Les Risques Alimentaires Dorigine Biolog
Les Risques Alimentaires Dorigine Biolog
Les Risques Alimentaires Dorigine Biolog
N° 12
Octobre 2002
et la présidence d’honneur de
Monsieur Christian PONCELET
Président du Sénat
Journée scientifique sur :
Comité d’organisation :
Pierre Larvor, Président du Groupe de Concertation, Académie Vétérinaire de France.
Pol Danhiez, Secrétaire Général du Groupe de Concertation, Académie Nationale de Chirurgie Dentaire.
Alain Rérat, Coordinateur scientifique de la journée, Académie Vétérinaire de France, Académie Nationale
d’Agriculture, Académie Nationale de Médecine.
Charles Bérénholc, Délégué du Groupe de Concertation, Académie Nationale de Chirurgie Dentaire
Roland Rosset, Délégué du Groupe de Concertation, Académie Vétérinaire de France, Académie Nationale de
Médecine.
Claude Bohuon, Président de l’Académie Nationale de Pharmacie.
François Bourillet, Secrétaire Général de l’Académie Nationale de Pharmacie.
Claude Dreux, Académie Nationale de Pharmacie, Académie Nationale de Médecine, ancien président du GCASVS.
Jean Flahaut, Académie nationale de Pharmacie.
Michel Guillain, Président de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire.
Michel Lapras, Vice-Président de l’Académie Vétérinaire de France.
Louis Verchère, Secrétaire Général de l’Académie de Chirurgie Dentaire.
117
LISTE DES AUTEURS
Coordinateur :
118
Cécile Lahellec.................................................. AFSSA Maisons-Alfort
27-31 Avenue du Général Leclerc
B.P. 19
94701 Maisons-Alfort cedex
119
SOMMAIRE
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AVANT-PROPOS
Jean-Paul Laplace
Président de l’Institut Français pour la Nutrition
L’Institut Français pour la Nutrition (IFN) est particulièrement heureux d’offrir ce nouveau
"Dossier scientifique" à la lecture attentive de tous les acteurs de la chaîne alimentaire utilisateurs
réguliers de ses publications, et à la curiosité intellectuelle de nombreux autres lecteurs en quête de
savoir et d’objectivité.
L’honnêteté impose d’informer d’emblée le lecteur du fait que l’IFN n’a aucun mérite dans
l’élaboration des chapitres qui composent ce dossier, ni même dans la construction du programme
scientifique du colloque organisé le 21 octobre 2002, sur le thème "Les risques alimentaires
d’origine biologique : Mythes et réalités" par le Groupe de concertation entre les Académies des
sciences de la vie et de la santé.
L’IFN exerce d’ordinaire son activité dans le champ de l’aliment et de l’alimentation, selon
une approche relevant des sciences de la nutrition. Bien évidemment nul ne saurait s’intéresser aux
aliments en ignorant les questions que pose leur salubrité. Mais plus que cet intérêt naturel, nous
avons souhaité donner un écho particulier à ce colloque sur la sécurité biologique des aliments,
auprès des professionnels de l’alimentation et des professions relais qui nous lisent habituellement,
pour plusieurs raisons.
121
La troisième procède de notre volonté de faire reculer les idées fausses et les approximations
de nature à induire en erreur. Aussi toute démarche qui tend à rapprocher le risque perçu (fortement
surestimé par les consommateurs) du risque réel (en très forte décroissance depuis plusieurs
années), mérite d’être répandue. Confronter les mythes, toujours tenaces, aux réalités, non moins
obstinées, ne peut qu’être salutaire.
Lorsque la réalisation d’un Dossier scientifique IFN a été envisagée, nous avons été
particulièrement sensible à la proposition formulée par le coordonnateur scientifique du colloque, le
Docteur Alain Rérat, auquel fut décerné le Prix de la Recherche de l’IFN en 1988, et qui a fait
bénéficier l’IFN de sa participation active à nos différentes instances durant de nombreuses années.
Nous souhaitons lui exprimer ici très chaleureusement nos plus sincères remerciements pour
l’estime ainsi témoignée à l’IFN.
Qu’il nous soit enfin permis de remercier les Académies des sciences de la vie et de la santé et
leur représentant, le Docteur Pierre Larvor, Président du Groupe de concertation, pour l’honneur et
la confiance témoignés à l’IFN en l’autorisant à publier ce dossier consacré aux risques alimentaires
d’origine biologique.
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ALLOCUTION DE BIENVENUE
Pierre Larvor
Président du Groupe de Concertation entre Académies des Sciences de la Vie et de la Santé
Au cours des dernières années, les Académies concernées par les sciences de la vie et de la
santé n’ont pas toujours occupé la place qui devrait leur revenir de par leurs statuts dans les grands
débats qui agitent l’opinion en matière de santé publique et d’environnement. Cette discrétion a
plusieurs causes, la principale étant que très souvent aucune d’entre elles ne maîtrise totalement
tous les éléments d’un problème. Prenons l’exemple des relations entre l’Encéphalopathie
Spongiforme Bovine et la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob : les compétences
nécessaires impliquent au plan théorique les méthodes les plus avancées de la biologie moléculaire,
de la virologie, de la pathologie expérimentale, comparée et humaine, de l’épidémiologie, et sur un
plan plus pratique une connaissance précise de la filière de production bovine (technique et
économie), de la nutrition, de la traçabilité des aliments tant de l’homme que du bétail, de la
distribution, sans même parler de l’aspect sociologique de l’épidémie. Les grandes questions
scientifiques, dès lors qu’elles ont une incidence sur la société, sont nécessairement
multidisciplinaires et doivent être traitées de façon synthétique, sous peine de parvenir à des
conclusions qui ne reflèteraient qu’un point de vue partiel.
Ce Groupe de Concertation entre Académies des Sciences de la Vie et de la Santé vient, après
quelques années d’existence informelle, de prendre une nouvelle dimension par la signature d’une
convention entre trois d’entre elles, convention toujours ouverte aux Académies qui voudraient s’y
joindre.
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La réunion que j’ai l’honneur d’introduire ici, et qui va vous être présentée par son
coordinateur scientifique, Alain Rérat, est la deuxième d’une série que j’espère longue, et dont la
première fut la journée du 26 avril 2000, intitulée État actuel des connaissances sur les
‘Organismes Génétiquement Modifiés’ (publiée par les Comptes Rendus de l’Académie
d’Agriculture de France, vol 86, N°6, 2000). La haute tenue scientifique de cette publication,
toujours valable aujourd’hui, a marqué d’emblée le style dans lequel s’inscrit l’action du Groupe de
Concertation, c’est à dire que, dès lors que l’analyse multidisciplinaire d’un problème permet une
conclusion scientifique nette, même lorsque les sujets sont au centre d’une controverse
émotionnelle, notre position d’indépendance vis à vis des groupes de pression nous permet de dire
en toute sérénité ce qu’il en est de l’incidence probable au niveau de la santé publique.
C’est dans cet esprit que notre action future va se développer, et le colloque d’aujourd’hui
doit en être la confirmation.
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INTRODUCTION :
POURQUOI CE COLLOQUE ?
Alain Rérat
Directeur de recherches émérite à l'INRA
Organisateur scientifique du colloque
Depuis quelques années s’est enflée une rumeur assourdissante selon laquelle l’alimentation
de l’homme moderne serait une source de dangers considérables, globalisés sous la dénomination
péjorative de "malbouffe". Ainsi, selon le sondage réalisé en 2001 par le CREDOC, ce néologisme
barbare paraît convaincre 70 % des Français, qui croient à une détérioration profonde de la qualité
de notre alimentation au cours des dernières décennies. Cette montée de pessimisme alimentaire
peut être associée au retentissement médiatique donné à diverses intoxications alimentaires résultant
d’altérations épisodiques de la qualité hygiénique dans la filière agroalimentaire.
On doit d’abord citer l’émergence, dans les années 80, et le développement cataclysmique en
Grande-Bretagne de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), toxi-infection alimentaire
contractée par les bovins à partir de farines animales insuffisamment chauffées et la mise en
évidence de la transmission de son agent (le prion) à l’homme chez lequel il fait apparaître une
neuropathie mortelle à incubation très longue -le nouveau variant de la maladie de Creutzfeld-Jakob
(nvMJC)-. Ce variant humain de l’ESB présente un caractère terriblement dramatique puisqu’elle
est incurable et on n’est jamais parvenu à identifier les conditions initiales de chaque contamination
individuelle. Il faut cependant souligner la portée réduite de cet événement en épidémiologie
humaine puisque, depuis son identification en 1996, 126 cas "seulement" (déjà beaucoup trop !) ont
été enregistrés en Grande-Bretagne, et six cas en France, cette différence étant liée à l’infestation
massive du troupeau bovin britannique (plus de 180 000 cas depuis l’origine, avec un maximum de
37 000 dans l’année 1993, et, actuellement, une persistance à niveau beaucoup moins élevé) et une
incidence beaucoup plus faible (environ 600 cas pour la même période) dans le troupeau français. Il
faut en outre souligner que, ni la viande rouge, ni le lait, ne se sont jamais révélés contaminants et
que toutes les sources de contamination potentielles ont été totalement supprimées dans la filière
alimentaire.
Une deuxième source d’inquiétude concerne les toxi-infections d’origine microbienne, liées à
la présence, dans les aliments, de microorganismes pathogènes dont le développement est favorisé
par les fautes commises au cours des diverses étapes entre la production, la conservation et la
distribution. Si l’une d’entre elles, la listériose, bien que n’affectant en France qu’un nombre réduit
de patients (200 à 250 par an) est spectaculaire en raison d’un taux élevé (25 % en moyenne) de
mortalité, la plupart d’entre elles, les toxi-infections alimentaires collectives (majoritairement dues
à des Salmonella) ne présentent pas de caractère de gravité en touchant cependant un plus grand
125
nombre de patients (en 1997 : 7800 patients dénombrés dans 478 foyers, avec une mortalité de
0,06 %).
126
Enfin, un des autres soucis de l’hygiéniste concerne les intoxications par les résidus des
polluants chimiques de l’environnement, ceux des facteurs de production utilisés en agriculture ou
en élevage (phytosanitaires, médicaments…), voire ceux de produits introduits frauduleusement
dans la filière alimentaire.
Pourtant, la situation alimentaire générale est, en réalité, toute autre que celle caricaturée par
ce slogan malveillant de "malbouffe" fondé sur des épisodes accidentels à fréquence espacée et
d’incidence faible dans la population. Si l’alimentation de l’homme -un des éléments principaux de
son milieu, dont dépend son état de santé et sa longévité- était aussi nocive que certains esprits
chagrins l’affirment, comment se fait-il que l’espérance de vie soit passée, en France, de 55 ans en
1935 à 74 ans en 1996 chez l’homme (les chiffres correspondants étant 61 ans en 1935 et 82 ans en
1996 chez les faibles femmes !) soit une augmentation de 19 ans pour les hommes et 21 ans pour les
femmes, soit encore trois mois par an en moyenne ? S’il est vrai que cette progression tend à
ralentir au cours de la dernière décennie, elle est encore actuellement de deux mois par an en
moyenne. Apparemment, notre alimentation, facteur journalier de notre environnement, est
compatible avec un développement harmonieux de notre cycle vital.
Même si cet argument montre l’innocuité de l’alimentation, ou mieux son "innocence", dans
les méfaits qu’on lui impute, il paraît raisonnable d’analyser les accusations et de fournir des
informations scientifiques chiffrées, prouvant ou non leur bien-fondé. Certes, on connaît
l’importance relative de la mortalité due à l’alimentation en France à partir de données synthétiques
collectées au cours des années récentes (Michel, Péquignot et Jougla, 1998 ; Tableau 1). C’est ainsi
qu’en 1995, sur les 532.000 décès enregistrés dans notre pays, on en dénombrait 647 pouvant être
liés à une consommation accidentelle d’aliments toxiques et contaminés, soit un taux de 0,12 %, ce
qui était à opposer au taux très élevé de pathologies liées à l’imprégnation éthylique (23513 décès,
soit 4,5 %). La mortalité due à la maladie de Creutzfeld-Jakob a bien sûr été soustraite du chiffre
total fourni par les auteurs puisque l’on sait actuellement que, à part les 6 cas du nouveau variant de
cette maladie identifiés en France depuis 1996, cette pathologie n’est pas d’origine alimentaire.
En toute occurrence, ces données sont fort intéressantes puisqu’elles démontrent clairement
que l’alimentation de l’homme moderne en France n’est actuellement pas dangereuse en termes de
mortalité. Cependant, pour que l’information scientifique soit complète, il faut préciser de quel taux
de morbidité s’accompagne cette faible mortalité, et surtout l’évolution des données tant de
morbidité que de mortalité au cours des dernières décennies. Il faut souligner au passage que ces
données analytiques, provenant des statistiques du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, ne
peuvent pas recouper, de façon mathématique, les données globales rapportées dans le tableau 1, car
elles sont appuyées sur des définitions pathologiques et des sources différentes et on ne peut
qu’enregistrer des tendances générales. Sur ce point, l’évolution des pathologies est très intéressante
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à considérer. On sait ainsi que certaines pathologies pouvant trouver leur origine dans la
consommation alimentaire ont très sensiblement régressé (tuberculose, brucellose), voire disparu
(poliomyélite, grâce au vaccin) au cours des cinquante dernières années. L’incidence annuelle de la
typhoïde est passée de plus de 50 cas pour 100 000 habitants en 1949 à 0,13 pour 100 000 sur la
décennie 87-97. Les toxi-infections alimentaires collectives frappent certes environ 8000 patients
chaque année, mais la mortalité qu’elles provoquent est faible (0,06 %) et leur incidence, qui s’était
accrue de 70 % entre 1995 et 1998 s’est stabilisée au cours du dernier lustre. L’incidence de la
listériose, qui variait entre 11 et 14 cas par million d’habitants au cours des années 1986-1990 se
situe actuellement aux environs de 4 cas par million d’habitants. On s’aperçoit par ces quelques
exemples que les dangers que le consommateur est persuadé de courir par l’intermédiaire de son
alimentation sont surévalués et ont généralement fortement décru au fil du temps.
Causes de décès
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Et ce sera le but de ce colloque que de recadrer certains aspects de la salubrité alimentaire en
diffusant l’information scientifique sur les risques éventuels que comporte la présence de
contaminants alimentaires pour la morbidité et la mortalité en France, sur l’évolution positive ou
négative de l’incidence de celles-ci au cours des dernières décennies et sur les conditions de
l’infestation, de telle façon que le consommateur ait une idée précise de ce qui pourrait lui arriver et
en prévenir les conséquences. Pour une question de temps, nous avons choisi de ne traiter, dans ce
colloque, que les contaminants biologiques (prion, microorganismes pathogènes, virus, parasites,
mycotoxines, biotoxines), en laissant toutefois de côté certains toxiques à faible dangerosité
présents dans les végétaux - tels que les anti-enzymes (antiprotéases, anticarbohydrases), les
substances anti-minérales (phytates, acide oxalique), les anti-vitamines ((anti-vitamine C), les
tannins et alcaloïdes (solanine de la pomme de terre, réglisse) - ainsi que les toxines, plus agressives
présentes dans les champignons vénéneux, responsables annuellement d’environ 300 intoxications,
parfois graves (40 % d’hospitalisations) et parfois de décès. Les problèmes posés par ces substances
et les moyens utilisés pour les neutraliser seront analysés dans un colloque ultérieur, en même
temps que les risques allergiques - générés par l’hypersensibilité de certains individus vis-à-vis des
protéines contenues dans certains aliments, comme l’œuf ou l’arachide chez les enfants, ou certains
fruits (kiwi, banane) chez les adultes -, en même temps surtout que les contaminants chimiques
provenant du sol (métaux lourds), de l’activité de biosynthèse des microorganismes (antibiotiques),
de molécules de synthèse utilisées chez le végétal ou l’animal en tant que facteurs de production
(produits phytosanitaires, médicaments vétérinaires, additifs alimentaires) ou de polluants de
l’environnement (dioxine). Cette longue énumération ne doit pas occulter l’incidence faible de ces
risques chimiques dont chacun connaît sa parade.
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Je voudrais maintenant exprimer ma chaleureuse reconnaissance à tous les rapporteurs qui ont
répondu à nos sollicitations et se sont pliés aux exigences de la publication en fournissant
rapidement des contributions bien documentées. Mes remerciements très vifs vont également aux
brillantes personnalités qui ont bien voulu accepter de présider les diverses sessions de ce colloque :
Ambroise Martin, Pr à la Faculté de Médecine Grange-Blanche à Lyon et Directeur de l’évaluation
des risques nutritionnels et sanitaires à l’Afssa ; Léon Le Minor, Pr honoraire à l’Institut Pasteur de
Paris, et spécialiste des entérobactéries ; Gilbert Jolivet, Pr honoraire de parasitologie à l’Ecole
Nationale Vétérinaire d’Alfort, et qui fut Directeur de la Qualité au Ministère de l’Agriculture ; le
Pr Gilles Brucker, Directeur de l’Institut de Veille Sanitaire. C’est grâce à l’ensemble de ces
rapporteurs et de ces modérateurs qu’a pu être organisée cette manifestation dont j’attends un franc
succès.
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DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE :
La sécurité alimentaire est, à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, une priorité qui est
demandée par les consommateurs et qui doit être assurée par les responsables politiques. Il est clair
que pour la plupart des aliments proposés au consommateur européen, cette sécurité existe, mais
rien n’empêche une contamination bactérienne de s’introduire dans une des étapes de la chaîne à un
niveau suffisant pour provoquer une pathologie digestive dont l’importance est fonction du type de
contamination.
Si, au niveau industriel, de nombreuses mesures ont été mises en place pour limiter les risques
d’origine bactérienne, par contre, il existe encore beaucoup d’aléa dans le domaine de la
restauration collective et familiale. Ainsi, si on veut comprendre et essayer de maîtriser le risque, il
convient de connaître le comportement des bactéries d’abord dans les aliments et ensuite dans le
tube digestif.
Sauf cas très particuliers, qui relèvent du domaine médical, les aliments que l’on consomme
sont rarement stériles et n’ont pas besoin de l’être car il s’agit le plus souvent de bactéries non
dangereuses. Cependant, occasionnellement, on peut y trouver des bactéries pathogènes ou
potentiellement pathogènes qui, si elles expriment leur pathogénicité, vont être responsables d’une
pathologie digestive. Ces bactéries qui contaminent les aliments peuvent avoir plusieurs origines
possibles : soit les matières premières, soit les manipulations, soit l’environnement. Une fois
présentes, elles vont se trouver confrontées à un milieu qui ne leur est pas forcément favorable et
vont soit disparaître, soit survivre en quantité limitée, soit proliférer. A ce niveau, et lorsqu'une
bactérie est en cause, le microbiologiste est directement concerné par le diagnostic qui doit lui
apporter des informations à la fois qualitatives (diagnostic taxonomique, présence de facteurs de
virulence) et quantitatives (nombre de bactéries présentes) afin qu’il puisse affirmer la pathogénicité
et la responsabilité du germe en cause. Mais ceci ne représente pas le seul aspect des TIA car au
cours de sa multiplication la bactérie pathogène peut aussi secréter une entérotoxine qui à elle seule
peut être la cause de la pathologie observée (voir plus loin).
131
On connaît assez bien les facteurs qui vont influencer le comportement bactérien dans les
aliments que le microbiologiste doit considérer comme un milieu de culture potentiel. Pour
mémoire il faut citer d’abord la composition générale de ce "milieu", à savoir : la source de carbone
et d’énergie, la présence d’eau, de minéraux, d’acides organiques, d’acides aminés… Puis les
paramètres physico-chimiques tels que le pH, l’activité de l’eau (aw), le potentiel d’oxydoréduction,
la présence d’oxygène ou d’autres gaz, la température. Enfin l’existence, spécifique à l’aliment
considéré, de substances interférant avec le développement bactérien soit en positif (facteur de
croissance) soit en négatif (inhibiteur de croissance). Ceci a permis le développement de ce que l’on
appelle la microbiologie prévisionnelle qui a pour objectif de modéliser le comportement des
microorganismes dans les aliments. A ma connaissance, un logiciel d’aide à la décision est en cours
d’installation chez les industriels (SymPrevius) dans ce domaine.
Le second niveau correspond au comportement, dans le tube digestif, des bactéries présentes
dans l’aliment. Il s’agit d’un écosystème complexe qui, dans le cas qui nous intéresse, va présenter
une série de barrières face à l’entrée des intrus. Très schématiquement, on distingue quatre barrières
importantes. Il y a d’abord le pH gastrique qui est à l’origine de la destruction de nombreuses
bactéries exogènes mais qui dans le cas des aliments se trouvent souvent protégées par le pouvoir
tampon des protéines associées. Il y a ensuite les sécrétions intestinales, notamment la sécrétion
biliaire qui est néfaste pour bon nombre de bactéries non adaptées, puis le système de défense
immunitaire (GALT) et pour finir, au niveau du colon, la barrière microbienne représentée par la
flore colique dont le mécanisme n’est pas encore clairement élucidé.
Alors, si la bactérie est capable de proliférer dans l’aliment et de surmonter les barrières de l’hôte,
que va-t-il se passer ?
132
2 - LES DIFFERENTES CATEGORIES DE TOXI-INFECTIONS ALIMENTAIRES
- Infections au cours desquelles les bactéries pénètrent dans les cellules intestinales grâce
à des facteurs de virulence et sont responsables de symptômes tels que nausée, vomissement,
diarrhée et fièvre. Dans de telles circonstances, il peut exister un délai non négligeable entre
l’ingestion de la nourriture contaminée et l’apparition des symptômes par suite du temps nécessaire
pour la bactérie d’atteindre un niveau de population suffisant pour déclencher la maladie (en général
de 1 à 3 jours). C’est l’exemple classique des infections liées au développement de bactéries
appartenant aux genres Salmonella, Shigella, Campylobacter, de certains pathovars d’E.coli et de
l’espèce Yersinia enterocolitica. Dans ce cas, on assistera à une diarrhée, correspondant à un
phénomène invasif, caractérisée par un aspect muco-sanglant et la présence fréquente de leucocytes
dans les selles, caractères qui doivent orienter le diagnostic.
