Alternatives: Managériales
Alternatives: Managériales
Alternatives: Managériales
E-ISSN : 2665-7511
https://revues.imist.ma/?journal=AME
Résumé :
L'objectif de cet article est de réaliser une revue de littérature systématique des théories et
travaux empiriques autour du concept de l'arbitrage entre financement par emprunt et par fonds
propres définissant la structure financière optimale qui maximise la valeur de l'entreprise. Aussi,
de proposer un modèle conceptuel basé sur une analyse textuelle et qualitative des travaux
antérieurs à l’aide de NVIVO tout en mettant en relief les facteurs du management du risque et
de l’incitation aux managers dans la prise de décision financière optimale. Ainsi, de nombreux
modèles théoriques et travaux empiriques ont tenté d'expliquer la structure financière optimale.
Cependant, aucun de ces modèles ou travaux ne fournit une définition complète et précise du
ratio optimal d’endettement.
Mots clés : Ratio optimal d’endettement, coût moyen pondéré du capital, valeur de l’entreprise,
nouveau modèle de développement économique, néolibéralisme.
Abstract:
The aim of this paper is to draw a systematic literature review based on a textual and qualitative
analysis using NVIVO about the concept of leverage and the tradeoff between debt and equity
financing and to answer the question about the optimal combination of debt and equity that
maximize the value of the firm. We also propose a conceptual model based on incentives to
managers and risk management. Hence, many theoretical models and empirical works have tried
to explain the optimal target ratio that maximize the value of the firm. However, no one of those
models or works provide a complete definition of the debt target ratio.
Keywords: Debt target ratio, weighted average cost of capital, firm value, new economic model,
and neoliberalism.
Parmi les problématiques de la finance d'entreprise ayant suscitée et qui continue à susciter
beaucoup de polémiques, est celle de l'effet de levier et de la structure financière optimale. De
ce fait, la question qui se pose toujours est la suivante : "A partir de quel niveau d'endettement
la valeur de l'entreprise soit maximisée ?" En effet, les différents modèles théoriques ont soulevé
beaucoup de controverses essuyant de donner des réponses à ces problématiques, telles que
l'existence d'un ratio optimal d'endettement, la neutralité de la décision de financement sur la
décision d'investissement, ainsi que la détermination du coût moyen pondéré du capital optimal
qui maximise la valeur de la firme.
Par ailleurs, la problématique que nous traitons dans le cadre de cet article tourne autour des
questions suivantes : Existe-elle une structure financière optimale ? Quel doit être le taux
d’endettement optimal (répartition fonds propres / dettes) ? Quel est l’arbitrage entre les
avantages et les inconvénients de l’endettement qui permet de déterminer ce ratio optimal ?
Dans cet article nous allons présenter chronologiquement l'avancée des modèles théoriques sur
l'effet de levier et le ratio optimal d'endettement, en commençant par la présentation de la
théorie financière traditionnelle qui prône l'idée de l'avantage absolue de l'endettement, en
passant par les théories de neutralité, notamment celle de Modigliani et Miller 1958 et Miller
1977 qui affirme que les décisions de financement n'ont aucun impact sur les décisions
d'investissement.
Ensuite, nous allons présenter la théorie d'arbitrage ou de compromis « Trade off theory ou
TOT » ayant redéfini la notion du ratio optimal d'endettement en y ajoutant d'autres coûts
indirectement liés à la décision de financement à savoir les coûts d'agence et de faillite.
Enfin, les évidences empiriques autour du ratio optimal d’endettement supportant les prédictions
de la « Trade off theory ou TOT » vont être présentées synthétiquement avec une proposition
d’un modèle conceptuel basé sur une analyse textuelle qualitative à l’aide de NVIVO application.
La littérature sur la structure financière des entreprises a mis l’accent sur le cadre conceptuel du
ratio optimal d’endettement en définissant la structure du capital comme le partage entre les
capitaux propres et les dettes de financement qui minimise le coût moyen pondéré du capital et
qui maximise la valeur de l’entreprise. Selon les auteurs la valeur de l’entreprise dépend de la
valeur du marché de ses titres ou de flux de revenus futures actualisés d’un actif susceptible d’être
Le coût moyen pondéré du capital est la moyenne des coûts pondérés par la combinaison de
financement entre dettes et capitaux propres par rapport à la valeur de l’actif. Le CMPC est
insensible aux variations du taux d’endettement. L’endettement accru permet de substituer une
source de fonds onéreuse (capitaux propres) par de la dette au coût plus faible.
