Etude Fonds Vert Veblen Alternatives Economiques PDF
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Etude Fonds Vert Veblen Alternatives Economiques PDF
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Cette étude a été réalisée pour le compte du Conseil régional d’Ile-de-
France par l’Institut Veblen avec l’appui d’Alternatives Economiques
Etudes et Communication. Coordonnée par Philippe Frémeaux, président
de l’Institut Veblen et directeur d’Alternatives Economiques Etudes et
Communication, elle a bénéficié de l’appui des équipes de l’Institut
Veblen. Son auteur principal est Benoît Faucheux. Benoit Faucheux est
spécialiste des politiques de développement soutenable. Ingénieur en
agriculture, après avoir été animateur en développement rural, il a mené
des travaux sur la soutenabilité des politiques agricoles et de commerce
international dans les pays en développement. Il a ensuite été conseiller
du ministre de l’Agriculture en Haïti, puis de collectivités locales
françaises sur leurs politiques énergie-climat.
Contacts :
[email protected]
[email protected]
2
Vers un Fonds Vert
pour les collectivités locales
des pays en développement
3
Sommaire
Introduction ........................................................................... 20
4
Comment diriger des financements privés vers les projets
climat des autorités locales des pays en développement? ...... 50
Méthodologie: ....................................................................... 68
5
b) Un (des) organisme(s) accrédités auprès du Fonds Vert
pour le Cilmat qui monte(nt) un programme collectivités ..... 76
Bibliographie......................................................................... 97
6
Résumé exécutif
7
place et analyse leurs conditions de succès. Elle précise
ensuite leurs besoins d’accompagnement-ingénierie et de
financements et réalise un panorama des financements
existants. C’est sur ces bases qu’elle formule des
hypothèses de dispositifs de financement, qui font ensuite
l’objet d’une analyse spécifique.
8
1. Les actions à mener par les territoires
9
assainissement production pour qu’ils soient
adaptés aux nouvelles conditions.
Développer la résilience des
systèmes d’approvisionnement et
d’assainissement
Santé Prévention et soin des nouvelles
pathologies provoquées par le
dérèglement climatique
Prévention et Diminuer la vulnérabilité et
gestion des l’exposition au risque par la
catastrophes planification territoriale et la
naturelles construction d’infrastructures
Plan de gestion de l’urgence
Assurances contre les catastrophes
naturelles ou reconstruction post-
catastrophe
10
2. Les conditions du succès
11
3. Les besoins en financement des
territoires
12
permettant ainsi de rembourser. Or dans beaucoup de cas
cela ne sera pas possible.
13
4. Quatre hypothèses de voie d’accès
impliquant des collectivités de pays
riches
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Avantages Inconvénients et conditions
de réussite
a) Un label-qualité – Facilité de mise en – Le développement de cette
géré par les œuvre option repose sur l’implication
collectivités qui – Stimule le mouvement d’un organisme accrédité au
fédère les énergies des collectivités FVC
et mobilise de – L’accompagnement par – Pour être efficace le label
nouveaux les pairs sécurise les doit être associé à des
financements projets et aide à accéder financements internationaux
aux financements
bancaires
15
5. Recommandations
16
financées par des emprunts dans la mesure où elles
génèrent une augmentation (directement ou
indirectement) des recettes pour les collectivités
emprunteuses. Dans le cas contraire c’est le don qui
doit être privilégié ;
6. Dans tous les cas l’ingénierie financière doit permettre
le renforcement de la capacité fiscale des collectivités
locales des pays du sud, ainsi que de leurs capacités à
être maître d’ouvrage et à gérer des services publics
locaux. Cela implique un accompagnement pendant la
mise en œuvre du plan énergie-climat de la
collectivité ;
7. Il faut permettre aux autorités locales d’avoir accès au
Fonds Vert pour le Climat. Une voie directe accessible
à toutes les collectivités est pour le moment
politiquement et techniquement impossible. Il est plus
réaliste de privilégier des voies d’accès avec des
intermédiaires internationaux, régionaux ou nationaux
accrédités par le FVC, qui devrait ouvrir une fenêtre
pour cela;
8. Pour faciliter l’accès au financement bancaire, un fonds
de garantie mutuel pourrait être créé par les
collectivités les plus solidaires. Adossé à une banque de
développement, ce pourrait être un outil relativement
simple à mettre en place, qui renforcerait les liens de
17
solidarité entre les collectivités impliquées et aurait un
bon effet levier ;
9. Ce programme pourrait préfigurer une véritable banque
verte des collectivités, dont la gouvernance pourrait
reposer sur les collectivités, et qui seraient dotée de
compétences en ingénierie climat et finance, d’un fonds
de garantie et d’une capacité de prêt suffisamment
importante pour devenir un acteur reconnu du
financement des collectivités. Une étude de marché est
nécessaire.
10. La mise en œuvre de ces programme devrait être
associée à un conséquent effort de recherche, qui
permettra d’identifier les bonnes pratiques et les
évolutions du cadre législatif et règlementaire qu’il
serait nécessaire de conduire, pour renforcer la capacité
des autorités locales à faire face au dérèglement
climatique.
11. Les collectivités locales françaises pourraient être
encouragées à s’engager dans des opérations de
coopération décentralisée portant sur la réalisation de
plans énergie-climat et à abonder le fonds de garantie
mutuelle par un programme (et donc des co-
financements) du Ministère des Affaires Etrangères ou
de l’AFD. Les Régions pourraient mobiliser une partie
de leur fiscalité directe reposant sur la consommation
18
d’énergie (TICPE) pour financer ces actions. Les
élections régionales de décembre 2015 pourraient être
l’occasion de mettre en débat ces propositions.
19
Introduction
20
Cette étude a pour objectif de dessiner des voies de proposition
permettant aux autorités locales des pays en développement d’y
accéder aux moyens humains et matériels nécessaires à cette
transition. En partant du point de ces acteurs, elle établit une
typologie d’actions que les autorités locales vont être amenées à
mettre en œuvre pour faire face au dérèglement climatique et
identifie des éléments de méthodologie. Elle analyse ensuite les
besoins en financement et les met en parallèle avec l’offre
existante. De là, elle formule des hypothèses de dispositifs qui sont
ensuite analysées.
21
1- Le dérèglement climatique : un risque mais aussi une
opportunité pour le développement
22
Cependant, la réalisation du risque ne dépend pas que de
l’exposition. Elle est aussi liée à la vulnérabilité des populations et
des territoires, définie comme la propension ou prédisposition à
subir des dommages. Et lorsque le risque se réalise, c’est la
résilience qui est en jeu, celle des territoires, des populations, des
institutions. C’est la capacité que présentent « un système et ses
éléments constitutifs d’anticiper, d’absorber, ou de supporter les
effets d’un phénomène dangereux, ou de s’en relever, avec rapidité
et efficacité, y compris par la protection, la remise en l’état de
structures et fonctions de base. » (IPCC, 2012). Or face à
l’insécurité alimentaire et aux catastrophes naturelles, les pays en
développement sont bien plus vulnérables et bien moins résilients
que les pays développés.
