Plantes Drogues
Plantes Drogues
Plantes Drogues
Les plantes
qui deviennent
des drogues
FAVRE
Dans la même collection, entre autres :
Tout savoir sur les plantes médicinales des montagnes,
Prof. K. Hostettmann.
Tout savoir sur le pouvoir des plantes, sources de médicaments,
Prof. K. Hostettmann.
Tout savoir sur les aphrodisiaques naturels,
Prof. K. Hostettmann.
Tout savoir sur la voix,
Dr M.-L. Dutoit-Marco.
Tout savoir sur le cancer,
Dr Ph. Lagarde.
Tout savoir sur le dopage,
Dr Michel Bourgat.
Tout savoir sur l'érotisme,
Dr Georges Abraham.
Tout savoir sur l'art-thérapie,
Prof. Richard Forestier.
Tout savoir sur la diététique gastronomique,
Dr Agnès Amsellen.
Tout savoir sur les vertus du vin,
Corinne Pezard.
Tout savoir sur les traitements antivieillissement,
Prof. J . Proust.
Tout savoir sur vo tre écriture,
René Vaucher.
Tout savoir sur les progrès du laser en esthétique,
Dr B. Hayot.
Tout savoir sur le génie génétique,
Ph. Gay et J. Neirynck.
Tout savoir sur le pied,
Roselyne Landsberg.
Tout savoir sur le maquillage permanent,
E. Habnit.
Avant-propos
7
par la consommation de drogues, de nombreux gouvernements ont
fixé une liste des substances classées comme stupéfiants, dont la pré-
paration, la mise sur le marché et la consommation sont interdites.
8
Je tiens à remercier le 0' Christian Terreaux pour l'aide apportée
dans la recherche de nombreux documents et pour la lecture critique
du manuscrit, ainsi qu'à Chantal Terreaux pour la saisie de ce dernier.
Enfin, mes remerciements s'adressent aussi à mon épouse Maryse
pour ses encouragements et son aide dans la préparation du
manuscrit.
9
Introduction
11
y a des fléaux qui ont engendré autant de dégâts et de souffrances
que les drogues prohibées, à savoir l'alcool en premier lieu et aussi
le tabac, qui peuvent provoquer eux aussi une dépendance. Il faut
encore citer les stimulants d'origine naturelle comme les plantes qui
contiennent la caféine, à savoir le café, le thé, la noix de cola, le maté
ou encore le guarana. Les accros du café vont jusqu'à siroter une
dizaine ou même plus de tasses par jour et les accros du maté ne
peuvent plus s'en passer en Uruguay, en Argentine ou dans d'autres
pays d'Amérique latine. Pour certains, même le chocolat peut devenir
une drogue. Mais le café et le chocolat n'engendrent que des petits
problèmes de santé qui ne sont en aucun cas comparables à ceux
produits par les stupéfiants.
Dans ce livre, ce sont les drogues prohibées qui ont été traitées
avec quelques plantes psychotropes importantes comme par exemple
certaines espèces de la famille Solanaceae qui font beaucoup parler
d'elles depuis quelques années.
Dans cet essai, nous avons voulu montrer le rôle important joué
par les plantes psychotropes dans l'histoire des civilisations anciennes
jusqu'à notre propre civilisation. La démarche qui a conduit de l'usage
12
traditionnel, des siècles en arrière, jusqu'à l'identification des substan-
ces actives et de leurs propriétés pharmacologiques est simplement
fascinante. Les plantes peuvent tuer ou guérir, tout dépend de la dose,
comme 1' a si bien dit Teophrastus Bombastus von Hohenheim
(1493-1541), alchimiste et médecin suisse, plus connu sous le nom de
Paracelse : «Tout remède est un poison, aucun n'en est exempt. Tout
est question de dosage ».
13
Les plantes qui deviennent des drogues
Du cannabis au THC
Depuis les temps les plus reculés, l'homme a utilisé les fibres du
chanvre pour en faire des cordes et des ficelles. C'est peut-être l'une
des premières plantes cultivées par l'homme car des évidences archéo-
logiques montrent que vers 8000 ans avant J .-C., dans le territoire de
l'actuelle Turquie, le chanvre faisait partie de l'agriculture primitive de
cette époque (Clarke, 2000). On utilisait alors les fibres de cette plan-
te pour en faire des habits, des récipients divers et surtout les cordages
indispensables à la navigation. D'autres indices archéologiques font
remonter l'utilisation des graines de chanvre dans l'alimentation
humaine sous forme d'huile en Chine à environ 6000 ans avant J.-C.
Le nom scientifique du chanvre est Cannabis sativa L. qui appar-
tient à la famille Cannabaceae. Dans cette famille botanique, on trou-
ve une autre plante bien connue, le houblon ou Humulus lupulus L. ,
utilisé non seulement pour aromatiser la bière, mais aussi pour ses pro-
priétés sédatives. De plus, le houblon contient des flavonoïdes aux pro-
priétés œstrogéniques. Sur le plan botanique, les Cannabacées sont
assez proches des Urticacées, dont le principal représentant est l'ortie
ou Urtica dioica L. À remarquer qu'il n'est donc pas étonnant que les
feuilles du chanvre présentent une certaine ressemblance avec celles
de l'ortie. La taxonomie du chanvre a été l'objet de nombreux désac-
cords : certains spécialistes en ont fait diverses espèces, sous-espèces
et variétés. Le célèbre botaniste genevois Augustin Pyrame de
Candolle (1778-1841), auteur de la Théorie élémentaire de la
botanique publiée en 1813, s'intéressa à la classification du chanvre
et distingua une dizaine de sous-espèces et variétés, dont Cannabis
sativa ssp. indica et Cannabis sativa var. indica. Pendant longtemps,
l'appellation Cannabis sativa fut donnée au chanvre à fibres , pauvre
en substance active appelée THC, et l'appellation Cannabis sativa var.
indica au chanvre à résine riche en THC. Cette dernière variété est
plus connue sous le nom de chanvre indien ou chanvre à drogue. Il est
cependant pratiquement impossible de distinguer ces deux types de
chanvre par des critères morphologiques. Actuellement, on parle
plutôt de races chimiques (en anglais chemotypes) car le seul moyen
de les différencier est de déterminer quantitativement la teneur en
THC. Cette teneur dépend de facteurs endogènes, mais aussi de
facteurs exogènes comme par exemple, la composition du sol,
l'ensoleillement, le moment de la récolte. Il est bien connu qu'un
14
Du cannabis au THC
chanvre qui pousse dans un pot sur un balcon peu ensoleillé sera
nettement moins riche en THC qu'une plante poussant en pleine
nature à un endroit bien exposé au soleil. Dans ces conditions, la
plante peut atteindre une hauteur de 2 à 4 mètres.
Cannabis sativa L.
15
Les plantes gui deviennent des drogues
Troie au XIII• siècle avant J. -C. Ces redoutables guerriers qui ravagè-
rent de nombreux pays du Proche-Orient avaient l'habitude d'inhaler
la fumée obtenue en déposant des graines de chanvre sur les cailloux
ou ardoises chauffés au rouge vif (Girre, 1997). Selon Mann (1996),
peu après l'inhalation, « les Scythes ravis crièrent de joie '' et deve-
naient alors plus aptes au combat. De récentes preuves archéologiques
semblent prouver l'existence de cette pratique qui n'a pas disparu de
nos jours. En effet, récemment, l'auteur du présent livre a été sollicité
par un avocat pour réaliser l'identification de graines et de résidus de
feuilles d'une plante. Le client de cet avocat, en instance de divorce, se
battait pour obtenir la garde de son enfant âgé de 18 mois. Il avait
observé à plusieurs reprises que son épouse, d'origine nord-africaine,
mettait les graines et les feuilles de cette plante sur une plaque chauf-
fée au rouge de la cuisinière électrique. L'enfant était maintenu pen-
dant plusieurs minutes au-dessus de la plaque et forcé de respirer la
fumée ainsi dégagée. Très rapidement, celui-ci tombait dans une
profonde léthargie et sa maman n 'avait plus besoin de s'occuper de lui.