Celles-ci ont en général été élaborées par le microorganisme au cours de son séjour dans
l’aliment dans des conditions favorables à sa survie et surtout à la production de la toxine. La
présence de la bactérie elle-même n’est souvent plus nécessaire car elle ne participe pas au
processus pathogène. C’est ce qui se passe lorsqu'un aliment à risque n’est pas conservé dans des
conditions convenables et qu’il est soumis ensuite à la cuisson. Les bactéries sont bien détruites
(sauf cas particulier des spores) mais les toxines sont en général thermostables aux températures
133
utilisées en cuisine et persistent donc dans l’aliment jusqu’à sa consommation. C’est l’exemple
classique des entérotoxines staphylococciques. Dans ce cas, le délai d’apparition des symptômes est
rapide (entre 1 et 12 heures selon les cas). Là encore l’aspect liquide, non muco-sanglant, est
caractéristique et doit orienter le diagnostic.
- Parmi les bactéries les plus fréquemment en cause dans les TIA on trouve le genre
Salmonella et les espèces Staphylococcus aureus, Campylobacter jejuni, Clostridium perfringens et
Yersinia enterocolitica.
- Moins fréquemment , il faut citer Bacillus cereus, le genre Shigella, différents pathovars de
Escherichia coli, et Vibrio parahaemolyticus
3.2 - Mais si on considère le type d’infection provoquée, ce qui a une incidence non
négligeable sur le diagnostic bactériologique, on peut proposer la classification
suivante :
134
4 - LES ALIMENTS A RISQUE
- Les produits alimentaires à risque sont dans la grande majorité des cas d’origine animale, car
fournisseurs des principales espèces bactériennes en cause telles que Salmonella, Campylobacter,
E.coli (différents pathovars), C. botulinum, Listeria …
- Les matières premières considérées comme à haut risque sont par ordre décroissant : la
volaille, les œufs, la viande rouge, le lait, et les coquillages. Il faut ajouter à cette liste tous les
aliments préparés à partir de ces matières premières et en particulier des œufs et du lait avec
toutefois une exception concernant les produits laitiers fermentés acidifiés.
- Tous ces éléments sont à connaître lorsque le microbiologiste est face à une toxi-infection
alimentaire qu'elle soit collective ou familiale, car il va devoir faire le tri dans toutes les possibilités
qui s’offrent à lui et il va devoir évaluer le risque encouru dans le cadre dose-danger.
- Nous allons maintenant essayer de voir de quoi le microbiologiste dispose pour affiner la
détection de ces bactéries et ce que leur présence signifie dans le cadre dose-danger.
- Ingestion de la toxine purifiée par des volontaires : c’est certainement le critère le plus
convaincant pour savoir si une toxine contribue bien à l’apparition de la pathologie et à quelle dose.
Des expériences de ce type ont été entreprises aux Etats-Unis pour deux entérotoxines
bactériennes : la toxine choléragène (TC) et l’entérotoxine de Clostridium perfringens (ECP).
135
Concernant CT : Il a été montré que l’administration à des volontaires d’une dose de 5 ng de
CT provoquait chez 4 des 5 volontaires une diarrhée liquide d’un volume moyen de 2,5 litres.
L’ingestion d’une dose de 25 µg de cette même toxine chez 2 volontaires était à l’origine d’une
diarrhée liquide particulièrement importante portant sur un volume moyen de 21,9 litres sur une
durée de 93 heures.
Concernant l’ ECP, les résultats ne sont pas aussi significatifs . En effet, les volontaires qui
ont ingéré entre 8 et 12 mg de l’ECP n’ont émis que 2 à 3 selles diarrhéiformes débutant entre 1 et
2,5 heures après l’ingestion et finissant 5 heures après.
- Ingestion de souches isogéniques : Une autre stratégie a été adoptée dans cet objectif. Elle
concerne l’administration à des volontaires de 2 souches isogéniques de Vibrio cholerae ne
différant que par l’expression de la toxine. Les résultats obtenus sont non seulement intéressants car
ils démontrent bien l’existence d’une diarrhée sévère chez ceux qui ont reçu la souche exprimant la
toxine, mais aussi parce qu’ils mettent en évidence une diarrhée légère à moyenne chez 50 % des
volontaires ayant reçu la souche n’exprimant pas la toxine, indiquant par là que la souche est
capable de produire d’autres substances actives sur le flux liquidien.
- Autres critères : En absence d’essais sur des volontaires, d’autres critères peuvent être
utilisés seuls ou en association pour corréler l’activité de l’entérotoxine à la pathologie observée :
• Détection de la toxine dans les selles, mais il faut avoir une technique suffisamment sensible pour
1 - L’utilisation de l’anse intestinale ligaturée chez le lapin mise au point pour la TC par De
en 1959. Cette technique permet d’utiliser soit la toxine purifiée, soit des souches isogéniques
comme cela a été le cas pour démontrer la responsabilité de l’hémolysine thermostable de Vibrio
parahaemolyticus dans la diarrhée liée à cette espèce.
136
2 - L’utilisation de modèles animaux appropriés permettant de reproduire le phénomène
observé chez l’homme. C’est le cas de l’administration orale de la toxine thermostable (Sta)
d’E.coli enterotoxinogène qui stimule l’accumulation liquidienne chez le souriceau nouveau-né, ou
encore le cas de l’administration à des lapereaux de souches isogéniques de Yersinia enterocolitica
qui a permis d’établir le rôle de l’entérotoxine thermostable dans la sévérité de la maladie.
3 - La détermination de la dose létale 50% chez l’animal sensible. A titre d’exemple elle est
de 50 µg/kg chez la souris pour l’entérotoxine de Clostridium perfringens. Concernant la toxine
botulique, la dose létale chez l’homme est estimée à moins de 1 ng/kg d’après des essais sur
animaux.
1 – L’utilisation des chambres d’Ussing qui est une approche bien maîtrisée des flux
liquidiens et ioniques causés par les entérotoxines bactériennes sur des fragments d’épithéliums
intestinaux ou sur des couches monocellulaires de cellules intestinales épithéliales polarisées.
Il est extrêmement difficile de trouver des données dans la littérature car les essais qui ont été
réalisés chez l’homme n’ont pas toujours été publiés car pas toujours réalisés dans des conditions
éthiques.
Néanmoins, si on se réfère à des données écrites mais non référencées, on constate d’énormes
variations dans les relations dose - effets.
137
- Si on considère le cas des Salmonella, l’habitude est de dire que pour les souches
responsables de TIA, la dose minimum de charge doit être comprise entre 105 et 106 ufc/g. Mais il
existe des exceptions à ce schéma, telles celles observées avec des bonbons contaminés aux Etats-
Unis qui ne contenaient que quelques corps bactériens.
- Dans tous ces cas, la dose infectante est fonction de la composition de la flore résidente
de l’hôte et de son activité de barrière microbienne. Chaque individu possédant sa propre flore, sa
réponse sera forcément différente de celle de son voisin.
- Concernant ce type d’infection, il convient de rappeler que l’on dispose de plusieurs tests
démontrant l’invasivité des souches comme :
Le test de Sereny qui s’effectue en appliquant la souche au contact de la conjonctive du
cobaye et provoque l’apparition d’une kératoconjonctivite.
Les tests utilisant les cultures de cellules HeLa ou Hep-2.
6 - LE DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
Dans ce cas, ce n’est pas tant le germe qui nous intéresse, mais la neurotoxine qu’il peut
produire qui est un poison particulièrement puissant et qui est l’agent du pouvoir pathogène.
Le test le plus rapide consiste à partir de l’aliment suspect, mais il peut être effectué à partir
de produits biologiques tels que vomissements, sérum, selles, contenu intestinal ou broyat
d’organes.
138
a) Test classique de détection et d’identification : la toxinotypie botulique. (Méthode de
référence)
Le principe du test repose sur la neutralisation in vitro d’aliquots d’un extrait d’aliment par
divers sérums spécifiques de type, suivie de l’injection I.P. des différents mélanges à des lots de
souris qui sont maintenues en observation pendant 48 heures. Dans les cas les plus typiques, tous les
animaux meurent, sauf ceux pour lesquels la toxine a été neutralisée par le sérum spécifique ce qui
permet de définir laquelle des 7 toxines est responsable de l’intoxication. Comme l’aliment peut
contenir des quantités très variées de toxine (de 10 à 106 DMM/ml d’extrait), il est quasi
indispensable d’effectuer en parallèle un dosage de l’activité létale de l’extrait.
Cette PCR a été appliquée, en parallèle à la technique de référence, à des échantillons de lait,
de selles d’enfants, et de divers aliments préalablement contaminés par des concentrations de 10,
100 et 1000 spores. Les résultats donnent une corrélation de plus de 95 % entre les deux méthodes.
Enfin, son utilisation au cours d’un épisode de botulisme d’origine aviaire a révélé 100 % de
corrélation avec la méthode de référence.
Par contre, il a été noté, dans quelques cas, des PCR positives sur des tissus non contaminés
par la souche (?) et l’existence de gènes apparemment silencieux. Malgré cela, on peut dire qu’il
s’agit d’une méthode simple rapide et spécifique qui justifie son utilisation.
Les tests ELISA : Plusieurs ont été décrits avec de très bons résultats par comparaison avec le test
de référence.(détection de concentrations inférieures à 10 pg/ml ou inférieures à 0,07 pM).
L’utilisation d’un système de détection à base de fibre optique a permis la détection rapide d’une
faible quantité de toxine capturée par des anticorps antitoxine A polyclonaux de cheval purifiés par
chromatographie d’affinité (5 ng de toxine par ml en moins d’une minute).
139
6.2 - Cas de Clostridium perfringens
Lors d’une suspicion de TIA de ce type, le diagnostic peut être confirmé par l’examen
bactériologique des aliments et des selles.
Dans les aliments, c’est un dénombrement de C. perfringens supérieur à 105 /g qui permet de
confirmer la TIA. Si cette recherche n’est pas possible ou si elle ne fournit pas les résultats
escomptés, il est possible de procéder à la recherche de la toxine α qui n’est détectable que s’il y a
eu présence d’au moins 106 C. perfringens par gramme dans l’échantillon.
Dans les selles du malade, le dénombrement de C. perfringens doit être réalisé, mais il est
souvent d’interprétation difficile car il peut s’agir d’un composant normal de la flore digestive. Par
contre, la détection de l’entérotoxine est, elle, plus significative. De nombreuses méthodes ont été
développées.
- Les premières ont été les méthodes biologiques aujourd’hui abandonnées : (Pouvoir dermo-
nécrotique de l’entérotoxine injectée par voie I.D. chez le cobaye ou le lapin - Accumulation d’eau
dans l’anse intestinale ligaturée de lapin - Cytotoxicité sur cellules Vero).
- Les méthodes moléculaires sont basées sur la détection du gène cpe à l’aide de sondes
oligonucléotidiques ou par PCR. Il faut savoir que l’expression de l’entérotoxine CPE est très
fortement associée à la sporulation alors que les souches de C. perfringens sporulent très
difficilement sur les milieux utilisés en laboratoire. De faux positifs (souches cpe positive mais CPE
négative) peuvent exister, mais l’utilisation de sondes ou de la PCR permet d’éviter les faux
négatifs provenant de souches qui sporulent et produisent CPE in vivo. Les résultats obtenus sont
intéressants, mais ne surpassent pas ceux obtenus en immunologie.
140
6.3 - Cas de Staphylococcus aureus
Ce germe peut secréter 5 entérotoxines différentes (A,B,C,D,E) qui sont une cause fréquente
de TIA chez l’homme notamment en France. La B est la mieux connue et est considérée comme
l’entérotoxine type car la plus souvent isolée au décours des épisodes de TIA. La contamination des
aliments par le germe est réalisée par un porteur sain ou à partir d’une plaie contaminée. Si
l’aliment est laissé à la température ambiante pendant plusieurs heures le germe se multiplie et
produit une ou plusieurs entérotoxines thermostables qui se maintiendront donc au sein de l’aliment
même après cuisson.
- La détection de ces entérotoxines se fait dans les aliments incriminés et dans les
vomissements des patients à l’aide d’une technique ELISA spécifique pour chaque type de toxine.
- Plus récemment une équipe américaine a mis au point la détection des gènes correspondant
par PCR. Les amorces utilisées correspondent à des séquences internes aux gènes codant pour les
toxines. L’utilisation de cette technique apparaît comme une alternative sensible, spécifique et
relativement rapide aux tests ELISA.
141
Parmi les méthodes nouvellement préconisées on peut citer :
- L’utilisation de sondes pour la recherche de Salmonella dans les aliments après une étape
d’enrichissement en bouillon nutritif.
- La méthode du test "Colorimetric Gene-Trak Salmonella Assay" utilisant des sondes
nucléiques pour détecter des séquences spécifiques du genre Salmonella.
- L’utilisation d’une méthode de séparation immunomagnétique utilisant comme bioabsorbant
un phage spécifique de Salmonella immobilisé sur un support solide.
- L’utilisation de plusieurs systèmes PCR ayant pour cibles des séquences de gènes
spécifiques comme ompC, invA ou invE.
- L’utilisation d’une méthode de PCR quantitative et fluorescente pour la détection
automatisée de Salmonella dans les aliments (Test Amplisensor AG-9600).
- L’utilisation des méthodes moléculaires permettant de détecter les marqueurs
épidémiologiques…etc.
Cette bactérie d’origine animale, invasive et responsable d’entérites est considérée actuellement
comme un agent fréquent de TIA chez l’homme. Longtemps "oubliée" car de culture non
conventionnelle, sa recherche systématique, maintenant parfaitement codifiée, a permis de révéler
une fréquence de responsabilité presque aussi importante que celle de Salmonella. Si les méthodes
de détection dans les selles par hybridation n’ont pas eu un développement important du fait de leur
faible sensibilité qui nécessitait le passage par un enrichissement, par contre l’utilisation de la PCR
directement sur les selles après élimination des inhibiteurs de la TAQ polymérase a là encore
permis de progresser dans l’identification rapide de ce germe.
142
6.7 - Cas des différents pathovars d’E. coli
La connaissance des facteurs de pathogénicité d’une souche d’E. coli est indispensable pour
apporter la preuve qu’il s’agit d’une souche pathogène et pour définir son pathovar. Si le contexte
clinique et épidémiologique permet quelquefois d’orienter le diagnostic, il n’en reste pas moins vrai
que la détermination des facteurs de pathogénicité reste la méthode de choix dans ce domaine. Elle
peut se faire en étudiant soit le(s) déterminant(s) génétique(s) spécifique(s) de chacun (PCR ou
utilisation de sondes) soit leur expression phénotypique.
Par exemple la détection simultanée des gènes eae et eaf dans une même souche permet
d’identifier un EPEC. Celle du gène eae avec la ou les toxine(s) STL1/STL2 identifie un EHEC.
Nous avons vu précédemment le cas des ECEI.
7 - CONSEQUENCES ET CONCLUSIONS
Le diagnostic des TIA a fait de très grands progrès ces dernières années grâce aux recherches
qui ont été menées au plan fondamental dans le domaine de la biologie moléculaire et de la
connaissance des facteurs de pathogénicité. Néanmoins dans le cadre dose - danger de la pathologie
liée à ces infections, la référence reste dans le domaine de l’expérimentation in vivo de manière à
connaître le plus précisément possible les doses de toxines ou les quantités de bactéries dangereuses
pour l’homme. Un des principaux objectifs dans les TIA sera donc de corréler toutes les données
recueillies : cliniques, bactériologiques, moléculaires, et physiologiques afin d’avoir une vue
complète des cas et y apporter les meilleures solutions.
143
RESUME
La sécurité alimentaire est, à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, une priorité qui est
demandée par les consommateurs et qui doit être assurée par les responsables politiques. Si, au
niveau industriel, de nombreuses mesures ont été mises en place pour limiter les risques d’origine
bactérienne, par contre, il existe encore beaucoup d’aléas dans le domaine de la restauration
collective et familiale. Aussi, si on veut comprendre et essayer de maîtriser le risque, il convient de
connaître le comportement des bactéries d’abord dans les aliments et ensuite dans le tube digestif,
puis de connaître les différents types de toxi-infections alimentaires et les bactéries responsables,
enfin de connaître les relations dose-effet de ces pathogènes et d’évaluer les risques liés à leur
présence dans les aliments. Le diagnostic bactériologique est majoritairement effectué par des
méthodes usuelles et traditionnelles qui laissent encore beaucoup d’éléments incompris. Au cours
des dernières années, le développement de la biologie moléculaire et de la génétique a permis de
caractériser et d’identifier bon nombre de facteurs de pathogénicité et de comprendre leur
mécanisme d’action dont certains ont une spécificité telle qu’ils peuvent être utilisés pour le
diagnostic. Néanmoins, si des progrès ont été réalisés, ils ne sont pas tous passés dans la pratique
courante et quelquefois leur utilisation ne donne pas tous les résultats escomptés. Il convient donc
d’être très prudent et de s’assurer au coup par coup que les nouvelles techniques utilisables qui nous
viennent de la recherche sont adaptés aux objectifs du diagnostic et aux conclusions que l’on pourra
en tirer.
144
Données actuelles sur l'épidémiologie
des maladies à prions humaines
Annick Alpérovitch
Les maladies à prions humaines, dont la maladie de Creutzfeldt-Jakob est la forme la plus
fréquente, font l'objet d'une surveillance épidémiologique depuis le début des années 90. Le
Royaume-Uni et la France ont été les premiers pays à mettre en place un système de surveillance
(1-2). Actuellement, il existe un registre national de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dans chaque
pays européen. Les données nationales sont centralisées et diffusées par la Commission Européenne
(CE). L'harmonisation des procédures de surveillance, en particulier des critères de diagnostic, est
assurée par deux réseaux, EuroCJD et NeuroCJD, regroupant tous les pays européens qu'ils
appartiennent ou non à l'Union Européenne. EuroCJD, soutenu par la CE depuis 1993, a un double
objectif de surveillance et de recherche sur la maladie de Creutzfeldt-Jakob (3); le Canada et
l'Australie font aussi partie de ce réseau. NeuroCJD fournit essentiellement des données sur
l'incidence des différentes formes des maladies à prions humaines.
Les maladies à prions humaines sont habituellement classées en fonction de leur étiologie. La
maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique, qui représente environ 80 % de l'ensemble des maladies à
prions, serait le résultat d'une transformation de la protéine prion normale PrPsen en protéine
pathologique PrPres ne faisant intervenir aucun agent extérieur. La fréquence de ce phénomène
dépend du polymorphisme du gène PRNP au codon 129 ; elle est plus élevée chez les homozygotes
(méthionine-méthionine ou valine-valine) que chez les hétérozygotes (méthionine-valine) (4). Le
mécanisme des formes génétiques des maladies à prions est probablement de même nature,
certaines mutations du gène PRNP augmentant le risque de transformation de la PrPsen en PrPres.
Plus de 20 mutations supposées pathogènes du gène PRNP ont été décrites à ce jour, correspondant
à différents phénotypes de la maladie (maladie de Creutzfeldt-Jakob, syndrome de Gertsmann-
Straussler-Scheinker, insomnie fatale familiale). La mutation la plus fréquente est celle du codon
200, donnant un phénotype de maladie de Creutzfeldt-Jakob (4). Elle est à l'origine de micro-foyers
de la maladie en Israël (dans la population d'origine libyenne), en Slovaquie, dans l'Est de la France.
Les formes faisant intervenir un agent extérieur sont dites infectieuses. On trouve dans cette
catégorie les formes iatrogènes, le kuru et, depuis 1996, le nouveau variant de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob dû, selon toute évidence, à l'agent de l'encéphalopathie spongiforme bovine
(ESB) (5). Les deux causes principales de maladie de Creutzfeldt-Jakob iatrogènes sont le
traitement par hormone de croissance extractive et la greffe de dure-mère ; elles sont responsables
de plus de 95 % des cas iatrogènes reconnus. L'hormone extractive n'est plus utilisée depuis 1988 et
les greffes de dure-mère sont interdites depuis plusieurs années. Mais la très longue durée
d'incubation de cette maladie explique que l'on observe encore des cas iatrogènes liés à ces
traitements. Ainsi, en France, plusieurs nouveaux cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob imputables à
145
un traitement par hormone de croissance extractive sont survenus en 2002. Au total, le nombre de
cas iatrogènes recensés à travers le monde est de l'ordre de 150. Les cas liés à l'hormone de
croissance extractive sont particulièrement fréquents en France (91 cas à la mi-2002); au Japon, les
greffes de dure-mère ont été responsables de plus de 40 cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob. Il est
important de souligner que dans les pays où il n'existe pas de surveillance active des maladies à
prions humaines, le recensement des cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob iatrogène est
vraisemblablement incomplet. Le kuru, autre forme infectieuse de maladie à prions, a frappé une
tribu de Nouvelle-Guinée dans les années 60. Cette maladie a été responsable d'au moins
2 500 décès. L'incidence de la maladie a très rapidement diminué avec l'interdiction –au début des
années 60- des rituels mortuaires à l'origine de la transmission de l'agent. Mais quelques cas de très
longue durée d'incubation sont survenus au cours des 10 dernières années (6).
Le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob est aussi classé dans les formes
infectieuses. A la différence de la maladie iatrogène et du kuru, le nouveau variant est dû à une
transmission inter-espèces de l'agent. Toutes les données disponibles indiquent en effet que l'agent
du nouveau variant est identique à celui de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).
L'importance de l'épidémie d'ESB au Royaume-Uni (180 000 cas diagnostiqués et probablement
près d'un million d'animaux infectés entrés dans la chaîne alimentaire) et, à un bien moindre degré,
dans d'autres pays européens justifie l'inquiétude suscitée par l'annonce des premiers cas de
nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob en 1996. Plus de 6 ans après l'émergence du
nouveau variant, les données épidémiologiques ainsi que les modélisations intégrant ces données
permettent d'exclure l'hypothèse d'une épidémie de très grande ampleur, mais pas encore de
déterminer avec précision le nombre de cas à venir.
A la date de rédaction de cette note (août 2002), 126 cas de nouveau variant sont survenus au
Royaume-Uni, 6 en France, 1 en République d'Irlande, 1 en Italie et 1 aux Etats Unis chez une
personne ayant séjourné un grande partie de sa vie (notamment pendant son enfance) au Royaume
Uni. Cette répartition géographique reflète bien l'importance de l'épidémie d'ESB au Royaume-Uni.
L'épidémiologie du nouveau variant a deux autres caractéristiques épidémiologiques remarquables.