La notion du coût moyen pondéré représente aussi la valeur synthétique du taux d’intérêt et taux
de rendement des capitaux propres essentiels pour l’élaboration de l’équation de l’effet de levier
financier, comme mentionné ci-après :
TRF = TRE (1 - Tx IS) + (TRE - Coût de l’endettement) (1 - Tx IS) * (DF / CP)
DF / CP = Bras de levier financier
Si coût de l’endettement < TRE = Effet de levier positif
Si coût de l’endettement > TRE = Effet de levier négatif
Selon Brigham et Ehrhardt (2008), la structure du capital fait référence à une combinaison de
dette et de capitaux propres. Les entreprises peuvent lever des fonds auprès de bailleurs de fonds
ou de récupérer une part de bénéfices plutôt que de la distribuer aux actionnaires. En réalité, la
structure du capital peut être plus complexe en comportant des modes de financement hybrides.
L'effet de levier financier correspond à une partie d’actif financée par emprunt plutôt que par
capitaux propres (Brigham et Ehrhardt (2008). La valeur de l'entreprise est basée sur un flux de
trésorerie que l'entreprise générera à l'avenir (Brigham et Ehrhardt, 2008, p. 84).
De Wet (2006) a affirmé que le ratio d’endettement qui minimise le CMPC correspond bel et bien
à la structure financière optimale. Ainsi, selon son étude, il a identifié une corrélation étroite entre
l’augmentation de la valeur de l’entreprise et le niveau optimal d’endettement et il a montré
comment la valeur d’une entreprise s’améliore avec des niveaux d’endettement plus importants.
Selon Rajan et Zingales (1995), la rentabilité est inversement corrélée à l'effet de levier. Ils ont
montré aussi l'effet négatif de la rentabilité sur l'endettement qui s’accentue au fur et à mesure
que la taille de l'entreprise augmente.
Enfin, les chercheurs ont proposé plusieurs méthodes pour approcher le calcul de CMPC et de
déterminer la structure de capital optimale, à savoir :
➢ Approche par le résultat opérationnel ;
➢ Minimisation du coût du capital ;
➢ Maximisation de la différence entre la rentabilité financière (ROE) et le coût des fonds
propres ;
La figure ci-dessous présente les principales théories autour du ratio optimal d’endettement.
Théorie
traditionnelle
Théorie de
neutralité MM
Trade off theory
Nous présentons ci-après les principales théories en relation avec la structure financière
optimale :
La théorie financière traditionnelle basée sur l’hypothèse d’efficience des marchés dans un
environnement où l’information est symétrique entre toutes les parties prenantes et où la
concurrence est nettement pure et parfaite, affirme l’effet positif à un certain niveau de la
décision d’endettement sur la valeur de l’entreprise. C’est bien le concept de l’effet de levier1 qui
stipule que l’endettement est toujours avantageux (à un certain niveau) par rapport au
financement par capitaux propres vue que les taux d’intérêt sont généralement inférieurs aux
coûts des capitaux propres. Ainsi, La théorie traditionnelle de la structure du capital, basée sur le
modèle microéconomique néoclassique2, montre que la structure financière optimale est atteinte
lorsque le coût moyen pondéré du capital ou WACC (Weighted Average Cost of Capital) est
minimisé, et quand la valeur de la firme est maximisée. Ainsi, WACC se calcule à travers l’équation
suivante :
WACC = (r * CP) / (CP + DF) + (i * DF) / (CP + DF)
D’où CP : la valeur des capitaux propres ;
DF : la valeur de dettes de financement ;
i : le coût de la dette (taux d’intérêt) ;
r : le coût des capitaux propres (taux de rendement interne).
1
Un avantage lié au financement d’un actif par endettement plutôt que par capitaux propres.
2
Voir Walras, Leon. (1889) Elements of Pure Economics. 1926 Edition.
De ce fait, une entreprise non endettée aura un WACC égal à son coût de financement par
capitaux propres et pourra réduire son WACC en s’endettant de plus en plus jusqu’à ce que le
coût marginal de la dette soit égal au coût marginal du financement par capitaux propres.