L'analyse microscopique et phytochimique révéla que la plante n'était
rien d'autre que Cannabis sativa L. avec une teneur élevée en THC.
La garde de 1'enfant fut attribuée au père ...
Le chanvre était aussi connu dans l'Égypte ancienne où il était
administré aux patients pour diverses indications sous forme orale, par
voie anale et vaginale, ainsi que par fumigation (Russo, 2001). Des
Graines de chanvre
16
Du cannabis au THC
17
Les plantes gui deviennent des drogues
dedans les aureilles, tue toute espece de vermine ... La racine d'icelle,
cuicte en eaue, remollist les nerfs retirez, les jointures contractes ... Si
promptement voulez guerir une bruslure, soit d'eaue, soit de feu,
applicquez y du Pantagruelion crud .. . »
Cependant, il a fallu attendre la campagne d'Égypte de Napoléon
(1769-1821) qui eut lieu en 1798-1799 pour rendre la consommation
du cannabis très populaire en Europe. Le chanvre poussant en Égyp-
te, pays de soleil, était très riche en résine et la population en était très
fervente. Ce qui incita Napoléon à promulguer un décret en 1798,
interdisant la consommation du cannabis. Paradoxalement, malgré
cette interdiction, ce sont les soldats de Napoléon de retour en France
qui propagèrent la consommation du chanvre dans la plupart des pays
européens, à l'exception de l'Angleterre. Dans ce pays, ce sont les sol-
dats et « les médecins de retour de mission en Inde qui introduisirent la
plante et le vice •• (Mann, 1996). La consommation de chanvre et
produits dérivés connut une sorte d'apogée culturelle au milieu du
XIXe siècle lorsque le peintre Gustave Moreau (1826-1898), l'écrivain
Théophile Gautier (1811-1872) et le poète Charles Baudelaire (1821-
1867) fondèrent Le Club des Haschischins. D'autres célébrités en
devinrent membres comme par exemple Honoré de Balzac (1799-
1850). Tous ces personnages illustres étaient convaincus que leurs
performances artistiques étaient améliorées par la consommation de
cannabis. Baudelaire était aussi un grand amateur d'opium et a fait
part de ses expériences dans Les fleurs du mal et Les paradis artifi-
ciels (voir chapitre consacré au pavot et à l'opium). Au XIXe siècle, la
liste des écrivains qui ont goûté au cannabis et qui en vantent les effets
est très longue. Nous citerons ici encore Arthur Rimbaud (1854-1891),
Gérard de Nerval (1808-1855), Alexandre Dumas père (1802-1870),
George Sand (1804-1876) et Alfred Jarry (1873-1907). Le lecteur
intéressé trouvera de multiples renseignements dans l'excellent ouvra-
ge publié par Hadengue et al. (1999), intitulé Le livre du Cannabis ,
qui est une véritable anthologie de textes sur le cannabis depuis les
pharmacopées des plus anciennes civilisations jusqu'aux écrits des
auteurs de la fin du xxe siècle.
18
Du cannabis au THC
19
Les plantes gui deviennent des drogues
COOH -C02
...
CsH11
Acide THC (inactif) THC (actif)
20
Du cannabis au THC
21
Les plantes qui deviennent des drogues
22
Du cannabis au THC
23
Les plantes gui deviennent des drogues
24
Du cannabis au THC
25
Les plantes qui deviennent des drogues
26
Du cannabis au THC
27
Les plantes gui deviennent des drogues
28
La feuille de coca et la cocaïne
Feuilles de coca
29
Les plantes gui deviennent des drogues
dans les mines d'argent et les mines d'or, l'esprit anéanti et la faim
supprimée par la coca. La plante divine, dont l'usage était réservé à des
cérémonies religieuses et à des classes sociales privilégiées, est ainsi
devenue une plante profane. Des chroniqueurs de l'époque ont établi
un lien entre la feuille de coca et des pratiques sexuelles, jugées
contre nature, très fréquentes chez les habitants de la côte de l'océan
Pacifique. Dans le Guide mondial des aphrodisiaques (Müller-Ebeling
et Ratsch, 1993), on trouve cette citation de l'époque : " Les femmes
se livraient à la sodomie, c'est-à-dire à la copulation anale, avec leur
époux et d'autres hommes, même lorsqu'elles allaitaient leurs propres
enfants ». Dès lors, dès le début du XVII• siècle, l'Inquisition considéra
la vénération de la coca comme un signe de sorcellerie et interdit son
usage. Cependant, les indigènes ne respectèrent pas cet interdit et
lorsque le Pérou et la Bolivie se séparèrent de l'Espagne pour devenir
indépendants, l'usage de la coca se normalisa pour devenir légal.
Signalons enfin une publication parue en 1992 (Balabanova et
al., 1992) qui rapporte que dans les cheveux et les os de momies égyp-
tiennes datant d'environ 1000 ans avant J.-C., on a trouvé de la cocaï-
ne, de la nicotine et du tétrahydrocannabinol ou THC (le principe actif
du haschisch). La présence de cocaïne semble bien étrange, car les
deux espèces du genre Erythroxylum qui contiennent la cocaïne ne
poussent que sur le continent américain. Les auteurs de cette publica-
tion se sont-ils trompés ou alors existait-il des contacts entre les
anciens Égyptiens et les Incas d'Amérique du Sud ?
30
La feuille de coca et la cocaïne
31
Les plantes gui deviennent des drogues
La découverte de la cocaïne
et de ses propriétés
La cocaïne pure, l'alcalo"ide principal de la feuille de coca, fut isolée
pour la première fois en Allemagne en 1860 par Niemann et Wohlen
(Hess, 2000). Mais il a fallu attendre 1898 jusqu'à l'établissement
de sa structure correcte par Richard Willstatter (1872-1942) qui en
réalisa aussi dans la même année la synthèse. Signalons que les
travaux de ce chimiste allemand furent couronnés par 1'attribution du
Prix Nobel de Chimie en 1915. La feuille de coca contient de nomb-
reux autres alcaloïdes. La teneur en alcaloïdes totaux varie entre 0,5 et
1,5% selon l'espèce, la variété et l'origine géographique. La cocaïne
(30 à 50 %) est un alcaloïde tropanique (voir chapitre consacré aux
psychotropes des Solanaceae) possédant deux fonctions esters (méthyl-
benzoyl-ecgonine). À l'état de base libre, la cocaïne est volatile.
La cocaïne a fasciné les hommes depuis sa découverte jusqu'à nos
jours. Le célèbre psychiatre autrichien Sigmund Freud (1856-1939) lui
consacra une monographie intitulée Über Coca qui rendit la substan-
ce très populaire. On peut y lire : " Quelques instants après la prise
nasale de cocaïne, on devient hilare et léger. On ressent aussi une cer-
taine insensibilité dans les lèvres et le palais ... ", Freud écrivit aussi que
la cocaïne augmente les ardeurs sexuelles. Par la suite, la réputation de
la cocaïne comme drogue de plaisir sexuel s'affirma. Certaines études
prétendent que l'homme peut augmenter la durée de l'érection et avoir
des orgasmes répétés et que même la femme frigide peut atteindre
32
La feuille de coca et la cocaïne
33
Les plantes qui deviennent des drogues
des hauts plateaux andins, les descendants des Incas, mâchent réguliè-
rement des feuilles de coca. Il est fascinant de remarquer que sans
connaître la nature chimique de la substance active, les Indiens masti-
quent les feuilles en présence de cendres de plantes diverses ou parfois
de chaux ou de bicarbonate de sodium. Ces additifs sont basiques et
servent à mieux extraire les alcaloïdes de la plante en les transformant
en alcaloïdes bases lipophiles. Sous cette forme, les substances actives
pourront très rapidement passer dans le circuit sanguin à l'intérieur de
la cavité buccale. De plus, sous l'effet de la base et sans doute aussi des
enzymes de la salive, une grande partie de la cocaïne sera hydrolysée
en ecgonine qui produit un effet similaire à celui des amphétamines.
