Droit Des Sociétés: Alexis Constantin
Droit Des Sociétés: Alexis Constantin
Droit Des Sociétés: Alexis Constantin
Alexis Constantin
Restructuration et regroupement
de sociétés
5e édition
> DROIT DES SOCIÉTÉS
mémentosdalloz
série droit privé
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations
dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de
ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 315-2
et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
1 Introduction générale
>
INTRODUCTION GÉNÉRALE
> L’essentiel
Le mot « société » a deux sens courants :
– d’une part, il désigne le contrat par lequel des personnes conviennent de
constituer une société ; c’est l’acte constitutif de celle-ci ;
– d’autre part, il peut désigner la personne juridique, dite personne morale, qui
est investie de la capacité juridique d’agir au nom et dans l’intérêt de la collecti-
vité des associés.
La loi donne une définition de la société. Toutefois cette définition ne rend qu’im-
parfaitement compte de l’exceptionnelle richesse de la notion de société, dont
une analyse conceptuelle rend mieux compte.
§ 1 - Société et entreprise
A. Notion d’entreprise
Cette notion est d’abord économique : ensemble de moyens humains et matériels
ayant pour objet une activité économique (production, commercialisation, services,
etc.).
2 > INTRODUCTION GÉNÉRALE
§ 2 - Société et contrat
A. Analyse contractualiste
La société est un des contrats spéciaux prévus par la loi, en l’occurrence le Code
civil (art. 1832 et s.). Jusqu’à la fin du XIXe siècle, elle n’était qu’un contrat. Sur le
fondement du dogme de l’autonomie de la volonté, on analysait la société à l’aune
du droit civil des obligations. Les conditions de formation (consentement, capacité,
cause, objet) et les règles de fonctionnement (pouvoir des dirigeants, processus
décisionnel) se trouvaient fondées sur le droit des contrats, qu’elles devaient res-
pecter.
d’associé (v. infra, p. 88), soit par la volonté de favoriser la liberté contractuelle en
droit des sociétés (qui a été celle du législateur avec la société par actions simplifiée
– sur laquelle, v. infra, p. 276 et s.).
§ 3 - Société et institution
A. Limites de l’analyse contractualiste
Au début du XXe siècle, un courant doctrinal a montré les limites de l’analyse contrac-
tualiste, incompatible avec de nombreux aspects du fonctionnement des sociétés.
De plus en plus, le législateur encadre de façon impérative la vie de celles-ci, faisant
ainsi reculer le rôle des volontés individuelles. C’est ainsi, par ex., que la désignation
et les pouvoirs des dirigeants sont fortement réglementés (de sorte que les termes,
utilisés couramment, de « mandataires sociaux », ne reflètent guère la réalité juri-
dique). De même les statuts peuvent être modifiés à la majorité, alors que pour
modifier un contrat, l’unanimité des parties est requise (mais sur ce point la critique
n’est pas totalement convaincante, puisqu’un processus particulier de modification
du contrat, accepté ab initio par l’ensemble des parties, ne cesse pas d’être conven-
tionnel).
2. Théorie de la fiction
La personnalité morale, qui résulte de l’immatriculation de la société au registre du
commerce et des sociétés (C. civ., art. 1842 ; C. com., art. L. 210-6), est exclusive-
ment attribuée par la loi. C’est la solution du droit positif français, pour les sociétés
tant civiles que commerciales.
2. Après l’immatriculation
Le groupement devient opposable aux tiers, et dispose, en tant que personne juri-
dique, d’un intérêt (l’intérêt social, v. infra, p. 100) et d’un patrimoine autonome par
rapport à ses membres, ce qui correspond davantage à l’analyse institutionnelle.
Ce rapprochement est d’autant plus vrai que l’essentiel des règles légales incompa-
tibles avec l’analyse contractualiste (processus décisionnel, pouvoir des dirigeants
sociaux…) concerne les sociétés ayant la personnalité morale.
B. Société et association
1. Lois applicables différentes
• Pour les associations : art. 1er et s. de la loi du 1er juill. 1901.
• Pour les sociétés : not. C. civ., art. 1832 à 1873 et C. com., art. L. 210-1 à
L. 248-1.
2. Définition différente
L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent
en commun, de façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un
but autre que de partager des bénéfices (pour la société, v. C. civ., art. 1832 ;
supra).
3. Éléments de distinction
• Groupement ayant un but lucratif consistant à réaliser et partager les bénéfices :
obligatoirement société.
• Groupement visant un but totalement désintéressé (association culturelle ou phi-
lanthropique…) : obligatoirement association.
• Groupement ayant un but lucratif visant à permettre à ses membres la réalisation
d’une économie (service à meilleur prix…) : association ou société.
2. Définition différente
Le GIE est un groupement constitué entre deux ou plusieurs personnes, physiques ou
morales, afin de faciliter ou de développer l’activité économique de ses membres,
d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité. Il n’a pas vocation à réaliser
des bénéfices (C. com., art. L. 251-1 ; si des bénéfices sont réalisés, ils sont répartis
entre les participants suivant les modalités prévues au contrat).
3. Éléments de distinction
• Rapprochement : la société, comme le GIE, peut être constituée dans le seul but
de faire profiter ses membres des économies résultant de son action.
6 > INTRODUCTION GÉNÉRALE
• Différences :
– facultative : absence d’apports et de capital dans le GIE ;
– organique : le GIE ne peut être que le prolongement de l’activité de ses membres.
A. Approche comptable
La comptabilité est un instrument indispensable de la vie de l’entreprise qui com-
porte notamment deux types de documents : bilan (reflétant sa situation patrimo-
niale) et compte de résultat (décrivant sont activité sur une période). Les règles
légales relatives aux sociétés contiennent de nombreuses dispositions qui intègrent
la comptabilité dans le fonctionnement de la société, notamment dans un but fiscal
et d’information des tiers et des associés.
B. Approche fiscale
Les sociétés sont très largement considérées comme des contribuables, c’est-à-dire
qu’elles sont obligées au paiement d’impôts, droits ou taxes à raison des bénéfices,
du chiffre d’affaires qu’elles réalisent ou des biens qu’elles possèdent ou acquiè-
rent. Elles participent pour une part importante aux ressources fiscales de l’État
(v. Mémento Droit fiscal des entreprises commerciales).
LE CHOIX DE LA FORME SOCIÉTAIRE POUR L’EXERCICE D’UNE ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE > 7
> L’essentiel
Le recours au mécanisme de la société présente de nombreux intérêts, financiers,
juridiques, fiscaux ou sociaux. Pour répondre aux objectifs variés des créateurs
d’entreprises et aux contraintes qui peuvent peser sur eux, le législateur offre une
très grande diversité de formes sociétaires.
§ 1 - Intérêts financiers
• La société personne morale permet, sur ce plan, d’assurer la répartition des droits
des personnes ayant accepté de courir un risque en devenant associées et en appor-
tant des biens ou des fonds, et d’organiser leurs rapports, bien mieux que dans le
cadre d’une entreprise individuelle ou d’une indivision.
• La société permet de réunir des capitaux en vue de la création et de l’exploitation
d’une activité économique.
• Une entreprise individuelle en plein essor souhaitant obtenir des capitaux pour son
développement sans recourir aux emprunts bancaires devra être « mise en société ».
Les plus grandes (généralement les SA), peuvent même solliciter l’épargne publique
en plaçant, par ex., leurs titres sur les marchés boursiers réglementés.
• Grâce à la technique de la société, et notamment de la SA, qualifiée de « mer-
veilleux instrument du capitalisme moderne » (G. Ripert, 1946), ont pu être créées
et développées des entreprises de taille considérable, réunissant un volume de capi-
taux et un nombre d’associés ou d’actionnaires importants.
§ 2 - Intérêts juridiques
Ils sont innombrables. On citera, sans exhaustivité :
• Permettre à l’entrepreneur d’éviter d’engager dans son affaire – toujours aléatoire
– la totalité de ses biens personnels en constituant l’une des sociétés à responsabilité
limitée prévues par la loi (SARL, EURL, SA, SAS, SASU). Cette séparation des patri-
moines est cependant souvent rendue illusoire par la nécessité, pour l’associé prin-
cipal, de garantir personnellement les dettes contractées par la société, notamment
à l’égard des banques (v. infra, p. 71).
NB : La loi du 15 juin 2010, entrée en vigueur le 1er janv. 2011, a instauré l’en-
treprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL). Le texte permet aux artisans,
commerçants et professionnels libéraux, par simple déclaration au greffe (et acte
notarié pour les immeubles), de distinguer leur patrimoine professionnel et leur
8 > INTRODUCTION GÉNÉRALE
§ 3 - Intérêts fiscaux
• La transformation de l’entreprise individuelle en société est souvent motivée par des
raisons fiscales ; ces intérêts fiscaux expliquent notamment certaines mises en société
inutiles, sur le plan économique, compte tenu de la faible dimension de l’entreprise.
• Le choix entre d’un type de société peut être influencé par la politique fiscale de
l’État en faveur de telle ou telle forme sociétaire. Sur ces points, v. Mémento Droit
fiscal des entreprises commerciales.
§ 4 - Intérêts sociaux
• Longtemps, le chef d’entreprise individuelle a bénéficié d’une couverture sociale
moins avantageuse que celle des salariés L’on comprend dès lors la volonté qu’ont
eu certains entrepreneurs de mettre leur entreprise en société (notamment en SA)
afin de pouvoir bénéficier alors (sous certaines conditions), en leur qualité de diri-
geant de la société, du régime social des salariés (mais pas du droit du travail, sauf
à disposer en sus du mandat social d’un contrat de travail).
• Aujourd’hui, les entrepreneurs individuels sont mieux couverts socialement, alors
que la protection des salariés n’est plus aussi avantageuse. La question sociale
devrait donc moins peser sur le choix de la mise en société. Sur le statut social des
dirigeants, v. infra, p. 62.
§ 1 - Types généraux
A. Sociétés avec ou sans personnalité morale
N’ont pas la personnalité morale les sociétés en participation et les sociétés créées
de fait (v. infra, p. 121 et s.). Les autres groupements jouissent de la personnalité
morale à compter de leur immatriculation (déclaration en préfecture pour les asso-
LE CHOIX DE LA FORME SOCIÉTAIRE POUR L’EXERCICE D’UNE ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE > 9
ciations, reconnaissance d’intérêt public pour les fondations) (C. civ., art. 1842 ;
C. com., art. L. 210-6).
2. Sociétés commerciales
Régies par le livre II C. com. (art. L. 210-1 à L. 252-13), les sociétés commerciales
ayant la personnalité morale sont :
– la SNC (C. com., art. L. 221 et s.) : les associés ont tous la qualité de commerçant
et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales ;
– la SCS (C. com., art. L. 222-1 et s.) : comprend un ou plusieurs associés com-
mandités ayant le statut des associés en nom collectif et un ou plusieurs associés
commanditaires, non commerçants et répondant des dettes sociales à concurrence
de leurs apports ;
– la SARL (C. com., art. L. 223-1 et s.) : créée par plusieurs associés (un seul dans
l’EURL) qui n’ont pas la qualité de commerçant et qui ne supportent les pertes qu’à
concurrence de leurs apports ; capital divisé en parts sociales ;
– la SA (C. com., art. L. 225-1 et s.) : constituée entre plusieurs actionnaires, non
commerçants, qui ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports ;
capital divisé en actions ;
– la SCA (C. com., art. L. 226-1 et s.) : constituée entre un ou plusieurs commandités,
ayant le statut des associés en nom collectif, et des commanditaires, ayant le statut
des actionnaires de SA ; capital divisé en actions ;
– la SAS (C. com., art. L. 227-1 et s.) : créée par plusieurs associés personnes phy-
siques ou morales (un seul dans la SASU) qui n’ont pas la qualité de commerçant
et ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports ; capital divisé en
actions ; se caractérise par sa très grande souplesse et la liberté contractuelle qui y
est permise.
des actes accomplis pendant la période constitutive, situation des associés, causes
de nullité et de dissolution, pouvoir du gérant…). Les principales différences sont la
compétence judiciaire (T. com. pour les sociétés commerciales ; TGI pour les socié-
tés civiles) et les obligations comptables.
ments statutaires, d’y faire régner un très fort intuitus personae, la rapprochant sur
ce plan des sociétés de personnes.
§ 2 - Types spéciaux
A. Sociétés particulières en raison de leur statut juridique
1. Les sociétés coopératives
Les associés sont soit des travailleurs au service de la société (par ex. les SCOP,
sociétés coopératives ouvrières de production), soit des fournisseurs (coopérative
de vente), soit des clients (coopérative de consommation). Leur capital est variable.
Chaque coopérateur n’a qu’une voix, quelle que soit la part de capital qu’il détient.
tique socialiste), qui ont concerné divers secteurs économiques (banques, énergie,
assurances, industrie…).
• La privatisation est la cession à des personnes privées des actions d’une société
d’État. L’opération peut s’opérer sur le marché financier (cas le plus fréquent ; les
privatisations ont ainsi permis de développer en France l’actionnariat populaire et
celui de salariés), ou bien hors marché (de gré à gré). L’État peut garder la majorité
(privatisation partielle) ou céder la totalité du contrôle, en conservant ou non une
minorité. L’État se réserve souvent une action privilégiée (golden share) lui permet-
tant notamment d’agréer ou de refuser l’entrée de nouveaux actionnaires dans la
société, pour des raisons dites d’intérêt national. La CJCE a condamné ces actions
spécifiques, lorsqu’elles relèvent du pouvoir discrétionnaire de l’État (CJCE, 4 juin
2002, Commission c/Rép. Française, Rev. sociétés 2002, p. 519, G. Parléani).
1. Immobilier
Par ex. : sociétés civiles de construction-vente (CCH, art. L. 211-1 à L. 211-4) ;
sociétés civiles d’attribution (CCH, art. L. 212-1 à L. 212-13) ; société d’attribution
d’immeubles en jouissance à temps partagé (L. 6 janv. 1986) ; sociétés civiles de
placement immobilier (SCPI, C. mon. fin., art. L. 214-50 et s.).
2. Agriculture
Par ex. : coopératives agricoles ; groupes agricoles d’exploitation en commun
(GAEC) ; groupements fonciers agricoles (GFA) ; entreprise unipersonnelle agricole
à responsabilité limitée (EARL).
3. Professions libérales
Par ex. : sociétés civiles professionnelles (L. 29 nov. 1969) ; sociétés civiles de
moyens (SCM, organisation de services communs aux membres) ; sociétés d’exer-
cice libéral (SEL, L. 31 déc. 1990), qui sont des sociétés professionnelles à forme
commerciale (par ex. sous forme de SARL : SELARL ; sous forme de SA : SELAFA ;
sous forme de SAS : SELAS…).
4. Banque et assurance
Par ex. : Sicav ; sociétés de développement régional ; sociétés d’assurance mutuelle…
14 > INTRODUCTION GÉNÉRALE
> L’essentiel
La société est un mécanisme juridique très ancien, ancré dans une histoire qu’il
convient de retracer brièvement.
Pour autant, le Code civil de 1804 et le Code de commerce de 1807 étaient très
succincts et lacunaires dans leur réglementation des sociétés.
Par la suite, le législateur français n’a jamais cessé de compléter ou réformer cette
réglementation, qui est aujourd’hui d’une densité et d’une complexité importantes.
De surcroît, le droit communautaire des sociétés modifie directement ou
influence indirectement, de plus en plus le droit français des sociétés.
Il convient donc de faire le point sur l’état actuel du droit positif français, au
regard de ses sources.
§ 1 - Antiquité
• À Babylone et en Grèce : associations ayant les caractères essentiels des sociétés
(apports et partage des risques).
• À Rome : groupements (« consortium ») s’apparentant à des indivisions successo-
rales et groupements destinés à la réalisation d’affaires financières ou commerciales
proches de nos sociétés.
§ 2 - Moyen Âge
À la fin du XVe siècle, sont connues toutes les formes de sociétés utilisées par le droit
français jusqu’en 1925 :
– société en nom collectif : issue de la « compania », société à responsabilité soli-
daire et illimitée se consacrant à des activités économiques très diverses : industrie,
commerce, banque… ;
– société en commandite : issue de la « commenda » ou de la « société de mer »,
utilisée essentiellement dans le commerce maritime, afin de partager les risques
entre les marchands exportant ou important des marchandises ;
– sociétés de capitaux : apparaissent notamment sous la forme de sociétés de « quira-
taires » : division en parts (quirats) d’un navire ; permettent de partager les risques de
l’exploitation d’un navire entre plusieurs armateurs. Étendues à l’industrie extractive.
§ 3 - Ancien Régime
• 1673 : un effort de classification et donc de conceptualisation est opéré par l’effet
de l’ordonnance de Louis XV sur le commerce de terre. Cette ordonnance distingue
et réglemente trois types de sociétés (les sociétés générales, les commandites simples
VUES GÉNÉRALES SUR LE DROIT DES SOCIÉTÉS > 15
B. Période de l’entre-deux-guerres
• Intervention croissante de l’État : surtout dans la réglementation des sociétés
anonymes, principalement dans un but de protection de l’épargne publique ; ce
mouvement fait suite à plusieurs scandales financiers retentissants.
• La loi du 7 mars 1925 : crée une société d’inspiration allemande, la SARL, forme
intermédiaire entre les sociétés de personnes et de capitaux.
A. Méthode
• Une loi du 16 déc. 1999 a habilité le gouvernement à procéder, par ordonnance,
à l’adoption de la partie législative de certains codes.
• Une ordonnance du 18 sept. 2000 a été adoptée et a permis l’entrée en vigueur
de la partie législative du nouveau Code de commerce.
• La codification a été opérée « à droit constant », c’est-à-dire que les dispositions en
vigueur ont été codifiées sans y apporter d’autres modifications que celles imposées
par « le respect de la hiérarchie des normes », « la cohérence rédactionnelle des
textes » ou « l’harmonisation de l’état du droit ».
B. Résultat
• Si de nombreux textes du droit des sociétés figurent désormais dans ce Code (et
principalement la loi du 24 juill. 1966 et, depuis sa codification par le décret du
25 mars 2007, l’ancien décret du 23 mars 1967), il ne s’agit pas d’une codification
du droit des sociétés, mais d’une codification des règles du commerce, ce qui est
beaucoup plus large.
• Par ailleurs, de nombreuses dispositions intéressant les sociétés sont restées
hors du Code de commerce : les règles relatives aux valeurs mobilières et, plus
généralement, aux instruments financiers ainsi qu’aux marchés financiers, figurent
dans le Code monétaire et financier, instauré le 14 déc. 2000 ; les art. 1832 et s.
C. civ. restent dans ce Code, bien qu’ils posent les règles générales applicables
aux sociétés.
• Il n’existe donc pas légalement de Code des sociétés. En revanche, de nombreux
éditeurs juridiques proposent de tels codes, extrêmement pratiques en ce qu’ils s’ef-
forcent de réunir l’ensemble des dispositions applicables, plus ou moins directement,
aux sociétés, ainsi que la jurisprudence (v. par ex. Code des sociétés et des marchés
financiers, Dalloz).
B. La dépénalisation
Les efforts actuels du législateur, tendant à une certaine dépénalisation du droit des
sociétés et à un renouvellement des sanctions de la violation des règles d’ordre
public, participent de ce mouvement. Dans le prolongement de la loi NRE du 15 mai
2001, les lois « sécurité financière » et « initiative économique » du 1er août 2003,
ainsi que les ordonnances des 25 mars et 24 juin 2004 ont supprimé plusieurs délits
de droit des sociétés. Les associés ou les tiers trouveront, à la place, une protection
soit dans une injonction judiciaire, soit dans une nullité de la décision collective.
§ 3 - Troisième orientation :
transparence accrue et meilleure gouvernance
A. Loi dite NRE du 15 mai 2001
La loi sur les nouvelles régulations économiques du 15 mai 2001 traduit de manière
exemplaire cet objectif.
S’inscrivant dans le contexte de la mondialisation de l’économie, cette loi vise à
mettre notre législation des sociétés et des marchés financiers au niveau des exi-
gences posées par les investisseurs internationaux, notamment anglo-saxons (les
fameux principes de « corporate governance » ou « gouvernement des entreprises »).
Certaines dispositions du droit des sociétés ont ainsi été modifiées afin notamment d’ac-
croître la transparence dans le fonctionnement des sociétés anonymes (par ex. infor-
mation des actionnaires sur les rémunérations des dirigeants), de prévenir les conflits
d’intérêts (extension du champ des conventions réglementées), de mieux équilibrer les
pouvoirs des dirigeants (distinction des fonctions de président de celles de directeur
général) et de renforcer les pouvoirs de contrôle des actionnaires minoritaires.
B. Objectif du législateur
• Renforcer les autorités de surveillance des marchés financiers.
• Distinguer plus nettement les missions d’audit et celles de conseil, assumées par
les professionnels des comptes.
• Renforcer encore davantage les contre-pouvoirs dans les sociétés, et notamment
les prérogatives des assemblées générales des actionnaires.
art. R. 229-1 à R. 229-26) pour la partie relative au droit des sociétés et du 9 nov.
2006 pour la partie relative à l’implication des salariés dans la SE (sur la SE, v. infra,
p. 300). Comparer : création de la société coopérative européenne par règlement
CE du 22 juill. 2003.
§ 1 - Lois et décrets
Ce sont les sources habituelles et principales du droit des sociétés ; sources lar-
gement influencées, comme on l’a vu, par le droit communautaire. À ce titre on
rappellera que :
– les art. 1832 à 1844-17 C. civ. constituent le droit commun des sociétés (civiles
ou commerciales) ;
VUES GÉNÉRALES SUR LE DROIT DES SOCIÉTÉS > 23
– les art. 1845 à 1870-1 C. civ. régissent les seules sociétés civiles ;
– les art. 1871 à 1873 C. civ. régissent les sociétés en participation ;
– que figurent dans le Code de commerce les dispositions communes aux sociétés
commerciales et les dispositions particulières à chacune des sociétés commerciales
(C. com., art. L. 210-1 à L. 248-1, pour la partie législative et R. 210-1 à R. 228-26,
pour la partie réglementaire, issu de la codification des dispositions du décret du
23 mars 1967) ;
– que de nombreuses dispositions intéressant le droit des sociétés se trouvent épar-
pillées dans différentes lois ou règlements.
§ 3 - Doctrine et jurisprudence
La doctrine et la jurisprudence jouent par ailleurs, comme dans la plupart des
domaines juridiques, un rôle important. D’autant que les textes législatifs et régle-
mentaires apparaissent assez souvent incomplets ou imprécis et appellent donc une
interprétation des magistrats, éclairés par les travaux de la doctrine. Les juges ont un
rôle de premier plan en droit des sociétés (v. infra, p. 94 et s.).
24 > INTRODUCTION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE :
Traités et manuels
> M. Cozian, A. Viandier et Fl. Deboissy, Droit des sociétés, Litec., 24 éd., 2011.
e
> B. Petit, Droit des sociétés, Litec, Objectif droit, 5 éd. 2010.
e
Encyclopédies juridiques
> Répertoire Sociétés Dalloz (dir. V. Magnier).
> Juris-classeur sociétés Traité (dir. F. Terré et M. Germain).
> Dictionnaires Joly sociétés
Revues spécialisées
> Bulletin Joly Sociétés (Bull. Joly).
> Droit des sociétés, éd. Juris-classeur (Dr. soc.).
> Revue des sociétés (Rev. sociétés).
Rubriques de droit des sociétés des revues juridiques générales :
> Bulletin rapide de droit des affaires (BRDA), éd. Francis Lefebvre.
> Recueil Dalloz avec les notes de A. Lienhard.
> Revue de jurisprudence de droit des affaires (RJDA), éd. Francis Lefebvre.
> Revue Lamy de droit des affaires, éd. Lamy.
Chroniques spécialisées
> Recueil Dalloz (D.) : sommaires commentés par J.-Cl. Hallouin et E. Lamazerolle.
> JCP édition Entreprise (JCP E), Chron. Fl. Deboissy et G. Wicker.
> Revue trimestrielle de droit commercial (RTD com.), Chron. Cl. Champaud
et D. Danet, P. Le Cannu et B. Dondero.
Codes spécialisés
> Code des sociétés et des marchés financiers, Dalloz 2012 (par A. Lienhard
et J.-P. Valuet), 2010.
> Code des sociétés et autres groupements, Litec 2012 (par F. Deboissy
et G. Wicker).
Livre premier
LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS
Il résulte de l’art. 1832 C. civ. que l’on peut créer des sociétés unipersonnelles, telles
que l’EURL ou la SASU. Ces sociétés ne sont pas constituées par un contrat mais
par un acte unilatéral de volonté. Toutefois, toutes les conditions, générales ou
spécifiques, de constitution des sociétés leur sont applicables, dès lors qu’elles sont
compatibles avec l’absence d’une pluralité d’associés (ainsi de la capacité de l’associé,
de son consentement, de son apport, de l’objet social, de la cause de la société, etc.).
Le contrat de société se présente donc comme l’acte fondamental, fondateur, de la
société (chapitre 1).
Bien que l’acquisition de la personnalité morale ne soit pas une obligation, et qu’il
existe des sociétés sans personnalité morale, qui reposent donc exclusivement sur
le contrat constitutif, la plupart des sociétés deviennent par la suite des personnes
morales, afin de faciliter leur activité dans le commerce juridique (chapitre 2).
LA NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ > 27
> L’essentiel
Le contrat de société a été conçu par le Code civil comme l’un des contrats
spéciaux.
Dès lors, il se trouve soumis tout à la fois aux règles du droit commun des
contrats (capacité, consentement, cause et objet, C. civ. art. 1108) et aux règles
spécifiquement applicables à ce contrat spécial (pluralité d’associés, apports,
participation aux résultats, affectio societatis).
Certaines conditions de forme doivent par ailleurs être respectées, avant comme
après la signature des statuts.
Enfin, des nullités peuvent venir sanctionner les éventuelles irrégularités de
constitution du contrat de société, dont il faut examiner les causes, le régime et
les effets.
§ 1 - Le consentement
A. Existence
Le consentement des associés doit exister (à distinguer du simple projet de société).
B. Pureté
Il doit être exempt de vices, lesquels peuvent être l’erreur (sur la substance, par
ex. sur la nature ou la forme du contrat conclu ; sur la personne, dans les sociétés
conclues intuitus personae), le dol ou la violence (respectivement des manœuvres
ou une contrainte illégitime poussant une personne à s’associer).
C. Sincérité
Le consentement ne doit pas être simulé. L’hypothèse principale est celle où le
contrat de société – l’acte ostensible – masque la volonté réelle des parties, laquelle
est exprimée dans une convention secrète (par ex. un contrat de prêt, pour échap-
per à la prohibition de l’usure ; un contrat de travail, pour se soustraire aux lois
sociales…). La société est alors fictive. On applique les règles de droit commun de
la simulation :
conflit entre les tiers doit être tranché en faveur de celui qui, de bonne foi, s’est fié
à l’apparence.
§ 2 - La capacité
Pour participer à une société, les associés doivent avoir la capacité de contracter,
conformément aux règles de droit commun (C. civ., art. 1123 et s.). Mais certaines
situations particulières doivent être examinées.
A. Le mineur
• Un mineur, même émancipé, ne peut pas être commerçant (C. civ., art. 413-8 et
C. com., art. L. 121-2). Il ne peut donc pas être associé d’une société de personnes
à objet commercial (associé en nom collectif ou associé commandité d’une SCS ou
d’une SCA).
• Il peut être associé dans tous les autres cas (SARL, SA, SAS, Société civile, com-
manditaire de SCS ou de SCA), mais ne pourra agir, s’il est non émancipé, que par
l’intermédiaire de son représentant légal, et plus généralement conformément aux
règles qui régissent son statut et ses biens.
B. Le majeur incapable
Il convient sur ce point de se reporter aux dispositions régissant la situation des
majeurs protégés (C. civ., art. 414-1 et s.).
C. Les époux
Depuis la loi du 23 déc. 1985 portant réforme des régimes matrimoniaux, deux
époux peuvent être, seuls ou avec d’autres personnes, associés dans une même
société, quelle qu’en soit la forme (civile ou commerciale, à responsabilité limitée
ou illimitée) et participer ensemble ou non, à la gestion sociale (C. civ., art. 1832-1,
al. 1).
F. Les étrangers
La capacité des personnes – physiques ou morales – étrangères est régie par leur loi
nationale. Mais l’exercice par ceux-ci de certains droits en France peut être soumis
à certaines conditions. Ainsi les étrangers souhaitant devenir associés d’une SNC
ou commandités d’une SCS ou d’une SCA, ou désirant exercer des fonctions de
direction d’une société étrangère implantée en France, doivent effectuer diverses
formalités ou obtenir certains documents auprès des autorités étatiques (C. com.,
art. L. 122-1 et L. 122-2 et R. 122-1 et s. ; décrets du 9 et du 15 mai 2007). Ces forma-
lités ou documents ne sont pas nécessaires s’ils sont ressortissants d’un pays membre
de l’Union européenne ou s’ils sont titulaires de la carte de résident.
§ 3 - L’objet
Définition : l’objet social (qui ne doit pas être confondu avec l’intérêt social, v. infra)
est le type d’activité que la société exerce concrètement (transport, vente d’appareils
électroménagers…), en vue de poursuivre la finalité qui lui est assignée par la loi
(C. civ., art. 1832 énonçant la spécialité légale des sociétés : partager des bénéfices
ou réaliser des économies).
A. Rôle
1. Sur la condition juridique de la société
• Il détermine le caractère civil ou commercial de celle-ci (sous réserve de la
commercialité formelle, v. supra, p. 9).
• Sa réalisation ou son extinction peut entraîner la dissolution de la société (v. infra,
p. 110).
• Il peut entraîner l’application d’une législation spéciale si l’activité est réglementée.
• Tout changement d’activité implique une modification des statuts.
B. Validité
• L’objet, possible, doit être déterminé dans les statuts, de manière ni trop générale,
ni trop détaillée.
• Sous peine de nullité absolue de la société, l’objet doit être licite (conforme à
l’ordre public et aux bonnes mœurs, C. civ., art. 6). Cette condition s’apprécie à
partir de l’activité réellement exercée (v. cep. infra, p. 37).
§ 4 - La cause
Définition : la cause du contrat de société est la raison pour laquelle des associés
ont constitué entre eux une société. Hors l’illicéité, cette cause se confond avec la
spécialité légale (C. civ., art. 1832).
Intérêt : la notion permet l’annulation d’une société pour cause illicite (société
constituée par ex. pour réaliser une fraude, à la loi ou aux droits des tiers), alors
même que son objet social est licite.
Sanction : la cause illicite entraîne la nullité de la société (v. cep. infra, p. 37).
§ 1 - La pluralité d’associés
Condition :
• Cette condition n’est pas exigée pour la constitution de sociétés unipersonnelles
(EURL, SASU).
• Deux personnes minimum sont exigées pour la constitution des sociétés de per-
sonnes (société en participation, société civile, SNC, SCS), des SARL et des SAS.
• Quatre personnes sont requises pour les SCA (dont trois commanditaires), et sept
pour les SA.
• Seule la SARL connaît légalement un nombre maximum d’associés : cent.
Sanction : la pluralité d’associés, nécessaire à la constitution de la société, doit
perdurer tout au long de la vie de celle-ci, sous peine, à l’expiration d’une durée
d’un an, de pouvoir être dissoute à la demande de tout intéressé. Le tribunal peut
cependant accorder un délai maximal de six mois pour régulariser la situation.
Cette règle n’est pas applicable en cas de réunion en une seule main de toutes les
parts d’une SARL ou d’une SAS, qui deviennent respectivement une EURL ou une
SASU.
§ 2 - Les apports
Principe général : Les apports sont en principe nécessaires dans toutes les sociétés
(mais la suppression de l’exigence d’un capital minimum pour certaines sociétés –
not. SARL, v. p. 149 et SAS, p. 280 – conduit à permettre la création d’une société
sans apports).
LA NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ > 31
1. Apports en numéraire
Définition : consiste à mettre une somme d’argent à la disposition de la société. Ces
apports sont les plus fréquents. Ils doivent être distingués des « apports » en compte
courant, qui sont de simples prêts effectués par les associés à la société (droit de l’as-
socié au remboursement, à tout moment, de son compte courant, sauf disposition
statutaire ou convention contraires).
Régime : le processus de libération est organisé en principe librement par les statuts
dans les SNC, les SCS, les sociétés civiles et les sociétés en participation. Réglementé
dans les SARL et les sociétés par actions (une quote-part doit être obligatoirement
versée lors de la souscription). La libération peut intervenir ultérieurement. Dans tous
les cas, la libération de l’apport peut s’opérer en espèce ou par compensation avec
une créance de l’apporteur sur la société.
Sanction : l’associé défaillant est débiteur de plein droit des intérêts de la somme
due à compter du jour de son échéance. La société peut obtenir également des
dommages-intérêts si elle a subi un préjudice (C. civ., art. 1843-3, al. 5 et 6).
32 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
2. Apports en nature
Définition : ce sont les apports de biens autres que de l’argent. Biens meubles (cor-
porels – un véhicule – ou incorporels – une créance, un fonds de commerce ou une
marque) ou immeubles. Ils doivent être susceptibles d’une évaluation pécuniaire et
d’une exploitation commerciale.
Catégories : on distingue trois types d’apport en nature (C. civ., art. 1843-3) :
• L’apport en propriété : le transfert de la propriété du bien s’opère au jour de
l’immatriculation (date à laquelle la société est une personne juridique dotée d’un
patrimoine propre). Le bien échappe alors aux créanciers de l’apporteur, mais pas
aux créanciers sociaux. Le régime est celui de la vente au regard des garanties et des
formalités (mais pas d’action en rescision pour lésion).
• L’apport en jouissance : mise à la disposition de la société d’un bien par l’ap-
porteur, qui en conserve la propriété, sauf s’il s’agit d’une chose fongible. Le bien,
non compris dans le patrimoine social, échappe aux créanciers sociaux, mais pas à
ceux de l’apporteur, qui conserve également les risques de la chose. Le régime est
celui de la location, au regard des garanties et des formalités (mais certains y voient
davantage l’apport d’un droit réel ; un usufruit).
• L’apport en usufruit : la société acquiert un droit réel, celui d’user et de jouir de la
chose. Mais elle n’a pas le droit de disposer du bien, ce droit appartenant à l’appor-
teur, appelé nu-propriétaire. Cet apport est soumis aux mêmes règles que l’apport
en propriété en ce qui concerne la transmission du droit, la garantie et les risques.
3. Apports en industrie
Définition : mise à disposition de la société du travail, de l’activité, des connais-
sances ou des relations de l’apporteur.
Régime : parce que cet apport est insaisissable, et ne pourrait donc servir de gage
aux créanciers sociaux, il ne concourt pas à la formation du capital social. Cela est
contestable au regard notamment du rôle du capital social à l’égard des tiers (v.
infra). Cet apport donne lieu à l’attribution de parts sociales pour une valeur fixée
dans les statuts ou, à défaut, égale à la valeur du plus petit des autres apports. Cette
valeur définit le pourcentage de participation de l’associé aux bénéfices, aux pertes
et au partage de l’actif net (C. civ., art. 1843-2).
Conditions : un tel apport est :
– impossible dans les SA et les SAS (et dans une SCS ou une SCA, pour les com-
manditaires) ;
– permis dans toutes les autres sociétés, y compris les SARL depuis la loi NRE du
15 mai 2001.
– il est indispensable dans les SA, les SCA et les SAS ;
– il n’est pas exigé dans les sociétés en participation, les SNC, les GIE, les SCS et
dans le droit commun des sociétés civiles. Depuis la loi du 1er août 2003 pour l’ini-
tiative économique, l’exigence légale d’un capital social minimum de 7 500 € pour
les SARL, n’existe plus.
Rôle :
• Il serait le gage des créanciers : cela n’est pas exact, car le capital social figure
au passif du bilan et exprime une dette (de dernier rang) de la société à l’égard des
associés. Seuls les actifs sociaux, saisissables, constituent ce gage.
• Il assurerait aux créanciers une sécurité : cela est moins faux qu’illusoire.
• Ce qui est certain : sur le plan interne, une insuffisance de fonds propres peut
être nuisible à l’entreprise. Créer une société destinée à structurer une entreprise,
avec un capital insignifiant, peut s’avérer dangereux et conduire les fondateurs et les
dirigeants à engager leur responsabilité pour faute de gestion et à combler l’insuffi-
sance d’actif.
• Il constitue une sorte de « grille de lecture » : le capital social, en ce qu’il repré-
sente les apports, forme une clef de répartition des droits patrimoniaux et extrapa-
trimoniaux des associés.
Régime :
• Expression en euros : depuis le 1er janv. 2002, toutes les sociétés ont un capital
social exprimé en euros.
• Principe de fixité (ou d’intangibilité) du capital : signifie que les associés n’ont pas
le droit de demander le remboursement de leur créance tant que la société n’est
pas dissoute, et ne peuvent l’entamer en le mettant en distribution sous forme de
dividendes. Mais le législateur autorise certaines dérogations à ce principe : possi-
bilité (limitée) de constituer une société à capital variable, possibilité d’augmenter
le capital et même de le réduire (sous certaines conditions, notamment destinées à
protéger les créanciers sociaux).
B. Objet
1. Partage des bénéfices
Finalité : le but « historique » de la société est lucratif. À longtemps permis de dis-
tinguer nettement la société de l’association.
Définition : un bénéfice est tout gain pécuniaire ou gain matériel qui ajouterait à
la fortune des associés (Ch. réunies, 14 mars 1914, Caisse rurale de la commune de
Manigod).
34 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
2. Réalisation d’économies
But susceptible d’être assigné à une société depuis la loi du 4 janv. 1978.
Définition : l’économie s’entend soit comme l’évitement d’une dépense, soit comme
l’atténuation d’une perte.
Conséquence : l’élargissement de la finalité des sociétés entraîne une certaine confu-
sion dans la distinction des sociétés et d’autres groupements, notamment associa-
tions et GIE (v. supra, p. 5).
C. Modalités de la participation
La répartition des bénéfices et des pertes est en principe proportionnelle au montant
des apports, c’est-à-dire à la part de chaque associé dans le capital social. Mais cette
règle est supplétive de volonté, les statuts pouvant prévoir une répartition différente,
dans la limite de la prohibition des clauses léonines. V. égal. infra, p. 53 et s., le droit
des associés aux bénéfices.
3. Portée de la prohibition
Elle n’est applicable ni à la renonciation des associés aux dividendes auxquels ils ont
droit au titre d’un exercice clos, ni aux promesses d’achat de droits sociaux, même
LA NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ > 35
conclues entre associés, par lesquelles l’acheteur peut garantir un prix fixe au ven-
deur et ainsi, d’une certaine manière, le faire échapper aux aléas sociaux (not. dans
le cadre d’un « portage », v. infra, p. 90).