La structure traditionnelle du capital nous enseigne que la valeur de la firme n'est pas simplement
créée par le biais des placements ou d'investissements dans des projets générant un retour
positif. D’ailleurs, l’acquisition de ces actifs avec une combinaison optimale de fonds propres et
de dettes minimisant le coût de financement est aussi importante.
Les principales hypothèses issues de cette théorie impliquent que le coût du capital et la valeur
crée par l’entreprise dépend du degré d’effet de levier :
• Il n’existe que du financement par emprunt et par actions disponibles pour l’entreprise ;
• L’entreprise verse la totalité de ses bénéfices sous forme de dividendes, son actif et ses
• revenus sont considérés comme constants ;
• Les décisions du financement et d’investissement sont prises d’une manière rationnelle ;
• Les coûts de transactions sont nuls ;
• Il n'y a pas de taxes.
1
L’effet massue survient quand le taux de rendement des capitaux investis ainsi que le coût des capitaux
propres sont inférieurs aux intérêts de la dette. Dans ce cas, la rentabilité financière devient négative.
Sensagent : Encyclopédie en ligne.
Les figures ci-dessous expliquent d’une manière sommaire les conclusions de la théorie
financière traditionnelle en ce qui concerne la relation entre coût du capital, coût d’endettement
et le coût moyen pondéré du capital (figure 3), ainsi que la relation entre l’effet de l’endettement
et la valeur de la firme (Figure 2).
Ainsi, la figure ci-dessus explique la notion basique de la théorie classique, à savoir celle de
l’optimum unique (One and Unique Optimum). Selon cette théorie, l’endettement étant
avantageux, le ratio dette/capital devrait croître jusqu’à ce que le surplus marginal de la dette
soit égal au surplus marginal du la valeur marchande de la firme.
1.2- Un modèle révolutionnaire : modèle de non pertinence Modigliani & Miller (1958)
Selon le modèle proposé par les deux auteurs, sous l’hypothèse d’un marché parfait efficient et
complet, en premier lieu, les conditions suivantes sont à vérifier :
• Les instruments de financement sont parfaitement substituables ;
• Les agents peuvent prêter ou emprunter à un taux fixe et sans limite ;
• Le risque de faillite est nul ;
• Il n’y a pas d’asymétrie d’information entre les agents ;
• Les dirigeants gèrent conformément à l’intérêt des actionnaires ;
• Il n’existe pas de taxation.
Sous les hypothèses ci-dessus, la structure financière d'une entreprise n'aura aucun effet sur sa
valeur. Par conséquent, les décisions relatives à la structure du capital ne feront que modifier la
répartition de la valeur entre les différentes parties prenantes de l'entreprise. Ces décisions
modifieront le risque et le rendement prévus pour les actionnaires, mais cela n’aura aucune
incidence sur la valeur totale de l’entreprise.
Toutefois, ce modèle de marché parfait n’est pas pertinent pour établir une méthode de choix de
la structure financière des entreprises dans le monde réel. Le modèle implique également que la
gouvernance d'entreprise n'est pas pertinente dans un contexte du marché parfait, dans lequel
Certains comportements des managers sont cohérents avec les prédictions de MM et certaines
études empiriques montrent que la flexibilité financière et le risque inhérent sont des
préoccupations plus importantes pour les managers que les coûts de faillite ou les avantages
fiscaux lorsque les dirigeants choisissent la structure de capital. En effet, il apparaît que
les entreprises ont généralement des structures de capital quasiment stables. Or, plusieurs
études après Modigliani et Miller ont affirmé des résultats en contradiction avec l’hypothèse de
neutralité et de l’indépendance entre la décision de financement et d’investissement, elles ont
aussi mis en place des modèles de structure optimale du capital qui impliquent la maximisation
de la valeur de l'entreprise, dans le cadre d'un compromis entre les avantages fiscaux de la dette
et les coûts liés aux capitaux propres.
Miller (1977) a révisé le modèle correctif défini par Modigliani et Miller (1963) en intégrant les
impôts sur les revenus individuels. Dans ce cas, où nous tenons compte à la fois de la fiscalité
sociétaire et personnelle, Miller démontre que l'endettement n'a aucun impact sur la valeur de
l’entreprise en concluant qu’il n'existe pas un ratio optimal d’endettement.