Les Indiens d'aujourd'hui consomment beaucoup de feuilles de coca
pour supporter l'altitude, améliorer 1'endurance, supprimer la faim et
se procurer une sensation de bien-être pour échapper temporairement
à la misère de leur existence quotidienne.
La saveur de la feuille de coca est faiblement amère. La mastica-
tion entraîne assez rapidement une augmentation de la salivation et une
sensation d'anesthésie de la langue et des muqueuses buccales. Les
connaisseurs peuvent évaluer la qualité de la coca selon la rapidité avec
laquelle cet effet anesthésiant se produit (Ratsch, 2001). L'effet stimu-
lant de la cocaïne est généralement perceptible après 5 à 10 minutes et
dure environ 45 minutes. Il disparaît très rapidement. L'effet coupe-
faim peut être expliqué en partie par une anesthésie des nerfs de l'es-
tomac inhibant ainsi la sensation de faim. Une étude a montré que la
mastication de 20 g de feuilles de coca (soit environ 48 mg de cocaïne)
conduit rapidement à un taux plasmatique en alcaloïde de 150 ng/ml.
La cocaïne, métabolisée en ecgonine est encore présente dans le sang
après 7 heures (Holmstedt, 1991). À signaler que la mastication de la
coca en présence d'une base peut à long terme conduire à des lésions
de la muqueuse buccale et à une détérioration des dents.
Les feuilles de coca peuvent également être utilisées pour faire des
infusions appelées mate de coca en Bolivie et au Pérou. Bien que la
cocaïne soit peu soluble dans l'eau, une partie passe néanmoins dans
l'infusion. Traditionnellement, le mate de coca est employé lors de dia-
bète, de surcharge pondérale, de troubles de la digestion et lors d' épui-
sement. L'indication principale est cependant la lutte contre le mal
d'altitude. Il semble, d'après certaines études, que la cocaïne favorise
l'assimilation de l'oxygène plus rare dans l'air en haute altitude. Cette
infusion de coca est particulièrement appréciée des touristes qui débar-
quent à 1' aéroport de La Paz (altitude 4000 mètres) ou de Cuzco (alti-
tude 3500 mètres) et permet de compenser le manque d'oxygène.
34
La feuille de coca et la cocaïne
35
Les plantes gui deviennent des drogues
36
La feuille de coca et la cocaïne
37
Les plantes qui deviennent des drogues
38
le pavot : de l'opium à la morphine et à l'héroïne
Le pavot : de l'opium
à la morphine et à l'héroïne
Il existe plusieurs espèces différentes de pavots, mais la plante la
plus célèbre et la mieux étudiée est sans aucun doute Papaver somni-
ferum L. (Papaveraceae), appelé aussi pavot somnifère. Comme son
nom l'indique, ce pavot induit le sommeil et ses propriétés narcotiques
furent connues depuis l'Antiquité. On peut distinguer plusieurs sous-
espèces et variétés, à savoir Papaver somniferum var. album D.C. ou
pavot aux fleurs blanches, Papaver somniferum var. songaricum
Basil, Papaver somniferum var. somniferum Basil et Papaver som-
niferum L. ssp. setigerum (D.C.) Corb. Certains auteurs estiment que
cette dernière sous-espèce devrait être classée en espèce car selon eux,
elle est la forme ancestrale du pavot somnifère qui est le seul pavot qui
contient de la morphine. Papaver bracteatum Lindl. est d'un grand
intérêt car cette espèce contient des morphinanes comme la thébaïne,
mais pas la morphine. Le célèbre pavot aux pétales d'un rouge éclatant
qui pousse dans nos régions ou
coquelicot a pour nom scienti-
fique Papaver rhoeas L. Dans
les montagnes suisses et françai-
ses, on peut trouver encore
Papaver dubium L. qui existe
sous forme de deux sous-espèces
aux pétales rouges, Papaver
occidentale (Mark.) Hess et Lan-
doit aux pétales blanches et le
magnifique pavot d'Islande aux
fleurs jaunes d'une beauté extra-
ordinaire ou Papaver croceum
Ledebour. Cette dernière espèce
peut être admirée dans les zones
arides au sommet du Mont
Ventoux dans le Vaucluse qui
culmine à 1909 mètres d'alti-
tude. À signaler encore le pavot
de Californie aux pétales de
couleur orange ou Eschscholtzia
californica Cham., dont on Papaver somniferum L.
39
Les plantes gui deviennent des drogues
40
le pavot : de l'opium à la morphine et à l'héroïne
Le pavot de Californie
41
Les plantes gui deviennent des drogues
Stèle assyrienne, Palais Royal de Khorsabad (700 av. J.-C.), au British Museum
de Londres - Détail des capsules de pavot
42
le pavot : de J'opium à la morphine et à l'héroïne
introduisit le pavot en Perse (l'actuel Iran) vers 330 avant J .-C. Ce n'est
qu'après la mort de Mahomet en l'an 632 de notre ère que le pavot fut
introduit par des marchands arabes en Inde, en Malaisie et en Chine. Les
habitants de ces pays se mirent rapidement à le cultiver, en particulier
les Chinois qui l'utilisèrent d'abord comme somnifère, puis comme anti-
diarrhéique. Cependant, d'après d'autres sources (Ratsch, 2001), le
pavot était connu dans certaines régions de Chine et était utilisé comme
narcotique lors d'interventions chirurgicales. La capsule de pavot a
fasciné l'homme depuis des millénaires car l'incision de ces dernières
libère un abondant latex blanc. D'ailleurs dans la mythologie grecque, la
capsule de pavot est le symbole de Morphée, dieu des songes.
Qu'est-ce que c'est que l'opium dont on parle tant? Tout d'abord
le mot opium vient du grec opos qui vent dire suc de plante ou de opion
qui veut dire latex (donc suc blanc de pavot). L'incision des capsules de
pavot mûres, c'est-à-dire pratiquée après la chute des pétales, libère un
exsudat laiteux (latex) qui durcit en séchant et devient brun foncé après
12 à 24 heures. On récolte ce latex séché, qui n'est rien d'autre que
l'opium, par grattage des capsules. La première description détaillée de
l'obtention de l'opium se trouve dans le monumental traité De Materia
Medica de Dioscoride, médecin grec (1•' siècle de notre ère) où sont
consignées plus de 500 plantes à usage thérapeutique. Une capsule
fournit en moyenne 20 à 50 mg d'opium brut. Pour obtenir un kilo
d'opium, il faut donc au minimum 20000 capsules de pavot.