23
sociaux. (IPCC, 2014). Cela s’explique par le fait que « Les
moyens d’existence des personnes pauvres sont davantage
directement liés aux ressources naturelles, et comme ces personnes
vivent souvent dans les zones les plus vulnérables, elles souffrent
le plus de la dégradation de l’environnement. » (U.N., 2015). La
vulnérabilité politique et institutionnelle, ou autrement dit
l’absence ou la défaillance de politiques s’ajoute bien souvent à la
vulnérabilité physique. Ainsi, en l’absence de filets sociaux, une
catastrophe naturelle ou un épisode sévère d’insécurité alimentaire
risque de faire tomber des pans entiers des populations touchées
dans la « trappe à pauvreté ». Si une famille a pour tout capital
productif une vache et qu’elle la perd, emportée par une
catastrophe naturelle, ou qu’elle est contrainte d’emprunter à des
taux usuraires pour acheter de l’alimentation après une sécheresse
sévère, elle tombe dans cette trappe et ne pourra en sortir sans aide
extérieure.
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(objectif 7), à promouvoir une croissance soutenue, soutenable et
inclusive, le plein emploi et un travail décent pour tous (objectif
8), à réduire les inégalités entre et à l’intérieur de chaque pays
(objectif 10), à faire des villes et des implantations humaines
inclusives, sûres, résilientes et durables (objectif 11), à assurer des
modes de production et de consommation soutenables (objectif
12), et enfin à prendre des mesures urgentes pour lutter contre le
changement climatique et ses impacts (objectif 13).
On peut regretter que le modèle de développement sous-jacent soit
celui de la croissance verte et que la question de la justice nord-sud
en particulier celle de la responsabilité du dérèglement climatique
ne soit pas plus clairement pointée. On peut aussi déplorer que le
respect de ces 17 objectifs soit volontaire pour chaque Etat, qui
choisira lui-même les moyens de les atteindre et les indicateurs de
suivi, alors que la réduction des inégalités entre Etats et la lutte
contre le changement climatique requiert la participation forte et la
coordination de l’action de tous les Etats. Mais le fait est que
jamais une approche aussi systémique du développement n’avait
été proposée par les Nations Unies.
25
population mondiale. Cependant, une part non négligeable en est
exclue : même si la pauvreté extrême a beaucoup reculé depuis que
les Nations Unies ont adopté les objectifs de développement du
Millénaire, elle concerne encore 836 millions de personnes.
26
c) Atténuation et adaptation : deux facettes de la transition
écologique et sociale
27
tropicale déboisée comme Gonaïves en Haïti ne peut se faire sans
intervention sur la ville et sur les bassins versants environnants et
les zones humides proches.
Les territoires des pays en développement ont un impérieux besoin
de se développer, c'est-à-dire d’augmenter et d’améliorer leur
production alimentaire, leur industrie, leur production d’énergie,
les possibilités de mobilité et leur habitat, tout en luttant contre la
pauvreté et les inégalités. Pour qu’il soit soutenable, ce
développement doit se faire en respectant les équilibres
environnementaux et en étant basé sur l’utilisation de ressources
renouvelables. En effet, les moyens d’existence des populations
des pays en développement sont très fortement dépendants de la
nature, en particulier pour la production alimentaire. De plus, la
lutte contre le dérèglement climatique impose à tous les territoires
de chercher une voie de développement tout en atténuant ses
émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit donc d’inventer de
nouveaux modèles de développement, qui ne peuvent être copiés
sur l’itinéraire des pays du nord ou même celui suivi jusqu’alors
par les pays émergents, beaucoup trop consommateur de
ressources naturelles et générateurs de gaz à effet de serre et de
déchets pour pouvoir être généralisé et même tout simplement
pour durer. Il s’agit finalement de réaliser un saut technologique
et comme le dit Pascal Canfin « ne pas monter dans le dernier
wagon des fossiles mais être dans ceux qui vont être les premiers à
s’en passer. »
Pour réussir, cette transition devra porter sur les champs
économiques, sociaux, culturels, environnementaux, institutionnels
et nécessitera une mobilisation à toutes les échelles: internationale,
nationale, régionale, locale.
28
29
2) Les collectivités des pays du sud en première ligne
30
dernières vis-à-vis du pouvoir central. Il semble cependant clair
que pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique il
est indispensable de promouvoir dans tous les pays de la Planète
un renforcement des autorités locales dans leur capacité à penser et
à conduire des politiques de développement territorial soutenables
et que cela est un enjeu fort de la COP 21.
31
développement soutenable du pays. Dans d’autres il pourra y avoir
frottement, voire incohérence, entre les orientations nationales et
les démarches locales de développement soutenable. Notre
expérience du développement nous fait penser que la dialectique
générée par ces deux mouvements permettra aux pays concernés
de progresser et de contribuer à l’innovation que constituent les
politiques locales dédiées au climat ou climato-compatibles.
32
Tableau 1: Principaux types d’action des autorités locales pour
atténuer et s’adapter
33
Gestion des Economie circulaire Développer la résilience des
déchets Diminuer à la source, gestion systèmes de gestion des déchets
des déchets moins émissive de
GES
Eau et Evolution des systèmes de
assainissement production pour qu’ils soient
adaptés aux nouvelles conditions
Développer la résilience des
systèmes d’approvisionnement et
d’assainissement
Santé Prévention et soin des nouvelles
pathologies provoquées par le
dérèglement climatique
Prévention Diminuer la vulnérabilité et
et gestion des l’exposition au risque par la
catastrophes planification territoriale et la
naturelles construction d’infrastructures
Plan de gestion de l’urgence
Assurances contre les
catastrophes naturelles ou
reconstruction post-catastrophe
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réalisation, qui devra être suivie et évaluée. Les autorités locales
peuvent être amenées à mobiliser des compétences en planification
territoriale, ingénierie (climat, technique, juridique, financière),
recherche de financement, maîtrise d’ouvrage, gestion de services
publics, suivi, évaluation, mais aussi en mise en œuvre de
politiques locales en développement économique, recherche et
innovation, gestion de l’urgence d’actions.
35
Enfin, pour être efficace et pertinente, les stratégies de
développement soutenables devraient dans la mesure du possible
être élaborés à la bonne échelle de territoire, qui doit correspondre
au risque physique pour l’adaptation (un bassin versant par
exemple) ou pertinent pour l’atténuation (un bassin industriel ou
une agglomération et sa zone d’attraction par exemple). De plus
ce territoire doit être doté d’une collectivité ou d’une autorité
locale compétente. Dans la pratique les territoires des autorités
locales ne sont pas tous cohérents avec ceux du risque ou de
l’atténuation. Il est donc essentiel de favoriser l’élaboration de
stratégies communes à plusieurs autorités locales concernées par
un même territoire-climat et de coordonner les plans d’action. Il
est en particulier primordial que les stratégies de développement
soient pensées sur des territoires comprenant la ville et la
campagne.
