Présentation de la famille Scrophulariaceae

Caractéristiques botaniques de La famille Scrophulariaceae :

La famille Scrophulariaceae est considérée comme la plus grande famille des Lamiales,
comprenant 306 genres et plus de 5850 espèces (A. Sotoodeh et al. 2015). Elle est dispersée dans un
grand nombre de pays, en particulier dans les régions froides et tempérées. Les plantes de la famille
des Scrophulariaceae sont annuelles, bisannuelles, ou arbustes d'herbes vivaces. Les feuilles sont
alternes, équitantes ou opposées, simples avec des marges dentées ou entières. Les fleurs sont
solitaires ou disposées en inflorescences ramifiées ou non ramifiées. Les fleurs ont 4–5 sépales,
pétales et étamines et 1 style. Le fruit est principalement une capsule. (F. Jamshidi-Kiaa et al. 2018).
Le concept « Scrophulariae » a existé depuis 1782, mais le nom de la famille est conservé comme
Scrophulariaceae sensu lato (s.l) (B. Oxelman et al. 2005). Elle se composait en sous-familles :
Rhinanthoideae, et Scrophulariaceae sensu stricto (s.s.). L’analyse phylogénétique moléculaire
récente de la Scrophulariaceae (s.s) a été divisée en plusieurs tribus : Aptosimeae, Buddlejeae,
Hemimerideae, Manuleeae, Myoporeae et Scrophularieae (D. C. Tank et al. 2006). La tribu
Aptosimeae, est indiquée comme un groupe représenté par quatre genres (Anticharis Endl.,
Aptosimum Burch. ex Benth.,Gerardiopsis Engl.et Peliostomum E. Mey. Ex Benth.) en Afrique
tropicale et méridionale et en Asie méridionale de la péninsule arabique à la Malaisie, et des
espèces sont également présents en Asie du Sud.
La tribu Myoporeae comprend actuellement les genres Eremophila R. Br. (plus de 200
espèces en Australie, principalement des régions arides à l’ouest), Myoporum Sol. ex G.
Forst.(Environ 30 espèces, principalement australiennes, certaines s'étendant jusqu'au sud-est
de L’asie, les îles de l’océans Pacifique et Indien), Bontia L. (monotypique au Caraïbes),
Pentacoelium Siebold & Zucc.Pholidia R. Br.(le sud du Japon à travers les îles Ryukyu et
Taiwan sud-est de la Chine continentale), et trois récemment décrits comme endémiques
d'une petite région du sud-ouest en Australie occidentale: Diocirea Chinnock (quatre
espèces), et monotypique Calamphoreus Chinnock et Glycocystis Chinnock). [05]
Selon des études récentes, la tribu des Hemimerideae Benth. est la lignée phylogénétique la
plus ancienne de ramification de Scrophulariaceae (s.s.). La tribu, comprend les genres
Alonsoa Ruiz & Pav. (environ 16 espèces, tropicales Amérique et Afrique du Sud), Colpias E.
Mey. ex. Benth. (Afrique du Sud), Diascia Link & Otto (environ 38 espèces en Afrique du
sud, Diclis Benth. (dix espèces, tropicale et sud-africaine et Madagascar), Hemimeris L. f.
(quatre espèces, Afrique du Sud) et Nemesia Vent. (environ 65 espèces, Afrique tropicale et
méridionale). [06]
Les Buddlejeae comprennent 100 espèces dans cinq genres communément acceptés:
Buddleja, Chilianthus, Emorya, Gomphostigma et Nicodémie. Ces genres sont dispersés dans
les Régions tempérées et tropicales d’Afrique, d’Asie et du Nouveau monde .[07]
La tribu Limoselleae contient les anciennes tribus Manuleeae. Elle comprend un large éventail
de genres (plus de 24), dont la plupart renferment peu d'espèces et sont endémiques en
Afrique australe, mais comprend également Limosella, distribué dans le monde entier. [08]
La tribu Scrophularieae est composée de cinq genres: Scrophularia L. (environs 350 espèces
dans les régions montagneuses, rarement dans les déserts. Cependant, certaines espèces sont
en danger d'extinction). [09], Anthero thamnus N.E. Br. (en Afrique du
sud), Oreosolen Hook. F. avec l’espèce monotypique O. wattii occupant des habitats sur des
prairies alpines, des pentes de gravier et des éboulis de 3000 à 5300 m de l’Himalaya et sur le
plateau Qinghai – Tibétain, Nathaliella B. Fedtsch. (en Asie centrale) [10] et
le genre Verbascum L. l’un des plus grands genres de la Famille Scrophulariaceae(s.s.).

Figure I. 1 : Distribution géographique des Scrophulariaceae

Utilisation en médecine traditionnelle :