43
Les plantes gui deviennent des drogues
44
le pavot :de l'opium à la morphine et à l'héroïne
45
Les plantes gui deviennent des drogues
46
le pavot : de l'opium à la morphine et à l'héroïne
47
Les plantes gui deviennent des drogues
48
le pavot : de l'opium à la morphine et à l'héroïne
49
Les plantes gui deviennent des drogues
50
Le khat, l'amphétamine naturelle de la corne de l'Afrique
51
Les plantes qui deviennent des drogues
52
Le khat, l'amphétamine naturelle de la corne de l'Afrique
53
Les plantes qui deviennent des drogues
54
Le peyotl : du cactus hallucinogène à la mescaline
Le peyotl : du cactus
hallucinogène à la mescaline
Ce sont les conquérants espagnols de l'Amérique du Sud qui
observèrent que les Indiens des zones désertiques du Mexique consom-
maient les parties aériennes d'un petit cactus de différentes manières,
dont la mastication de tranches séchées au soleil. La première mention
écrite est due à un moine franciscain qui relate en 1560 les traditions
ancestrales du Mexique et l'utilisation d'un cactus appelé peyotl qui
provoque une ivresse comparable à celle causée par un excès de vin.
Plus tard, les conquérants expérimentèrent les effets de ce cactus eux-
mêmes. Sa mastication provoquait des visions colorées, ce qui valut au
peyotl d'être qualifié de plante « qui fait les yeux émerveillés >> (Pelt,
1983).
La dénomination scientifique de cette plante magique connut de
nombreuses péripéties et a été longuement controversée. Il en résulte
une liste impressionnante de synonymes. Son premier nom fut Peyote
zacatecensis imaginé par un botaniste espagnol en 1615. Au milieu du
XIX• siècle, le botaniste français et grand connaisseur de cactus, Antoine
Charles Lemaire (1800-1871) l'appela Echinocactus williamsii. Le
botaniste allemand Paul Christoph Hennings (1841-1908) 1' appela
Anhalonium lewinii. Enfin, en 1894 le taxonomiste américain John
Merle Coulter (1851-1928) le plaça dans le genre Lophophora et
le nom scientifique généralement admis est devenu Lophophora
williamsii (Lemaire ex Salm-Dyck) Coulter (Ratsch, 2001).
55
Les plantes gui deviennent des drogues
tombe plus récente (900 ans après J.-C.) localisée au fond d'une caver-
ne, des restes de cactus furent découverts récemment. L'analyse phy-
tochimique de ces morceaux de peyotl a permis de montrer que ces
derniers contenaient encore de la mescaline et d'autres alcaloïdes
(Bruhn et al., 1978). La découverte de ces vestiges archéologiques ne
permet pas de conclure à quelle fin les hommes des époques concer-
nées utilisaient le peyotl. On en sait plus par les récits datés de 1560
du moine franciscain Bernardino de Sahagun qui fut chargé par le
clergé espagnol d'observer la façon de vivre des indigènes peu après la
conquête du Mexique. D'après Delaveau (1982), qui cite une traduc-
tion française du texte de Sahagun, les effets du cactus sont décrits :
« Ceux qui le consomment ont des visions épouvantables ou comiques,
et cette ivresse dure 2 à 3 jours avant de se dissiper. Cette plante sert
de nourriture aux Chichimèques, les soutient et leur donne courage
pour ne craindre ni combats, ni soif, ni faim, et ils disent qu'elle les
préserve de tout danger ». Chichimèques est le nom donné par les
Aztèques à des tribus nomades vivant au nord du Mexique. Les
Aztèques connaissaient bien le peyotl, dont le nom dérive de leur
langue. Étymologiquement, il pourrait avoir son origine du mot
56
Le peyotl : du cactus hallucinogène à la mescaline
peyona-nic qui veut dire stimuler (Ratsch, 2001). Le peyotl fut la plan-
te sacrée des Aztèques et sa cueillette fut l'objet d'une célébration
rituelle. Lors de la fête traditionnelle du peyotl, tous les membres de la
tribu en consommaient, enfants et femmes enceintes compris. Il y avait
des incantations autour d'un feu faites par des chamans qui communi-
quaient avec les dieux à l'aide du cactus. Le peyotl n'était pas seule-
ment une plante sacrée, mais aussi une plante médicinale. La consom-
mation de peyotl désinhibe et peut conduire parfois à des comporte-
ments sexuels que certains jugeront anormaux, contre-nature. Les mis-
sionnaires espagnols, arrivés peu après les conquistadors, ne man-
quèrent pas de remarquer les coutumes des indigènes mangeurs de
peyotl et furent frappés de stupeur et d'horreur. Ils en informèrent
immédiatement le clergé qui ordonna à la Sainte Inquisition de faire
cesser au plus vite ces cultes démoniaques. La répression fut terrible et
dura quatre siècles, jusqu'à la fin de la domination espagnole. Mais les
Indiens résistèrent et surent conserver leurs coutumes. L'usage du
peyotl traversa la frontière et au cours des siècles s'implanta toujours
plus dans le continent nord-américain. En plus des Indiens du Texas,
les populations autochtones du Nouveau-Mexique, de l'Arizona, de
l'Oklahoma et de l'Utah devinrent des fervents adeptes du célèbre cac-
tus, notamment les Apaches, les Comanches, les Cheyennes et les
Kiowas. Ce qui déplut fortement aux églises protestantes des Blancs
qui firent pression sur le gouvernement des États-Unis. Au début du
xxe siècle, plusieurs États prirent des mesures draconiennes pour
interdire l'importation des cactus des Aztèques. Dès lors, un immense
trafic de contrebande s'installa ... Il faut mentionner que christianisme et
peyotl ne furent pas incompatibles. Une secte d'inspiration chrétienne
vénérant le Christ et le peyotl fut fondée au milieu du XIXe siècle. Elle
est connue sous le nom de Native Ame rican Church et compte enco-
re maintenant plusieurs millions d'adeptes au sud des États-Unis. En
1995, le Président Bill Clinton a émis un décret autorisant les mem-
bres de cette église à utiliser du peyotl ! (Schultes et Hofmann, 1998).
Il faut mentionner qu'en dehors des rites religieux, le peyotl a joué
depuis la nuit des temps un rôle important dans la médecine tradition-
nelle des Indiens du Mexique et des États-Unis. En usage interne, on
l'utilisait pour soigner la fièvre et les douleurs articulaires. En usage
externe, on appliquait des tranches de cactus fraîchement coupées sur
les tempes lors de maux de tête et sur la peau lors de coups de soleil.
Le cactus magique attira rapidement les phytochimistes qui pro-
cédèrent à son analyse dès la deuxième moitié du XIXe siècle. Les pre-
miers résultats furent publiés en 1884 et en 1888 par des chercheurs
57
Les plantes gui deviennent des drogues
58
Le peyotl : du cactus hallucinogène à la mescaline
interdits. En Suisse, le cactus vient d'être placé sur cette liste. Il faut
dire qu'il n'est pas facile de s'en procurer et il faut en consommer des
grandes quantités. Il existe cependant des adeptes sous nos latitudes et
il n'est pas rare que le peyotl disparaisse des serres tropicales de nos
jardins botaniques. Pour empêcher le vol de ce cactus, certains respon-
sables de jardins de plantes n'ont pas hésité à l'exposer, mais protégé
par des verres blindés ! La mescaline se trouve dans d'autres cactus, le
plus célèbre étant le cactus de San Pedro ou Trichocere us pachanoi
Britton et Rosé. Ce cactus est abondant au Pérou et pousse à une alti-
tude de 2000 à 3000 mètres. C'est le cactus sacré des chamans qui
l'utilisent lors de rites psychédéliques. Il est également employé comme
tonique et aphrodisiaque dans la médecine traditionnelle péruvienne.
Des contradictions existent dans la littérature scientifique quant à sa
teneur en mescaline. Certains parlent de 300 mg par 100 g de cactus
séché. Un autre cactus appartenant au même genre est également
59
Les plantes gui deviennent des drogues
60
Les champignons hallucinogènes
Les champignons
hallucinogènes
Non seulement les plantes supérieures peuvent posséder des pro-
priétés psychotropes, voire hallucino~ènes, mais aussi toute une série
de champignons d'origines diverses. A noter d'emblée que le plus célè-
bre de tous les champignons, à savoir l'amanite tue-mouches, appelée
aussi fausse oronge, ou Amanita muscaria (L. ex Fr.) Hooker (Agari-
caceae) est à classer dans la catégorie des espèces hallucinogènes. Qui
ne connaît pas le plus symbolique de tous les champignons avec son
magnifique chapeau rouge piqueté de petites verrues blanches ? Même
les enfants en bas âge font sa connaissance dans les livres de contes.