§ 4 - L’affectio societatis
Nécessité : bien que non exigée formellement par la loi, il s’agit d’une condition
essentielle du contrat de société, qui doit exister non seulement au moment de sa
création, mais aussi se prolonger pendant toute la vie sociale.
Définition : volonté des associés de collaborer de façon effective à l’entreprise
commune, sur un pied d’égalité et dans leur intérêt commun.
Fonction : cette notion permet notamment :
– de stigmatiser les sociétés fictives dans lesquelles les associés ne sont que des
prête-noms, parce que leur consentement est simulé et non sincère (ce qui n’est
le cas ni des épargnants en titres de sociétés cotées, ni des sociétés membres d’un
groupe) ;
– de caractériser l’existence d’une société créée de fait (v. infra, p. 126) ;
– plus généralement, de distinguer le contrat de société d’autres situations contrac-
tuelles (contrat de travail, contrat de prêt, etc.).
Sanction : son absence est en principe une cause de nullité de la société (v. cep.
infra, p. 37).
B. Promesse de société
Le projet peut déboucher sur la conclusion d’une promesse de société, laquelle ne
constitue pas le contrat de société (c’est un avant-contrat), mais doit en contenir les
éléments principaux (forme, durée et objet de la future société, qualité des associés,
montant des apports et répartition des résultats sociaux). La promesse de société ne
crée qu’une obligation de faire, dont l’inexécution se résout en dommages-intérêts.
2. Publicité
Publication dans un journal d’annonces légales du département du siège social d’un
avis de constitution résumant les principales énonciations des statuts.
• Les actes passés au nom de la société en formation peuvent être repris (v. infra,
p. 39).
C. Possibilités de régularisation
La régularisation permet de supprimer la cause de nullité et ainsi de faire obstacle ou
d’éteindre l’action en nullité. Le législateur a grandement favorisé les régularisations.
Toutes les nullités peuvent être couvertes, à l’exception de celle résultant de l’illicéité
de l’objet social, et cela jusqu’à ce que le tribunal ait statué sur le fond de l’action en
nullité, en première instance (C. com., art. 235-3). Le tribunal peut accorder, même
d’office, un délai pour régulariser. Tout intéressé peut, par une demande en justice,
forcer celui qui peut régulariser à le faire, y compris lorsque le vice n’est pas une
cause de nullité (formalité omise).
B. Liquidation de la société
Entre associés, comme à l’égard des tiers, la société est liquidée conformément
aux dispositions de ses statuts et aux règles légales sur la liquidation des sociétés
dissoutes.
C. Invocation de la nullité
Ni les associés ni la société ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers
de bonne foi (et inversement). Les engagements conclus par la société avec eux sont
maintenus. L’annulation de la société peut entraîner la responsabilité civile de ceux
à qui elle est imputable.
LA NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ > 39
> L’essentiel
• La personnalité juridique, qui est l’aptitude à être titulaire de droits et assujetti à
des obligations, peut être attribuée à certains groupements de personnes (socié-
té, GIE, syndicat, association) ou de biens (fondation). Pour les sociétés, cette
attribution résulte de l’immatriculation au registre du commerce et des sociétés
(C. civ., art. 1842 ; C. com., art. L. 210-6).
• Avant son immatriculation (sociétés en formation), ou en l’absence d’imma-
triculation (sociétés en participation et sociétés créées de fait, v. infra, p. 121 et
s.), la société est un pur contrat qui n’a en principe d’effets qu’entre les parties.
Après cette formalité, le groupement devient opposable aux tiers et dispose, en
tant que personne juridique, d’un intérêt (v. l’intérêt social, infra, p. 100) et d’un
patrimoine autonomes par rapport à ses membres.
D. Conséquence de l’absence
de reprise des actes par la société
Si la société n’est pas immatriculée, ou ne reprend pas les actes, ce sont les fonda-
teurs qui les ont passés qui restent tenus (v. supra) et la société ne peut être engagée,
sauf à éventuellement devoir indemniser l’associé sur le fondement d’un quasi-
contrat (not. enrichissement sans cause).
2. Choix
Cette dénomination peut correspondre à l’objet de l’activité, comprendre le nom
d’un ou plusieurs associés (la société peut en principe conserver le nom de l’associé
dans sa dénomination, même s’il se retire) ou être de pure fantaisie.
3. Limite au choix
Le choix ne doit pas porter atteinte aux droits que des tiers pourraient avoir sur cette
appellation, notamment pour l’avoir déjà adoptée comme dénomination sociale,
marque ou nom commercial.
B. Le siège social
1. Nécessité
Il s’agit du domicile de la société. Il est nécessaire pour les sociétés ayant la person-
nalité morale et doit être mentionné dans les statuts.
LA NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ > 41
2. Localisation
a) Lieu du siège réel : le siège social correspond en principe au siège réel de la
société, là où se trouve son principal établissement ou sa direction effective (qui peut
être différent du lieu d’exploitation de l’activité). En cas de discordance entre siège
statutaire et siège réel, les tiers peuvent se prévaloir de l’un ou l’autre.
b) Domiciliation :
• Une société peut partager ses locaux avec d’autres (cas d’un groupe de sociétés
ou d’un contrat de domiciliation).
• Elle peut également avoir, lors de son immatriculation ou en cours de vie sociale,
son siège au domicile de son représentant légal, sans limitation de durée depuis la
loi du 1er août 2003 pour l’initiative économique, sauf disposition légale ou stipu-
lation contraires, auquel cas cette possibilité ne peut excéder cinq ans (C. com.,
art. L. 123-10 et 123-11).
C. La nationalité
1. Notion de nationalité des sociétés
C’est le lien qui permet de rattacher une personne à un État. La notion est ambiguë
s’agissant des sociétés. Le critère principal de la nationalité est, en droit français,
celui du siège social réel. Mais il peut parfois (pour des raisons de protection des
intérêts nationaux, en temps de guerre par ex.) être complété, voire remplacé, par le
critère du contrôle qui tient compte de la nationalité des dirigeants ou de l’origine
des capitaux.
des organes sociaux à l’égard des tiers et les droits des associés – et sa dissolution).
Certains prônent avec raison l’exclusion du critère de la nationalité, au profit d’une
prise en compte directe du seul siège social. Car si la considération de la nationalité
pour la détermination de la loi applicable aboutit au même résultat, elle nuit à la
cohérence des notions et à la clarté des solutions.
3. Changement de nationalité
En l’état actuel des droits français, européen et international, le changement de
nationalité d’une société est difficile, juridiquement (sauf exception, décision à l’una-
nimité des associés) et fiscalement (il s’agit d’une cessation d’entreprise).
4. Société supranationales
Il existe des sociétés supranationales, régies principalement par des textes interna-
tionaux ou communautaires. Au niveau communautaire il existe le Groupement
européen d’intérêt économique (GEIE, Règl. CE du 25 juill. 1985 ; v. infra, p. 366)
et la Société européenne (SE, Règl. et directive CE du 8 oct. 2001 ; v. infra, p. 300).
Ces structures favorisent certaines opérations internationales (regroupement, fusion,
transfert de siège social). V. égal. Société coopérative européenne (Règl. CE,
22 juill. 2003). La société privée européenne (SPE) est en projet (v. supra, p. 22).
B. Autonomie
1. Par rapport aux associés
Ils ne sont pas copropriétaires des actifs sociaux, mais titulaires de droits sociaux.
2. Par rapport aux créanciers
Les créanciers sociaux ont un droit sur le seul patrimoine social (sauf dans les socié-
tés à responsabilité illimitée). Les créanciers personnels des associés n’ont aucun
droit sur le patrimoine social (sauf fraude).
3. Conséquences de l’autonomie
Le non-respect de l’autonomie patrimoniale des personnes morales fonde certaines
règles civiles (par ex. déclaration de fictivité ; extension de la « faillite » pour confu-
sion de patrimoine) ou pénales (abus de confiance ou abus de biens sociaux).
B. Capacité d’exercice
C’est l’aptitude à exercer soi-même ses droits et obligations. Elle implique l’interven-
tion de personnes physiques pour représenter les sociétés et les engager à l’égard
des tiers (sur les dirigeants sociaux, v. infra, p. 61 et s.). Ces représentants doivent agir
en principe dans les limites de l’objet social et des dispositions statutaires limitant
leurs pouvoirs.
B. Responsabilité pénale
Depuis le 1er mars 1994, les personnes morales sont responsables pénalement des
infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants (C. pén.,
art. 121-2).
44 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
LES ACTEURS
Parmi les acteurs principaux de la vie et du fonctionnement des sociétés, figu-
rent bien évidemment en premier lieu les associés et les dirigeants qu’ils ont
désignés (chapitre 1). Mais il faut également compter avec les salariés, auxquels
la loi accorde certaines prérogatives au sein même de la structure sociétaire
(chapitre 2). Enfin on ne peut oublier l’intervention possible du commissaire aux
comptes, personnage important chargé d’une mission légale de contrôle des
comptes de beaucoup de sociétés (chapitre 3).
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 47
> L’essentiel
Les associés figurent bien évidemment au cœur de la vie sociale puisque, sans
eux, la société même n’existerait pas.
Ils disposent de différentes prérogatives :
– politiques (droit d’être informé et de voter) ;
– financières (droit aux bénéfices et aux réserves notamment) ;
– et patrimoniales (les titres dont ils disposent sont des biens qui ont une valeur
et qu’ils peuvent mobiliser en les cédant, en les louant ou en les nantissant. Ils
peuvent même être saisis).
Par ailleurs la qualité d’associé peut se révéler fragile dans certaines circons-
tances, raison pour laquelle il existe des mesures visant à la protéger.
dépôt fait l’objet d’une mention au Bodacc, par le greffier du tribunal. Les comptes
peuvent ainsi être consultés par les tiers.
e) Sanctions : toute infraction à cette obligation de dépôt est passible d’une amende
de 1 500 € (C. com., art. R. 246-1 ; C. pén., art. 131-13). Tout intéressé peut deman-
der au président du tribunal de commerce, statuant en référé, d’enjoindre sous
astreinte les dirigeants sociaux de procéder au dépôt de ces documents ou de
désigner un mandataire chargé d’effectuer cette formalité (C. com., art. R. 210-18).
f) Publications propres aux sociétés cotées sur un marché réglementé et à leurs
filiales : elles sont tenues de publier de manière périodique (trimestrielle, semes-
trielle, annuelle) certains renseignements comptables et financiers énumérés dans
les art. R. 232-10 et s. C. com.
disposer d’un site Internet afin de satisfaire à leurs obligations d’informations de leurs
actionnaires (C. com. art. R. 210-20).
b) Droit d’information permanent : de manière permanente, le droit est reconnu
à tout associé d’obtenir communication des documents sociaux. Ce droit est néan-
moins organisé de manière différente suivant les sociétés. Ainsi par ex. :
• Dans les sociétés civiles : au moins une fois par an, les associés ont le droit d’ob-
tenir communication des livres et documents sociaux (C. civ., art. 1855).
• Dans les SNC : deux fois par an, les associés non gérants, éventuellement assistés
d’un expert, ont le droit de prendre connaissance et copie au siège social des livres
et documents sociaux (C. com., art. L. 221-8 et R. 221-8).
• Dans les SARL et les SA : à toute époque de l’année, tout associé (éventuellement
assisté d’un expert) peut prendre connaissance, par lui-même ou par mandataire,
au siège social, des principaux documents sociaux concernant les trois derniers
exercices : comptes annuels, inventaires, rapports soumis aux assemblées et procès-
verbaux… Le droit de prendre connaissance emporte celui de prendre copie (sauf
pour l’inventaire) (C. com., art. L. 223-26 et R. 223-15 pour les SARL ; C. com.,
art. L. 225-117 et R. 225-92 pour les SA).
c) Droit de poser des questions écrites : tout associé a le droit de poser des ques-
tions écrites sur la gestion de la société. Ce droit n’est soumis à aucune condition de
participation dans le capital social. Les dirigeants sont tenus de répondre aux ques-
tions qui leur sont adressées. Ce droit connaît néanmoins des modalités distinctes
suivant les types de société. Ainsi par ex. :
• Dans les sociétés civiles : au moins une fois par an, les associés ont le droit de
poser des questions écrites au gérant (C. civ., art. 1856).
• Dans les SNC : deux fois par an, les associés peuvent poser des questions écrites
aux gérants, lesquels doivent répondre par écrit (C. com., art. L. 221-8).
• Dans les SARL : à compter de l’envoi des documents préalablement à la tenue
d’une assemblée, tout associé a la faculté de poser par écrit des questions auxquelles
le gérant sera tenu de répondre au cours de l’assemblée (C. com., art. L. 223-26, al. 3).
• Dans les SA : tout actionnaire, quel que soit le nombre de titres qu’il détient, peut,
à compter de la convocation de l’assemblée, poser par écrit des questions auxquelles
le conseil d’administration ou le directoire sera tenu de répondre au cours de l’as-
semblée (art. L. 225-108, al. 3). Depuis la loi NRE du 15 mai 2001, un ou plusieurs
actionnaires représentant au moins 5 % du capital et les associations d’actionnaires
régulières peuvent poser par écrit au président du conseil d’administration ou au
directoire des questions sur une ou plusieurs opérations de gestion de la société,
ainsi que, le cas échéant, des sociétés qu’elle contrôle. À défaut de réponse dans le
délai d’un mois ou en cas de réponse insatisfaisante, ils peuvent demander en référé
la désignation d’un expert de gestion (v. infra, p. 95).
Attention : des possibilités de questions écrites existent également dans le cadre de
la procédure d’alerte (v. infra, p. 93).
d) Précisions complémentaires sur les droits d’information des associés :
• Place des aménagements conventionnels du droit d’information : dans certaines
sociétés laissant une place importante à la liberté contractuelle (principalement SNC
50 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
et sociétés civiles), les associés peuvent aménager la plupart de ces droits, mais uni-
quement pour en accroître la quantité, la qualité ou la périodicité.
• Sanctions de la violation des droits directs d’information des associés : ces sanc-
tions sont variées. La sanction essentielle est la nullité de la délibération, voire, dans
certains cas, celle de l’assemblée générale (not. pour les SA, C. com., art. L. 225-121,
al. 2). Une condamnation à verser des dommages et intérêts à la victime peut être
prononcée. Certaines violations étaient sanctionnées pénalement, mais les lois
récentes ont eu tendance à dépénaliser ces règles, au profit notamment de procé-
dures d’injonction de faire.
• Situation des sociétés cotées : dans ces sociétés, les actionnaires bénéficient d’une
information renforcée. L’Autorité des marchés financiers (AMF), à laquelle d’ailleurs
tous les documents faisant l’objet des communications préalable ou permanente
précitées doivent être adressés, joue un grand rôle dans le contrôle de la qualité de
cette information.
§ 2 - Le droit de vote
A. L’attribution du droit de vote
Principe : C. civ., art. 1844, al. 1er : « tout associé a le droit de participer aux déci-
sions collectives ». Ce droit recouvre le droit d’accéder aux assemblées des asso-
ciés mais également le droit d’y voter. Le droit de vote est un droit fondamental,
d’ordre public, et les statuts ne peuvent y déroger (not. Com., 9 févr. 1999, Château
d’Yquem, Rev. sociétés 1999, p. 81, P. Le Cannu), sauf lorsque la loi le permet (par
ex. dans le cas du démembrement, v. ci-après).
droit d’être convoqué aux assemblées générales, d’y accéder et de s’y exprimer.
À la question de savoir si l’usufruitier a la qualité d’associé (Civ. 3e 29 nov. 2006,
Rev. sociétés 2007, p. 319, note B. Dondero), comme à celle de savoir s’il peut être
privé du droit de vote sur les bénéfices (Com. 31 mars 2004, Rev. sociétés 2004,
p. 317, P. Le Cannu ; décision rendue sur le fondement de l’art. 578 C. civ.), la
jurisprudence répond actuellement par la négative.
2. Bénéfice distribuable
Principe : il n’y a de possibilité de partage des bénéfices que s’il y a des bénéfices
distribuables, ce qui n’est jamais acquis d’avance (aspect aléatoire du contrat de
société).
Notion : le bénéfice distribuable est constitué par le bénéfice de l’exercice (produits
de l’exercice moins charges de l’exercice) diminué des pertes antérieures (report
déficitaire) ainsi que des sommes à porter en réserve légale ou statutaire et augmenté
du report bénéficiaire.
Réserves : dans les SA, SCA, SAS et SARL, les associés doivent affecter à la réserve
légale 1/20 du bénéfice de chaque exercice jusqu’à ce que la réserve atteigne 1/10 du
capital social. Ensuite, ils doivent affecter une partie au moins du surplus à la réserve
statutaire, s’il en existe une. Enfin le reste peut être soit mis en distribution, soit repor-
té à nouveau pour être éventuellement distribué ultérieurement. Lorsque la décision
de distribuer des bénéfices a été prise par l’assemblée annuelle, les dirigeants doivent
exécuter la mise en paiement au plus tard neuf mois après la décision de distribution.
B. Périodicité de la distribution
Le plus souvent, les bénéfices sont partagés à la suite d’un exercice, dont la durée est
généralement d’un an. Toutefois, aucune règle du droit des sociétés n’impose cette
solution, et les statuts peuvent convenir d’un autre rythme de partage des résultats.
C. Situations particulières
1. Mise en réserve systématique des bénéfices par la majorité
Cette pratique peut parfois être attaquée pour abus de majorité (v. infra, p. 97),
lorsque cela n’est d’aucune utilité pour la société et favorise les majoritaires au détri-
ment des minoritaires.
3. Pacte léonin
Consiste ici en l’exclusion d’un associé – ou au contraire en l’attribution à un associé
– de la totalité du bénéfice (v. supra, p. 34).
1. Conclusion de la cession
a) Nature civile ou commerciale de la cession
Principe : la cession de parts ou d’actions est en principe un acte civil soumis pour
sa forme, sa preuve et le règlement d’un litige, aux règles de fond, de forme et de
procédure du droit civil.
Exception : la cession peut parfois revêtir un caractère commercial, notamment si
elle a pour objet ou pour effet d’assurer aux acquéreurs le contrôle de la société
commerciale (sur la notion de contrôle, v. infra, p. 55). Il s’ensuit la compétence du
tribunal de commerce en cas de litige, la validité des clauses compromissoires, la
solidarité des parties, l’application des règles de preuve et de forme du droit com-
mercial.
b) Conditions du droit commun de la vente
Outre la capacité des parties et une cause licite, il faut :
– absence de vices du consentement : dol, erreur et violence. De tels vices (not. la
réticence dolosive) sont fréquemment invoqués par des cessionnaires déçus, qui ne
peuvent mettre en œuvre ni les garanties légales ni des garanties conventionnelles.
L’erreur sur les qualités substantielles des droits sociaux cédés n’est admise que si
le fait ignoré prive la société de la possibilité de remplir son objet et de poursuivre
son activité ;
– prix (objet) déterminé ou déterminable : les règles de droit commun de la vente
sont applicables (exigence d’une fixation du prix indépendante d’un nouvel accord
des parties ou du pouvoir potestatif de l’une d’elles, possibilité de fixation par un
tiers déterminé ou déterminable…), mais avec souplesse. Ainsi, sont en principe
54 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
valables les clauses d’« earn out », qui prévoient qu’une partie du prix des titres
cédés sera déterminée en fonction des résultats futurs de la société ;
– le recours à un expert pour évaluer le prix de cession des droits sociaux est dans
certains cas imposé par le législateur (par ex. en cas de refus d’agrément) qui renvoie
alors vers l’art. 1843-4 C. civ., texte d’ordre public qui dispose que « Dans tous les
cas où sont prévus la cession des droits sociaux d’un associé, ou le rachat de ceux-ci
par la société, la valeur de ces droits est déterminée, en cas de contestation, par un
expert désigné, soit par les parties, soit à défaut d’accord entre elles, par ordonnance
du président du tribunal statuant en la forme des référés et sans recours possible ».
Ce texte pose des difficultés. La première est celle de son champ d’application : on
s’interroge sur le point de savoir s’il s’applique aux cessions voulues ou forcées, aux
cessions organisées par la loi, les statuts, ou les conventions extrastatutaires. On se
demande également si la contestation suppose que les parties n’aient pas stipulé de
clauses permettant de déterminer le prix ou bien qu’elles ne s’accordent pas sur leur
mise en œuvre. La seconde difficulté tient à la liberté de l’expert dans la détermina-
tion du prix, qui ne serait pas tenu par les clauses d’évaluation du prix. Le sens, la
portée et l’évolution de la jurisprudence sur ce point sont incertains (v. Com., 4 déc.
2007, D. 2008, p. 16, A. Lienhard ; Com. 5 mai 2009, D. 2009, p. 1349, A. Lienhard).
2. Effets de la cession
a) Transfert de propriété des droits sociaux
Principe : le transfert de propriété et des risques des droits sociaux s’opère en prin-
cipe dès l’échange des consentements ou à la date convenue par les parties.
Exception : en cas de cession de valeurs mobilières, le transfert de propriété résulte,
depuis l’ordonnance du 24 juin 2004, de leur inscription au compte de l’acheteur
(C. com., art. L. 228-1, al. 9 et C. mon. fin., art. L. 431-2 ; v. infra, p. 177).
Situation des dividendes : l’acquéreur a droit aux dividendes en fonction de la date de
leur mise en paiement. Sauf dispositions contraires de l’acte de cession, si cette date
est antérieure à la cession, les dividendes reviennent au cédant ; dans le cas contraire
ils reviennent entièrement au cessionnaire, sans qu’il y ait lieu de calculer un prorata.
Situation des dettes sociales :
– dans les sociétés à risque illimité, l’associé cédant reste tenu des dettes sociales
nées antérieurement à la cession. En revanche, le cessionnaire est en principe tenu
de toutes les dettes sociales, antérieures et postérieures à la cession ;
– dans les sociétés à risque limité le problème de l’obligation aux dettes des associés
ne se pose pas
b) Opposabilité de la cession
• Respect des formalités d’opposabilité :
– droits sociaux non négociables : la cession des parts de SARL, de SNC, de SCS,
ou de société civile n’est opposable à la société qu’à compter de l’accomplissement
d’une formalité de signification de la cession (C. civ., art. 1690 ou ses substituts
légaux, par ex. dépôt de l’acte de cession au siège social) ;
– droits sociaux négociables : les actions de SA, de SCA ou de SAS sont négo-
ciables ; les cessions sont réalisées par simple virement de compte à compte (après
ordre de virement).
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 55
3. Cession de contrôle
a) Définition : la prise de contrôle d’une société est l’acquisition d’une quantité
de droits sociaux (avec droit de vote) suffisante pour détenir le pouvoir structurel
d’imposer sa volonté au sein des organes sociaux et, ainsi, gouverner quasi sou-
verainement la société, orienter ses destinées et gérer son patrimoine (il existe des
définitions particulières du contrôle, dans le domaine des groupes de sociétés,
v. infra, p. 333 et s.).
b) Nature :
Principe : la cession de contrôle ne change pas la nature de l’opération, qui reste
une cession de droits sociaux, soumise aux règles du droit commun des contrats et
des sociétés. Elle ne constitue pas une cession d’entreprise, de sorte que la législa-
tion sur les cessions de fonds de commerce n’est pas applicable.
Limites : dans la mesure où elle entraîne un changement du titulaire du pouvoir dans
la société, elle acquiert une certaine spécificité :
56 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
– elle devient une opération commerciale (sur ce point et les conséquences de cette
qualification, v. supra, p. 53) ;
– le problème des garanties dues par le vendeur au cessionnaire y est plus aigu
(v. ci-après), de même que celui de la détermination du prix de cession ;
– certains contrats conclus par la société dont le contrôle est cédé peuvent se trouver
résiliés du fait de cette opération (not. ceux conclus en considération de la personne
des « contrôlaires »).
Particularités : la cession de contrôle obéit, en fonction des circonstances, aux
règles spéciales suivantes :
– droit de la concurrence : prohibition des ententes et abus de domination, contrôle
des concentrations (nécessité d’obtenir l’accord de la DGCCRF dans certains cas) ;
– autorisations administratives dans certains secteurs d’activités (secteur public,
investissements étrangers en France, banque, assurance…) ;
– droit des marchés financiers, lorsque la cession entraîne un changement dans le
contrôle d’une société cotée ou d’une société détenant une participation dans une
société cotée (déclarations de franchissement de seuils, dépôt d’une offre publique
d’acquisition…) ;
– droit du travail : not. le comité d’entreprise de chacune des sociétés concernées
par la cession (société cédée, mais aussi éventuellement cédante ou cessionnaire),
doit être informé ou consulté lors d’une telle opération (C. trav., art. L. 2323-19).
2. Régime juridique
a) Principe – personnes concernées : Lorsque les statuts l’autorisent, les actions des
sociétés par actions ou les parts des SARL soumises à l’impôt sur les sociétés peu-
vent être données en location, au sens des dispositions de l’art. 1709 C. civ., à une
personne physique. L’associé ou l’actionnaire qui consent la location peut, quant à
lui, être une personne physique ou morale.
b) Droits sociaux concernés : La location d’actions ne pourra porter que sur des
titres nominatifs non cotés ; d’autres limitations ou interdictions existent (C. com.,
art. L. 239-1, al. 3 ; par ex. ne peuvent pas faire l’objet d’une location les droits
sociaux inscrits à l’actif d’une société de capital risque).
c) Évaluation des droits sociaux : Les titres loués doivent être évalués en début et
en fin de contrat, ainsi qu’à la fin de chaque exercice comptable lorsque le bailleur
58 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
est une personne morale. L’évaluation est certifiée par un commissaire aux comptes
(C. com., art. L. 239-2, al. 4).
d) Formalisme : Le contrat de location doit être constaté par écrit (acte sous seing
privé soumis à enregistrement ou acte authentique) et doit, sous peine de nullité,
comporter les mentions qui fixées par décret. Ce contrat sera opposable à la société
selon les formes prévues pour la cession de créance (C. civ., art. 1690 ; C. com.,
art. L. 239-2, al. 1 et 2).
e) Agrément du locataire : Les dispositions légales ou statutaires prévoyant l’agré-
ment en cas de cession de parts ou d’actions sont applicables dans les mêmes
conditions (C. com., art. L. 239-3, al. 1).
f) Délivrances des droits sociaux loués : La délivrance des actions ou des parts est
réalisée à la date de la mention de la location et du nom du locataire à côté du nom
de l’actionnaire ou de l’associé dans le registre des titres nominatifs de la société par
actions ou dans les statuts de la SARL (C. com., art. L. 239-2, al. 3 et L. 223-18, al. 9).
g) Information et participation du locataire : À compter de la date de délivrance, la
société doit adresser au locataire les informations dues aux actionnaires ou associés
et prévoir sa participation et son vote aux assemblées (C. com., art. L. 239-2, al. 3).
h) Répartition de l’exercice du droit vote – assimilation à l’usufruit : Le droit de
vote attaché à l’action ou à la part sociale louée appartient au bailleur dans les
assemblées statuant sur les modifications statutaires ou le changement de nationalité
de la société et au locataire dans les autres assemblées. Pour l’exercice des autres
droits attachés aux titres loués, le bailleur est considéré comme le nu-propriétaire et
le locataire comme l’usufruitier (C. com., art. L. 239-3, al. 2).
i) Droit aux dividendes : Il résulte de cette assimilation au démembrement de pro-
priété que le locataire a droit aux dividendes sur les parts ou les actions.
j) Durée et fin de la location : la durée de la location est déterminée par les parties,
dans le contrat. À l’échéance, le bail peut être renouvelé dans les mêmes (C. com.,
art. L. 239-4, al. 1). En cas de non-renouvellement ou de résiliation, la partie la plus
diligente fera procéder à la radiation de la mention portée dans le registre des titres
nominatifs de la société par actions ou dans les statuts de la SARL.
k) Interdiction de la sous-location ou du prêt des titres loués, à peine de nullité
(C. com., art. L. 239-1, al. 4).
l) Décret d’application du 11 déc. 2006 : a précisé les mentions devant figurer
dans le contrat de location (nature, nombre et identification des actions ou parts
sociales louées, durée du contrat et du préavis de résiliation, montant, périodicité
et, le cas échéant, modalités de révision du loyer, modalités de cession des actions
ou parts sociales louées en cours de contrat, condition de répartition du boni de
liquidation).
3. Appréciation du dispositif
Bien que séduisante, la location d’actions ou de parts sociales présente certains
inconvénients, parmi lesquels :
a) Attractivité très relative : Les conditions juridiques et fiscales de la mise en
œuvre de ce mécanisme sont contraignantes et finalement assez peu attractives.
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 59
§ 1 - L’exclusion de l’associé
Principe : la jurisprudence a posé le principe de l’interdiction de l’exclusion d’un
associé (Com., 12 mars 1996, Rev. sociétés 1996, p. 554, D. Bureau).
Exceptions :
• Disposition légale autorisant l’exclusion : par ex. dans les sociétés à capital
variable ou à l’encontre des minoritaires d’une société cotée qui ne possèdent pas
plus de 5 % du capital ou des droits de vote, procédure dite de « squeeze out » ou
de « retrait obligatoire » (sur ces procédures, v. infra, p. 404).
• Clause statutaire explicite en ce sens : expressément possible dans les SAS ; pos-
sible dans les autres sociétés, même sans texte, mais parfois contestée par ex. dans
les SA. Doivent être prévus avec précision : les événements autorisant le rachat
forcé, l’organe compétent pour prononcer l’exclusion, et les modalités de rembour-
sement des droits sociaux. La mise en œuvre de ces clauses peut toujours faire
l’objet d’un contrôle judiciaire.
• Jeu d’une promesse unilatérale de vente extrastatutaire : la mise en œuvre d’une
telle promesse peut aboutir à l’exclusion de l’associé promettant.
> L’essentiel
Définition : personnes qui ont le pouvoir de gérer, administrer, diriger ou repré-
senter un groupement, doté ou non de la personnalité morale.
Nature des pouvoirs :
• Dans les sociétés sans personnalité morale : (SEP not.), le pouvoir des diri-
geants (qualifiés de « gérants ») est essentiellement de nature contractuelle,
même si la loi joue un certain rôle (par ex. en l’absence de limites contractuelles
précises, le gérant reste tenu d’agir dans l’intérêt commun, C. civ., art. 1833 et
1848 ; C. com., art. L. 221-4).
• Dans les sociétés dotées de la personnalité morale : le pouvoir des dirigeants
(gérants dans les sociétés civiles, les SNC, les SARL, les SCA et les SCS, prési-
dent et dirigeants statutaires dans les SAS, membres du CA, du CS ou du direc-
toire, directeurs généraux et président dans les SA) est en partie contractuel
et en partie institutionnel, même si la qualification de « mandataires sociaux »
leur est toujours donnée. Le caractère contractuel est fort dans les SNC et les
SAS alors que le caractère institutionnel est fort dans les SA du groupement. Les
intérêts à protéger jouent également un rôle : l’analyse contractualiste, fondée
sur le mandat, cède notamment lorsque la protection des tiers est en jeu.
Dirigeants de fait : personnes physiques ou morales qui, dépourvues de mandat
social, se sont immiscées dans le fonctionnement d’une société pour y exercer,
en toute souveraineté et indépendance, une activité positive de gestion, d’admi-
nistration et de direction. Cette qualification permet d’appliquer à la situation de
fait la situation de droit correspondante (sanctions civiles et pénales encourues
par les mandataires sociaux, etc.) (v. par ex. Com. 27 juin 2006, Banque Worms,
Rev. sociétés 2006, p. 900, D. Porrachia).
Plan : les modes de désignation des dirigeants, leur statut, les pouvoirs dont ils
disposent, leurs responsabilités ainsi que la cessation de leurs fonctions, doivent
être successivement étudiés.
§ 3 - Publicité de la désignation
Objectif : information des tiers : nomination, révocation ou démission des dirigeants.
Moyens : selon les modes habituels (journal d’annonces légales, dépôt au greffe du
tribunal de commerce compétent, inscription au RCS, insertion au Bodacc).
Portée : ni la société, ni les tiers ne peuvent se prévaloir d’une irrégularité dans
la désignation ou la révocation des dirigeants lorsqu’elles ont été régulièrement
publiées (C. com., art. L. 210-9).
2. Statut fiscal
• Sont imposées dans la catégorie des traitements et salaires les rémunérations ver-
sées au président du conseil d’administration, au directeur général, aux directeurs
64 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
généraux délégués et aux membres du directoire des SA, ainsi qu’au président de
la SAS.
• Les gérants de SARL ou d’EURL, qu’ils soient majoritaires ou minoritaires rélèvent
désormais du même régime fiscal que les salariés.
• Les gérants de sociétés de personnes qui ne sont pas associés relèvent également
du régime fiscal des salariés. Ceux qui sont associés voient leurs rémunérations
suivre le même traitement fiscal que la part de bénéfices leur revenant : sauf option
de la société pour l’impôt sur les sociétés, les sommes sont soumises à l’impôt sur le
revenu selon les règles des bénéfices industriels et commerciaux lorsque la société
exerce une activité commerciale.
• Les rémunérations versées aux membres du conseil d’administration ou du conseil
de surveillance de SA sont imposées en tant que revenus mobiliers.
3. Statut social
• Le président du conseil d’administration, le directeur général, les directeurs géné-
raux délégués et les membres du directoire des SA, ainsi que le président de la SAS,
sont soumis au régime général des salariés (en terme de sécurité sociale et de retraite
not. mais la protection ne s’étend pas au risque de chômage).
• Les gérants minoritaires de SARL ainsi que les gérants non associés de SARL ou
d’EURL bénéficient du régime des salariés.
• Les gérants majoritaires de SARL et les gérants associés uniques d’EURL sont
soumis au régime des travailleurs indépendants (non-salariés, C. sécurité sociale,
art. L. 622-9).
• Le gérant associé des sociétés de personnes relève du régime des travailleurs indé-
pendants. Le gérant non associé relève du régime général des salariés.
2. Cumul irrégulier
Trois situations possibles :
a) Suspension du contrat de travail : lorsqu’un salarié devient mandataire social, si
les conditions du cumul ne sont pas remplies, le contrat de travail est automatique-
ment suspendu pendant la durée du mandat social, sauf convention contraire.
b) Nullité du contrat de travail, dans trois cas :
– violation du principe d’antériorité du contrat de travail par rapport au mandat d’ad-
ministrateur dans les SA ; nullité absolue : le contrat litigieux ne peut être rétroac-
tivement confirmé et la nullité peut être invoquée par tout intéressé, y compris
l’administrateur et la société parties au contrat de travail ;
– contrat de travail fictif (absence d’activité distincte réelle ou de lien de subordination) ;
– contrat de travail conclu pour faire obstacle à la libre révocabilité de certains
mandataires sociaux.
c) Nullité du mandat social : salarié nommé administrateur en violation de la limi-
tation légale du nombre des membres du CA ou du CS pouvant être titulaires d’un
contrat de travail.
1. Les fautes
Les dirigeants doivent répondre des manquements :
– aux dispositions légales et réglementaires applicables aux sociétés ;
– aux dispositions des statuts (par ex. clause limitative des pouvoirs) ;
– à l’obligation de loyauté qui leur incombe (obligation issue de la jurisprudence et
qui connaît une importance croissante actuellement).
Ils doivent répondre également des fautes qu’ils ont pu commettre dans la gestion
(actes contraires à l’intérêt social et qu’un dirigeant normalement compétent n’aurait
pas pu commettre).
2. Les préjudices
Le préjudice peut être subi par la société-personne morale (préjudice social) ou
par un ou plusieurs associés à titre personnel (préjudice individuel). Il existe un
lien direct entre la nature du préjudice et la nature de l’action en responsabilité qui
peut être intentée contre les dirigeants. À un préjudice social correspond une action
sociale. À un préjudice individuel, une action individuelle.
a) La réparation du préjudice social
Principe : lorsque la société subit un préjudice, l’action en réparation est en prin-
cipe intentée par son dirigeant en son nom et pour son compte. Il devrait en aller
de même lorsque l’auteur du dommage est le dirigeant lui-même (action sociale ut
universi).
Exception : hors l’hypothèse où le dirigeant fautif a été remplacé, il est à craindre
qu’il n’exerce jamais d’action contre lui-même. Pour éviter cette situation, la doc-
trine, la jurisprudence, puis la loi, ont admis la possibilité que les associés exercent
eux-mêmes individuellement l’action sociale (C. civ., art. 1843-5). Cette action est
dite, pour cette raison, action sociale ut singuli.
Domaine : l’action ut singuli concerne les SA (C. com., art. L. 225-252), les SARL
(C. com., art. L. 223-22), les SAS (renvoi de C. com., art. L. 227-8 aux règles rela-
tives à la SA) les SNC et les sociétés civiles (C. civ., art. 1843-5 ; Décr. 3 juill. 1978,
art. 38). En revanche, aucun texte ne l’envisage pour les GIE ou les associations.
Conditions :
– l’action ut singuli est subsidiaire et suppose une carence des dirigeants légaux ;
– la société doit être mise en cause (le tribunal peut désigner un mandataire ad hoc
pour représenter la société en cas de conflit d’intérêt entre celle-ci et ses représen-
tants légaux) ;
– aucune clause statutaire ou délibération ne peut faire obstacle à cette action ;
– tout associé peut exercer l’action ut singuli, quelle que soit sa participation, pour
peu qu’il ait la qualité d’associé à la date de l’assignation et qu’il la conserve pendant
le déroulement de l’instance.
Effet : l’action ut singuli a pour but de reconstituer le patrimoine social. Les dom-
mages et intérêts auxquels est éventuellement condamné le dirigeant fautif sont
versés à la société.
b) La réparation du préjudice individuel de l’associé
Principe : le préjudice réparable doit être distinct de celui subi par la société.
68 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
Exemples :
• Préjudice individuel : on cite traditionnellement le détournement par un diri-
geant des dividendes revenant à un associé. Mais on pourrait également songer
(même si la jurisprudence ne l’a pas consacrée explicitement) à l’hypothèse d’une
décision majoritaire entraînant une rupture d’égalité entre les associés, sans vio-
lation de l’intérêt social (donc sans recours sur le fondement strict de l’abus de
majorité).
• Préjudice jugé non individuel : selon une jurisprudence constante, l’associé qui
invoque une dépréciation de la valeur de ses titres due à une mauvaise gestion des
dirigeants ne caractérise pas un préjudice individuel distinct du préjudice social. Le
premier dérive du second. La demande en réparation doit dès lors prendre la voie
de l’action sociale.
– aucune décision de l’assemblée ne peut avoir pour effet d’éteindre l’action fondée
sur une faute commise dans l’accomplissement des fonctions de direction (C. civ.,
art. 1843-5, al. 3 ; C. com., art. L. 223-22, al. 5 et L. 225-253, al. 2).
