Traduction 2023

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Faculté des Langues, des Arts et des Sciences-Humaines-Aït Melloul

Année universitaire:2022-2023 Initiation à la traduction P : A-BARA

I- Interprétation et traduction :
Définitions
« Nous distinguons trois manières d’interpréter le signe linguistique, selon qu’on le
traduit dans d’autres signes de la même langue, dans une autre langue, ou dans un
système de symboles non linguistiques. Ces trois formes de traduction doivent
recevoir des désignations différentes :
1- La traduction intralinguale ou reformulation consiste en l’interprétation des
signes linguistiques au moyen d’autres signes de la même langue
2- La traduction interlinguale ou traduction proprement dite consiste en
l’interprétation des signes linguistiques au moyen d’une autre langue.
3- La traduction intersémiotique transmutation consiste en l’interprétation des
signes linguistiques au moyen de systèmes de signes non linguistiques. »

Pour comprendre ces trois sortes d’interprétation, nous allons recourir à des
exemples concrets.
Si on prend le terme vache dans la première utilisation on va fournir une
interprétation dans la même langue, une sorte de définition ou de
périphrase1. Ainsi, nous dirons par exemple "Femelle reproductrice de
l'espèce bovine  » « La vache est un mammifère herbivore de la famille
des ruminants ».
Cette définition va englober toutes les races de vaches (Abondance, Bleue du
Nord, Brune, Normande, Pie Rouge, Rouge flamande…)

Dans la deuxième interprétation nous allons transposer le mot vache (de


la langue source, langue de départ) en une autre langue (langue cible ou
langue d’arrivée) en cherchant l’équivalent le plus adéquat. Ainsi, le mot
vache en français va correspondre au mot anglais « cow» ou au mot espagnol
« vaca » ou au mot arabe « baqara…»
Dans la troisième interprétation, nous allons transposer le mot vache en
un autre code sémiotique qui n’est pas linguistique : exemple, dessiner une
vache ou projeter les photos des différentes races de vache…
Roman Jakobson, Essais de linguistique générale

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 : figure de style

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Traduction (définitions conventionnelles):


« La traduction est l'activité qui consiste à traduire un énoncé, écrit ou oral, d'une
langue à une autre. Le terme désigne également le résultat de cette opération. On ne
peut pas parler de traduction sans parler de langues étrangères, dans le temps et
dans l'espace. Le mot traduction (du latin traductio) par exemple n'apparaît en
français qu'au début du XVIe siècle et remplace complètement aujourd'hui celui de
translation (du latin translatio) utilisé jusque-là en français dans le sens de traduire
et que les anglophones utilisent toujours... »
Le Dictionnaire Robert
« 1- Qu’est-ce que la traduction ?
C’est exprimer dans une langue ce qui l’est dans une autre :
Exprimer une ou plusieurs idées en utilisant des mots.
2- Pour le traducteur, l’idée est imposée : il n’a pas à la chercher ; il n’a qu’à
l’exprimer dans l’autre langue.
En d’autres termes, l’idée n’appartient pas au traducteur, mais à l’auteur du texte.
Les mots, eux, on peut dire qu’ils appartiennent en même temps à l’auteur et au
traducteur
En tout état de cause, il est indispensable de tenir compte de l’existence de ces
deux éléments :
L’idée = le fond
Le mot = la forme
Il ne faut pas cependant les dissocier car ils sont étroitement liés.
- D’autre part, c’est l’idée ou le fond qui a priorité dans la traduction. En effet, il est
possible qu’un texte dont tous les mots sont traduits ne donne pas, dans l’autre
langue, le sens original ; comme l’on peut retrouver une même idée dans un texte
dont tous les mots ne sont pas traduits.
Pourquoi ? Parce que :
a) La valeur sémantique des mots n’est pas la même dans toutes les langues.
b) La structure de la phrase, la syntaxe et la grammaire ne sont pas identiques
dans toutes les langues. »
Antoine C. Mattar, La Traduction Pratique
Cette définition essaie de délimiter le domaine de la traduction, les difficultés et les
problèmes qui lui sont inhérents. Il s’agit d’une définition conventionnelle d’un
praticien où il essaie de nous exposer les contraintes auxquels se heurte le
traducteur et la traduction en général :
a- maîtrise de deux langues source et cible
b- transposer un sens d’une langue à une autre