La maladie touche essentiellement des adultes jeunes ; environ deux-tiers des malades ont moins de
30 ans. A ce jour, tous les cas ont le même génotype au codon 129 du gène de la protéine prion
(PRNP) : ils sont homozygotes méthionine- méthionine. Rappelons qu'il existe un polymorphisme
du codon 129 du gène PRNP, définissant 3 génotypes : méthionine-méthionine (M-M), valine-
valine (V-V), méthionine-valine (M-V). Dans la population générale, 40 % des personnes sont M-
M, 10% sont V-V et 50% sont hétérozygotes M-V. Il est bien établi que le risque de maladie de
Creutzfeldt-Jakob, sporadique comme iatrogène est de 4 à 6 fois plus élevé chez les homozygotes
que chez les hétérozygotes (4). Dans les formes iatrogènes liées à un traitement par de l'hormone de
croissance extractive ainsi que probablement dans le kuru, la durée d'incubation de la maladie serait
plus longue chez les hétérozygotes (6-7). En ce qui concerne le nouveau variant, les données
146
indiquent que la durée d'incubation est plus courte pour les homozygotes méthionine que pour les
deux autres génotypes ; pour le génotype M-M, selon une modélisation récente, la durée moyenne
d'incubation du nouveau variant serait de 16,7 ans (intervalle de confiance à 95% : 12,4 – 23,2) (8).
Les données suggèrent aussi que les individus M-M sont plus à risque de nouveau variant. Mais on
ne peut pas encore affirmer que les deux autres génotypes (V-V et M-V) sont totalement résistants à
l'agent infectieux. L'âge et le génotype sont, à ce jour, les seuls facteurs de risque de nouveau
variant. Si l'origine alimentaire de l'infection (notamment via la consommation d'aliments contenant
des viandes séparées mécaniquement) semble la plus plausible, le niveau de preuve de cette
hypothèse est faible. Aucune étude n'a montré que les habitudes alimentaires des cas différaient,
quantitativement ou qualitativement, de celles de témoins. Les résultats d'une analyse de la
répartition géographique des cas de nouveau variant apporte un argument très indirect en faveur du
rôle de l'alimentation (9). Cette étude a montré, d'une part, que l'incidence du nouveau variant était
significativement plus élevée dans le Nord que dans le Sud de la Grande-Bretagne et qu'il existait,
d'autre part, une corrélation géographique entre l'incidence de la maladie et la consommation de
produits contenant des viandes séparées mécaniquement. Il est loin d'être acquis que l'on puisse un
jour disposer d'arguments plus solides. Les produits incriminés sont de consommation très courante
et le délai entre la contamination et la maladie est maintenant d'au moins une dizaine d'années. Il est
donc difficile de mesurer correctement l'exposition.
147
de l'incidence en 2001 et 2002, ou a fortiori sa diminution, conforterait les modèles les plus
optimistes.
Cette analyse plutôt optimiste doit être complétée par quelques réserves. Tous les modèles
font l'hypothèse que la durée d'incubation est indépendante de l'âge et que seuls les homozygotes
M-M sont sensibles à l'agent de l'ESB. Si la survenue de cas chez des patients plus âgés ou d'un
autre génotype ne peut être exclue, il est peu probable qu'elle modifie considérablement la taille de
l'épidémie. Sous l'hypothèse d'une durée d'incubation dépendant de l'âge, la distribution actuelle de
l'âge des cas n'est compatible qu'avec des durées d'incubation très, très longues chez les personnes
contaminées à l'âge adulte. Quant à d'éventuels cas d'un autre génotype, en particulier
hétérozygotes, les données expérimentales et épidémiologiques sur les maladies à prions indiquent
que leur nombre devrait être inférieur à celui des cas homozygotes. On doit aussi envisager la
possibilité de la transmission secondaire, de personne à personne, de l'agent du nouveau variant. La
présence de protéine prion pathologique dans les amygdales et l'appendice de malades atteints du
nouveau variant (14) justifie les nombreuses mesures visant à éviter cette transmission qui ont été
prises en France, comme dans d'autres pays. Si ces mesures sont correctement appliquées, les cas
secondaires devraient être rares. La dernière réserve est peut-être celle justifiant la plus grande
vigilance. Elle concerne l'éventuelle survenue d'une épidémie d'ESB dans des pays de bas niveau
économique, ne disposant ni des structures et des moyens permettant de détecter précocement et
contrôler cette épidémie, ni des structures et des moyens permettant de mettre en place et appliquer
des mesures de réduction du risque pour les populations exposées.
148
BIBLIOGRAPHIE
149
RESUME
150
SURVEILLANCE DES ENCEPHALOPATHIES SPONGIFORMES
DES RUMINANTS EN FRANCE
Thierry Baron
Dans les années qui ont suivi, la mise au point de tests de détection de la maladie qui
permettent d'envisager des examens sur des nombres d'animaux beaucoup plus importants que
précédemment, a permis d'accroître considérablement l'effort de surveillance depuis l'année 2000.
Nous envisagerons ici l'évolution de la surveillance de ces maladies en France, d'abord chez
les bovins, puis chez les petits ruminants.
1 - GENERALITES
Inconnue auparavant, la "maladie de la vache folle" est identifiée au Royaume-Uni dans les
années 1985-1986. Dès 1988, l'appartenance de cette maladie au groupe des encéphalopathies
spongiformes est montrée par la présence des lésions neurodégénératives caractéristiques, par la
démonstration de sa transmissibilité à la souris, ainsi que par la mise en évidence de l'accumulation
dans le cerveau des vaches malades d'une forme anormale d'une protéine de l'hôte appelée protéine
prion.
151
En recherchant ce que ces bovins malades pouvaient avoir comme cause commune possible à
une nouvelle maladie, les épidémiologistes britanniques incriminent la consommation de farines de
viandes et d'os, distribuées comme complément protéique dans l'alimentation des bovins. La
distribution de ces farines de viandes et d'os n'est pas nouvelle, mais quelques années auparavant, la
façon de produire ces farines avait été modifiée dans la plupart des sites de fabrication, avec
notamment une réduction des températures de chauffage. Ces modifications de traitement ont
certainement permis l'adaptation et le recyclage dans l'espèce bovine d'un agent infectieux, dont
l'origine reste mystérieuse à ce jour, bien que l'hypothèse qu'il provienne de la tremblante des petits
ruminants soit tout à fait plausible. Quoiqu'il en soit, l'interdiction de ces farines de viandes et d'os
dans l'alimentation constitue la première mesure essentielle pour interrompre le cycle de
contamination chez les bovins. La forte décroissance de l'épidémie au Royaume-Uni après 1993, à
une époque ou plus de 30 000 bovins développaient chaque année la maladie dans ce pays,
constitue certainement la meilleure démonstration du rôle de cette contamination alimentaire. Le
délai de 5 ans entre cette mesure réglementaire et la décroissance de l'épidémie correspond
approximativement à la période d'incubation estimée de la maladie chez les bovins.
Dans les premières années de l'épidémie l'évaluation des risques infectieux associés aux tissus
et organes des animaux infectés ne peut être élaborée que sur les connaissances déjà acquises avec
d'autres encéphalopathies spongiformes animales, et en l'occurrence avec la tremblante du mouton
et de la chèvre. Les données expérimentales concernant la maladie bovine ne seront acquises que
plus tard, ces évaluations nécessitant des expériences de transmission de la maladie chez des souris
à partir des tissus bovins possiblement infectés. Les résultats obtenus montreront alors que le
modèle de la tremblante constituait finalement un modèle pessimiste dans la mesure où l'infectiosité
chez les bovins se révèle largement confinée au système nerveux central, et ceci à une phase tardive
de l'infection. Chez le mouton et la chèvre, l'infectiosité est en revanche largement disséminée dans
l'organisme, en particulier dans les tissus lymphoïdes, et ceci de façon parfois très précoce. Le
retrait de la chaîne alimentaire de ces tissus et organes infectés, appelés "matériels à risques
spécifiés" (MRS), constitue la seconde mesure essentielle pour la prévention de la contamination,
aussi bien humaine qu'animale.
Le modèle de la tremblante, souvent invoqué également dans les premières années pour
l'appréciation des risques potentiels de transmission de la maladie à l'homme, s'est en revanche
révélé une comparaison certainement trop optimiste. Alors que la tremblante naturelle du mouton et
de la chèvre est considérée comme non transmissible à l'homme, la mise en évidence d'un variant de
la maladie de Creutzfeldt-Jakob en 1996 a entièrement modifié cette appréciation du risque de la
maladie bovine. Alors qu'à ce jour 124 cas de cette maladie ont été identifiés au Royaume-Uni, et
6 cas en France, tous les arguments expérimentaux, en particulier les travaux de transmission
expérimentale de ces deux maladies à la souris, ont en effet montré que cette nouvelle maladie
humaine et la maladie bovine étaient manifestement causées par le même agent infectieux.
152
2 - EVOLUTION DE LA SURVEILLANCE DE L'ESB CHEZ LES BOVINS
2.1 - Décembre 1990 - Mai 2000 : une surveillance des animaux cliniquement suspects
Ces recherches de l'ESB sont ainsi focalisées sur les animaux repérés sur le terrain comme
présentant des signes de maladie neurologiques évocateurs de l'ESB, plus précisément des troubles
neurologiques rencontrés chez des bovins de plus de deux ans évoluant sur plus de 15 jours et
d'aggravation constante. Ces signes cliniques (altérations du comportement hypersensibilité de
l'animal à divers stimuli, troubles locomoteurs …) peuvent être repérés dans l'élevage ou parfois à
l'abattoir lors de l'examen ante mortem. Ils doivent alors conduire à la déclaration de la suspicion
aux services vétérinaires compétents, qui aboutit à la mise sous surveillance de l'élevage en attente
des résultats des examens de laboratoire réalisés sur le cerveau de l'animal suspect.
Quelques autres programmes ont comporté des recherches de l'ESB durant cette période par
ces mêmes méthodes d'examen histopathologioques, chez les animaux qui étaient initialement
cliniquement suspects de rage, chez des animaux présentant d'autres maladies neurologiques non
évocatrices de l'ESB, ou encore chez des bovins importés de Suisse et du Portugal, pays à incidence
élevée de la maladie.
2.2 - Depuis juin 2000 : une surveillance des suspects cliniques, mais aussi de la population
bovine générale par des tests de dépistage rapide
En 1999, une étude conduite au niveau européen a permis la validation de 3 tests de dépistage
rapide de l'ESB, qui permettent la recherche de la protéine prion anormale dans le cerveau des
animaux. Ces tests ont l'avantage de pouvoir être mis en œuvre beaucoup plus aisément sur des
séries d'échantillons nombreux.
153
Dans le même temps, une étude réalisée en Suisse à l'aide de l'un de ces tests montre que l'on
trouve des animaux atteints si l'on examine de façon systématique des animaux qui ont été trouvés
morts dans leur élevage ou qui sont apparemment atteints d'une autre maladie. Autrement dit, des
animaux se révèlent atteints d'encéphalopathie spongiforme même si les signes cliniques n'avaient
pas conduit le vétérinaire à suspecter l'ESB.
La France connaissait alors une augmentation progressive du nombre de cas de bovins atteints
d'ESB depuis 1997, repérés par le système de surveillance alors seul en vigueur. Ainsi trente cas qui
étaient cliniquement suspects de la maladie sont identifiés en 1999 ; le nombre de cas identifiés
n’avait encore jamais dépassé cinq par an entre 1991 et 1996.
Bien que l'utilisation des farines de viandes et d'os chez les bovins, considérées comme à
l'origine de la contamination, ait été interdite en France depuis 1990, des cas de plus en plus
nombreux apparaissent en effet chez des bovins nés à partir de 1993, puis encore davantage chez
des bovins nés en 1994 et 1995. On explique encore mal aujourd’hui l'origine de cette
contamination, mais on pense néanmoins que le fait que les farines de viandes et d'os restaient
encore autorisées à l’époque pour nourrir des porcs ou des volailles pourrait être à l'origine de
contaminations de l'alimentation bovine. Seule l'élimination des tissus les plus à risques, que
constituent le cerveau et la moelle épinière chez les bovins est désormais de nature à maîtriser cette
contamination alimentaire. L'élimination de ces tissus dans la chaîne alimentaire, et en particulier
dans la fabrication des farines de viandes et d'os, ainsi que celle des cadavres, est décidée en août
1996 en France, mais elle n'aura de toute façon guère d'effet avant 2001-2002.
Au cours de l'année 2000, un programme de recherche de l'ESB est également mis en place en
France utilisant un test rapide, afin d'évaluer plus précisément la prévalence de la maladie. Ce
programme prévoit de rechercher l'ESB chez tous les bovins trouvés morts dans les élevages ou
euthanasiés en raison d'une maladie ou d'un accident, et ceci de façon systématique jusqu'à
concurrence de 40 000 échantillons analysés. Le programme porte sur les régions de Bretagne,
Normandie et Pays de Loire, dans lesquelles le plus grand nombre de cas confirmés après suspicion
clinique a été repéré jusqu'alors. Entre juin 2000 et mars 2001, 70 cas sont ainsi repérés dans ces
régions par ce programme sur 44 464 animaux examinés. En cette fin d'année 2000 un autre
programme similaire réalisé dans les autres régions françaises et dans les mêmes catégories de
bovins mais prélevés de façon non exhaustive, 6 cas sont également identifiés parmi
5 400 échantillons examinés.
154
Ainsi, en cette année 2000, cette vague de contamination qui commençait déjà à apparaître
précédemment avec la seule surveillance des animaux cliniquement suspects, apparaît d'autant plus
importante que le nombres de bovins faisant l'objet d'un examen de laboratoire augmente
considérablement. Pourtant, avec 161 cas identifiés dans l’année, on reste encore très loin du
nombre de cas (1 443) détectés par des analyses réalisées uniquement chez des bovins cliniquement
suspects en Grande-Bretagne cette même année, sur un cheptel à peu près deux fois moins
nombreux.
L'automne de l'année 2000 voit néanmoins se développer une crise sans précédent de la
confiance des consommateurs dans la sécurité de la viande bovine. Cette crise dépasse rapidement
les frontières françaises, avec une violence d'autant plus grande que des pays voisins identifient de
premiers cas de la maladie bovine, alors qu'ils considéraient jusqu'à présent être assurément
indemnes de cette maladie. Cette crise aboutit à la mise en place en 2001 dans les pays de l'Union
Européenne de tests de dépistage systématiques de l'infection bovine. La crise de l'année 2000
culmine également avec l'interdiction totale de l'utilisation des farines de viandes et d'os dans
l'alimentation animale, qui doit éviter toute nouvelle contamination animale.
Ces tests de dépistage systématique sont d'abord mis en place au 1er janvier 2001 chez les
bovins qui sont abattus dans les abattoirs et qui sont destinés à la consommation, d'abord chez les
bovins de plus de 30 mois, puis, au 1er juillet 2001, chez les bovins de plus de 24 mois. Au 1er juillet
2001, ce dépistage systématique est également mis en place de façon systématique chez les animaux
qui ne peuvent être consommés et sont conduits à l’équarrissage parce qu'ils ont été trouvés morts
ou ont du être abattus en raison d'une maladie. Ce dépistage désormais exhaustif nous donnera
certainement désormais une vision très précise de l'évolution de l'incidence de cette maladie, à l'abri
des aléas liés à tout système de surveillance qui n'est pas fondé sur une analyse exhaustive ou qui
peuvent être liés à des interactions entre différents programmes de surveillance partiels.
155
sous identification ou sous déclaration de cas suspects avait dû exister par le passé. On estime ainsi
que plusieurs centaines de cas d'ESB pourraient ne pas avoir été identifiés, en particulier dans les
années 1993 et 1994.
Globalement et toutes périodes confondues, au 1er mai 2002 613 cas ont été identifiés chez des
bovins nés et élevés en France, dont près de la moitié (46,9 %) chez des animaux cliniquement
suspects, 34,7 % provenant d'animaux à l'équarrissage et 18,4 % provenant d'abattoirs.
Par rapport aux différentes mesures réglementaires qui ont été prises pour éliminer les sources
de contamination alimentaires, au 1er mai 2002, 559 cas (dits "NAIFs") sont nés après l'interdiction
de l'utilisation des farines de viandes et d'os chez les bovins (juillet 1990), et 20 cas sont nés après
le retrait de matériels à risques spécifiés (cerveaux, moelles épinières) et des cadavres de la chaîne
alimentaire (août 1996).
La plupart des cas actuellement détectés en France sont nés entre 1993 et 1995, quelque soit le
système et le lieu d'identification (suspects cliniques, abattoir ou équarrissage). Dans l'hypothèse
d'une contamination préférentielle lors de la première année de vie des bovins, ceci révélerait une
exposition particulière entre 1993 et 1995. Celle-ci pourrait résulter du recyclage d'animaux non
identifiés et contaminés à la fin des années 1980, ou de l'importation de farines de viandes et d'os
contaminées en provenance d'autres pays européens. Dans la mesure ou l'utilisation des farines de
viandes et d'os était interdite chez les bovins à cette époque, ces contaminations, sauf si elles étaient
liées à un usage illégal de tels aliments, pourraient résulter d'une contamination croisée de la chaîne
alimentaire, possible à différents niveaux (lieux de fabrication, transport, élevages), ces farines de
viandes et d'os restant à l'époque autorisées pour l'alimentation des porcs et des volailles.
156
3 - SURVEILLANCE DE LA TREMBLANTE ET RECHERCHE DE L'ESB CHEZ LES
PETITS RUMINANTS
3.1 - Le contexte
La tremblante des petits ruminants ne constituait pas jusqu'à une période récente un enjeu
majeur dans la surveillance de ces maladies, dans la mesure où l'on considère que les données
disponibles actuellement ne plaident pas en faveur d'une transmissibilité à l'homme.
Cette inquiétude est renforcée par l'observation, décrite en 1996, que la distribution de l'agent
infectieux chez le mouton infecté est comparable à celle observée dans la tremblante naturelle. Ceci
signifie qu'elle est caractérisée par une large distribution de l'agent infectieux en dehors du système
nerveux central, au niveau de l'intestin, de l'ensemble des tissus lymphoïdes et nerveux
périphériques. Seuls certains de ces tissus (cerveaux et moelles épinières des animaux de plus de 6
mois, amygdale et rate à tout âge) sont considérés comme des matériels à risques spécifiés et sont
retirés de la chaîne alimentaire.
La connaissance de la tremblante qui montre que cette maladie peut se comporter comme une
véritable maladie contagieuse, transmissible horizontalement et verticalement, peut enfin laisser
craindre qu'une contamination par l'agent de l'ESB pourrait se transmettre de façon comparable.
Jusqu'en 1996 la tremblante des petits ruminants ne faisait pas l'objet d'une surveillance
organisée, mais seulement d'études limitées, en particulier dans les régions dans lesquelles la
prévalence de cette maladie paraissait élevée.
157
La surveillance dite "passive", c'est-à-dire fondée sur la notification de cas cliniquement
suspects de la maladie, a été mise en place au niveau national en juin 1996, de façon comparable à
la surveillance de l'ESB chez les bovins. Cette surveillance a permis d'identifier chaque année
quelques dizaines de nouveaux foyers de tremblante ovine et 4 cas de tremblante caprine entre juin
1996 et avril 2002. Au sein des foyers de tremblante ovine, le nombre des cas d'animaux atteints
peut-être plus ou moins élevé, permettant de distinguer schématiquement des formes sporadiques ou
des formes enzootiques de la maladie.
Il convient de souligner que ces programmes, réalisés par sondage et non par une analyse
exhaustive, sont mis en place en l'absence de données de validation complète des tests de dépistage
utilisés, y compris dans les tissus nerveux des petits ruminants cliniquement atteints de tremblante.
Le dépistage par recherche de la protéine prion anormale dans les tissus périphériques,
potentiellement beaucoup plus précoce, n'est par ailleurs pas abordé.
L'existence d'une infection par l'ESB chez les petits ruminants ne pourrait être formellement
démontrée qu'à la suite de la transmission de cette maladie à des souris, si les caractéristiques de la
maladie observée chez la souris (durée d'incubation, répartition et intensité des lésions du système
nerveux central) était comparable à celles observées suite à l'inoculation à des souris identiques de
prélèvement bovins infectés.
158
Différents tests plus rapides, notamment fondés sur la caractérisation biochimique de la
protéine prion anormale, sont cependant développés dans différents laboratoires, et peuvent d'ores
et déjà être utilisés pour rechercher l'ESB chez des petits ruminants sur le terrain. Nous ignorons
cependant aujourd'hui la validité de tels tests, et d'abord s'ils seraient capables de détecter tous les
cas d'ESB ovine ou caprine. De premiers éléments nous indiquent d'ores et déjà aussi que certains
cas de tremblante naturelle sont difficilement distingués de l'ESB par ces tests. La caractérisation
par transmission à la souris est alors de toute façon indispensable pour obtenir une réponse
définitive aux questions suscitées par l'identification de tels cas de tremblante chez les petits
ruminants.
159
RESUME
160
ECOLOGIE DE LISTERIA MONOCYTOGENES
DANS LES PRODUITS CARNES
Interaction avec la flore saprophyte
Gilles Salvat
INTRODUCTION
Si l’origine alimentaire des listérioses humaines ne laisse planer aucun doute pour la majorité
d’entre elles, il reste que l’identification des sources de ces affections est difficile, même dans des
pays comme le nôtre où l’existence de réseaux d’épidémiosurveillance bien structurés permet
parfois de tracer l’origine de l’infection humaine. Les fromages ayant été très tôt associés aux
épidémies de listérioses, leur rôle dans la transmission de l’infection a souvent été mis en avant de
manière exclusive. Depuis 1992, le rôle des produits carnés et notamment des charcuteries salaisons
dans la transmission de Listeria monocytogenes est mieux évalué, et les nombreuses investigations
conduites à ce jour par le Centre National de Référence et l’Institut National de Veille Sanitaire, la
Direction Générale de l’Alimentation et la Direction Générale de la Consommation, de la
Concurrence et de la Répression des Fraudes, ont souligné la part des produits carnés dans les
listérioses humaines (Goulet et al., 2002). La sensibilisation des industriels des différentes filières
de production, l’adaptation de la réglementation et l’amélioration des méthodes d’investigations et
de préventions ont permis une diminution conséquente du nombre de cas humains de listérioses
entre 1984 et 2000. En effet, l’incidence annuelle de la maladie est passée de 11 à 14 cas par million
d’habitants dans les années 80 à environ 4 cas par million d’habitants actuellement selon les
données du Centre National de Référence et de la Déclaration Obligatoire (AFSSA, 2000).