1. Éléments de l’infraction
Le délit consiste, pour les dirigeants concernés, à avoir fait, de mauvaise foi, des biens
ou du crédit de la société, un usage qu’ils savaient contraire à l’intérêt de celle-ci, à
des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle
ils sont intéressés directement ou indirectement. Quel que soit l’avantage à court
terme qu’elle peut procurer, l’utilisation des fonds sociaux en vue de commettre un
délit (tel que la corruption), est contraire à l’intérêt social en ce qu’elle expose la
personne morale au risque anormal de sanctions pénales ou fiscales et porte atteinte
70 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
2. Prescription du délit
Le délit se prescrit par trois ans à compter du jour où il est apparu et a pu être
constaté, soit le plus souvent, en matière de sociétés, et sauf dissimulation, à compter
de la présentation des comptes annuels dans lesquels figurent les dépenses mises
indûment à la charge de la société.
§ 4 - La responsabilité du dirigeant
d’une société en procédure collective
A. Action en comblement de passif
Lorsque la procédure de redressement ou de liquidation judiciaire révèle une
insuffisance d’actif et donc l’impossibilité de désintéresser les créanciers sociaux, le
tribunal peut décider que les dettes de la personne morale seront supportées, en
tout ou en partie, avec ou sans solidarité, par tous les dirigeants de droit ou de fait,
rémunérés ou non, ou par certains d’entre eux, dont les fautes de gestion auront
causé l’insuffisance d’actif (C. com., art. L. 651-2).
B. Autres sanctions
Sous certaines conditions, les dirigeants peuvent voir mises à leur charge les dettes
sociales en cas de faute grave de leur part (détournements, abus des biens, etc.
– cf. C. com., art. L. 652-1), faire l’objet de sanctions pénales (délit de banque-
route, C. com., art. L. 654-1 et s.) ou professionnelles (faillite personnelle, C. com.,
art. L. 653-1 et s.) ; se voir interdits de diriger ou contrôler une entreprise, C. com.,
art. L. 653-8.
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 71
§ 5 - L’engagement du dirigeant-caution
A. Problématique
Définition : le cautionnement est le contrat par lequel une personne, la caution,
s’engage à l’égard d’un créancier à payer la dette d’un débiteur, appelé débiteur
principal, en cas de défaillance de celui-ci.
Précision : il ne s’agit pas ici de l’hypothèse où la société se porte caution, par l’in-
termédiaire de son dirigeant agissant en son nom et pour son compte, mais de celle
où les dettes de la société sont cautionnées par l’un de ses dirigeants (ou associés,
les règles applicables étant similaires), à la demande d’un créancier (généralement
une banque).
Conséquences : cette situation est extrêmement fréquente, notamment dans les
petites ou moyennes entreprises structurées en sociétés à responsabilité limitée.
Cela conduit évidemment à relativiser la limitation de responsabilité attachée non
seulement à la qualité d’associé d’une telle société, mais également à la qualité de
dirigeant (le dirigeant n’est en principe responsable sur ses biens qu’à condition de
prouver une faute personnelle détachable de ses fonctions, v. supra, p. 68).
B. Règles applicables
Le cautionnement doit respecter les règles générales de validité des conventions
ainsi que les règles spéciales relatives au contrat de cautionnement (C. civ., art. 2288
à 2316). V. égal. l’application de certaines règles du droit de la consommation (men-
tion manuscrite précise ; proportionnalité entre la garantie et les biens et revenus
de la caution ; information de la caution, Cf. C. consom., art. L. 341-2 et s.). Mais
la qualité de dirigeant de celui qui s’engage comme caution n’est pas sans exercer
une influence importante sur les règles qui gouvernent la formation, la vie et la fin
de cet engagement (en raison de la qualité de dirigeant de la société cautionnée,
la caution peut connaître la situation du débiteur et déterminer directement son
comportement).
2. Révocabilité ad nutum
a) Dirigeants concernés :
– administrateurs de SA (C. com., art. L. 225-18, al. 2) ;
– président du conseil d’administration de SA (C. com., art. L. 225-47) ;
– membres du conseil de surveillance d’une SA (C. com., 225-75, al. 2) ;
– tous les autres dirigeants dont la révocation n’est pas réglée par la loi, et en l’ab-
sence de dispositions statutaires contraires (application des règles du mandat, C. civ.,
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 73
art. 2004, par ex. : dans les SEP ; les SCA, C. com., art. L. 226-2 ; les GIE, C. com.,
art. L. 251-11 ; les SAS).
b) Nature de la règle : hormis le cas où elle est supplétive, il s’agit d’une règle
d’ordre public, toute disposition statutaire ou extrastatutaire qui porterait atteinte
directement ou indirectement à ce droit de révocation serait frappée de nullité.
c) Effet de la règle
Principe : la révocation peut être librement mise en œuvre, sans préavis, sans motif
et sans indemnités.
Exception : la révocation votée dans des conditions de forme irrégulières peut être
annulée en application du droit commun des nullités des décisions sociales ; la
révocation constitutive d’un abus de droit (révocation entourée de circonstances
injurieuses, vexatoires ou portant une atteinte injustifiée à la réputation du dirigeant)
peut donner lieu à indemnisation.
> L’essentiel
Les relations entre salariés et employeur sont essentiellement régies par les règles
du droit du travail. Pour autant, lorsque cet employeur est une société, les règles
du droit du travail, comme celles du droit des sociétés, ont tendance à en faire de
véritables acteurs du fonctionnement du groupement, susceptibles de participer,
de manière plus ou moins prononcée, au jeu politique sociétaire.
• Le CE peut convoquer les commissaires aux comptes pour obtenir des explications
sur les différents documents communiqués ainsi que sur la situation financière de
l’entreprise (C. trav., art. L. 2323-8).
• Le CE peut formuler toutes observations qu’il juge utiles sur la situation écono-
mique et sociale de l’entreprise ; ces observations sont obligatoirement transmises
à l’assemblée générale des associés en même temps que le rapport des dirigeants
sociaux (C. trav., art. L. 2323-8).
• Le CE peut demander d’autres informations en se faisant assister d’un expert-
comptable, aux frais de la société (C. trav., art. L. 2325-35).
§ 1 - Régime obligatoire
A. Présence de deux délégués du comité d’entreprise au conseil
d’administration (ou au conseil de surveillance)
Ils participent aux discussions, s’expriment sur toutes les questions inscrites à l’ordre
du jour et soumettent au conseil les vœux du comité d’entreprise ; mais ils ne parti-
cipent pas aux votes (C. trav., art. L. 2323-62).
76 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
§ 2 - Régime facultatif
Dans les SA, l’AGE peut décider de modifier les statuts afin que siègent au conseil
d’administration (ou au conseil de surveillance) des représentants des salariés
(C. com., art. L. 225-27, al. 1 et L. 225-79). Le nombre des administrateurs élus par
le personnel ne peut être supérieur à quatre, ni excéder le tiers du nombre des
autres administrateurs. Ce sont de véritables administrateurs, qui ont voix délibéra-
tive, supportent les mêmes responsabilités et reçoivent une rémunération identique.
Cependant, ils ne sont pas révocables ad nutum, mais pour faute constatée dans
l’exercice de leurs fonctions.
§ 1 - L’intéressement
Mise en place facultative et subordonnée à la conclusion d’un accord d’entreprise. Il
donne droit au versement de primes liées aux résultats et fait l’objet d’un traitement
fiscal particulier.
§ 2 - La participation
Le régime de la participation est obligatoire dans toutes les entreprises de plus de
50 salariés ; il est facultatif dans les autres (C. trav., art. L. 3321-1 à 3326-2). Il consiste
à attribuer aux salariés, selon des règles précises, une fraction du bénéfice réalisé
par l’entreprise. Les sommes revenant aux salariés sont obligatoirement bloquées
pendant cinq ans (sauf exceptions : mariage, divorce, perte d’emploi, achat de sa
résidence principale, naissance d’un enfant…).
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 77
A. Alimentation du PEE
Le plan peut être alimenté par les fonds provenant de la participation ou de l’inté-
ressement ou par des versements volontaires des salariés, ainsi que par des sommes
versées par la société (abondement). Les fonds recueillis sont en principe bloqués
pendant cinq ans.
> L’essentiel
Définition : les commissaires aux comptes (CAC) sont des professionnels
indépendants investis d’une mission générale et permanente de vérification
comptable et de contrôle du fonctionnement régulier de nombreuses personnes
morales de droit privé et de certaines personnes morales de droit public.
Évolution :
• Réforme décisive de l’organisation et du statut professionnel des CAC par la loi
du 24 juill. 1966 et le décret du 12 août 1969.
• Plusieurs textes postérieurs améliorent le système de contrôle par les CAC :
not. loi du 1er mars 1984 sur la prévention des difficultés des entreprises et loi
NRE du 15 mai 2001, qui insère dans le livre VIII du Code de commerce (relatif
à quelques professions réglementées) un titre II qui regroupe les dispositions
concernant les CAC (C. com., art. L. 820-1 et s.).
• Réforme décisive par la loi de sécurité financière du 1er août 2003, qui modifie
de manière importante l’organisation du contrôle de la profession (C. com., art.
L. 821-1 et s.), et le statut professionnel des CAC (C. com., art. L. 822-1 et s.).
• Ordonnance du 8 sept. 2005 qui regroupe toutes les règles relatives au contrôle
légal des comptes dans le livre VIII du Code de commerce ; celles-ci s’appliquent
sous leur nouvelle numérotation à tous les CAC quelle que soit leur mission, et
quelle que soit l’entité dans laquelle ils exercent leur contrôle.
• Décret du 16 nov. 2005 qui approuve un nouveau Code de déontologie pro-
fessionnelle visant à permettre aux CAC de mieux apprécier les contours de leur
mission ainsi que les comportements interdits et autorisés.
• Ordonnance du 8 déc. 2008 qui transpose la directive communautaire du
17 mai 2006 concernant le contrôle légal des comptes annuels.
§ 1 - Organisation de la profession
A. Profession libérale réglementée, d’intérêt général
La profession de CAC est une profession libérale, soumise à une importante régle-
mentation (not. C. com., art. L. 225-218 à L. 225-242 relatifs au contrôle des SA – dont
certaines dispositions sont maintenant abrogées et titre II du livre VIII, art. L. 820-1 à
L. 823-18 et R. 821-1 à R. 823-21) et titulaire d’une mission d’intérêt général.
aux comptes, dont la mission est, avec la CNCC, d’assurer la surveillance de la pro-
fession et de veiller au respect de la déontologie (C. com., art. L. 821-1).
§ 2 - Accès à la profession
A. Inscription préalable
L’exercice des fonctions nécessite l’inscription préalable sur une liste établie par une
commission régionale d’inscription (C. com., art. L. 822-1 et s.).
3. Contrôle facultatif
En deçà de ces seuils, le contrôle devient facultatif.
5. Règle commune
Les dispositions légales régissant le statut et la mission des CAC (C. com.,
art. L. 225-218 à L. 225-242 relatifs au contrôle des SA et titre II du livre VIII,
art. L. 820-1 et s.) sont en principe applicables pour toutes les sociétés – sous réserve
des règles propres à chaque personne morale concernée.
B. Incompatibilités spéciales
Principe : l’art. L. 822-11 pose un principe général applicable dans toutes les socié-
tés : le CAC ne peut prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement,
un intérêt auprès de la personne dont il est chargé de certifier les comptes ou auprès
d’une personne qui la contrôle ou qui est contrôlée par elle (au sens des I et II de
l’art. L. 233-3). Le Code de déontologie définit « les liens personnels, financiers et
professionnels, concomitants ou antérieurs à la mission du CAC, incompatibles avec
l’exercice de celle-ci ».
Complément : séparation de l’audit et du conseil :
– il est interdit au CAC de fournir à la personne qui l’a chargé de certifier ses
comptes, ou aux personnes qui la contrôlent ou qui sont contrôlées par celle-ci […],
tout conseil ou toute autre prestation de services n’entrant pas dans les diligences
82 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
directement liées à la mission de commissaire aux comptes (C. com., art. L. 822-11,
II) ;
– il est fait défense aux CAC, affiliés à un réseau national ou international, dont les
membres ont un intérêt économique commun et qui n’a pas pour activité exclusive
le contrôle légal des comptes, de certifier les comptes d’une personne qui, en vertu
d’un contrat conclu avec ce réseau ou un membre de ce réseau, bénéficie d’une
prestation de services, qui n’est pas directement liée à la mission du CAC (C. com.,
art. L. 822-11, II) ;
– le législateur a veillé à ce que la société contrôlée soit informée sur ces points,
en édictant des obligations de renseignement à la charge des CAC (C. com.,
art. L. 820-3).
D. Modalités de nomination
1. Modalités variables
Les modes de nomination varient en fonction des personnes morales concernées,
du type de nomination (obligatoire, judiciaire, volontaire) et du moment de celle-ci
(lors de la constitution ou en cours de vie sociale).
2. Publicité
La nomination des CAC (titulaires et suppléants), comme la cessation de leurs fonc-
tions, doit être publiée au RCS.
B. Récusation
Le CAC peut être récusé par le tribunal compétent, à la demande d’un ou de plu-
sieurs associés représentant au moins 5 % du capital, du comité d’entreprise, du
ministère public ou par l’AMF dans les sociétés qui offrent leurs titres financiers
au public (C. com., art. L. 823-6 ; R. 823-5). L’action doit être présentée dans les
30 jours à compter de sa désignation et est subordonnée à la preuve d’un juste
motif (not. suspicion d’incompétence, de partialité, de conflit d’intérêt ou de
dépendance).
C. Relèvement
Le CAC peut être relevé de ses fonctions en cas de faute ou d’empêchement (incom-
patibilité, maladie, etc.). La demande peut être présentée en justice par ceux qui ont
qualité pour agir en récusation (C. com., art. L. 823-7).
C. Missions occasionnelles
• Rapport spécial sur les conventions réglementées passées par les dirigeants avec
la société.
• Rapport spécial sur les modifications du capital ou les créations de titres.
• Rapport spécial sur les opérations de fusions, scissions ou transformations des
sociétés.
2. Information
L’art. L. 820-3, C. com. oblige désormais à tenir l’information sur le montant des
honoraires versés à chacun des CAC à la disposition des associés et actionnaires au
siège de la société.
> L’essentiel
Lorsque la société existe et possède la personnalité morale, elle se trouve sou-
mise, plus ou moins, suivant son type, à un certain nombre de contraintes légales
et réglementaires. Il arrive que ces contraintes ne correspondent pas, ou pas
toutes, aux aspirations des associés, de telle sorte que ces derniers peuvent être
conduits à utiliser pleinement leur liberté contractuelle pour organiser conven-
tionnellement leurs rapports sociaux et régler, généralement pour une longue
période, le contrôle de la conduite des affaires et de la composition du capital
de leur société.
Ces aménagements conventionnels peuvent prendre place dans les statuts eux-
mêmes. Ils peuvent également prendre la forme d’actes dits « infra-statutaires »,
parce qu’ils ne sont ni tout à fait statutaires, ni tout à fait extra-statutaires (par ex.
un règlement intérieur de société).
Fréquemment, les associés d’une société ou, plus couramment, certains d’entre
eux concluent, en dehors des statuts, des conventions, appelées pactes d’action-
naires ou pactes de famille.
§ 3 - Liberté statutaire
Il est possible d’aménager les statuts par d’autres dispositions, dès lors que ces
clauses ne dérogent pas à l’ordre public sociétaire, plus ou moins contraignant selon
les types de sociétés. Ainsi, la liberté d’aménager les statuts est-elle plus faible dans
les SA et très grande dans les SAS.
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 89
§ 1 - Fonction
Certaines sociétés (not. professionnelles) se dotent d’un règlement intérieur, destiné
à préciser, plus que ne le font les statuts, les modalités de fonctionnement du grou-
pement et les rapports sociaux.
§ 2 - Conditions de validité
Le règlement, pour être valable, ne doit contenir aucune disposition contraire à
l’ordre public (général ou spécial aux sociétés) et aux statuts.
§ 3 - Portée
Le règlement est opposable à tous les associés dès lors qu’il a été adopté par
l’assemblée générale ordinaire ou par les dirigeants dans la limite de leurs pou-
voirs. Il ne doit pas aboutir à augmenter les engagements des associés (v. supra,
p. 60). Le règlement est inopposable aux tiers, sauf à prouver qu’ils en ont eu
connaissance.
90 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
B. Efficacité
1. Durée du pacte
Règles applicables à la durée des contrats (not. prohibition des conventions perpé-
tuelles). La jurisprudence considère, de manière très contestable, qu’un pacte conclu
pour le temps où les contractants seront associés de la société, ou pour la durée de
la société, constitue une convention à durée indéterminée, résiliable à tout moment
(Com., 6 nov. 2007, Bull. Joly 2008, § 31, p. 125, X. Vamparys ; JCP E, juin 2008,
1829, A. Constantin).
92 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
§ 1 - Dispositif légal
La loi du 1er mars 1984 et le décret du 1er mars 1985 ont prévu un dispositif d’alerte
tendant à appeler l’attention des dirigeants sociaux, en cas d’évolution préoccupante
de la situation de l’entreprise, sur la nécessité de prendre des mesures en vue de
redresser cette situation.
> L’essentiel
Les rapports entre les acteurs de la société peuvent dégénérer, et entraîner ou
traduire de véritables crises internes, notamment entre les dirigeants et les asso-
ciés, ou entre ces derniers eux-mêmes, tout spécialement lorsque certains abus
sont commis dans le fonctionnement de la société.
Ces crises peuvent imposer l’ingérence de différents intervenants (administrateur
provisoire, expert de gestion, etc.), voire du juge judiciaire.
À chaque fois, l’intérêt social, notion centrale du droit des sociétés, se trouve
sollicité, car c’est à l’aune de celui-ci qu’est appréciée tant la légitimité des actes
effectués au sein de la société, que l’opportunité de la plupart des mesures judi-
ciaires.
§ 1 - Fondement de l’intervention
Principalement l’intérêt social (v. infra, p. 100), mais également l’intérêt commun des
associés, voire l’intérêt personnel d’un membre du groupement, dirigeant ou associé.
§ 2 - Possibilités d’intervention
Il est impossible de recenser toutes les possibilités d’intervention du juge en droit
des sociétés, qui peuvent se présenter tout au long de la vie du groupement, de sa
naissance (il peut interdire une immatriculation) à sa fin (il peut en prononcer la
dissolution judiciaire). On retiendra seulement :
• Que la loi NRE (15 mai 2001) a institué, au profit du président du tribunal com-
pétent statuant en référé, des procédures d’injonction de faire relativement au droit
d’information des associés, aux formalités de publicité et à la libération du capital.
• Qu’il peut :
– condamner des associés ou des dirigeants responsables à des dommages et inté-
rêts ou à une exécution forcée sous astreinte ;
– sanctionner des infractions pénales commises par eux ;
– annuler des délibérations et actes sociaux, en reporter l’adoption (par ex. ajourne-
ment d’Assemblée) ou ordonner l’adoption forcée – mais indirecte, par le biais d’un
mandataire ad hoc (v. l’abus de minorité, infra, p. 98 et s.).
• Qu’il peut désigner certains auxiliaires et leur confier une mission particulière dans
une société (v. infra).
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ > 95
§ 1 - L’administrateur provisoire
Principe : dans toutes les sociétés, y compris les GIE et même les sociétés dénuées
de la personnalité morale, les associés (voire dans certains cas les dirigeants, les
commissaires aux comptes, le comité d’entreprise ou un créancier), peuvent deman-
der au juge, le plus souvent par la voie du référé en raison de l’urgence, de désigner
un administrateur provisoire lorsque la gestion de la société est entravée, soit du fait
des dirigeants, soit du fait des associés ou des deux à la fois.
Conditions :
• L’entrave doit être de nature telle qu’elle empêche réellement le fonctionnement
régulier de la société (par la paralysie de ses organes sociaux) et compromet de
manière certaine et imminente les intérêts sociaux ainsi que l’existence de cette
société.
• Il faut aussi qu’un redressement des affaires sociales puisse être escompté, faute de
quoi la seule issue serait la dissolution judiciaire de la société.
Effets : l’administrateur provisoire, généralement choisi sur la liste des mandataires
judiciaires, va se substituer temporairement aux dirigeants en place et agir dans le
cadre de la mission dont le juge a défini l’étendue. Sa nomination fait l’objet d’une
publication au RCS.
§ 2 - L’expert de gestion
Principe : à la différence de l’administrateur provisoire, création de la jurisprudence,
l’expert de gestion est une création de la loi. Sa désignation n’est possible que dans
les SA (C. com., art. L. 225-231), les SAS (C. com., art. L. 225-231 sur renvoi de
l’art. L. 227-1, al. 3) et les SARL (C. com., art. L. 223-37).
Conditions :
A. Demandeurs
• Un ou plusieurs associés représentant un pourcentage minimum du capital social
(10 % dans les SARL, 5 % dans les SA et les SAS). Les demandeurs peuvent agir
individuellement ou se grouper sous quelque forme que ce soit.
• Action également ouverte, notamment depuis la loi du 1er mars 1984 :
– au comité d’entreprise ;
– au ministère public ;
– à l’AMF dans les sociétés qui offrent leurs titres financiers au public ;
– aux associations d’actionnaires dans les sociétés cotées.
B. Procédure
La demande est portée devant le président du tribunal de commerce qui statue
en la forme des référés, après convocation du président du CA ou du directoire à
l’audience.
96 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
B. Le séquestre
Mesure conservatoire, fondée sur l’art. 1961 C. civ., visant à placer entre les mains
d’un tiers (le séquestre) des actions ou parts faisant l’objet d’un litige, ce qui les rend
indisponibles pendant le temps de celui-ci. Si l’associé peut, en principe, voter, le
juge peut décider exceptionnellement de priver ce dernier de son droit de vote.
C. L’expert in futurum
Mesure (également appelée expertise préventive ou référé probatoire) de droit
commun de la procédure civile, prévue par l’art. 145 du C. pr. civ. : « s’il existe
un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la preuve des faits
dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement
admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, par requête ou
en référé ». La recevabilité de cette action en droit des sociétés est controversée car
elle permet d’atteindre un résultat similaire à l’expertise de gestion (v. supra) sans
avoir à en respecter les conditions restrictives (l’expertise in futurum est ouverte à
« tout intéressé », dans n’importe quelle société, voire une filiale ou la société mère
de celle-ci, sans procédure préalable, et peut concerner toute opération sociétaire
quel que soit l’organe dont elle émane). Si la Cour de cassation autorise actuellement
le recours à cette expertise, une partie de la doctrine et certains juges du fond sont
plus restrictifs.
§ 1 - L’abus de majorité
Définition : selon la jurisprudence constante (en l’absence de texte légal) : décision
d’un organe délibérant (généralement assemblée, parfois conseil d’administra-
tion) prise contrairement à l’intérêt social et dans l’unique dessein de favoriser les
98 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
A. Éléments constitutifs
Sont exigés cumulativement un élément matériel (décision contraire à l’intérêt
social ; sur la notion d’intérêt social, v. infra) et un élément intentionnel (décision
prise consciemment par la majorité non dans l’intérêt social mais dans son inté-
rêt personnel ; autrement dit, rupture intentionnelle d’égalité entre les associés).
L’exigence d’un élément intentionnel permet d’éviter que l’abus de majorité ne serve
à sanctionner une gestion mauvaise ou malheureuse de la société et ne conduise les
juges à apprécier l’opportunité des décisions de gestion.
B. Hypothèses
La jurisprudence s’est beaucoup développée à propos de la mise en réserve des
bénéfices par les majoritaires. L’abus, rarement retenu en raison du fait que la
constitution de réserves est une saine mesure de gestion, pourrait être constitué
s’il y avait mise en réserve systématique des bénéfices, sans aucune utilité pour la
société, pour favoriser les majoritaires (par ex. par des rémunérations) au détriment
des minoritaires. Mais bien d’autres opérations ou montages peuvent donner lieu à
abus de majorité (transformation de la société, fusion, conventions entre sociétés,
filialisation des activités…).
C. Sanctions
1. Nullité de la résolution abusive
L’action en nullité, exercée contre la société, peut être intentée par les minoritaires.
Elle peut être également opposée par voie d’action ou d’exception à l’encontre des
tiers (par ex. société dans laquelle le majoritaire a des intérêts et avec laquelle la
société victime a été contrainte de contracter à ses dépens).
2. Responsabilité civile
L’action en responsabilité civile peut être exercée par les minoritaires et/ou la société
contre les majoritaires auteurs de l’abus, qui peuvent être condamnés à réparer par des
dommages et intérêts le préjudice individuel, ou social, qu’ont pu subir les demandeurs.
3. Dissolution de la société
Cette mesure, exceptionnelle, pourrait être prononcée pour mésintelligence entre
associés (v. infra, p. 110).
A. Spécificités
1. La minorité dispose d’un pouvoir
S’il est exact, qu’en principe, le pouvoir structurel d’imposer sa volonté au sein de la
société appartient à la majorité, il existe des cas dans lesquels cette faculté est bien
accordée aux minoritaires, par les règles structurelles régissant le fonctionnement
de la société. Cette hypothèse se présente précisément lorsque, pour des raisons
de quorum ou de majorité (essentiellement pour les décisions extraordinaires qui
supposent généralement une majorité qualifiée), les décisions sociales ne peuvent
pas être prises par le ou les majoritaires et leurs alliés sans le concours d’actionnaires
minoritaires, lesquels peuvent donc s’opposer à l’adoption de celles-ci.
B. Sanctions
1. Spécificités de la sanction de l’abus de minorité
À la différence de l’abus de majorité, il résulte de l’abus de minorité le rejet de
l’opération proposée, donc le maintien du statu quo ante. De ce fait, la nullité de
la délibération abusive est une sanction possible (une décision sociale – de rejet – a
bien été prise et actée), mais inadéquate, puisqu’elle n’aboutit pas à l’adoption de
l’opération rejetée.
3. Responsabilité civile
Les minoritaires peuvent également être condamnés à des dommages-intérêts en
réparation du préjudice personnel subi éventuellement par les majoritaires et du
préjudice social subi par la société.
100 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
> L’essentiel
La loi de 1966 et le droit communautaire des sociétés ont témoigné d’une assez
grande défiance à l’encontre des nullités (v. égal. supra, p. 37, les nullités de
sociétés). C’est pourquoi le domaine d’application des nullités, et leur régime, se
sont trouvés étroitement délimités.
Mais, par une singulière évolution des choses, présentée comme la contrepartie
de la dépénalisation (relative) du droit des sociétés, les nullités se développent à
nouveau, sans que l’ampleur des conséquences du recours à un tel instrument
n’ait été toujours mesurée. C’est ainsi que la loi du 1er août 2003 de sécurité
financière prévoit la nullité obligatoire des actes et délibérations pris en violation,
notamment, des dispositions suivantes :
– celles régissant les droits de vote attachés aux actions (C. com., art. L. 235-2-1) ;
– celles relatives aux augmentations de capital (C. com., art. L. 225-149-1) ;
– celles relatives aux valeurs mobilières composées et bons de souscription
(C. com., art. L. 228-91 et s.).
Pour autant, le droit des nullités des actes et délibérations sociaux reste assez
restrictif. Cela se confirme à l’examen, tant des causes de ces nullités, que de leur
régime ou de leurs effets.
commerce (livre II) ou du Code civil (titre IX du livre III) ou de l’une des causes de
nullité des contrats en général (C. civ., art. 1844-10, al. 3 ; C. com., art. L. 235-1,
al. 1er).
B. Nullité absolue
Si la nullité vise à protéger l’intérêt général, tout intéressé ayant un intérêt légitime
peut agir en nullité (par ex. règle pénalement sanctionnée).
D. Le défendeur
Il s’agit de la société.
§ 3 - Possibilités de régularisation
V. supra, p. 38.
§ 1 - Rétroactivité de la nullité
Les actes et les délibérations ayant fait l’objet d’une décision d’annulation sont cen-
sés n’avoir jamais été pris et ne peuvent produire aucun effet juridique. Retour au
statu quo ante. Par application du droit commun des nullités, sont également remis
en cause tous les actes indivisiblement liés à l’acte annulé. À la différence des nulli-
tés de sociétés, les nullités d’actes et délibérations sont rétroactives.
§ 2 - Portée de la nullité
Ni les associés, ni la société ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers
de bonne foi (et inversement). Les engagements conclus par la société avec eux sont
maintenus.
§ 3 - Responsabilité civile
L’annulation d’un acte ou d’une délibération peut engager la responsabilité civile de
ceux à qui elle est imputable.
Troisième partie
TRANSFORMATION ET DISPARITION
DE LA SOCIÉTÉ
> L’essentiel
Définition : la transformation d’une société est l’opération juridique au terme
de laquelle celle-ci change de forme sociale, tout en conservant sa personnalité
morale.
• La transformation peut être volontaire
Elle permet au groupement d’adapter sa structure sociale à l’évolution de ses
besoins et de ses stratégies de développement. Par ex. :
– transformation d’une société civile en société commerciale : en raison du chan-
gement de nature de l’activité ;
– transformation d’une SARL en SA : en raison de l’accroissement ou de l’inter-
nationalisation de l’activité ;
– transformation d’une SARL ou d’une SA en SAS : afin de profiter de plus de
liberté contractuelle ;
– transformation d’une SARL ou d’une SAS en SA : afin de pouvoir offrir ses titres
financiers au public ou de permettre la cotation des titres de la société.
• La transformation peut être forcée
Il est en effet des cas où le législateur impose la transformation d’une société, en
particulier lorsqu’elle ne remplit plus les conditions imposées pour le maintien
de sa forme sociale. Ainsi :
– dans les SNC : lorsqu’au décès de l’un des associés, les parts sont transmises
à son héritier mineur non émancipé, l’art. L. 221-15, C. com. prévoit que la
société doit, sous peine de dissolution, être transformée, dans le délai d’un an
à compter du décès, en société en commandite dont le mineur devient com-
manditaire ;
– dans les SA : lorsque le nombre d’actionnaires est inférieur à sept et que la
société ne retrouve pas le nombre d’actionnaires requis, elle doit se transformer
dans le délai d’un an sous peine d’être dissoute à la demande de tout intéressé
(C. com., art. L. 225-1 et L. 225-247) ;
– dans les SARL : lorsque le nombre d’associés dépasse cent et qu’aucune
régularisation n’a eu lieu dans les deux ans, la société doit se transformer en SA
(C. com., art. L. 223-3) ;
– dans les SA : lorsque le capital social est inférieur au minimum légal.
§ 4 - Transformation en SAS
La transformation de toute société en SAS suppose l’unanimité des associés, en rai-
son du très fort intuitus personae et de la grande liberté contractuelle qui y règnent
(C. com., art. L. 227-3).
§ 3 - Autres effets
La transformation de la société met fin aux fonctions des dirigeants en place. Elle
emporte également création de nouveaux droits sociaux qui viennent se subroger
aux anciens dans le patrimoine des associés.
§ 4 - Situation fiscale
Fiscalement, l’administration s’est finalement rangée à la position du droit des
sociétés et n’assimile plus la transformation à une dissolution. Reste que l’opération
implique le paiement de droits d’enregistrement et n’est pas neutre sur le plan de
l’imposition des bénéfices, suivant le régime fiscal adopté par la nouvelle structure
par rapport à l’ancienne.
TRANSFORMATION ET DISPARITION DE LA SOCIÉTÉ > 109
> L’essentiel
• Possibilité de perpétuation des sociétés
Les sociétés personnes morales peuvent potentiellement se perpétuer (si les
conditions nécessaires à cette perpétuation sont réunies), ce qui les distingue des
personnes physiques mais peut contribuer à ce que les œuvres de ces dernières
durent et se transmettent au-delà d’elles. Il existe dans l’économie française de
très anciennes sociétés, plus que centenaires.
• Possibilité de disparition des sociétés
Les sociétés peuvent également disparaître. Cette disparition passe toujours, en
principe, par leur dissolution et leur liquidation.
• Portée de la dissolution et de la liquidation
– si la société ne possède pas la personnalité morale : la dissolution et la liqui-
dation portent seulement sur la situation contractuelle que représente la société
(cas des SEP par ex.) ;
– si la société possède la personnalité morale : la dissolution et la liquidation por-
tent non seulement sur la situation contractuelle que représente la société, mais
également sur la personne morale qu’elle représente, ce qui implique la liquida-
tion de son patrimoine, autrement dit le règlement de son passif avec son actif.
Il faut envisager successivement la dissolution, puis la liquidation des sociétés, étant
entendu que la seconde situation est la conséquence nécessaire de la première.
1. Arrivée du terme
Principe : l’art. 1844-7,1° C. civ. prévoit que la société prend fin à l’expiration de la
période pour laquelle elle a été constituée.
a) Durée des sociétés : 99 ans maximum, mais possibilité de prorogation, une ou
plusieurs fois (C. com., art. L. 210-2).
b) Prorogation :
• Consultation des associés : un an au moins avant la date d’expiration, les associés
doivent être consultés sur une éventuelle prorogation. À défaut, tout associé peut
demander en justice la désignation d’un mandataire chargé de provoquer cette
consultation (C. civ., art. 1844-6, al. 1 et 2).
• Décision : respect des conditions nécessaires aux modifications statutaires.
110 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
c) Effets :
• De la prorogation : n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle
(C. com., art. L. 210-6).
• De l’absence de prorogation : si la société continue sans avoir été prorogée,
elle devient une société de fait et l’on applique à ses associés, pour les dettes
postérieures à l’arrivée du terme, le régime des sociétés créées de fait (v. infra,
p. 126).
1. Sociétés de personnes
Peuvent être dissoutes lors de la survenance d’événements concernant l’un des asso-
ciés (décès, interdiction d’exercer une profession, mesure d’incapacité ou révocation
d’un gérant statutaire associé).
2. Sociétés de capitaux
En l’absence de régularisation, les SA peuvent être dissoutes lorsque le nombre
d’associés est inférieur à sept ; les SARL, lorsqu’il y a plus de cent associés ;
les SA, SARL, SCA et SAS lorsque leur actif net est inférieur à la moitié de leur
capital social ou lorsque leur capital social est inférieur au minimum imposé par
la loi.
B. L’ouverture de la liquidation
Principe : sauf cas de réunion de toutes les parts ou actions « entre les mains » d’une
personne morale (v. supra, p. 111), la dissolution a pour principal effet d’entraîner la
liquidation de la société et, éventuellement, le partage des actifs restants (C. com.,
art. L. 237-2, al. 1er).
Dérogation : impossible. Il n’est pas du pouvoir des associés, seraient-ils unanimes,
de décider qu’il n’y a pas lieu de procéder à la liquidation et au partage d’une socié-
té dissoute non plus qu’à la désignation d’un liquidateur, seul habilité à représenter
la société jusqu’à la clôture de la liquidation (Com., 24 oct. 1989).
TRANSFORMATION ET DISPARITION DE LA SOCIÉTÉ > 113
§ 1 - La liquidation
Définition : la liquidation est l’ensemble des opérations qui, après dissolution d’une
société, ont pour objet la réalisation des éléments d’actif, le paiement des créanciers
sociaux et, s’il y a lieu, le remboursement des apports effectués par les associés ainsi
que le partage de l’actif net social résiduel
B. Régime de la liquidation
Deux régimes peuvent être appliqués : un régime conventionnel, que les associés
choisissent dans les statuts ou par accord particulier ; un régime légal, qui s’applique
à défaut de clauses statutaires ou de convention expresse entre les parties, ou à la
demande d’un associé ou d’un créancier.
1. Domaine du régime légal (C. com., art. L. 237-2 à L. 237-13)
Il joue soit :
– de manière supplétive : à défaut de clause statutaire ou de convention expresse
entre les parties (C. com., art. L. 237-14, al. 1) ;
– de manière obligatoire : sur décision de justice (C. com., art. L. 237-14, II et
L. 228-54, al. 1) prononcée à la demande d’associés (représentant la majorité dans
les SNC ; 5 % du capital dans les autres sociétés), de créanciers sociaux, du repré-
sentant de la masse des obligataires (liquidation judiciaire, à ne pas confondre avec
celle pouvant résulter d’une faillite).
2. Modalités de la liquidation dans le cadre du régime légal
a) Choix du ou des liquidateurs : un ou plusieurs liquidateurs peuvent être nom-
més ; ils peuvent être choisis parmi les associés ou les tiers ; ils doivent avoir la
114 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
4. Régime conventionnel
Principe : dans l’ensemble, les règles précitées sont généralement mises en œuvre
mais certaines d’entre elles pourraient être écartées ou aménagées dans les statuts,
sauf lorsqu’elles sont impératives.
Dispositions impératives : principalement (C. com., art. L. 237-2 à L. 237-13) :
– les interdictions d’exercice des fonctions de liquidateur ;
– la publicité de la nomination du liquidateur ;
– les règles relatives à la réalisation de l’actif ;
– la réunion de tous les associés pour statuer sur les comptes définitifs et la clôture
de la liquidation ;
– les formalités de publicité de la clôture de la liquidation ;
– la responsabilité civile et pénale des liquidateurs ;
– les actions contre les associés non liquidateurs et la prescription quinquennale
applicable (C. com., art. L. 237-13 ; v. infra).
§ 2 - Le partage
Partage possible en cours de liquidation : le liquidateur peut procéder à une dis-
tribution sur les fonds disponibles, sous réserve des droits des créanciers (C. com.,
art. L. 237-31, al. 1). Mais pour l’essentiel le partage s’opère après la clôture de la
liquidation.
A. Règles applicables
1. Règles du partage des successions
De ce fait, le partage peut être amiable ou judiciaire ; chaque associé peut réclamer
sa part en nature dans les biens sociaux ; l’attribution préférentielle est possible ;
l’effet du partage est déclaratif (C. civ., 1844-9, al. 2).
116 > LIVRE PREMIER Le droit commun des sociétés
B. Modalités de répartition
Le partage porte sur l’actif résiduel après extinction du passif. Mais il peut porter
aussi sur le passif restant après réalisation de l’actif.
pour le tout s’il s’agit d’associés d’une société à responsabilité illimitée. En toute
hypothèse, là encore, une procédure collective pourrait être ouverte contre la
société.
Prescription : les actions contre les associés non liquidateurs ou leur conjoint sur-
vivant, leurs héritiers ou ayants cause se prescrivent par cinq ans à compter de la
publication de la dissolution de la société au RCS.
Livre deuxième
LE DROIT SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS
Maintenant qu’ont été présentées les règles du droit commun des sociétés, il
convient d’exposer les règles propres à chacune des sociétés selon son type.
La summa divisio conduit à distinguer :
– les sociétés à responsabilité illimitée (première partie)
– les sociétés à responsabilité limitée (deuxième partie)
– les sociétés par actions (troisième partie)
> L’essentiel
Définition : société dont les associés sont convenus de ne pas l’immatriculer. Elle
n’a pas la personnalité morale et n’est pas soumise à publicité.