Cet avis a été exprimé par Véronique Moreira, vice-présidente à la
coopération décentralisée de la région Rhône-Alpes, lors du
Sommet Mondial des Collectivités. Renaud Colombier, chargé de
projet développement urbain au Groupe de Recherche et
d’Echanges Technologiques va plus loin et estime que le territoire
pour penser et conduire l’action climat devrait comprendre le tissu
urbain dense et le rural proche, c’est à dire le bassin de vie au sens
géographique du terme. Néanmoins, beaucoup d’acteurs
internationaux mettent l’accent sur les enjeux urbains et semblent
accorder moins d’importance aux territoires ruraux.
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d’Aménagement et de Développement Durable et d’Egalité des
Territoires, dont l’élaboration est confiée aux Régions,
collectivités comprenant plusieurs millions d’habitants, des
agglomérations en réseaux et les territoires ruraux qui y sont
connectés. Il s’agit d’un schéma unique fixant les orientations de
la région en matière d'équilibre et d'égalité des territoires, d'habitat,
de gestion économe de l'espace, de désenclavement et
d'amélioration de l'offre de services dans les territoires ruraux,
d'inter-modalité et de développement des transports, de maîtrise et
de valorisation de l'énergie, de lutte contre le changement
climatique. La planification territoriale des collectivités infra-
régionaux doit prendre en compte les objectifs des SRADDET et
ils doivent être compatibles avec les règles générales de ce
schéma. De même, les Régions françaises sont chefs de file sur
leur territoire du développement économique. Elles élaborent des
Schémas Régionaux de Développement Economique, d’Innovation
et d’Internationalisation qui s’imposent aux collectivités infra-
régionales.
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même volontarisme pour développer une politique climat et y
activer la mobilisation de leurs territoires. Et enfin, tous les Etats
en développement n’ont pas la même capacité d’actions, certains
sortent de crise ou sont englués dans des conflits internes, ou
victime d’un très haut niveau de corruption, alors que d’autres sont
stables, ont réussi à circonscrire la corruption et ont une capacité
d’actions élevée. Ainsi, certains Etats comme la Chine sont bien
structurés, volontaires sur le plan climat, mais sont très centralisés
et laissent trop peu d’autonomie à leurs collectivités locales pour
qu’elles se mobilisent efficacement contre le dérèglement
climatique. Le Brésil ou l’Argentine, quant à eux sont des Etats à
forte capacité d’action, fédéraux et relativement décentralisés,
mais fortement marqués par le modèle de développement
extractiviste, aux antipodes de la transition écologique. Enfin, à
l’autre bout de la chaîne, on trouve des pays sortant de crise,
comme Haïti ou le Mali, extrêmement vulnérables, ayant des
institutions très faibles, peu actifs sur le plan du climat et dotés
d’un cadre national a priori favorable aux collectivités, même si
dans la pratique celles-ci n’ont quasiment aucun moyen.
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b) Les collectivités des pays en développement ont besoin
d’ingénierie sur le climat et de finances
39
– la sensibilisation des acteurs du territoire aux conséquences du
dérèglement climatique sur leur territoire pour inciter le passage à
l’action;
– l’intégration des enjeux climat dans les documents de stratégie
de développement et de planification territoriale: diagnostic des
émissions de gaz à effet de serre et de la vulnérabilité et de
l’exposition du territoire au risque climatique ; formulation d’une
stratégie territoriale de développement soutenable contenant un
plan énergie-climat, visant la réduction des émissions des gaz à
effet de serre du territoire et la réduction des émissions et
l’adaptation du territoire au dérèglement climatique, avec un plan
de prévention et de gestion des risques;
– ingénierie technique, juridique et financière des actions.
Compétences technique et juridique pour l’atténuation et
l’adaptation et en finance climat pour mobliser les financements
adéquats
– suivi-évaluation: compétence spécifique atténuation-adaptation
Ces compétences sont très peu présentes sur les territoires des
autorités locales des pays en développement. Pour les développer,
deux voies d’action complémentaires sont possibles: la formation
des acteurs locaux, en particulier des responsables politiques et
techniques des autorités locales, et l’assistance technique, c’est à
dire l’accompagnement d’autorités locales dans ces processus par
des experts nationaux ou internationaux compétents. Dans un
souci de justice climatique, le surcoût que représente cette
formation et cette assistance technique spécifique climat devrait
être couvert par la solidarité internationale. Lorsqu’une entreprise
ou un groupe financier est intéressé pour conclure un partenariat
40
avec une autorité locale, pour produire et distribuer de l’électricité
ou de l’eau potable par exemple, il mobilise son expertise
technique, juridique et financière, ce qui réduit les coûts pour la
collectivité. En revanche dans ce cas il est impératif de permettre à
la collectivité d’avoir accès à une contre-expertise indépendante,
qui lui permettra de préserver ses intérêts lors de la prise de
décision et du suivi-évaluation du projet s’il se réalise.
41
les compétences Climat des collectivités des pays riches permet de
donner plus de légitimité et de poids politique à leurs propres
démarches de transition écologique. Cela peut les aider à atteindre
plus rapidement leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à
effet de serre. Les coopérations Ile de France/Région de Dakar et
Nord-Pas de Calais/Minas Gerais sur la réalisation de Plan
Energie-Climat ont été précurseurs dans le domaine et pourraient
inspirer d’autres démarches similaires. De même, dans le cadre de
la coopération Ile de France/Hanoï, l’Institut des Métiers de la
Ville à Hanoi forme des urbanistes au développement urbain
soutenable. La coopération décentralisée n’est cependant pas une
spécificité française. Cités Unies France a repéré des coopérations
exemplaires entre Rajkot (Inde) et Leicester (Royame Uni) autour
du développement local durable, Leon (Nicaragua) et Utrecht
(Pays Bas) autour de l’urbanisme, Bojana, Platinum (Afrique du
Sud), Ho (Ghana) et Lathi (Finlande) autour de l’amélioration des
services environnementaux des municipalités, Mbale (Ouganda) et
Pays de Galles (Royaume Uni) autour de l’élaboration d’un
programme climatique territorial intégré pour Mbale (Cités Unis
de France, 2014).
42
Coordination Sud pour les français, ainsi que les membres du
réseau Climat et Développement.
43
sont estimés par le Comité Permanent sur la Finance de la
CCNUCC à un montant compris dans une fourchette de 340 à 650
milliards de dollars (Canfin, Grandjean, 2015). De notre côté, nous
estimons l’ordre de grandeur des besoins de financement pour
l’accompagnement et l’ingénierie à 100 millions US$ par an en
année pleine (sur la base de 1000 gouvernements locaux ou
autorités locales accompagnés par an à 100 000 US$).