Il reste que la listériose demeure une maladie grave. Parmi les quelques 270 cas enregistrés en
1999, 24% (66 personnes) ont exprimé la forme materno-néonatale de la maladie, soit une incidence
de 0,09 cas pour 1000 grossesses et 76 % (204 personnes) une forme non materno-néonatale
(Goulet et al., 2001). 93 % des malades atteints par les formes non MN souffraient d’une pathologie
sous jacente et 73% d’entre eux avaient un terrain considéré comme à risque (Goulet et al., 2001).
23 % des patients (47 personnes) atteints de forme non MN sont décédés en 1999 (Goulet et al.,
2001). Les conséquences de la maladie sont cependant variables selon que le malade est reconnu
comme à risque ou souffrant d’une pathologie (taux de mortalité : 28 %) ou non (taux de mortalité :
9 %)(Goulet et al., 2001).
161
Eu égard à la gravité de la maladie, tous les efforts doivent être mis en œuvre afin de prévenir
les circonstances de son apparition.
Parmi les moyens qui ont été mis à la disposition des pouvoirs publics et des industriels afin
de définir une stratégie de lutte contre les listérioses, la meilleure compréhension de l’écologie de
Listeria monocytogenes dans les filières de production a constitué une approche prioritaire dont les
enseignements ont permis de mieux cibler la lutte contre le pathogène. Notamment les études
menées dans le cadre du programme UNIR (Ultra propre Nutrition Industrie Recherche) sur
l’écologie microbienne dirigée et sur les interactions de Listeria monocytogenes avec les surfaces de
l’environnement agro-industriel ont été essentielles de ce point de vue.
Les connaissances dans le domaine des infections à Listeria monocytogenes sont en essor
permanent depuis 1987. L’AFSSA ayant été saisie par ses autorités de tutelle sur le sujet, la
synthèse des connaissances essentielles acquises à ce jour sur Listeria monocytogenes a fait l’objet
d’un rapport de la commission ad hoc de l’AFSSA (AFSSA, 2000).
Les résultats de la présente synthèse s’appuient largement sur ce travail qui reste d’actualité.
Comme pour une majorité des germes pathogènes pouvant contaminer les aliments, l'idée
d'une contamination des viandes ayant pour origine le statut microbiologique de l'animal vivant a
été évoquée (Skovgaard and Norrung, 1989). Cette hypothèse est d'autant plus plausible que la
survie de L. monocytogenes dans l'environnement est fréquente (Skovgaard, 1990).
Les études qui ont été menées dans l'environnement des élevages de porcs et sur les animaux
eux-mêmes (Gérard, 1992 ; Adesiyun and Khrishnan 1995 ; Fravalo et al. 2003) ont montré que la
contamination de la filière porc en amont était faible (12 échantillons /228 prélèvements réalisés
dans le premier cas, 10 échantillons /139 écouvillons rectaux dans le deuxième cas,
22 élevages /130 pour le troisième). Cependant, ces études ont montré la prévalence parfois
élevée de L. monocytogenes sérovar 4b dans ces élevages positifs (10 souches sur 12 isolées dans le
premier cas, 9/10 dans le deuxième, 2 élevages/22 dans le troisième). Cette prévalence significative
du sérovar 4b, dans la filière porcine, est à rapprocher de son importance dans les épidémies
associées à la consommation de produits de charcuterie, sans que dans ces derniers cas, un élevage
source ait pu être identifié.
162
Parmi les facteurs qui peuvent expliquer la contamination des élevages de porcs, certains
auteurs (Skovgaard and Norrung, 1989) mettent en avant le rôle joué par l'alimentation et
notamment son origine et son état d’hydratation.
Ces auteurs ont notamment montré que les porcs nourris avec des granulés secs n'excrétaient
L. monocytogenes dans leurs matières fécales que dans 2 % des cas, contre 25 à 50 % des porcs
nourris avec des soupes fabriquées à la ferme. Ils attribuent cette différence à l'activité de l'eau de la
"soupe" qui permettrait une multiplication de L. monocytogenes, et conduirait à l'obtention d'une
dose infectante supérieure à 105 L. monocytogenes/g contre moins de 10 L. monocytogenes/g lors de
la consommation de granulés secs. Des travaux en cours au sein de l’AFSSA Ploufragan (Fravalo et
Toquin, Communication personnelle) montrent qu’effectivement l’alimentation sous forme
hydratée est plus souvent associée à la présence de L. monocytogenes. L’interaction de la flore
saprophyte de l’aliment avec la présence de L. monocytogenes est actuellement en cours d’analyse.
Le même type d’enquête réalisée dans des élevages avicoles a montré des contaminations très
faibles (Toquin and Colin, 1994 ; Toquin et al.,1995) (2,4 % à 7,2 % des prélèvements positifs). De
plus, au contraire des élevages de porcs, aucune L. monocytogenes sérovar 4b n’a pu être mise en
évidence dans les 31 élevages enquêtés.
L'examen des résultats des différentes enquêtes qui ont pu être menées dans les filières de
production de viande (Tableau 1), montre combien l'amplification est réelle entre l'élevage et
l'abattoir puis la découpe.
Lors de la découpe primaire de porcs, les couteaux, tapis, tables, découenneuses et autres
machines sont fréquemment à l'origine de la contamination par L. monocytogenes (Van der Elzen et
Snijders, 1993).
163
Volailles % de Référence
L.m. ⊕
peau de cou de poulet 47 % Skovgaard and Morgen (1988)
peau de cou de poulet 60 % Pini and Gilbert (1988)
écouvillonnage de poulets 14,7 % Gitter (1976)
rinçage de carcasses 23 % Bailey et al. (1989)
peau foie et ailes 13,1 % Genigeorgis et al. (1989)
peau de dinde 15 % Genigeorgis et al. (1990)
peau de cou de poulet 14,3 % Toquin et Lahellec (1990)
peau de poulet 50 % Gohil et al. (1995)
Porcs % de Référence
L.m. ⊕
Carcasses 3.2 % Gérard (1992)
Carcasses 2à7% Van der Elzen and Snijders (1993)
Jambons 11 % "
Echines 27 % "
Collier épaules 36 % "
Viandes fraîches 36 % Beckers (1989)
Découpe de porc 19 % Nicolas et Vidaud (1987)
Dos 5,2% Corrégé (1997)
Epaule découennée 8,3% "
Gorge 5,2% "
Hampe 0% "
Jambon (viande) 8,3% "
Poitrine (viande) 4,2% "
Poitrine (couenne) 6,3% "
Jambon (couenne) 10,4% "
Total étude Corrégé 6% "
Bovins % de Référence
L.m. ⊕
Viande hachée 28 % 12 Skovgaard et al. (1988)
Viande hachée % 7.5 Bind et Delaval (1994)
Viande hachée %7 Yu et al. (1995)
Muscle % 21 % Gohil et al. (1995)
Muscle à 26% Leistner et al. (1989)
164
Ainsi, les travaux conduits par Van der Elzen et Snijders (1993) ont montré que si seulement
2 à 7 % des carcasses étaient positives en L. monocytogenes à l'issue de l'abattage (3,2 % dans une
enquête de Gérard (1992)), 11 % des échines, 27 % des jambons et 36 % des colliers et épaules
pouvaient être contaminés après la découpe. L'examen bactériologique de la contamination des
surfaces démontre l'origine environnementale de ces L. monocytogenes. En effet, lors de cette étude,
71 % des machines, 83 % des sols et 100 % des bandes transporteuses se sont avérés contaminés
par L. monocytogenes (Tableau 2).
Surfaces % de ⊕ Référence
Des études comparables menées dans les abattoirs de volailles ont conduit à des résultats
similaires (Radas et al., 1999)
Les études réalisées en 1992-1993, lors des épidémies de listérioses impliquant des produits
de charcuterie-salaison, ont montré que la forte contamination des surfaces de travail pouvait être à
l'origine de l'apparition de faibles quantités de L. monocytogenes sur les produits.
165
A l'évidence, les carences du nettoyage et de la désinfection constituent une source potentielle
de survie de L. monocytogenes dans les entreprises agro-alimentaires et se débarrasser de ces
Listeria "résidentes" constitue une priorité pour les industriels.
L'existence de ces souches "résidentes" a été confirmée par la comparaison génotypique des
clones de L. monocytogenes recueillis lors des enquêtes sur les épidémies de 1992 et 1993.
L'utilisation de différentes techniques de typage moléculaire a permis de montrer l'identité de
certaines souches de L. monocytogenes recueillies dans les usines en cours de production et après
nettoyage et désinfection (Ermel et al., 1997). Ceci tendrait donc à prouver la persistance de ces
souches, dans notamment, les surfaces entartrées ou recouvertes d'un biofilm. Il ne faut cependant
pas négliger l'apport continu de L. monocytogenes réalisé par la matière première (viande crue) et
entretenu ensuite sur les produits cuits par l'intermédiaire de croisements de circuits. Pourtant, ce
rôle des Listeria monocytogenes résidentes a été confirmé lors d’études récentes dans les filières
avicoles et porcines. Le suivi réalisé dans plusieurs entreprises agro-alimentaires pendant plusieurs
mois a montré que les mêmes génotypes par macro-restriction et électrophorèse à champ-pulsé
(RFLP-PFGE) pouvaient être identifiés en cours de production comme après nettoyage et
désinfection et ce à plusieurs mois d’intervalle (Chasseignaux, 1999 ; Chasseignaux et al., 2000 ;
Giovannacci et al., 1999). Ces mêmes études ont démontré l’existence d’un isolat de Listeria
monocytogenes (sérovar 1/2a) commun aux filières avicoles et porcines et dominant en filière
porcine où il représente près de 50 % des isolats.
Peu d’enquêtes sur la contamination des environnements domestiques ont été menées à ce
jour. Deux types d’enquêtes permettent cependant d’estimer la contamination d’une part, le risque
d’autre part et doivent être distinguées. Les enquêtes systématiques sur la contamination
d’environnements domestiques à partir de familles tirées au sort ou choisies indépendamment d’une
quelconque épidémie permettent, sur un grand nombre de foyers et avec un protocole de
prélèvement identique d’une maison à l’autre, de déterminer assez précisément des prévalences. Le
lien avec des épidémies est par contre dans ce cas, impossible. Au contraire, d’autres enquêtes
menées dans le cadre d’épidémies, chez les consommateurs touchés par la maladie permettent
d’évaluer le lien potentiel entre la souche des malades et des isolats issus de l’environnement
domestique. Dans ce cas, le nombre de malades étant généralement faible, aucune conclusion sur la
prévalence ne peut être donnée.
166
Quatre enquêtes systématiques dans les environnements domestiques ont été identifiées dans
la littérature publiée à ce jour. Cox et al. (1989) cités par Beumer et al. (1996) ont montré que 20%
des environnements domestiques (sur 35 enquêtés), pouvaient être contaminés par Listeria. Dans
cette enquête, un seul réfrigérateur sur les 35 a révélé la présence du micro-organisme, alors qu’une
autre enquête de Jackson et al. (1993) cités par Beumer et al. (1996) n’a pas identifié sa présence.
Toujours sur les réfrigérateurs, Sergelidis et al. (1997) ont identifié 2 prélèvements contaminés par
Listeria monocytogenes sur 261 prélèvements réalisés sur 136 réfrigérateurs. La même enquête
menée en distribution a conduit à l’identification de 1,7% de vitrines réfrigérées contaminées par
Listeria monocytogenes. Par ailleurs, 55 % des réfrigérateurs domestiques et 32 % des vitrines
réfrigérées en distribution affichaient des températures supérieures à 9°C (Sergelidis et al., 1997).
L’enquête la plus exhaustive identifiée à ce jour sur le sujet est celle de Beumer et al. (1996). Cette
enquête, contrairement aux précédentes a été menée par isolement direct de Listeria monocytogenes
sur un milieu peu sélectif (enhanced hemolysis agar) ce qui permet de s’affranchir en partie des
compétitions bactériennes, mais ne garantie pas la revivification de bactéries viables non
cultivables. Il apparaît dans ce travail que Listeria monocytogenes peut être isolée de 21 % des
environnements domestiques (213 foyers enquêtés). Listeria monocytogenes a été isolée dans 10 %
des salles de bains (tour du siphon des douches), 2 % des brosses à dents (1 échantillon sur 47),
2,5 % des réfrigérateurs , 1,5 % des éviers, mais 17 % des torchons et 7 % des brosses à vaisselle.
Dans tous les cas, les quantités de Listeria isolées dans cette enquête étaient supérieures à 100/ cm2,
voire à 1000/cm2. Les réfrigérateurs étaient les surfaces les moins fortement contaminées, tandis
que les torchons et les brosses à vaisselle étaient fortement contaminés.
167
4- RÔLE DE L’ENVIRONNEMENT PHYSICO-CHIMIQUE ET DE LA FLORE
ASSOCIEE DANS LA COLONISATION DES SURFACES PAR LISTERIA
MONOCYTOGENES
Quels sont les mécanismes et les facteurs favorisants qui expliquent cette affinité de Listeria
monocytogenes pour les surfaces de travail dans l’agro-alimentaire ?
Les enquêtes qui ont pu être menées sur les « facteurs de risques » associés à la présence de
Listeria monocytogenes sur les surfaces de plusieurs sites de production de viandes (Chasseignaux ,
1999, 2002) ou d’abattage et de découpe de volailles (Radas et al., 1999) ont montré que :
Les surfaces en acier inoxydable ou en carrelage, lisses, propres, d’un pH < 6 et dans un
atelier à température élevée et à faible hygrométrie étaient significativement associées à l’absence
de Listeria monocytogenes.
Au contraire, les surfaces en résine ou en matières plastiques, abîmées, souillées, d’un pH
neutre, et dans un atelier à température faible et hygrométrie forte étaient significativement
associées à la présence de Listeria monocytogenes.
Des travaux récents dans le domaine peuvent permettre d’émettre des hypothèses quant au
rôle de ces différents facteurs.
168
Lunden et al. (1999) ont montré que des souches « résidentes » de Listeria monocytogenes
exprimaient des propriétés d’adhésion à l’inox supérieures à des souches qualifiées par eux de
sporadiques, les auteurs concluant à un avantage écologique de ces souches « résidentes ». Briandet
(1999), Leriche (1999) et Leriche et Carpentier (2000) ont montré le rôle de biofilms « positifs »
composés de souches de Staphylococcus, Brevibacterium et Micrococcus ou d’une souche de
Lactococcus lactis productrice de nisine (Leriche et al., 2000) dans l’inhibition de l’adhésion de
Listeria monocytogenes sur des surfaces inertes. En revanche, cette inhibition est totalement levée
en présence d’une souche de Pseudomonas fluorescens produisant un biofilm très recouvrant par
l’intermédiaire de biosurfactants, qui modifient considérablement les propriétés électriques de la
surface considérée. Giovannacci et al. (2000) ont montré que les propriétés de surfaces de 5 isolats
de Listeria monocytogenes de génotypes différents présentaient une variabilité importante lorsqu’ils
étaient cultivés à 37°C. Des isolats de même sérotype (1/2 a) très proches du point de vue
génomique expriment des propriétés de surfaces très proches à cette température alors qu’une
souche de Listeria monocytogenes 3a pourtant d’un génotype proche exprimait des propriétés très
différentes. Par ailleurs, des souches de même sérovar 1/2 a mais d’un génotype éloigné expriment
des propriétés différentes. Si de telles différences ont pu être mises en évidence à 37°C, il n’en est
pas de même à 4°C. En effet après l’application d’un choc froid suivi d’une croissance à basse
température, toutes les souches de Listeria monocytogenes testées ont exprimé des propriétés de
surface identiques, témoignant en cela probablement d’un mécanisme adaptatif commun, lequel
pourrait expliquer partiellement l’affinité particulière de Listeria monocytogenes pour les surfaces
froides.
De même, les conditions de préincubation des souches avant les tests d’adhésion induisent un
changement des propriétés de surface. Ainsi, l’affinité pour l’acier inoxydable de souches
préincubées en présence d’acide lactique augmente-t-elle (Briandet, et al., 1999).
169
5- RÔLE DES RUPTURES DE LA CHAINE DU FROID
La contamination des surfaces inertes est certes à l'origine de l'inoculation d'un faible nombre
de L. monocytogenes dans le produit, mais les DLC longues augmentent le risque potentiel de
ruptures de la chaîne du froid et donc la probabilité de multiplication de Listeria monocytogenes.
L'influence de ruptures de la chaîne du froid sur le risque encouru par le consommateur a été
clairement démontrée lors des enquêtes menées par le Réseau National de Santé Publique (RNSP)
lors de l'épidémie de 1993. Dans cette étude, Goulet et al.(1997) ont pu mettre en évidence une
augmentation du risque de contamination des consommateurs, proportionnelle au nombre de sorties
du pot du réfrigérateur. Les ruptures de chaîne de froid consécutives à ces allers-retours provoquent
très certainement la multiplication de L. monocytogenes, et induisent l'apparition la dose minimale
infectante pour les populations sensibles. Au-delà des risques liés à la contamination des aliments
dans l’enceinte du réfrigérateur chez le consommateur, ceux liés à la multiplication de Listeria
monocytogenes semblent prépondérants à ce stade de la commercialisation et le sont d’autant plus
que les durées de vie des produits sont parfois surévaluées.
CONCLUSION
La lutte contre la contamination des produits carnés par Listeria monocytogenes reste en
priorité un problème d’application de mesures de nettoyage et de désinfection d’une part, de respect
de la chaîne du froid d’autre part. Cependant, les progrès récents de la recherche dans le domaine de
l’écologie de ce micro-organisme ont permis de mieux comprendre son origine et les interactions
qu’il entretient avec la flore saprophyte rencontrée sur les surfaces de travail dans les industries
agro-alimentaires. Il est souhaitable que les stratégies de lutte contre Listeria monocytogenes restent
à l’avenir centrées sur le respect des règles d’hygiène de base. Pour autant, elles pourront être
complétées par l’apport de la connaissance sur les interactions microbiennes, et il est vraisemblable
que l’écologie microbienne dirigée vienne renforcer l’arsenal des moyens de maîtrise. Par ailleurs,
la sélection en amont de l’abattage d’animaux n’excrétant pas de Listeria monocytogenes identifiées
comme hautement pathogènes pourrait constituer une mesure complémentaire dont il faut
cependant apprécier l’efficacité.
170
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174
RESUME
175
Les toxi-infections alimentaires collectives
Cécile Lahellec
Les problèmes de sécurité des aliments ont pris aux yeux du public une importance
spectaculaire au cours des deux dernières décennies. De toute évidence, il est capital de pouvoir
objectiver cette importance.
Le recueil par l’Institut de Veille Sanitaire des données concernant les toxi-infections
alimentaires en France fournit des indications précieuses sur les nombres d’incidents, les
microorganismes responsables, etc. Toutefois, un certain nombre de considérations doivent être
prises en compte :
- Il s’agit bien des "toxi-infections alimentaires collectives" (TIAC), une TIAC étant définie
par l’apparition d’au moins 2 cas groupés similaires, d’une symptomatologie généralement gastro-
intestinale, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire. Dans ces conditions, il
semble bien difficile de comparer les données françaises avec celles obtenues dans d’autres pays qui
déclarent également les cas sporadiques. Dans tous les cas il convient de tenir compte des sous-
déclarations.
NB : Les données 1999-2000, regroupées, ont été disponibles avec un certain retard dû à la
grève des médecins inspecteurs de fin 1998 au 1er semestre 2000.
176
1 - CARACTERISATION DES AGENTS ET LEUR INCIDENCE EN
MATIERE DE SANTE HUMAINE
Tableau 1
Tableau 2
177
Bactéries concernées Période Durée Symptômes
d’incubation
Clostridium 8 à 22 heures 12 à 24 heures Diarrhée dans la plupart des
perfringens cas : rarement fièvre et
vomissements
Clostridium 2 heures à 8 jours Décès en Atteinte du système nerveux
botulinum 24 heures à central : diplopie. Troubles de
8 jours, ou l’accommodation. Dysphagie :
convalescence malaises, sécheresse de la
lente de 6 à bouche, dans les cas graves
8 mois paralysies des muscles
respiratoires
Tableau 3
"Toute TIAC doit faire l’objet d’une déclaration à l’autorité sanitaire départementale (DSV ou
DDASS). Cette déclaration est obligatoire pour tout médecin ou biologiste qui en a constaté
l’existence pour le principal occupant, chef de famille ou d’établissement des locaux où se trouvent
les malades".
- Les foyers de TIAC déclarés aux DDASS, qui transmettent à l’InVS la fiche de DO
accompagnée le cas échéant d’un rapport d’investigation.
- Les foyers de TIAC déclarés aux DSV qui transmettent à la Direction générale de
l’Alimentation un rapport d’investigation pour chaque foyer.
La synthèse et l’analyse des données sont réalisées par l’InVS après mise en commun des
informations de ces deux sources et l’élimination des doubles déclarations.
Par ailleurs, les laboratoires d’analyse médicale envoient, sur la base de volontariat, pour
sérotypage au Centre National de Référence pour les Salmonella et les Shigella, des souches de
Salmonelles et de Shigelles accompagnées d’une fiche de renseignements signalant les foyers de
cas groupées.
178
- En ce qui concerne le botulisme le décret du 10 juin 1986 a individualisé sa déclaration de
celle du reste des TIAC. Le diagnostic clinique d’un seul cas, même en l’absence de signalement
immédiat aux autorités sanitaires départementales. Ces signalements peuvent déclencher une
enquête. Par ailleurs, le Centre National de Référence des Anaérobies qui reçoit de toute la France
des échantillons divers, participe de façon active depuis 1998, à la surveillance de botulisme.
- Enfin, tous les cas individuels de brucellose et listériose sont également l’objet d’une
déclaration obligatoire.
179
Puis confirmation ou infirmation de l’hypothèse émise par l’InVS.
Les TIAC déclarées aux DDASS et DSV (nombres de foyers, cas, hospitalisations et décès
rapportés à chaque agent responsable) ainsi que les foyers de salmonellose et de shigellose déclarés
aux CNR pendant la période 1999-2000, sont résumés dans le tableau suivant :
180
Globalement parlant, la répartition des foyers de TIAC en fonction des lieux de service était la
suivante (en %) :
Les chiffres entre parenthèses indiquent les pourcentages de malades par rapport à la totalité
des déclarations.