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c- le contenu sémantique ou l’idée sont prédéterminés, c'est-à-dire, qu’ils sont fixés


d’avance par la langue source et ne laissent pas beaucoup de marge de liberté au
traducteur. Le traducteur ne dispose pas d’une large part de manoeuvre, étant lié à
énoncé initial, un contenu préalable. Cette idée peut être discutée, quelles sont les
limites dont dispose le traducteur en effectuant cette opération de traduction ? Est-
ce que cela dépend de la nature de l’énoncé qu’il est en train de traduire ? Selon
qu’il s’agisse d’un discours scientifique, littéraire ou autre ?

II-Traduire est définit comme le fait de faire passer un texte d’une


langue à l’autre ( Universalis)
La traduction est le passage d’une langue A vers une langue B pour exprimer
une même réalité. Elle met l’accent sur l’importance des langues en
présence.
Langue de départ ( LD) et langue d’arrivée ( LA)

LD LA

Langue
langue
texte
Source cible

La traduction consiste à reproduire dans la langue réceptrice (équivalent


arabe) le message de la LS au moyen de l’équivalent le plus proche et le plus
naturel. D’abord sur le plan du sens/ signification, ensuite sur le plan du
style. Cette définition place la traduction dans le domaine de la cognition.
Le traducteur comprend d’abord le message avant de le reexprimer en
langue cible.
→une opération d'appropriation du sens, de le rendre sien.
L’activité est une quête qui non seulement sonde (scrute, pénètre, explore)
des choix lexico-sémantiques ou stylistiques mais surtout opère des choix
des contextes pertinents.
L’activité de la traduction est donc un acte énonciatif : le message se définit
par rapport aux paramètres d’énonciation :
L’énonciateur
L’objet du message
La situation spatio-temporelle
Les intentions du locuteur (L’objectif spécifique qui diffère en fonction de
chaque situation communicative.
L’implicite (‫)الضمني‬

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Le contexte cognitif partagé (‫)السياق المعرفي المشترك‬


Les fonctions cognitives : ce sont les capacités de notre cerveau qui nous
permettent d’être en interaction avec notre environnement : elles permettent de
percevoir, raisonner, se concentrer, acquérir des connaissances, s’adapter et
interagir avec les autres.
(Perception, attention, mémoire, langage, processus intellectuel)

Le contexte partagé est défini comme l'ensemble des informations ou


événements contextuels mutuellement manifestes pour un ensemble
d'acteurs, à un instant dans une situation donnée, compte tenu de leurs
capacités perceptuelles et cognitives, des tâches qu'ils doivent réaliser, et de
leur activité en cours.
Les traducteurs ne traduisent pas les langues en tant que telles, mais des
discours ( càd) des énoncés linguistiques s’inscrivant dans un contexte.
→Contexte situationnel
L’énoncé peut changer de sens ou d’interprétation.
Ex : La porte s’il vous plaît !

S1
S2
S3
S4

→Contexte linguistique
Apporte des éléments permettant de comprendre le discours pour mieux le
traduire.
Les formes grammaticales, le style, le niveau … donnent des éléments
d’information sur le sens du discours.
→Contexte cognitif
Pour qu’il ait échange entre les interlocuteurs, en situation de
communication, ils doivent avoir des connaissances communes. Le
traducteur doit donc être conscient non seulement des informations qui sont
contenues dans le texte qu’il traduit, mais aussi du substrat, du référentiel
de ce texte. Le sens à rechercher, il ne se trouve pas dans les mots mais
sous leur surface.

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Terminologie de la traduction

Comme toute discipline, la traduction possède elle aussi un certain champ


terminologique avec lequel elle opère aussi bien au niveau théorique qu’au
niveau pragmatique :

-langue originale‫ اللغة األصل‬, langue source ‫ اللغة المصدر‬langue de départ ‫لغة‬
‫ االنطالق‬C’est la langue de laquelle on traduit ‫هي اللغة المنقول منها‬

-la langue cible ‫ الهدف اللغة‬, la langue d’arrivée ………….

