’inspection sur place constitue
d’habitude le moyen le plus efficace pour identifier l’étendue et la nature des
problèmes auxquelles une banque est exposée. La partie essentielle du travail de la
mission sera de déterminer la liquidité présente et prévisionnelle de la banque et le
niveau de ses fonds propres et aussi d’évaluer ses plans de contingence.

Eventail des actions correctives


Une large de gamme d’outils existent pour traiter des problèmes des banques,
allant des exigences faites à la banque de prendre certaines actions spécifiques à
l’interdiction de certaines activités de nature à aggraver les difficultés décelées.

Les mesures qui ont un impact sur les actionnaires : apport d’argent frais ;
suspension des droits des actionnaires, y compris les droits de vote ; interdiction de
distribution des dividendes ; interdiction aux actionnaires de faire des retraits.

Les mesures qui ont un impact sur les administrateurs et dirigeants : démission
des administrateurs et dirigeants ; limitation des indemnités des administrateurs et
autres hauts responsables.

Les mesures qui ont un impact sur la banque : exigence de renforcer la


gouvernance, les contrôles internes et les systèmes de gestion des risques ; maintien de
ratios d’adéquation des fonds propres et de liquidité élevés ; restrictions sur l’ouverture
de nouvelles agences ou fermeture de certaines agences ; provisionnement immédiat et
important des actifs douteux ; gel des paiements du principal ou des intérêts des dettes
subordonnées ; interdiction d’effectuer ou limitation de certaines activités ;
approbation préalable du superviseur pour toutes dépenses ou engagements
importants ; nomination d’un administrateur provisoire.

20
Pour ce dernier cas, l’Annexe à la Convention portant création de la COBAC, en
son article 16, stipule que « la Commission Bancaire est habilitée à désigner un
administrateur provisoire, doté de toutes attributions nécessaires à l’administration et à
la direction de l’établissement et du pouvoir de déclarer la cessation des paiements ».

Plan d’action

En formulant un plan d’action pour la mise en œuvre des mesures correctives,


priorité doit être donnée aux problèmes les plus graves. Le plan d’action doit
comprendre des mesures visant non seulement à résoudre les symptômes, mais aussi
les causes. Etant donné que la mauvaise gestion est souvent un facteur contribuant aux
difficultés, une évaluation des aptitudes du Management devrait être intégrée dans le
plan.

La banque, dans son plan d’action, devrait élaborer un plan de redressement


montrant comment sa santé financière sera restaurée. Le plan doit ressortir les
projections de produits, de dividendes, d’actifs, de passifs, de fonds propres, de
créances en souffrance et des provisions, évaluées dans une optique de continuité
d’activité.

5. 3. Crises bancaires : programme de restructuration

Une crise bancaire correspond à une situation caractérisée par une dégradation de
la qualité des actifs bancaires, mettant en péril la solvabilité des banques. Il s’ensuit
généralement un processus de panique bancaire, avec des retraits massifs de dépôts
ayant pour conséquence des fermetures de certains établissements de crédit.

Dans les cas de crise bancaire, la mise en œuvre d’un programme de restructuration
s’avère indispensable. Les plans de restructuration à mettre en œuvre visent dans un
premier temps, à évaluer la solvabilité et le potentiel futur des banques. Cette
évaluation permettra de ressortir les banques compromises et celles présentant des
perspectives de redressement.

Aux banques présentant quelques perspectives de redressement, les mesures ci-


après pourront être appliquées : recapitalisation ; réduction des charges, y compris le
non-paiement des dividendes aux actionnaires ; changement de la structure
opérationnelle de la banque, par des fusions, des ventes de succursales, etc. ; scission-
liquidation.

Les banques avec des fonds propres insignifiants, des problèmes de liquidité et
sans potentiel de redressement entreront en liquidation.

Pour ce qui concerne la liquidation, l’Annexe à la Convention portant


harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale, en
son article 17, stipule que « le retrait d’agrément est prononcé par l’Autorité

21
Monétaire, soit à la demande de l’Etablissement de crédit, soit d’office lorsque
l’établissement ne remplit plus les conditions auxquelles l’agrément est subordonné …

Tout Etablissement de crédit dont l’agrément a été retiré entre en liquidation (…).
Le liquidateur désigné par la COBAC est responsable de la liquidation du fonds de
commerce de la banque. Les syndics ou liquidateurs judiciaires assurent la liquidation
des autres éléments du patrimoine de la personne morale. »

CONCLUSION

En somme, le système bancaire est un maillon important de l’activité économique.


Pour cela, il se doit d’être contrôlé en vue d’assurer sa stabilité et sa pérennité.

Dans la CEMAC, avec la crise bancaire de la fin des années 80 et début 90, un
organe de supervision bancaire, la COBAC, avait été créé pour contrôler les conditions
d’exploitation des Etablissements de crédit, veiller à la qualité de leur situation
financière ainsi qu'à l'intégrité du système bancaire et financier et assurer le respect des
règles déontologiques de la profession.

Pour mener à bien ses missions, la COBAC a reçu un pouvoir administratif, un


pouvoir juridictionnel, un pouvoir réglementaire et un pouvoir de contrôle.

Sur la base de la réglementation bancaire en vigueur et de ses pouvoirs, la COBAC


exerce une surveillance sur place et sur pièces des établissements de crédit en vue de
s’assurer que les normes prudentielles de gestion sont respectées par les assujettis, et
partant, de protéger les déposants.

Au-delà du secteur bancaire, la COBAC a aussi reçu la mission de contrôler le


secteur de la microfinance qui connaît depuis quelques années une croissance
importante. Le règlement relatif aux conditions de contrôle et d’exercice de l’activité
de microfinance et la réglementation prudentielle en vigueur sont de nature à favoriser
le développement de ce secteur, tout en assurant la protection des déposants.

L’activité bancaire est exposée à plusieurs risques. De ce fait, des problèmes


multiples peuvent mettre à mal le fonctionnement harmonieux des institutions
financières. Face à ces problèmes, des mesures peuvent être mises en œuvre pour
corriger les insuffisances et permettre le redressement de l’établissement. Dans des
situations de crise bancaire cependant, un programme de restructuration du système
s’avère indispensable. Sa mise en œuvre permettra de sauver les banques présentant
quelques possibilités de redressement et de liquider celles qui apparaissent
compromises.

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