4.1 - Botulisme
- Un foyer de botulisme est confirmé par la mise en évidence de toxine botulique dans
l’aliment consommé par le cas ou dans le sérum, le vomissement, le liquide gastrique ou les selles
des malades, ou par l’isolement de C. botulinum dans les selles des malades ;
- Un cas clinique (avec ou sans confirmation) présente au moins un des signes neurologiques
suivant : diplopie, troubles de l’accommodation, dysphagie, sécheresse de la bouche, paralysie
respiratoire ;
- Un cas clinique est probable s’il existe un lien épidémiologique avec un cas confirmé : repas
commun, consommation d’un aliment dont les analyses sont positives pour la présence de toxine
botulique ou de Clostridium botulinum ;
181
- Un cas clinique est suspecté s’il n’existe aucun lien épidémiologique avec un cas confirmé
ou si les analyses alimentaires sont négatives ou n’ont pu être réalisées.
Les nombres de foyers de botulisme et de malades selon la source d’information France ont
été les suivants :
Un cas est défini comme une personne présentant des signes cliniques de brucellose associés à
une sérologie positive ou à un isolement de Brucella.
Globalement, l’incidence des cas déclarés a diminué de façon spectaculaire entre 1978 et
1996 ; depuis elle est globalement stable (0,07 cas pour 100 000 habitants en 2000).
Lors des enquêtes, plusieurs sources possibles de contamination étant souvent signalées sur la
fiche pour une même personne, il est extrêmement difficile de tirer des conclusions précises.
Cependant, pour les expositions alimentaires, 60 % des cas signalent avoir consommé du
fromage frais et 24 % du lait de brebis ou de chèvre.
182
Pour les cas groupés (18) le lieu de contamination probable signalé 6 fois est un autre pays
(Portugal, Espagne, Italie, Turquie) ; 2 ont signalé l’ingestion d’un fromage d’origine non française.
Il est certain que, comme pour les autres maladies éventuellement, ou certainement d’origine
alimentaire, on assiste à une sous-déclaration.
La création du CNR brucellose permettra de typer les souches isolées et ainsi de mieux
orienter vers la source d’infection (comparaison à des souches animales, souches fréquentes ou
rares en France).
On peut penser, à ce sujet que les actions menées au stade de la production des volailles sont
responsables, tout au moins pour une part, de cette diminution qui a également été observée dans
plusieurs pays européens. Il est intéressant de noter par ailleurs que les cas de Listériose ont très
sensiblement diminué au cours des dernières années en raison, pour une grande part probablement,
des mesures d’hygiène mises en œuvre au plan industriel.
Enfin, il convient que d’autres pathogènes qui ne font pas l’objet d’investigations
systématiques (campylobacter, calicivirus (virus de Norwalk / E.coli O157 ont été déclarés aux
DDASS et DSV.
183
6 - TENDANCES POSSIBLES AU COURS DES PROCHAINES DECADES
Ainsi que l’indiquait l’une des phrases introductives, le nombre d’agents actuellement
incriminés lors des TIAC reste relativement limité. Cependant, les données 1999-2000 montrent
déjà une évolution par rapport aux déclarations faites les années précédentes. Ainsi, à titre
d’exemple, les Campylobacter qui ne font pas l’objet d’investigations systématiques ont été
retrouvés dans 6 cas. Décembre 2000 a vu l’apparition en France de la première TIAC à O157 H7
mise en évidence sur notre territoire dans le cadre de la surveillance des SHU chez l’enfant. Les
épidémies communautaires à Salmonelles sont actuellement identifiées.
Par ailleurs une diversification des types d'alimentation est aussi susceptible d’entraîner des
modifications dans le paysage des TIAC en France, tout comme aux Etats-Unis par exemple où les
variations dans le mode d’alimentation d’un Etat à l’autre semblent avoir une influence sur les
pourcentages de déclarations correspondant à différents microorganismes en cause. En ce qui
concerne le botulisme, une évolution des nouvelles formes de présentation et de consommation des
aliments propices au développement de Clostridium neurotoxinogène (emballage sous vide ou sous
atmosphère contrôlée d’aliments frais ou pasteurisés) et l’élargissement des circuits de distribution
doivent inciter à la plus grande vigilance.
Enfin, on peut espérer voir apparaître dans les prochaines années une harmonisation des
modes de déclaration et des recueils de données au plan international.
Quoiqu’il en soit, pour les responsables des rapports sur les TIAC publiés au Bulletin
Epidémiologique Hebdomadaire, les maladies d’origine alimentaire sont loin d’être un mythe ; elles
correspondent bien à une réalité qui justifie très largement les mesures qui doivent être prises à leur
encontre.
184
RESUME
Les toxi-infections alimentaires (TIAC), définies par l’apparition d’au moins 2 cas groupés
similaires, d’une symptomatologie généralement gastro-intestinale, dont on peut rapporter la cause
à une même origine alimentaire sont l’objet d’investigations par les DDASS (directions
départementales d’action sanitaire et sociale), les DSV (directions des services vétérinaires), les
LVD (laboratoires vétérinaires départementaux, en relation étroite avec l’InVS (Institut de Veille
Sanitaire) qui réalise la synthèse et l’analyse des données. Ces données sont régulièrement publiées
dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire dont sont extraits les résultats présentés.
Sont ici résumés, après une caractérisation des agents en cause et leur incidence en matière de
santé humaine, les modalités des recueils de données en France, la façon dont sont réalisées les
investigations, les données 1999-2000, un point particulier étant réalisé sur les cas de botulisme et
de brucellose dont chaque cas individuel est l’objet d’une déclaration obligatoire (D.O.) ; enfin,
l’évolution globale des TIAC au cours des dernières années est évoquée, de même que les tendances
possibles au cours des prochaines décennies.
185
Risques parasitaires liés à l’alimentation
1 - IMPORTANCE
Dans la dernière enquête INCA de 1999 (1) sur la consommation alimentaire en France, une
majorité (63 %) des 3 000 personnes sondées pensent que les produits alimentaires présentent des
risques réels pour la santé. Or pour le consommateur, une "bonne alimentation" est liée aux notions
de qualité, de plaisir, mais d’abord de santé. C’est dans ce contexte que doivent être évoqués les
risques parasitaires liés à l’alimentation.
Les parasitoses transmises à l’homme par des aliments sont pour une majorité d’entre elles
des zoonoses, impliquant donc des animaux vertébrés dans les étapes de l’évolution parasitaire et de
la transmission. Il en existe une grande variété (cf. Tableaux 1 à 3) et certaines sont fréquentes avec
une répartition cosmopolite comme le téniasis à Taenia saginata ou la toxoplasmose, alors que
d’autres ont une répartition plus restreinte comme le téniasis à T. asiatica ou les distomatoses
transmises par les poissons localisées essentiellement à l’Asie.
Parasite transmis Origine de la contamination Localisation chez l’homme
(rôle de HD ou HI)
Espèce animale Elément contaminant
(forme parasitaire)
HD = hôte définitif, chez qui se déroule la reproduction sexuée du parasite (parasites adultes)
HI = hôte intermédiaire, qui héberge des formes de développement du parasite, en assure l’évolution
186
Parasite transmis Origine de la contamination Localisation chez l’homme
(rôle de HD ou HI)
Espèce animale Elément contaminant
(forme parasitaire)
"douve" :
poisson (surtout intestin grêle (HD)
Heterophyes heterophyes
Cyprinidés). intestin grêle (HD)
Metagonimus yokogawai
id. + mollusques. muscle intestin grêle (HD)
Echinostomatidés
poisson (surtout (métacercaire) canaux biliaires (HD)
Opistorchis felineus
Cyprinidés, ex. canaux biliaires (HD)
Clonorchis sinensis
carassin). canaux biliaires (HD)
Pseudamphistomum sp
crabe terrestre poumons (HD)
Paragonimus spp
Anisakis simplex
poissons marins, péritoine, muscle muqueuse stomacale ou
Pseudoterranova sp
(parfois calmars) (larve au stade L3) duodénale (HI)
Contracaecum sp
HD = hôte définitif, chez qui se déroule la reproduction sexuée du parasite (parasites adultes)
HI = hôte intermédiaire, qui héberge des formes de développement du parasite, en assure l’évolution
187
Parasite transmis Origine de la contamination Localisation chez l’homme
(rôle de HD ou HI)
(*spécifique de l’homme)
Espèce animale Elément contaminant
(forme parasitaire)
« douves » :
Fasciola hepatica ruminants, rongeurs canaux biliaires (HD)
végétaux aquatiques, parfois
Fasciola gigantica ruminants canaux biliaires (HD)
eau (métacercaire)
Fasciolopsis buskii porc, homme intestin grêle (HD)
Gastrodiscoides hominis porc, rongeur, homme gros intestin (HD)
« ténias» (œufs embryonnés)
Taenia solium homme légumes, eau et divers encéphale, moelle (HI)
Echinococcus granulosus chien (chacal, loup légumes, eau et divers foie, poumon, etc (HI)
E. multilocularis renard, chien, chat fruits sauvages foie (HI)
Toxocara canis chien larva migrans viscérale
Baylascaris procyonis raton-laveur légumes, eau et divers (œufs larva migrans viscérale
Ascaris lumbricoides* homme embryonnés) intestin grêle (HD)
Trichuris trichiura* homme gros intestin (HD)
Cryptosporidium parvum ruminants, homme et légumes, fruits, lait, eau et tube digestif (HD)
Cryptosporidium spp divers mammifères divers (oocystes) tube digestif (HD)
Toxoplasma gondii chat légumes, eau (oocystes) tout tissu, organe (HI)
Isospora belli* homme légumes, eau (oocystes) tube digestif (HD)
Cyclospora cayetanensis* homme légumes, eau (oocystes) tube digestif (HD)
Giardia duodenalis mammifères légumes, eau (kystes) tube digestif (HD)
Enterocytozoon bieneusi* homme légumes, eau (spores) tube digestif (HD)
Encephalitozoon intest.* homme légumes, eau (spores) tube digestif (HD)
Entamoeba histolytica* homme légumes, eau (kystes) tube digestif, foie (HD)
Balantidium coli porc, homme légumes, eau (kystes) tube digestif (HD)
HD = hôte définitif, chez qui se déroule la reproduction sexuée du parasite (parasites adultes)
HI = hôte intermédiaire, qui héberge des formes de développement du parasite, en assure l’évolution
L’importance de ces maladies est aussi liée à la gravité de certaines d’entre elles, aussi bien
chez les animaux que chez l’homme, avec une clinique dramatique aboutissant parfois à la mort.
C’est le cas de la toxoplasmose qui peut engendrer un avortement ou des malformations fœtales lors
de primo-infection, ou qui entraîne des troubles respiratoires, méningo-encéphalitiques ou oculaires
lors d’une infection massive ou en cas d’immunodépression. Cette gravité est particulièrement
marquée chez les nouveau-nés ou chez les sujets immunodéprimés (SIDA, thérapeutiques
anticancéreuses et anti-rejet de greffes, corticothérapie, etc.) lors de parasitoses opportunistes telles
que la toxoplasmose déjà évoquée, ou encore dans les cryptosporidioses et microsporidioses qui se
traduisent essentiellement par des troubles digestifs diarrhéiques, et dont le pronostic est assombri
par le manque de thérapeutiques spécifiques efficaces. A côté de ces parasitoses émergentes ou
réémergentes, d’autres plus classiques n’en demeurent pas moins préoccupantes, par exemple la
neurocysticercose humaine due aux cysticerques de Taenia solium et qui reste fréquente dans les
188
régions endémiques d’Afrique australe et Madagascar, de Chine et d’Asie du Sud-Est, d’Amérique
latine, ou encore les trichinelloses à l’origine de graves anadémies.
189
L’importance économique de ces parasitoses est également grande, tant par les pertes
occasionnées chez les animaux (mortalité, mauvaise croissance, saisies à l’abattoir), ce qui
contribue à diminuer les ressources alimentaires disponibles pour l’homme, que par le coût des
mesures de dépistage et de lutte à mettre en place chez les animaux et les humains. De plus, la
prévention implique des mesures législatives et réglementaires qui sont autant de contraintes aux
échanges commerciaux et à la mise sur le marché de produits alimentaires de qualité sanitaire
garantie ; le dépistage des viandes trichinées et l’assainissement de l’eau de boisson en particulier
vis-à-vis des protozoaires parasites en sont des illustrations très actuelles.
Parmi les divers agents biologiques susceptibles de contaminer l’homme par le biais de son
alimentation, les parasites constituent un groupe original puisque certains d’entre eux ont développé
une stratégie évolutive impliquant une transmission obligatoire par cette voie. C’est le cas, par
exemple, des ténias humains, ou "vers solitaires", qui se contractent par l’ingestion de viandes
d’origine bovine (Taenia saginata) ou porcine (T. solium, T. asiatica). A côté de ces parasites qui
impliquent obligatoirement les humains, d’autres, tels que les trichines (Trichinella spp), utilisent
aussi la stratégie « alimentaire » pour se transmettre, mais leur spécificité moins étroite explique
que l’homme n’est qu’un de leurs hôtes potentiels. Une autre catégorie concerne des parasites à
large spectre d’hôtes pour lesquels la voie orale par l’alimentation n’est qu’un des moyens de
transmission, par exemple le toxoplasme (Toxoplasma gondii) qui se transmet également par voie
transplacentaire. Enfin, on devra considérer l’ensemble des nombreux parasites soit d’origine
animale, soit d’origine humaine, qui se transmettent par voie orale à partir d’éléments parasitaires
présents dans l’environnement (sol, eau, végétaux) et qui pourront souiller accidentellement des
aliments destinés à l’homme ; cet aspect rejoint les notions de "péril fécal" et de "maladies des
mains sales".
Afin d’identifier les risques, la connaissance des parasites en cause et de leur cycle évolutif
est indispensable. Cette étape primordiale, ne sera qu’évoquée dans ce bref exposé ; pour plus de
détails, on se reportera à des ouvrages généraux de parasitologie vétérinaire et médicale (2-5, 8). Par
ailleurs, la spécificité parasitaire, la réceptivité des hôtes et les causes favorisantes de leur
190
infestation, le degré de résistance des éléments parasitaires, expliquent que le risque pour l’homme
sera variable selon l’espèce animale d’origine, l’âge des animaux, les types de productions et de
produits. Il en découle des conséquences aussi bien pour la facilité du dépistage de la parasitose
animale à l’abattoir, que pour l’appréciation des risques d’infestation des humains et les mesures de
prévention à préconiser.
Ces parasites sont divers et appartiennent : - d’une part aux Helminthes avec des Trématodes
(douves), des Cestodes (ténias adultes et leurs larves cysticerques ou hydatides), des Nématodes
(trichine, anisakides, ascarides, etc.), - et d’autre part aux Protozoaires avec des Sporozoaires
(coccidies appartenant aux genres Toxoplasma, Sarcocystis, Isospora, Cyclospora,
Cryptosporidium), des Sarcomastigophores (Flagellés du genre Giardia, amibes), des
Microsporidies (Enterocytozoon et Encephalitozoon), des Ciliés (Balantidium). Les tableaux 1 à 3
récapitulent l’ensemble des parasites concernés, en indiquant l’origine de la contamination, le type
d’élément parasitaire assurant la transmission à l’homme, ainsi que les localisations principales
chez l’homme.
Le cycle de ces parasites peut être direct (homoxène), faisant intervenir un seul hôte chez qui
se forment les stades adultes du parasite, et qui rejette les formes de dissémination dans ses
excréments. Les éléments parasitaires fécaux sont soit éliminés directement infectants assurant une
contamination immédiate s’ils sont ingérés (cas des cryptosporidies, microsporidies et Giardia), soit
ils nécessitent une évolution dans le milieu environnant avant de devenir infectants (cas des
oocystes d’Isospora et de Cyclospora, des œufs d’ascarides et de trichure).
Cependant, la majorité des parasites importants transmis aux humains par l’alimentation a un
cycle évolutif indirect (hétéroxène) nécessitant l’intervention de plusieurs hôtes. L’un tient le rôle
d’hôte définitif (HD) en assurant la reproduction sexuée du parasite (parasites adultes) qui aboutit
au rejet d’éléments parasitaires, le plus souvent dans les matières fécales. Ces éléments qui soit sont
directement infectants (œufs de cestodes des genres Tænia et Echinococcus, sporocystes de
Sarcocystis), soit nécessitent une phase d’évolution préalable dans le milieu extérieur (œufs de
Trématodes, oocystes de toxoplasme), ne peuvent poursuivre leur développement que chez un
deuxième hôte, l’hôte intermédiaire (HI). Cet HI héberge des formes de développement du parasite
et en assure l’évolution ; dans quelques cas, plusieurs HI successifs sont nécessaires comme pour
191
les douves (HI-1 = mollusque) et les cestodes (HI-1 = crustacé) transmis par les poissons (= HI-2).
Le cycle du parasite se termine par l’infestation de l’HD qui se produit :
- soit par l’ingestion d’éléments infestants présents sur les végétaux ou dans l’eau et issus du
développement chez l’HI (métacercaires de douves Fasciolidés et Amphistomes ; HI = mollusque
amphibie ou aquatique),
- soit par l’ingestion de l’HI (l’unique HI ou le HI-2) qui héberge la forme infestante du
parasite (métacercaires de douves Hétérophyidés ou Opistorchiidés, larves plérocercoïdes du
bothriocéphale ou larves L3 d’Anisakidés, toutes présentes chez des poissons ; cysticerques
musculaires des Tænia ; kystes du toxoplasme ou des sarcosporidies).
Certains parasites ont des modalités évolutives particulières. C’est le cas des trichines pour
qui le même hôte est successivement HD (parasites adultes à vie brève se développant dans la
muqueuse de l’intestin grêle) puis HI (larves L1 pondues par les parasites femelles et migrant par
voies lymphatique et sanguine jusqu’aux fibres musculaires dans lesquelles elles deviennent
infestantes) ; la poursuite du cycle nécessite l’ingestion de ces larves par un nouvel hôte. Quant au
toxoplasme, il utilise le chat comme HD aboutissant à l’excrétion d’oocystes fécaux, et la plupart
des mammifères (dont le chat et l’homme) et des oiseaux comme HI. Cependant l’intervention de
l’HD n’est pas indispensable et le parasite peut se transmettre uniquement entre les divers HI, en
utilisant une transmission horizontale par carnivorisme (ingestion de kystes à bradyzoïtes), mais
aussi une transmission verticale (passage transplacentaire de tachyzoïtes).
Certains parasites au cycle homoxène ne concernent que les humains (cf. Tableau 3). Pour les
parasites agents de zoonose, l’homme assure soit un rôle de HD obligatoire et exclusif (Tænia
saginata, T. solium, T. asiatica, Sarcocystis hominis et S. suihominis), soit celui de HD habituel en
parallèle avec d’autres mammifères (douves Hétérophyidés et Opistorchiidés, Fasciolopsis), soit un
rôle de HD accidentel (douves Fasciola), soit celui de HI accidentel aboutissant en général à une
impasse parasitaire (cysticerques de T. solium, hydatides d’échinocoques, toxoplasme sauf en cas de
passage in utero, L3 d’Anisakidés, L1 musculaires de trichines).
192
3.4 - Modalités de la transmission à l’homme
Dans tous les cas, l’homme se contamine par des éléments parasitaires ingérés avec des
aliments consommés crus ou peu cuits. Pour aboutir à un développement chez l’homme, outre la
réceptivité nécessaire vis-à-vis du parasite, les éléments ingérés doivent être viables et avoir
conservé leur pouvoir infectieux. C’est pourquoi la détection de parasites dans des aliments ne
signifie pas obligatoirement que leur ingestion aurait engendré une parasitose. Certains facteurs, tels
que les immunodéficiences, augmentent la réceptivité et la sensibilité des humains, ce qui explique
des manifestations cliniques sérieuses avec des parasites habituellement modérément ou peu
pathogènes (cryptosporidies, microsporidies).
Par ailleurs, l’infestation de l’homme va dépendre de causes favorisantes parmi lesquelles les
habitudes alimentaires (modes de cuisson, de préparation et de conservation des aliments, type
d’aliment consommé, fréquence et quantité ingérée) sont les plus décisives pour expliquer la
rencontre avec les parasites. D’autres causes interviennent telles que :
- les mouvements de population (voyage, tourisme, immigration) qui confrontent à des
habitudes différentes ;
- la proximité avec des animaux et l’existence de nouveaux élevages pouvant accroître les
risques et apporter de nouveaux parasites potentiellement pathogènes ;
- les bouleversements socio-politiques ou les conflits qui, parfois, entraînent des changements
des structures d’élevage favorisant l’extension d’une parasitose (trichinellose), ou obligent à une
alimentation inhabituelle (crabes vecteur de paragonimose) ;
- la mauvaise hygiène, l’utilisation défaillante des eaux usées et la mauvaise qualité de l’eau
de boisson favorables à la dissémination des parasites fécaux.
Ce sont les véhicules les plus fréquents de l’infestation (cf. Tableau 1). Les éléments
parasitaires contaminants pour les humains ont leur site d’élection dans le muscle et le tissu
conjonctif intermusculaire (cas des larves de cestodes du genre Tænia agents des cysticercoses
musculaires bovine et porcine ou ladreries) ou dans la fibre musculaire elle-même (cas des larves de
trichine qui modifient totalement la cellule pour s’y enkyster ; kystes de sarcosporidies contenant
des cystozoïtes infectants). En revanche, les kystes à bradyzoïtes du toxoplasme ont des affinités
beaucoup moins électives, pour les muscles, certes, mais aussi les poumons, les centres nerveux et
193
la rétine, et divers autres tissus et organes (foie, rate, reins, etc.), si bien qu’outre la viande, des
abats pourront être à l’origine d’une infection. De plus, le parasite peut être plus ou moins abondant
au sein d’une carcasse, en fonction de lieux d’élection ; c’est le cas des cysticerques de T. saginata
plus fréquents dans le cœur, la langue, les muscles masticateurs, l’œsophage ou le diaphragme des
bovins, ou encore des larves de trichine dans la langue et le diaphragme chez le cheval ou le porc ;
cela permet des recherches plus ciblées pour le dépistage en abattoir, en sachant que ces
localisations ne sont que préférentielles et non pas exclusives.