Ce champignon est commun en Europe. On le trouve aussi dans les
steppes et les forêts froides d'Asie, ainsi qu'au Canada et aux États-
Unis. En Amérique centrale et en particulier au Mexique pousse un
champignon qui était vénéré des Aztèques et connu sous le nom teo-
nanacatl. Il s'agit de Psylocybe mexicana Heim (Strophariaceae) et
d'autres espèces appartenant aux genres Conocybe, Panaeolus,
Stropharia et Psilocybe. À signaler que l'on peut aussi trouver des
espèces du genre Psilocybe en Europe qui sont très recherchées des
amateurs de sensations fortes, en tout premier lieu Psilocybe semi-
lanceata (Fr. ex. Secr.) Kumm.
61
Les plantes qui deviennent des drogues
L'amanite tue-mouches
62
Les champignons hallucinogènes
63
Les plantes gui deviennent des drogues
64
Les champignons hallucinogènes
65
Les plantes gui deviennent des drogues
66
Les champignons hallucinogènes
67
Les plantes gui deviennent des drogues
68
Les champignons hallucinogènes
69
Les plantes gui deviennent des drogues
70
Les champignons hallucinogènes
active du champignon. Dix ans plus tard, Hofmann isola encore deux
substances du champignon, à savoir la baeocystine et la norbaeocys-
tine, qui semblent être des précurseurs biogénétiques.
À signaler que par la suite, d'autres dérivés de la N,N-diméthyl-
tryptamine ont pu être identifiés dans diverses plantes tropicales pré-
sentant des propriétés hallucinogènes. Et pas seulement dans les plan-
tes ! Une substance de structure chimique très proche de celles de la psi-
locine et de la psilocybine a été trouvée dans les sécrétions de la peau
du crapaud commun Bufo vulgaris L. Il s'agit de la 5-hydroxy-N,N-
diméthyltryptamine qui reçut le nom de bufoténine. Cette substance n'a
guère de propriétés hallucinogènes, car elle est relativement polaire,
mais son homologue méthylé, ou 5-méthylbufoténine, est plus lipo-
phile et pénètre plus facilement dans le circuit sanguin pour provoquer
des hallucinations intenses. Elle a été identifiée dans les sécrétions de
deux glandes situées à la base de la nuque d'un crapaud commun de la
rivière Colorado, en Arizona, dont le nom latin est Bufo alvarius. Ces
sécrétions, lorsqu'elles ont été séchées, contiennent 15% de 5-méthyl-
bufoténine. C'est la raison pour laquelle ce crapaud est très recherché.
Capturé vivant, il est « trait » une fois par jour par un massage de ses
deux glandes qui fait jaillir un jet de sécrétion que l'on recueille et sèche.
Ces sécrétions séchées sont alors fumées, parfois mélangées à d'autres
plantes hallucinogènes. L'effet provoqué est instantané, extrêmement
puissant, mais de courte durée (10 minutes environ). Absorbées par
71
Les plantes qui deviennent des drogues
72
Les champignons hallucinogènes
73
Les plantes gui deviennent des drogues
proche Psilocybe strictipes Singer & Smith que les amateurs n'arrivent
guère à différencier. Les deux espèces deviennent bleues à l'endroit où
elles ont été touchées. Il s'agit d'un indicateur de la présence de psilo-
cine et de psilocybine. Psilocybe sem ilanceata présente une teneur
assez variable en psilocybine, de l'ordre de 0,1 jusqu'à 2 %, tandis que
la psilocine ne s'y trouve qu'en traces. Il contient aussi de la baeocys-
tine. Ce champignon est fréquent dans les régions alpines jusqu'à
1500 mètres d'altitude. Il est aussi facile à trouver dans les pâturages
de l'arc jurassien. Le champignon peut être consommé frais. Il faut
alors en ingérer une poignée (environ 30 à 40 g). Lorsqu'il est séché,
la dose est de l'ordre de 2-3 grammes à consommer avec beaucoup
d'eau. Parfois, le champignon séché est pulvérisé et mélangé à diver-
ses boissons ou absorbé sous forme de tisane. Lors du séchage, des
précautions sont à prendre car la psilocybine est détruite à une tem-
pérature supérieure à 50°C (Ratsch, 2001). Ce petit champignon est
devenu en moins de 20 ans, la drogue d'origine mycologique la plus
consommée en Europe. Dans de rares cas et lors d'un surdosage, cer-
tains consommateurs ont montré des tendances suicidaires. À part
cela, les accidents graves sont plutôt rares et sont dus à la confusion
avec d'autres champignons, par exemple avec Inocybe geophylla
(Sow. ex Fr.) Kummer qui contient de la muscarine et qui est très
toxique. Les psilocybes sont souvent consommés en groupe lors de
soirées raves et technos par exemple. Ils ont inspiré aussi un certain
nombre de musiciens et de compositeurs contemporains. Particulière-
74
Les champignons hallucinogènes
75
Les plantes qui deviennent des drogues
76
Les champignons hallucinogènes
77
Les plantes qui deviennent des drogues
Stropharia caerulea
(Photo M. Wilhelm)
78
Les champignons hallucinogènes
79
Les plantes gui deviennent des drogues
80
De l'ergot de seigle au LSD
81
Les plantes gui deviennent des drogues
82
De l'ergot de seigle au LSD
83
Les plantes gui deviennent des drogues
84
De l'ergot de seigle au LSD
85
Les plantes gui deviennent des drogues
Des dérivés de l' ergométrine ont aussi été réalisés, comme par
exemple, la méthylergométrine, qui est encore utilisée aujourd'hui
pour le traitement des hémorragies de la délivrance et du post-partum
et en cas d'atonie de l'utérus après expulsion de l'enfant (Bruneton,
1999).
L'acide lysergique, élément structural commun de tous les alcaloï-
des de l'ergot, fut évidemment une molécule clef pour les chimistes qui
entreprirent d'en faire des nombreux dérivés afin d'en tester les activi-
tés pharmacologiques et biologiques. En 1938, Albert Hofmann était
chargé par la firme Sandoz de préparer des dérivés hémi-synthétiques
de l'acide lysergique. Parmi les nombreux dérivés envisagés, il décida
de synthétiser le diéthylamide de l'acide lysergique car une molécule
présentant une grande analogie structurale était connue comme sti-
mulant de la circulation sanguine et comme stimulant respiratoire (ana-
leptique), à savoir le diéthylamide de l'acide nicotinique, célèbre dans
le monde entier sous le nom de Coramine. Cette nouvelle substance
reçut le nom de LSD-25 parce qu'il s'agissait du 25e dérivé de l'acide
lysergique dans la série des amides. LSD est l'abréviation de Lyserg-
saure-diathylamid qui veut dire diéthylamide de l'acide lysergique
(Hofmann, 2001). Cette substance fut alors remise au Professeur
Ernst Rothlin, chef de la division de pharmacologie de Sandoz, qui la
soumit à différents tests. Un effet important sur l'utérus fut observé lors
d'expériences in vivo sur différents animaux, mais cet effet était tout
de même plus faible que celui induit par certains alcaloïdes naturels de
l'ergot.
