Les Agréables Perspectives Économiques Des Pays D'afrique Subsaharienne Dans Une Économie Mondiale en Difficulté

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Les agréables perspectives économiques des pays d’Afrique subsaharienne dans une

économie mondiale en difficulté


Caleb Bonyi MUKADI MUKANDILA1
Sommaire : D’après les deniers réajustements des perspectives économiques du FMI et de la
banque mondiale, la situation de l’économie mondiale est fortement inquiétante. D’une part,
l’activité économique se contracte (la croissance mondiale se situerait à 3,2% en 2022 alors qu’elle
était à 6,1% en 2021) et d’une autre part l’inflation se situe à des niveaux de plus en plus élevés, y
compris dans les pays développés (en 2022 l’inflation atteindra +/- 6,6 % dans les pays avancés et
+/- 9,5 % dans les pays émergents et en développement).
Pendant cette période globalement sombre pour l’économie mondiale, et d’après les mêmes
prévisions réajustées, pour les pays d’Afrique subsaharienne, la croissance devrait rester élevée. Que
cache cette résilience des pays d’Afrique subsaharienne qui, pour la plupart sont pauvres et fragiles ?
Nous nous penchons principalement sur le cas de la RDC pour évaluer les contours de cette
performance.

Mots clés : Croissance Economique, Inflation, Crise, Marchés, Pauvreté, Développement, Guerre.

1
Economiste (Université de Kinshasa) et apprenant en Statistique Appliquée (Université Toulouse 1 capitole)
Selon la dernière édition de prévisions de référence du FMI parue en juin 2022, la croissance
mondiale devrait ralentir en passant de 6,1 % en 2021 à 3,2 % en 2022, soit 0,4 point de pourcentage
de moins que ce qui était prévu dans l’édition d’avril 2022. Ce ralentissement de la croissance est
couplé à une baisse du pouvoir d’achat des ménages du entre autres à un resserrement de la
politique monétaire des banques centrales des puissances économiques mondiales (Fed, BCE,..) et
aux perturbations induites par le conflit Russo-Ukrainien. La Chine également, à cause des
reconfinements et de la crise de l’immobilier qui s’est exacerbée en 2022, voit ses prévisions de
croissance revues à la baisse, avec des effets considérables sur l’économie mondiale. Ces facteurs
combinés ont entraîné une forte révision à la baisse des perspectives de croissance de l’économie
mondiale. A ces prévisions de baisse de la croissance, il faut ajouter les fortes pressions sur les prix
en 2022 et 2023 surtout dans les économies riches.
Cette tendance extraordinairement inquiétante indique que la probabilité qu’une grande récession
frappe le monde est très élevée pourtant, les indicateurs de certaines économies font exceptions et
affichent plutôt au vert nonobstant la situation mondiale globalement inquiétante. Il s’agit pour la
plupart, des prévisions des pays en développement dont plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.
D’après les mêmes prévisions réajustées, la croissance de la plupart des pays d’Afrique
subsaharienne devrait rester élevée entre 2022 et 2023.
Tableau N°1, Prévisions de croissance dans certains pays africains (en %)
Pays/Années 2021 2022 2023
Angola 0,7 3,1 3,3
Cameroun 3,5 4 4,3
RDC 5,8 6 6,4
RWANDA 10,9 6,8 7,2
Gabon 1,5 3,3 2,6
Moyenne 4,48 4,64 4,76
Source : L’auteur sur base des données de la Banque Mondiale
Les prévisions de croissance de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne affichent une tendance
haussière, indiquant probablement une forte résilience de ces pays pourtant, la plupart de ces pays
affichent des taux de pauvreté et des niveaux de fragilité élevés.
Tableau N°2 : Prévisions de croissance dans certains pays africains en 2022

Taux de croissance en 2022


TOGO 5,0%
NIGER 5,2%
TANZANIE 5,3%
KENYA 5,5%
GHANA 5,5%
CAP VERT 5,5%
GAMBIE 5,6%
COTE D'IVOIRE 5,7%
ILE MAURICE 5,9%
BENIN 5,9%
RD CONGO 6,0%
RWANDA 6,8%
0,0% 1,0% 2,0% 3,0% 4,0% 5,0% 6,0% 7,0% 8,0%