C’est la langue à laquelle on traduit ‫المنقول إليها اللغة‬

-la version : traduction faite de la langue étrangère vers la langue


maternelle : ‫الترجمة من اللغة األعجمية ( األجنبية) إلى اللغة األم‬

-le thème : traduction faite de la langue maternelle vers la


langue étrangère : ‫الترجمة من اللغة األم إلى اللغة األعجمية‬

-équivalent: ‫المكافئ أو المرادف أو المقابل‬

Exemple : l’équivalent du mot « table » en français est ‫ طاولة‬en arabe

-les connaissances linguistiques ‫المعارف اللسانية‬

-les connaissances extralinguistiques ‫المعارف غير اللسانية ( كل ما يتعلق بالظروف المحيطة‬


)‫بالنص‬

-la fidélité‫األمانة‬

‫ الخيانة‬trahison

Interprétation ‫فهم النص; تأويل‬

L’une des phases les plus importante de la traduction qui consiste a saisir
et comprendre les idées de l’auteur

Techniques de la traduction ‫تقنيات الترجمة أو أساليب الترجمة‬

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II- Les procédés de traduction


Nous allons nous référer aux travaux de J. P Vinay et J. Darbelnet qui ont
élaboré la première méthode scientifique d’étude traductologie en publiant la
Stylistique comparée du français et de l’anglais en 1958. La démarche de ces
auteurs consiste à classifier les procédés techniques du traducteur selon
trois grands axes : « Lexique (« étude des notions »), agencement («
constitution des énoncés ») et message (« ensemble des significations de
l’énoncé, reposant essentiellement sur une réalité extralinguistique, la
situation en prenant en ligne de compte les réactions psychologiques du
sujet parlant et celles de son interlocuteur.)»
Selon Vinay et Darbelnet, les procédés de traductions, sont au nombre de
sept : l’emprunt, le calque, la traduction littérale, l’équivalence, l’adaptation,
la transposition et la modulation. L’adaptation : elle fait entrer en jeu des
facteurs socio-culturels et subjectifs autant que linguistiques.
Les procédés de traduction sont généralement classés en deux groupes :
 Les procédés de traduction directe : sont utilisés dans des passages
où la langue de départ et la langue d’arrivée partagent des catégories
parallèles sur le plan de la structure ou sur le plan conceptuel. De ce fait, le
message de départ se transpose facilement dans la langue d’arrivée.
1- La traduction directe :
a- L’emprunt :
L’emprunt est le procédé le plus simple consistant à ne pas traduire et à
laisser le mot ou l’expression tels quel sont dans la langue de départ (langue
source) que dans la langue d’arrivée (langue cible). En général, le mot ou
l’expression correspondent à des choses ou des valeurs ou des entités qui
n’existent pas dans la culture langue cible (l’absence d’équivalent). Parfois
au contraire on préfère tout simplement utiliser le mot ou l’expression de la
langue source même s’ils existent dans la langue source par commodité, par
conformisme linguistique et culturel ou par économie du langage. Ou pour
créer un effet rhétorique (couleur locale, humour etc.)
Exemples en anglais et en arabe qui peuvent être utilisés dans la langue
française : Banjo, Western, marketing, Chewin gum, couscous, Khol, Hamam,
Muezzin, Djellaba…
b- Le calque :
Le calque traduit littéralement le mot ou l’expression de la langue de départ
dans la langue d’arrivée. C’est une copie de l’original, une traduction terme à
terme.
Une traduction terme à terme.
La Guerre froide
Moyen Orient
Gratte-ciel
C- La traduction littérale :

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Il s’agit d’un procédé qui consiste à traduire la langue source mot à mot sans
effectuer de changement dans l’ordre des mots ou au niveau des structures
grammaticales. Une traduction littérale est considérée ainsi si la langue cible
garde les mêmes structures que la langue source tout en restant correcte et
idiomatique. Elle est très proche de la traduction par calque.
Exemple la traduction littérale à partir de l’arabe de certaines expressions
religieuses dans les romans de Tahar Ben Jelloun :

« Oui, nous l'avons fait descendre durant la nuit du Décret. ... La Nuit du


Décret est meilleure que mille mois ! Les Anges et l'Esprit descendent durant
cette Nuit, avec la permission de leur Seigneur, pour régler toute chose. Elle
est Paix et Salut jusqu'au lever de l'aurore ! »
La nuit Sacrée, p 23.