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déchets...) et des systèmes de production (en particulier agricole et
eau potable) de leurs territoires, et pourront mettre en place des
filets de sécurité alimentaire, conduire des opérations
d’aménagement et constuire des infrastructures réduisant les
risques et ultimement, mener des opérations de gestion de
catastrophes et de reconstruction post-catastrophe. Pour cela
certaines auront contracté des assurances qui financeront ces
opérations, d’autres non et seront pour beaucoup dépendantes de la
solidarité internationale.
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négligeable des autorités locales des pays en développement a un
budget très limité et une capacité fiscale très faible. Contracter un
prêt ou une obligation sera possible si l’investissement permet de
dégager des recettes supplémentaires alimentant le budget de
l’autorité, ou sinon ce sera au détriment de ses dépenses de
fonctionnement. Toutes les actions identifiées plus haut ne
génèreront pas de recettes supplémentaires pour les autorités. La
fiscalité locale repose habituellement sur des prélèvements sur
l’économie, sur les ventes et la propriété du foncier et du bâti et
sur les impôts payés par les habitants. Les actions climat peuvent
avoir un effet positif sur l’assiette de cette fiscalité mais la
collectivité peut être dans l’incapacité d’augmenter ses
prélèvements, soit pour des questions légales, soit par faiblesse
administrative, absence de cadastre, corruption...ce qui est
malheureusement le lot de la plupart des collectivités des Pays les
Moins Avancés et même de beaucoup de pays en développement.
46
Attirer la prise de participation des investisseurs privés ou publics
dans le financement des investissements et des actions climat des
autorités locales ne sera possible que dans le cas où ces
investissements auront une certaine rentabilité. Cela pourra
prendre la forme juridique d’une société d’économie mixte ou
d’une délégation de services publics. Un service de fourniture
d’énergie par exemple, génèrera des recettes qui permettront la
rémunération du capital et le paiement des amortissements des
investissements. L’existence de ces recettes dépendra de la bonne
gestion du service et de la solvabilité des consommateurs, ce qui
n’est jamais garanti dans les pays les plus pauvres.
Lorsque les autorités locales ont une certaine capacité fiscale, les
prêts et obligations sont adaptés au financement des projets de
développement, sous réserve qu’ils aient un impact sur l’assiette
47
fiscale. Cependant, les projets de développement sobres en
carbone sont souvent encore un peu plus coûteux que les projets
conventionnels. Ce surcoût devrait être couvert par des dons issus
des principaux contributeurs au dérèglement climatique.
48
Comment permettre aux autorités locales d’avoir un meilleur
accès aux prêts et obligations ?
La première condition identifiée plus haut est que les
investissements ou les actions climat doivent avoir un impact
positif sur la capacité d’auto-financement de l’emprunteur.
L’ingénierie des projets doit donc veiller à renforcer cette dernière.
Deuxièmement, il est nécessaire de diminuer le risque du crédit ou
tout au moins sa perception. Un bon accompagnement de la
collectivité, de la sensibilisation à la mise en oeuvre sera de nature
à le diminuer. La publicité faite autour de cet accompagnement
contribuera à renforcer la confiance des emprunteurs. Enfin, Blaise
Desbordes, de l’équipe de négociation COP 21 du gouvernement
français nous a suggéré de proposer que des collectivités solidaires
se portent garantes des prêts. La garantie pourrait s’exercer de
façon bilatérale, dans le cadre d’une coopération décentralisée, une
collectivité d’un pays développé se portant garante d’une
collectivité d’un pays en développement. Mais elle pourrait aussi
s’exercer via un fonds de garantie mutuel, créé par les collectivités
solidaires. Il nous semble que cette dernière option serait plus
dynamique, les collectivités solidaires mobiliseraient et
mutualiseraient leur expertise en ingénierie-climat, ce qui aurait un
effet levier important sur l’accès aux financements des
collectivités locales des pays en développement.
L’épargne disponible dans les teritoires des pays en
développement pourrait être utilement dirigée vers des obligations
finançant les projets de leurs autorités locales. Pour cela lorsque
les conditions juridiques sont réunies, un intermédiaire bancaire
solide et inspirant confiance est nécessaire. Les Banques de
développement ont commencé à mettre en place des
49
expérimentations de ce type dans quelques autorités locales.
L’épargne des habitants de collectivités en coopération
décentralisée pourraient aussi être mobilisée, par exemple dans le
cas de Paris et Dakar.
50
jouer sur les tarifs de vente des biens ou des services et dans
certains cas mobiliser des subventions pour augmenter la
rentabilité. Dans tous les cas, ce type de partenariat avec des
investisseurs privés nécessite de renforcer les capacités de
négociation et de suivi des autorités locales. Il est fondamental de
leur permettre d’avoir accès à une expertise fine et indépendante
des investisseurs.
51
donc le risque inondation. Cette technique de financement est
adaptée aux territoires connaissant une urbanisation rapide. Claire
Charbit, responsable du dialogue avec les autorités locales à
l’OCDE indique qu’il est possible de mettre en place des
politiques redistributions de cette plus-value entre les territoires
urbains et ruraux.
52
climatique rendra de plus en plus incertain. L’ampleur et le type de
dérèglement climatique de même que son impact sont incertains.
L’incertitude doit être intégrée aux processus de décision ainsi que
le coût de l’inaction. De même, il serait utile de mettre au point
des indicateurs de suivi-évaluation adaptés aux projets visant
prioritairement l’adaptation au dérèglement climatique. Et enfin à
partir de l’expérience dégager des connaissances sur les modes de
financement adaptés aux actions-climat des autorités locales des
pays en développement.
53
provient d’organismes publics, mais quelques fondations privées
sont actives.
Fonds multilatéraux :
Le programme LoCAL (Local Climate Adaptive Living Facility)
est mis en œuvre par l’UNCDF (Fonds d’Equipement des Nations
Unies). Il est doté de 1,5 millions US$. Il est réservé
prioritairement aux Pays les Moins Avancés. Il a commencé à
travailler avec le Bouthan, le Cambodge, le Laos et les Iles
Salomon, puis avec le Bengladesh, le Bénin, le Ghana, le Mali, le
Mozambique, le Niger et le Népal.
54
moyenne et celles des pays les moins avancés. A l’heure actuelle il
finance des programmes dans 40 villes, dont 30 en Asie-Pacifique.
Fonds Bilatéraux
France
Ministère des Affaires Etrangères Français/Délégation pour
l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales
En vue de la COP 21 le MAE en partenariat avec deux autres
ministères (écologie, développement durable, énergie ; agriculture,
agro-alimentaire, forêt) et la Fondation Electric Schneider ont
lancé un Appel à Projet Climat en direction des coopérations
décentralisées. L’objectif est de « mobiliser leur savoir-faire en
matière de développement sur les territoires et celui des acteurs
locaux en proposant un partenariat qui puisse donner plus de
cohérence et d’efficacité à leurs actions.» Sont éligibles tous les
pays pouvant bénéficier de l’Aide Publique au Développement.
