Supervision Bancaire - 2.2
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Supervision Bancaire - 2.2
DE L'AFRIQUE CENTRALE
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Services Centraux
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B. P. 1917 – YAOUNDE
République du Cameroun
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Direction de la Formation
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(Trois leçons)
1. INTERET DU CONTROLE DE L’ACTIVITE BANCAIRE
1. 1. La monnaie et ses fonctions économiques
1. 2. Rôle des banques dans l’activité économique
1. 3. De la nécessité d’une mise en œuvre d’un contrôle de l’activité bancaire
2
LECON 1
La monnaie est un intermédiaire des échanges. Elle est utilisée pour régler les
transactions, permettant ainsi de résoudre le problème de double coïncidence des
besoins.
Elle est une unité de compte. C’est un numéraire, ou référence, dans lequel sont
libellés les prix de tous les autres biens.
La monnaie est une réserve de valeur et une norme de paiement différé. Elle
permet de transférer les ressources du présent vers l’avenir, à des fins de
consommation différée ou de constitution de patrimoine.
Les banques jouent un rôle très important pour le bon fonctionnement de l’activité
économique et financière d’un pays. Cette importance tient du fait que ces
institutions occupent une place centrale dans le système des paiements ; acceptent les
dépôts des agents économiques, dépôts qui constituent une partie des actifs financiers
3
de la société ; jouent un rôle central dans l’allocation des ressources financières – dans
les économies de marché – en pratiquant de l’intermédiation entre les agents
économiques à capacité de financement et ceux à besoin de financement.
Conscients du rôle important que joue l’activité bancaire dans une économie et
pour limiter les effets néfastes qui peuvent résulter d’un système bancaire instable, la
plupart des pays ont mis en place des politiques qui visent à stabiliser et à renforcer la
solidité de leurs systèmes bancaires.
4
après l’échec du système de contrôle sur documents organisé auparavant au niveau de
chaque Etat.
Toutefois, ce fut au titre de l’article 26 qui lui conférait plutôt une mission
d’assistance technique que cette cellule avait été institutionnalisée le 14 avril 1981 par
le Conseil d’Administration de la BEAC. Dans ce schéma, un rôle purement technique
était assigné à l’Institut d’Emission, les Etats conservant la maîtrise de toute la chaîne
du contrôle de leur système bancaire.
Le système mis en place s’est avéré inefficace, car les constats dressés par la
Banque Centrale n’étaient pas pleinement relayés au niveau des Etats. Les faillites
bancaires successives qui s’en étaient suivies procédaient, entre autres, d’une mauvaise
répartition des tâches entre la BEAC et les autorités nationales, gendarmes trop
souvent impuissants.
2. 2. Création de la COBAC
2. 2. 1. Organisation de la COBAC
La Commission Bancaire
Le Secrétariat Général
1
Sur proposition du Gouverneur et sur avis conforme du Conseil d’Administration de la BEAC, pour un mandat de trois ans renouvelable
deux fois.
5
La permanence administrative de la Commission Bancaire est assurée par un
Secrétariat Général dirigé par un Secrétaire Général nommé par la Conférence des
Chefs d’Etat de la CEMAC, sur proposition du Comité Ministériel statuant sur
présentation du Gouvernement tchadien et après avis de la Commission bancaire
statuant à l’unanimité. Celui-ci est assisté d’un Secrétaire Général Adjoint nommé
dans les mêmes conditions, sur présentation du Gouvernement de la République de
Guinée Equatoriale.
2. 2. 2. Attributions de la COBAC
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2. 2. 3. Evolution du rôle de la COBAC
Dans chaque Etat, tout Etablissement de crédit est tenu d’adhérer à l’APEC.
L’Association est tenue d’adhérer à une fédération professionnelle commune aux
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Etablissements de crédit de l’Afrique Centrale, chargée de poursuivre le même objet
auprès des institutions à caractère sous-régional.
2
Chaque pays avait sa propre réglementation bancaire et la nécessité d’une harmonisation s’imposait, afin que l’organe de supervision
commun aux six Etats puisse travailler sur la base d’un référentiel unique.