12 pays d’Afrique subsaharienne enregistreront une croissance supérieure ou égale à 5% avec en


tête le Rwanda (6,8 %) et de la RDC (6%), suivis du Bénin et de l’île Maurice (5,9%), de la Côte
d’Ivoire (5,7%), et la Gambie (5,6%).
Si pour plusieurs pays la forte croissance économique est soutenue par l’exploitation des ressources
naturelles, cas du Niger2, de la RD Congo3, dans d’autres pays à faible intensité de ressources
comme le Bénin (5,9% en 2022), les performances économiques seront soutenues par des reformes
qui induisent l'augmentation de la production industrielle et agricole, l'investissement public dans
les projets d'infrastructures, le commerce interrégional et la croissance du tourisme. Certaines
économies africaines développent des stratégies très offensive pour renforcer l'attractivité et attirer
plus de touristes.

2
Le Bénin bénéficiera de la flambée des cours du baril de pétrole qui coïncide avec la hausse de sa production
de pétrole grâce à l’oléoduc de 1 980 km qui reliera ses champs pétroliers au terminal pétrolier du port de Sèmè-
Kraké du Bénin, permettant le passage de sa production de 20 000 barils par jour à plus de 120 000 à l’horizon
2024. (https://www.adiac-congo.com/)

3
La RDC bénéficie de la dynamique du secteur des services, des niveaux des cours des matières premières
favorables et d’un secteur minier en forte expansion avec entre autres, la mine de cuivre de Kamoa-Kakula qui
entrera dans sa deuxième phase de production à fin 2022 (https://www.banquemondiale.org/)
Tableau N°3 : Evolution de la croissance mondiale de 2019 à 2023

Croissance Mondiale et Croissance de la RDC


8,0

6,0 6,0 6,4


5,7
4,0 4,4
2,6 2,9 3,0
2,0 1,7
0,0
2019 2020 2021 2022 2023
-2,0
-3,3
-4,0

Croissance Mondiale Croissance RDC

Source : ’auteur sur base des données de la Banque Mondiale


La République démocratique du Congo (RDC) fait partie de ces économies exceptionnelles dont
la croissance réalise un bond remarquable en 2022. En effet, d’après les prévisions ajustées en 2022,
la croissance de la RDC devrait passer d’environ 5,7 % en 2021 (un niveau supérieur à la moyenne
l’Afrique subsaharienne qui est de 4,5 % la même année) à 6 % en 2022 et 6,4 % en 2023 malgré la
situation inquiétante au niveau international, alors qu’elle était descendue à un niveau très bas
(1,7%) en 2020. Concernant la dynamique des prix, en 2021 le taux d'inflation en RDC était de 9,45
% et devrait, d’après les récentes prévisions, s’établir à 6,4 % et 6,6 % respectivement en 2022 et
2023.
Tableau N°4 : Indice de Développement Humain en RDC et dans le monde

IDH (RDC et moyenne pondérée des pays


RD CONGO 0,48
PROCHE ET MOYEN ORIENT 0,76
OCÉANIE 0,8
EUROPE 0,89
ESPACE DE L'EX-URSS 0,79
ASIE ORIENTALE 0,74
AMÉRIQUE DU NORD 0,88
AMÉRIQUE CENTRALE ET DU SUD 0,75
AFRIQUE 0,57