55
L’Appel à Projet a cinq axes : développement de l’agro-écologie
dans les pratiques agricole et sylvicole, planification territoriale et
aménagement urbain durable, eau et assainissement dans une
perspective de lutte contre le changement climatique, gestion
responsable et valorisation des déchets, préservation de la
biodiversité et énergies renouvelables. Une vingtaine de projets
ont été sélectionnés, dont la mise en œuvre représentera un budget
total de près de 2,7 millions d’euros.
56
(loi Oudin-Santini) et plus récemment d’énergie (amendement
Pintat) voire par des prélèvements plus innovants comme une éco-
participation sur les horodateurs.
Fonds Asiatiques :
Urban Climate Change Resilience Trust Fund, piloté par la Banque
Asiatique de Développement, la Coopération Britannique,
l’USAID (coopération américaine) et la Fondation Rockfeller. Il
est doté de 140 millions US$ (dons et prêts) et intervient
uniquement en Asie, prioritairement auprès de 6 pays (Bengladesh,
Inde, Indonésie, Pakistan, Philippines, VietNam).
Fonds nationaux :
57
aux organismes de recherche). Il finance des actions qui doivent
rentrer dans le cadre de la stratégie nationale climat et de son
programme d’actions (Bangladesh Climate Change Strategy and
Action Plan (BCCSAP)), qui est organisée en six thèmes :
– Sécurité alimentaire, protection sociale et santé
– Gestion intégrée des désastres
– Infrastructures
– Recherche et gestion de la connaissance
– Atténuation et développement bas carbone
– Construction de capacités et renforcement institutionnel
58
Colombie et peut financer de l’assistance technique entre autre sur
l’atténuation pour aider à préparer des projets bancables.
Fonds multilatéraux :
Le Fonds Adaptation, doté de 277 millions US$ au 31 octobre
2014. Il est hébergé par le Global Environment Facility. Les
autorités nationales régionales et multilatérales peuvent y déposer
une demande.
59
La Global Facility for Disaster Reduction and Recovery est doté
de 540 millions US$, environ 20 millions par an de dons pour des
projets de résilience urbaine face aux catastrophes naturelles.
60
Le FVC finance des actions :
61
Facility, le Fonds d’Adaptation, et l’Union Européenne (Direction
Générale du Développement et de la Coopération).
62
Africaine de Développement, l’Agence de coopération
internationale allemande (GIZ), le KfW (établissement de crédit du
gouvernement allemand), les Programmes des Nations Unies pour
le Développement et pour l’environnement (PNUD et PNUE), le
World Resource Institute (WRI).
Au 3 septembre 2015, seuls huit organismes nationaux ou
régionaux (hors banques régionales de développement) sont
accrédités : le Caribbean Community Climate Change Center, le
Centre de Suivi Ecologique (Sénégal), la Corporacion Andina de
Fomento, Environmental Investment Fund of Namibia (Namibie),
Le Ministère des Ressources Naturelles du Rwanda, la National
Bank for Agriculture and Rural Development (Inde), le Peruvian
Trust Fund for National Parks and Protected Areas
(PROFONANPE, Pérou), le Secretariat of the Pacific Environment
Programme.
63
Fonds bilatéraux :
Union européenne
Global Climate Change Alliance, piloté par l’Union Européenne, il
est doté de 386,2 millions d’€ et il finance par dons
essentiellement des projets de renforcement de capacités ou
d’ingénierie dans les 74 pays prioritaires de la coopération.
64
L’Agence Française de Développement : L’AFD agit
essentiellement comme une banque de développement avec des
crédits, des obligations ou des prises de participation. Dans le
cadre de son plan stratégique de développement sur la période
2012-2016, l’AFD s’est engagée à ce que « 50% de ses octrois
financiers annuels dans les pays en développement soient alloués à
des projets en faveur du climat (30% pour sa filiale "secteur privé"
Proparco). » En 2012 elle comptabilise 48% de financement
"climat" et Proparco 32% de ses engagements, soit 2,4 milliards
d’euros. Elle a aussi lancé en 2014 une obligation climat qui a levé
1 milliard d’euros.
65
développement bas carbone et d’adaptation des pays pauvres et
vulnérables.
Fonds privés :
100 resilient cities: créé et finance par la Fondation Rockfeller, il
est doté d’un minimum de 100 millions US$ et a pour objectif
d’aider les villes du monde entier à être plus résilientes face aux
chocs physiques, sociaux et économiques.
66
Le Fonds Vert, avec le Fund’s Readiness and Preparatory Support
Programme cherche à mettre en place des stratégies nationales qui
pourront se concrétiser, en fonction des volontés politiques
nationales, en outils au service des autorités locales. Il s’agit là
d’un processus descendant, qui a certes l’avantage de garantir une
cohérence d’actions sur le plan national et une mutualisation des
coûts d’ingénierie, mais n’est pas une réponse rapide aux volontés
d’agir locales.
67
3) Un Fonds Vert pour les collectivités locales : quatre options
étudiées
Méthodologie:
L’intuition générale de cette étude est que les autorités locales
étant en première ligne sur le front du dérèglement climatique,
elles doivent renforcer leur capacité à mettre en place des solutions
locales. Pour cela elles doivent pouvoir piloter et mettre en œuvre
des processus de développement territorial soutenable, de type
Plan Climat Energie Territorial . Pour cela nous avons identifié
quatre enjeux majeurs:
68
Ces options peuvent être sous certaines conditions
complémentaires les unes des autres. Pour chaque option l'étude
précisera la structure juridique porteuse, les origines et modalités
de financement, la gouvernance, les ressources en ingénierie qu’il
faudrait mobiliser. Nous étudierons les avantages et inconvénients
de chaque option, en prenant soin de nous appuyer sur l’avis des
principaux acteurs concernés, par rapport aux enjeux identifiés
plus haut et les complémentarités possibles. Pour étayer l’analyse,
nous utiliserons des cas-types de pays :
– Etats bien structurés, volontaires sur le plan climat, mais très
centralisés et laissant trop peu d’autonomie à leurs collectivités
locales pour qu’elles se mobilisent efficacement contre le
dérèglement climatique (ex : la Chine).
– Etats à forte capacité d’action, fédéraux et relativement
décentralisés, mais fortement marqués par le modèle de
développement extractiviste, aux antipodes de la transition
écologique (ex. le Brésil ou l’Argentine).