Réglementation : C. civ., art. 1871 à 1872-2.
Caractéristiques :
a) Absence de personnalité morale, dont il résulte que la société n’a pas de
patrimoine social propre, ne peut être ni débitrice, ni créancière, n’a pas de siège
social, ne peut pas agir en justice ni être assignée, ne peut pas être déclarée en
redressement ou en liquidation judiciaire.
b) Véritable société, qui doit réunir tous les éléments fondamentaux du contrat
de société (v. supra, p. 27 et s.).
c) Occulte ou ostensible :
• La SEP peut être occulte : les associés ont conclu un contrat de société et le
dissimulent aux tiers.
• La SEP peut être révélée aux tiers : les participants agissent au vu et au su des
tiers comme associés mais sans avoir fait immatriculer leur société. La révélation
peut être effectuée lors de sa formation ou en cours de vie sociale.
d) Utilité
Sa souplesse contractuelle et sa discrétion (aucune publicité n’est requise)
permettent la réalisation d’opérations économiques ponctuelles (placements
financiers en commun, coproduction cinématographique…) ou plus durables
(exécution de marchés de travaux, pool bancaire…).
§ 1 - Conditions de fond
A. Quant aux associés
Nombre : deux associés au minimum.
Capacité : pour les sociétés à objet commercial, le ou les gérants d’une société
occulte ou les associés d’une société ostensible doivent avoir la capacité requise
pour faire des actes de commerce. Sont donc exclus les mineurs, même émancipés,
les personnes dont le commerce est interdit (ex. : faillis non réhabilités) ou incompa-
tible avec leur activité (ex. : fonctionnaire).
B. Quant à l’objet
• L’objet doit être licite : not. certaines activités réglementées ne peuvent pas être
exercées sous forme de SEP (ex. : officine de pharmacie).
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 123
§ 2 - Conditions de forme
Principe : absence de formalités ; aucun écrit (statuts), aucune immatriculation, ni
aucune publicité ne sont imposés.
Conséquences :
• Organisation de la SEP : à défaut d’organisation contractuelle des rapports entre
associés, le fonctionnement de la société est régi selon les dispositions applicables
aux sociétés civiles lorsque son objet est civil et par celles applicables aux sociétés
en nom collectif lorsque son objet est commercial (C. civ., art. 1871-1).
• Preuve de la SEP : elle peut être prouvée par les associés et les tiers par tous
moyens (ex. : écrits, témoignages) (C. civ., art. 1871, al. 1).
124 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 1 - Principe
Les associés conviennent librement des conditions de fonctionnement de la société,
de la nomination d’un gérant ou pas et de ses pouvoirs, sous réserve de respecter les
dispositions impératives du droit des sociétés (C. civ., art. 1871, al. 2).
§ 2 - Nombre
Les statuts désignent un ou plusieurs gérants parmi les participants ou non. À défaut
tous les participants sont gérants.
§ 3 - Pouvoirs
A. À l’égard des associés
Pouvoirs définis par les statuts. À défaut, tous les actes de gestion peuvent être faits
dans l’intérêt de la société (C. civ., art. 1848 ; C. com., art. L. 221-4).
§ 4 - Responsabilité
Principe : le gérant agit en son nom personnel et engage sa responsabilité. En l’ab-
sence de gérance, chaque associé est seul engagé à l’égard des tiers.
Conséquence : les créanciers ne peuvent pas agir contre les autres participants.
Limites : l’effacement des associés reçoit exception dans trois cas (C. civ., art. 1872-1) :
• Tous les participants agissent en qualité d’associés au vu et au su des tiers.
Conséquence : la société devient ostensible. Chacun des associés est tenu à l’égard
des tiers (avec solidarité si la société a un objet commercial) des engagements pris
en cette qualité par l’un des autres.
• L’un ou plusieurs des participants qui, par leur immixtion (gestion externe), ont
laissé croire au cocontractant qu’ils entendaient s’engager à son égard, sont tenus
par l’engagement en cause.
• Il est prouvé que l’engagement a tourné au profit de l’un des associés. Ce dernier
est tenu par l’engagement en cause.
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 125
§ 1 - Causes
Celles de la société en nom collectif lorsque la SEP est commerciale et celles de la
société civile lorsque la SEP est civile. Si la SEP est à durée indéterminée, la dissolu-
tion peut intervenir à tout moment par simple notification d’un associé aux autres.
§ 2 - Conséquences
A. Pas de liquidation
La SEP n’ayant pas de patrimoine social, les comptes sont réglés entre associés.
> L’essentiel
Définition : les sociétés civiles sont celles auxquelles la loi n’attribue pas un
autre caractère à raison de leur forme, de leur nature ou de leur objet (C. civ.,
art. 1845, al. 2). Leur régime juridique est assez souple et repose sur bien des
points sur la liberté statutaire.
Réglementation :
• Le droit commun des sociétés s’applique à toutes les sociétés civiles (sous
réserve de l’existence d’un statut légal dérogatoire).
• Il existe par ailleurs un régime commun des sociétés civiles, qui figure aux
art. 1845 à 1870 C. civ. (issus L. 4 janv. 1978).
§ 1 - Secteur libéral
A. Sociétés civiles de moyens (SCM)
Art. 36, L. 29 nov. 1966 : elles ont pour objet exclusif de faciliter, par une mise en
commun des moyens nécessaires (salariés, locaux, matériels…), l’activité de plu-
sieurs professionnels libéraux. Elles permettent des économies de fonctionnement.
§ 2 - Secteur immobilier
C’est le secteur de prédilection des sociétés civiles :
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 129
§ 3 - Secteur agricole
A. Groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC)
Société civile qui réunit un petit nombre d’agriculteurs qui s’engagent à travailler per-
sonnellement, sur un pied d’égalité, dans des exploitations de dimension familiale.
C. EARL
Il s’agit d’une société civile, soit unipersonnelle soit pluripersonnelle, dans laquelle
les associés ne sont pas tenus d’être exploitants et n’engagent leur responsabilité
qu’à concurrence de leur apport (comme la SARL).
Attention : l’on étudiera ici la société civile de droit commun. C’est de loin la forme
sociale la plus répandue (avec la SARL). Cette structure peut être, en pratique, uti-
lisée très diversement, même si sa figure la plus connue est sans doute celle de la
société civile immobilière (SCI), qui peut être propriétaire d’un local professionnel
qu’elle loue à une société d’exploitation, ou d’un immeuble de famille dont elle
assure la gestion et facilite la transmission.
§ 1 - Conditions de fond
A. Les associés
Au moins deux associés, personnes physiques ou personnes morales. Aucune
condition de capacité particulière n’est exigée ; les associés doivent seulement être
capables de s’engager civilement.
130 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
C. L’objet social
Il est nécessaire que l’objet social présente un caractère civil et qu’il ne comporte
pas, même à titre accessoire, des éléments de commercialité, sous peine d’une sanc-
tion fiscale (application d’office de l’impôt sur les sociétés, CGI, art. 206-2) et d’une
sanction juridique (requalification en société créée de fait).
§ 2 - Conditions de forme
Depuis la réforme opérée par la loi du 4 janv. 1978, les sociétés civiles doivent être
immatriculées au registre du commerce et des sociétés. Comme les autres sociétés,
elles ont la personnalité morale à compter de cette date. Les sociétés créées avant
1978 et qui n’étaient pas immatriculées, avaient jusqu’au 1er nov. 2002 pour régulari-
ser (loi NRE du 15 mai 2001) sous peine de perdre leur personnalité morale et d’être
transformées en sociétés en participation.
3. Obligation subsidiaire
Les créanciers ne peuvent poursuivre le paiement des dettes sociales contre un
associé qu’après avoir préalablement et vainement poursuivi (mesure d’exécution
effectuée en vain) la personne morale (C. civ., art. 1858).
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 131
4. Durée de l’obligation
Un associé qui a quitté la société reste tenu du passif existant à la date de son départ
(mais pas des dettes nées postérieurement à son départ). L’obligation aux dettes
sociales se prescrit en toute hypothèse par cinq ans à compter de la publication de
la dissolution de la société (C. civ., art. 1859).
soit part un expert désigné par le tribunal (al. 2). Le retrait entraîne une réduction
du capital social.
d) Droit de nantir les parts sociales : un associé peut offrir ses parts en garantie à
un créancier, en procédant à leur nantissement. Le nantissement est établi par écrit,
fait l’objet d’une publicité au RCS et est signifié à la société (C. civ., art. 2075). Le
créancier nanti impayé peut faire vendre les parts aux enchères mais le cessionnaire
devra être agréé, sauf si les autres associés ont initialement consenti au projet de
nantissement (C. civ., art. 1867, al. 2).
2. Droits politiques
a) Droit à l’information
Les associés ont le droit :
– d’obtenir au moins une fois par an communication des livres et des documents
sociaux (C. civ., art. 1855). L’associé peut être assisté d’un expert ;
– de poser des questions écrites au gérant au moins une fois l’an (plus si les statuts
le prévoient), C. civ., art. 1855 ;
– de prendre connaissance du rapport de gestion que le gérant doit établir à la clô-
ture de chaque exercice (C. civ., art. 1856).
b) Droit de vote
Les règles, voisines de celles concernant les SNC, sont les suivantes :
– chaque associé ne dispose que d’une seule voix, sauf disposition statutaire attri-
buant une voix à chaque part sociale ;
– les décisions sont adoptées à l’unanimité, sauf autre règle de majorité prévue par
les statuts (C. civ., art. 1852) ;
– les décisions collectives sont prises en assemblée (C. civ., art. 1853). Mais une
décision collective pourrait résulter d’une consultation écrite si les statuts le pré-
voient (C. civ., art. 1853 ; sans limitation d’objet, à la différence des SARL) ou d’un
acte signé par tous les associés (C. civ., art. 1854). Les associés doivent être réguliè-
rement convoqués (v. Décr. 3 juill. 1978, art. 40).
ou si la révocation est décidée sans juste motif (mais une clause des statuts pourrait
écarter toute indemnisation).
C. Pouvoirs du gérant
• Dans les rapports entre associés : le gérant peut accomplir tous les actes de gestion
que demande l’intérêt de la société, à défaut de dispositions particulières des statuts
sur le mode d’administration (C. civ., art. 1848). S’il y a plusieurs gérants, ils exercent
séparément ce pouvoir, chacun ayant le droit de s’opposer à une opération avant
qu’elle ne soit conclue.
• À l’égard des tiers : le gérant engage la société par tous les actes entrant dans l’ob-
jet social. Les clauses statutaires limitant ses pouvoirs sont inopposables aux tiers,
quand bien même ceux-ci en auraient connaissance (C. civ., art. 1849).
D. Responsabilité du gérant
Chaque gérant est responsable civilement envers la société et les tiers des infrac-
tions aux lois et aux règlements, de la violation des statuts et de ses fautes de ges-
tion (C. civ., art. 1850 ; v. le droit commun, supra, p. 66 et s.). Aucune disposition
légale ne prévoit spécialement de responsabilité pénale du gérant, mais il peut être
condamné sur le fondement des textes de droit commun (faux, escroquerie, abus
de confiance…).
F. Conventions réglementées
Les conventions passées entre le gérant et la société civile sont soumises à
une procédure de contrôle lorsque la société exerce une activité économique
(C. com., art. L. 621-5). Le gérant ou le commissaire aux comptes présente à
l’assemblée générale des associés un rapport sur la convention conclue direc-
tement ou par personne interposée entre la société civile et l’un de ses gérants.
L’assemblée générale statue sur ce rapport. Si elle n’est pas approuvée, la conven-
tion produit ses effets mais les conséquences préjudiciables peuvent être mises à
la charge de l’intéressé.
§ 1 - La transformation
La transformation de la société civile en société commerciale est possible. Elle n’en-
traîne pas création d’une personne morale nouvelle (C. civ., art. 1844-3).
134 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 2 - La dissolution
Principe : outre les causes de dissolution communes à toutes les sociétés (C. civ.,
art. 1844-7 ; v. supra, p. 109 et s.), la société civile est dissoute en cas d’absence de
gérant depuis plus d’un an (C. civ., art. 1846-1).
Limite : à la différence de la SNC (v. infra), la société civile n’est dissoute de plein
droit ni par la faillite d’un associé (l’intéressé perd la qualité d’associé après retrait, à
moins que les statuts ou les associés aient décidé la dissolution, C. civ., art. 1860),
ni par le décès d’un associé (la société continue en principe avec ses héritiers et
légataires, sauf disposition statutaire particulière, C. civ., art. 1870 ; not. agrément,
v. supra, p. 131).
Effet : la dissolution est suivie de la liquidation et du partage, en application des
règles de droit commun (v. supra, p. 113 et s.).
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 135
> L’essentiel
Définition : société dont les associés ont « tous la qualité de commerçant et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales ».
Réglementation : les dispositions des art. L. 221-1 à L. 221-16 et R. 221-1 et s.
C. com.
Caractères généraux :
1. La SNC est une société de personnes :
a) Société fermée : l’intuitus personae est très important, d’où un contrôle accru
des cessions de parts sociales à des tiers ou entre associés. Interdiction d’offrir
des titres financiers au public ou d’émettre des titres négociables.
b) Associés : ils sont responsables indéfiniment et solidairement des dettes
sociales.
c) Régime fiscal : v. supra, p. 11.
2. La SNC est commerciale par la forme, quel que soit son objet :
– tous les associés ont la qualité de commerçant ;
– régime social : les associés sont exclus du régime de la sécurité sociale. Ils
ne peuvent pas être salariés. Ils sont soumis au régime social des commerçants
individuels.
Utilité : par sa simplicité de constitution et de fonctionnement, elle convient
particulièrement aux sociétés réalisant peu de bénéfices que les associés, en
nombre restreint et ayant un patrimoine modeste, désirent s’approprier. Mais
on la rencontre dans d’autres domaines, et notamment dans certains montages,
pour des raisons principalement fiscales (transparence fiscale).
§ 1 - Conditions de fond
A. Quant aux associés
Nombre : deux associés au minimum, personne physique ou morale (sauf une
société civile).
Capacité : tous les associés ont la qualité de commerçant et doivent avoir la capacité
de faire des actes de commerce. En conséquence, sont exclus : les mineurs même
émancipés, les majeurs en tutelle ou en curatelle, les personnes soumises à une
interdiction, une déchéance ou une incompatibilité.
136 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
B. Quant à l’objet
• Doit être licite : certaines activités sont interdites aux SNC (ex. : assurances, labo-
ratoires d’analyses médicales).
• Peut être civil ou commercial
• Délimite les pouvoirs du gérant à l’égard des tiers (v. infra)
B. La publicité
Application des règles de publicité communes à toutes les sociétés (v. supra, p. 36).
§ 1 - La gérance
Une grande souplesse est laissée aux associés dans l’organisation de la SNC.
A. Nomination de la gérance
Principe : les statuts (gérant statutaire) ou un acte ultérieur (gérant non statutaire)
désignent un ou plusieurs gérants, personne physique ou morale, parmi les associés
ou en dehors d’eux. À défaut tous les associés sont gérants (gérant légal) et la signa-
ture d’un seul associé suffit à engager la société.
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 137
1. Capacité
• Gérant associé : capacité de faire des actes de commerce.
• Gérant non associé : personne civilement capable. Peut être salarié.
2. Mode de nomination
• Le gérant statutaire : est nommé dans les conditions requises pour la modification
des statuts (unanimité sauf clause contraire).
• Le gérant non statutaire : est nommé dans les conditions prévues par les statuts
(unanimité ou majorité). Dans le silence des statuts : unanimité.
2. La révocation
Principe : la révocation prononcée sans juste motif peut donner lieu à des dom-
mages et intérêts au profit du gérant.
a) Révocation du gérant associé :
• Gérant légal (tous les associés sont gérants) ou gérant statutaire : la révocation
de l’un des gérants est obligatoirement décidée à l’unanimité des autres associés.
Elle entraîne en principe la dissolution de la société sauf disposition contraire des
statuts ou décision des autres associés de continuer entre eux. Si la société conti-
nue, le gérant révoqué peut se retirer et demander le remboursement de ses droits
sociaux.
• Gérant non statutaire : est révoqué dans les conditions prévues par les statuts (una-
nimité ou majorité). Dans le silence des statuts : unanimité. Sa révocation n’entraîne
pas la dissolution de la société.
b) Révocation du gérant non associé : est révoqué dans les conditions prévues par
les statuts. Dans le silence des statuts : majorité.
C. Pouvoirs de la gérance
1. À l’égard des associés
a) Gérant unique : l’étendue des pouvoirs du gérant est définie par les statuts. À
défaut, il peut accomplir tous les actes de gestion (actes de disposition, d’adminis-
tration) dans l’intérêt de la société.
b) Pluralité de gérants : l’étendue des pouvoirs des gérants est définie par les sta-
tuts (ex. : répartition des pouvoirs entre gérants en fonction de leurs compétences).
Dans le silence des statuts, chaque gérant a les pouvoirs d’un gérant unique. Chaque
gérant peut s’opposer (droit de veto) à toute opération projetée par un autre gérant
avant sa conclusion.
138 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
D. Responsabilité de la gérance
1. Responsabilité civile
a) Prescription : en l’absence de dispositions particulières du Code de commerce,
la prescription de l’action en responsabilité civile contre le ou les gérants d’une SNC
est celle du droit commun (v. supra, p. 66 et s.).
b) Responsabilité à l’égard des tiers : le gérant agissant dans l’exercice de ses fonc-
tions engage la responsabilité de la société. La responsabilité personnelle du gérant
ne pourra être recherchée que s’il a commis une faute détachable de ses fonctions
qui lui est personnellement imputable.
c) Responsabilité à l’égard de la société : action sociale de l’art. 1843-5 C. civ.
(v. supra, p. 66 et s.).
3. Responsabilité pénale
Principe : le gérant ou les gérants sont pénalement responsables en application du
droit commun (abus de confiance, escroquerie, etc.) ou de dispositions du droit des
sociétés (infractions à la publicité de la dénomination sociale, droit de communica-
tion des associés, etc.).
Précision : les infractions applicables aux dirigeants de SA ou de SARL ne peuvent
pas être retenues contre le ou les gérants de SNC (ex. : délit d’abus de biens sociaux ;
mais l’infraction d’abus de confiance est alors généralement retenue).
Attention : lorsqu’une personne morale est gérante, ses dirigeants sont soumis
aux mêmes conditions et obligations et encourent les mêmes responsabilités
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 139
civile ou pénale que s’ils étaient gérants en leur nom propre, sans préjudice
de la responsabilité solidaire de la personne morale qu’ils dirigent (C. com.,
art. L. 221-3, al. 2).
Conditions :
• Préalablement à la poursuite en paiement d’un ou des associés, les créanciers
sociaux doivent avoir vainement mis la SNC en demeure de payer leur créance par
acte extrajudiciaire (« vaines poursuites »).
• Associés concernés :
– Ancien associé : il reste tenu des dettes contractées antérieurement à son départ. Il
n’est pas tenu des dettes sociales contractées postérieurement à son départ si celui-
ci a été publié dans les formes requises ;
– Nouvel associé : il est tenu de tout le passif social même antérieur à son entrée.
Conséquences : une décision de justice exécutoire à l’égard de la SNC produit ses
effets à l’égard de tous les associés. Une procédure de redressement ou de liquida-
tion judiciaire ouverte à l’encontre de la société provoque l’ouverture d’une même
procédure à l’égard de chacun des associés.
C. Le changement d’associés
Principe : la SNC est fortement marquée par l’intuitus personae. Conséquence : le
contrôle des cessions de parts sociales à des tiers ou entre associés est renforcé.
B. Affectation du résultat
La répartition du résultat s’effectue conformément aux statuts et dans le respect
des règles communes aux sociétés commerciales. Toutefois, si la société réalise des
bénéfices, elle n’a pas l’obligation de constituer une réserve légale. Si la société
réalise des pertes, les associés sont tenus de payer les dettes sociales si l’actif de la
société est insuffisant pour apurer le passif.
§ 1 - Causes de dissolution
Outre les causes de dissolution communes à toutes les sociétés (voir supra p. 109),
la SNC est dissoute de plein droit dans les cas suivants (sauf disposition statutaire ou
décision unanime des associés décidant la continuation de la société) :
– décès d’un des associés (v. supra) ;
– révocation d’un gérant légal ou d’un gérant statutaire ;
– liquidation judiciaire ou jugement arrêtant un plan de cession totale de la société ;
142 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 2 - Effets de la dissolution
V. supra, p. 113 et s. : les règles de droit commun relatives à la liquidation et au
partage des sociétés.
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 143
> L’essentiel
Définition : la société en commandite simple est une société de personnes qui
permet d’allier deux types d’associés : un ou plusieurs commandités, dont le
statut est celui des associés d’une SNC, et un ou plusieurs commanditaires, qui
ne sont tenus des dettes sociales qu’à hauteur de leurs apports.
Réglementation : les textes régissant spécialement la SCS sont les art. L. 222-1
à L. 222-11 et R. 222-1 et s. C. com. Mais les textes relatifs à la SNC (v. supra,
p. 135 et s.) sont également applicables à la SCS dans la mesure où ils ne sont
pas incompatibles avec les dispositions régissant spécifiquement la SCS.
Caractères généraux : il s’agit d’une société commerciale par la forme, quel
que soit son objet. La SCS possède la personnalité morale, mais celle-ci peut
s’effacer en partie en cas de redressement ou de liquidation judiciaires de la
société, cette procédure atteignant personnellement les associés commandités
(mais pas les commanditaires). Cette forme de société reste assez peu utilisée
car elle cumule l’insécurité de la situation des associés avec la complexité de son
fonctionnement.
§ 1 - Les associés
A. Nombre
La SCS comprend au moins deux associés : un commandité et un commanditaire.
B. Qualités et capacité
1. Le commandité
Doit remplir les mêmes conditions que celles imposées à l’associé en nom collectif
(C. com., art. L. 222-1, al. 1er). Il en possède le statut (commerçant, indéfiniment et
solidairement responsable des dettes sociales).
2. Le commanditaire
Doit simplement posséder la capacité civile.
§ 1 - La gérance
Principe : tous les associés commandités sont par principe gérants.
Exception : les statuts peuvent prévoir que la gestion de la société soit assumée par
un ou plusieurs gérants, choisis parmi les associés commandités ou en dehors des
membres de la société. En revanche, la gérance ne peut être confiée à un comman-
ditaire.
§ 2 - Les associés
A. Décisions collectives
Principe : la réunion d’une assemblée est obligatoire (sans dérogation possible) dans
deux cas :
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ ILLIMITÉE > 145
§ 2 - Liquidation et partage
V. supra, p. 113 et s. : les règles de droit commun relatives à la liquidation et au
partage des sociétés.
Deuxième partie
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ LIMITÉE
§ 1 - Les associés
A. Nombre
Deux associés au minimum (en dessous de 2 associés la SARL devient une EURL),
cent associés au maximum (au-dessus de 100 associés, la SARL dispose d’un délai
d’un an pour régulariser sa situation ou se transformer, par ex. en SA, C. com.,
art. L. 223-3). Les associés peuvent être des personnes physiques ou morales.
B. Capacité
Bien que la souscription de parts sociales soit un acte de commerce, les asso-
ciés ne doivent pas avoir la capacité requise pour faire des actes de commerce.
Conséquence : les mineurs, même non émancipés, ou les majeurs protégés peuvent
être associés d’une SARL.
§ 2 - L’objet
A. L’objet doit être licite
Certaines activités réglementées ne peuvent pas être exercées sous forme de SARL
(ex. : entreprises d’assurances, de capitalisation et d’épargne).
B. Nature de l’objet
L’objet peut être civil ou commercial.
2. Répartition
Le capital de la SARL est divisé en parts sociales égales (C. com., art. L. 223-2). La
valeur nominale des parts sociales est librement fixée par les statuts ; les associés
peuvent décider de n’indiquer aucune valeur nominale.
B. Les apports
Le capital social est composé des apports des associés, qui peuvent être de trois
types :
150 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 4 - La dénomination sociale
Elle peut comporter le nom d’un ou plusieurs associés ou être purement fantaisiste.
Elle doit être précédée ou suivie immédiatement des mots « société à responsabilité
limitée » ou des initiales « SARL » et de l’énonciation du capital social (C. com.,
art. L. 223-1, al. 3).
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ LIMITÉE > 151
§ 1 - Les statuts
A. Forme
Ils doivent être rédigés par écrit (acte sous seing privé ou notarié) et signés par tous
les associés ou, en cas d’absence, par un mandataire justifiant d’un pouvoir spécial.
B. Mentions nécessaires
1. Mentions obligatoires fondamentales
La forme, la durée, la dénomination sociale, le siège social, l’objet, le montant du
capital social, l’évaluation des apports en nature, la répartition des parts sociales,
la libération du capital social et le dépôt des fonds correspondant aux apports en
numéraire…
§ 3 - La publicité
Application des règles de publicité communes à toutes les sociétés.
152 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 1 - Nomination de la gérance
Principe : les statuts (gérant statutaire) ou un acte ultérieur (gérant non statutaire)
désignent un ou plusieurs gérants, personne physique uniquement, parmi les asso-
ciés ou en dehors d’eux.
A. Capacité
Personne civilement capable. Conséquence : sont exclus les mineurs non émancipés
et les majeurs protégés.
B. Mode de nomination
1. Le gérant statutaire
Est nommé par les associés représentant plus de la moitié des parts sociales, sauf
disposition des statuts exigeant une majorité plus forte (C. com., art. L. 223-29, al. 1).
C. Rémunération de la gérance
La gérance est exercée à titre gratuit ou à titre onéreux. Le régime fiscal des rému-
nérations perçues par le gérant minoritaire ou majoritaire est celui des traitements et
salaires (v. supra, p. 64). En revanche, le régime social diffère selon que le gérant soit
minoritaire (assujetti au régime de la sécurité sociale) ou qu’il soit majoritaire (assu-
jetti au régime des employeurs et travailleurs indépendants) (ibid.). La rémunération
du gérant au titre de son mandat social doit être distinguée de celle perçue au titre
d’un éventuel contrat de travail.
§ 3 - Pouvoirs de la gérance
A. À l’égard des associés
1. Gérant unique
L’étendue des pouvoirs du gérant est définie par les statuts. À défaut, il peut accom-
plir tous les actes de gestion (actes de disposition, d’administration) dans l’intérêt de
la société (C. com., art. L. 223-18).
2. Pluralité de gérants
L’étendue des pouvoirs des gérants entre eux est définie par les statuts (ex. : réparti-
tion des pouvoirs entre gérants en fonction de leurs compétences). Dans le silence
des statuts, chaque gérant a les pouvoirs d’un gérant unique. Chaque gérant peut
s’opposer (droit de veto) à toute opération projetée par un autre gérant avant sa
conclusion (ibid.).
• Les clauses statutaires limitant les pouvoirs du ou des gérants sont inopposables
aux tiers.
• En cas de pluralité de gérants, l’opposition formée par un gérant est sans effet à
l’égard des tiers sauf s’il est démontré qu’ils en ont eu connaissance.
§ 4 - Responsabilité de la gérance
Attention : une personne morale ne peut pas être désignée gérant. Les règles de
responsabilité ci-dessous décrites s’appliquent au gérant, associé ou non.
B. Responsabilité fiscale
Le gérant, de droit (majoritaire ou minoritaire) ou de fait, qui, par des manœuvres
frauduleuses ou par l’inobservation répétée des obligations fiscales, a rendu impos-
sible le recouvrement d’impositions quelconques et de pénalités dues par la société,
peut être condamné au paiement de ces impositions et pénalités sur son patrimoine
personnel (v. supra, p. 70).
D. Responsabilité pénale
Outre les infractions pénales de droit commun ou en application de dispositions du
droit des sociétés, les quatre principales infractions pénales applicables au gérant
d’une SARL, (punissables de cinq ans de prison et d’une amende de 375 000 €)
sont :
– la distribution de dividendes fictifs en l’absence d’inventaire ou au moyen d’inven-
taires frauduleux ;
– la présentation aux associés des comptes annuels ne donnant pas, pour chaque
exercice, une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation
financière et du patrimoine en vue de dissimuler la véritable situation de la société ;
– l’abus de pouvoir et surtout l’abus de biens sociaux, qui consistent à faire, de mauvaise
foi, des pouvoirs de gérance, des biens ou du crédit de la société, un usage contraire
à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société dans
laquelle le gérant était intéressé directement ou indirectement (v. supra, p. 69).
2. Questions écrites
À compter de la communication des documents ci-dessus visés, tout associé a la
faculté de poser par écrit des questions auxquelles le gérant est tenu de répondre au
cours de l’assemblée (art. préc.).
4. Information permanente
À toute époque de l’année, tout associé peut obtenir communication des documents
sociaux suivants relatifs aux trois derniers exercices : comptes annuels, inventaires,
rapports soumis aux assemblées, procès-verbaux de ces assemblées (art. préc.).
156 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
– sur première convocation : plus de la moitié des parts sociales souscrites (majorité
absolue) ;
– sur deuxième convocation : si la majorité n’a pas été obtenue sur première convo-
cation, les associés peuvent être consultés une seconde fois à moins que cette
option ne soit écartée par les statuts. La majorité requise est celle du nombre de voix
émises quel que soit le nombre de participants. Exception : la révocation du gérant
ne peut être décidée qu’à la majorité absolue.
b) Décisions collectives extraordinaires
Principe : ce sont celles qui ont pour but de statuer sur toutes questions entraînant
la modification des statuts (par ex. augmentation ou réduction du capital social,
poursuite d’activité malgré des capitaux propres inférieurs à la moitié du capital
social, etc.)
Conditions :
• De quorum : avant la loi PME du 2 août 2005, aucune condition de quorum n’était
imposée. Depuis cette loi, et pour les sociétés constituées depuis son entrée en
vigueur ou celles qui s’y conforment à l’unanimité, un quorum est institué pour les
décisions extraordinaires. Les associés présents ou représentés doivent posséder au
moins un quart des parts sociales sur 1re convocation, et un cinquième sur 2e convo-
cation (C. com., art. L. 223-30, al. 3).
• De majorité (C. com., art. L. 223-30) :
En principe la majorité requise est celle représentant au moins les deux tiers des
parts sociales détenues par les associés présents ou représentés. Les statuts ne peu-
vent pas fixer une majorité plus élevée, sauf dans les sociétés constituées depuis
l’entrée en vigueur de la loi du 2 août 2005 ou celles qui s’y conforment à l’unani-
mité.
Exceptions :
• Certaines décisions doivent obligatoirement être prises à l’unanimité (changement
de nationalité de la société, transformation de la société en société en nom collectif,
en société en commandite ou en société par action simplifiée, augmentation des
engagements des associés).
• La décision d’autorisation de cession ou de nantissement des parts sociales à un
tiers doit être prise selon une double majorité : majorité en nombre des associés et
majorité des trois quarts des parts sociales.
• Les décisions suivantes sont soumises à la simple majorité absolue :
– décision de transformation de la société en société anonyme si les capitaux
propres figurant au dernier bilan excèdent 37 000 € ;
– décision d’augmentation du capital social par incorporation de réserves ou de
bénéfices.
3. Distribution interdite
Si les capitaux propres sont ou deviendraient, à la suite de cette distribution, infé-
rieurs au montant du capital augmenté des réserves non distribuables (légalement
ou statutairement).
§ 3 - Le changement d’associés
La SARL reste marquée par l’intuitus personae. Conséquence : la cession de parts
sociales à des tiers (et éventuellement entre associés) n’est pas libre.
1. Transmission à un tiers
a) Transmission à un tiers (C. com., art. L. 223-14, mod. Ord. 25 mars 2004)
• Notification du projet de cession : l’associé cédant doit notifier sont projet de ces-
sion par acte extrajudiciaire ou par lettre recommandée avec avis de réception à la
société, mais aussi à tous les associés, sous peine de nullité de la cession.
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ LIMITÉE > 159
2. Aux tiers
Dépôt au greffe du tribunal de commerce de deux expéditions de l’acte de ces-
sion s’il a été établi dans la forme notariée ou de deux originaux s’il est sous seing
privé.
1. Procédure de contrôle
a) Autorisation a posteriori des conventions conclues avec un associé
• Le gérant doit aviser le commissaire aux comptes, s’il en existe un, des conventions
autres que celles relatives à des opérations courantes conclues à des conditions nor-
males, dans le mois de leur conclusion.
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ LIMITÉE > 161
• Le gérant ou le commissaire aux comptes, s’il en existe un, doit établir un rapport
spécial relatant les conventions soumises au contrôle des associés. Ce rapport est
généralement présenté à l’assemblée lors de l’approbation des comptes annuels.
• Les associés approuvent ou désapprouvent les conventions objets du rapport
spécial. L’associé intéressé ne peut pas prendre part au vote et ses parts ne sont pas
prises en compte pour le calcul de la majorité.
b) Autorisation préalable des conventions conclues avec un gérant non associé :
les conventions, autres que celles relatives à des opérations courantes conclues à des
conditions normales, passées avec un gérant non associé doivent faire l’objet d’un
rapport du gérant et être autorisées préalablement par les associés.
2. Refus de ratification
• L’absence de ratification ou d’autorisation par les associés de la convention contrô-
lée n’entraîne pas la nullité de la convention. Elle produit ses effets à charge pour le
gérant et, s’il y a lieu, pour l’associé contractant de supporter individuellement ou
solidairement les conséquences préjudiciables à la société.
• L’action en responsabilité se prescrit par trois ans à compter de la conclusion de
la convention ou, si elle a été dissimulée, de sa révélation.
L’ENTREPRISE UNIPERSONNELLE
À RESPONSABILITÉ LIMITÉE (EURL)
Définition : sous la désignation d’« entreprise unipersonnelle à responsabilité
limitée », la loi du 11 juill. 1985 a permis à une seule personne, physique ou
morale, d’instituer par un acte unilatéral de volonté, une SARL.
Réglementation : la réglementation applicable aux SARL pluripersonnelles est
transposable aux EURL, sauf dispositions particulières à ces dernières (C. civ.,
art. 1832, al. 2 ; C. com., art. L. 223-1, al. 2, L. 223-5, L. 223-9, al. 3, L. 223-19,
al. 3, L. 223-31 et R. 223-25 et 223-26).
Caractères généraux :
• Elle est soumise aux dispositions applicables aux SARL : Son fonctionnement
est donc plus contraignant que l’exercice d’une activité à titre personnel. Le
passage de l’EURL à la SARL n’emporte pas transformation de société au sens
juridique du terme.
• Il n’y a pas d’affectio societatis : Mais l’associé unique doit veiller à ce que la
société exploite les biens qui lui sont affectés et ne doit pas confondre le patri-
moine social avec ses biens personnels.
• Régime fiscal de la société : si l’associé unique est une personne physique, la
société est soumise au régime fiscal des sociétés de personnes à moins d’opter
pour l’assujettissement à l’impôt sur les sociétés. En revanche, si l’associé unique
est une personne morale, la société est de plein droit soumise à l’impôt sur les
sociétés.
• Situation sociale de l’associé unique : en principe identique à celle d’un entre-
preneur individuel (v. supra, p. 64).
Utilité : plus que pour toute autre société, l’EURL réalise juridiquement l’idée
d’un patrimoine d’affectation. En effet, elle permet à un entrepreneur d’affecter à
une personne morale une partie de ses biens, en limitant en principe sa respon-
sabilité envers les tiers au montant de son apport, sans avoir à recourir, comme
avant, à des sociétés pluripersonnelles fictives dont les associés ne sont que des
prête-noms de l’entrepreneur principal. Mais la limitation de responsabilité doit
être relativisée en cas not. de :
• Cautionnement : en cas d’emprunt par l’EURL, l’établissement prêteur
demande, en général, à l’associé unique d’apporter une garantie sur ses biens
personnels.
• Procédure collective : l’associé unique risque plus facilement d’être pour-
suivi pour les fautes qu’il a pu commettre dans la gestion de la société, sur le
164 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 1 - Personne du gérant
La gérance est généralement assurée par l’associé unique. Elle peut également être
confiée à un tiers, ce qui est obligatoirement le cas lorsque l’associé unique est une
personne morale.
§ 2 - Statut du gérant
Les conditions de nomination du gérant, la durée de ses fonctions, l’étendue de
ses pouvoirs, sa responsabilité sont les mêmes que pour la SARL pluripersonnelle
(v. supra, p. 152 et s.).
§ 3 - Précautions
A. Gérance confiée à un tiers
Il peut être opportun de soumettre à l’autorisation préalable de l’associé unique la
passation d’actes importants.
§ 4 - Rémunération
La gérance est exercée à titre gratuit ou à titre onéreux.
§ 7 - Obligation particulière
Chaque année, le gérant doit établir les comptes annuels, l’inventaire et son rapport
de gestion (C. com., art. L. 223-31).
LES SOCIÉTÉS À RESPONSABILITÉ LIMITÉE > 167
§ 1 - Décisions sociales
L’associé unique exerce les pouvoirs et prend les décisions dévolues à l’assemblée
des associés dans les SARL pluripersonnelles (C. com., art. L. 223-1, al. 2).
Les dispositions relatives à la tenue des assemblées (par voie de consultation par
ex.), à la convocation des associés, au vote de ceux-ci et au calcul de majorité des
décisions collectives ordinaires ou extraordinaires prévues pour les SARL ne sont pas
applicables à l’EURL (C. com., art. L. 223-31, al. 1).
L’associé unique ne peut pas déléguer ses pouvoirs et les décisions qu’il prend doi-
vent être répertoriées dans un registre (ibid.).
L’associé unique approuve les comptes annuels, le cas échéant après rapport des
commissaires aux comptes (sur la nomination obligatoire ou facultative de commis-
saires aux comptes, v. supra, p. 80), dans le délai de six mois à compter de la clôture
de l’exercice.
§ 2 - Droit d’information
Lorsque la gérance est assurée par un tiers, l’associé unique bénéficie du droit d’in-
formation permanent reconnu aux associés des SARL pluripersonnelles (C. com.,
art. L. 223-31, al. 1 et 223-36, al. 4 ; v. supra, p. 155).
Après avoir étudié les caractéristiques générales des sociétés par actions (titre 1),
nous examinerons successivement :
– la société anonyme (SA) (titre 2) ;
– la société par actions simplifiée (SAS) (titre 3) ;
– la société en commandite par actions (SCA) (titre 4) ;
– la société européenne (SE) (titre 5).
>
Titre 1
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
DES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS
Après avoir analysé la nature juridique des sociétés par actions, ainsi que leur
évolution dans l’histoire et les perspectives qui s’offrent à elles dans l’avenir (cha-
pitre 1), il conviendra d’examiner la question de leur financement, en étudiant
notamment les valeurs mobilières qu’elles peuvent émettre (chapitre 2).