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1

Source : l’auteur sur base des données de l’Université de Sherbrooke


Perspective MondeIndice de développement humain (IDH) 2019 | Carte et graphique |
Perspective Monde (usherbrooke.ca)
Bien que la RDC qui fait partie des économies affichant des prévisions hautement élevées (Taux
de croissance >/= 6%), il est important de relever qu’elle fait partie des pays les plus pauvres du
monde, avec près de 70% de sa population qui vit dans l'extrême pauvreté (Banque mondiale,
2020). La RDC, petite économie ouverte, est comptée parmi les moins bien classés selon l'indice
de développement humain, et est l’objet de violence fréquente, en particulier dans l'est du pays,
faisant d’elle un des pays les plus fragiles du monde.
Conformément aux prévisions revues de la Banque Mondiale et du FMI, la croissance prévue pour
la RDC est de 6 % en 2022 et 6,4 % en 2023, une croissance relativement plus forte que la
croissance mondiale (2,6 en 2022 et +/- 3,0 % en 2023). La croissance de la RDC est impulsée par
la dynamique actuelle des secteurs minier et des services, et ce malgré la tendance négative de la
croissance mondiale. Le secteur minier constitue un des piliers de la croissance de la RDC dont la
production de cuivre et de cobalt ayant respectivement augmenté de 33,94% % et 38,34%4.
L’embellie des économies en développement d’Afrique subsaharienne notamment, en termes de
croissance élevée est encourageante. Toutefois, même suivant les réajustements récents des
prévisions qui affichent vert, il subsiste quelques inquiétudes que nous tentons de présenter de
manière simple comme suit :
1. Les niveaux des revenus par habitant d’Afrique subsaharienne
Ils affichent une tendance baissière amplifiée depuis 2020 alors qu’en 2019 (avant la pandémie à
Covid-19) elle était plutôt croissante. Pour plusieurs pays de la région, les revenus par Habitant
resteront, d’après les prévisions pertinente, inférieurs à ceux de 2019 aussi bien en 2022 qu’en 2023
d’après les prévisions pertinentes. Déjà en octobre 2021, bien avant l’éclatement de la guerre en
Ukraine, le FMI prévoyait que « Le revenu réel par habitant en Afrique subsaharienne devrait rester
près de 5½ % en deçà des niveaux antérieurs à la crise… 5».
Avec la crise Russo-Ukrainienne qui a éclaté en 2022, cette tendance pourrait persister, s’empirer
et exacerber les conséquences de la pandémie à Covid-19 qui pèsent déjà sur ces populations. En
effet, suite à la pandémie à Covid-19 près de 30 millions de personnes d’Afrique subsaharienne ont
basculé dans l’extrême pauvreté, les inégalités se sont davantage aggravées, etc. Le conflit Russo-
Ukrainien pourrait prolonger ou aggraver la situation déjà préoccupante de ces populations.

4
Statistiques minières au premier semestre 2022, Filière Cupro-Cobaltifère | Ministère des Mines (mines-
rdc.cd)
5
Afrique subsaharienne : une planète, deux mondes, trois réalités (imf.org)
Tableau N°5 : PIB/H de la RDC et moyenne de l’Afrique subsaharienne

PIB/H de l'Afrique Sub Saharienne et de la RDC (en USD)


2500

2000

1500

1000

500

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Afrique subsaharienne RDC

Source : L’auteur sur base des données WDI de la Banque Mondiale

Les PIB par habitant des pays d’Afrique subsaharienne ont baissé par rapport à leur niveau de 2019
(avant la pandémie à Covid-19) et pourraient demeurer inférieurs à ces niveaux pendant les
prochaines années. Il est également important de souligner que pour la plupart des cas, la croissance
des pays pauvres en ressources naturelles est beaucoup plus rapide que celle des pays riches en
ressources naturelles. Les chocs récents et les récentes prévisions de croissance démontrent une
certaine résilience des pays pauvres en ressources naturelles à cause de leurs structures économiques
plus diversifiée qui ne dépend pas fortement des fluctuations des cours mais les mets dans une
situation qui leur permet de s’adapter, résister et se relever rapidement après divers chocs.
2. Les prix des importations des denrées alimentaires et de carburant
Les prévisions du FMI prévoient que ’inflation dans la région devrait se situer à 12,2 % et 9,6 %
respectivement en 2022 et 2023, à respectivement 12,2 % et 9,6 %. Il s’agit des niveaux d’inflation
les plus élevés pour la région depuis 2008. Ces niveaux élevés d’inflation sont des conséquences de
la forte dépendance de la plupart d’économies de cette région (République démocratique du Congo,
Éthiopie, Madagascar, Tanzanie) à l’importations de produits alimentaires ou des intrants ;
Tableau N°6 : Part du blé provenant de la Russie et de l’Ukraine dans les pays Africains

Part de blé provenant de Russie et d'Ukraine


100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
CONGO BENIN RDC SOMALI SOUDA SENEGA TANZA RWAND MADAG CONGO Egypte
E N L NIE A ASCAR
Série1 100% 100% 68% 100% 78% 65% 63% 62% 61% 61% 81%