– Etats sortant de crise, extrêmement vulnérables, ayant des
institutions très faibles, peu actifs sur le plan du climat et dotés
d’un cadre national a priori favorable aux collectivités, même si
dans la pratique celles-ci n’ont quasiment aucun moyen. (ex. Haïti
ou le Mali)
69
existantes de coopération décentralisée. On développerait non pas
un fonds stricto sensu, mais une « marque commune » qui
habillerait des actions qui demeureraient bilatérales, mais qui
satisferaient à des normes définies en commun et qui seraient
évaluées par un organisme autonome. Le fonds vert des
collectivités prendrait ainsi la forme d’un réseau de collectivités
doté d’un board international. Les normes retenues pourraient
s’inspirer des méthodologies présentées plus haut et de celles déjà
développées par d’autres organismes bailleurs pour qualifier les
projets « climat », et notamment par l’AFD. La démarche ne serait
pas normative mais plutôt formative : les autorités locales seraient
accompagnées dans l’émergence et la conduite de leurs actions, le
label serait un élément supplémentaire qui leur permettrait de
valoriser leur action, de rendre visible leur participation à un
mouvement d’ensemble et de faciliter leur recherche de
financements.
70
déclenchés) disposent des compétences nécessaires pour la mettre
en œuvre utilement.
71
Origines et modalités de financement
La création de la marque, son animation, l’accompagnement et
l’ingénierie fournie aux collectivités pour construire leurs
interventions en respectant les critères peut reposer sur la
mobilisation des agents des collectivités impliquées dans la
démarche. Ce temps de travail fourni par la collectivité pourrait
être complété par un financement sous forme de dons du Fonds
Vert, qui pourrait être mobilisé par un organisme accrédité, par
exemple l’AFD (2ème option étudiée). Cette option peut être
développée sans l’implication d’un organisme accrédité, mais
nécessitera dans ce cas de mobiliser d’autres co-financements, les
collectivités et leurs réseaux internationaux ne disposant pas a
priori des fonds suffisants pour le réaliser seuls.
72
étudié dans l’option 4 (banque de développement des
collectivités).
Ressources en ingénierie à mobiliser
– Sensibilisation, ingénierie en développement territorial
soutenable, ingénierie technique, juridique et financière, suivi-
évaluation.
– Contrôle qualité
Avantages et inconvénients
73
proposition. Toutefois, cette solution reste partielle car les
coopérations décentralisées ne sont pas possibles dans plusieurs
pays du Sud. Egalement, le sujet de la coopération décentralisé
reste une solution principalement soutenue en France, qui peine a
être reconnu comme une solution dans les autres pays du nord.
74
La démarche-qualité reconnue sur le plan international sera
réellement mobilisatrice dans des pays comme Haïti ou le Mali si
elle permet un accès effectif à des financements. Au vu de la
faiblesse des collectivités dans ces pays, il est difficile d’imaginer
des programmes collectivités financés par des prêts, sauf peut-être
(et à condition d’un accompagnement solide), dans les capitales et
villes principales. Ce type de pays aura donc besoin
d’accompagnement renforcé et adapté, ce qui sera donc coûteux.
En Haïti et au Mali, la coopération décentralisée est relativement
développée, en particulier avec la France et pourrait permettre de
mobiliser de l’expertise. Mais sans accès à des dons pour
l’expertise et les actions-climat les territoires les plus pauvres, qui
sont souvent les plus vulnérables, vont passer à côté de la
démarche.
75
b) Un (des) organisme(s) accrédités auprès du Fonds Vert pour
le Climat qui monte(nt) un programme collectivités
76
Si cette option se met en place en complément de l’option a), les
collectivités locales impliquées devraient participer à la
gouvernance des programmes b). Les projets en coopération
décentralisée du a) devraient entrer prioritairement dans les
programmes b).
Avantages et inconvénients
Pierre Forestier et Clément Larrue de l’A.F.D. estiment que
l’option d’un organisme accrédité auprès du Fonds Vert montant
des projet ou programmes en faveur du soutien et de la mise en
œuvre de plans d’actions bas carbone et résilient est tout à fait
envisageable et probable.
77
multi-latérales, les réseaux de collectivités (CGLU, ICLEI, C40) et
quelques acteurs privés pourrait jouer un rôle de plateforme pour
faciliter l’émergence de tels projets en apportant la connaissance et
le réseau nécessaire. Ils réalisent en ce moment un état des lieux
des projets en cours. Ils commencent à construire des références
sur le lien entre climat et développement, et à réunir les
informations sur le financement pour accompagner l’émergence et
la conduite de projets de territoires. Dans ce réseau, seuls les
banques publiques AFD et la Caisse Andine de Financement (qui
intervient sur toute l’Amérique Latine) interviennent en direct
dans le financement des collectivités, l’agence de coopération
japonaise (JICA) a un programme urbain mais sans financement
direct vers les collectivités ainsi que la Banque Mondiale par
exemple. A terme (et particulièrement si le FVC est suffisamment
doté) les membres de ce réseau pourraient amplifier leurs
programmes nationaux ou régionaux, pour soutenir l’adaptation et
l’atténuation des territoires, avec des volets collectivités.
78
programme en direction leurs collectivités, et que le cadre
règlementaire de l’Etat soit compatible avec cette hypothèse. Cela
pourrait être le cas au Sénégal, au Pérou, en Namibie, au Rwanda,
en Inde, qui ont des structures publique accréditées. La
mobilisation de ces organismes nationaux permettrait de garantir
une cohérence nationale d’actions et de mobiliser un grand nombre
de collectivités de ces pays.
79
collectivités portés par des organismes accrédités peuvent exister
sans qu’il y ait une démarche-qualité portée par un réseau
international de collectivités, mais dans ce cas ils se priveraient de
la mobilisation d’expertise et d’énergies de terrain, fort utiles à la
réussite de ce type de programme.
80
c) Un programme collectivités du Fonds Vert pour le Climat
81
82
Ressources en ingénierie à mobiliser
Sensibilisation, ingénierie en développement territorial soutenable
(particulièrement compatible climat), ingénierie technique,
juridique et financière, suivi-évaluation.
Avantages et inconvénients
Le FVC a mis en place deux procédures d’accréditation :
– un accès direct, pour des institutions régionales, nationales et
infra-nationales, qui est subordonné à une non objection de leur
point focal ou de leur Autorité Nationale Désignée (NDA). 129
Etats ont aujourd’hui un NDA ou un point focal. Le Fonds Vert
pour le Climat a recruté un fournisseur de service qui accompagne
les entités dans leur processus d’accréditation ;
– un accès international pour les banques ou agences multi et bi-
latérales, avec une procédure accélérée pour les entités déjà
accréditées par le GEF, le Fonds d’Adaptation, et EU Devco. Les
frais d’accréditation sont minimes au regard des budgets
mobilisables (entre 500 et 7000 US).