Qui intègre l’effet de la déduction fiscale en termes de l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur les
revenus des personnes physiques.
Dans une situation d’équilibre :
Donc : même avec l’avantage fiscal lié à l’endettement, la valeur de l’entreprise demeure
indépendante de sa structure financière du capital. D’où l’effet nul de l’endettement :
Néanmoins, la problématique du ratio optimal d’endettement a été soulevée à nouveau par les
chercheurs sous la fameuse théorie de l'arbitrage ou de compromis ou "Trade off
theory" stipulant que le ratio cible est atteint en faisant un arbitrage entre les coûts et les
avantages de la dette.
La version classique de cette théorie « Static-trade off theory » remonte à Kraus et Litzenberger
qui ont considéré un équilibre entre le poids des coûts liés à la faillite (liquidation) et les avantages
fiscaux de la dette (Kraus et Litzenberger, 1973). Plus tard, les coûts d'agence ont été également
inclus à travers le modèle de Jensen and Meckling (1976).
Le modèle de structure financière optimale le plus influent, après celui de Modigliani et Miller est
celui développé par Jensen et Meckling (1976). Ce modèle indique que, dans un marché sans
impôt, mais avec des coûts d'agence non négligeables, la structure de propriété et la structure du
capital ne sont pas indépendantes les unes des autres, mais sont plutôt choisies de manière à
minimiser les coûts d'agence globaux.
Jensen et Meckling ont été des pionniers dans le développement de la théorie de l'agence et de
la théorie de la relation principal-agent optimale. Cependant, ce modèle repose sur un certain
nombre d'hypothèses classiques du marché pur et parfait à savoir :
▪ Tous les agents économiques sont des contractants rationnels ;
▪ Les marchés financiers efficaces ;
▪ Il existe un coût de la relation contractuelle appelé coût d’agence ;
▪ Il existe une structure du capital optimale qui minimise le coût d’agence ;
▪ Les coûts d’agence sont finalement supportés par les actionnaires ;
▪ Il n’existe pas d’impôt.
Il a été soutenu que des niveaux d'endettement élevés peuvent jouer un rôle disciplinaire dans la
réduction des coûts d'agence des capitaux propres, dans les entreprises disposant d'importants
flux de trésorerie disponibles que la direction pourrait autrement dépenser pour investissements
de valeur actuelle nette négative.
Ainsi, ces questions sont examinées dans le modèle de détermination du coût de l’agence Free
cash-flow de Jensen (1986), qui a montré que la propriété et la structure du capital ne sont pas
indépendantes les unes des autres, mais sont choisies de manière à minimiser le coût global de
l’agence et des contrats incomplets.
D’autres études ont examiné d’autres moyens par lesquels les dirigeants d’entreprise, agissant
dans l’intérêt des actionnaires, pourraient tenter de transférer le risque d’activité sur d’autres
parties prenantes. Il ne faut pas oublier le problème du sous-investissement, selon Myers (1977) :
les actionnaires peuvent perdre en raison du conflit d’intérêt, même si le manager investit dans
un projet à la VAN positive, puis la société fait faillite. Dans ces conditions, le choix d’un projet
avantageux reviennent aux détenteurs de la dette, à savoir les créanciers ou obligataires, et ce
dépend de degré de leur influence sur la prise de décision.
Néanmoins, nous pouvons affirmer que la gouvernance d'entreprise (la manière dont les actions
discrétionnaires des dirigeants sont exercées pour satisfaire les intérêts des actionnaires) n'a
d'importance économique que dans les cas suivants : un monde caractérisé à la fois par des coûts
d’agence et des contrats incomplets.
Ainsi le tableau ci-dessus donne une revue systématique des principales théories en relation avec
la structure financière optimale.
indépendantes capital n'est pas structure du capital ne feront contexte, où on tient compte à la
influencé par la décision que modifier la répartition de la fois de la fiscalité corporative et
(1977)
de financement valeur entre les différentes personnelle, Miller conclut que
parties prenantes de l'endettement n'a aucune incidence
l'entreprise. Ces décisions sur la valeur de la firme.
modifieront le risque et le
rendement prévus pour les
actionnaires, mais cela n’aura
aucune incidence sur la valeur
totale de l’entreprise.