172 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
> L’essentiel
Les sociétés par actions sont des sociétés de capitaux, par le fait qu’en prin-
cipe la personne des associés – qualifiés d’actionnaires – y compte moins
que les apports qu’ils ont réalisés. Le risque des actionnaires est limité à leur
apport.
Depuis très longtemps, le législateur oscille entre un encadrement réglementaire
dense et étroit des sociétés par actions et la tentation libérale de laisser davantage
de liberté aux associés de ces sociétés. Ces aspirations contraires ont conduit
le législateur à créer la SAS, société par actions qui se caractérise par la grande
liberté des associés d’aménager son fonctionnement, mais à maintenir la SA dans
un carcan légal particulièrement contraignant.
§ 1 - Principes
• Les sociétés par actions entrent dans la catégorie des sociétés de capitaux : cela
parce que, dit-on, les capitaux apportés par les associés importent davantage que la
personnalité de ces derniers, contrairement aux sociétés de personnes. Leur caracté-
ristique est précisément de pouvoir rassembler des capitaux importants, permettant
de financer des activités économiques de grande envergure.
• Indifférence de la personne des associés : les événements affectant la personne
des actionnaires ne se répercutent pas sur l’existence de la société, qui reste indif-
férente, notamment, au décès ou à l’incapacité de ses membres. Enfin, alors que
les parts de sociétés de personnes ou de SARL sont impérativement marquées d’un
caractère personnel qui en entrave la cession, les actions sont en principe indépen-
dantes de la personne de leur titulaire et constituent par conséquent des valeurs
patrimoniales librement négociables.
§ 2 - Nuances
• Situation générale : si ces remarques apparaissent incontestablement exactes pour
les sociétés par actions qui offrent leurs titres financiers au public, notamment pour
celles dont les titres sont cotés en bourse, elles méritent en revanche d’être très large-
ment nuancées pour les autres sociétés par actions. Dans de très nombreuses socié-
tés anonymes, la personne des associés est déterminante, ce qui se traduit par la
création de pactes d’actionnaires (v. supra, p. 90) et, surtout, l’instauration de dispo-
sitions statutaires particulières (clauses d’exclusion, de préemption, ou d’agrément ;
cette dernière conduit d’ailleurs à écarter le principe de libre cessibilité des actions).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 173
• Situation particulière des SAS : cet intuitus personae est l’un des traits qui carac-
térise la société par actions simplifiée. La liberté contractuelle, qui est l’autre carac-
téristique majeure de cette société, permet justement aux fondateurs de traduire
juridiquement, par diverses dispositions statutaires, cette prise en compte de la
personne des associés.
B. La société anonyme
Soumise à la nécessité d’une autorisation gouvernementale préalable. Cette exi-
gence ne disparut qu’avec la loi du 24 juill. 1867, qui marque le point de départ
historique du développement de la SA et du déclin corrélatif des SCA.
§ 3 - Évolution libérale
Ce carcan normatif auquel se trouve assujettie la SA a été – et est encore souvent
– jugé excessif. En réponse aux nombreux appels en faveur d’une libéralisation,
le législateur a créé par la loi du 3 janv. 1994 une nouvelle société par actions, la
société par actions simplifiée, dont l’apparition marque un retour en force de la
liberté contractuelle en droit des sociétés.
aux grandes entreprises cotées en bourse. Cependant, le législateur n’a pas encore
été jusqu’au bout de cette logique, puisqu’en dépit de l’accroissement notable de la
réglementation des SA, les petites et moyennes entreprises peuvent toujours adopter
cette forme sociale. Par ailleurs, l’étude de la SA s’impose du fait même que, pour
une partie non négligeable du régime juridique de la SAS, le législateur renvoie à la
SA (v. infra, p. 276). Enfin il convient de noter que la société européenne prend la
forme de la société anonyme lorsqu’elle a son siège social en France (v. infra, p. 300).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 175
> L’essentiel
Pour leur financement, les sociétés par actions peuvent recourir à divers procédés.
a) Procédés courants :
• Par les apports effectués par les associés (lors de la constitution de la société
ou lors d’une augmentation de capital).
• Par les avances en compte courant effectuées par les associés.
• Par les emprunts auxquels la société procède elle-même, avec parfois la garan-
tie de ses associés ou de ses dirigeants, ainsi que par le réinvestissement, dans
l’activité, des bénéfices qu’elle réalise (autofinancement).
b) « Titrisation » de certains procédés de financement
Ce qui est particulièrement intéressant avec les sociétés par actions, c’est qu’il
leur est permis de transformer en titres (les valeurs mobilières), tant l’apport qui
leur est fait (il s’agira notamment d’actions) que l’emprunt qu’elles souscrivent (il
peut s’agir alors d’obligations, avec leurs variantes diverses – OBSA, ORA, OCA,
OEA… –, ou de titres participatifs ou subordonnés).
c) Offre au public de titres financiers
Ces valeurs mobilières, lorsqu’elles sont émises par certaines sociétés éligibles, et
notamment les SA, sont susceptibles d’être placées dans le public, et notamment
d’être cotées en bourse, c’est-à-dire de faire l’objet d’une diffusion sur un marché
financier réglementé. Mais, en échange des potentialités de financement considé-
rables que présente l’offre de titres financiers au public ou la cotation en bourse,
la SA émettrice doit se soumettre, pour la sécurité des épargnants et des opé-
rateurs, à de très nombreuses et très lourdes contraintes, en terme notamment
d’information et de transparence. Elle fait par ailleurs l’objet d’une surveillance
importante de la part de l’autorité chargée du contrôle et du bon fonctionnement
des marchés financiers, l’AMF.
§ 1 - Généralités
A. Définition des valeurs mobilières
La notion de valeur mobilière est, dans le droit français, tout à la fois traditionnelle et
essentielle puisqu’elle est au cœur de la détermination de règles spécifiques d’émis-
sion, de la protection des souscripteurs organisée par le Code de commerce et de
certaines opérations contractuelles réglementées par ce même Code.
Elle est toutefois, depuis quelques années, concurrencée par la notion, plus large,
d’« instrument financier ». Cependant, la notion de valeur mobilière a longtemps
résisté, au point que l’ordonnance du 24 juin 2004 s’est intitulée ordonnance
176 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
« portant réforme du régime des valeurs mobilières émises par les sociétés commer-
ciales » et que l’art. L. 228-1 C. com. a, sur sa base, inclus indirectement en son alinéa
2 une définition des valeurs mobilières en procédant par un renvoi à l’art. L. 211-2 du
Code monétaire et financier aux termes duquel « constituent des valeurs mobilières
les titres émis par des personnes morales, publiques ou privées, transmissibles par
inscription en compte ou tradition, qui confèrent des droits identiques par catégorie
et donnent accès, directement ou indirectement, à une quotité du capital de la per-
sonne morale émettrice ou à un droit de créance général sur son patrimoine ».
statuts imposent la seule forme nominative, pour tout ou partie du capital (C. com.,
art. L. 228-1).
La distinction entre titre nominatif et titre au porteur a perdu sa portée pratique
avec l’entrée en vigueur de l’inscription en compte obligatoire des valeurs mobi-
lières (v. supra). Toutes les valeurs mobilières nominatives ou au porteur sont
inscrites dans des comptes dont les mentions sont identiques. Ces valeurs mobi-
lières se transmettent selon les mêmes modalités par simple virement de compte
à compte.
La seule différence notable qui subsiste entre titres nominatifs et titres au porteur
réside dans la qualité du teneur des comptes de titres. Les titres nominatifs sont
inscrits dans des comptes tenus par la société émettrice, les comptes de titres au
porteur sont tenus par un intermédiaire financier (banquier ou PSI v. infra, p. 371).
2. Titres au porteur
En principe, seules les valeurs mobilières émises par les sociétés cotées ou assimi-
lées peuvent revêtir la forme au porteur. Il s’agit notamment des actions, obligations,
valeurs mobilières « composées », bons « autonomes », actions de SICAV, émises
par des sociétés admises au marché réglementé. Toutefois, depuis l’ordonnance du
24 juin 2004, les titres émis par les sociétés non cotées peuvent exceptionnellement
se rapprocher de titres au porteur (v. ci-après).
3. Titres nominatifs
Toutes les valeurs mobilières ne rentrant pas dans l’une des catégories précédem-
ment visées doivent revêtir la forme nominative, avec inscription des titres dans des
comptes ouverts au nom de leur propriétaire par les sociétés émettrices (C. mon.
fin., art. L. 211-4).
Néanmoins, l’ordonnance du 24 juin 2004 a introduit un élément de souplesse pour
les sociétés non cotées, avec l’objectif de favoriser la venue d’émetteurs, notamment
internationaux, sur le marché non réglementé. En effet, par dérogation, les titres peu-
vent être inscrits en compte chez un intermédiaire habilité si cela est prévu dans les
statuts de la personne morale émettrice lorsqu’il s’agit de titres de capital, ou dans
le contrat d’émission, lorsqu’il s’agit d’autres titres (C. com., art. L. 211-4).
Les statuts peuvent toujours imposer la forme nominative des titres émis par la
société. En revanche, ils ne peuvent pas imposer, même dans les sociétés cotées, la
forme au porteur.
Tout propriétaire de titres faisant partie d’une émission qui comprend à la fois des
titres au porteur et des titres nominatifs a, nonobstant toute convention contraire, et
sans obtenir l’autorisation de l’émetteur, la faculté de convertir ses titres dans l’autre
forme (C. com., art. L. 228-1, al. 4).
B. La saisie
V. supra, p. 59.
C. Le placement
Il s’agit de l’ensemble des opérations par lesquelles une société place ses titres dans
le public, notamment par démarchage financier (v. C. mon. et fin., art. L. 341-1 et s.).
§ 1 - Les actions
A. Règles générales relatives aux actions
1. Caractéristiques des actions
a) Valeur des actions : il est possible de distinguer différentes valeurs des actions :
• Valeur nominale (ou « pair ») : quote-part du capital social, lui-même constitué par
la somme de la valeur nominale des actions. Cette valeur, qui correspond donc à la
valeur de l’apport, n’a que peu de signification économique.
• Valeur d’émission : la valeur d’émission des actions, lors d’une augmentation de
capital, peut être supérieure à la valeur nominale, pour tenir compte de la valeur
économique de la société au moment de l’augmentation de capital. Les souscrip-
teurs devront verser, en sus de leur apport (valeur nominale de l’action) une prime
d’émission (v. infra, p. 265).
• Valeur vénale : valeur supposée pour laquelle on estime qu’une action trouverait
acquéreur si on la vendait. Cette valeur correspond souvent à la valeur « mathéma-
tique », ou « comptable » de l’action, c’est-à-dire à la division de l’actif net (actif réel
moins passif, tel que cela ressort du bilan) par le nombre d’actions. Valeur toujours
délicate à fixer.
• Valeur liquidative : quotient de l’actif net réévalué, par le nombre d’actions, déduc-
tion faite des charges liquidatives.
• Valeur boursière : valeur figurant à la cote de l’action, lorsqu’elle est négociée
sur un marché réglementé. Cette valeur tient compte de l’offre et de la demande
dont l’action est l’objet sur le marché. Lorsqu’elle est inférieure à sa valeur « écono-
mique » précitée, la société peut constituer la cible d’une OPA (l’initiateur de l’OPA
peut en effet être amené à « payer » la société moins cher que sa valeur réelle).
Lorsqu’elle est supérieure, cela signifie que les acquéreurs des actions anticipent sur
un avenir prometteur pour la société. Une anticipation irréaliste peut conduire à la
création d’une « bulle » spéculative, dont l’éclatement risque d’entraîner un « krach »
boursier, c’est-à-dire un effondrement brutal des cours.
b) Propriété des actions
• Principe : L’action fait l’objet d’une inscription en compte de leur propriétaire,
compte tenu par la société émettrice ou par un intermédiaire habilité. Il n’y a pas
d’incorporation du droit dans un titre.
180 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
leur action primitive, des actions de jouissance qui ont perdu leur droit au premier
dividende et au remboursement de leur valeur nominale représentative de l’apport.
L’amortissement du capital n’est que très peu pratiqué, notamment pour des raisons
fiscales (v. infra, p. 269) ;
– actions ordinaires et actions de priorité Depuis l’ordonnance du 24 juin 2004, les
actions de priorité sont remplacées par les actions de préférence (v. ci-après) ;
– actions à dividendes prioritaires sans droit de vote (ADPSV) : Depuis l’ordonnance
du 24 juin 2004, les ADPSV sont remplacées par les actions de préférence (v. ci-
après) ;
– actions à droit de vote double : bien que le droit de vote soit en principe pro-
portionnel à la quotité représentée par les actions souscrites, et que chaque action
donne droit à une voix au moins, la loi admet la faculté d’attribuer des actions avec
un droit de vote double, sous certaines conditions strictes (C. com., art. L. 225-123).
§ 2 - Les obligations
A. Vue générale sur les obligations
1. Définition
Les obligations sont des valeurs mobilières représentatives d’un emprunt effectué par
la société émettrice, émises sous forme de titres négociables, et qui, dans une même
émission, confèrent les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale.
Le porteur d’une ou de plusieurs obligations est donc un créancier de la société
(C. mon. fin., art. L. 213-5).
2. Diversité
Les obligations revêtent la forme de titres au porteur ou de titres nominatifs (C. com.,
art. L. 228-1). En revanche, les obligations émises par les sociétés non cotées doivent
être en principe nominatives (C. mon. fin., art. L. 211-4 ; V. cep. supra).
Les obligations, qu’elles soient au porteur ou nominatives, se cèdent de la même
manière, par virement de compte à compte (C. com., art. L. 228-1, al. 9).
Par ailleurs, le Code de commerce a visé pendant longtemps, pour les doter d’un
régime partiellement spécifique, plusieurs types d’obligations très appréciés de
la pratique : les obligations convertibles en actions, les obligations échangeables
contre des actions et les obligations avec bons de souscription d’actions. L’Ordo.
184 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
24 juin 2004 a désormais choisi de traiter ces obligations comme les autres
valeurs mobilières composées, à travers un régime juridique commun (v. infra,
p. 190 et s.).
2. Droits politiques
a) Droit d’information
Le représentant de la masse des obligataires jouit des mêmes droits de communi-
cation que l’actionnaire lui-même (C. com., art. L. 228-55). En revanche, les obliga-
taires ne sont pas admis individuellement à exercer un contrôle sur les opérations
de la société ou à demander communication des documents sociaux (C. com.,
art. L. 228-70).
Les porteurs d’obligations peuvent prendre, personnellement ou par l’intermédiaire
d’un mandataire, connaissance ou copie du texte des résolutions qui seront propo-
sées et des rapports qui seront présentés aux assemblées générales d’obligataires.
Ces documents sont tenus à leur disposition, soit au lieu du siège de la société
débitrice, soit au lieu de la direction administrative, soit en tout autre lieu fixé par
la convocation.
En outre, les obligataires ont le droit de prendre, à toute époque, connaissance ou
copie des procès-verbaux et des feuilles de présence des assemblées générales de
leur masse, au lieu du dépôt choisi par ladite assemblée directement ou par l’inter-
médiaire d’un mandataire (C. com., art. L. 228-69 et R. 228-76).
b) Droit d’accès aux assemblées d’obligataires
Le droit d’assister aux assemblées générales réunissant les obligataires faisant partie
d’une même masse et d’y exercer le droit de vote appartient à tout propriétaire
d’obligations, même amorties et non remboursées par suite de la défaillance de
la société débitrice ou en raison d’un litige sur les conditions de remboursement
(C. com., art. L. 228-61).
186 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
2. Représentant de la masse
a) Statut
La masse d’obligataires est représentée par un ou plusieurs mandataires, trois au
maximum (C. com., art. L. 228-47), qui peuvent être une personne physique, une
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 187
association ou une société. S’il s’agit d’une personne morale, elle désigne une per-
sonne physique habilitée à agir en son nom. Le représentant-mandataire doit avoir
la nationalité française ou être ressortissant d’un État membre de la Communauté
européenne et être domicilié ou avoir son siège sur le territoire français (C. com.,
art. L. 228-48). Le choix des représentants de la masse, libre en principe, comporte
certaines limites (C. com., art. L. 228-49), dont le respect est sanctionné pénalement
(C. com., art. L. 245-12).
Les personnes ayant accepté la fonction de représentant de la masse malgré les
incompatibilités ou interdictions dont elles sont frappées peuvent être pénalement
sanctionnées (C. com., art. L. 245-12 et L. 245-15).
b) Nomination
Les représentants de la masse peuvent être désignés dans le contrat d’émission
(C. com., art. L. 228-47) ou par l’assemblée générale ordinaire des obligataires dans le
délai d’un an à compter de la date d’émission et, au plus tard, un mois avant le premier
amortissement prévu (C. com., art. L. 228-47, L. 228-51, al. 1er et R. 228-60, al. 2).
En cas d’urgence et, plus particulièrement, en ce qui concerne les sociétés qui
offrent leurs obligations au public, les représentants de la masse sont désignés, à la
demande de tout intéressé, par le président du tribunal de grande instance statuant
en référé (C. com., art. L. 228-50 et L. 228-51, al. 2 et R. 228-60, al. 1er).
Tout intéressé a le droit d’obtenir, au siège de la société débitrice, les noms et
adresses des représentants de la masse (C. com., art. R. 228-64).
c) Cessation des fonctions
La loi ne précise pas la durée pour laquelle le représentant de la masse est investi de
son mandat par l’assemblée générale. Il semble que l’assemblée générale soit libre
de prévoir ou non une durée déterminée. En revanche, lorsqu’il est nommé par déci-
sion judiciaire, ses fonctions prennent fin lors de la première réunion de l’assemblée
générale ordinaire des obligataires (C. com., art. R. 228-60).
Le représentant de la masse peut être relevé de ses fonctions par l’assemblée géné-
rale ordinaire des obligataires (C. com., art. L. 228-52) ; il peut renoncer à son man-
dat, en notifiant sa démission à la société débitrice par lettre recommandée avec
demande d’avis de réception (C. com., art. R. 228-62).
d) Rémunération
Le montant de la rémunération est fixé soit par l’assemblée générale des obligataires,
soit, lorsque le représentant de la masse est désigné dans le contrat d’émission, dans
ce contrat lui-même (C. com., art. L. 228-56).
À défaut de ces modalités de fixation, ou en cas de contestation, le président du
tribunal de grande instance, statuant sur requête, à la demande de la société ou du
représentant de la masse intéressée, fixe la rémunération ou en réduit le montant,
selon le cas (C. com., art. L. 228-56 et R. 228-63).
Sans préjudice de l’action en responsabilité contre les mandataires sociaux ou le
représentant de la masse, toute décision accordant à ce dernier une rémunéra-
tion en violation des dispositions de l’art. L. 228-56 C. com. est nulle (C. com.,
art. L. 228-56, al. 3).
e) Pouvoirs du représentant
Les représentants de la masse ont le pouvoir d’accomplir au nom de la masse tous
les actes de gestion pour la défense des intérêts communs des obligataires. Leur
188 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
pouvoir ne peut être limité qu’en vertu d’une décision de l’assemblée générale des
obligataires. Mais ils ne peuvent s’immiscer dans la gestion des affaires sociales
(C. com., art. L. 228-53 et L. 228-55).
Afin de faciliter l’exercice de leur mission, la loi leur permet d’assister aux assem-
blées générales des actionnaires, sans voix délibérative. En outre, ils jouissent du
même droit d’information que les actionnaires, en ce sens qu’ils peuvent obtenir
communication des documents mis à la disposition de ceux-là, dans les mêmes
conditions (C. com., art. L. 228-55).
En plus des pouvoirs généraux, qui leur sont propres et dont ils disposent en per-
manence, les représentants de la masse peuvent aussi être autorisés par l’assemblée
générale des obligataires à engager, au nom des obligataires, les actions en nullité
de la société ou des actes et délibérations postérieurs à sa constitution. De même,
ils engagent, sur autorisation, toutes actions ayant pour objet la défense des intérêts
communs des obligataires et provoquent une décision judiciaire ayant pour objet de
fixer les modalités de la liquidation de la société (C. com., art. L. 228-54, al. 1er et
L. 237-14, al. 2, 3o).
À l’inverse les actions en justice dirigées contre l’ensemble des obligataires d’une
même masse sont intentées contre le représentant de celle-là, à peine d’irrecevabi-
lité déclarée d’office (C. com., art. L. 228-54, al. 2 et 3).
Par ailleurs, les représentants de la masse interviennent, mandatés à cet effet par
l’assemblée générale des obligataires, pour former opposition au projet adopté par
la société émettrice d’obligations de réduire son capital social, sans que cette mesure
soit motivée par des pertes (C. com., art. L. 225-205, al. 1er). En cas de projet de
fusion, l’assemblée des obligataires peut donner mandat aux représentants de la
masse de former opposition à la fusion envisagée, ceci tant dans la société absor-
bante (C. com., art. L. 236-15) que dans la société absorbée (C. com., art. L. 228-73).
Cette opposition produit les effets prévus à l’art. L. 236-14 C. com. (v. infra, p. 324).
b) Quorum et majorité
Les règles de quorum sont celles applicables aux assemblées générales ordinaires
d’actionnaires (C. com., art. L. 228-65, II renvoyant à L. 225-98, al. 2.). Sur première
convocation, un quorum est donc exigé : il faut, en effet, que les obligataires pré-
sents ou représentés possèdent au moins un cinquième des obligations ayant le droit
de vote. En revanche, sur deuxième convocation, aucun quorum n’est requis.
La majorité requise est celle des deux tiers des voix dont disposent les porteurs pré-
sents ou représentés (C. com., art. L. 228-65, II).
c) Tenue de l’assemblée
A chaque assemblée est tenue une feuille de présence et les décisions prises sont
constatées par procès-verbal, signé par les membres du bureau et conservé au siège
social dans un registre spécial (C. com., art. L. 228-60-1 ; sur la sanction pénale de
cette obligation, v. C. com., art. L. 245-13).
L’assemblée ne peut délibérer que sur les questions inscrites à l’ordre du jour.
Celui-ci est arrêté par l’auteur de la convocation. Néanmoins, lorsque l’assemblée
est convoquée par un mandataire désigné en justice, l’ordre du jour est fixé par le
président du tribunal de grande instance (C. com., art. R. 228-65).
En outre, les obligataires minoritaires réunissant au moins le trentième des titres
d’une masse ont la faculté de requérir de l’auteur de la convocation l’inscription à
l’ordre du jour de projets de résolution. Inscrits à l’ordre du jour, ces projets sont
soumis par le président de séance au vote de l’assemblée (C. com., art. L. 228-60).
d) Pouvoirs des assemblées générales d’obligataires
L’assemblée générale délibère sur toutes mesures ayant pour objet d’assurer la
défense des obligataires et l’exécution du contrat d’emprunt ainsi que sur toute pro-
position tendant à la modification de ce contrat (C. com., art. L. 228-65).
Son pouvoir de décision s’étend d’abord à tout ce qui a trait aux représentants de
la masse : leur nomination et leur révocation, la durée de leur fonction, leur sup-
pléance, la fixation de leurs pouvoirs et de leur rémunération (C. com., art. L. 228-52
à L. 228-56).
L’autorisation de l’assemblée générale est, de plus, nécessaire afin que les repré-
sentants de la masse puissent valablement intenter des actions en nullité de la
société ou des actes et délibérations postérieurs à sa constitution, ou bien agir
judiciairement en vue de défendre les intérêts communs des obligataires (C. com.,
art. L. 228-54).
L’assemblée générale ne peut accroître les charges des obligataires ou obtenir
un traitement inégal entre les obligataires d’une même masse. Elle ne peut non
plus décider la conversion des obligations ordinaires en actions (C. com., art.
L. 228-68).
e) Cas particulier de la modification du contrat d’émission
Aux termes de l’art. L. 228-65 C. com., l’assemblée générale délibère sur toute pro-
position tendant à la modification du contrat d’émission, et not. :
– relative à la modification de l’objet ou de la forme de la société ;
– de compromis ou de transaction sur les droits litigieux ou ayant fait l’objet de
décisions judiciaires ;
– de fusion ou de scission de la société dans les cas prévus aux art. L. 236-13 et
L. 236-18C. com., art. L. 236-13 et L. 236-18 ;
190 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
1. Principe de liberté
À la différence du texte antérieur, qui évoquait en détail le processus juridique d’éla-
boration des valeurs composées, l’art. L. 228-91, al. 1er C. com. indique que « les
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 191
sociétés par actions peuvent émettre des valeurs mobilières donnant accès au capital
ou donnant droit à l’attribution de titres de créance ».
De cette formule très large, découle un principe de liberté dans la création de ces
valeurs, qui s’exprime ainsi :
– une société par actions peut émettre des valeurs mobilières donnant droit à l’attri-
bution de titres de capital de la société qui possède directement ou indirectement
plus de la moitié de son capital ou de la société dont elle possède directement ou
indirectement plus de la moitié de son capital ;
– le contrat d’émission peut prévoir que les valeurs mobilières et les titres de capital
ou de créance auxquels ces valeurs donnent droit ne peuvent être cédés et négociés
qu’ensemble ;
– les valeurs mobilières donnant droit à l’attribution de titres de capital ou de titres
de créance peuvent être constituées par des actions de préférence ;
– les valeurs mobilières peuvent donner droit à l’attribution d’actions de préfé-
rence.
4. Décision d’émission
Aux termes de l’art. L. 228-92 du C. com., la décision d’émission de valeurs mobi-
lières donnant accès au capital ou donnant droit à l’attribution de titres de créance
est prise par l’AGE des actionnaires (art. L. 225-129 à L. 225-129-6) ou déléguée par
elle au conseil d’administration ou au directoire.
B. Titres en activité
1. Les titres participatifs
Les titres participatifs ont été instaurés par la loi du 3 janv. 1983. Leur régime est
actuellement fixé par les art. L. 228-36, L. 228-37 et R. 228-49 à D. 228-56 C. com.
Ils ont été conçus pour permettre aux entreprises publiques, mais aussi au secteur
coopératif, de compléter la gamme de leurs financements. Peuvent ainsi émettre des
titres participatifs :
– les sociétés par actions appartenant au secteur public, les sociétés anonymes ou à
responsabilité limitée et les coopératives (C. com., art. L. 228-36, al. 1er) ;
– les établissements publics de l’État à caractère industriel et commercial ;
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 193
– les banques mutualistes ou coopératives, quelle que soit leur forme sociale
(C. mon. fin., art. L. 213-32 et L. 213-35) ;
– les coopératives agricoles et leurs unions (C. rur., art. L. 523-8).
Une notice doit être publiée comme pour une émission d’obligations (C. com.,
art. R. 228-51).
Ces titres ne sont remboursables qu’en cas de liquidation de la société ou, à son
initiative, à l’expiration d’un délai qui ne peut être inférieur à sept ans et dans les
conditions prévues au contrat d’émission (C. com., art. L. 228-36, al. 1er).
La rémunération comporte une partie fixe et une partie variable calculée par réfé-
rence à des éléments relatifs à l’activité ou aux résultats de la société et assise sur le
nominal du titre (C. com., art. L. 228-36, al. 2).
Les titres participatifs sont négociables (C. com., art. L. 228-36, al. 3). Ce sont donc
des valeurs mobilières susceptibles d’être cotées en bourse, si la société émettrice le
demande. Ils sont soumis à la dématérialisation des valeurs mobilières.
L’émission et le remboursement de titres participatifs doivent être autorisés, aux
termes de l’art. L. 228-37, al. 1er, C. com., « dans les conditions prévues par le cin-
quième al. de l’art. L. 225-100 et les art. L. 228-40 à L. 228-44 ».
Les porteurs de titres participatifs sont, comme les obligataires, regroupés en une
masse jouissant de la personnalité civile. Les dispositions du Code de commerce
relatives à la masse des obligataires sont applicables (C. com., art. L. 228-37, al. 2
et R. 228-53).
Les porteurs de titres participatifs peuvent obtenir communication des documents
sociaux dans les mêmes conditions que les actionnaires (C. com., art. L. 228-37, al.
5 et R. 228-55). Ils peuvent également bénéficier d’un droit de communication préa-
lable sur les documents qui leur seront soumis en assemblée (C. com., art. L. 228-37).
Rentrent notamment dans cette catégorie les billets de trésorerie, les certificats de
dépôt, les bons des sociétés financières et les bons du Trésor. L’art. L. 213-3 du
Code monétaire et financier indique les personnes habilitées à émettre ces titres
(not. établissements de crédit ; entreprises d’investissement ; Caisse des dépôts et
consignations, mais aussi sociétés remplissant les conditions pour procéder à une
offre au public de titres financiers).
L’art. L. 213-4 du Code monétaire et financier précise qu’un dossier de présentation
financière de l’émetteur doit être réalisé et soumis à la Banque de France, qui peut
suspendre l’émission, ainsi qu’à l’AMF qui y appose son visa.
Les European Depositary Receipts (EDR) ont été introduits sur le modèle juridique
des ADR, afin d’attirer les entreprises extérieures à la zone euro sur les marchés
européens de capitaux. Ils sont cotés en euros et librement négociables sur un mar-
ché réglementé de la zone euro. Ils permettent ainsi de traiter en France des valeurs
de pays d’Asie, d’Amérique latine ou encore d’Europe centrale, selon les mêmes
normes que les valeurs françaises.
>
Titre 2
B. Réformes ponctuelles
Accroissement de l’encadrement juridique des SA : pour l’heure, le législateur
semble préférer l’adoption de réformes ponctuelles. Loin de libérer la SA de ses
contraintes normatives (la libéralisation et la contractualisation sont surtout l’apanage
des SAS), il multiplie les dispositions législatives et réglementaires. Ces dispositions
visent essentiellement les grandes sociétés, généralement cotées. Elles tendent essen-
tiellement à (v. égal. supra, p. 19 et s. et p. 173) :
– assurer une plus grande transparence et une meilleure répartition des pouvoirs au
sein des sociétés anonymes : not. loi du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations
économiques (dite NRE) ;
– améliorer la protection des épargnants et du fonctionnement des marchés finan-
ciers : not. loi du 1er août 2003 sur la sécurité financière, qui fusionne la Commission
des opérations de bourse (COB) avec le Conseil des marchés financiers (CMF), en
créant l’Autorité des marchés financiers (AMF), et améliore encore la transparence
et modernise le contrôle légal des comptes.
l’activité d’un seul véritable associé, avec de faibles moyens financiers et peu ou pas de
salariés. D’autres structurent des entreprises gigantesques, dont les salariés se comptent
par milliers, les actionnaires par millions et le total bilan en milliards d’euros.
• Unité du régime juridique : ce sont les mêmes dispositions juridiques qui, en principe,
régissent et organisent toutes ces SA. Il en résulte un certain nombre d’inconvénients
pour les petites entreprises, notamment un formalisme contraignant, et un fonctionne-
ment relativement rigide et coûteux.
Portée : il est permis de penser que la SAS – moderne et à bien des égards séduisante –
supplantera progressivement la SA comme structure juridique des PME, laissant la
société anonyme aux grandes ou très grandes entreprises.
2. Principe majoritaire
Il est le corollaire du principe démocratique. La loi de la majorité, à laquelle est
soumise l’assemblée générale des actionnaires (comme d’ailleurs les autres organes
délibérants, conseil d’administration ou conseil de surveillance par ex.), signifie que
la volonté exprimée par le plus grand nombre au sein d’un groupe devient la loi de
l’ensemble des membres de ce groupe.
c) La règle retenue pour le calcul de la majorité (nombre de voix dont disposent les
associés présents ou représentés) est source d’altération du système lui-même. Cela
permet à des personnes mathématiquement minoritaires de devenir politiquement
majoritaires. L’absentéisme des actionnaires lors des assemblées générales ne fait
que renforcer ce phénomène.
accrues : le directoire, qui possède tous les pouvoirs pour agir au nom de la société,
et le conseil de surveillance, dont le rôle consiste à contrôler l’action du directoire.
c) Après la loi de 1966 : s’agissant des sociétés à structure moniste, les défauts du
système se sont maintenus malgré les quelques améliorations apportées par la loi
de 1966 au fonctionnement des organes d’administration. Ce système rend possible
une concentration de l’ensemble des pouvoirs en la personne du président direc-
teur général. Cela d’autant plus que nombre de conseils d’administration n’exercent
qu’un rôle effacé, alors même que la loi leur donne mission d’administrer la société.
Face à cette prépondérance du pouvoir « managérial », l’affaiblissement du rôle des
actionnaires s’est poursuivi, d’autant que dans de nombreuses sociétés, notamment
celles qui offrent leurs titres financiers au public, le capital est éparpillé et aucune
majorité politique ne parvient à se constituer.
> L’essentiel
Indépendamment de l’application des règles de constitution de droit commun,
applicables à toutes les sociétés commerciales, il convient de noter, au titre des
règles particulières, que la loi a prévu deux modes de constitution différents
selon que la société anonyme offre ou non ses titres financiers au public. Si la loi
présente formellement la première opération comme un mode de droit commun
(C. com., art. L. 225-2 à L. 225-11), auquel la constitution sans offre de titres au
public ferait exception, par retranchement de certaines obligations, la réalité est
tout autre. La constitution avec offre de titres au public est très rare et l’exception
est en pratique la règle.
§ 1 - Consentement
Comme pour toute autre forme de société, le consentement doit correspondre à
une volonté réelle d’entrer en société et doit être exempt de vices (v. supra, p. 27).
Toutefois, les vices du consentement ne peuvent pas entraîner la nullité de la société
(v. supra, p. 37).
§ 2 - Capacité
Il n’est pas nécessaire d’avoir la qualité de commerçant pour être actionnaire et la
qualité d’actionnaire d’une société commerciale ne confère pas celle de commer-
çant. Le majeur protégé, comme le mineur, peuvent devenir actionnaires. D’une
manière générale, il n’y a aucune incompatibilité ou interdiction limitant l’accès
à des sociétés anonymes : toute personne capable qui le désire peut en devenir
actionnaire. Les personnes morales peuvent également être associées d’une SA
(sous réserve éventuellement de la réglementation des participations croisées entre
sociétés).
§ 3 - Objet
La SA est commerciale par sa forme quel que soit son objet, civil ou commercial
(C. com., art. L. 210-1, al. 2). Cet objet doit être possible et licite (v. supra, p. 29) et
figurer dans les statuts (C. com., art. L. 210-2). Certaines activités sont interdites aux
SA ; d’autres doivent au contraire nécessairement revêtir la forme de SA ; certaines
activités réglementées supposent enfin que la SA ou ses associés répondent à cer-
taines exigences.
204 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 4 - Nombre d’associés
Aucun maximum n’est imposé. En revanche, une SA ne peut être valablement
constituée que si elle comprend au moins sept associés (C. com., art. L. 225-1. Sur
les risques de dissolution, en cas de violation de cette exigence, v. infra, p. 275).
Cette exigence d’un minimum d’actionnaires est contestable, notamment dans les
petites entreprises ou les filiales au sein d’un groupe ; elle favorise la pratique des
prête-noms.
§ 5 - Apports
Les apports peuvent être effectués soit en numéraire, soit en nature. Les apports en
industrie ne peuvent être représentés par des actions et ne peuvent donc pas don-
ner la qualité d’associé d’une SA (C. com., art. L. 225-3, al. 4). Sur la libération des
apports, v. infra.
§ 6 - Capital social
A. Montant minimal
Le capital social minimal est fixé (C. com., art. L. 224-2, al. 1) :
– à 225 000 € pour les sociétés qui offrent leurs titres financiers au public ;
– à 37 000 € pour les sociétés qui n’offrent pas leurs titres financiers au public.
Il s’agit des seuils de droit commun. Certaines sociétés spéciales peuvent avoir un
capital inférieur (sociétés de rédacteurs de presse) ; d’autres doivent avoir un capital
supérieur (sociétés immobilières d’investissement).
B. Variabilité
Les clauses de variabilité du capital social sont interdites (sauf coopératives et Sicav).
Le capital ne peut donc changer qu’à la suite d’une modification des statuts.
C. Réduction
V. infra, p. 269 et s.
D. Mention du capital
L’indication du montant du capital social doit figurer dans les statuts de la société
(C. com., art. L. 210-2) ainsi que sur tous les documents sociaux destinés aux tiers
(C. com., art. L. 224-1 ; les sanctions pénales ont été abrogées par L. 1er août 2003,
v. anc. art. L. 246-1).
c) Sanctions : les fondateurs ou les dirigeants sociaux qui auraient émis des actions
de numéraire sans que celles-ci n’aient été libérées selon les conditions légales s’ex-
poseraient à une amende de 9 000 € et/ou un emprisonnement d’un an (C. com.,
art. L. 242-1, al. 2 et L. 242-3-2°).
d) Dépôt et indisponibilité des fonds versés : les fonds, qui doivent être déposés
chez un notaire, dans une banque ou à la Caisse des dépôts et consignations, sont
indisponibles jusqu’à l’immatriculation de la société au RCS (C. com., art. L. 225-11,
al. 1).
com., art. L. 210-2, L. 225-14 et L. 225-16) : nombre d’actions émises et valeur nomi-
nale, identité des fondateurs, clause d’agrément, identité des apporteurs en nature
et des bénéficiaires d’avantages particuliers, nature des avantages particuliers et éva-
luation des apports en nature, identité des premiers administrateurs ou membres du
conseil de surveillance et des premiers commissaires aux comptes…
2. Sanctions
En cas d’omission de ces mentions obligatoires, tout intéressé peut agir en régulari-
sation et en responsabilité (v. supra, p. 35).
2. Conséquences
L’immatriculation confère à la société la personnalité morale (C. com., art. L. 210-6).
Les fondateurs sont libérés des obligations souscrites pour le compte de la société
en formation (v. supra, p. 39). Les fonds correspondant aux apports en numé-
raire peuvent être débloqués et utilisés pour les besoins de la société (C. com.,
art. L. 225-11, al. 1).
2. Dépôt au greffe
Un exemplaire du projet de statuts, établi sur papier libre et signé par le ou les fon-
dateurs (ou une expédition si l’acte est authentique), doit être déposé au greffe du
210 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
tribunal de commerce du lieu du futur siège social (art. L. 225-2, al. 1). Cet exem-
plaire doit être communiqué à tout requérant, qui peut en prendre connaissance ou
obtenir, à ses frais, la délivrance d’une copie (art. R. 225-2).
Une fois déposé au greffe, le projet ne peut plus être modifié : il ne pourra l’être
ultérieurement que par l’accord unanime des souscripteurs réunis en assemblée
constitutive.
3. Publicités
Avant le début des opérations de souscription, et préalablement à toute mesure de
publicité, les fondateurs doivent publier au Balo une notice contenant les mentions
énoncées à l’art. R. 225-3, al. 2 (art. L. 225-2, al. 2).