83
comme bénéficiaire direct ni comme bénéficiaire final d’un projet
porté par une entité accréditée. En revanche, il pense qu’il sera très
difficile d’avoir un consensus pour créer une voie d’accès direct
pour les collectivités au travers d’un programme spécial. Dans la
mesure où dans une majorité des pays du Sud les mesures
nationales en faveur de la décentralisation et/ou de l’autonomie
financière des collectivités restent balbutiantes, les Etats n’y
semblent pas a priori majoritairement favorables. Enfin, même si
c’était le cas les critères d’accréditation semblent hors de portée de
nombreuses collectivités territoriales (standard fiduciaire,
environnementaux et sociaux) voire même des Etats les plus
fragiles, réduisant de fait l’intérêt d’une telle démarche. Un
organisme accrédité pourrait assurer l’intermédiation mais ne
pourrait pas déléguer la mise en oeuvre.
84
donc assez irréaliste d’imaginer qu’une voie d’accès directe au
FVC, si elle existait, permettrait de mobiliser largement les
autorités locales.
En revanche il pourrait être intéressant que le FVC expérimente en
direct le soutien à l’émergence de plans d’action de collectivités,
avec les Etats volontaires, et participe activement à la
mutualisation de ces expériences, pour pouvoir définir au mieux
un cadre d’interventions pour des programmes autorités locales qui
pourraient être portés par des organismes accrédités.
85
d) Une banque de développement des collectivités
Une première étape pour aller dans cette direction pourrait être la
création d’un fonds mutuel de garantie des emprunts, qui pourrait
être utilisé par les collectivités ayant bénéficié d’un
accompagnement méthodologique et d’une aide à l’ingénierie
(option 1 et 2). La garantie pourrait être subsidiaire, c'est-à-dire ne
porter que sur une partie des crédits octroyés, le reste du risque
étant pris par la Banque et par l’emprunteur s’il dispose de
garantie propre (patrimoine immobilier par exemple). Ou elle
pourrait être subsidiaire complémentaire. Dans ce cas le crédit est
remboursé en amortissement de capital et la garantie ne vaut que
tant que le niveau du prêt amorti est supérieur au capital de
l’emprunteur servant de garantie. Le fonds de garantie pourrait
également se porter caution solidaire : en cas de retard de paiement
de l’emprunteur la banque a le droit d’exiger un remboursement
total du crédit par le garant.
86
deux cas sa gouvernance devrait reposer sur les collectivités les
plus en pointe sur cette démarche et leurs réseaux internationaux.
Origines et modalités de financement
Le capital de départ du fonds de garantie mutuel proviendrait de
contributions de collectivités des pays développés. Si cette option
est portée par une banque de développement accréditée, elle
pourrait monter un programme auprès du FVC qui abonderait le
fonds de garantie. Au fur et à mesure de son développement, les
collectivités emprunteuses pourraient contribuer à ce fonds en
versant des commissions sur les sommes empruntées, ce qui
augmenterait la capacité collective de levée d’emprunt.
Avantages et inconvénients
87
la France, peut financer la Banque Mondiale à hauteur de plusieurs
centaines de millions d’euros, parce qu’elle est un « grand pays »
et peut ainsi participer au board, tout en continuant à pratiquer de
manière prédominante une aide bilatérale (ou via l’Union
européenne), autant des collectivités aux moyens limités seraient
contraintes de réduire fortement leurs budgets de coopération
bilatérale si elles devaient abonder un fonds vert collectif. Au-delà,
il faut bien être conscient du fait qu’un fond autonome
s’accompagne de coûts de structure considérables, qui supposent
donc, pour être amortis, de développer une activité significative,
qui irait sans doute au-delà des fonds que les collectivités seraient
prêtes à mettre en commun.
88
décentralisées, il est possible de dépasser les difficultés identifiées
plus haut. En revanche s’il n’est pas adossé à une banque de
développement il devra être créé par les collectivités en
coopération décentralisée ce qui peut représenter un coût
important, peut être difficilement amortissable.
Un fonds de garantie mutuel permettra à des collectivités de taille
moyenne ou importante de pays comme le Brésil, l’Argentine ou
la Chine d’accéder plus facilement à des prêts bancaires. De
manière générale cela dirigera du crédit vers des collectivités
n’ayant pas accès aux financements bancaires et augmentera le
volume des prêts aux collectivités des pays en développement et
donc leur capacité d’investissement. En revanche ce sera sans
doute moins adapté à des collectivités de pays comme Haïti ou le
Mali, qui se financent peu voire pas par emprunt bancaire, mais
l’existence de ce fonds peut à terme les accompagner vers ces
nouvelles formes de financement du développement. De plus cela
permettra aux banques prêteuses de mieux apprécier les risques
inhérents aux collectivités locales des pays en développement. Et
enfin, un fonds de garantie a un effet de levier qui peut être
important.
89
En revanche, la faisabilité d’un tel outil repose sur la volonté d’une
banque de développement de créer un tel outil, et il ne sera utile
qu’aux collectivités locales ayant la capacité d’emprunter en
direct. Pierre Forestier, de l’AFD juge cette idée de fonds de
garantie mutuel porté par une banque de développement séduisante
sur le principe et estime qu’elle mériterait une véritable étude de
marché permettant de vérifier s’il y a vraiment un marché et un
besoin pour un tel rehaussement de crédit des collectivités locales
et pour lesquelles. Il partage l’idée que cela risque de servir
d’abord les villes qui n’ont pas de grandes difficultés d’accès au
marché, la garantie apporté par un fonds n’étant que rarement
voire jamais le déclencheur du crédit). Il conviendrait aussi de
préciser la structuration, les modalités, les types de projets
finançables, la taille pour un tel fonds et les ressources. Sur ce
dernier point il estime que les villes donatrices ne prêteront
certainement pas leur bilan pour se faire et devront donc mettre au
pot de ce fonds mutuel avec des effets de levier qui seront d’autant
moins important que la cible sera les villes qui ont de véritables
problèmes d’accès au crédit. Par ailleurs, une banque de
développement peut certainement jouer un rôle dans la
structuration d’un tel fonds mais il est probable que celui-ci doive
disposer des moyens et de la structure autonome nécessaire pour
assumer son propre risque. Au final, il lui semble donc
extrêmement difficile de juger à ce stade si une telle idée vaut la
peine d’être poursuivie. Par ailleurs, il lui semble prioritaire
d’orienter les investissements vers des investissements permettant
des changements vers des modèles de développement urbain plus
sobre en carbone et résilient aux effets du changement climatique.
Il rappelle que l’AFD milite pour une voie qui viserait d’une part
90
l’accompagnement des villes dans leur stratégie bas carbone et
résiliente et d’autre part le renforcement des capacités des
financeurs locaux et nationaux des collectivités locales qui nous
apparaissent être les plus à même, avec le soutien des financeurs
internationaux, à prendre et évaluer le risque sur de telles
opérations et à devenir un partenaire de long terme des villes.