La théorie des Le point de départ de Selon Williamson, le coût de
coûts de Williamson et de la transaction se compose en :
Herbert Simon (1972) et Williamson
personne (l’agent, divergences par rapport minimum correspond au levier entre actionnaires et managers;
Théorie d'agence
ou le mandataire) à ses intérêts en optimal de l'entreprise ; ce b. Ceux qui se basent sur les conflits
pour exécuter en établissant des levier varie d'une entreprise à entre actionnaires et créanciers.
son nom une incitations appropriées une autre. La relation et le coût Stulz (1990), le conflit d'intérêt
tâche qui implique pour l'agent et en y afférent peuvent être se entre actionnaires et managers
une délégation du encourant des coûts de présenter sous forme: provoque une situation de
pouvoir de surveillance conçus pour - coût d'agence de la structure surinvestissement qui peut être
décision. limiter les activités de propriété (relation dirigeant - évitée en incitant le gestionnaire à
aberrantes de l'agent. actionnaire) verser les flux excédentaires aux
- coût d'agence de actionnaires. En d'autres termes, il
l'endettement (relation suffit que la société finance le rachat
actionnaire - créancier) d'actions par l’emprunt pour
diminuer les coûts d’agence.
Source : Par les auteurs
“This means, among other things, that the tax advantages of debt financing are somewhat greater
than we originally suggested” (Modigliani and Miller, 1963, p. 434).
Cette citation montre l’avantage fiscal lié à l’endettement comme élément essentiel de la théorie
financière sur la structure optimale du capital.
Selon la static trade off theory, la performance d’une entreprise influe sur son ratio
d’endettement cible, qui à son tour influence le choix des titres émis par l’entreprise en affectant
ses ratios d’endettement (Hovakimian et al, 2001).
La présentation détaillée du modèle thèorique à propos de la static trade-off theory est proposée
par Bradley et al. (1984). Ils ont affirmé suite à leurs travaux les conclusions suivantes formant
leur static trade-off model:
1. toute augmentation des coûts financiers de la dette réduit le ratio optimal d’endettement ;
2. toute augmentation des coûts non liés à la dette réduit le ratio optimal d’endettement ;
3. toute augmentation du taux d’imposition personnelle augmente le ratio optimal
d’endettement.
Static trade off theory suppose que les entreprises fassent toujours un arbitrage entre les valeurs
marginales des déductions fiscales d'intérêt par rapport aux coûts de la dette (Shyam, Sunder et
Myers, 1999).
Autrement dit, le niveau optimal est atteint lorsque la valeur marginale des avantages associés à
la dette compense exactement l'augmentation de la valeur marginale des coûts associés à
l'émission de plus de dette (Myers, 2001). De Angelo et Masulis (1980) ont proposé un niveau
d'endettement optimal théorique pour une entreprise, où la valeur actuelle des économies
d'impôts dues à l’octroi des nouveaux emprunts et des économies fiscales autre que celles
d’endettement sont juste compensées par des augmentations de la valeur des coûts de la dette.
Plusieurs études ont été menées empiriquement et elles ont prouvé la validité de la trade off
theory (Sogorb and López, 2003; Hackbarth, Hennessy and Leland, 2007; Serrasqueiro and Nunes,
2010).
Les chercheurs qui soutiennent l'existence d'un ratio cible d'endettement4, selon leurs résultats
empiriques, affirment généralement les conclusions suivantes :
• Les entreprises sont généralement sous-endettées. Ainsi, de nombreuses entreprises ont
un effet de levier inférieur à celui qui aurait pu maximiser leur valeurs, et ce dans une
perspective de la théorie du compromis (TOT).
La théorie du compromis statique ou Static-Trade-off theory (TOT) stipule que l’atteinte d’un ratio
d’endettement cible est le résultat d’un arbitrage entre l’économie d’impôt et les coûts d’agence
et de faillite. En effet, jusqu'à tout récemment, cette théorie a eu l'honneur d'être la théorie
dominante dans les travaux en finance d’entreprise ; tandis que, la théorie était sérieusement
discréditée par la plupart des spécialistes. Récemment, cela a quelque peu changé. De ce fait,
certaines des objections les plus adressées à la théorie de l'arbitrage sont devenues moins
convaincantes à la lumière de preuves plus récentes et d'une meilleure compréhension de
certains aspects de l'environnement dynamique (Goyal et Frank, 2007a).