« Au nom de Dieu le clément et le miséricordieux, que le salut et la bénédiction


de dieu soient sur le dernier des prophètes… » La nuit Sacrée, p 61.

 Les procédés de traduction indirecte ou oblique : sont nécessaires


lorsque la langue de départ et la langue d’arrivée ne partagent pas
d’éléments sur le plan structural ou sur le plan conceptuel. Ces procédés
servent à remplacer, à divers degrés, des parties du discours.
(la transposition, la modulation, l’équivalence, l’adaptation).

a- La transposition :
C’est un procédé qui entraine un changement de catégorie grammaticale
d’un mot en passant d’une langue à une autre, sans changer la signification
du message. En général, la transposition est utilisée lorsque la traduction
littérale n’est pas possible car elle risque d’entrainer une erreur de sens, une
impropriété ou ce qui peut incompréhensible.
Exemples :

- Médical students (adjectif) devient en français Etudiants en médecine (nom)

Je ne l’ai pas vu depuis son départ


‫لم أره منذ أن ذهب‬
nom verbe
L’homme est déçu
‫خاب ظن الرجل‬
participe passé→ verbe
:

b- La modulation :

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C’est un procédé qui implique le changement du point de vue afin d’éviter


l’emploi d’un mot ou d’une expression qui peuvent s’avérer inappropriés ou
mal adaptés dans la langue d’arrivée. La modulation consiste à faire changer
la forme du texte par une modification sémantique en vue de l’adapter à un
autre contexte ou à une autre culture.
→Contourner une difficulté de traduction, pour faire apparaître une façon de
voir les choses, propre aux locuteurs de la langue d'arrivée.

‫ من يعلم؟ ربما أنت على حق‬.Qui sait ? Tu n'as peut-être pas tort


Ça me chauffe le cœur : ………………………
c- L’équivalence :
Procédé consistant à traduire des messages dans leur globalité (surtout
utilisé pour les exclamations, les expressions figées2 ou les expressions
idiomatiques3). Il permet de tenir compte des différences d’expression entre
deux langues et de les combler en employant des expressions équivalentes.
En général, le traducteur doit comprendre la situation de communication
dans un contexte culturel donné et chercher un équivalent dans l’autre
culture.

Exemples :
…………………….arabe ? darija ? qui se ressemble s’assemble
‫الطيور على أشكالها تقع‬

d- L’adaptation :
C’est un procédé par lequel le traducteur remplace la réalité sociale ou
culturelle du texte du départ par une réalité correspondante dans le texte de
la langue d’arrivée. En général, l’adaptation est une traduction libre dans la
mesure où elle permet de réadapter et d’ajuster la réalité d’un livre au public
cible. Grâce à cet écart et à cette marge de liberté du traducteur, la nouvelle
réalité sera plus adaptée au public cible.
Exemple de l’adaptation :
Le roman d’Alphonse Karr ( sous les tilleuls)- a été adapté par l’écrivain
: égyptien Al manfalouti il a porté le titre
. ‫ماجدولين تحت ظالل الزيزفون‬
Toute la réalité culturelle a été changée y compris les noms des
.personnages
.Adaptée à un public égyptien et arabe

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Terminologie
Les faux-amis et les mots transparents
On appelle «  faux-amis » deux mots appartenant à deux langues
différentes et présentent des rapprochements au niveau
morphologique ou phonétique mais n’ont pas le même sens.
Exemples :
Anglais Français
Car (voiture) Car (conjonction de coordination)
Lecture (conférence- Lecture
cours)
Library (bibliothèque) librairie
Cave (grotte-caserne) Cave ( sous-sol)

Les mots transparents


On appelle «  mots transparents » deux mots appartenant à deux
langues différentes et qui présentent des parentés au niveau
morphologique ou phonétique et qui ont le même sens.

Anglais Français

Text Texte

Table Table

Notion Notion

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