Enfin, on ne peut exclure l’éventualité d’un apport exogène de parasites d’origine fécale
venant souiller les carcasses ou les plans de travail à l’occasion de l’abattage des animaux (par
exemple des cryptosporidies d’origine bovine), ou lors de la préparation d’aliments.
194
En résumé, la viande d’origine bovine est source potentielle pour l’homme de téniasis à
T. saginata, de coccidiose sarcosporidienne et de toxoplasmose. Pour ce dernier point, et bien que
les bovins hébergent peu de kystes toxoplasmiques dans la viande, la séroprévalence chez les
bovins varie de 1 à 70 % en fonction des enquêtes et des pays (10), et la consommation de viande
bovine apparaît comme l’un des premiers facteurs de risques d’acquisition de la toxoplasmose
humaine en France, pays où cette viande est souvent consommée peu cuite. C’est cependant le
mouton qui se révèle la source première de toxoplasme, la viande caprine pouvant aussi contenir de
nombreux kystes tissulaires. Outre la toxoplasmose, le porc est par ailleurs à l’origine de coccidiose
sarcosporidienne, du téniasis à T. solium et à T. asiatica, et de trichinellose. Concernant les
saucisses à base de porc et produits de charcuterie, les procédures de salaison (concentration en sel,
température et temps d’action) sont efficaces pour détruire ces parasites lorsqu’elles sont respectées.
D’autres sources de viande interviennent plus ponctuellement, par exemple le cheval à l’origine
possible de toxoplasmose et de trichinellose, d’autant que les amateurs de viande chevaline mangent
souvent cette viande peu cuite et en grande quantité, ou encore le chien dans certains pays, des
gibiers tels que les suidés ou des carnivores (renard, ours, phoque).
Il existe peu de données concernant la transmission aux humains de parasites par ce type
d’aliments. On rappellera que certains helminthes parasites d’animaux sont transmis par voie
galactogène aux nouveaux-nés soit de façon habituelle (espèces de Toxocara chez la vache, la
chienne et la chatte, de nombreuses espèces d’anguillules du genre Strongyloides, certains
ankylostomes), soit exceptionnellement comme la trichine (transmission possible chez l’enfant à
partir du lait de sa mère). Par ailleurs, on sait que des tachyzoïtes de toxoplasme sont retrouvés dans
le lait chez la chèvre, la brebis et la vache, et peut-être chez la chamelle. Cependant, seuls des cas
après ingestion de lait cru ou de fromage frais de chèvre sont avérés chez l’homme, et les
tachyzoïtes, fragiles mais qui peuvent survivre quelques jours à + 4°C, sont en général détruits par
les sucs gastriques. Enfin, une contamination d’origine exogène par des oocystes de
Cryptosporidium parvum a été à l’origine d’infections humaines (Grande-Bretagne, Canada,
Russie) à partir de lait consommé cru, ou par du lait fermenté, ou après défaillance de la
pasteurisation ; de plus, la contamination expérimentale de yaourts permet de retrouver des oocystes
viables dans le produit fini.
195
4.3 - Chair de poissons, de crustacés et de mollusques
Les risques d’infestation de l’homme sont d’autant plus élevés que les produits sont
consommés crus ou peu cuits, ce qui est notamment le cas des poissons dans de nombreux pays
d’Asie, mais également avec une mode culinaire de plus en plus répandue en Occident. Les
infestations les plus fréquentes concernent diverses douves digestives et hépatiques transmises par
l’ingestion de poissons d’eau douce, Cyprinidés surtout, ainsi que les larves de nématodes
Anisakidés chez des poissons marins, à l’origine d’une larva migrans digestive chez l’homme
(cf. Tableau 2). Dans ce dernier cas, la localisation des larves chez le poisson est variable en
fonction de l’espèce parasitaire, du poisson-hôte et du mode de conservation, avec des
conséquences sur les risques d’infestation et les mesures préventives à préconiser. Les larves de
Pseudoterranova sont dans la musculature, en particulier chez la morue et les grondins ; celles
d’Anisakis simplex semblent localisées à la musculature chez les merlus, mais surtout dans la cavité
péritonéale chez les maquereaux et harengs ; cependant leur migration dans les muscles s’effectue
après la mort du poisson s’il n’est pas immédiatement éviscéré et congelé au moment de la pêche.
En ce qui concerne les mollusques, certaines moules d’eau douce hébergent des métacercaires
de douves digestives Echinostomatidés. Par ailleurs, des coquillages Lamellibranches marins au
pouvoir de filtration élevé (coques, palourdes, huîtres et moules) ont été retrouvés porteurs
d’oocystes de cryptosporidies, mais sans que leur rôle dans la survenue d’infection humaine ait été
démontré à ce jour. La survie des oocystes n’est pas altérée par l’eau de mer, et le taux de
contamination des mollusques paraît d’autant plus élevé que la proximité avec des élevages est
grande.
Ces aliments interviennent de deux façons différentes, soit en tant que support habituel des
éléments parasitaires infestants, soit parcequ’ils sont souillés accidentellement à partir de matières
fécales ou par de l’eau contaminée (arrosage, eaux usées et boues d’épuration, ruissellement)
(cf. Tableau 3).
La première éventualité concerne certaines douves dont les métacercaires sont fixées à des
végétaux utilisés dans l’alimentation humaine comme salades sauvages ou légumes : cresson ou
pissenlit pour Fasciola hepatica sous les climats tempérés, plantes aquatiques pour F. gigantica des
pays tropicaux et surtout Fasciolopsis buskii en Asie (châtaignes et jacinthes d’eau, lys aquatiques,
lotus, etc.). Dans certains cas, la contamination a lieu aussi par l’eau à partir de métacercaires
flottantes, ou après manipulation des plantes contaminées, par exemple en les pelant à l’aide des
dents (6).
196
La seconde circonstance de transmission intéresse de nombreux parasites, agents de zoonose
ou non, et qui utilisent une voie féco-orale pour se transmettre : cestodoses larvaires (cysticercose,
hydatidoses), ascaridose et larva migrans ascaridienne, et plus encore des protozooses telles que
cryptosporidioses, giardiose, coccidioses, toxoplasmose (oocystes d’origine féline), et
microsporidioses. Après élimination fécale et parfois maturation dans le milieu extérieur, les
éléments contaminants survivent sur le sol sans s’y multiplier. Leur ingestion par l’homme
s’effectuera à l’occasion d’un manque d’hygiène à partir de mains sales, ou indirectement en étant
véhiculés par des légumes crus non lavés, des fruits non pelés, ou des préparations en salade ou en
jus. Les risques de transmission sont plus immédiats pour les parasites dont les formes rejetées dans
les matières fécales sont directement infectantes (cf. paragraphe 3.2). Dans ce type de transmission,
le rôle de l’eau (eau de boisson, d’arrosage de végétaux cultivés, de lavage des aliments, filtration
par des mollusques) est important, mais il est abordé plus en détail dans un autre article de ce
dossier.
Connaissant les diverses modalités évolutives des parasites, il est possible de proposer des
mesures adaptées pour limiter ou empêcher la contamination des humains à partir des aliments.
D’une manière générale, elles tiendront compte de la résistance des parasites, des facteurs de
réceptivité qu’il faudra essayer de modifier, des causes favorisantes à éliminer. En outre, elles sont
tributaires de méthodes de dépistage fiables, en sachant que les techniques de visualisation des
parasites (cysticerques, larves de trichines) utilisées à l’abattoir sont parfois défaillantes. Cela
nécessite donc l’amélioration de ces techniques, ou la mise au point d’autres méthodes de détection
utilisant par exemple la sérologie ou la biologie moléculaire.
Des mesures offensives visant à la destruction des parasites doivent être entreprises ; ainsi le
traitement des animaux et la prophylaxie des parasitoses animales participent à cette prévention
(exemples de la lutte contre les distomatoses des animaux domestiques ou contre le téniasis
échinococciques des carnivores). On rappellera que peu de médicaments ont une action sur les
parasites excrétés. C’est pourquoi des précautions doivent être prises pour éviter leur dispersion
dans l’environnement (garder les animaux en bâtiments pendant les quelques jours suivant leur
traitement, recueillir les excréments et litières souillées pour les détruire). De plus de nombreux
éléments parasitaires dans le milieu extérieur (œufs ou oocystes) offrent une grande résistance aux
conditions environnementales, ainsi qu’aux désinfectants usuels. D’autre part, la lutte contre
certains hôtes intermédiaires tels que les mollusques est à envisager mais s’avère très difficile.
197
L’autre aspect de cette prévention est l’importance capitale d’une inspection des viandes
efficace afin de rechercher les parasites dans leurs lieux préférentiels d’élection. Cela nécessite
d’investir dans la conception rationnelle des lieux d’abattage, dans la formation d’un personnel
compétent, dans l’optimisation des techniques de dépistage. La mise en place de textes législatifs et
de règlements, tant au niveau national qu’international, permet une systématisation et une
harmonisation de la recherche des agents pathogènes (techniques utilisées, types d’animaux
concernés), et du devenir des carcasses et produits parasités (saisies, destruction, méthodes
éventuelles d’assainissement). Actuellement en France, la recherche systématique de parasites dans
les viandes concerne la cysticercose musculaire (ladrerie) des bovins (saisie totale ou partielle, et
assainissement par le froid à - 10°C pendant 10 jours, selon l’intensité d’infestation et la viabilité
des cysticerques), la ladrerie porcine (en cas de présence saisie totale, suivie de destruction), ainsi
que la trichinellose chez le porc, le sanglier et le cheval (dépistage obligatoire, saisie totale en cas
de présence de larves). Mais en présence de lésions quelles qu’elles soient, le vétérinaire inspecteur
a toujours la possibilité de saisir les viandes et abats parasités pour un motif "d’aspect répugnant"
empêchant ainsi la commercialisation. Une évolution de la réglementation se met en place afin de
cibler certains types d’animaux à risque (exemple des élevages de porc plein-air plus à risque de
trichinellose que les porcs industriels) et d’améliorer le dépistage. En ce qui concerne les poissons,
l’éviscération et la congélation immédiate au moment de la pêche sont des mesures mises en œuvre
dans certains pays.
Des mesures défensives visant à empêcher l’infestation des animaux sont également
entreprises. Ce sont d’une part des mesures médicales telles que des essais de vaccination contre les
échinocoques chez le chien ou l’hydatidose du mouton, ou l’administration d’un vaccin anti-
toxoplasme commercialisé pour les brebis mais dont l’objectif est la prévention de l’avortement de
ces animaux. Des mesures sanitaires d’autre part sont efficaces, comme améliorer les conditions
d’hygiène des élevages (nombreuses parasitoses concernées), empêcher l’accès des ruminants aux
zones trop humides en les clôturant (fasciolose), interdire l’accès des abattoirs et la distribution de
viscères parasités aux chiens (échinoccose hydatique), contrôler l’alimentation des porcs
(distomatose à Fasciolopsis, trichinellose), protéger les stocks alimentaires destinés aux animaux
vis-à-vis des excréments de chat (toxoplasmose).
Peu de mesures réglementaires existent à ce sujet. Dans certains pays, les cultures de plantes
aquatiques comme le cresson doivent répondre à des critères précis quant à l’implantation des
cressonnières pour empêcher la contamination par les métacercaires de douves (éloignement des
pâtures de ruminants, contrôle de l’eau, construction des bacs). Par ailleurs, des mesures
198
importantes concernant les méthodes de détection et d’assaissement sont prises pour assurer la
qualité de l’eau de boisson ; de même existe-t-il des règles sur l’utilisation des eaux usées et
l’épandage des boues résiduaires (cf. Article de R. Vilagines sur l’eau dans ce même dossier).
Mais dans beaucoup de cas, c’est l’éducation du public et du consommateur qui peut apporter
une diminution de l’incidence des parasitoses transmises par l’alimentation. Elle doit d’abord inciter
à une meilleure hygiène lors de la manipulation des aliments, tant sur un plan individuel que
collectif, avant la prise de repas, lors de la manipulation d’aliments ou de leur préparation. Les
habitudes alimentaires devront être éventuellement modifiées (cuisson à cœur, pas de
consommation de légumes crus non lavés, etc.), bien que cet aspect soit des plus difficiles à mettre
en pratique. Le mode de conservation des aliments peut aussi limiter l’infestation parasitaire, en
particulier en utilisant la congélation ; cependant l’action d’assainissement du froid varie en
fonction des parasites, de la température et du temps d’action, ainsi que de l’aliment lui-même. Le
rôle des animaux dans cette transmission sera expliqué de façon à raisonner le comportement de
l’homme vis-à-vis d’eux : limitation des contacts, arrêt de la divagation des chats et chiens en
particulier pour protéger les aires de jeux et bacs à sable (toxoplasmose, toxocarose, hydatidoses,
giardiose, etc.).
En fait, la prévention de la transmission des parasitoses par les aliments procède d’une lutte
intégrée. Les mesures à prendre doivent s’adapter à chaque situation qui tient compte de la
parasitose en cause, de la réceptivité des individus (notion de "groupes à risques" tels que les
femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes âgées ou les sujets immunodéficients), des
habitudes alimentaires (préparations culinaires traditionnelles, interdits religieux), du pays impliqué
(réglementations, moyens économiques et financiers, ressources alimentaires). Cette prévention
nécessite la mise en œuvre de mesures générales parmi lesquelles l’assainissement et la maîtrise des
effluents et de l’alimentation en eau, la mise en place de plans de prophylaxie et de programmes de
traitement, l’élaboration de législations régissant le dépistage des contaminations parasitaires des
aliments et les décisions à prendre en cas de risques. Elle concerne tous les acteurs de la Santé
publique et prend en compte aussi bien les humains que les animaux.
199
BIBLIOGRAPHIE
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Philadelphia, USA.
4 - Dunn A.M. – Veterinary Helminthology, Second edition. 1978. William Heineman Medical
Books, London, GB.
5 - Euzéby J. - Les parasites des viandes. 1998. Lavoisier Tec & Doc, Paris, France.
7 - Macpherson C.N.L., Gottstein B. & Geerts S. – Parasitic food-borne and water-borne zoonoses.
In An update on zoonoses. Scientific and Technical Review, O.I.E., 2000, 19 (1).
9 - Murrell K.D., Cross J.H. & Looareesuwan S. – Food- and water-borne parasitic zoonoses in the
21st century. Trends in Parasitology, 2001, 17 (4) : 163-164.
10 - Tenter A.M., Heckeroth A.R. & Weiss L.M. – Toxoplasma gondii : from animals to humans.
Intern. J. Parasitol., 2000, 30 : 1217-1258.
200
Encadré : Fréquence et prévalence de quelques zoonoses parasitaires présentes en France et
transmises par les aliments.
• Téniasis à T. saginata
On estime actuellement à environ 11 millions, le nombre d’humains atteints de la parasitose en
Europe, 15 millions en Asie et 18 millions en Afrique. Ces estimations prennent en compte les cas
diagnostiqués par la mise en évidence du parasite dans les selles, et la quantité de médicaments anti-
cestodicides vendue par les officines. Quant à la forme larvaire de la maladie, la ladrerie bovine,
dépistée par les méthodes classiques chez les bovins en Europe, elle intéresse environ 5% des
carcasses bovines détectées avec des cysticerques vivants, chiffres auxquels on doit ajouter 10-15% de
carcasses avec des parasites dégénérés. Cette ladrerie est probablement sous-estimée puisque les taux
sont plus élevés si des recherches minutieuses, incompatibles avec la pratique usuelle en abattoir, sont
effectuées.
• Trichinellose
En France, les sources hospitalières fournissent un chiffre de 2700 cas de trichinellose recensés chez
les humains depuis 50 ans, la source principale d’infestation étant la viande chevaline (plusieurs
centaines de cas à partir d’une seule carcasse pour le dernier cas en 1998), puis de manière plus
discrète, de petites épidémies familiales par viande de sanglier. Dans l’Union européenne, on retrouve
une situation semblable en Italie, l’autre pays où la viande de cheval est souvent consommée crue. En
matière de trichinellose équine pour la France et l’Italie, l’amélioration du dépistage a fait passer la
prévalence de la trichinellose de 3,6 pour un million de chevaux abattus pour la période 1975-1998, à
8 pour un million après 1998. Le porc intervient sporadiquement en Espagne, avec plus de 1000 cas
humains d’origine porcine ces dix dernières années. La prévalence chez le sanglier semble corrélée
avec la présence de trichinellose chez le porc : 0,48% dans l’Extremadura espagnole, 1,3% en
Finlande du Sud, mais 0,0002 à 0,003% en France où la présence de trichine chez le porc reste
exceptionnelle (21 cas humains autochtones en 1983 à partir de porcs qui avaient reçu des carcasses de
renards dans leurs repas !).
• Toxoplasmose
Les chiffres de séroprévalence chez les femmes enceintes sont très variables selon les pays (habitudes
alimentaires et protocoles d’enquêtes différents). En Europe, on indique 11% en Norvège, 28% au
Royaume-Uni et au Danemark, 35% en Autriche, 46% en Suisse et 50% en France, pays avec une
diminution constante de cette séropositivité, de 80% dans les années 1960 à 50% en 1995 (rôle
éventuel des viandes surgelées, d’une meilleure hygiène ?). Le taux de séroconversion chez les
femmes enceintes en France, pays où le dépistage en prénuptial et prénatal est obligatoire, est de 14,8
cas pour 1000 femmes séronégatives. (sources : BEH 1996, 16 et 51 ; Laborama 35 suppl. ; Int. J.
Parasitol. 2000, 30 : 1217-58).
201
RESUME
De nombreuses parasitoses sont transmissibles à l’homme par son alimentation, aussi bien par
le biais de viande et produits carnés (téniasis, trichinellose, toxoplasmose) ou de chair de poisson
(anisakidoses, distomatoses, téniasis) qui hébergent les éléments parasitaires, que par des végétaux
ou l’eau, supports habituels de parasites (distomatoses) ou accidentellement souillés à partir d’une
excrétion fécale (cysticercose et hydatidoses, toxocarose et ascaridose, cryptosporidiose, giardiose,
toxoplasmose, coccidioses, microsporidioses). La connaissance des cycles évolutifs de ces parasites
est indispensable afin de comprendre les mécanismes de la transmission, les causes qui la
favorisent, ainsi que les moyens de lutte à mettre en place contre ces affections qui sont des
zoonoses pour la majorité d’entre elles.
202
LES MYCOTOXINES
1 - INTRODUCTION
Les mycotoxines sont des métabolites secondaires produits par de nombreuses espèces de
moisissures qui peuvent se développer sur les aliments destinés à l'Homme et/ou aux animaux. Les
espèces d'élevages peuvent constituer un vecteur de ces toxines ou de leurs métabolites dans la
viande, les abats, le lait ou les œufs. Les mycotoxines sont généralement stables et ne sont pas
détruites par les procédés de cuisson. Leur capacité à se lier aux protéines plasmatiques et leur
lipophilie en font des toxines qui s’accumulent dans l’organisme en cas d’expositions répétées et
rapprochées. Certaines mycotoxines ont une toxicité aiguë très marquée, mais il est exceptionnel en
Europe d’atteindre des doses toxiques en une seule ingestion d’aliments contaminés. Ce sont les
effets toxiques chroniques des mycotoxines et de leurs métabolites, surtout les effets cancérogènes,
immunotoxiques et les atteintes irréversibles de certains organes comme le rein et le foie qui
peuvent constituer le danger pour le consommateur.
Cependant, plusieurs espèces fongiques soigneusement sélectionnées sont utilisées depuis des
siècles pour la préparation d’aliments en Occident et en Extrême-orient sans problème particulier.
Ce qui indique que toutes les moisissures ne sont pas toxinogènes et que tous les métabolites
secondaires des moisissures ne sont pas toxiques pour l’homme.
Les mycotoxines sont secrétées par des moisissures appartenant principalement aux genres
Aspergillus, Penicillium, Giberella et Fusarium (Tableau 1), Pittet 1998.
On peut aussi classer les mycotoxines selon leur structure et leurs principaux effets toxiques.
On distinguera parmi les groupes de mycotoxines considérées comme importantes du point de vue
agro-alimentaire et sanitaire, les aflatoxines, les ochratoxines et l’ochratoxine A en particulier, la
patuline, et une autre toxine de structure lactonique la citrinine, les fumonisines, les trichothécènes
et tout spécialement le déoxynivalenol et la zéaralénone.
203
Le genre Fusarium produit le groupe le plus varié des toxines appelées fusariotoxines qui
comprend les Trichothécènes, les Fumonisines et dérivés ainsi que des toxines ayant des propriétés
oestrogéniques telles que la Zéaralénone (IARC, 1993, 1999, Steyn 1998).
Il convient de remarquer que dans un groupe structural de toxines, la toxicité peut varier très
largement d’une toxine à une autre et que le danger ne vient pas toujours de la toxine elle-même,
mais peut aussi venir du ou des métabolites. C’est le cas notamment de l’aflatoxine B1, dont le
métabolite l’aflatoxine M1 est retrouvée dans le lait des mammifères lorsque ceux-ci ont ingéré des
aliments contaminés par l’aflatoxine B1, tableaux 8 et 10. Or le lait est un aliment important sinon
exclusif dans les premiers mois de la vie d’un enfant. Enfin plusieurs toxines d’une même famille
structurale ou présentant des structures différentes peuvent se retrouver dans le même produit
alimentaire. Cette situation naturelle a fait l’objet de très peu d’études à ce jour, qui ont surtout
montré des synergies in vivo.
Les principaux facteurs de risque liés aux mycotoxines elle-mêmes, sont : leur présence
ubiquiste, leur nature, structure et toxicité intrinsèque, la variabilité et l’irréversibilité des effets
chroniques, la cancérogenèse surtout en présence de plusieurs mycotoxines, leur stabilité dans les
aliments et dans l’organisme (Tableaux 2-7).
Il apparaît clairement que le problème des aflatoxines est lié en Europe non seulement à la
présence de l’AFB1 dans les céréales mais aussi à la présence du métabolite AFM1 dans le lait,
tableaux 8 et 10. Il en est de même pour l’ochratoxine A qui a été retrouvée dans le lait des femmes
allaitantes, Miraglia et al.1998.