Source : L’auteur sur base des données de l’UNCTAD

La plupart de pays africains importent plus de 65 % de blé de la Russie et de l’Ukraine. Le tableau


ci-dessus montre que certains pays Africains dépendent totalement du blé Russe ou Ukrainien
(Bénin et la Somalie). En ce qui concerne la RD Congo, 68 % du blé qu’elle importe vient de ces
deux pays6. Le FAO a établi un classement de pays en fonction de leur dépendance au blé Russe et
Ukrainien, il en ressort que 26 pays au monde sont les plus dépendants, (plus de 55% du blé que
consomme leurs populations provient de la Russie et de l’Ukraine). Parmi ces 26 pays, 16 dont la
RDC (85 % du blé consommé par ses populations provient de la Russie et de l’Ukraine) sont
Africains. Ces 16 pays africains qui dépendent fortement du blé Russo-Ukrainien regroupent 374
millions d’habitants, soit environ 40% de la population africaine. En conséquence, plusieurs pays
africains confrontés à des problèmes alimentaires verront avec la crise Russo-Ukrainienne leur
situation alimentaire s’aggraver. Déjà pour la RDC, « près de 27 millions de personnes, soit un quart de la
population de la RDC, sont confrontées à des conditions de crise ou d'insécurité alimentaire aiguë d'urgence,…7».
Concernant le carburant, s’il est vrai que le prix moyen du pétrole brut devrait se maintenir en
moyenne à 1008 dollars ou plus le baril en 20229, la facture des importations de carburant du
continent devrait augmenter de plus de 15 milliards de dollars la même année selon le FMI. La
guerre en Ukraine pourrait maintenir les cours mondiaux du pétrole à des niveaux relativement
élevés, soit des conditions hautement favorables pour les 8 (huit) pays exportateurs nets de pétrole10
de la région d’Afrique subsaharienne ; les hausse des prix de l’énergie entraineront des gains
importants pour ces économies. Par contre, en ce qui concerne les 37 autres pays de la même région
et qui ne sont pas exportateurs nets de pétrole, la flambée des prix de l’énergie (pétrole et gaz)
entrainera une hausse des coûts de transport avec pour corollaire l’augmentation et le coût de la vie

6
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (UNCTAD), Rapport 2018-2020,
7 Selon le Rapport d’analyse du Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié en
Novembre 2021
8
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) – Prix en dollars US par baril | Insee
9
Les prix du pétrole continuent leur chute et passent sous les 100 dollars - Capital.fr
10
Les 8 pays exportateurs nets de pétrole en Afrique : Angola, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale,
Nigéria, Soudan du Sud, Tchad.
qui exercera des pressions sur les soldes budgétaires des pays qui appliquent des subventions aux
carburants.
Pour les pays importateurs de pétrole, la crise devrait alourdir les factures de leurs importations de
presque 19 milliards de dollars. Compte tenu de ce poids, les pays fragiles qui importent le pétrole
devraient subir une dégradation de 0,8 % de leurs soldes budgétaires (par rapport aux prévision
d’octobre 2021), soit deux fois la moyenne de tous les pays importateurs de pétrole.
Plusieurs Etats fragiles de la région font parties des pays les plus vulnérables à la hausse des prix
du pétrole, ils sont très dépendants des importations, (Burkina Faso, Cameroun, Guinée, Libye,
Mali, Nigéria, Ouganda et Soudan). Certains pays font face à des lourdes charges budgétaires dues
aux subventions au point que des économistes nigérians et kenyan11 ont même suggéré à leur
Gouvernement la suppression de ces subventions qui, d’après eux, « coûtent trop cher à l’État »12.
Même en RDC, les subventions des carburants constituant des charges budgétaires considérables
et suscitent des inquiétudes sur leur maintien à moyen et long-terme13.