Cette notice doit être signée par les fondateurs, qui indiquent soit leur nom, prénom
usuel, domicile et nationalité, soit leur dénomination, forme, siège social et le mon-
tant de leur capital social (art. R. 225-3, dernier al.).
4. Prospectus et documents
Les fondateurs doivent établir et publier un prospectus à l’intention du public (v.
supra) (C. mon. fin., art. L. 412-1, I), dans lequel sont exposés sommairement les pro-
jets des fondateurs quant à l’emploi des fonds provenant de la libération des actions
souscrites (art. R. 225-4, al. 1). Ce prospectus est soumis au visa préalable de l’AMF.
5. Sanctions pénales
De nombreuses sanctions pénales sont attachées à l’inobservation des règles
indiquées ci-dessus à propos des formalités de publicité relatives à la souscription
des actions. Ces sanctions touchent d’abord, le président, les administrateurs, les
directeurs généraux (ou les membres du directoire), qui s’exposent à une amende
de 1 500 € (art. R. 247-2). En outre, l’émission d’actions sans que le document d’in-
formation prévu par le Code monétaire et financier n’ait été établi et visé par l’AMF
expose les fondateurs à une sanction pécuniaire, prononcée par l’AMF, dans la limite
de dix millions d’€ (C. mon. fin., art. L. 621-15, III).
6. Formation du capital
a) Souscription des actions de numéraire : aucune souscription ne peut être reçue
tant que les statuts n’ont pas été déposés au greffe et la notice publiée au Balo (art.
L. 225-2, al. 3). Les souscriptions doivent être réelles, sincères et inconditionnelles.
Elles sont constatées par des bulletins de souscription (art. L. 225-4), écrits qui mani-
festent la volonté des souscripteurs d’adhérer à la société et leur engagement de
libérer les actions souscrites. À l’appui de sa souscription, le souscripteur doit verser
la fraction du montant nominal des actions à libérer immédiatement (au minimum la
moitié de la valeur nominale des actions souscrites) (art. L. 225-3, al. 2).
b) Apports en nature ou stipulation d’avantages particuliers : les fondateurs doivent
demander au président du tribunal de commerce, statuant sur requête, la désigna-
tion d’un ou plusieurs commissaires aux apports (art. L. 225-8, al. 1 et R. 225-7,
al. 2), qui établissent, sous leur responsabilité, un rapport sur ces points. Ce rapport
est tenu à la disposition des souscripteurs, qui peuvent en prendre connaissance ou
copie, huit jours au moins avant la date de l’assemblée constitutive, au futur siège
social et au greffe du tribunal de commerce (art. L. 225-8, al. 2 et R. 225-9).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 211
8. Assemblée constitutive
a) Convocation de l’assemblée : l’assemblée constitutive doit être convoquée par les
fondateurs (art. L. 225-7, al. 1), huit jours au moins à l’avance, par voie d’insertion
d’un avis de convocation publié dans un journal d’annonces légales du département
du siège social et au Balo (art. R. 225-10).
b) Tenue de l’assemblée constitutive : l’art. L. 225-9, al. 1 renvoie aux dispositions
prévues par les art. L. 225-106, L. 225-110 et L. 225-113 pour la tenue des assem-
blées ordinaires ou extraordinaires. C’est à l’issue de l’assemblée constitutive que la
société est définitivement constituée (art. R. 225-12, al. 1 a contrario). Toutefois elle
n’acquiert la jouissance de la personnalité morale qu’après son immatriculation au
registre du commerce et des sociétés.
> L’essentiel
L’on peut envisager les actionnaires de deux manières, selon qu’ils sont examinés
sous leur angle individuel (avec leurs droits et leurs obligations), ou sous leur
angle collectif (les assemblées générales, dans toute leur diversité et la complexité
de leur organisation).
§ 1 - L’actionnaire
Définition : l’actionnaire est l’associé qui, dans une société par actions comme la
société anonyme, est propriétaire d’une ou plusieurs actions. Cette qualité lui pro-
cure un certain nombre de droits et de devoirs dans la société.
1. Droits politiques
a) Droit à l’information
• Information permanente : l’actionnaire dispose en permanence d’une prérogative
d’information décrite par l’art. L. 225-117, C. com. Tout actionnaire peut, à toute
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 213
époque, consulter au siège social : les comptes annuels, les rapports de gestion
et, le cas échéant, les comptes consolidés des trois derniers exercices ; la liste des
administrateurs ou des membres du directoire et du conseil de surveillance ; les
procès-verbaux et feuilles de présence des assemblées tenues pour les trois derniers
exercices. L’associé qui n’aurait pu exercer son droit d’information permanente peut
solliciter en référé une mesure d’injonction judiciaire sous astreinte ou la nomination
d’un mandataire chargé de procéder à la communication (C. com., art. L. 238-1),
ainsi que des dommages et intérêts. Pour les sociétés cotées, les droits à l’informa-
tion permanente sont encore plus larges et complets.
• Information occasionnelle : il s’agit de l’information préalable à la tenue d’une assem-
blée (v. infra, p. 221 et s.). En font partie, en particulier, les questions écrites : à compter
de sa convocation à une assemblée générale, tout actionnaire, quel que soit le nombre
de titres qu’il détient, a la faculté de poser par écrit des questions, auxquelles le conseil
d’administration (ou le directoire) sera tenu de répondre lors de l’assemblée (C. com.,
art. L. 225-35). Par ailleurs, tout actionnaire représentant au moins 5 % du capital social
peut, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au président du conseil
d’administration ou au directoire, sur tout fait de nature à compromettre la continuité
de l’exploitation (C. com., art. L. 225-232). Enfin, la désignation d’un expert de gestion
suppose qu’une question écrite ait préalablement été posée au président ou au direc-
toire, sans avoir reçu de réponse satisfaisante dans le délai d’un mois (v. infra, p. 95).
b) Droit de vote
Principes : il résulte des art. 1844 C. civ., et L. 225-122 C. com. que le droit de vote
de l’actionnaire est soumis aux principes d’ordre public suivants :
• Proportionnalité du droit de vote : à la quotité de capital représentée, chaque
action donne droit à une voix au moins (C. com., art. L. 225-122).
• Intangibilité du droit de vote : on ne peut, en principe, en priver l’actionnaire.
• Liberté d’exercice du droit de vote : l’actionnaire a le droit de voter dans le sens
qu’il souhaite, voire de ne pas voter.
• Nullité des délibérations : prises en violation des dispositions régissant les droits de
vote attachés aux actions (C. com., art. L. 235-2-1, créé par L. 1er août 2003, sécurité
financière).
Limites : dans certains cas prévus par la loi, il peut être dérogé au principe :
• De proportionnalité du droit de vote : les statuts peuvent limiter le nombre de
voix dont dispose chaque actionnaire (C. com., art. L. 225-125 ; v. infra, p. 233).
La loi permet par ailleurs l’émission d’actions à droit de vote double (C. com., art.
L. 225-123 ; v. infra, p. 233).
• D’intangibilité du droit de vote : il est permis par la loi, sous certaines conditions,
de suspendre le droit de vote de l’actionnaire (v. par ex. C. com., art. L. 225-10,
L. 225-147, L. 228-29 et L. 233-14 ; v. infra, p. 232). La loi permet la création d’ac-
tions de préférence, dénuées de droit de vote (v. supra, p. 181 et s.). Enfin, il est
possible, à certaines conditions, de renoncer conventionnellement au droit de vote
(sur les conventions de vote, v. supra, p. 90 et s.).
• De liberté d’exercice du droit de vote : la liberté de vote n’est pas absolue. Elle
doit s’exercer dans certaines limites, tenant notamment à la prohibition de l’abus des
214 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
2. Droits financiers
a) Droit aux dividendes
• Principe : les actionnaires ont le droit d’obtenir une part des bénéfices (v. égal. les
règles de droit commun, supra, p. 52).
• Décision collective : après approbation des comptes annuels et constatation de
sommes distribuables (donc après dotation des réserves légales et statutaires), l’as-
semblée générale détermine la part attribuée aux associés sous forme de dividendes
(C. com., art. L. 232-12, al. 1er).
• Acomptes sur dividendes : il est également possible de distribuer, avant l’approba-
tion des comptes de l’exercice, des acomptes sur dividendes (al. 2).
• Dividende fictif : tout dividende distribué en violation de ces règles est un divi-
dende fictif (al. 3), ce qui peut entraîner la responsabilité civile et pénale (C. com.,
art. L. 242-6) des dirigeants à l’origine de cette distribution.
• Mode de paiement : le paiement de ces dividendes peut être effectué en argent
ou en actions (C. com., art. L. 232-18), dans un délai de neuf mois après la clôture
de l’exercice, sauf prolongation judiciaire.
• Dividende majoré : depuis la loi du 12 juill. 1994, une majoration de dividende
peut, à certaines conditions, être attribuée par les statuts à certains actionnaires
(C. com., art. L. 228-14).
• Actions de préférence : la loi autorise l’émission d’actions de préférence, aux-
quelles sont attachés des droits financiers particuliers (dividende majoré, prioritaire,
préciputaire, etc. ; v. supra, p. 181 et s.).
b) Droit aux réserves : il se traduit notamment par le droit préférentiel de sous-
cription dont disposent les actionnaires lors d’une augmentation de capital, ou
encore par la prime d’émission qui augmente le prix des actions nouvelles (C. com.,
art. L. 225-132 ; v. infra, p. 265 et s.).
c) Droit au remboursement de l’apport et au boni de liquidation : à la dissolution
de la société, après que le passif ait été réglé et l’actif réalisé, chaque actionnaire
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 215
reçoit une part égale au nominal de l’action. Le boni de liquidation est ensuite réparti
entre les actionnaires, dans les mêmes proportions que leur participation au capital
social, sauf clause contraire des statuts (C. com., art. L. 237-29).
3. Droits patrimoniaux
a) Droit de céder les actions : les règles de droit commun relatives à la mobilisation
des droits sociaux s’appliquent aux actions (v. supra, p. 53 et s.). Pour le reste, il y
a peu à dire sur le principe de libre cessibilité des actions, mais davantage sur les
exceptions à ce principe.
• Limitation légale : la loi peut déclarer inaliénable certaines actions (par ex. actions
attribuées aux salariés au titre de la participation aux résultats de l’entreprise, Ord.
21 oct. 1986 ; actions souscrites ou achetées par le personnel dans le cadre de l’ac-
tionnariat des salariés, C. com., art. L. 225-194).
• Limitation statutaire (clause d’agrément) :
Principe : il est possible d’introduire dans les statuts d’une SA non cotée une clause
soumettant la cession des actions (et depuis l’Ord. 24 juin 2004, les valeurs mobi-
lières composées donnant accès au capital) à l’agrément d’un organe habilité par les
statuts (le plus souvent le conseil d’administration ou de surveillance).
Conditions : les actions doivent revêtir impérativement la forme nominative.
L’agrément peut, depuis l’ordonnance du 24 juin 2004, porter aussi bien sur la
cession à un tiers qu’à une personne déjà actionnaire. Elle ne joue pas pour les
transmissions aux conjoints, ascendants ou descendants, ni pour les cessions entre
actionnaires (C. com., art. L. 228-23).
Procédure : pour l’essentiel, procédure identique à celle retenue pour les autres
formes de société (v. supra, p. 55). Le cédant peut renoncer à la cession à tout
moment, y compris après dépôt du rapport d’expertise (C. com., art. L. 228-24).
Sanction : la violation d’une clause d’agrément est sanctionnée par la nullité de la
cession (art. précit.).
Comparaison : Les statuts de certaines SA comportent parfois une clause de pré-
emption selon laquelle tout actionnaire désirant céder ses actions doit, par priorité,
proposer aux autres actionnaires ou à certains d’entre eux la cession de ces titres.
L’on s’accorde à considérer que cette clause est valable dès lors qu’elle ne constitue
pas une fraude aux limitations légales du jeu des clauses d’agrément et qu’elle ne
porte pas une atteinte intolérable au droit des actionnaires de céder leurs actions.
Très souvent, cette clause figure dans un pacte extrastatutaire.
• Limitation extrastatutaire : différentes clauses, susceptibles d’être stipulées dans
de telles conventions, peuvent venir limiter le droit d’un actionnaire de céder ses
actions (clause d’inaliénabilité, soumise aux conditions posées par l’art. 900 C. civ. ;
clause de préférence ou de préemption…). Sur les conventions extrastatutaires,
v. supra, p. 90.
b) Droit de nantir et de saisir les actions : v. supra, p. 59.
216 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
2. L’assemblée ordinaire
Réunit au moins une fois chaque année les actionnaires en vue de l’approbation des
comptes (C. com., art. L. 225-100), mais peut être réunie chaque fois qu’il apparaît
nécessaire (C. com., art. L. 225-98).
3. L’assemblée extraordinaire
Habilitée à modifier les statuts dans toutes leurs dispositions (C. com., art. L. 225-96).
4. L’assemblée spéciale
Réunit les titulaires d’actions ou d’autres valeurs mobilières d’une catégorie détermi-
née (C. com., art. L. 225-99).
5. L’assemblée mixte
Parfois réunie lorsque certaines décisions à prendre concomitamment relèvent, les
unes des conditions de quorum et de majorité des assemblées extraordinaires, les
autres de celles des assemblées ordinaires. Il ne s’agit cependant pas véritablement
d’une catégorie spéciale d’assemblée.
2. Compétence exceptionnelle
Exceptionnellement, l’assemblée générale peut être convoquée :
a) Par les commissaires aux comptes (C. com., art. L. 225-103, al. 2) : en cas de
carence de l’organe principalement habilité. Le commissaire aux comptes doit justifier
sa décision en exposant les motifs de la convocation – généralement l’intérêt social –
dans un rapport lu à l’assemblée (C. com., art. R. 225-162). Les frais entraînés par la
réunion de l’assemblée sont à la charge de la société (C. com., art. R. 225-162, al. 4).
b) Par un mandataire, désigné en justice
• À la demande de tout intéressé en cas d’urgence.
• À la demande d’un ou plusieurs actionnaires réunissant au moins 5 % du capital
social ou des actions de la catégorie intéressée, s’il s’agit d’une assemblée spéciale
(C. com., art. L. 225-103, al. 2, 2° et R. 225-65), ou d’une association d’actionnaires
(C. com., art. L. 225-103, al. 2) constituée conformément aux exigences légales
(C. com., art. L. 225-120). La demande doit être motivée par l’intérêt social et le
défaut de convocation par les organes normalement compétents.
• À la demande du comité d’entreprise en cas d’urgence (C. trav., art. L. 2323-67).
c) Par le liquidateur : pendant la période de liquidation de la société, les assemblées
sont convoquées par le liquidateur (C. com., art. L. 225-103, al. 2, 3).
d) Par un administrateur provisoire : lorsque la société se trouve dotée d’un
administrateur provisoire (v. supra, p. 95), celui-ci, remplaçant temporairement les
organes normaux de gestion, peut convoquer toutes les assemblées utiles à la ges-
tion courante de la société, c’est-à-dire les assemblées ordinaires. Il ne peut réunir
une AGE qu’après autorisation spéciale du tribunal.
e) Par les actionnaires majoritaires : en capital ou en droits de vote après une
offre publique d’achat ou d’échange ou après une cession d’un bloc de contrôle.
Cela, à défaut de convocation de l’assemblée par les organes compétents (C. com.,
art. L. 225-103, al. 2, 4). La disposition permet à la nouvelle majorité d’accélérer le
renouvellement des organes sociaux.
218 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
B. Formalités de convocation
1. Formalités préliminaires
a) Avis de réunion
Principe : quel que soit l’auteur de la convocation, le projet de réunion d’une
assemblée doit être porté à la connaissance des actionnaires au moyen d’un avis de
réunion de façon à leur permettre de déposer et requérir l’inscription de projets de
résolutions à l’ordre du jour de l’assemblée.
Exceptions :
• Les sociétés qui n’offrent pas leurs titres financiers au public ne sont pas tenues
d’adresser spontanément à leurs actionnaires un avis de réunion. Ce n’est que si l’un
d’eux lui en fait la demande qu’elle doit envoyer cet avis trente-cinq jours au moins
avant la date de l’assemblée (C. com., art. R. 225-72).
• Les Sociétés offrant leurs titres financiers au public et les sociétés non cotées dont
le capital est composé, en tout ou partie, de titres au porteur sont tenues, 35 jours
au moins avant la réunion de l’assemblée, de publier au Balo un avis contenant cer-
taines indications précises (C. com., art. R. 225-73).
b) Inscription de points ou de projets de résolution par les actionnaires
Principe : tout actionnaire représentant au moins 5 % du capital a la faculté de
requérir l’inscription à l’ordre du jour de points ou de projets de résolution (C. com.,
art. L. 225-105, al. 2 et R. 225-71). Sa demande doit être motivée.
Réduction : lorsque le capital de la société est supérieur à 750 000 €, le montant du
capital à représenter pour pouvoir requérir l’inscription à l’ordre du jour de projets
de résolution, est réduit à (C. com., art. R. 225-71) :
– 4 % pour les premiers 750 000 € ;
– 2,50 % pour la tranche de capital comprise entre 750 000 et 7 500 000 € ;
– 1 % pour la tranche de capital comprise entre 7 500 000 et 15 000 000 € ;
– 0,50 % pour le surplus du capital.
• Regroupement des actionnaires : possible, pour atteindre ces pourcentages. Dans
les sociétés cotées, l’inscription peut aussi être demandée par une association régu-
lière (C. com., art. L. 225-120).
• Modalités de la demande d’inscription : la demande, accompagnée du texte des
projets de résolution (et des renseignements prévus par C. com., art. R. 225-83 en
cas de présentation d’un candidat au conseil d’administration ou de surveillance), est
adressée au siège social par lettre recommandée avec demande d’avis de réception,
dans des délais précis (v. C. com., art. R. 225-71 et s.) ;
• Réception des projets : par le président du CA ou du directoire, qui en accuse
réception par lettre recommandée, dans le délai de cinq jours à compter de cette
réception (C. com., art. R. 225-74).
• Information des actionnaires : obligation est faite aux dirigeants sociaux de porter à
la connaissance de tous les actionnaires ces points ou projets de résolution émanant
de certains actionnaires. Dans les sociétés cotées sur un marché réglementé, les
points et projets de résolution doivent être publiés par la société sur son site internet
(C. Com. art. R. 225-73-1).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 219
• Vote par correspondance : l’avis indique encore les conditions dans lesquelles les
actionnaires peuvent voter par correspondance et les lieux et les conditions dans
lesquelles ils peuvent obtenir les formulaires nécessaires et les documents qui y sont
annexés.
• Ordre du jour : l’avis de convocation indique l’ordre du jour de l’assemblée
(C. com., art. R. 225-66), élément essentiel qui détermine la compétence de l’assem-
blée qui se réunit. En effet :
À peine de nullité (C. com., art. L. 225-121, al. 1), l’assemblée ne peut délibérer que
sur une question inscrite à l’ordre du jour (C. com., art. L. 225-105, al. 3).
Seuls la révocation et le remplacement d’un ou plusieurs administrateurs ou
membres du conseil de surveillance peuvent être décidés sans être inscrits à l’ordre
du jour, sauf abus de droit (C. com., art. L. 225-105, al. 3).
Des questions diverses, non prévues par l’ordre du jour, peuvent néanmoins être
abordées, à condition d’être mineures.
L’ordre du jour est arrêté, en principe, par l’auteur de la convocation (C. com.,
art. L. 225-105, al. 1) ou, exceptionnellement, par le président du tribunal de
commerce qui désigne le mandataire chargé de convoquer l’assemblée (C. com.,
art. R. 225-65). Dans tous les cas, doivent être inscrits à l’ordre du jour les projets
de résolution présentés par les actionnaires (C. com., art. R. 225-74).
c) Délais
• Le délai entre la date, soit de l’insertion ou de la dernière des insertions contenant
un avis de convocation, soit de l’envoi des lettres et la date de l’assemblée est au
moins de : 15 jours sur première convocation ; 6 jours sur convocation suivante
(C. com., art. R. 225-69).
• Ces délais s’appliquent quel que soit le mode de convocation (insertion ou lettres),
son auteur, son destinataire (actionnaire ou commissaire aux comptes ; C. com.,
art. R. 823-9), ou encore la nature (ordinaire, extraordinaire ou spéciale) de l’assem-
blée. Il s’agit de délais minimaux, qui pourraient être allongés par les statuts, soit
pour toutes les assemblées, soit pour certaines d’entre elles.
d) Ajournement de l’assemblée
• Principe : l’assemblée peut être ajournée, c’est-à-dire reportée à une date posté-
rieure à celle initialement fixée.
• Décision sociale : l’ajournement peut être décidé par l’auteur de la convocation,
ou par l’assemblée elle-même, à la majorité, en cas d’incidents imprévus dont la
solution requiert davantage qu’une simple suspension de séance.
• Décision judiciaire : l’ajournement peut également résulter d’une décision de
justice, en référé, en raison de circonstances graves et exceptionnelles (cause d’an-
nulation de l’assemblée, atteinte flagrante au droit d’information des actionnaires,
prévention d’un dommage imminent…).
• Effet : la réunion consécutive à un ajournement constituera une nouvelle assem-
blée qui nécessitera une nouvelle convocation.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 221
2. Sanctions pénales
Des sanctions pénales sont prévues. Elles concernent notamment :
• Le défaut de convocation de l’assemblée annuelle dans les délais requis (C. com.,
art. L. 242-10).
• L’entrave à la participation des actionnaires à l’assemblée (C. com., art. L. 242-9-1).
• Dispositions pénales abrogées : la sanction du défaut de convocation des
actionnaires dont les titres sont nominatifs (C. com., art. L. 242-11, abrogé par
L. 1er août 2003 de sécurité financière) ; le défaut de renseignements devant figurer
dans l’avis de réunion (C. com., art. L. 242-12, abrogé par Ord. 25 mars 2004).
portant sur des opérations courantes conclues à des conditions normales (Sur ces
conventions, v. infra, p. 258) :
• Comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe) de l’exercice écoulé ainsi
que le tableau des affectations du résultat et, pour les sociétés cotées et certaines de
leurs filiales, l’inventaire des valeurs mobilières détenues en portefeuille à la clôture
de l’exercice (C. com., art. L. 225-115, 1°).
• Comptes consolidés et rapport sur la gestion du groupe (le cas échéant ; C. com.,
art. L. 225-115, 1° et R. 225-83).
• Tableau des résultats de la société au cours des cinq derniers exercices ou des
exercices clos depuis la constitution de la société ou de l’absorption par celle-ci
d’une autre société si leur nombre est inférieur à cinq (C. com., art. R. 225-83).
• Rapport du conseil d’administration ou du directoire et, le cas échéant, les obser-
vations du conseil de surveillance (C. com., art. L. 225-115, 2° et R. 225-83).
• Rapports des commissaires aux comptes (C. com., art. L. 225-115, 2° et R. 225-83).
Il s’agit du rapport général (C. com., art. L. 232-3 et R. 823-7), du rapport spécial
sur les conventions réglementées (C. com., art. L. 225-40, al. 3 et art. L. 225-88, al.
3) et des rapports spéciaux établis dans le cadre de l’établissement des documents
prévisionnels et du déclenchement de la procédure d’alerte (C. com., art. L. 234-1).
• Texte des projets de résolution présentés par le conseil d’administration ou le
directoire selon le cas (C. com., art. L. 225-115, 3° et R. 225-83), ainsi que les
projets de résolution présentés par les actionnaires (C. com., art. L. 225-115, 3° et
R. 225-83).
• Informations sur les dirigeants : les nom, prénom usuel, soit des administrateurs
et directeurs généraux, soit des membres du conseil de surveillance et du direc-
toire, ainsi que, le cas échéant, l’indication des autres sociétés dans lesquelles ces
personnes exercent des fonctions de gestion, de direction, d’administration ou de
surveillance (C. com., art. L. 225-115, 1° et R. 225-83).
• Informations sur les candidats dirigeants : lorsque l’ordre du jour comporte la
nomination d’administrateurs ou de membres du conseil de surveillance : les nom,
prénom usuel et âge des candidats, leurs références professionnelles et leurs activités
professionnelles au cours des cinq dernières années, notamment les fonctions qu’ils
exercent ou ont exercées dans d’autres sociétés ; les emplois ou fonctions occupés
dans la société par les candidats et le nombre d’actions de la société dont ils sont
titulaires ou porteurs (C. com., art. L. 225-115, 3° et R. 225-83).
• Rémunérations de dirigeants : la somme globale, certifiée exact par les commis-
saires aux comptes, des rémunérations versées aux dix ou cinq personnes les mieux
rémunérées, selon que l’effectif du personnel excède ou non deux cents salariés
(C. com., art. L. 225-115, 4°).
• Actions de bienfaisance et de mécénat : le montant global, certifié par les commis-
saires aux comptes, des sommes ouvrant droit aux déductions fiscales visées à l’art.
238 bis AA du CGI (versements à des œuvres d’intérêt général ou à des organismes
de recherche, acquisition d’œuvres d’art ou de collection dont l’offre de donation
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 223
à l’État a été acceptée), ainsi que la liste des actions nominatives de parrainage, de
mécénat (C. com., art. L. 225-115, 5°).
• Liste des actionnaires (C. com., art. L. 225-116 ; C. com., art. L. 242-14, 3° et
R. 225-90), avec les nom, prénom et domicile de chaque titulaire d’actions et le
nombre des actions dont chaque actionnaire connu de la société est titulaire.
• Bilan social : les sociétés occupant au moins trois cents salariés (C. trav.,
art. L. 2323-68), doivent tenir à disposition de leurs actionnaires leur dernier bilan
social, accompagné de l’avis du comité d’entreprise (C. trav., art. L. 2323-74).
b) AGO autre que l’assemblée annuelle
S’agissant des assemblées générales ordinaires autres que l’assemblée annuelle,
et sauf le cas particulier de l’assemblée appelée à statuer sur l’évaluation d’un
bien vendu à la société par un actionnaire (C. com., art. L. 225-101 et R. 225-89),
aucune disposition ne prévoit la mise à disposition des actionnaires de documents
particuliers (C. com., art. R. 225-89 a contrario), si ce n’est la liste des actionnaires
(C. com., art. R. 225-90).
Mais en dépit de ce silence, il convient d’admettre la nécessité d’un droit de consul-
tation minimum préalable.
c) Assemblée générale extraordinaire ou assemblée spéciale
Les documents qui doivent être mis à disposition des actionnaires à l’occasion d’une
assemblée générale extraordinaire ou d’une assemblée spéciale sont les suivants :
• Le texte des résolutions présentées (C. com., art. R. 225-89).
• Les rapports : du conseil d’administration ou du directoire (C. com., art. R. 225-89),
du conseil de surveillance (C. com., art. L. 242-14, 2°) et, le cas échéant, des com-
missaires aux comptes et du commissaire aux apports en cas d’augmentation de
capital par apports en nature ou de stipulation d’avantages particuliers (C. com.,
art. L. 225-147, al. et R. 225-136).
• Liste des actionnaires (C. com., art. L. 225-116).
• Divers documents en cas de fusion (C. com., art. R. 236-3).
justice pour défendre ou faire valoir les droits ou intérêts des porteurs de parts
(L. n° 88-1201, 23 déc. 1988, art. 12, al. 2).
• Obligataires : les représentants de la masse des obligataires (C. com., art. L. 228-55,
al. 2) et de la masse des porteurs de parts bénéficiaires (L. 23 janv. 1929, art. 11,
al. 4) ont le droit d’obtenir communication des documents mis à la disposition des
actionnaires dans les mêmes conditions que ceux-ci.
b) Délais de consultation
Principe : le droit de consultation peut s’exercer à compter de la convocation à l’as-
semblée générale et au moins pendant le délai de quinze jours qui précède la date
de la réunion (C. com., art. R. 225-89).
• Règles particulières : la consultation de certains documents particuliers (rapport
du commissaire aux apports en cas d’augmentation de capital par apports en nature
ou stipulation d’avantages particuliers ; documents relatifs à une fusion…) fait l’objet
de règles spéciales.
c) Lieu de consultation : le droit de consultation s’exerce au siège social ou au lieu
de la direction administrative (C. com., art. R. 225-89).
d) Modalités de la consultation
• Assistance d’un expert ou d’un huissier : pour l’exercice de son droit de commu-
nication, l’actionnaire peut se faire assister d’un expert inscrit sur une des listes éta-
blies par les cours et tribunaux (C. com., art. R. 225-94). On admet également que
l’actionnaire puisse, par requête au président du tribunal, obtenir l’assistance d’un
huissier, chargé de dresser procès-verbal des documents présentés.
• Copies : l’actionnaire a le droit de prendre copie, par tous moyens techniques, de
tous les documents sociaux qu’il consulte, à l’exception, toutefois, de l’inventaire
(C. com., art. R. 225-89 et 225-90). Mais l’actionnaire ne peut exiger de la société la
délivrance ou l’envoi d’une copie.
e) Site internet des sociétés cotées
Les sociétés dont les actions sont admises sur un marché réglementé sont tenues
de disposer d’un site Internet afin de satisfaire à leurs obligations d’informations
de leurs actionnaires (C. com. art. R. 210-20). Elles doivent publier sans dis-
continuer les documents que les actionnaires ont le droit de consulter, 21 jours
au moins avant la date de l’AG (y compris les points et résolutions de l’ordre
du jour), et dans les 15 jours après l’assemblée, le résultat des votes (C. com.
art. R. 225-106-1).
B. Envoi de documents
Principes : afin de permettre aux actionnaires et titulaires de certificats de droits de
vote de se prononcer en connaissance de cause, les sociétés doivent, sous certaines
conditions, leur adresser, avant une assemblée, divers documents et leur fournir
certains renseignements. D’une part, les sociétés sont tenues de joindre certains
documents à toute formule de procuration qu’elles adressent à leurs actionnaires.
D’autre part, elles doivent fournir certains documents et renseignements à ceux de
leurs actionnaires qui en font la demande.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 225
art. L. 225-121, al. 2), mais cette nullité est facultative pour le juge. Celui-ci ne la pro-
noncera que si elle cause grief à celui qui l’invoque, autrement dit, si l’irrégularité a eu
pour conséquence d’empêcher l’actionnaire de voter en toute connaissance de cause.
c) Dommages et intérêts : indépendamment de la nullité, l’actionnaire victime du
refus de communication pourra éventuellement obtenir, conformément au droit
commun, des dommages et intérêts dans la mesure du préjudice subi.
2. Sanctions pénales
L’inobservation du droit des actionnaires de consulter les documents sociaux (au
siège social, v. supra, p. 221 et s.), de même que la non-exécution des communica-
tions de documents dues aux actionnaires d’une SA avant leur assemblée générale,
ne sont plus sanctionnées pénalement (abrog. art. L. 242-24 et L. 242-12, L. 242-13
par L. NRE 2001 et Ord. 25 mars 2004).
Toutefois, les dirigeants de sociétés tenues d’établir des comptes consolidés qui n’au-
raient pas, dans les délais requis, adressé ces comptes consolidés aux actionnaires,
continueront de s’exposer à une amende de 9 000 € (C. com., art. L. 247-1, II).
§ 3 - La composition de l’assemblée
Principes :
• Tout associé a le droit de participer aux décisions collectives (C. civ., art. 1844,
al. 1), toute clause contraire est réputée non écrite (C. civ., art. 1844-10, al. 2). Le
droit de participer aux assemblées est ainsi un droit essentiel de l’associé, quel que
soit le type de la société, sauf disposition légale contraire (C. civ., art. 1834).
• Sanctions pénales : ceux qui, sciemment, auront empêché un actionnaire de par-
ticiper à une assemblée d’actionnaires, sont passibles d’un emprisonnement de deux
ans et/ou d’une amende de 9 000 € (C. com., art. L. 242-9, 1°).
Attention : ce principe affirmé, il n’en résulte pas que la qualité d’actionnaire donne
systématiquement accès à l’assemblée. En d’autres termes, le droit de participer à
l’assemblée doit être examiné plus en détail. Il conviendra ensuite d’examiner les
modalités possibles de la participation de l’actionnaire à l’assemblée.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 227
sonne (C. com., art. R. 225-79). Le mandat peut être impératif, ou bien ne comporter
aucune directive de vote. Le mandat est donné pour une seule assemblée. Il peut
cependant être donné pour deux assemblées, l’une ordinaire, l’autre extraordinaire,
tenues le même jour ou dans un délai de quinze jours (C. com., art. R. 225-79). Le
mandat donné pour une assemblée vaut pour les assemblées successives convo-
quées avec le même ordre du jour (C. com., art. R. 225-79). Le mandat permanent,
qui permettrait au mandant de confier au mandataire le droit de le représenter à
toutes les assemblées générales jusqu’à sa révocation, se trouve de la sorte interdit.
• Révocation du mandat : le mandat est toujours révocable à tout moment par celui
qui l’a donné (C. civ., art. 2003). Cette révocation n’est opposable à la société infor-
mée de l’existence du mandat que si elle lui est notifiée.
§ 4 - La tenue de l’assemblée
Principes : l’assemblée est le moment où l’actionnaire peut s’exprimer par son vote.
Le cœur de la réunion est constitué par les débats et les votes. Mais l’assemblée
est aussi un rite. Son déroulement proprement dit est soigneusement ordonné. Les
débats et votes sont précédés de formalités préliminaires et suivis de formalités sub-
séquentes.
A. Formalités préliminaires
1. La feuille de présence
À chaque assemblée est tenue une feuille de présence (C. com., art. L. 225-114).
L’actionnaire présent la signe en entrant en séance. Elle a pour objet de prouver la
participation des actionnaires à l’assemblée pour laquelle elle est établie, et ce, quel
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 231
que soit le mode de participation choisi : présence, représentation ou vote par cor-
respondance. Le défaut d’établissement de la feuille de présence entraîne la nullité
de l’assemblée (C. com., art. L. 225-121). Certaines irrégularités que les dirigeants
auraient commises ne sont plus pénalement sanctionnées (C. com., art. L. 242-15,
mod. L. 1er août 2003).
2. Bureau de l’assemblée
Avant l’ouverture des débats, l’assemblée doit constituer son bureau, lequel est
composé d’un président (généralement le président du conseil d’administration ou
du conseil de surveillance ou, en son absence, la personne prévue par les statuts),
de deux scrutateurs (les deux membres de ladite assemblée disposant du plus grand
nombre de voix et acceptant cette fonction) et d’un secrétaire (qui, sauf disposition
contraire des statuts, peut être choisi en dehors des actionnaires) (C. com., art.
R. 225-100 et 225-101). Le bureau vérifie notamment que l’assemblée peut valable-
ment délibérer et s’assure de son bon déroulement.
3. Vérification du quorum
Principe : les décisions de l’assemblée ne sont valables qu’autant que les action-
naires qui y participent, par eux-mêmes, par mandataire ou par correspondance,
possèdent un nombre minimal d’actions.
Objectif : le but du quorum est de répondre au souci d’assurer aux assemblées
une certaine représentativité et donc une plus grande légitimité à leurs déci-
sions.
Modalités : ce quorum, calculé en fonction du nombre des actions avec droit
de vote (C. com., art. L. 225-96, al. 2 ; art. L. 225-98, al. 2 et art. L. 225-99,
al. 2) et vérifié à l’occasion du vote de chaque résolution, varie selon la nature
de l’assemblée (étant précisé que dans les sociétés qui n’offrent pas leurs
titres financiers au public, les statuts peuvent toutefois prévoir un quorum plus
élevé) :
– dans les assemblées ordinaires : le quorum est, sur première convocation, d’un
cinquième des actions ayant droit de vote ; sur deuxième convocation, aucun
quorum n’est requis (C. com., art. L. 225-98, al. 2) ;
– dans les assemblées extraordinaires ou spéciales : le quorum est, sur première
convocation du quart (pour les AGE) ou du tiers (pour les AG spéc.) des actions
ayant droit de vote ; sur deuxième convocation, il est d’un cinquième des actions
ayant droit de vote, pour l’une et l’autre (C. com., art. L. 225-96, al. 2 et art.
L. 225-99).
Limites : en cas de défaut de quorum, le bureau en dresse procès-verbal. L’assemblée
est alors ajournée et reportée à une autre date pour laquelle les actionnaires seront
convoqués à nouveau. Toute assemblée qui délibérerait sans que soient respectées
les règles du quorum serait frappée d’une nullité obligatoire (C. com., art. L. 225-121,
al. 1).
232 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
B. Délibérations
1. Lecture des rapports et autres documents nécessaires
Ces documents varient en fonction de la nature de l’assemblée.
3. Objet de l’assemblée
Sauf point mineur, l’assemblée ne peut délibérer que sur une question inscrite à
l’ordre du jour (C. com., art. L. 225-105, al. 3), toute délibération prise en violation
de cette règle serait nulle de plein droit (C. com., art. L. 225-121, al. 1). Cependant,
l’assemblée peut, en toutes circonstances, révoquer un ou plusieurs administrateurs
ou membres du conseil de surveillance et procéder à leur remplacement (C. com.,
art. L. 225-105, al. 3), sans que la question ne figure à l’ordre du jour (règle dite des
« incidents de séances »).
a) Sanction :
• Actions au porteur non inscrites en compte (art. 93, L. 30 déc. 1981).
• Dans les sociétés cotées, les actions excédentaires en cas de franchissement de
seuils non déclaré. La mesure est d’une durée de deux ans après la date de régula-
risation de la notification (C. com., art. L. 233-14 ; v. infra, p. 339).
• Dans les sociétés cotées, les actions acquises sans que n’aient été respectées les
règles relatives au dépôt obligatoire d’une offre public d’achat ou d’échange.
• Les actions détenues par les dirigeants sociaux frappés de faillite personnelle ou
d’interdiction de gérer.
b) Protection du capital :
• Les actions devant être aliénées en application de la réglementation des participa-
tions croisées (C. com., art. L. 233-30, v. infra, p. 337).
• Les actions de la société souscrites, acquises ou prises en gage par elle
(C. com., art. L. 225-111) ; les actions d’autocontrôle (C. com., art. L. 233-31,
v. infra, p. 337).
c) Prévention des conflits d’intérêts
• Dirigeant concluant une convention réglementée avec la société : il ne peut par-
ticiper au vote d’approbation de celle-ci (v. infra, p. 260 et s.).
• Apporteur en nature et bénéficiaire d’un avantage particulier ne peuvent participer
au vote concernant la vérification de l’apport ou de l’avantage consenti (C. com.,
art. L. 225-10 et L. 225-147).
• En cas d’augmentation de capital, les bénéficiaires d’une suppression du droit pré-
férentiel de souscription ne peuvent prendre part au vote décidant cette suppression
(v. infra, p. 266).
Les décisions régulièrement prises obligent tous les actionnaires actuels, même
dissidents, incapables ou absents, comme elles s’imposent à ceux qui deviendront
actionnaires par la suite.