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3. 2. Cadre légal d’exercice des activités de microfinance
Les activités de microfinance disposent, depuis avril 2002, d’un cadre légal fourni
par le Règlement n°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice
et de contrôle de l’activité de microfinance dans la CEMAC. Il contient douze titres.
Le titre premier sur les dispositions générales donne une définition de la notion de
microfinance et de celle d’établissement de microfinance (EMF). Y figurent aussi, les
différentes catégorisations possibles d’EMF, ainsi que les niveaux de capital minimum
réglementaires.
9
LECON 2
Cette leçon a pour objectif de présenter les modalités de mise en œuvre du contrôle
bancaire et les différentes normes de gestion prudentielle applicables aux secteurs
bancaire et de la microfinance dans la CEMAC.
10
Les vérifications de portée générale
Ce sont des missions dont le champ d’investigation porte sur l’ensemble des
activités de l’établissement de crédit et qui se renouvellent selon une périodicité
variable, mais généralement comprise entre 2 et 3 ans.
4. 2. 1. Normes de solvabilité
La solvabilité se définit comme la capacité à pouvoir honorer ses engagements.
Pour un établissement de crédit, elle peut être approchée à travers un niveau de fonds
propres permettant de s’assurer de la solidité financière de l’établissement.
Entré en vigueur le 1er juillet 1993, le texte régissant le calcul des fonds propres
nets3 dans la CEMAC a fait l’objet d’une modification ayant pris effet à compter du 1er
janvier 20024 sans remettre fondamentalement en cause les règles de calcul de cet
agrégat.
3
Règlement COBAC R-93/02 relatif aux fonds propres nets des établissements de crédit.
4
Règlement COBAC R-2001/01 modifiant le Règlement COBAC R-93/02.
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La représentation du capital minimum
Le règlement qui traite du capital minimum est le règlement COBAC R-93/10
fixant les règles de représentation du capital minimum des établissements de crédit
(modifié par le règlement COBAC R-2001/04). Selon ce règlement, tout Etablissement
de crédit doit justifier à tout moment que son passif interne net est égal ou supérieur au
capital minimum requis.
Par « grand risque », on entend les risques encourus du fait des opérations avec
un même bénéficiaire lorsque qu’ils excèdent 15% des fonds propres nets de
l’établissement.
5
Règlement COBAC R-2001/02 relatif à la couverture des risques des établissements de crédit (abrogeant le Règlement COBAC R-93/03)
complété par le Règlement COBAC R-2003/06 entré en vigueur le 14 novembre 2003.
6
Appliqué depuis le 31 décembre 2004.
7
Règlement COBAC R-93/05 relatif à la couverture des immobilisations (modifié par le Règlement COBAC R-2001/06), entré en vigueur le
1er juillet 1993.
8
Règlement COBAC R-2001/03 relatif à la division des risques des établissements de crédit (abrogeant le Règlement COBAC R-93/04)
complété par le règlement COBAC R-2003/07.
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Limitation des engagements en faveur des apparentés
Les apparentés visés par la COBAC dans son texte réglementaire9 sont les
actionnaires ou associés, les administrateurs, les dirigeants et le personnel. L’encours
global des engagements portés directement ou indirectement par un établissement de
crédit sur les apparentés est limité à 15% des fonds propres nets.
4. 2. 2. Normes de liquidité
9
Règlement COBAC R-93/13 relatif aux engagements des établissements de crédit en faveur de leurs actionnaires ou associés,
administrateurs, dirigeants et personnel (modifié par le règlement COBAC R-2005/01).
10
Règlement COBAC R-93/11 relatif aux participations d’établissements de crédit dans le capital d’entreprises.
11
Règlement COBAC R-2003/02 relatif à la surveillance des positions de change.
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Notions de liquidité et de transformation
La liquidité est le degré d’aptitude à rembourser les dettes à vue ou à court
terme et tout spécialement à faire face dans l’immédiat aux retraits sur les dépôts à vue
de la clientèle.
Le rapport de liquidité
Les dispositions relatives à la liquidité sont fixées par le règlement COBAC R-
93/06 relatif à la liquidité des établissements de crédit (modifié par le règlement
COBAC R-94/01). Le règlement exige des établissements de crédit des respecter en
permanence un rapport minimum de 100% entre les actifs et passifs à vue ou à échoir
dans le mois, quelle que soit leur nature. Il traduit la capacité d’un établissement de
crédit à faire face à ses engagements à vue et à moins d’un mois à partir des ressources
de même terme.