3. La volatilité des cours des matières premières sur les marchés internationaux.
Ce sont les matières premières qui soutiennent la croissance de plusieurs pays en développement
(Africains), pourtant leurs cours se caractérisent par de fluctuations irrégulières et parfois en dents
de scie sur les marchés internationaux. Ce comportement pourrait perturber considérablement les
prévisions des pays qui en dépendent essentiellement. La crise qui se profilent dans les économies
avancées devraient interpeler les économies en développement et leur rappeler l’importance de
multiplier les efforts de valorisation de leur capital naturel pour permettre une diversification de
leurs économies et réduire leur exposition aux éventuels chocs et à l’instabilité des cours des
matières premières. De même, la baisse de la croissance des économies avancées pourrait entrainer
une baisse considérable de la demande des matières premières et perturber les prévisions de recettes
ainsi que les dépenses qui en dépendent.

11
Kenya : l’essence au plus haut après l’abandon de la subvention de l’Etat — La Libre Afrique
12
Nigeria : Les experts en économie recommandent vivement la suppression des subventions au carburant -
Afrik Intelligentsia
13
RDC: se dirige–t-on vers une nouvelle hausse des prix à la pompe? (rfi.fr)
Tableau N°7 : Evolution mensuelle du cours du Cobalt de 2012 à 2022

Cours du Cobalt
100 000,00
90 000,00
80 000,00
Cours en USD

70 000,00
60 000,00
50 000,00
40 000,00
Cours du Cobalt
30 000,00
20 000,00 Linéaire (Cours du Cobalt)
10 000,00
-
juil-14

nov-17
juil-12

juil-16

juil-18

juil-20

juil-22
nov-13

nov-15

nov-19

mars-21
nov-21
mars-13

mars-15

mars-17

mars-19
Mois

Source : L’auteur sur base des données des bourses des matières premières

Tableau N°8 : Evolution mensuelle du cours du Cobalt en 2022

Cours du Cobalt
90 000,00
80 000,00
70 000,00
60 000,00
50 000,00
40 000,00
30 000,00
20 000,00
10 000,00
-
janv-22 févr-22 mars-22 avr-22 mai-22 juin-22 juil-22