Le genre Linaria:
Le genre Linaria appartient à la famille Scrophulariaceae [11] et comprend environ
200 espèces [12] distribuées largement dans L'hémisphère nord, principalement dans le bassin
méditerranéen. Il est représenté par 39 espèces en Algérie [13]. Plantes herbacées, annuelles
ou vivaces, à feuilles simples et étroites (souvent linéaires) d’où elles tirent leurs noms en
évoquant celles du lin cultivé, elles sont directement attachés à la tige. Fleurs groupées en
racèmes simples ou capituliformes, ou en racèmes de racèmes présentant ainsi une symétrie
bilatérale. Calice à cinq lobes inégaux, souvent courts. Corolle bilabiée à tube renflé, à limbe
en gueule, prolongée à la base par un éperon. Le fruit est une capsule polysperme à deux loges
[12,13].
Plusieurs espèces du genre Linaria ont été utilisées en médecine populaire comme
anti inflammatoires, anti-rhume [14], toniques, laxatifs, antidiabétiques et diurétiques, ainsi
que pour le traitement des plaies, des hémorroïdes et des troubles vasculaires [15]. A titre
d’exemple :
 Linaria reflexa, espèce connue sous le nom “ Oum lajrah” en raison de son pouvoir
cicatrisant, est également employée en usage externe dans le traitement de certaines
dermatoses [16]. Elle est aussi appliquée dans la médecine folklorique nord-africaine dans le
traitement de certaines maladies de la peau [17].
 Linaria vulgaris, plante qui grandit en Bulgarie [18], employée en médecine populaire pour
ses diverses propriétés : laxative, traitement des inflammations de la vessie, éruptions
cutanées ainsi que pour le traitement des hémorroïdes [19]. Elle se trouve également dans le
Nord-Est de la chine, utilisée par la population locale dans le traitement de la toux et l’asthme
[20].
 Linaria japonica est connue sous le nom "Unran" utilisée dans la médecine populaire
comme diurétique, purgatif et laxatif [17].
Activités biologiques
Plusieurs recherches ont montré que le genre Linaria est caractérisé par de multiples
activités biologiques à cause de la diversité des molécules bioactives extraites à partir des
différentes espèces.  Pendant plusieurs années, l’espèce L. saxatilis a été étudiée pour sa
composition chimique et ses activités biologiques intéressantes [17]. Une étude
phytochimique effectuée sur L. saxatilis var. glutinosa a permet l’obtention de diterpènoïdes a
squelette néo-clérodane, Ces derniers ont montré une bonne activité cytotoxique contre une
série de cellules cancéreuses [21]. Une autre étude effectuée sur cette sous espèce a révélé que
quelques néo-clérodanes diterpènoïdes ont un effet inhibiteur sur les enzymes impliquées dans
les processus inflammatoires [22].
 Une étude de quelques flavones isolés de L. reflexa a montré une action antiproliférative
contre un ensemble de lignées cellulaires cancéreuses humaines [23]. Une autre étude de
l’activité enzymatique Anti-acétylcholinestérase des deux extraits hexane et acétate d’éthyle
de cette plante a montré une inhibition de l’AChE plus remarquable dans l’extrait acétate
d’éthyle lié à la présence des flavone isolés de cet extrait qui ont montré une bonne activité
inhibitrice de l’AChE [24-25].
 Des travaux ont montré que les extraits et les composés isolés de types polyphénoliques de
L. vulgaris ont des activités anti-inflammatoires, antiallergiques et antitussives [26,27].
 Une étude biologique sur l'extrait éthanolique de L. corifolia a montré un effet
antibactérien contre les bactéries à Gram+. En outre, le même extrait a montré des effets anti-
levures particulièrement contre Kluyveromyces fragilis [28].
 Une étude de l’activité inhibitrice de l’α-glucosidase de L. kurdica a montré une bonne
activité liée à la présence des iridoïdes [29].
Quelques activités biologiques reconnues pour les produits de Linaria

Tableau : Activés biologiques de quelques produits isolés du genre Linaria

Etudes chimiques antérieures sur le genre Linaria

A. Les flavonoïdes
Le terme « flavonoïde » désigne une très large gamme de composés naturels
appartenant à la famille des polyphénols. Ils sont considérés comme les pigments
quasiment universels des végétaux. Tous les flavonoïdes possèdent le même élément
structural de base, à savoir l’enchaînement 2-phénylchromane [30]. Le genre Linaria a
montré une richesse incontestée en flavonoïdes. Le tableau reporte quelques
flavonoïdes isolés d’espèces du genre Linaria.
B. Les stéroïdes
Les stéroïdes représentent un ensemble de molécules dérivées du cholestérol ou
de ses homologues particulièrement abondants dans les végétaux et les animaux. Cette
classe de substances naturelles présente une sous-classe de triterpènes. Les quatre
cycles sont désignés par les lettres A, B, C et D (Figure II ; 1. 1). Les travaux effectués
sur des espèces du genre Linaria ont montré une bonne accumulation de ce type de
molécules par ce genre. Le tableau reporte quelques stérols isolés d’espèces du genre
Linaria
Tableau: Stéroïdes isolés du genre Linaria.
C. Les acides phénoliques
Les composés phénoliques ou polyphénols constituent une famille de molécules organiques
largement présente dans le règne végétal [31], ce sont des métabolites secondaires,
caractérisés par la présence d’un cycle aromatique portant des groupements hydroxyles libres
ou engagés avec un glucide [32]. Un nombre important d’acides phénoliques a été isolé du
genre Linaria. Quelques molécules de ce groupe dont reportées dans le tableau
Tableau: Les acides phénoliques isolés du genre Linaria.
D. Les composés phénoliques glycosylés
En chimie organique, les phénols sont des composés chimiques aromatiques portant une
fonction hydroxyle-OH. Les dérivés portant plusieurs fonctions hydroxyle sont appelés des
polyphénols. Un bon nombre de composés phénoliques glycosylés ont été isolés du genre
Linaria. Quelques molécules de ce type sont reportées dans le tableau I.11
Tableau: Quelques composés phénoliques glycosylés isolés du genre Linaria.
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