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4. 2. 4. Perspectives d’évolution des normes prudentielles
En juin 2004, un Nouvel Accord sur les fonds propres a été publié par le
Comité de Bâle et reconnu sous le nom de Bâle II. Etant donné que Bâle II offre une
occasion d’améliorer la réglementation et le contrôle bancaire à l’échelon national,
ainsi que les pratiques de gestion des risques des établissements de crédit, la COBAC a
décidé, en 2003, de l’appliquer dans sa juridiction de compétence.
Certaines de ces normes se déterminent sur la base des fonds patrimoniaux nets
(pour les Etablissements de microfinance de la première catégorie, constitués par la
somme des fonds patrimoniaux et des ressources assimilées de laquelle sont déduits les
titres de participation dans des EMF) et des fonds propres nets (pour les
Etablissements de microfinance des deuxième et troisième catégories, constitués par la
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Mis en place par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Créé en 1974 par les Gouverneurs des banques centrales des pays du Groupe
des dix (G10), il rassemble les autorités de contrôle bancaire issues des pays du G10 (Allemagne, Belgique, Canada, Etats-Unis, France,
Italie, Japon, Royaume-Uni, Suède et Suisse), du Luxembourg, des Pays-Bas et de l’Espagne. Pour en savoir plus sur le Comité de Bâle,
consulter le site www.bis.org
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somme des fonds propres de base et des ressources assimilées de laquelle sont déduits
les titres de participation dans des EMF ainsi que les prêts participatifs et subordonnés
aux dits établissements).
- 15 % des fonds patrimoniaux nets pour les EMF de la première catégorie. Cette
limitation ne s’applique pas aux concours accordés par l’organe faîtier à ses affiliés ;
- 25 % des fonds propres nets pour les EMF des deuxième et troisième catégories.
Le montant total des risques encourus sur les bénéficiaires dont les
engagements dépassent pour chacun d’entre eux 10 % des fonds propres nets pour les
EMF des deuxième et troisième catégories ne doit pas excéder l’octuple des fonds
propres nets.
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Les ressources d’emprunt affectées au financement des immobilisations ne
doivent pas excéder 50% des fonds patrimoniaux ou des fonds propres nets.
Lorsqu’ils excèdent 5% des fonds patrimoniaux ou des fonds propres nets, les
engagements portés directement ou indirectement par un établissement assujetti sur un
de ses administrateurs ou dirigeants agréés, sur un de ses agents, viennent en déduction
du passif interne et du montant des fonds patrimoniaux ou des fonds propres nets.
- 5 entités affiliées pour les organes faîtiers, dont deux affiliés ayant une expérience de
2 ans au moins ;
Pour les EMF de la première catégorie autres que les organes faîtiers, un même
sociétaire ou membre ne peut détenir ni directement, ni par personne interposée plus
de 20 % des parts sociales.
Le coefficient de couverture est fixé à 70% pour les EMF des première et
deuxième catégories exerçant leur activité de manière indépendante et pour les organes
faîtiers ; et à 65% pour les EMF affiliés à un réseau.
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La ligne de financement correspond aux ressources autres que les dépôts
collectés et faisant l’objet d’un accord explicite de remboursement entre le prêteur et
l’établissement concerné après autorisation du Conseil d’Administration ou de
l’organe en tenant lieu.
Les EMF sont tenus de respecter un rapport minimum entre d’une part le niveau
de leurs ressources propres (pour la première catégorie) ou leurs fonds propres nets
(pour la deuxième catégorie) et d’autre part les lignes de financement. Ce coefficient
de recours aux lignes de financement doit être au moins égal à 50%.
Rapport de liquidité
Les EMF sont tenus de respecter un rapport minimum de liquidité de 100%
entre leurs disponibilités et leurs exigibilités à moins de trois mois dit « rapport de
liquidité ».
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LECON 3
Cette leçon a pour objectif de présenter les modes de gestion des problèmes et des
crises bancaires.