3. Publicité
3. Compétence statutaire
L’assemblée générale ordinaire peut, enfin, bénéficier d’une compétence particulière
résultant de dispositions statutaires. Le champ de cette compétence statutaire pos-
sible est, cependant, limité, dans la mesure où il ne saurait être question de porter
atteinte à la compétence de l’assemblée générale extraordinaire, d’une part, à celle
des organes de direction, de gestion ou de contrôle, d’autre part. Exemples de cette
compétence statutaire :
– possibilité de statuer sur l’agrément d’un cessionnaire, lorsqu’il existe une clause
d’agrément (C. com., art. L. 228-23) ;
– subordonner certaines opérations des dirigeants, jugées graves, à l’autorisation
préalable de l’assemblée générale ordinaire ; étant rappelé que, valables, ces
restrictions de pouvoirs sont inopposables aux tiers (C. com., art. L. 225-35 et
225-64).
1. Quorum
L’assemblée générale ordinaire ne délibère valablement, sur première convocation,
que si les actionnaires présents ou représentés possèdent au moins le quart des
actions ayant droit de vote. Sur deuxième convocation, aucun quorum n’est requis
(C. com., art. L. 225-98, al. 2) ; ces règles sont impératives (C. com., art. L. 225-121,
al. 1).
2. Majorité
L’assemblée générale ordinaire statue à la majorité des voix dont disposent les
actionnaires présents ou représentés (C. com., art. L. 225-98, al. 3) ; cette règle est
également impérative (C. com., art. L. 225-121, al. 1). Compte tenu de la base de
calcul de la majorité, il convient de tenir compte de l’existence éventuelle d’une
limitation du nombre de voix, de droits de vote double, ou encore d’exclusions de
vote touchant certains actionnaires sur certaines résolutions. L’abstention est comp-
tabilisée en vote défavorable.
1. Délai de réunion
Elle doit être réunie au moins une fois par an, dans les six mois suivant la clôture de
l’exercice (C. com., art. L. 225-100, al. 1). Ce délai de six mois peut être prolongé, à
la demande des dirigeants, par ordonnance du président du tribunal de commerce
statuant sur requête (C. com., art. L. 225-100, al. 1 et R. 225-4).
tion peuvent être annulés (nullité facultative pour le juge). La communication des
informations peut être ordonnée sous astreinte par le juge, à la demande de toute
personne intéressée ;
– l’exactitude et la sincérité des informations relatives à la rémunération des manda-
taires sociaux doivent être spécialement attestées par un commissaire aux comptes.
• Pour les sociétés cotées, de la manière dont la société prend en compte les consé-
quences sociales et environnementales de son activité (C. com., art. L. 225-102-1,
al. 4 et R. 225-104 et 225-105 ; les règles sont extrêmement nombreuses et poin-
tilleuses).
L’on notera que l’ordonnance du 24 juin 2004 portant réforme des valeurs mobi-
lières, ainsi que l’ordonnance du 20 déc. 2004 portant adaptation des dispositions
législatives relatives à la comptabilité des entreprises aux dispositions commu-
nautaires, ont encore ajouté de nouvelles mentions obligatoires (v. C. com., art.
L. 225-100 mod., et L. 225-100-1 pour le champ d’application des dispositions
nouvelles).
c) Complément (bis) – Rapport du président : depuis la loi du 1er août 2003 de sécu-
rité financière, il est exigé un rapport du président du conseil d’administration ou
du conseil de surveillance. Dans ce rapport, il devra rendre compte des conditions
de préparation et d’organisation des travaux du conseil ainsi que des procédures de
contrôle interne mises en place par la société. Ce rapport doit être joint au rapport
de gestion présenté avec les comptes sociaux. Le cas échéant, ce rapport devra
également rendre compte des éventuelles limitations que le conseil d’administration
apporte aux pouvoirs du directeur général (C. com., art. L. 225-37 et L. 225-68).
Depuis la loi « Breton » du 26 juill. 2005, ce rapport n’est plus exigé que dans les
sociétés qui offrent leurs titres financiers au public, au grand soulagement des prati-
ciens qui avaient dénoncé la lourdeur et l’inadéquation du dispositif aux petites SA.
Mais, depuis le décret du 11 déc. 2006, le rapport doit présenter les principes et les
règles arrêtés par le conseil pour déterminer les rémunérations et avantages de toute
nature accordés aux mandataires sociaux.
d) Délai d’établissement du rapport : le rapport doit être établi un mois au
moins avant la convocation de l’assemblée. Dans les sociétés à directoire et
à conseil de surveillance, le directoire doit établir son rapport dans les trois
mois suivant la clôture de l’exercice pour permettre au conseil de surveillance
d’exercer ses pouvoirs de vérification et de contrôle (C. com., art. L. 225-68,
al. 5 et R. 225-55).
e) Mise à disposition des CAC : le rapport de gestion est tenu à la disposition des
commissaires aux comptes, au siège social, un mois au moins avant la convocation
de l’assemblée (C. com., art. R. 232-1).
f) Sanctions relatives au rapport des dirigeants sociaux
• Sanctions civiles : le défaut de rapport du conseil d’administration ou du directoire
devant l’assemblée ordinaire annuelle entraîne la nullité de l’assemblée (C. com.,
art. L. 225-121, al. 1). En revanche, l’omission de telle ou telle mention n’est pas de
nature à entraîner la nullité. Il n’en irait autrement que dans le cas où un laconisme
excessif conduirait au défaut de rapport.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 239
7. Publicité
L’assemblée générale ordinaire annuelle est nécessairement suivie d’une publicité
portant sur les comptes sociaux. Dans le mois qui suit l’approbation des comptes,
doivent être déposés au greffe du tribunal de commerce, en deux exemplaires : les
comptes annuels, les rapports présentés aux actionnaires, ainsi que la proposition
d’affectation du résultat soumise à l’assemblée et la résolution d’affectation votée
(C. com., art. L. 232-23).
3. Autres rapports
D’autres rapports doivent être présentés à l’occasion d’opérations particulières, ainsi,
le rapport du commissaire aux apports en cas d’apports en nature ou de stipulation
d’avantages particuliers (C. com., art. L. 225-147, al. 2) ou le rapport du commissaire
à la fusion (C. com., art. L. 236-10, al. 3).
C. Quorum
L’assemblée générale extraordinaire ne délibère valablement que si les actionnaires
présents ou représentés possèdent au moins, sur première convocation, le tiers et,
sur deuxième convocation, le quart des actions ayant droit de vote (v. cep. C. com.,
art. L. 225-129, al. 2). À défaut de ce dernier quorum, la deuxième assemblée peut
être prorogée à une date postérieure de deux mois au plus à celle à laquelle elle
avait été convoquée (C. com., art. L. 225-96, al. 2). Cette règle est d’ordre public
(C. com., art. L. 225-121, al. 1).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 241
D. Majorité
Principe : l’assemblée générale extraordinaire statue à la majorité des deux tiers des
voix dont disposent les actionnaires présents ou représentés (C. com., art. L. 225-96,
al. 3), règle qui est d’ordre public (C. com., art. L. 225-121, al. 1 ; v. cep. C. com.,
art. L. 225-129, al. 2).
Calcul : la majorité doit être calculée en tenant compte des limitations éventuelles
du nombre de voix ou du droit de vote double ou encore des exclusions de vote
touchant certains actionnaires sur certaines résolutions. Les abstentions ou bulletins
blancs sont comptabilisés en votes défavorables.
E. Publicité
Toute modification des statuts donne lieu à des formalités de publicité, variables
selon la nature de la modification, mais comportant toujours un dépôt au greffe des
pièces essentielles.
§ 3 - Assemblées spéciales
Nature : alors que les assemblées générales sont, en principe, ouvertes à tous les
actionnaires, les assemblées spéciales ne réunissent que les titulaires d’actions d’une
catégorie déterminée (C. com., art. L. 225-99, al. 1). L’assemblée spéciale constitue
donc une sous-assemblée qui ne peut exister, dans une société, qu’en présence d’ac-
tions de plusieurs catégories, c’est-à-dire, d’actions jouissant de droits et comportant
des charges différentes de ceux des autres actions (par ex. les actions de préférence,
v. supra, p. 181 et s.).
Principe : une assemblée spéciale doit être réunie lorsque la décision d’une assem-
blée générale modifie les droits relatifs à une catégorie d’actions. La décision de
l’assemblée générale n’est définitive qu’après approbation par l’assemblée spéciale
des actionnaires de cette catégorie (C. com., art. L. 225-99, al. 2).
Régime : les assemblées spéciales sont assimilées aux assemblées générales extra-
ordinaires et relèvent donc du même régime, qu’il s’agisse notamment des règles
de convocation (C. com., art. L. 225-103, al. 3), du lieu de réunion (C. com.,
art. L. 225-103, al. 4), du droit de communication (C. com., art. R. 225-89) ou de la
majorité. Mais le quorum est de la moitié sur première convocation, et non du tiers
(C. com., art. L. 225-99, al. 3).
§ 4 - Assemblées mixtes
Nature : l’assemblée mixte est celle qui est réunie pour se prononcer sur des réso-
lutions relevant, pour partie, de la compétence de l’AGO et, pour partie, de celle de
l’AGE. L’on évite ainsi la réunion de deux assemblées successives.
Régime : l’assemblée mixte n’est pas réglementée par la loi et résulte de la pratique.
Elle suppose toutefois de respecter, selon le type de résolution, les règles (not. de
quorum et de majorité) des assemblées ordinaires ou des assemblées extraordinaires.
242 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
> L’essentiel
1. Deux formules de gestion de la société anonyme :
a) Une gestion de type classique : dite aussi moniste, avec conseil d’adminis-
tration et président-directeur général, les fonctions de président et de directeur
général pouvant être dissociées.
b) Une gestion de type dualiste : inspirée du droit allemand, avec directoire et
conseil de surveillance.
2. Principe de choix : le choix entre ces deux modes d’organisation de la gestion
de la SA est laissé à la libre disposition des fondateurs ou des actionnaires. Le
changement de mode peut s’opérer, en cours de vie sociale, par une modifica-
tion statutaire décidée en assemblée générale extraordinaire, sans entraîner de
transformation de la société (C. com., art. L. 225-57).
3. Conflits d’intérêts et conventions réglementées : l’étude de la gestion de
la SA ne serait pas complète sans l’analyse des règles juridiques applicables
aux dirigeants de la société dans leurs rapports individuels avec celle-ci. Il
existe un risque pour la société que les dirigeants ne cherchent à profiter de
leur position privilégiée dans la société. Un conflit d’intérêts pourrait surgir
chez un dirigeant, opposant son intérêt personnel à l’intérêt social. Afin de
mieux contrôler ce risque, la loi impose un régime particulier aux conventions
passées entre la société et l’un de ses dirigeants, quelle que soit la forme de
gestion choisie.
§ 1 - Le conseil d’administration
A. Composition du conseil d’administration
1. Nombre d’administrateurs
Le nombre d’administrateur est fixé librement par les statuts dans les limites de trois
au minimum et de dix-huit au maximum (C. com., art. L. 225-17, mod. L. NRE –
administrateurs représentant les salariés non compris). En cas de fusion de sociétés
anonymes, le conseil pourra être composé de vingt-quatre membres au maximum,
pendant un délai de trois ans à compter de l’opération (C. com., art. L. 225-95).
2. Conditions de nomination
a) Qualité d’actionnaire : Depuis la loi LME du 4 août 2008, la qualité d’actionnaire
n’est plus exigée pour accéder aux fonctions d’administrateur, sauf dispositions sta-
tutaires contraires (C. com., art. L. 225-25, al. 1). Si l’administrateur n’est pas ou plus
actionnaire lorsque les statuts l’exigent, il est réputé démissionnaire d’office s’il n’a
pas régularisé sa situation dans le délai de trois mois. Par ailleurs, dans le cadre du
débat sur le gouvernement d’entreprise, il a été proposé de créer des « administra-
teurs indépendants » dont la désignation devrait être facilité par la suppression de
l’exigence légale de la qualité d’actionnaire.
b) Équilibre femmes /hommes au sein des conseils d’administration
• Le législateur a eu la volonté, au travers d’une loi du 27 janv. 2011, d’assurer une
représentation équilibrée des femmes et des hommes dans les conseils d’adminis-
tration des sociétés cotées et des sociétés de grande taille, en adoptant les règles
suivantes :
• Pour le present : si à la date de publication de la loi l’un des deux sexes n’était pas
représenté au conseil d’administration, au moins une personne de ce sexe devra être
nommée lors de la plus prochaine assemblée générale ordinaire ayant à statuer sur
la nomination d’administrateurs.
• Pour le future : dans les sociétés « cotées », la proportion des administrateurs de
chaque sexe ne pourra pas être inférieure à 20 % à l’issue de la première assemblée
générale ordinaire qui suivra le 1er janv. 2014. Cette proportion ne pourra pas être
inférieure à 40 % à l’issue de la première assemblée générale ordinaire qui suivra
le 1er janv. 2017. Cette dernière proportion de 40 % s’appliquera aussi à cette date
dans les sociétés non cotées qui, pour le troisième exercice consécutif à compter
du 1er janv. 2017, auront cumulativement plus de 500 salariés et plus de 50 millions
d’euros de chiffre d’affaires ou de total de bilan (art. L 225-18-1, al. 1 nouveau).
• Sanctions : toute nomination ou toute désignation qui interviendrait en violation
de l’une de ces dispositions et n’aurait pas pour effet de remédier à l’irrégularité
de la composition du conseil serait nulle. Cette nullité n’entraînera pas celle des
délibérations auxquelles aura pris part l’administrateur ou le représentant permanent
irrégulièrement nommé. Le non-respect de la proportion de 40 % entraînera aussi
244 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
3. Procédure de nomination
Les modalités de nomination des administrateurs diffèrent selon le moment de leur
nomination et l’existence de situations particulières.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 245
d) Cumul des fonctions d’administrateur avec un contrat de travail (v. supra, p. 64
et s.).
d’administrateur (lui sont donc applicables les règles régissant le statut des adminis-
trateurs). Il doit obligatoirement être une personne physique. Il doit être âgé de moins
de soixante-cinq ans, sauf clause statutaire contraire. La violation de ces règles est
sanctionnée par la nullité de la nomination.
B. Pouvoirs et responsabilités
du président du conseil d’administration
Principe : depuis la loi NRE, le président du conseil d’administration :
• Organise et dirige les travaux du conseil d’administration (convocation, prépara-
tion des réunions, fixation de l’ordre du jour…), dont il rend compte à l’assemblée
générale.
• Veille au bon fonctionnement des organes de la société et s’assure, en particulier,
que les administrateurs sont en mesure de remplir leur mission (C. com., art. L. 225-51).
252 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
p. 244). Sa rémunération est fixée par le conseil d’administration et présente les
mêmes aspects que celle du président (C. com., art. L. 225-53, al. 3 ; v. supra). Elle
doit figurer, dans tous ses éléments, dans le rapport de gestion à l’assemblée géné-
rale annuelle (C. com., art. L. 225-102-1). Le directeur général bénéficie du même
statut fiscal et social que le président (v. supra, p. 251).
2. Nombre
Leur nombre est fixé par les statuts, sans pouvoir dépasser cinq (C. com., art. L. 225-53).
3. Statut
Similaire à celui du directeur général. Ils peuvent être révoqués à tout moment, mais
une révocation sans juste motif peut donner lieu à indemnisation.
4. Pouvoirs et responsabilités
Il appartient au conseil d’administration de déterminer l’étendue de ces pouvoirs, en
accord avec le directeur général (C. com., art. L. 225-56 II, al. 1er). Mais les directeurs
généraux délégués disposent à l’égard des tiers des mêmes pouvoirs que le directeur
général (al. 2). Ils assument ainsi les mêmes responsabilités.
254 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 1 - Le directoire
A. Statut des membres du directoire
1. Règles générales
Le directoire est un organe collégial de 5 membres maximum (7 dans les sociétés qui
offrent leurs titres financiers au public). Dans les sociétés dont le capital est inférieur
à 150 000 €, les fonctions dévolues au directoire peuvent être exercées par une seule
personne, le directeur général unique (C. com., art. L. 225-58 et L. 225-59). Ce sont
obligatoirement des personnes physiques, âgées de moins de soixante-cinq ans (sauf
dispositions statutaires contraires). Ils peuvent ne pas être actionnaires de la société.
2. Nomination
Les membres du directoire sont nommés par le conseil de surveillance, et non par
l’assemblée générale (C. com., art. L. 225-59, al. 1), pour une durée déterminée par
les statuts, comprise obligatoirement entre deux et six ans (C. com., art. L. 225-62).
Ils sont rééligibles. Le conseil de surveillance confère à l’un des membres du direc-
toire la qualité de président.
du directoire, si les statuts le prévoient (C. com., art. L. 225-61, al. 1er). La révocation
est libre, mais elle peut donner lieu à une indemnisation si elle est décidée sans
juste motif. La révocation n’entraîne en principe pas la cessation du contrat de travail
(C. com., art. L. 225-61, al. 2).
B. Fonctionnement du directoire
1. Compétence du directoire
a) Principe : sur un plan général, il est investi des pouvoirs les plus étendus pour
agir en toutes circonstances au nom de la société (C. com., art. L. 225-64, al. 1). Ses
pouvoirs sont donc similaires à ceux du directeur général d’une SA de type classique
(v. supra, p. 253), excepté le pouvoir de représentation.
b) Limites : les mêmes restrictions tenant à l’objet social et aux limites statutaires
s’appliquent, dans les rapports internes à la société, ainsi que les pouvoirs propres
attribués aux autres organes.
c) Pouvoirs spéciaux : le directoire dispose par ailleurs de pouvoirs particuliers
(not. convocation des assemblées générales, fixation de l’ordre du jour de celles-ci,
C. com., art. L. 225-103 et L. 225-105 ; rédaction de rapports sur la gestion de la
société, destinés au conseil de surveillance, C. com., art. L. 225-68).
§ 2 - Le conseil de surveillance
A. Statut des membres du conseil de surveillance
1. Règles générales
Le conseil de surveillance est un organe collégial qui comporte de 3 à 18 membres
(jusqu’à 24, pendant 3 ans, en cas de fusion, C. com., art. L. 225-95). Il a un sta-
tut très proche de celui du conseil d’administration, tel que ce dernier se présente
depuis que ses fonctions ont été redéfinies par la loi NRE du 15 mai 2001. Il n’est
plus obligatoire que les membres du conseil de surveillance aient la qualité d’action-
naire de la société (C. com., art. L. 225-72), sauf dispositions contraires des statuts. Ils
sont soumis à la même limite d’âge que les administrateurs (C. com., art. L. 225-70).
Une personne morale peut être nommée au conseil de surveillance, à condition
qu’elle désigne un représentant permanent (C. com., art. L. 225-76).
2. Nomination
Les membres du conseil de surveillance sont désignés dans les statuts (C. com.,
art. L. 225-16) ou par l’assemblée constitutive en cas de constitution par offre de
titres financiers au public. Durant la vie sociale, les nominations sont de la com-
pétence de l’AGO (C. com., art. L. 225-75, al. 1). La cooptation s’opère selon les
mêmes conditions que pour les administrateurs (C. com., art. L. 225-78). La durée de
leurs fonctions est la même que pour les administrateurs. Le conseil de surveillance
doit élire en son sein un président et un vice-président qui, à peine de nullité, sont
nécessairement des personnes physiques (C. com., art. L. 225-81).
2. Compétence générale
a) Contrôle permanent : le conseil a une mission de contrôle permanent de la ges-
tion (sa régularité comme son opportunité) de la société par le directoire. À toute
époque de l’année, il opère les vérifications et les contrôles qu’il juge opportuns.
Pour accomplir cette mission, il peut se faire communiquer tous les documents qu’il
estime utiles.
b) Contrôle ponctuel : grâce au rapport qui lui est présenté, chaque trimestre au
moins, par le directoire. Par ailleurs, dans les trois mois après la clôture de chaque
exercice, il vérifie et contrôle les comptes annuels qui lui sont présentés par le direc-
toire. Ces derniers sont ensuite présentés à l’assemblée générale, laquelle prend à
cette occasion connaissance des observations du conseil sur les rapports du direc-
toire ainsi que sur les comptes de l’exercice (C. com., art. L. 225-68).
c) Pouvoirs spécifiques : le conseil de surveillance :
– nomme les membres du directoire et leur président et fixe leur rémunération ;
– peut révoquer directement les membres du directoire, si les statuts le prévoient
(C. com., art. L. 225-61, al. 1er) ;
– peut convoquer les assemblées générales d’actionnaires (C. com., art. L. 225-103-III ;
concurremment avec le directoire) ;
– donne son autorisation préalable à toutes les conventions devant être conclues
entre la société et un dirigeant (C. com., art. L. 225-86 et s.) ainsi qu’aux cautions,
avals et garanties données par la société et à certaines opérations importantes
258 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
(C. com., art. L. 225-68). Les statuts peuvent aussi subordonner à l’autorisation
préalable du conseil de surveillance la conclusion des opérations qu’ils énumèrent
(ibid.). Ces limitations des pouvoirs du directoire sont toutefois inopposables aux
tiers (C. com., art. L. 225-64, al. 3).
– les conventions réglementées, stricto sensu, qui font l’objet d’une procédure d’auto-
risation et d’approbation.
B. Régime juridique
Ces conventions sont totalement interdites, à peine de nullité absolue de l’opéra-
tion irrégulière. Par exception, cette interdiction ne s’applique pas : d’une part, aux
dirigeants personnes morales, afin de préserver les opérations intragroupes. Mais la
procédure des conventions réglementées doit être respectée (v. infra). D’autre part,
lorsque la SA exploite un établissement de crédit (C. com., art. L. 225-43, al. 2 et
L. 225-91, al. 3).
B. Régime juridique
Elles n’ont pas à être autorisées. La loi NRE a imposéune obligation d’informer le
président du conseil d’administration sur ces conventions libres, et de communi-
querla liste et l’objet de celles-ci aux membres du conseil d’administration et aux
commissaires aux comptes (C. com., art. L. 225-39, al. 2 et L. 225-87, al. 2), tout
actionnaire pouvant en recevoir communication (C. com., art. L. 225-115, 6°). Puis
la loi du 1er août 2003 a exclu de ces obligations les conventions qui, en raison de
leur objet ou de leurs implications financières, ne sont significatives pour aucune
des parties. Mais la loi du 17 mai 2011 est venue abroger l’ensemble de ce régime.
Les conventions libres échappent ainsi de nouveau à tout contrôle, ce qui est cri-
tiquable.
260 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
1. Extension
Le régime s’étend aux conventions auxquelles ces mêmes personnes sont indirec-
tement intéressées (al. 2) ainsi qu’aux conventions conclues entre la société et une
entreprise si le directeur général, l’un des directeurs généraux délégués, l’un des
administrateurs de la société ou l’un des membres du directoire ou du conseil de sur-
veillance est propriétaire, associé indéfiniment responsable, gérant, administrateur,
directeur général, membre du conseil de surveillance ou, de façon générale, diri-
geant de l’entreprise (al. 3).
B. Régime juridique
Le processus comprend cinq étapes :
– information du conseil (d’administration ou de surveillance) par la personne
intéressée à la conclusion d’une telle convention (C. com., art. L. 225-40, al. 1 et
L. 225-88) ;
– soumission de la convention à l’autorisation préalable du conseil (d’administra-
tion ou de surveillance) (C. com., art. L. 225-38, al. 1 et L. 225-86). L’intéressé,
qui n’est pas pris en compte pour le quorum et la majorité, ne prend pas part
au vote ;
– émission par le président du conseil (d’administration ou de surveillance) d’un
avis sur les conventions autorisées, adressé au commissaire aux comptes (C. com.,
art. L. 225-40, al. 2 et L. 225-88, al. 2) ;
– présentation à l’assemblée générale, par le commissaire aux comptes, d’un rapport
spécial sur les conventions autorisées (C. com., art. L. 225-40, al. 3 et L. 225-88,
al. 3) ;
– délibération de l’assemblée sur ces conventions, après audition du rapport spécial
du commissaire aux comptes. L’intéressé, qui n’est pas pris en compte pour le quo-
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 261
rum et la majorité, ne prend pas part au vote (C. com., art. L. 225-40, al. 2, 3 et 4
et L. 225-88, al. 2, 3 et 4).
C. Effets et sanctions
• La violation des étapes 1 et 2 : peut entraîner la nullité de la convention, dans
les trois ans à compter de la date de sa conclusion (sauf dissimulation, qui reporte
le délai jusqu’à sa révélation ; la révélation de la convention s’apprécie à l’égard
de la personne qui exerce l’action, cf. cass. com., 8 févr. 2011, Rev. Sociétés 2011,
p. 288, note P. Le Cannu), mais seulement si elle a eu des conséquences domma-
geables pour la société (C. com., art. L. 225-42, al. 1 et 2 et L. 225-90, al. 1 et 2).
La nullité peut cependant être couverte par un vote de l’assemblée, sur rapport spé-
cial du commissaire aux comptes expliquant les raisons de cette irrégularité (al. 3).
L’intéressé peut par ailleurs engager sa responsabilité.
• La violation de l’étape 4 : peut entraîner la nullité de la délibération de l’assem-
blée, pour violation d’une disposition impérative du livre II du Code de commerce
(C. com., art. L. 235-1, al. 2).
• La violation de l’étape 5 : l’absence de délibération de l’assemblée, ou le refus
d’approbation de la convention par celle-ci ne rend pas cette convention nulle
(sauf fraude). Elle produit ses effets à l’égard des tiers mais, s’il en résulte des consé-
quences préjudiciables pour la société, celles-ci peuvent être mises à la charge de
l’intéressé (C. com., art. L. 225-41, al. 1 et L. 225-89).
§ 2 - Expertise de gestion
Afin de permettre une information plus précise sur telle ou telle opération de gestion,
le législateur a accordé, en 1966, le droit aux actionnaires de demander la nomi-
nation d’un expert de gestion. Sa nomination peut aujourd’hui être judiciairement
réclamée non seulement par les actionnaires minoritaires, mais également par le
ministère public, l’AMF pour les sociétés cotées et le comité d’entreprise (qui devien-
nent de la sorte eux-mêmes, d’une certaine manière, des organes de contrôle).
L’expertise de gestion a été étudiée dans la partie relative au droit commun des
sociétés, au chapitre portant sur les crises sociétaires (v. supra, p. 95).
§ 1 - L’augmentation du capital
A. Observations générales
1. Objectifs des augmentations de capital
• Accroître les moyens financiers de la société par le renforcement de leurs fonds
propres.
• Régler une situation difficile par l’entrée dans la société d’un investisseur exté-
rieur.
• Permettre l’entrée dans le patrimoine social d’un bien nécessaire à la société
(immeuble, brevet…) par apport (en contrepartie de l’octroi d’actions à l’appor-
teur).
• Consolider la structure de haut de bilan de la société en incorporant les réserves
au capital (mesure parfois sollicitée par les banques créancières de la société).
• Permettre aux salariés de devenir actionnaires (C. com., art. L. 225-177 à
L. 225-186 ; v. égal. art. L. 225-129-6 al. 1er).
• Traduire la conversion en actions de valeurs mobilières composées donnant accès
au capital.
264 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
1. Conditions de l’opération
a) Libération du capital : le capital de la société doit être intégralement libéré
(C. com., art. L. 225-131, al. 1), à peine de nullité de l’opération et de sanctions
pénales à l’encontre des dirigeants (C. com., art. L. 242-17, II et IV).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 265
c) Libération de la prime d’émission : elle doit être intégralement libérée par les nou-
veaux actionnaires lors de la souscription, à peine de sanctions pénales (C. com.,
art. L. 225-144 et L. 242-17, II).
tions à émettre, prime d’apport, etc.) conclu entre la société et l’apporteur, devra
être approuvé par l’AGE, à laquelle l’apporteur ne participe pas. Un ou plusieurs
commissaires aux apports sont désignés par le président du tribunal de commerce,
à la requête du président du conseil d’administration. Ils doivent apprécier sous leur
responsabilité la valeur des apports en nature (C. com., art. L. 225-147). Ils rendent
un rapport, tenu à la disposition des actionnaires avant l’AGE.
1. Conditions
• L’opération peut être réalisée alors que le capital de la société n’a pas été intégra-
lement libéré.
• Toutes les réserves comptabilisées peuvent être incorporées (réserves facultatives,
réserves statutaires, réserve légale, bénéfices reportés à nouveau, et même primes
d’émission…).
• L’opération doit être décidée par l’AGE, mais elle statue aux conditions de quorum
et de majorité de l’assemblée ordinaire (C. com., art. L. 225-130).
• L’assemblée peut procéder immédiatement à l’augmentation de capital ou déléguer
ses pouvoirs au conseil d’administration ou au directoire (C. com., art. L. 225-129).
2. Réalisation de l’opération
L’opération se réalise par un simple virement au compte « Capital » des valeurs
inscrites aux comptes de « Réserves », lesquels se trouvent diminués d’autant. Elle
entraîne :
– soit une augmentation du montant nominal des actions ;
– soit la création de titres de capital nouveaux, attribués aux actionnaires au pro-
rata du nombre d’actions anciennes détenues par chacun d’eux. Les droits d’attri-
bution sont négociables si les actions anciennes auxquelles ils sont attachés sont
elles-mêmes négociables, ou seulement cessibles dans le cas contraire (C. com.,
art. L. 225-149).
fait de l’exercice des droits et, le cas échéant, des versements correspondants (al. 2).
Le conseil d’administration ou le directoire constate alors, s’il y a lieu, le nombre et
le montant nominal des actions créées au profit des titulaires des droits et apporte
les modifications nécessaires aux statuts.
§ 2 - La réduction du capital
A. Nature et motifs de l’opération
La réduction du capital peut être envisagée dans deux hypothèses principales, au
cours de la vie sociale :
C. Conditions de l’opération
1. Décision de l’AGE sur rapport des CAC
La réduction du capital est autorisée ou décidée par l’AGE, qui peut déléguer
au conseil d’administration ou au directoire, selon le cas, tous pouvoirs pour la
réaliser. L’AGE statue sur le rapport des commissaires aux comptes, qui indiquent
270 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
leur appréciation sur les causes et les conditions de l’opération (C. com., art.
L. 225-204).
D. Réalisation de l’opération
1. Choix du procédé
La réduction s’opère, selon le choix de l’AGE, soit :
– par réduction de la valeur nominale des actions ;
– par diminution de leur nombre. Dans ce cas, les actionnaires qui ne possèdent
pas le nombre suffisant d’actions anciennes pour obtenir une action nouvelle sont
exclus de la société.
2. Conditions suspensives
Le capital ne peut être réduit au-dessous du minimum légal que sous la condition
suspensive (C. com., art. L. 224-2) soit :
– d’une augmentation de capital : ayant pour effet de porter celui-ci à un montant
au moins égal au minimum légal ;
– d’une transformation de la société : en une société d’une autre forme.
Sanction : en cas d’inobservation de ces dispositions, tout intéressé peut demander
en justice la dissolution de la société, mais celle-ci ne peut être prononcée si, au jour
où le tribunal statue sur le fond, la régularisation a eu lieu.
3. Terminaison de l’opération
Lorsque la réduction de capital est devenue définitive, elle fait l’objet de mesures
de publicité et entraîne la modification des statuts, sous peine de sanctions pénales
envers les dirigeants (C. com., art. L. 242-23-2°).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 271
2. Condition
Il est possible de réduire le capital au-dessous du minimum légal sous la condition
suspensive d’une augmentation ayant pour effet de porter le capital à un montant au
moins égal au minimum légal (C. com., art. L. 224-2).
B. But de l’opération
L’opération présente certains avantages pour une société qui dispose d’une trésore-
rie excédentaire, not. pouvoir diminuer le nombre de ses titres en augmentant par
conséquent la valeur des titres non rachetés. Il s’agit d’une mesure que les action-
naires apprécient, et qui peut les fidéliser.
> L’essentiel
La société anonyme peut disparaître soit du fait de sa transformation, soit en
raison de sa dissolution. Mais il convient de noter que si elle disparaît en tant
que SA dans les deux cas, elle ne disparaît en tant que personne morale qu’en
cas de dissolution, puisque la transformation d’une SA en société d’un autre type
laisse subsister sa personnalité morale. Il faut également préciser qu’une SA peut
se restructurer, en fusionnant avec une autre société, en se scindant pour former
deux sociétés différentes, ou en faisant apport partiel d’une partie de ses actifs
(sur ces opérations, v. infra, p. 311 et s.).
3. Décision de transformation
Elle appartient exclusivement à l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires,
sur rapport des commissaires aux comptes attestant que les capitaux propres sont
au moins égaux au capital social (C. com., art. L. 225-244, al. 1).
274 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
B. Conditions spéciales
1. Transformation en SNC
Suppose l’accord de tous les associés (puisqu’ils deviendront ensuite indéfiniment
et solidairement responsables des dettes sociales, ce qui conduit à augmenter leurs
engagements) ; C. com., art. L. 225-245, al. 1.
3. Transformation en SAS
Suppose l’accord de tous les associés, en raison du très fort intuitus personae et de la
grande liberté contractuelle qui règnent dans la SAS (C. com., art. L. 227-3). Elle ne
nécessite pas l’intervention d’un commissaire à la transformation, depuis la loi NRE
(C. com., art. L. 224-3, al. 1er).
4. Transformation en SARL
Suppose d’obtenir la majorité des trois quarts du capital social (C. com., art.
L. 225-245, al. 3). Le nombre des associés ne devra pas être supérieur à cent
(C. com., art. L. 223-3).
B. Formalités de publicité
La décision de transformation est soumise à des formalités de publicité comme
toute modification statutaire (C. com., art. L. 225-244, al. 3 et R. 225-165). Ce n’est
qu’après achèvement de ces formalités de publicité que la transformation devient
opposable aux tiers.
§ 1 - Causes de dissolution
Principes : les causes générales de dissolution, du droit commun des sociétés, s’ap-
pliquent aux SA. Des causes spéciales lui sont par ailleurs applicables. Des possibi-
lités de régularisation existent la plupart du temps.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 275
A. Causes générales
Les causes de dissolution communes à toutes les sociétés (arrivée du terme, réa-
lisation ou extinction de l’objet social, annulation du contrat de société, décision
des associés ou dissolution judiciaire) sont applicables aux SA (C. civ., art. 1844-7 ;
v. supra, p. 109 et s.).
B. Causes spéciales
• La SA a moins de 7 actionnaires depuis plus d’un an (C. com., art. L. 225-247,
al. 1er).
• La SA a un capital inférieur à 225 000 € (pour celles qui offrent leurs titres au
public) et à 37 000 € (pour les autres) et n’a pas décidé l’augmentation de ce capital
ou ne s’est pas transformée en une autre forme de société (C. com., art. L. 224-2).
• Dissolution anticipée décidée par les organes sociaux lorsque les capitaux propres
sont inférieurs à la moitié du capital social (C. com., art. L. 225-248).
• Dissolution anticipée décidée par l’AGE en toute hypothèse (C. com.,
art. L. 225-246).
§ 3 - Utilités de la SAS
• La SAS est particulièrement adaptée à l’organisation des groupes de sociétés, la
SAS unipersonnelle permettant notamment une structuration simple et légère des
filiales contrôlées à 100 %.
• La SAS présente également un intérêt pour les PME, qui ont à leur disposition
une forme sociale dans laquelle le régime des droits sociaux est celui des valeurs
278 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 1 - Régime spécial
La SAS a un régime juridique spécial défini par les art. L. 227-1 à L. 227-19 C. com.
> L’essentiel
Principe : la SAS peut être créée ab initio par des personnes physiques ou
morales fondatrices ou résulter de la transformation d’une société préexistante.
A. Consentement
Comme pour toute autre forme de société, le consentement doit correspondre à une
volonté réelle d’entrer en société et doit être exempt de vices. Toutefois, les vices du
consentement ne peuvent pas entraîner la nullité de la société.
B. Capacité
La SAS étant une société par actions, la capacité requise pour être actionnaire est
la même que celle des actionnaires d’une SA. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir la
qualité de commerçant.
C. Objet
La société par actions simplifiée est une société commerciale par la forme, quel que
soit son objet, commercial ou civil.
A. Les associés
1. Qualité d’actionnaire
La SAS est ouverte aux personnes physiques comme aux personnes morales (pour
celles-ci, quels que soient le montant de leur capital social, leur forme ou leur objet ;
les associations, syndicats, fondations et GIE peuvent être associés).
2. Nombre d’actionnaires
La SAS doit avoir au moins, soit un actionnaire (SAS Unipersonnelle), soit deux
(SAS). Aucune limite maximale au nombre d’associés n’est fixée, mais le caractère
280 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
contractuel et fermé de cette société s’oppose à l’existence d’un trop grand nombre
d’actionnaires.
B. Le capital social
1. Suppression du montant minimum
La SAS, qui devait auparavant posséder un capital social minimum de 37 000 €, peut
depuis la loi LME du 4 août 2008, à l’instar des SARL, se constituer avec un capital
social librement fixé par les statuts, qui peut donc être symbolique (1 €…) (C. com.,
art. L. 227-2, al. 2)
2. Capital variable
Puisque seules les SA non coopératives sont soumises à l’interdiction d’adopter la
variabilité du capital (C. com., art. L. 231-1) et que la SAS n’est pas un type particulier
de SA, on peut en déduire qu’une SAS peut être constituée avec un capital variable.
3. Apports
Les apports peuvent être effectués en numéraire ou en nature. Le droit commun des
SA s’applique. Depuis la loi LME du 4 août 2008, à l’instar des SARL, les SAS peu-
vent recevoir des apports en industrie. Ces apports ne concourent pas à la formation
du capital social, mais donnent lieu à l’attribution d’actions ouvrant droit au partage
des bénéfices et de l’actif net, à charge de contribuer aux pertes. C’est aux statuts
qu’il appartient de déterminer les modalités de souscription et de répartition de ces
actions, qui sont inaliénables (C. com., art. L. 227-1, al. 4).
5. Publicité du capital
Le montant du capital doit figurer dans les statuts de la SAS (C. com., art. L. 210-2)
et être indiqué sur tous les actes et documents sociaux destinés aux tiers.
§ 2 - Exclusion
Les sociétés dissoutes, les sociétés sans personnalité morale, les GIE et les asso-
ciations ne peuvent pas se transformer en SAS (mais un GIE peut être transformé
en SNC, laquelle peut être transformée en SAS, sans dissolution ou création d’une
personne morale nouvelle, C. com., art. L. 251-18, al. 2).