De plus, les animaux sous narcose montraient une agitation assez
inhabituelle. La substance fut éliminée des tests et tomba dans l'oubli
pour près de cinq ans. Au printemps de l'année 1943, Hofmann réali-
sa à nouveau la synthèse du LSD-25 et lors de la purification et de la
cristallisation de la substance, il ressentit tout d'un coup des sensations
inhabituelles. Il rédigea par la suite un rapport qu'il transmit à son
supérieur, le Professeur Arthur Stoll :
« Vendredi dernier le 16 avril 1943, je me suis vu contraint
d'interrompre mon travail au laboratoire et de rentrer chez moi car
j'étais dans un état d'agitation étrange, associé à un léger vertige. Arri-
vé à la maison, je me suis couché et suis tombé rapidement dans un
état d'ivresse qui n 'était pas désagréable car mon imagination devint
extrême. J'étais allongé dans la pénombre, les yeux fermés et j'avais
l'impression d'être aveuglé par la lumière du jour. Soudain, apparurent
une quantité incroyable d'images colorées, fantastiques, extraordinai-
86
De l'ergot de seigle au LSD
87
Les plantes gui deviennent des drogues
88
De l'ergot de seigle au LSD
89
Les plantes gui deviennent des drogues
90
La chique de bétel, drogue masticatoire stimulante de l'Asie
91
Les plantes qui deviennent des drogues
92
La chique de bétel, drogue masticatoire stimulante de l'Asie
93
Les plantes qui deviennent des drogues
94
La chique de bétel, drogue masticatoire stimulante de l'Asie
95
Les plantes gui deviennent des drogues
Le kawa, la drogue
euphorisante des îles
du Pacifique
Le kawa ou Piper methysticum Forst. fait partie des Pipéracées,
la famille du poivrier. Il s'agit d'un arbuste poussant en épais buissons,
à larges feuilles alternes, dont la couleur est souvent rougeâtre. Les
fleurs blanches sont groupées en inflorescences mâles et femelles. Le
fruit est une petite baie, plus petite que celle du poivre noir ou Piper
nigrum L. On utilise surtout les rhizomes charnus de forme cylin-
drique, atteignant six à douze centimètres de diamètre, entourant de
longues racines tortueuses et enchevêtrées.
96
Le kawa, la drogue euphorisante des îles du Pacifique
97
Les plantes gui deviennent des drogues
98
Le kawa, la drogue euphorisante des îles du Pacifique
« Can kawa kill? >> créa la stupéfaction. D'après cet article non signé,
un homme serait décédé à Vanuatu des suites d'une consommation
régulière de kawa. Cette affirmation était basée sur une publication
scientifique australienne dans laquelle on peut lire « L'utilisation du
kawa peut causer la malnutrition et la perte de poids, des dysfonctions
hépatiques et rénales ... Il apparaît que les effets toxiques du kawa sur
le foie sont plus considérables que ceux de l'alcool ». Les auteurs de
cette publication avaient observé l'état de santé d'aborigènes, qui sont
devenus des consommateurs de kawa durant une certaine période.
Une enquête eut lieu à Vanuatu pour établir les causes du décès.
L'homme décédé était aussi un consommateur d'alcool et de tabac et
la relation cause à effet n'a finalement pas pu être établie. Le ministè-
re de la Santé de Vanuatu déclara que le kawa n'était pas impliqué
dans le décès. Suite à cette polémique, de nombreuses études toxico-
logiques ont été entreprises. Elles ont montré que le kawa n'est pas
dangereux, mais qu'il faut en consommer des doses modérées. Par
ailleurs, le kawa peut renforcer l'effet d'autres substances agissant sur
le système nerveux central telles que l'alcool, les barbituriques et les
psychotropes (Lebot et Lévesque, 1997).
Le kawa est une composante très importante des pharmacopées
traditionnelles de plusieurs sociétés des îles du Pacifique. Il est utilisé
depuis des siècles par la moitié de la population seulement. En effet,
la consommation de kawa est réservée généralement, voire exclusi-
99
Les plantes gui deviennent des drogues
Conditionnement
du rhizome
(Photo Pharmaton SA,
Lugano)
100
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
Belladone, stramoine,
mandragore et autres
constituants des onguents
des sorcières
Les sorcières ont fasciné l'homme durant des siècles. Elles ont été
considérées comme des femmes sauvages, dotées d'une certaine
sagesse, capables de venir à bout de tous les obstacles. Elles suscitèrent
l'admiration et l'envie, la convoitise et la peur, car elles devaient cer-
tainement être en contact avec Satan. En Europe occidentale et cen-
trale, le balai est devenu le symbole des sorcières. Chaque enfant sait
que les sorcières volent sur un manche de balai et de préférence la nuit,
lors de la pleine lune. Pourquoi les sorcières volent-elles sur le manche
d'un balai ? Avaient-elles un pouvoir magique, faisaient-elles appel à
des forces surnaturelles? L'explication est à trouver dans les plantes.
C'est entre le XI• et le XVII" siècle que les sorcières connurent leur
apogée. Mais c'est aussi durant cette période qu'elles furent persécu-
tées, torturées, puis brûlées vives. Il appartenait à l'Inquisition, un tri-
bunal spécial institué par le Pape Innocent III en 1199, de traquer les
sorcières, de les soumettre à la question par la torture et de les châtier.
Ce .n'est qu'au XVIII• siècle que l'Inquisition a été officiellement sup-
primée. Plusieurs documents rédigés par les Inquisiteurs rapportent les
modes d'application des onguents ou baumes des sorcières. Selon
Mann (1996), la première mention date de 1324 où les inquisiteurs
affirment avoir trouvé « un onguent avec lequel la sorcière graissait une
canne sur laquelle elle se déplaçait au travers de tout élément ». La pré-
paration pour le sabbat des sorcières, une sorte d'assemblée nocturne
qui se tenait le samedi à minuit et paraît-il sous la présidence de Satan,
consistait à s'enduire le corps avec ces onguents. Au cours des siècles,
sous la torture des inquisiteurs, plusieurs sorcières ont donné la
composition de ces onguents. Les plantes citées sont nombreuses et la
composition très diverse. Cependant, il est des plus intéressants de
remarquer que quelques espèces appartenant à la famille Solanaceae
sont toujours présentes. Quant au lubrifiant utilisé pour la préparation
de l'onguent, c'était du saindoux (graisse de porc) ou de la graisse
d'oie, selon les régions.
101
Les plantes gui deviennent des drogues
Fleur de belladone
102
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
Fruits de belladone
103
Les plantes gui deviennent des drogues
104
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
105
Les plantes qui deviennent des drogues
La mandragore en fleurs
106
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
Au XV· siècle, parmi tous les motifs d'accusation dont fut victime
Jeanne d'Arc (1412-1431), l'un d'eux, le plus grave, était d'avoir atta-
ché à sa cuisse gauche une racine de mandragore. On prétendait que
cette dernière servait à ensorceler les soldats anglais. Cette décou-
verte fortuite aurait été faite, selon le procès-verbal établi par les
Anglais, au cours d'un examen de contrôle gynécologique visant à
savoir si la Pucelle d'Orléans était vraiment vierge, comme on le pré-
tendait. On connaît la suite : Jeanne d'Arc fut brûlée vive sur la place
du Vieux-Marché à Rouen. Lors de la Renaissance italienne, les
empoisonneurs célèbres comme César Borgia, qui mourut en 1507
après avoir commis de nombreux crimes, utilisèrent massivement la
racine de mandragore fermentée. Ceci montre bien la toxicité de cette
plante lorsqu'elle est consommée par voie orale à des doses même pas
très élevées.
