PAROLE (Introduction)
PAROLE (Introduction)
PAROLE (Introduction)
Une introduction .
pas le cas de ce que consigne une des plus anciennes maximes mettant
principe qui pose que le réel est contradictoire , et qui ouvre ainsi à
entre le bien et le mal , ce n'est pas par nature , mais par destination .
tantôt l'indice d'un désir de nuire , ou une aide pour voir les choses
croyance que j'ai bien fait ce qu'il fallait faire . Or se déprendre d'une
d'abord se soumettre à ce que l'on dit, mais avant tout s'engager dans
Il nous est donc déjà possible de relier entre elles les idées
si le savoir que nous avons sur la parole avait pour principe la prise
parole » vaut ainsi comme la prise en compte du fait que les idées ne
du lien social , une parole , quelle qu'en soit la nature , qui semble
une sorte d'entropie peut-être inévitable qui fait que soit une parole
originale disparaît, soit elle est reprise selon des modalités qui défont
son originalité . D'où il suit que toute parole est précaire, de sorte que
nous tenons ainsi un premier acquis dont nous n'avons pas fini de
essence de la parole réside dans les mots (le vocable « verba » dans la
citation) et non pas, par exemple , dans le fait de les choisir et de les
apparaît du reste dès son plus simple usage , qui est de nous procurer
chose signifiée , alors on doit reconnaître que tout symbole est abstrait.
résolus que les philosophes, sans doute parce qu'ils ne font œuvre que
Autrement dit : remplacer une chose par son nom risque de ne rien
dernier ?
représentation que le vocable est censé toujours évoquer. Ils faut donc
que la dynamique du « souci de soi » ainsi impliqué est celle qui fait
passer de la parole entravée , qui n'en est alors plus tout à fait une , à
soin . De même , pour autant que la parole est le seul moyen mis en
dans une telle expérience , pour pouvoir examiner ensuite ce que son
publié :
domaine de la parole . »
S’il n’y a donc rien avant la parole , et si par conséquent elle est
pas savoir ce qu'il dit. Le saurait-il qu'on aurait alors affaire à une
Nous tenons ainsi sans doute une perspective centrale sur la parole
le fait qu'on peut d'abord nous l'avoir donnée ne change pas son
engage le sujet dans son acte , et l'énoncé , qui pourra être diversement
parole , parce qu'elle est initiative , sépare d'abord ce qui est dit de
elle pas être plutôt de ne poser aucune pluralité des voix? Cependant,
si ce n'est pas une voix qui s'exprime dans une parole , de quoi s'agit-
il alors ?
alors nécessaire : ce qui est en cause dans toute parole est le corps du
voit par là quelle doit être sans doute la raison principale du recours
mais de répéter des propos courants pour vérifier que l'autre homme
jamais s'accorder. »
Mais que veut dire au juste le poète en opposant pour l’occasion les
qui est à comprendre reste le même pour tous, ce qui fait accord
Nous tenons donc un acquis robuste avec l'idée que la parole est
cet usage du langage dans lequel nous devons, tôt ou tard , prendre
d'une science nouvelle , que les linguistes savaient pourtant bien que
les langues changent par des actes de parole , dès lors du moins que
qu'il fondait. Car il a décidé avec sagacité que seule la langue , et ses
peut pas être une science naturelle , mais nécessairement une science
sociale . Sur une base aussi sûre , on peut alors comprendre pourquoi
langage .
corps social réagit alors dans ce cas par des pratiques résolues de
n'en est alors plus vraiment une . D'où il suit que toute parole est un
partage des voix. Corollaire notable ici : les critiques deviennent alors
des passeurs, qui peuvent vouloir montrer l'intérêt des paroles qui ne
du développement immanent… ? »
elle est inouïe , et sera bientôt repoussée vers le non-sens ; soit elle
excentricité .
C'est donc l'existence même d'une parole véritable qui est remise
en jeu par l'analyse qui rabat exclusivement cet acte de langage sur
tel langage . S'il peut être institué , en tout cas il ne peut être partagé ,
car son caractère commun devra impliquer un moment de
apportée par comparaison avec ce qu'on s'ait déjà. Les deux devront
commence ainsi :
vérité , ROUSSEAU doit croire que tout ce qui se fait en société , et qui
l'avoir dit.
dans lequel c'est une pensée impersonnelle qui assure au sujet pensant
GF livre IV, page 289). Nous arrivons ainsi devant une difficulté si
radicale qu'il n'est pas sûr que tout ce volume suffise à en faire
second Discours… : Édition Pléiade tome second page 126) est aussi le
fournit une appropriation plus entière que l'écriture , mais elle reste
Roland FAVIER
Du 1 au 3 mars 2016