Source : L’auteur sur base des données des bourses des matières premières

Les cours plusieurs matières premières tel qu’on peut l’observer à travers les tableaux N°7 et 8 ci-
dessus connaissent des mouvements irréguliers aussi bien à court-terme qu’à moyen et long-terme.
En considérant le cours du cobalt, les courbes présentées dans ces tableaux renseignent qu’ils ont
une tendance haussière sur 10 ans avec des variations irrégulières (Tableau N°7) et un fléchissement
au cours de l’année 2022 (Tableau N°8) nonobstant les sommets considérables atteints autour de
mars 2022.
De même que les cours du Cobalt présentés ci-haut ont baissés, d’autres matières premières telle
que le nickel et le cuivre ont également fortement chuté en 2022 dans un contexte de faible activité
économique et de craintes croissantes de récession. Le cours du cuivre a perdu près de 20 % de sa
valeur en 2022. Il s’est établi à 8 397,00 $ la tonne le 23 juin 2022 alors qu’en avril de la même
année il se situait à près de 10 451,75 $ la tonne. Le cours du nickel quant à lui a connu une chute
de près de 30 % en s’établissant à 23 993,50 $/t le 23 juin 2022 alors qu’il se situait à 33 875,00 $/t
le 21 avril de la même année.
Conclusion
Les taux de croissance élevés de certains pays africains pour 2022 et 2023 constituent un signal
intéressant pour ces économies. Ils sont pour la plupart des économies, tributaires de l’embellie des
cours des matières premières sur les marchés internationaux. Bien que pour certaines économies
concernées, les cours des produits qu’elles exportent ont atteint des pics historiques en 2022, les
craintes de la contraction de l’économie mondiale font craindre un retournement de la tendance
des cours sur les marchés internationaux qui, après les pics atteints en début 2022 ont connu un
retour de tendance à la fin du 1er semestre 2022. Ce fléchissement a pour cause, le ralentissement
de la croissance mondiale, du entre autres à la crise Russo-Ukrainienne, aux récentes mesures prises
par les banques centrales des grandes puissances économiques aux reconfinements et à la crise
immobilière qu’a connu la Chine en 2022. Ces facteurs font craindre la baisse de la demande des
matières premières qui constituent la part la plus importante des exportations des pays en
développement d’Afrique subsaharienne sur les marchés internationaux et qui sont en même temps
un moteur important de la croissance de ces économies.
Aussi, bien que plusieurs économies d’Afrique subsaharienne affichent des perspectives
intéressantes en terme de croissance de l’activité en 2022-2023, elles affichent des grandes
insuffisances à mettre en place des structures modernes aptes à transformer l’énorme potentiel
qu’elles regorgent en réalité. Ces structures agiraient comme des moteurs internes de croissance et
de réduction de la pauvreté.
En outre, bien que le paysage économique de l'Afrique est caractérisé par la dominance du secteur
primaire, des activités informelles qui comprennent des microentreprises, ces secteurs combinés à
des problèmes institutionnels (au sens économique du terme), peinent à fournir le dynamisme
nécessaire à ces pays pour diffuser les effets des taux de croissances élevés à tous les secteurs de la
et améliorer les conditions de vie des populations de ces pays. Les taux de croissances élevés
devraient nécessairement s’accompagner de profondes transformations structurelles, ce qui atteste
un besoin urgent de la mise en place et/ou le suivi d’une planification adéquate visant à augmenter
le taux de transformation structurelle et l'inclusion sociale dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Bibliographie
A. Ouvrages et Articles
1. CHEN Shaohua et RAVALLION Martin, 2001, <“How did the world’s poorest fare in the 1990s
? “, Review of Income and Wealth, vol. 47, no 3, p. 283-300.
2. Chen, Shaohua, and Martin Ravallion, 2012, “More Relatively-Poor People in a Less Absolutely-
Poor World,” World Bank Policy Research Working Paper 6114 (Washington).
3. Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (UNCTAD),
Rapport 2018-2020.
4. Kabuya Kalala & Tshiunza Mbiye. 2001. « L’économie congolaise en 2000-2001 :
contraction, fractionnement et enlisement ». In L’Afrique des Grands Lacs. Annuaire
5. 2000-2001. Paris : L’Harmattan, pp. 175-194.
6. Kabuya Kalala & Tshiunza Mbiye. 2006. « La politique économique revisitée en RDC :
Pesanteurs d’hier et perspectives ». In L’Afrique des Grands Lacs. Annuaire 2005-
2006. Paris : L’Harmattan, pp. 307-326
7. Kodila, O. 2010. « Pauvreté en République démocratique du Congo : Un rapide état des
lieux ». Revue congolaise d’économie (Université de Kinshasa). WP01/10.
8. Kodila, O et Nyembo, M, 2021, Financement du développement durable en RDC :
diagnostic, opportunités et perspectives, éd MEDIASPAUL. 2021.
9. Ravallion, Martin, 2012, “Poverty Lines across the World,” in The Oxford Handbook of the
Economics of Poverty, ed. by Philip N. Jeff erson (New York: Oxford University Press
USA).

B. Pages webs
1. Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) – Prix en dollars
US par baril | Insee
2. https://www.imf.org
3. https://www.banquemondiale.org
4. https://www.undp.org
5. The impact on trade and development of the war in Ukraine (unctad.org)
6. PB_23-22_Vedie.pdf (policycenter.ma)
7. La crise de la sécurité alimentaire en République Démocratique du Congo pourrait
s'aggraver dans les prochains mois | World Food Programme (wfp.org)
8. Les prix des métaux de base chutent dans un contexte de récession croissante, les craintes
de la demande | S&P Global Market Intelligence (spglobal.com)
9. note-breve-b233-conflit-russie-ukraine-quelles-consequences-sur-les.pdf (ferdi.fr)
10. Le défi de la transformation structurelle de l’Afrique by Dani Rodrik - Project Syndicate
(project-syndicate.org)
11. Kenya : l’essence au plus haut après l’abandon de la subvention de l’Etat — La Libre
Afrique
12. Nigeria : Les experts en économie recommandent vivement la suppression des
subventions au carburant - Afrik Intelligentsia
13. RDC: se dirige–t-on vers une nouvelle hausse des prix à la pompe? (rfi.fr)
14. Les prix du pétrole continuent leur chute et passent sous les 100 dollars - Capital.fr
15. The impact on trade and development of the war in Ukraine (unctad.org)

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