204
2.1 - Facteurs de risques liés aux aliments
Les moisissures toxinogènes peuvent se développer sur tous les supports solides ou liquides
dès l’instant qu’il y a des éléments nutritifs, de l’humidité (dès 50 à 60% d’activité d’eau) et de la
chaleur (dès 20°C), d’où la grande variété des substrats alimentaires contaminés. Les aliments
contaminés par les mycotoxines peuvent être classés en deux grands groupes : les aliments et
produits d’origine végétale, et ceux d’origine animale. Parmi les produits et aliments d’origine
végétale, les céréales représentent le plus grand facteur de risque compte tenu de la fréquence de
contamination et de leur apport dans le calcul de la dose journalière acceptable quel que soit le
régime alimentaire de type européen. Les autres produits d’origine végétale sont les fruits et
légumes secs (graines oléagineuses, haricots et raisins secs), les épices, le café, le cacao et les jus et
produits de fermentation (jus de raisins, bière, vin et cidre), tableaux 3, 8, 10, 15-18.
Parmi les produits et aliments d’origine animale, le lait, les volailles, le porc, les abats et tout
ce qui en dérive, doivent retenir l’attention avant les viandes, les poissons séchés et les fromages,
(Krogh, 1987 ; Bauer et Gareis 1987 ; Pittet 1998), tableaux 8-10.
La cuisson normale des aliments n’a généralement pas d’effet significatif sur la concentration
nominale de la plupart des mycotoxines, car elles sont thermostables. La torréfaction peut diminuer
sensiblement la concentration de certaines toxines surtout aux fortes concentrations qui dépassent
les limites acceptables. C’est le cas pour l’ochratoxine A dans le café. Mais il est toujours important
de contrôler les résultats de l’opération, avant la mise sur le marché, (El-Banna et Scott, 1984),
tableau 11.
Les procédés industriels de fermentation et ceux faisant intervenir les levures peuvent quant à
eux diminuer dans des proportions très appréciables, les concentrations de mycotoxines dans les
aliments et boissons. C’est le cas dans les milieux liquides pour l’ochratoxine A qui est clivée par la
carboxypeptidase et les lipases. C’est aussi le cas de la patuline et de la zéaralénone qui sont bien
détruites par des réductases vraisemblablement.
205
3 - ASPECTS SANITAIRES LIES A L’EXPOSITION AUX MYCOTOXINES
La toxicité globale des mycotoxines varie très largement en fonction des espèces animales.
Elle varie aussi selon la structure, l’aflatoxine B1 étant la plus toxique pour ce qui concerne la
toxicité aiguë, tableaux 4-7. La toxicité chronique des mycotoxines, la cancérognèse,
l’immunotoxicité, l’hématoxicité, la toxicité hépatique, la toxicité rénale et la toxicité sur la
reproduction, constituent l’aspect le plus inquiétant de ces contaminants alimentaires. C’est d’autant
plus inquiétant qu’il est difficile de faire le lien entre un effet toxique observé et une mycotoxine
présente.
D’une manière générale, la même toxine peut atteindre à la fois plusieurs cibles dans
l’organisme, le foie, les reins, le cerveau, la fonction de reproduction, les cellules immuno-
compétentes et les cellules de la lignée myéloblastique et érythroblastique.
La dose totale ingérée est primordiale dans tous les cas d’intoxication. Dans le cas des
intoxications chroniques par les mycotoxines, d’autres paramètres prennent une importance
particulière. Ce sont le temps de demi-vie et l’accumulation en fonction du métabolisme, la
composition de la ration alimentaire.
Dans le sang, l’aflatoxine B1, l’ochratoxine A, la citrinine sont connues pour se fixer de façon
réversible aux protéines plasmatiques, tandis que la zéaralénone se lie à des constituants
érythrocytaires, Chu, 1974.
L’aflatoxine B1 est l’exemple type de toxine qui doit être activé par métabolisme en composé
très réactif, génotoxique et mutagène, le 8, 9-époxy-AFB1. De nombreux cytochromes P450 (CYP)
présents dans le foie et ailleurs, dont certains sont inductibles par les HAP (Hydrocarbures
aromatiques polycycliques) sont impliqués dans ce métabolisme. Ce sont les CYP 1A, (surtout le
1A2), 2B, 2C, 3A. Quatre voies métaboliques sont mises en jeu : l’ époxydation qui peut aussi
avoir lieu suite à l’action des prostaglandines synthases par co-oxydation et lors de la peroxydation
206
des lipides, la réduction en aflatoxicol, la O-déalkylation vers l’aflatoxine P1 et l’hydroxylation de
0,5 à 5% de la quantité d’AFB1 ingérée en aflatoxine M1, (Massey et al. 1995, Langouet et al.
1995, Hussein et Brasel 2001). Les métabolites dont certains sont très réactifs sont éliminés après
conjugaison au glutathion. Dans le cas de la 8, 9-époxy AFB1, la conjugaison au glutathion peut
être précédée de l’action de l’époxyde hydrolase. La 8, 9-époxy AFB1 se lie de façon covalente aux
protéines et à l’ADN, surtout en position 7 de la guanine, ce qui constitue un bon marqueur
biologique d’exposition qui peut être suivi dans les urines des personnes. Le métabolisme de
l’AFB1 comme celui des autres mycotoxines dans les mammifères peut être influencé par plusieurs
facteurs dont la composition de la ration alimentaire en protéines et en graisses, l’état physiologique
général, l’espèce, l’âge et le sexe. La différence de toxicité des aflatoxines en fonction des espèces
est justement liée à l’efficacité relative à transformer et à éliminer la toxine, tableau 10.
En ce qui concerne l’ochratoxine A (OTA), une fois dans le sang, elle se lie aux protéines
plasmatiques et entre dans le cycle entéro-hépatique, ce qui explique sa longue demi-vie dans
l’organisme des mammifères 7 à plus de 500 h. (Galtier et al. 1980, 1981 ; Fink-Gremmels et
al.1995 ; Stander et al. 2001). Elle subit plusieurs transformations métaboliques comportant tout
d’abord le clivage de la liaison pseudo-peptidique conduisant à la phénylalanine et à l’ochratoxine
alpha, dénuée de toxicité aiguë mais qui conserve une partie de la génotoxicité de la molécule de
départ, (Föllmann et al. 1995). L’ochratoxine A est aussi hydroxylée en 4R- et 4S-
hydroxyochratoxine A qui sont des métabolites toxiques bien que moins toxiques que l’OTA,
(Stormer et al. 1983, Créppy et al. 1983a, 1983b). D’autres métabolites hydroxylés ont été
identifiés, ce sont le 10-méthylhydroxy-ochratoxine A et surtout la tyrosine ochratoxine A formée
suite à l’hydroxylation en position 4 du cycle aromatique de la phenylalanine par la phénylalanine
hydroxylase, Creppy et al. 1990, Stormer et al. 1983. Les Cytochromes P450 impliqués dans le
métabolisme de l’OTA ne sont pas encore entièrement déterminés, on pense que sont impliqués les
CYP 2C9, 1A1, 1A2, 3A4, (Oster et al. 1991). L’hydroxylation peut aussi avoir lieu sous l’effet des
prostaglandines synthétases et des peroxydases. Il se forme aussi des adduits à l’ADN probablement
entre un ou plusieurs des métabolites hydroxylés et des guanines (Obrecht-Pflumio et Dirheimer
2000 et 2001). Malgré cette métabolisation, l’OTA s’accumule dans l’organisme des animaux
exposés notamment dans les reins et le cerveau. Son élimination se produit après différentes
conjugaisons y compris avec le glutathion. Cette élimination est très lente sauf en cas d’insuffisance
rénale chronique terminale.
207
Le métabolisme de la patuline n’est pas connu. Elle se dégrade semble-t-il spontanément en
milieu aqueux, d’où la réduction de la concentration dans les boissons contaminées en fonction du
temps. La patuline est une lactone α,β insaturée, contenant un cycle pentagonal. Elle contamine les
fruits tout spécialement les pommes et les produits qui en dérivent. En Europe, la concentration
acceptable est de 50 µg/kg. C’est un puissant mutagène qui est également cytotoxique,
immunotoxique, neurotoxique, entraînant des effets sur le tractus gastro-intestinal chez les animaux
d’expérience. In vitro, elle inhibe la synthèse des protéines par prévention du passage des
nutriments, au niveau membranaire, du milieu de culture vers les cellules.
Le métabolisme des trichothécènes a été relativement moins étudié eu égard au grand nombre
de toxines qui existent dans cette famille structurale. Les trichothécènes subissent une
hydroxylation en C-3 ou en C-4 suivie d’une glucuronidation, Bauer 1995. Dans le cas de la T-2
toxine et de la DAS celles-ci sont déacétylées en C-4 chez le rat et le lapin avant l’hydroxylation en
C-3. Cette voie aboutit pour la T-2 toxine à la formation de la HT-2 toxine qui est encore toxique.
Pour ce qui concerne le DON la fonction époxyde est réduite puis une glucuronidation se
produit qui conduit à l’élimination lente du métabolite non toxique, Bauer 1995. La flore intestinale
participerait à la métabolisation des trichothécènes par déépoxydation (T-2 toxin, DAS, DON)
(Kobayashi et al. 1987, Worrel et al. 1989).
En ce qui concerne la zéaralénone qui avait été utilisée comme anabolisant du bétail avant son
interdiction à cause de son potentiel cancérogène, (Becci et al. 1982), elle est réduite dans
l’organisme des mammifères par la 3α-hydroxystéroïde déhydrogénase en deux isomères α- et
β-zéaralénol qui subiront par la suite une glucurono-conjugaison ou une sulfo-conjugaison avant
l’élimination dans les urines, (Mirocha et al. 1981). Des deux métabolites l’isomère α- possède la
plus forte affinité pour les récepteurs oestrogéniques.
208
Plusieurs levures et des enzymes purifés sont capables de métaboliser des mycotoxines,
(Stander 2000, Stander et al. 2001). C’est le cas notamment de la carboxypeptidase qui est autorisée
dans l’élaboration de certaines boissons et qui clive très efficacement l’ochratoxine A, (Deberghes
et al 1993 ).
Pour chacune des mycotoxines, les bio-marqueurs d’exposition, les effets suspectés ou
reconnus chez l’homme et les impacts biochimiques et moléculaires identifiés expérimentalement
chez l’animal ou in vitro sont résumés dans les tableaux 12-13.
Pour les fumonisines, il existe différentes hypothèses concernant leurs mécanismes d’action.
Les principales manifestations toxiques chez l’animal, incluent : l’œdème pulmonaire porcin, la
leucoencéphalomalacie équine, la néphrotoxicité et l’hépatotoxicité dans de nombreuses espèces
animales, et l’action promotrice dans la survenue de cancers du foie chez le rat et le cancer de
l’œsophage chez certaines populations humaines. Une perturbation du métabolisme des
sphingolipides est observée de façon précoce in vitro sur la plupart des systèmes en culture. Cet
événement est de plus fortement corrélé à des altérations de la prolifération et/ou de la mort
cellulaire. In vivo, une perturbation du métabolisme des sphingolipides est également détectée et
associée à la progression de la mycotoxicose chez les porcins, les équidés, les lapins, les souris et
les rats. Cependant, alors que les cultures primaires d’hépatocytes de rat et les tranches de foie
maintenues en culture révèlent de fortes altérations du métabolisme des sphingolipides, ces modèles
expérimentaux sont assez peu sensibles à l’action toxique directe de ces composés.
D’autres mécanismes d’action des fumonisines pourraient faire intervenir une perturbation du
métabolisme des lipides et/ou de différentes voies de la régulation cellulaire, indépendamment
d’une perturbation du métabolisme des sphingolipides. Quoiqu’il en soit, une altération du
métabolisme des sphingolipides, (Gelderblom et al. 1992) une peroxydation des lipides (Abado-
Becognee et al 1998, Mobio et al 2000) et une altération de la transduction du signal semblent être
les principaux mécanismes d’action toxique des fumonisines.
209
L’immunosuppression induite par les mycotoxines peut se manifester par une diminution de
l’activité des lymphocytes T et B, une modulation de la production des immunoglobulines anticorps
et un ralentissement des fonctions effectrices des macrophages et neutrophiles. La réduction des
fonctions immunes par les mycotoxines peut diminuer la résistance à des agents infectieux mais
aussi l’efficacité d’une immunisation vaccinale. C’est un aspect de l’intoxication chronique par les
mycotoxines qui est préoccupante car il est difficile de le prouver chez l’homme sans pouvoir
l’écarter pour autant.
L’effet oestrogénique est dû aux mycotoxines telles que les zéaralénones qui sont des
lactones macrocycliques produites par des Fusarium spp dont Fusarium roseum. Ces composés font
partie des nombreux contaminants environnementaux capables de se fixer aux récepteurs des
oestrogènes et de stimuler la réponse hormonale, (NTP, 1982).
La zéaralénone et ses métabolites peuvent causer une grande variété d’effets adverses chez les
animaux de rente, particulièrement chez le porc et peuvent constituer un apport d’oestrogènes
environnementaux pouvant avoir un impact néfaste sur divers processus biologiques. Les études sur
la relation structure-activité fournissent des indications sur la nature des interactions entre ces
dérivés et l’affinité aux récepteurs oestrogéniques.
210
3.4 - Evaluation des risques liés aux mycotoxines en Europe et en France
Pour l’évaluation et l’analyse du risque lié aux mycotoxines, le toxicologue doit d’abord
identifier le danger. Il s’agit de prendre en compte les effets exercés par les mycotoxines (agents
biologiques) présents éventuellement dans un aliment. Il faut identifier la ou les toxines et
déterminer les concentrations réelles dans la matrice alimentaire.
Puis il faut définir le risque. Il s’agit ici de la probabilité pour qu’un effet toxique ou néfaste
pour la santé survienne du fait de la présence de la ou les mycotoxines associées dans l’aliment. Il
convient aussi d’en évaluer la gravité qui théoriquement et d’une manière générale est fonction de
la concentration, de la durée de l’exposition ou du nombre d’ingestions et aussi de la composition
de l’aliment lui-même.
Enfin, en se basant sur des connaissances scientifiques (études expérimentales des effets
toxiques en fonction des doses ou études épidémiologiques valables) les dangers seront identifiés et
caractérisés. Ceux-ci permettront, lorsque l’exposition aux mycotoxines est évaluée avec certitude,
de caractériser et de calculer le risque. Une telle évaluation du risque est en cours depuis un certain
nombre d’années qui doit être poursuivie et affinée. Les résultats montrent que le risque n’est pas
négligeable, tableaux 2 et 14. Il apparaît cependant que de nombreuses études sont encore
nécessaires pour évaluer pleinement le niveau d’exposition, en France ou en Europe, à telle ou telle
toxine et la fréquence (prévalence) des toxines dans les fluides biologiques et pour identifier les
marqueurs biologiques de pathologie. Un certain nombre de travaux ont déjà été effectués. Il
conviendrait de les reprendre à une cadence raisonnable de trois à cinq ans, pour une confirmation
ou pour connaître le sens de l’évolution du risque sanitaire lié aux mycotoxines dans les aliments.
Pour le moment le consommateur français ne serait pas plus contaminé que les autres en Europe.
Le risque évalué et caractérisé, il faut le gérer et mettre en place les moyens de prévention. La
gestion du risque est un processus distinct de l’évaluation du risque. Elle consiste à mettre en
balance les différentes politiques possibles et au besoin à choisir les mesures de prévention et de
contrôle les plus adaptées à la situation. Afin que les mesures préventives conduisent réellement à la
sécurité alimentaire du consommateur, il faut communiquer et échanger les informations sur la
perception, la caractérisation et la gestion du risque avec tous les acteurs socio-économiques et
scientifiques. Il est important de remarquer qu’en matière de risque lié aux mycotoxines les acteurs
concernés se situent à trois niveaux : national, européen et international.
211
En réalité, le consommateur français doit compter sur l’AFSSA1, les autorités européennes de
sécurité des aliments CSAH2 et sur le JECFA3 et le JMPR4 pour l’évaluation du risque. Quant à sa
gestion, elle incombe à la DGCCRF5, DGS6, DGAL7, coordination SGCI8 au plan national, et à la
Commission du Conseil Européen et au Codex alimentarius.
4.1 - Quelles mesures de gestion sont prises pour limiter l’exposition des consommateurs aux
mycotoxines ?
Pour atteindre cet objectif, les gestionnaires utilisent principalement deux moyens d’actions :
- fixer des limites maximales pour les aliments qui contribuent fortement à l’exposition ;
- élaborer des codes d’usage pour les contaminants dont les niveaux de contamination peuvent
être limités par la mise en place de "bonnes pratiques".
Les mesures de gestion du risque lié à l’exposition aux mycotoxines sont prises suivant les
principes de l’analyse des risques, les gestionnaires aux niveaux national, communautaire et
international élaborent des mesures de gestion, pour les contaminants qui présentent un risque pour
la santé du consommateur et pour les aliments qui contribuent significativement à ce risque. Ces
principes sont décrits dans la norme générale pour les contaminants et les toxines dans les aliments,
du Codex Alimentarius.
Ces mesures reposent sur la base de données objectives et scientifiques fournies par
l’évaluation des risques, calcul de l’exposition, caractérisation du risque etc.
_______________________________________________________________________________
1
AFSSA: Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments
2
CSAH: Comité Scientifique de l’ Alimentation Humaine
3
JECFA : Joint Expert Committee on Food Additives
4
JMPR : Joint Meeting on Pesticide Residues (Réunion Conjointe FAO/OMS sur les Résidus de pesticides)
5
DGCCRF : Direction Générale de La Concurrrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes
6
DGS : Direction Générale de la Santé
7
DGAL : Direction Générale de l’ Alimentation
8
SGCI : Secrétariat Général du Comité Interministériel pour les questions de coopération économique européenne.
212
Actuellement, le comité du Codex Alimentarius sur les additifs alimentaires et les
contaminants, discute d’un document pour compléter les principes de travail élaborés dans la norme
générale pour les contaminants et les toxines dans les aliments et hiérarchiser le travail de gestion. Il
s’agit du document CX/FAC 02/17 relatif aux principes concernant l’évaluation de l’exposition aux
contaminants et aux toxines dans les denrées alimentaires. Ce document définira notamment la
notion de contribution "significative" à l’exposition et les modalités de travail entre les
gestionnaires et les évaluateurs des risques.
Sur la base de données scientifiques (niveaux de contamination des denrées, impact des
pratiques agricoles sur les niveaux de contamination etc.) et d’autres données, appelées les autres
facteurs légitimes, au niveau du Codex (données économiques, possibilités analytiques etc.), des
limites maximales sont élaborées. Les tableaux 15A et B, 16A et B, 17 et 18 synthétisent par
mycotoxine, les mesures de gestion existantes, recommandées ou en cours de discussion, pour les
aliments pour animaux destinés à la consommation humaine ou aux animaux.
Au niveau communautaire, le règlement 194/97, applicable jusqu'au 5 avril 2002 fixait des
limites maximales en aflatoxines dans les fruits séchés et à coque et dans les céréales.
Depuis le 5 avril 2002, ce texte est abrogé et remplacé par le règlement 466/2001 modifié qui
reprend les dispositions du règlement 194/97 et prévoit des limites maximales en aflatoxines dans
certaines épices fixées dans le règlement n°472/2002.
La Commission réexaminera, au plus tard le 31 décembre 2003, les teneurs maximales pour
les aflatoxines fixées au point 2.1.4 et le cas échéant, les abaissera, en vue de tenir compte de
l'évolution des connaissances scientifiques et technologiques.
Les limites fixées dans le règlement n°466/2001 doivent être contrôlées selon des modalités
d'échantillonnage et d'analyses précisées dans la directive n°98/53/CE, modifiée par la directive
n°2002/27/CE et rendues obligatoires par l’arrêté du 8 février 2001 (J.O. du 16/02/2001). Ces
dispositions devront être appliquées par les Etats membres au plus tard le 28 février 2003.
213
Le règlement 472/2002 du 12 mars 2002 qui modifie le Règlement 466/2001 fixe des limites
maximales en OTA dans les céréales et les raisins secs applicables depuis le 5 avril 2002.
Les Etats membres devront prendre les mesures nécessaires pour se conformer aux
dispositions de la directive 2002/26/CE de la Commission du 13 mars 2002 portant fixation des
modes de prélèvement d'échantillons et des méthodes d'analyse pour le contrôle officiel des teneurs
en ochratoxine A des denrées alimentaires au plus tard le 28/02/2003.
Une tâche de coopération scientifique est actuellement en cours au niveau européen, pour
collecter l’ensemble des données disponibles dans les Etats membres sur les toxines fusariennes
(Décision de la commission du 26 octobre 2001, JOCE L 290 du 7.11.2001).
Deberghes et al. (1993) ont utilisé les rayons gamma en milieu liquide et solide et ont montré
que 2 à 3 kGy en milieu solide et 4 à 5 kGy en milieu liquide sont efficaces pour empêcher les
Aspergillus toxinogènes de proliférer et de produire l’ochratoxine A. Ils ont également montré que
la carboxypeptidase (4 à 5 UI par litre) est très efficace en milieu liquide pour détruire
l’ochratoxine A. Ces méthodes sont applicables pour la bière par exemple, les produits de malterie
et les boissons fermentées.
Différentes argiles peuvent détoxifier jusqu’à 99 % de l’aflatoxine des aliments liquides (lait,
crème fluide, huile). La méthode consiste à faire passer l’aliment liquide contenant la toxine sur
l’argile qui retient ainsi une partie plus ou moins importante de la toxine en fonction de ses
capacités d’absorption.
214
Des moyens biologiques de dégradation de l’ochratoxine A utilisant des levures et des
enzymes ont été développés et brevetés par des laboratoires sud-africains (Stander et al. 2001). Les
procédés d’adsorption sur des supports inertes sont assez efficaces pour l’AFB1 et l’AFM1.
L’efficacité de l’ammoniation est relative car elle entraîne essentiellement l’ouverture du cycle
lactonique, ce qui est détectée en analyse par la disparition du composé parent comme l’aflatoxine
B1 ou l’OTA. Mais celui-ci se reformerait in vivo dans certaines conditions redonnant du même
coup un aliment toxique.
De nombreux travaux sont en cours pour la détoxication des mycotoxines une fois introduites
dans l’organisme. Ceux-ci incluent l’étude des effets des bactéries et enzymes du rumen et de la
flore intestinale humaine afin de trouver des moyens naturels de destruction des mycotoxines.