91
Synthèse et recommandations
Tableau de synthèse
92
Une banque de Complémentaire des La capacité de garantie
développement des options a) et b) d’emprunt sera limitée si ce
collectivités : créer un fonds n’est pas adossé à une
Effet levier
fonds de garantie banque de développement
mutuel Renforce les liens de accréditée au FVC
solidarité entre collectivités
Une étude de marché et de
faisabilité d’un fonds de
grantie est nécessaire
93
Recommandations :
94
5. Les dépenses relatives à l’adaptation et à l’atténuation, en
investissement et en fonctionnement peuvent être financées par
des emprunts dans la mesure où elles génèrent une
augmentation (directement ou indirectement) des recettes
supplémentaires pour les collectivités emprunteuses. Dans le
cas contraire c’est le don qui doit être privilégié ;
6. Dans tous les cas l’ingénierie financière doit permettre le
renforcement de la capacité fiscale des collectivités locales des
pays du sud, ainsi que leurs capacités à maîtrise d’ouvrage et à
gérer des services publics locaux. Cela implique un
accompagnement pendant la mise en oeuvre du plan énergie-
climat de la collectivité ;
7. Il faut permettre aux autorités locales d’avoir accès au FVC.
Une voie directe accessible à toutes les collectivités est pour le
moment politiquement et techniquement impossible. Il est plus
réaliste de privilégier des voies d’accès avec des intermédiaires
internationaux, régionaux ou nationaux accrédités par le FVC.
Dans ce cas le FVC devrait ouvrir une fenêtre collectivités
locales, accessibles aux organisations accréditées, et garantir la
cohérence des interventions et la couverture internationale;
8. Pour faciliter l’accès au financement bancaire, un fonds de
garantie mutuel pourrait être créé par les collectivités les plus
solidaires. Adossé à une banque de développement, ce pourrait
être un outil relativement simple à mettre en place, qui
renforcerait les liens de solidarité entre les collectivités
impliquées et aurait un bon effet levier. Une étude de marché
est nécessaire ;
9. Ce programme pourrait préfigurer une véritable banque verte
des collectivités, dont la gouvernance pourrait reposer sur les
95
collectivités, et qui seraient dotée de compétences en ingénierie
climat et finance, d’un fonds de garantie et d’une capacité de
prêt suffisamment importante pour devenir un acteur reconnu
du financement des collectivités.
10. La mise en œuvre de ces programme devrait être associée à un
conséquent effort de recherche, qui permettra d’identifier les
bonnes pratiques et les évolutions des cadres législatifs et
règlementaires nationaux qu’il serait nécessaire de conduire,
pour renforcer la capacité des autorités locales à faire face au
dérèglement climatique.
11. Les collectivités locales françaises pourraient être encouragées
à s’engager dans des opérations de coopération décentralisée
portant sur la réalisation de plans énergie-climat et à abonder le
fonds de garantie par un programme du MAE ou de l’AFD Les
Régions pourraient mobiliser une partie de leur fiscalité directe
reposant sur la consommation d’énergie (TICPE) pour financer
ces actions. Les élections régionales de décembre 2015
pourraient être l’occasion de mettre en débat ces propositions.
96
Bibliographie
97
Dantec Ronan et Delebarre Michel, 2013, Les collectivités
territoriales dans la perspective de Paris 2015 : de l’acteur local au
facilitateur global, Rapport d’Orientation auprès de la Direction
Générale de la Mondialisation, du développement et du partenariat
du Ministère des Affaires Etrangères, 78 p.
98
IPCC, 2012, Gestion des risques de catastrophes et de phénomènes
extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement
climatique, résumé à l’intention des décideurs, 32 p.
99
Lexique :
100
Annexe 1 : Liste des personnes interrogées et consultées
101
Patricia Toelen, responsable du service Services essentiels et
ressources naturelles, Groupe de Recherche et d’Echanges
Technologiques
102
Annexe 2 : Etude de cas : l’Amérique latine
1
« Not in My BackYard », c'est-à-dire « pas dans mon jardin »
103
plus, plusieurs Etats se sont engagés sur des réductions
d’émission : le Brésil, le Chili, le Mexique. Au-delà de
l’amélioration d’image que cela procure sur la scène
internationale, cela permet aussi de façon très pragmatique d’avoir
accès aux financements climat, en particulier REDD+ pour
l’Amazonie. Cependant cette approche a ses limites : l’Equateur a
abandonné le projet Yasuni, n’ayant réuni que 13 millions sur les
3,6 milliards demandés. A contrario, le Costa Rica a mis en place
dès les années 90 une politique de paiement pour services
environnementaux, proche du dispositif REDD, financé par des
taxes locales, qui a permis de bien préserver la couverture
forestière du pays. Parallèlement c’est aussi en Amérique latine
que se sont développés les discours critiques sur l’approche
ONUsienne du climat, en particulier avec la question de la « dette
environnementale » des pays riches, qui compenserait la dette
monétaire des pays pauvres. Cependant c’est la notion de
croissance verte et inclusive qui est majoritairement portée par les
Etats latino-américains dans les enceintes internationales.
Les conséquences du dérèglement climatique se font déjà sentir
dans le sous-continent, avec la fonte des glaciers tropicaux andins
qui finalement diminue les quantités d’eau disponibles pour
l’agriculture. La modification du régime des précipitations a
facilité l’expansion du soja mais aussi développé les inondations.
La diminution prévue des précipitations sur l’Amazonie pourrait
avoir des conséquences similaires plus au sud, car les flux
d’humidité de cette région circulent vers le sud. Les tempêtes
tropicales et les ouragans pourraient être plus fréquents et plus
violents, ce qui augmentera la vulnérabilité des îles et des zones
littorales aux inondations.
104
Depuis les années 90, avec le sommet de la Terre à Rio, en 1992,
le champ social et politique a commencé à intégrer la dimension
environnementale. La déforestation en Amazonie, la qualité de
l’eau à proximité des sites industriels, mais aussi le changement
climatique. Traditionnellement, en Amérique latine, la société se
soucie peu de durabilité à long terme, et cherche à mettre en valeur
le plus rapidement possible les ressources disponibles, sur fonds
d’inégalités sociales fortes. La disponibilité d’espaces permet de
contourner des questions sociales ou environnementales.
Coïncidant avec les transitions démocratiques, l’arrivée de la
question environnementale a eu un poids politique important, mais
aujourd’hui, les gauches au pouvoir en Amérique Latine ont une
vision productiviste du développement. Enfin, la question
environnementale revêt en Amérique latine une dimension
internationale. De nombreuses ONG internationales y sont
impliquées, une gouvernance continentale des questions
environnementales y est en construction, en particulier pour
préserver les milieux relevant de plusieurs Etats (Andes,
Amazonie, Cerrados...).
105
gouvernements locaux représentent environ la moitié de celles de
l’Etat central en Argentine et du Brésil, alors qu’elles ne
représentent que 5 % dans les petits Etats d’Amérique centrale.
106
107