107
Les plantes gui deviennent des drogues
108
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
109
Les plantes gui deviennent des drogues
110
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
111
Les plantes gui deviennent des drogues
112
Belladone, stramoine, mandragore et autres constituants des onguents des sorcières
113
Les plantes gui deviennent des drogues
La noix de muscade
Pourquoi citer ici cette épice bien connue utilisée pour agrémen-
ter les mets ? Elle a la réputation d'être psychotrope et, à doses éle-
vées, de provoquer des hallucinations. Elle est assez souvent utilisée
comme substitut d'autres drogues, en particulier le cannabis, par des
adolescents et dans le milieu carcéral. Son emploi n'est pas sans dan-
gers. Elle provient du muscadier ou Myristica fragrans Houtt. (Myris-
ticaceae). Il s'agit d'un arbre pouvant atteindre vingt mètres de hauteur.
Originaire de l'archipel des Moluques, le muscadier est cultivé actuelle-
ment en Malaisie, au Sri Lanka, en Indonésie et dans les Cara"tbes,
notamment à l'île Grenade. Le fruit du muscadier se trouve dans le dra-
peau de ce pays. La graine est enveloppée d'une arille de couleur oran-
ge. Après la récolte, l'arille est séparée du noyau et séchée au soleil
pendant une à deux semaines. Elle est connue sous le nom de macis
114
Autres plantes hallucinogènes
115
Les plantes gui deviennent des drogues
116
Autres plantes hallucinogènes
117
Les plantes gui deviennent des drogues
Des brevets ont été déposés pour cette indication et des tests à gran-
de échelle sont en cours aux États-Unis, en Israël et aux Pays-Bas
(Perrine, 1996).
Riuea corymbosa
118
Autres plantes hallucinogènes
La sauge divinatoire
La sauge ou Sa/via officinalis L. est une plante médicinale aro-
matique et la tisane qu'on peut en faire est connue de tous. Elle fait par-
tie de la famille Lamiaceae (syn. Labiatae). Mais il est intéressant de
noter que le genre Sa/via compte plus de 700 espèces distribuées dans
les zones tempérées et tropicales des deux hémisphères. Au sud du
Mexique, dans la province d'Oaxaca, les Indiens Mazatèques utilisent
119
Les plantes gui deviennent des drogues
Le yopo
Le terme yopo désigne les graines de diverses espèces de la famille
Leguminosae, dont l'espèce type est Anadenanthera peregrino (L)
Speg. Cet arbre, d'une hauteur de 5 à 15 mètres, se trouve au Brésil,
en Colombie et au Venezuela. Ses graines revêtent un grand intérêt
ethna-pharmacologique et ont été utilisées à l'époque précolombienne.
La première mention a été faite en 1560 par un missionnaire espagnol
en Colombie : « Les Indiens qui prennent du yopo deviennent somno-
lents tandis que dans leurs rêves, le Diable leur montre toutes les vani-
tés et corruptions qu'il désire leur faire voir. >> (Mann, 1996). Les grai-
nes séchées sont finement pulvérisées, additionnées de cendres de bois
ou de coquilles d 'escargots pulvérisées, et généralement légèrement
torréfiées. L'ajout de cendres ou de coquilles d'escargots rend le tout
basique et libère les principes actifs qui sont des alcaloïdes. La poudre
est alors administrée par prise nasale. Ces graines contiennent des déri-
vés de la N,N-diméthyltryptamine, dont la 5-méthyl-bufoténine qui est
une molécule particulièrement active. L'effet est pratiquement immé-
diat, mais est de courte durée (10 à 15 minutes). Il se caractérise par
des hallucinations avec déformation des objets et une perte de la facul-
té de coordination. La dose est de l'ordre de 1 gramme de poudre.
Parfois, la poudre est appliquée par voie orale et les alcaloïdes
lipophiles passent rapidement dans le circuit sanguin via les muqueuses.
Les hallucinations sont de type psychédélique et ressemblent beaucoup
à celles induites par le LSD.
120
Autres plantes hallucinogènes
La peau de banane ?
Entre 1960 et 1970, divers articles furent publiés sur les vertus
psychédéliques de la peau de banane, le fruit du bananier ou Musa x
paradisiaca L. ou Musa x sapientum L. (Musaceae) qui sont des
hybrides (Krikorian, 1968). Dans ces articles, il était fait mention que
fumer la peau séchée de la banane bien mûre provoquait les mêmes
effets que fumer du cannabis. Le chanteur rock Donovan a contribué
massivement à répandre cette rumeur par sa célèbre chanson Mellow
Yellow , ainsi que l'édition d'avril 1967 du Time Magazine dans
laquelle est paru un article intitulé " Tripping on babana peels » (Ratsch,
2001). L'affaire prit une telle ampleur que le gouvernement des États-
Unis forma un groupe d'experts pour déterminer si la peau de banane
doit être placée dans la liste des stupéfiants. Qu'en est-il ? La pelure de
banane contient de la dopamine (environ 70 mg/100 g) qui est un
neurotransmetteur présent dans le cerveau humain. Lors du vieillisse-
ment de la banane, la peau devient brune, puis noire . Lors de ce phé-
nomène, la dopamine est transformée en noradrénaline, un autre
neurotransmetteur. La peau de banane contient aussi la sérotonine
(5-hydroxytryptamine), encore un neurotransmetteur. Il est possible
que la présence de ces neurotransmetteurs induise un effet stimulant,
voir euphorisant. Mais il faudrait alors fumer plusieurs dizaines de
grammes de peau de banane séchée ! Épisodiquement, les rumeurs
sur les vertus psychotropes de la peau de banane resurgissent, mais
l'efficacité réelle de cette « drogue >> reste douteuse.
121
Bibliographie
Bibliographie
123
Les plantes gui deviennent des drogues
- Ratsch, C., Hanf ais Heilmittel, AT Verlag, Aarau 1998, 216 pages.
- Ratsch, C., Riiucherstoffe- Der Atem des Drachen, AT Verlag, Aarau
1999, 248 pages.
- Ratsch, C., Enzyklopiidie der psychoaktiven Pflanzen, 5. Auflage,
AT Verlag, Aarau 2001, 941 pages.
- Ratsch, C. et Liggenstorfer, R., Pilze der Gotter - von Maria Sabina
und dem traditionellen Schamanentum zur weltweiter Pilzkultur,
AT-Verlag, Aarau 1998, 270 pages.
- Schultes R.E. et Hofmann, A., The botany and chemistry of
hallucinogens, Charles C. Thomas Publishers, Springfield 1980,
437 pages.
- Schultes, R.E. et Hofmann, A., Pflanzen der Gotter, AT Verlag, Aarau
1998, 208 pages.
- Stamets, P., Psilocybinpilze der Welt, AT Verlag, Aarau 1999,
246 pages.
124
Bibliographie
Références bibliographiques
- Balabanova, S., Parsche, F. et Pirsing, W.,« First identification of drugs
in Egyptian mummies ", Naturwissenschaften , 19, 358 (1992).
- Bauer, W., Klapp, E. et Rosenbohm, A. , Der Fliegenpilz- Traumkult,
Marchenzauber, Mythenrausch, AT Verlag, Aarau 2000.
-Bayer, E. et Kneifel, H., «Isolation of amavadin, a vanadium compound
occurring in Amanita muscaria ", Zeitschrift für Naturforschung, 27b,
207-209 (1972).
- Brenneisen, R. et Elsohly, M.A. , « Socio-economic poisons : Khat, the
natural amphetamine », dans Phytochemical resources for medicine
and agriculture, Higg, H.N. et Seigler, D. (éditeurs), Plenum Press, New
York 1992, p. 97-116.
- Bresinsky, A. et Besl, H. , Giftpilze - Ein Handbuch für Apotheke r,
Arzte und Bio/agen, Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft, Stuttgart
1985, p. 102-104.