Certains chercheurs ont même effectué des recherches sur l’homme. A ce titre il convient de
citer l’étude pilote clinique (Haskard et al.2001) qui a examiné la possibilité de supprimer
l’aflatoxine du tractus gastrointestinal chez des volontaires sains égyptiens en utilisant un mélange
de Lactobacillus et Propionibacterium.
Il n’est pas nécessaire d’établir une liste exhaustive des essais de détoxication in vivo et in
vitro. Il est cependant important d’indiquer les différentes stratégies qui ont été appliquées,
(Tableau 19).
6 - CONCLUSION
En fonction des habitudes alimentaires, le risque pour le consommateur d’être exposé à une
ou plusieurs mycotoxines en France et en Europe n’est pas négligeable et doit continuer d’être
évalué. On trouve des mycotoxines hépatotoxiques, (l’aflatoxine B1 dans des aliments et son
métabolite l’aflatoxine M1 dans le lait), des mycotoxines néphrotoxiques, (l’ochratoxine A, la
fumonisine B1 et la citrinine), des mycotoxines hématoxiques et immunotoxiques (dérivés
trichothécènes et DON en particulier, et les ochratoxines), des toxines à effets anti-oetrogènes (la
zéaralénone et métabolites).
215
Il est nécessaire d’abaisser le nombre d’échantillons positifs et les concentrations de toxines
en dessous des seuils de détection afin d’assurer une meilleure sécurité sanitaire des aliments. Pour
cela, il faudrait compter sur la mise en œuvre par tous les secteurs des codes de bonne pratique et
sur la surveillance de deux ministères :
- le ministère chargé de l’agriculture, plus particulièrement la Direction générale de
l’alimentation, avec l’appui des services régionaux de la protection des végétaux, pour des contrôles
en amont de la filière,
- le ministère chargé des finances, plus précisément la Direction générale de la concurrence,
de la consommation et de la répression des fraudes, avec l’appui des directions départementales.
Celui-ci se charge essentiellement du contrôle des produits finis.
La DGAl conduit un plan de surveillance annuelle depuis 2000. En 2002, il est prévu de
réaliser un plan de surveillance sur 330 prélèvements de blé, d’orge et de maïs pour un nombre total
d’analyses de 635 pour rechercher et doser les trichothécènes A et B, l’ochratoxine A, les
Fumonisines B1 et B2 et la zéaralénone. La pérennisation de ce plan de surveillance est
indispensable. En plus des plans de surveillance la DGAl finance des programmes de recherche en
collaboration avec le ministère chargé de la recherche dans le cadre du programme Aliment Qualité
Sécurité, - (Dossier, Notre Alimentation numéro 37) (site Internet : www.agriculture.gouv.fr et
www.recherche.gouv.fr ).
Il est à noter que les décisions de l’UE concernant les limites acceptables de plusieurs
mycotoxines dans les aliments d’origine végétale et animale étaient attendues depuis plusieurs
années. Les principales filières agro-alimentaires s’y étaient préparées en organisant des enquêtes
avec des analyses de mycotoxines notamment dans les céréales, les produits dérivés, les raisins frais
et secs, les fruits secs, les vins, les viandes et le lait, etc. Pour ce qui concerne la France et à notre
connaissance, les résultats montrent qu’il y a une certaine exposition aux mycotoxines dont il faut
tenir compte dans l’évaluation des risques en fonction des habitudes alimentaires et pour garantir au
consommateur la sécurité sanitaire des aliments.
L’Europe (UE) d’une manière générale et la France en particulier n’est pas dans une situation
de pénurie alimentaire. Le consommateur peut donc choisir et varier son alimentation afin de
minimiser ces risques. De plus, il est nécessaire de l’informer des méthodes de prévention des effets
toxiques des mycotoxines par l’ingestion régulière d’une alimentation variée et riche en
antioxydants (vitamines C, E et polyphénols).
216
Mycotoxines Principales moisissures productrices
Aflatoxines B1, B2, G1, G2 et M1 Aspergillus flavus, A. parasiticus, A. nomius
A. niger
217
Mycotoxine Prévalence et Limite IJC/personne, DJT/kg Toxicité Génotox. Données
(concentrations réglementaire (60 kg) p.c. d’organe et humaines
trouvées %) (aliment) (sévérité ±) cancéro
AFB1 Variable<10 % Céréales : Très forte Génotox +++
à 89 % 2 µg/kg hépato- et
(1-350 µg/kg) Epices : toxicité cancéro+
5 µg/kg +++
Aliment
animaux : 5-
50 µg/kg
AFM1 <10-33 % 0,05 µg/kg 6,8 ng 0,12 ng Hépato- Génotox +
(0-0,111 µg/L) toxicité Hépato-
cancéro
Patuline 25-50 µg/kg 24 µg
Ochra- <4-28 % Céréales 21-120 ng 14 ng Forte ++ ±
toxine A (0,01-121 5 µg/kg toxicité : insuffisant
µg/kg) rein, repro-
duction
T2-toxine 10-65 % - 456-522 ng 60 ng Immuno- Cancéro ±
HT2-toxine (0,03-100 toxique ++
µg/kg) hémato-
toxique
Toxicité
dermale
++++
DON 62-98 % 500 µg/kg 46,2- 84 µg <100 µg Immuno- ?? -
(2-15790 (WHO, toxique
µg/kg) report 47 ; Hémato-
FAO, 74, toxique ++
2001)
FB1 20-97 % Recommanda- 1,8-60 µg 200 ng SNC +++ ?? ±
(6-2700 µg/kg) tion 1000 µg/kg (WHO, Poumon
Report 906), ++ Rein ++
2002
Zéara- 4 – (52-69 %) Recommanda- 100 ng Toxique/ +++ ±
lénone 2-1800 µg/kg tion Repro-
50 µg/kg200 µg duction
/kg(limite) ++++
IJC=ingestion journalière calculée ; DJT=dose journalière tolérable.
218
Denrées Pays Année de Nbre Incidence Limites
publication d’échantillons (µg/kg)
Blé Inde 1997 2074 47% 5-666*
Blé Argentine 1996 2271 20% 5-560*
Arachides Inde 1996 2062 45% 5-833*
Pâte-arachide Inde 1995 380 97% 8-6280*
Graines de coton Royaume-Uni 1997 21 71% 5-25
Coprah Philippines 1995 9 100% 23-186*
Noix du Brésil Etats-Unis 1995 176 17% Trace-619
Pistaches Pays-Bas 1996 29 59% 2-165*
Amandes Etats-Unis 1993 44 1% Trace-372
Soja Argentine 1991 94 10% 1-36*
Riz Equateur 1997 99 9% 6,8-40*
Blé Uruguay 1996 123 20% 2-20
Figues sèches Autriche 1993 136 13% 1-350
Noix de muscade Japon 1993 67 43% 0,2-16,6
Piments Pakistan 1995 176 66% 1-79,9*
* Détermination d’aflatoxine B1 seulement, (Pittet 1998)
Tableau 3 : Données récentes sur les aflatoxines B1,B2,G1,G2, dans les aliments des
hommes et des animaux
Espèces DL 50 (mg/kg)
B1 B2 G1 G2 M1 M2 B2a
Caneton 0,36 1,68 0,78 1,42 0,32 1,22 24
Lapin 0,3
Chat 0,55
Porc 0,62
Chien 0,5-1,0
Mouton 1,0-2,0
Cobaye 1,04
Singe 2,2-7,8
Poulet 6,3
Rat 7,2 (M)–6(F)
Souris 9,0
Hamster 10,2
Source : Ciegler (1975) Heathcote (1984)
219
Espèces DL50
OTA OTC OTB OTα
Porcs 1,0-6,0
Poulets 3,3 4,8 41,4 22
Chiens 0,2
Rats (nouveaux-nés) 3,9
Rats (adultes) 20-30
Souris 46-58
Source: Chu (1974) ; Krogh (1987)
Acide
α-Cyclopiazonique Neurotoxicité Penicillium
Aspergillus
220
Toxine Effets suspectés chez l’homme Impacts biochimiques et
moléculaires
Aflatoxine B1 + M1 Hépatotoxicité CYP 450
Génotoxicité Acides nucléiques Peroxydation
Carcinogénicité lipidique ( ?)
Immunosuppression Protéines Enzymes
GSH/G.Trans.
GSH Peroxydase
Patuline Mutagenèse Inhibition indirecte
Cancérogénicité Enzymes. Protéines
Acides nucléiques
T-2 Toxine Toxicité sur la peau Peroxydation lipidique
DON Hématotoxicité Différenciation cellules Sang
Immunosuppression. et prolifération. CYP 450
Tératogénicité Synthèse des protéines
Génotoxicité ? Carcinogénicité ? Production Ab. Enzymes
221
Pays Nombre de rognons de % d’échantillons Domaine de
porcs contenant de contamination
l’ochratoxine µg/kg
Pays-Bas 6 100 0,2-1,1
6 17 0,2-0,8
Allemagne 104 21 0,1-1,8
300 14 0,5-10,2
Belgique 385 18 0,2-12
Danemark 60 35 2-68
20 100 0,5-1955
Pologne 122 42 1-10
Suède 90 27 2-88
Hongrie 122 39 2-100
Tchécoslovaquie 63 1,6 1-5
France (rognons sains) 300 12,3 0,48-1,40
France (rognons 100 20 0,16-0,48
pathologiques*)
(d’après Hald, 1991, Speijers et Van Egmond, 1993)
et Note de service DGAL/SDSPA/N98/8156
* retirés du circuit commercial.
Ces toxines peuvent aussi se retrouver dans le lait des femmes allaitantes si elles sont exposées à des doses relativement
élevées.
Expériences n°
222
Echantillons I II III IV Moyenne
Le pourcentage d’ochratoxine A restante est corrigé par le rendement d’extraction d’environ 71%. La
correspondance entre poids sec et poids humide est de 10-12g/50g.
Tableau 11 : Pourcentage d’ochratoxine A restant dans les fèves et le blé après cuisson
223
Maladies Moisissures Toxines impliquées
Aflatoxicose, Cancer primitif du foie Aspergillus flavus Aflatoxines
Aspergillus parasiticus
Aspergillus niger
Ergotisme Claviceps purpurea Alcaloïdes de l’Ergot de seigle
Claviceps paspali,
C. fusiformis
Aleucie toxique alimentaire Fusarium sporotrichioïdes T-2 Toxine
F. poae
Stachybotryotoxicose Stachybotrys atra Trichothécènes macrocycliques
Béri béri cardiaque Penicillium citrioviride Citrinine
P. citrinum, P. islandicum Citrioviridine
Islanditoxine
BEN.(Néphropathie endémique des Aspergillus Ochratoxines
Balkans)* Penicillium
Tumeurs oesophagiennes de Fusarium Fusariotoxines (fumonisines et
l’homme* moniliformine)
Creppy 1999; Maaroufi et al.1999 ; Petkova-Bocharova et al.1988 ; Pfohl-Leszkowicz et al.1993.
S.F. = Facteur de Sécurité. TDI = Ingestion Journalière Tolérable. NOEL = No Observed Effect Level =
Niveau pour lequel aucun effet n’est observé
TTDI = Ingestion Journalière Totale Tolérable. Com. Ind = Indice de Consommation. CMTc=
Concentration Maximale Tolérable calculée. RMTc = Concentration Maximale Réglementaire Tolérable.
* = céréales ** = lait
Eriksen et Alexander 1998 ; IARC 1993, 1999 ; JECFA 2000; Kuiper-Goodman et al.1987 ; NTP 1982,1989.
224
Aflatoxines : teneurs maximales
Produit admises (1)
(µg/kg)
B1 B1+B2+G1+G2 M1
2.1.1 Arachides, fruits à coque et fruits séchés
2.1.1.1. Arachides, fruits à coque et fruits séchés et les produits dérivés de leur 2(*) 4(*)
transformation, destinés à la consommation humaine directe ou comme ingrédient
de denrées alimentaires
2.1.1.2. Arachides destinées à être soumises à un traitement de triage ou à d’autres
méthodes physiques avant leur consommation humaine ou leur utilisation comme 8(*) 15(*)
ingrédient de denrées alimentaires (2)
2.1.1.3. Fruits à coque et fruits séchés destinés à être soumis à un traitement de
triage ou à d’autres méthodes physiques avant leur consommation humaine ou leur
utilisation comme ingrédient de denrées alimentaires (2)
2.1.2. Céréales (y compris le sarrasin, Fagopyrum sp.) 5(*) 10(*)
2.1.2.1. Céréales (y compris le sarrasin, Fagopyrum sp.) et les produits dérivés de
leur transformation destinés à la consommation humaine directe ou comme
ingrédient des denrées alimentaires 2 4
2.1.2.2 Céréales (y compris le sarrasin, Fagopyrum spp), à l'exception du maïs, 2 4
destinées à être soumises à un traitement de triage ou à d’autres méthodes
physiques avant leur consommation humaine ou leur utilisation comme ingrédients
dans les denrées alimentaires.
2.1.2.3 Maïs destiné à être soumis à un traitement de triage ou à d'autres méthodes
physiques avant sa consommation humaine ou son utilisation comme ingrédient de
denrées alimentaires _ (**) _ (**)
2.1.3. Lait (lait cru, lait destiné à la fabrication de produits à base de lait, lait de
consommation traité thermiquement tel que défini par la directive 92/46/CEE du
Conseil du 16 juin 1992 arrêtant les règles sanitaires pour la production et la mise
sur le marché de lait cru, de lait traité thermiquement et de produits à base de lait _ _ 0,05
(JO L 268 du 14.9.1992,p.1))
2.1.4. Catégories suivantes d'épices :
- Capsicum spp. (fruits séchés dérivés, entiers ou pulvérisés, y compris les
piments rouges, le poivre de Cayenne et la poudre de paprika)
- Piper spp. (fruits dérivés, y compris le poivre blanc et le poivre noir)
- Myristica fragrans (noix de muscades)
- Zingiber officinale (gingembre)
- Curcuma longa (safran des Indes) 5 10
(1) A compter du 5 avril 2002, les teneurs maximales en aflatoxines réglementées seront celles-ci (extrait de annexe I-
2.1 du règlement n°466/2001 modifié).
Les teneurs maximales ne s’appliquent pas aux aliments spécialement préparés pour bébés, destinés aux
nourrissons et enfants en bas âge. Toutefois elles s’appliquent aux matières premières utilisées pour leur
fabrication.
(2) La destination de ces produits doit être clairement mise en évidence par un étiquetage comportant la mention :
"Produit destiné à être obligatoirement soumis à un traitement de triage ou à d'autres méthodes physiques afin de
réduire le niveau de contamination d'aflatoxines avant toute consommation humaine ou toute utilisation comme
ingrédient de denrées alimentaires".
(*) Les limites maximales sont à appliquer sur la partie d’arachides, de fruits à coque ou de fruits séchés destinée à être
consommée. Si les fruits entiers sont analysés, on suppose, lors du calcul de la teneur en aflatoxines, que toute la
contamination se trouve sur la partie destinée à être consommée.
(**) Si aucune teneur spécifique n'est fixée avant le 1er juillet 2003, les teneurs indiquées au point 2.1.2.1 du tableau
s'appliqueront au maïs visé dans ce point après cette date.
A : Limites réglementaires
225
Aflatoxines National Européen International
Recommandations Réglementation communautaire Codex Alimentarius
CSHPF 1999
B1 2µg/kg dans le blé et le • 2 à 8µg/kg pour arachides et fruits à -
maïs coque en fonction des possibilités de
1µg/kg pour les céréales triage avant la consommation
infantiles • 2µg/kg pour les céréales
• 5µg/kg pour certaines épices
• de 5 à 50µg/kg dans les aliments pour
animaux (12% d’humidité)
M1 0,05µg/kg et 0,03 µg/kg 0,05µg/kg dans le lait 0,5µg/kg dans le lait adopté en
pour les produits laitiers 2001
infantiles
A : Limites réglementaires
226
Ochratoxine A National Européen International
Recommandations Réglementation communautaire Codex Alimentarius
CSHPF 1999
4µg/kg pour les céréales • 5µg/kg pour les céréales • 5µg/kg pour le blé, l’orge,
• 3µg/kg pour les produits dérivés de le seigle
céréales • Rédaction d’un code
• 10µg/kg pour les raisins secs d’usages
• à suivre café, vin, cacao, épices
Tableau 18 : Comparaison des principales mesures de gestion du risque lié aux toxines
fusariennes
227
Stratégies Moyens mis en oeuvre Applications chez l’homme et limites
Empêcher l’absorption Ingestion de résines ou de Efficacité bonne mais impossibilité de contrôler les
digestive des toxines et composés adsorbants inertes conditions d’adsorption et désorption.
bloquer le cycle entéro- (cholestyramine) Problèmes intestinaux
hépatique
Empêcher la fixation aux Ingestion de peptides et des Bonne efficacité
protéines plasmatiques, le médicaments fortement liés Bonne praticabilité pour l’OTA
transport et la distribution aux mêmes protéines Impossible d’accepter des médicaments
tissulaire Exp : aspartame
Empêcher l’oxydation de Ingestion d’inhibiteurs de la Bonne efficacité et bonne praticabilité
la mycotoxine et la synthèse des prostaglandines On ne peut retenir que les vitamines et les
peroxydation des lipides (médicaments, polyphénols.
membranaires et les effets antiinflammatoires et Les conditions de leur utilisation restent à définir.
sur l’AND antalgiques), vitamines et En pratique on ne peut pas accepter les médicaments.
polyphénols et d’autres
antioxydants
Baudrimont et al.1997 et 2001 ; Belmadani et al.1998 ; Creppy et al. 1980b, 1984, 1996 ; Creppy 2000 ; Grosse et al.1997.
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RESUME
La preuve de l’exposition de l’Homme et des animaux est apportée par la mise en évidence de
ces toxines dans le sang et/ou les organes ainsi que dans les aliments contaminés tels que le
fourrage, les céréales et produits dérivés, les fruits secs, les haricots secs, les arachides et autres
graines oléagineuses, le café, le cacao, la bière, le vin, le cidre et les jus de fruits, le lait, les œufs ou
la viande et les aliments qui en dérivent. Des limites règlementaires ont été fixées récemment par
l’UE pour chaque mycotoxine. Cependant, plusieurs toxines peuvent être identifiées dans le même
aliment dont les effets combinés et/ou synergiques sont très peu étudiés. Ce sont les effets toxiques
chroniques qui constituent le plus grand danger, surtout les effets cancérogènes, immunotoxiques,
hématotoxiques, les atteintes irréversibles de certains organes, (rein et foie), et les effets
oestrogéniques qui peuvent affecter la reproduction.
Pour une bonne gestion du risque lié à l’exposition aux mycotoxines, la surveillance doit être
permanente par des moyens analytiques appropriés. Les produits de l’agriculture biologique
méritent une attention toute particulière car ils sont potentiellment au moins aussi contaminés par
les moisissures toxinogènes que les produits conventionnels.
236
Les risques d’intoxications dus aux phycotoxines
Etat de la situation
INTRODUCTION
Pour éviter toute confusion ultérieure, il y a lieu de bien différencier à ce stade, un " épisode
toxique", qui correspond à la présence d’une efflorescence de microalgues toxinogènes dans le
milieu aquatique pouvant potentiellement contaminer les fruits de mer, mais sans préjudice sanitaire
pour l’homme car détectée par le dispositif de prévention, d’un "épisode d’Intoxication
alimentaire" par les Fruits de Mer (IFM) ou d’Intoxication Ciguatérique par les Poissons (ICP) qui
correspond à l’observation d’une toxi-infection alimentaire et donc de désordre sanitaire.
Les fruits de mer contaminés par les phycotoxines ne sont pas affectés par celles-ci et ne
présentent donc aucun signe visible qui les différencie des produits non contaminés. Ils offrent
l’image d’un produit salubre et l’homme qui les consomme peut alors être exposé et développer
différentes pathologies selon la famille de phycotoxines.
237
A ce jour, les scientifiques ont identifié six syndromes alimentaires dus à des phycotoxines :
cinq pour lesquels les vecteurs sont les coquillages et un lié à la consommation de poissons
tropicaux. Il est d’usage de dénommer les familles de toxines en fonction du syndrome qu’elles
induisent chez l’homme. Ainsi cinq familles contaminent les coquillages :
- Les phycotoxines diarrhéiques et associées, provoquant l’Intoxication Diarrhéique par les
Fruits de Mer (IDFM).
- Les phycotoxines paralysantes, provoquant l’Intoxication Paralysante par les Fruits de Mer
(IPFM).
- Les phycotoxines amnésiantes, provoquant l’Intoxication Amnésiante par les Fruits de Mer
(IAFM).
- Les phycotoxines neurologiques, provoquant l’Intoxication Neurologique par les Fruits de
Mer (INFM).
- Les azaspiracides, provoquant l’Intoxication par les Azaspiracides. Ces molécules sont
également responsables d’un syndrome de nature diarrhéique mais ont été volontairement isolées
car elles ont un mode d’action qui diffère des autres toxines diarrhéiques.
La gravité d’une intoxication par les fruits de mer est variable, de bénigne à grave,
quelquefois fatale, dépendant de trois paramètres : la famille de toxines, les quantités ingérées et la
sensibilité individuelle. Il s’agit toujours d’intoxications aiguës. Il faut toutefois mentionner le fait
que le risque chronique lié à la consommation régulière de faibles quantités de toxines devra
probablement être évalué dans l’avenir pour la famille des phycotoxines diarrhéiques puisque
l’acide okadaïque, chef de file de cette famille, est un promoteur tumoral (Fujiki et Suganuma,
1993) et présente une certaine action génotoxique (Puech, 2000).
Les familles de phycotoxines ont des modes d’action qui diffèrent plus ou moins mais elles
ont pour point commun de se fixer sur des récepteurs spécifiques le plus souvent de manière
réversible, ce qui n’entraîne pas de séquelles chez la personne affectée. Cependant, pour les
phycotoxines amnésiantes, qui se fixent sur certains récepteurs cérébraux, des lésions irréversibles
ont été constatées au niveau de l’hippocampe et des noyaux amygdaliens de personnes décédées
(Todd, 1993). Quelle que soit l’atteinte, il n’existe pas de traitement médical ou d’antidote
spécifique. Un tableau clinique détaillé (Tableau 1) compile les différents types d’intoxications par
les fruits de mer (IFM), (Krys et La Vieille, sous presse).
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