Les pertes sur les crédits sont, assez souvent, dues aux insuffisances du contrôle de
la Direction Générale et des systèmes de gestion du risque de crédit. Ce qui est à
même de favoriser une prise excessive de risques, une concentration excessive des
prêts, le non-respect des politiques et procédures existantes en matière d’octroi de
crédit, la fraude, etc. Hormis le risque de crédit, les problèmes des banques peuvent
aussi provenir des autres risques liés à l’activité bancaires, tels que le risque
opérationnel, le risque de marché, le risque de taux d’intérêt, etc.
Enfin, des facteurs externes tels que les chocs macroéconomiques peuvent aussi
donner lieu à des problèmes bancaires.
5. 2. Mesures correctives
Les mesures correctives sont les actions nécessaires pour traiter les problèmes que
présentent les banques en difficulté. Elles peuvent être mises en œuvre volontairement
par la banque, sous le contrôle du superviseur, ou, si nécessaire, à travers une
intervention formelle de ce dernier.
Normalement, il revient au Conseil d’Administration et à la Direction Générale de
la banque, et non au superviseur, de déterminer comment l’établissement de crédit doit
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résoudre ses problèmes. Le rôle du superviseur est de guider la banque dans sa
réhabilitation. Dans le cas extrême, le superviseur doit avoir le pouvoir de fermer la
banque.
5. 2. 1. Principes généraux
Dans la mise en œuvre des mesures correctives, les principes ci-après doivent
guider le superviseur : mise en œuvre à temps des actions correctives. La banque et le
superviseur doivent être prompts à prendre des mesures afin d’éviter que les problèmes
prennent de l’ampleur ; engagement de la Direction Générale ; proportionnalité. Les
actions correctives doivent être proportionnelles aux circonstances et à l’étendue du
problème ; intégralité. Les mesures à mettre en œuvre doivent prendre en compte à la
fois les causes et les symptômes des problèmes.
Les mesures qui ont un impact sur les actionnaires : apport d’argent frais ;
suspension des droits des actionnaires, y compris les droits de vote ; interdiction de
distribution des dividendes ; interdiction aux actionnaires de faire des retraits.
Les mesures qui ont un impact sur les administrateurs et dirigeants : démission
des administrateurs et dirigeants ; limitation des indemnités des administrateurs et
autres hauts responsables.
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Pour ce dernier cas, l’Annexe à la Convention portant création de la COBAC, en
son article 16, stipule que « la Commission Bancaire est habilitée à désigner un
administrateur provisoire, doté de toutes attributions nécessaires à l’administration et à
la direction de l’établissement et du pouvoir de déclarer la cessation des paiements ».
Plan d’action
Une crise bancaire correspond à une situation caractérisée par une dégradation de
la qualité des actifs bancaires, mettant en péril la solvabilité des banques. Il s’ensuit
généralement un processus de panique bancaire, avec des retraits massifs de dépôts
ayant pour conséquence des fermetures de certains établissements de crédit.
Dans les cas de crise bancaire, la mise en œuvre d’un programme de restructuration
s’avère indispensable. Les plans de restructuration à mettre en œuvre visent dans un
premier temps, à évaluer la solvabilité et le potentiel futur des banques. Cette
évaluation permettra de ressortir les banques compromises et celles présentant des
perspectives de redressement.
Les banques avec des fonds propres insignifiants, des problèmes de liquidité et
sans potentiel de redressement entreront en liquidation.
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Monétaire, soit à la demande de l’Etablissement de crédit, soit d’office lorsque
l’établissement ne remplit plus les conditions auxquelles l’agrément est subordonné …
Tout Etablissement de crédit dont l’agrément a été retiré entre en liquidation (…).
Le liquidateur désigné par la COBAC est responsable de la liquidation du fonds de
commerce de la banque. Les syndics ou liquidateurs judiciaires assurent la liquidation
des autres éléments du patrimoine de la personne morale. »
CONCLUSION
Dans la CEMAC, avec la crise bancaire de la fin des années 80 et début 90, un
organe de supervision bancaire, la COBAC, avait été créé pour contrôler les conditions
d’exploitation des Etablissements de crédit, veiller à la qualité de leur situation
financière ainsi qu'à l'intégrité du système bancaire et financier et assurer le respect des
règles déontologiques de la profession.
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