- Bruhn, J.G. , Linfgren, J.-E. et Holmstedt, B. , « Peyote alkaloids : identifi-
cation in a prehistoric specimen of Lophophora from Coahuila, Mexico ,, ,
Science, 199, 1437-1438 (1978).
- Bruneton, J ., Pharmacognosie - Phytochimie -Plan tes m édicinales,
Éditions Tee & Doc, Paris 1999.
- Chaumeton, M. , Guillot, J. , Lamaison, J.-L. , Champciaux, M. et Leraut,
P. , Les champignons de France, Guide Vert, Éditions SOLAR, Paris
2000.
-Clarke , R.C., Haschisch, AT Verlag, Aarau 2000.
-Claus, R. , Hoppen, H.O . et Karg, H., «The secret of truffes: a steroidal
pheromone?», Ex perientia, 37 , 1178-1179 (1981).
- Danielou, A. , Kâma-Sûtra, le bré viaire de l'amo ur, Trai té d 'érotisme
de Vâtsyâyana, Éditions du Rocher, Monaco 199 2.
- Delaveau, P. , Histoire e t re no uveau des plantes médicinales, Éditions
Albin Michel, Paris 1982.
-Dewey, LW. , « Cannabinoid Pharmacology '' , Pharmacological
Re vie ws, 38, 151-178 (1986).
- Escher, M. Piguet, V. et Dayer, P. , « Un emploi médical pour le
cannabis ? ,, Médecine & Hygiè ne, 51 , 782-784 (1 999).
125
Les plantes qui deviennent des drogues
126
Bibliographie
127
Les plantes gui deviennent des drogues
128
Les plantes gui deviennent des drogues
130
Index général
Index général
acide iboténique 66, 67 coquelicot 39
acide lysergique 85, 86, 119 crack 33, 37, 38
acide méconique 4 7 diacétyl-morphine 48
acide tétrahydrocannabinolique 20 diéthylamide de l'acide lysergique 86,
acide THC 20, 21 119
acide g-aminobutyrique 66 dopamine 33, 72, 85, 121
agaric moucheté 61 ecgonine 12, 32, 34, 35
amanite de César 62 ergométrine 85
amanite panthère 62, 63, 65 ergot de seigle 12, 80
amanite phalloïde 63, 64 ergotamine 85
amanite rougissante 63 ergotoxine 84, 85
amanite tue-mouches 61, 64, 65, 68, éthylcocaïne 37
113 fausse oronge 61, 66
amatoxines 63, 64 feuille de coca 28
amavadine 6 7 GABA 66
amphétamine 34, 51, 53, 92 haschisch 17, 18, 30
androsténol 25 héroïne 7, 35, 39, 46, 88, 117
arécaïdine 94 5-hydroxy-N,N-diméthyltryptamine 71
arécoline 94 hyoscyamine 108
atropine 108, 109 iboga 12, 49, 117
ayahuasca 116 ibogaïne 12, 49, 117
belladone 101, 104, 109, 110 jusquiame noire 102, 105, 109
bufoténine 71 , 72, 120 kat 51
cactus 8, 12, 55 kawa 92, 96
cactus de San Pedro 12, 59 kawaïne 97
caféine 12, 31, 53, 85 kawa-kawa 96
cannabidiol 20, 26 kawalactones 97
cannabinol 20, 30 khat 12, 51, 53, 54
cannabis 8, 11, 116, 121 LAAM 49
cat 51 laudanum 46
cath 51 LSD 12, 21 , 58, 69, 72, 80, 84, 117,
cathine 53 119, 120
cathinone 12, 53, 54 mandragore 101, 107
CBD 20, 26 marijuana 19, 21
CBN 20 marronnier d'Inde 104
champignons 8, 12, 61, 88, 113, mate de coca 34
116, 120 mescaline 12, 55, 88
champignons hallucinogènes 8, 12, méthadone 49
61, 88, 113, 117, 120 5-méthylbufoténine 71 , 120
chanvre 8, 14 millepertuis 98
chanvre à drogue 14 morphine 12, 35, 39, 46-50
chanvre à fibres 14 muscaaurine 66
chanvre à résine 14 muscade 114, 116
chanvre indien 14 muscaflavine 66
chardon Marie 63, 64 muscapurpurine 66
chélidoine 40 muscarine 66, 74
chique de bétel 90 muscazone 66
coca 12, 28 muscimol66
cocaïne 28, 31, 32, 49, 116, 117 myristicine 115
codéine 50 N,N-diméthyltryptamine 71, 117, 120
131
Les plantes gui deviennent des drogues
132
Table des matières
135
,
....
. M. •
• Il.
· ~.,
_,
'
" •.,••
'. .... ..·--
' •
.. --~~"
Tout savoir sur les plantes
qui deviennent des drogues
Depuis la nuit des temps, l'homme a été fasciné par les plantes, d'abord pour
se nourrir, ensuite pour se soigner. Au cours de son histoire, l'homme remarqua
aussi que certaines espèces végétales agissaient sur son esprit, son psychisme
et lui permettaient de s'élever au-dessus de sa condition, de planer et parfois même d'entrer en
communication avec les dieux. Ces plantes qui contiennent des substances psychotropes sont appelées
drogues. Ce mot fait peur car il évoque souvent des stupéfiants qui engendrent la dépendance. Il est
vrai que la consommation de plantes qui provoquent le bien-être, l'euphorie, le sentiment de se
surpasser ou des hallucinations aboutit, une fois l'effet recherché touchant à sa fin, à l'irrésistible
envie de recommencer.
Toutes les civilisations de tous les continents ont découvert et utilisé des plantes psychotropes tout
au long de leur histoire: le pavot et le bétel en Asie, la coca en Amérique du Sud, le peyotl, en Amérique
centrale, le cannabis en Arabie et en Europe et le khat en Afrique. En plus des plantes supérieures, il
faut mentionner les champignons hallucinogènes comme l'amanite tue-mouches ou les psilocybes.
Des substances chimiquement proches de celles des psilocybes se trouvent dans la sécrétion de la
peau de quelques espèces de crapauds, ce qui conduit certains amateurs à lécher ces batraciens! Un
autre champignon, l'ergot de seigle, a conduit à la découverte du lSD.
Les plantes psychotropes ont permis à des personnalités (écrivains, poètes, compositeurs, peintres)
de se surpasser et de devenir célèbres. Mais l'état de dépendance induit par chaque drogue et ses
conséquences sont aussi discutés et commentés. L'attrait des drogues au début de ce nouveau
millénaire est toujours aussi grand et des millions de personnes en consomment chaque jour dans le
monde entier.
L'histoire des drogues est présentée dans ce livre d'une manière scientifique, mais accessible à tous
avec de nombreuses anecdotes, comme celle des plantes qui permettaient aux sorcières du Moyen-
Âge de voler sur un manche de balai ou celle des personnes qui se droguent en buvant l'urine de
consommateurs d'amanites tue-mouches.
Cette mise au point recense les principales drogues d'origine naturelle, leur histoire, le hasard de
leur découverte et les dangers que peut représenter leur utilisation. Ce livre est un avertissement
destiné aux jeunes tentés d'expérimenter des nouvelles sensations, à ceux qui ont goûté aux
drogues, aux parents, aux enseignants et éducateurs car il contient de nombreuses informations très
utiles. Il s'adresse aussi aux médecins, biologistes, pharmaciens et à toute personne désireuse de
s'informer sur un sujet qui concerne chacun. Le livre est illustré par de nombreuses photographies
en couleur des plantes traitées.
Le professeur Kurt Hostettmann est docteur en chimie, professeur et chercheur. Il s'intéresse aux
plantes utilisées dans la médecine traditionnelle de divers pays. Sa renommée est internationale et
ses ouvrages ont été traduits dans diverses langues.