Selon la théorie du compromis, les entreprises ne prendront des mesures que si elles en
attendent des avantages. Une implication de cette théorie est que la réaction du marché aux choix
optimaux de financement est toujours positive (Goyal et Frank, 2007b).
Le tableau ci-dessous précise les contextes des principales études empiriques prises en
considération dans notre analyse.
Tableau 3. Contextes des principales études sur la Trade Off Theory :
Cible
Auteurs Contexte Année PME Autres
Graham & Tucker USA 2004 X
Hennessy & Whited, Strebulaev USA 2004 X
Trabelsi France 2006 X
J. Lo´pez-Gracia & al. Espagne 2008 X
Dufour & Molay France 2010 X
Silva Serrasqueiro Z. Portugal 2011 X X
Adair & Adaskou France 2015 X
AlZoubi. H & al. USA 2018 X
Source : Par les auteurs
Les principales études faisant partie de notre analyse et confirmant TOT entre 2003 et 2018 ont
été menées dans les pays économiquement développés et concernant essentiellement les PME.
Le tableau ci-après récapitule certains parmi les principaux travaux empiriques postérieurs aux
travaux des pionniers Goyal et Frank (2003) et qui sont en ligne avec les prédictions de Trade Off
Theory.
Nous constatons que des travaux empiriques récents confirment les prédictions de la théorie
d’arbitrage (TOT), et ce malgré les critiques sur le ratio d’endettement optimal adressées par les
théories basées sur l'hypothèse de l'asymétrie d'information et de la rationalité limitée (Myers,
1984).
La figure ci-dessus montre que les concepts du levier, endettement, impôt, et valeur de
l’entreprise sont étroitement liés selon les analyses faites par la littérature, ce qui correspond à
la philosophie de base de la Trade off theory.
La théorie d'arbitrage ou "Trade off theory" a suscité beaucoup de critiques à partir des années
70 avec la montée des nouvelles théories basées sur l'hypothèse de l'asymétrie d'information et
de la rationalité limitée.
Or ces théories modernes, outre les critiques qu'elles apportent à l'égard de la TOT, elles n'ont
pas pu confirmer ou infirmer catégoriquement le non existence d'un ratio optimal d'endettement,
même si que le concept de l'optimalité absolue et de l'unique optimum (One and Unique
Optimum) est fortement contesté.
Par ailleurs, nous constatons d’après notre analyse que la dynamic trade off theory a montré sa
pertinence à travers plusieurs études empiriques. Ainsi pour assurer un choix optimal de
financement nous proposons aux décideurs de mettre en place un dispositif de management du
risque efficace afin de décider en temps réel en se basant sur les coûts et avantages de dette. Sur
ce, notre modèle conceptuel a été proposé sur la base de la revue de littérature et en se basant
sur l’analyse conceptuelle et systématique des études empiriques. En conséquence et sur la base
de l'analyse précédente, le modèle conceptuel considéré comme un résultat de ce travail est
présenté comme suit :
D’ailleurs, la valeur ajoutée de ce modèle conceptuel réside dans le fait qu’il tient en compte le
risque systémique imprévisible tel que les conséquences de la crise financière de 2009 et de
l’actuelle crise sanitaire de COVID 19, comme un facteur exogène que le dispositif de
management du risque devrait prendre en considération afin de converger vers une décision
financière optimale. Sans pour autant omettre les incitations aux managers pouvant compléter
les avantages liés à la discipline de dette afin d’optimiser les processus de prise de décision. En
effet, et conformément à la « Dynamic Trade Off Theory », nous proposons un modèle
Conclusion et perspectives :
Enfin, l'avancée technologique et les nouvelles pratiques managériales peuvent avoir un impact
considérable sur la manière dont les managers prennent leurs décisions en proposant des
modèles de décision capables d'orienter les décideurs en temps réel vers les meilleurs choix de
financement, et surtout en période de crise comme celle de COVID 19 dans laquelle nous vivons
actuellement.