§ 3 - Formalités préalables
Si la société n’a pas de commissaire aux comptes, elle doit désigner un commissaire
à la transformation, chargé de vérifier la valeur des biens composant l’actif social
de la société se transformant, quelle que soit la forme de cette dernière (C. com.,
art. L. 224-3, al. 1er, mod. par L. 1er août 2003 de sécurité financière). Dans les SA,
la transformation suppose, en outre, un rapport du commissaire aux comptes attes-
tant que le montant des capitaux propres est au moins égal à celui du capital social
(C. com., art. L. 225-244). Dans une SA ayant émis des obligations, le projet de trans-
formation doit être approuvé par l’assemblée des obligataires (C. com., art. L. 225-
244, al. 2).
§ 5 - Formalités de publicité
La décision de transformation fait l’objet des formalités de publicité habituelles
(insertion dans un JAL, dépôt au greffe des principaux documents sociaux, inscrip-
tion modificative au CRS).
§ 6 - Effet de la transformation
La transformation régulière d’une société en SAS n’entraîne pas la création d’une per-
sonne morale nouvelle ni l’interruption des opérations de la société (il est seulement
mis fin aux pouvoirs des anciens dirigeants mais pas aux fonctions des commissaires
aux comptes).
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 283
1. Principe
Certaines décisions doivent obligatoirement, sous peine de nullité (facultative), être
prises collectivement par les associés (C. com., art. L. 227-9, al. 2) :
– augmentation, amortissement et réduction du capital ;
– fusion, scission, apport partiel d’actif ;
– dissolution ;
– nomination des commissaires aux comptes ;
– approbation des comptes annuels et affectation des résultats ;
– approbation des conventions réglementées (C. com., art. L. 227-10) ;
– transformation de la société.
2. Conditions de majorité
En principe fixées dans les statuts (C. com., art. L. 227-3 et L. 227-9).
3. Précisions – renvoi à la SA
Les règles applicables dans les SA aux opérations de modification du capital (aug-
mentation, amortissement et réduction), à la nomination des commissaires aux
comptes, aux fusions et opérations assimilées et aux comptes annuels doivent être
respectées dans les SAS (application sur renvoi de C. com., art. L. 227-1).
2. Choix
Des décisions pourront ainsi relever de la compétence exclusive des organes diri-
geants de la SAS, d’autres pourront être réservées aux associées, d’autres, enfin,
pourront nécessiter la consultation ou la participation de tiers à la SAS.
2. Statut social
Le président et les dirigeants des SAS sont assujettis obligatoirement au régime géné-
ral du seul fait de l’exercice de leurs fonctions (C. sécurité sociale, art. L. 311-3). Sous
réserve de l’existence d’un véritable lien de subordination, les dirigeants peuvent
cumuler leur mandat avec un contrat de travail conclu avec la société (la réglemen-
tation du cumul propre aux SA ne s’applique pas).
4. Rémunération
Les conditions de rémunération des dirigeants peuvent être fixées par les statuts ou
renvoyées à une décision des actionnaires ou d’un comité ad hoc. Les règles d’in-
formation sur les rémunérations des mandataires sociaux applicables dans les SA
ne sont pas applicables aux SAS. En revanche les rémunérations peuvent constituer
des conventions réglementées soumises à contrôle (v. infra). Sur le statut fiscal des
dirigeants de SAS, v. supra, p. 62.
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 287
3. Autres dirigeants
Les pouvoirs des autres dirigeants sont fixés par les statuts. Ils ont un caractère
purement interne puisque seul le président peut représenter la société à l’égard
des tiers.
§ 2 - Le contrôle de la direction
Principe : ce contrôle est exercé au premier chef par les associés, notamment à
l’occasion des décisions collectives. Mais il peut être assuré par d’autres mécanismes
ou organes.
D. Expertise de gestion
Comme dans les SA, il est possible aux associés, au ministère public et au
comité d’entreprise de demander la nomination d’un expert de gestion (C. com.,
art. 225-231, sur renvoi de L. 227-1, al. 3). L’expertise de gestion a été étudiée dans
la partie relative au droit commun des sociétés, au chapitre portant sur les crises
sociétaires (v. supra, p. 95).
§ 1 - Procédure d’adoption
Comme ces clauses sont de nature à porter atteinte aux droits individuels des asso-
ciés, la loi a soumis leur adoption ou leur modification à une décision collective
unanime des associés (C. com., art. L. 227-19).
A. Clauses d’inaliénabilité
L’art. L. 227-13, C. com. permet aux statuts de prévoir l’inaliénabilité des actions de
la société. Cette inaliénabilité ne doit pas excéder dix ans.
B. Clauses d’agrément
Les statuts peuvent prévoir de soumettre toute cession à l’agrément préalable de la
société (C. com., art. L. 227-14), ce qui, à la différence de l’agrément dans les SA,
inclut les cessions entre actionnaires. Les statuts doivent préciser l’organe compétent
pour statuer sur l’agrément.
C. Clauses d’exclusion
Les statuts peuvent prévoir également qu’un associé peut être tenu de céder ses
actions, sous certaines conditions (C. com., art. L. 227-16). Les droits non pécuniaires
de cet associé peuvent être suspendus tant qu’il n’a pas procédé à la cession.
der de suspendre l’exercice des droits non pécuniaires de cet associé et de l’exclure
(C. com., art. L. 227-17).
§ 1 - Réglementation
La transformation d’une SAS en une société d’une autre forme est soumise aux règles
générales applicables à toutes les sociétés (v. supra, p. 106 et s.). Elle doit également
respecter les règles en vigueur dans la SA, ainsi que les règles qui lui sont particu-
lières.
§ 2 - Procédure
La transformation est décidée collectivement par les associés dans les conditions
prévues par les statuts (C. com., art. L. 227-9). Mais, si elle entraîne une augmenta-
tion des engagements des associés, elle doit être prise à l’unanimité.
B. Durée d’existence
La transformation n’est plus soumise aux conditions relatives à l’approbation du
bilan des deux premiers exercices et à une durée d’existence de deux ans (exigence
supprimée par L. NRE 15 mai 2001 ; C. com., art. L. 227-1, al. 3).
292 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 2 - Causes statutaires
Les statuts de la SAS peuvent prévoir des causes particulières de dissolution.
§ 3 - Décision collective
Les associés peuvent décider à tout moment de dissoudre la société, par déci-
sion collective, dans les conditions et formes prévues par les statuts (C. com.,
art. L. 227-10, al. 1er).
> L’essentiel
Depuis la loi du 12 juill. 1999, il est possible pour une personne physique ou
morale de créer une SAS dont elle est l’unique actionnaire (C. com., art. L. 227-1,
al. 2). Les entrepreneurs individuels ont donc le choix entre cette structure et
l’EURL (sur laquelle, v. supra, p. 163 ; d’autant plus qu’il n’y a plus de capital
minimum pour les SAS). La SASU est la structure idoine pour la constitution de
filiales à 100 % dans les groupes de sociétés.
§ 1 - Direction
L’associé peut être lui-même président ou confier cette fonction à un tiers, personne
physique ou morale.
§ 2 - Conventions réglementées
Les conventions conclues entre la société et son président ne font pas l’objet
d’un rapport du commissaire aux comptes, mais sont mentionnées dans un
registre dans lequel toutes les décisions sont consignées (C. com., art. L. 227-9).
Certaines conventions sont interdites, comme dans les SAS pluripersonnelles
(v. supra, p. 288).
§ 3 - Décisions sociales
L’associé unique exerce les pouvoirs dévolus à la collectivité des associés dans les
SAS pluripersonnelles (C. com., art. L. 227-1, al. 2). À la place des décisions obli-
gatoirement collectives (v. supra, p. 283), sont prises des décisions personnelles
unilatérales, dont l’adoption ne peut être déléguée par l’associé unique. Elles sont
consignées dans un registre (C. com., art. L. 227-9, al. 3).
294 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 5 - Dissolution
Depuis la loi NRE du 15 mai 2001, si l’associé unique est une personne physique, la
SASU dissoute doit être mise en liquidation dans les conditions de droit commun (v.
supra, p. 113). S’il s’agit d’une personne morale, la dissolution entraîne transmission
universelle du patrimoine de la société dissoute à son associé unique, sans liquida-
tion (v. supra, p. 111). Les créanciers sociaux peuvent faire opposition dans les trente
jours de la publication de la dissolution.
>
Titre 4
LA SOCIÉTÉ EN COMMANDITE
PAR ACTIONS (SCA)
La SCA est une société de capitaux, dont le capital est divisé en actions, qui est
constituée entre un ou plusieurs commandités, qui ont la qualité de commerçant
et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales, et de commandi-
taires, qui ont la qualité d’actionnaires et ne supportent les pertes qu’à concur-
rence de leurs apports. Elle est régie par les art. L. 226-1 à L. 226-14 C. com.
Bien qu’un peu désuète, elle possède certains atouts :
– c’est une société qui permet une dissociation intéressante du capital et du pou-
voir, permettant ainsi d’ouvrir le capital à des investisseurs extérieurs sans perdre
le contrôle de la société ;
– la loi laisse une grande liberté statutaire pour fixer le statut des gérants, qui
peuvent être quasiment inamovibles ;
– elle est en outre susceptible d’offrir ses titres au public. Cela peut inciter des
sociétés familiales importantes qui souhaitent être cotées en bourse à adopter
cette structure, laquelle constitue un bon moyen de défense contre des OPA
(l’acquisition de la majorité du capital ne procure pas nécessairement la direction
de la société).
C’est une société commerciale par la forme, quel que soit son objet (C. com.,
art. L. 210-1), soumise à un régime juridique hybride partagé entre les disposi-
tions applicables à la société en commandite simple (SCS ; v. supra, p. 143) et
celles applicables aux SA (v. supra, p. 196).
296 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
> L’essentiel
Outre les conditions de droit commun de validité d’un contrat de société, les
règles spécifiques suivantes sont applicables à la SCA.
§ 1 - Un ou plusieurs commandités
Le commandité peut être une personne physique ou une personne morale. Il est
obligatoirement désigné par les statuts. Il est dans la même situation que les associés
de SNC. Il a la qualité de commerçant et doit donc avoir la capacité de contracter.
Il gère la société et dispose pour cela de larges pouvoirs. Il est corrélativement res-
ponsable indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
§ 2 - Des commanditaires
Il faut trois commanditaires au minimum (minimum requis pour constituer le conseil
de surveillance ; C. com., art. L. 226-4, al. 1) : les commanditaires ont la qualité d’ac-
tionnaires et ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports (C. com.,
art. L. 226-1, al. 1). Les règles relatives aux actionnaires des SA leur sont applicables.
Ils ne sont pas commerçants et ne peuvent pas gérer la société.
§ 1 - Nomination
• Le gérant peut être une personne physique, âgée de moins de soixante-cinq ans
(C. com., art. L. 226-3) ou une personne morale. Il doit avoir la capacité de faire le
commerce.
• La SCA est gérée en principe par un commandité, mais la gestion peut être confiée
à un tiers. Un commanditaire ne peut aucunement faire des actes de gestion externe,
sous peine de devoir répondre solidairement avec les commandités des dettes
sociales.
• Le ou les premiers gérants sont désignés par les statuts. Durant la vie de la société,
ils sont ensuite désignés par l’AGO, avec l’accord de tous les associés commandités
(C. com., art. L. 226-2), sauf clause contraire des statuts. Leur rémunération est fixée
selon une procédure identique (le régime fiscal est celui des gérants majoritaires
de SARL : traitements et salaires ; les gérants commandités sont exclus du régime
général de la sécurité sociale).
§ 2 - Pouvoirs
• Le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circons-
tances au nom de la société (C. com., art. L. 226-7). Dans les rapports avec les tiers,
la société est engagée même par les actes du gérant qui ne relèvent pas de l’objet
social, sauf mauvaise foi du tiers (al. 2).
• Le gérant a les mêmes obligations que le conseil d’administration d’une SA (convo-
cation des assemblées, établissement de l’inventaire et des comptes annuels…) ;
v. supra, p. 247 et s.
§ 3 - Responsabilités
Le régime de la responsabilité civile et pénale des gérants des SCA est celui des
administrateurs de SA (v. supra, p. 250).
§ 1 - Le conseil de surveillance
Principe : la SCA comprend obligatoirement un conseil de surveillance, représentant
les associés commanditaires. Il assume le contrôle permanent de la gestion de la
société. Il ne peut être composé que de commanditaires (au moins trois, C. com.,
art. L. 226-4).
A. Désignation
Les membres du conseil de surveillance sont désignés par l’assemblée générale
ordinaire, conformément aux dispositions statutaires ou, à défaut, selon les règles
applicables aux administrateurs des SA.
B. Missions
Il joue le même rôle que le conseil de surveillance de la SA de type dualiste (v. supra,
p. 257). Il contrôle de manière permanente la gestion de la société et il en rend
compte dans un rapport soumis à l’assemblée ordinaire. Il peut convoquer l’assem-
blée générale (C. com., art. L. 226-9).
C. Responsabilités
Les membres du conseil de surveillance n’encourent aucune responsabilité en raison
des actes inhérents à la gestion de la société et du résultat de ces actes (C. com.,
art. L. 226-13, al. 1). En revanche, ils sont responsables des fautes personnelles
commises dans l’exécution de leur mandat (al. 2) et peuvent être déclarés civilement
responsable des délits commis par les gérants si, en ayant eu connaissance, ils ne
les ont pas révélés à l’assemblée générale (al. 2). L’action en responsabilité obéit aux
mêmes règles que celle susceptible d’être intentée contre les membres du conseil de
surveillance d’une SA de type dualiste.
§ 2 - Décisions collectives
Compte tenu de l’existence de deux catégories d’associés, les décisions collectives
dans les SCA exigent, pour leur validité, la double consultation :
E. Dissolution
En dehors de causes de dissolution communes à toutes les sociétés (v. supra, p. 109),
les causes spécifiques de dissolution de la SCA sont celles de la SA (v. supra, p. 275 ;
not. perte de la moitié du capital social). Toutefois, les causes de dissolution propres
aux SCS s’appliquent également lorsqu’elles surviennent en la personne d’un associé
commandité (v. supra, p. 146).
>
Titre 5
– pour une large part, les SE qui se constituent et s’immatriculent en France sont donc
soumises aux règles gouvernant la SA, même si ces règles le sont à titre subsidiaire,
c’est-à-dire applicables sous réserve d’être compatibles avec le règlement et de ne pas
heurter un principe impératif de ce texte.
Le régime français de la SE est dès lors complexe car il repose sur au moins quatre
sources différentes et complémentaires :
– le règlement 2157/2001 ;
– les dispositions spécifiques à la SE issue de la loi du 26 juill. 2005, complétée
par le décret d’application du 14 avr. 2006 (C. com., art. L. 229-1 et s. et R. 229-1
et s.) ;
– les règles relatives à la SA applicables par renvoi en particulier, les infractions incri-
minées dans la SA sont applicables (C. com., art. L. 244-5) ;
– les dispositions statutaires.
• Les SE restent assujetties aux impôts et taxes de tous les États membres où leurs éta-
blissements stables sont situés.
• En ce sens, leur statut fiscal n’est pas parfait, faute d’une harmonisation européenne
suffisante en la matière. Il est dès lors à craindre que les localisations de SE ne soient
dictées par des opportunités fiscales plus que par des impératifs stratégiques.
304 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 4 - Transformation d’une SA en SE
• Toute SA peut se transformer en SE à condition qu’elle ait, depuis au moins deux
ans, une société filiale relevant d’un autre État membre (Règl. 2001, art. 2 § 7 et 37).
306 > LIVRE DEUXIÈME Le droit spécial des sociétés
§ 1 - Organes sociaux
• Le règlement dispose que les statuts de la société européenne prévoient comme
organes l’assemblée générale des actionnaires et, soit un organe de direction et un
organe de surveillance (système dualiste), soit un organe d’administration (système
moniste).
• En ce qui concerne le système dualiste, l’organe de direction assure la gestion de
la société européenne. Le ou les membres de l’organe de direction ont le pouvoir
d’engager la société européenne à l’égard des tiers et de la représenter en justice.
Ils sont nommés et révoqués par l’organe de surveillance. Les fonctions de membre
de l’organe de direction et de membre de l’organe de surveillance ne peuvent être
exercées simultanément dans la même SE.
• En ce qui concerne le système moniste, l’organe d’administration assure la gestion
de la société européenne. Le ou les membres de l’organe d’administration ont le
pouvoir d’engager la société européenne à l’égard des tiers et de la représenter en
justice.
• Certaines opérations énumérées par le règlement requièrent l’autorisation de
l’organe de surveillance ou une délibération de l’organe d’administration (not. tout
projet d’investissement supérieur à un pourcentage du capital souscrit, fixé par les
statuts, qui ne peut être inférieur à 5 % ni supérieur à 25 %).
• Au-delà de ces dispositions, la société européenne créée en France est soumise
aux principales règles de direction et d’administration et aux règles régissant les
assemblées générales des sociétés anonymes de droit français.
• La société européenne établit des comptes annuels comprenant le bilan, le compte
des profits et pertes ainsi que l’annexe et un rapport de gestion contenant un exposé
sur l’évolution des affaires et la situation de la société et, le cas échéant, des comptes
consolidés
les statuts, de suspendre les droits non pécuniaires de cet actionnaire et de l’exclure
(C. com., art. L. 229-13).
Ces différentes clauses ne peuvent être adoptées ou modifiées qu’à l’unanimité des
actionnaires (C. com., art. L. 229-15).
Si les statuts ne prévoient pas les modalités d’évaluation du prix de cession
des titres en cas de mise en œuvre de l’une de ces clauses, ce prix est fixé par
accord des parties ou par un tiers évaluateur visé à l’art. 1843-4 C. civ. (C. com.,
art. L. 229-14).
Toute cession réalisée en violation de ces clauses statutaires est nulle, d’une
nullité opposable de plein droit au cessionnaire ou à ses ayants droit (C. com.,
art. L. 229-11, al. 2).
§ 1 - Transformation de la SE en SA
La SE peut se transformer en SA relevant du droit de l’État membre de son siège
statutaire. La décision concernant la transformation ne peut être prise avant deux ans
à partir de son immatriculation et avant que les comptes annuels des deux premiers
LES SOCIÉTÉS PAR ACTIONS > 309
exercices n’aient été approuvés (Règl. art. 66). La procédure est identique à celle
suivie pour la transformation d’une société anonyme en SE.
§ 2 - Dissolution et liquidation de la SE
Les causes de dissolution applicables aux SA sont applicables à la SE. L’article 63 du
Règlement ajoute une cause propre aux SE : lorsque le siège statutaire et l’adminis-
tration centrale de la SE ne sont plus situés sur le même territoire et qu’aucune régu-
larisation de la situation n’est intervenue dans un délai déterminé, ni aucun transfert
du siège statutaire opéré, la SE peut être mise en liquidation.
Livre troisième
RESTRUCTURATION ET REGROUPEMENT
DES SOCIÉTÉS
Les sociétés ont, jusqu’à présent, été plutôt examinées dans une perspective rela-
tivement statique et fermée (même s’il est vrai que certaines opérations plus dyna-
miques ont été envisagées, telles que la transformation des sociétés, l’augmentation
de leur capital ou la cession de leur contrôle).
Or, les sociétés sont des entités potentiellement en mutation constante.
Elles peuvent tout d’abord être l’objet d’opérations de restructuration, lorsqu’elles
fusionnent avec d’autres, se scindent, ou bien apportent une part de leurs actifs à
une autre entreprise (première partie).
Elles peuvent également se regrouper avec d’autres sociétés et former ainsi ce que
l’on appelle des groupes de sociétés, dont la constitution et le fonctionnement génè-
rent des problématiques juridiques spécifiques (deuxième partie).
Enfin, des opérations de restructuration et de regroupement peuvent résulter,
lorsque les titres des sociétés concernées sont inscrits sur les marchés financiers
réglementés, de processus d’acquisition complexes qui se déroulent précisément sur
ces marchés, et obéissent à des règles juridiques très particulières (troisième partie).
> L’essentiel
Les fusions, les scissions et les apports partiels d’actif sont des opérations de
restructuration des sociétés qui présentent certaines caractéristiques communes.
Notamment, sur le plan juridique, elles reposent sur le mécanisme de la trans-
mission universelle du patrimoine. Sur le plan fiscal, elles bénéficient toutes d’un
régime spécial de faveur, dérogatoire au droit commun.
§ 1 - Définitions
Trois opérations doivent être distinguées et définies :
A. La fusion
Opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transmettent, par voie de fusion,
leur patrimoine à une société existante ou à une nouvelle société qu’elles constituent
(C. com., L. 236-1, al. 1).
Il est ainsi fait référence à deux types de fusion :
– la fusion-absorption (transmission à une société existante – opération la plus cou-
rante) ;
– ici A + B = A ou B suivant le sens de la fusion, c’est-à-dire quelle société est l’ab-
sorbante ;
– la fusion-constitution (transmission à une nouvelle société). Ici A + B = C.
L’opération ne doit pas être confondue avec l’opération voisine de cession de contrôle
par transfert des droits sociaux (sur laquelle v. supra, p. 55). La principale différence
réside dans le fait que, dans la cession de contrôle, la société dont le contrôle est cédé
subsiste en tant que personne morale, alors qu’en cas de fusion, la personnalité morale
de la société absorbée disparaît (dissolution sans liquidation – radiation du greffe).
B. La scission
Opération par laquelle une société transmet, par voie de scission, son patrimoine à
plusieurs sociétés, existantes ou nouvelles (C. com., L. 236-1, al. 2). La personnalité
morale de la société scindée disparaît.
Ici A = B + C.
Il s’agit en principe d’une opération d’apport comme les autres (sur les apports
en nature, v. supra, p. 32). Mais les sociétés parties à l’opération peuvent décider
d’un commun accord de soumettre celle-ci au régime des scissions (C. com.,
art. L. 236-22), ce qui emporte alors un effet de TUP (transmission universelle de
l’ensemble des éléments d’actif et de passif attachés à la branche d’activité appor-
tée) et l’application du régime fiscal de faveur. L’apport partiel d’actif soumis au
régime des scissions se singularise par rapport aux deux précédentes car, en dépit
du fait que l’apport se réalise sous régime de TUP, la personnalité juridique de la
société apporteuse subsiste.
§ 2 - Intérêts pratiques
Ces trois opérations permettent de restructurer une entreprise, en transférant tout
ou partie d’une activité, avec l’ensemble des éléments d’actif et de passif qui y sont
attachés, d’une société à une ou plusieurs autres sociétés, par un mécanisme de
transmission universelle du patrimoine (TUP).
Ces procédés ont l’avantage d’éviter la complexité d’une cession des biens, créances,
contrats et dettes d’une société un par un, laquelle suppose de respecter les forma-
lités requises pour la cession de chacun des biens cédés et d’obtenir l’accord de
chaque créancier, débiteur ou cocontractant cédé.
Les fusions et les scissions permettent notamment de renforcer la capacité concur-
rentielle des entreprises. Les apports partiels d’actif permettent principalement de
filialiser des branches d’activité de l’entreprise, ou de nouer des coopérations avec
d’autres sociétés (création d’une filiale commune, dite aussi sur le plan international
« joint venture »). Les trois opérations peuvent contribuer à constituer ou réorganiser
des groupes de sociétés (sur lesquels, v. infra, p. 329 et s.).
§ 3 - Textes applicables
• Ces opérations sont régies par le Code civil (art. 1844-4), qui réglemente l’opéra-
tion pour les sociétés civiles, et le Code de commerce (art. L. 236-1 à L. 236-21 et
R. 236-1 et s.), qui le fait pour les sociétés commerciales. La réglementation conte-
nue dans le Code civil est beaucoup moins complète que celle qui figure dans le
Code de commerce (pas de principe de droit d’opposition des créanciers not.).
• Les fusions, scissions et apports partiels d’actif peuvent être réalisés entre sociétés
de forme différente (C. com., art. L. 236-2, al. 1).
• Mais il ne s’agit là que de dispositions générales car il existe des règles spéciales
pour les fusions et scissions entre les sociétés par actions. De même, il existe des
règles spéciales pour les SARL.
• Lorsque de telles opérations constituent des opérations de concentration, elles
sont soumises aux règles de concurrence organisant le contrôle des concentrations
en France et dans l’Union européenne.
LES OPÉRATIONS DE RESTRUCTURATION DES SOCIÉTÉS > 315
2. Contrat de cautionnement
La jurisprudence apporte les solutions suivantes (parfois contestées en doctrine) :
– la disparition de la société apporteuse (qu’elle soit, dans le rapport triangulaire
du cautionnement, la société créancière, la société débitrice cautionnée, ou bien
la caution) met fin, pour l’avenir, à l’obligation de la caution. Selon une distinction
doctrinale devenue classique (Mouly), son obligation de couverture des dettes à
naître cesse ; demeure seule son obligation de règlement des dettes déjà nées.
La principale difficulté est de déterminer juridiquement la date de naissance des
créances. On notera par ex. que la dette de remboursement d’un emprunt, fut-il
échelonné dans le temps, naît à compter de la conclusion du prêt et de la remise
des fonds ;
– les mêmes solutions sont appliquées en cas d’apport partiel d’actif, dès lors que la
créance, la dette principale ou l’engagement de caution se rattachent à la branche
d’activité apportée.
3. Responsabilité pénale
a) Le principe de personnalité des poursuites et des peines (art. 6 Conv. EDH ;
C. pén. Art. 121-1) s’oppose à la mise en cause de la responsabilité pénale de la
société bénéficiaire pour des infractions commises par l’apporteuse antérieurement
à l’opération de fusion, scission ou apport partiel d’actif, sauf si l’opération a un but
frauduleux.
b) Il devrait en aller de même des sanctions administratives prononcées par
une autorité administrative indépendante (AMF, Autorité de la concurrence, etc.)
car ces sanctions participent de la matière pénale au sens du Droit européen des
droits de l’homme et devraient respecter les principes directeurs du procès pénal.
Pourtant, telle n’est pas toujours la solution retenue, notamment en droit boursier
et en droit de la concurrence, sans doute en raison des spécificités de ces matières
dans lesquelles l’on prend davantage en compte l’idée de continuité juridique et
économique de l’entreprise.
c) À noter, qu’en revanche, la société bénéficiaire est responsable du paiement
des sanctions pécuniaires auxquelles la société apporteuse a été condamnée avant
l’opération de fusion ou de scission (C. pén., art. 133-1). Mais cette solution n’est pas
transposable en cas d’apport partiel d’actif puisque l’apporteuse n’est pas dissoute et
conserve sa personnalité morale.
4. Clause d’agrément
Lorsque le patrimoine (ou la partie transmise dans l’apport partiel d’actif) de la
société apporteuse comporte des titres d’une société tierce, ceux-ci ne peuvent
être transmis à la société bénéficiaire qu’en respectant la clause d’agrément conte-
nue dans les statuts de cette société tierce, si toutefois cette clause ne se contente
pas de s’appliquer aux seules « cessions », mais vise expressément les opérations
emportant TUP. Si le transfert se réalise en violation de la clause d’agrément, la
sanction ne peut être ni la nullité de la fusion ou de la scission, ni la nullité du
transfert puisque l’apporteuse a disparu par l’effet de la fusion ou de la scission.
La jurisprudence applique alors la procédure de rachat prévue en cas de défaut
d’agrément (v. supra, p. 55).
LES OPÉRATIONS DE RESTRUCTURATION DES SOCIÉTÉS > 317
2. Régime d’exonération
Elle n’est applicable que si la société bénéficiaire des apports s’engage, dans l’acte
de fusion, à respecter certaines obligations comptables et fiscales. La société béné-
ficiaire des apports est soumise à diverses obligations destinées à rendre possible
l’imposition ultérieure, à son nom, des plus-values et provisions exonérées lors de
la fusion ou assimilée.
§ 1 - Causes de nullité
Du fait de l’importance des opérations de fusion, scission et apport partiel d’actif, le
législateur a prévu un régime restrictif pour les nullités des deux premières (C. com.,
art. L. 235-8), que la jurisprudence applique également à la dernière.
Les cas où la nullité est encourue sont limités à deux :
– la nullité de la délibération de l’une des assemblées qui ont décidé l’opération ;
– le défaut de dépôt de la déclaration de conformité exigée par l’art. L. 236-6,
al. 3 C. com.
§ 2 - Régime de la nullité
A. Délai de prescription
L’action en nullité est enfermée dans un délai de six mois, plus court que le délai
de droit commun de trois ans des nullités des actes et délibération. Ce délai court à
compter de la date de la dernière inscription au RCS rendue nécessaire par l’opéra-
tion (C. com., art. L. 235-9 al. 2).
B. Régularisation
S’il est possible de porter remède à l’irrégularité susceptible d’entraîner la nullité, le
tribunal saisi de l’action en nullité doit accorder aux sociétés concernées un délai
pour régulariser la situation (C. com., art. L. 235-8, al. 2).
C. Publicité de l’annulation
La décision judiciaire prononçant la nullité d’une opération intéressant une société
commerciale à risque limité, doit, lorsqu’elle est définitive, faire l’objet d’une publi-
cité (C. com., art. L. 235-11, al. 1er).
D. Conséquences de la nullité
La décision de nullité est sans effet sur les obligations nées à la charge ou au profit
des sociétés auxquelles le ou les patrimoines sont transmis entre la date de prise
d’effet de l’opération et la date de publication de la décision de nullité. En outre,
la loi a mis en place une protection supplémentaire au profit des tiers en imposant
la responsabilité solidaire des sociétés concernées pour l’exécution de ces mêmes
obligations durant cette période.
> L’essentiel
Le Code de commerce comporte, d’une part, des dispositions générales applicables
à toutes les fusions et scissions, quelle que soit la forme des sociétés concernées
(C. com., art. L. 236-1 à L. 236-6), et, d’autre part, des règles particulières pour les fusions
et scissions entre les sociétés par actions et pour celles intervenant entre des SARL.
E. Déclaration de conformité
Obligation de dépôt au greffe par les sociétés participantes d’une déclaration de
conformité relatant tous les actes effectués en vue de procéder aux opérations de
fusion et de scission et affirmant que l’opération a été réalisée en conformité des
lois et règlements. Formalité requise à peine de nullité de l’opération (C. com.,
art. L. 236-6, al. 3. – v. supra, p. 318).
cas, l’opération prendra alors effet à une autre date qui ne doit être ni postérieure
à la date de clôture de l’exercice en cours de la société bénéficiaire, ni antérieure à
la date de clôture du dernier exercice clos des sociétés transmettant leur patrimoine
(C. com., art. L. 236-4).
2. Société nouvelle
Si l’une des sociétés concernées est nouvelle, la date d’effet ne peut, en tout état
de cause, remonter au-delà de la date d’immatriculation au RCS de la nouvelle
société.
> L’essentiel
L’apport partiel d’actif est une opération d’apport comme les autres (sur les
apports en nature, v. supra, p. 32). Mais les sociétés bénéficiaires et apporteuses
(SA ou SARL) peuvent décider d’un commun accord de soumettre l’opéra-
tion aux dispositions du Code de commerce relatives à la scission (C. com.,
art. L. 236-22 et L. 236-24), ce qui entraîne l’application du mécanisme du trans-
fert universel du patrimoine ainsi que du régime fiscal de faveur.
L’apport peut être réalisé au profit de sociétés anonymes préexistantes ou nou-
velles. En revanche, s’agissant des SARL, la loi prévoit que le régime juridique des
scissions ne s’applique qu’aux apports à des SARL.
§ 7 - Décision
Dans les conditions requises pour la modification des statuts (C. com., art. L. 236-2
et L. 237-8).
• Par ailleurs, la société apporteuse peut demeurer, dans certains cas, solidairement
tenue des dettes transmises avec la société bénéficiaire (v. ci-après).
> L’essentiel
On appelle « groupe de sociétés » l’ensemble constitué par plusieurs sociétés,
ayant chacune une existence propre, mais unies entre elles par des liens divers en
vertu desquels l’une d’elles, dite société mère, qui tient les autres sous sa dépen-
dance, exerce un contrôle sur l’ensemble et fait prévaloir une unité de décision.
Les groupes de sociétés présentent une grande diversité de situations. Il n’existe
pas de réglementation d’ensemble des groupes de sociétés, de sorte que les
dispositions juridiques et les solutions jurisprudentielles qui leur sont applicables
sont nombreuses et hétérogènes.
B. Typologie – juridique –
reposant sur les structures utilisées
• Groupe de type pyramidal : une société a des participations dans un certain
nombre de sociétés qui, à leur tour, en détiennent dans d’autres, et ainsi de suite.
• Groupe de type radial : une même société détient des participations dans plusieurs
sociétés distinctes. Elle est en quelque sorte au centre de ces sociétés organisées
autour d’elle, mais qui demeurent financièrement isolées les unes des autres.
• Groupe de type circulaire : la société A participe au capital d’une société B, qui
détient une participation dans la société C, laquelle est elle-même présente dans le
capital de la société A.
§ 1 - En droit interne
L’expression « groupe de sociétés » a une signification plus économique que juri-
dique.
Jusqu’à ce jour, il n’y a jamais eu, en droit français, de réglementation d’ensemble
des groupes de sociétés, bien que plusieurs projets en ce sens aient été développés
dans le passé, sans aboutir.
Les dispositions juridiques et les solutions jurisprudentielles qui leur sont applicables
sont de plus en plus nombreuses, mais restent donc hétérogènes. Ainsi, les règles
juridiques applicables au groupe se situent aussi bien dans le droit des sociétés que
dans le droit du travail, le droit fiscal ou celui des procédures collectives.
Ces dispositions légales éparses reposent souvent sur une sorte de définition du
groupe qui leur est propre, permettant la délimitation de leur champ d’application.
Cette définition n’est cependant nullement homogène, plusieurs textes différents
venant ainsi définir, pour le domaine concerné, la notion de groupe et de contrôle.
§ 3 - Règles de concurrence
La constitution, comme d’ailleurs la vie ultérieure, d’un groupe de sociétés est de
nature à fausser éventuellement le jeu de la concurrence.
Le Code de commerce prévoit, au plan interne, un contrôle des concentrations et
une réglementation des ententes et abus de position dominante.
Par ailleurs, au plan européen, un contrôle des concentrations est également opéré,
permettant à la Commission d’empêcher des concentrations qui restreindraient exa-
gérément le jeu de la concurrence au sein de l’Espace économique commun.
> L’essentiel
Les modalités de constitution d’un groupe de sociétés sont diverses. Mais on
constate fréquemment l’existence d’une société dominante, que l’on peut qualifier
de « société-mère », ou, selon une terminologie anglo-saxonne, de « holding ».
L’objet de cette société pourra être uniquement la prise et la gestion des participa-
tions dans d’autres sociétés. Mais elle peut avoir elle-même une activité industrielle
ou commerciale propre à laquelle s’ajoute donc le contrôle du groupe.
Elle se distingue de la société de portefeuille qui n’intervient pas dans la gestion des
sociétés dont elle détient des titres, se contentant d’effectuer un placement.
D. Holding familial
Créé par un chef d’entreprise pour organiser sa succession de façon à transmettre
le contrôle de la société à tel enfant, sans pour autant nuire aux autres. Le holding
familial est souvent créé « par le haut » (v. ci-dessus).
LES GROUPES DE SOCIÉTÉS > 335
> L’essentiel
Il existe tout d’abord un régime légal encadrant spécifiquement les relations
capitalistiques conduisant à des liens de filialisation ou de participation. Il existe
également un régime comptable propre aux groupes de sociétés, dit de « conso-
lidation des comptes ». Enfin, le législateur a procuré aux groupes de sociétés un
régime fiscal particulier.
§ 1 - Définitions
A. Filiales
Lorsqu’une société possède plus de la moitié du capital d’une autre société, la
seconde est considérée comme filiale de la première (C. com., art. L. 233-1).
Corrélativement, une société détentrice de plus de la moitié du capital d’une autre
société est considérée comme société mère de celle-ci.
B. Participations
D’une manière générale, il y a participation toutes les fois qu’une société acquiert
une partie du capital d’une autre société, par achat de parts ou d’actions de cette
dernière. Cependant, la loi donne à la notion de participation des contours plus pré-
cis, en fonction du pourcentage de la fraction détenue du capital d’une autre société.
Lorsqu’une société possède, dans le capital d’une autre société, une fraction com-
prise entre 10 % et 50 %, la première est considérée comme ayant une participation
dans la seconde (C. com., art. L. 233-2).
Tous les moyens et techniques offerts par le droit des sociétés peuvent être utilisés
pour réaliser des prises de participation (création d’une société nouvelle, apport
partiel d’actif, souscription à une augmentation de capital, acquisition de titres de
gré à gré ou en bourse).
C. Contrôle
Contrôler une société, c’est exercer une influence déterminante sur sa gestion (sur le
contrôle v. égal. supra, p. 55).
Une définition légale du contrôle est donnée par l’art. L. 233-3 C. com. Elle ne vaut en
principe que pour l’application des dispositions relatives aux notifications et informa-
tions sur les participations significatives, aux participations réciproques et à la régle-
mentation de l’autocontrôle. Mais parfois d’autres dispositions légales y renvoient.
Par ailleurs, une autre définition du contrôle est fournie par l’art. L. 233-16 C. com.
relatif aux comptes consolidés (v. infra, p. 344 et s.).
L’art. L. 233-3 C. com. prévoit plusieurs situations de contrôle :
336 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
2. Contrôle présumé
Une société est présumée en contrôler une autre « lorsqu’elle dispose, directement
ou indirectement, d’une fraction des droits de vote supérieure à 40 % et qu’aucun
autre associé ou actionnaire ne détient directement ou indirectement une fraction
supérieure à la sienne » (C. com., art. L. 233-3, II). Cette présomption de contrôle
est une présomption simple, susceptible d’être renversée par la preuve contraire.
3. Contrôle conjoint
La loi prévoit que « pour l’application des mêmes sections du présent chapitre, deux
ou plusieurs personnes agissant de concert sont considérées comme en contrôlant
conjointement une autre lorsqu’elles déterminent en fait les décisions prises en assem-
blée générale » (C. com., art. L. 233-3, III. – Sur l’action de concert, v. infra, p. 339).
• Une société autre qu’une société par actions dont une fraction égale ou inférieure
à 10 % de son capital appartient à une société par actions ne peut détenir une frac-
tion supérieure à 10 % des actions émises par cette dernière (C. com., art. L. 233-30,
al. 3).
Régularisation :
• Les participations interdites ou excédentaires doivent être aliénées dans le délai
d’un an à compter de la date à laquelle elles sont entrées dans le patrimoine social.
• La participation réciproque née d’une fusion n’est pas illégale si elle est régularisée
dans l’année. Mais, les actionnaires doivent être suffisamment informés.
Sanctions : les actions sont privées du droit de vote jusqu’à leur aliénation (C. com.,
art. L. 233-30 et R. 233-18). Les dirigeants ne mettant pas fin aux irrégularités rela-
tives à ces participations réciproques sont passibles de sanctions pénales, v. ci-après.
C. Réglementation de l’autocontrôle
(participations réciproques indirectes)
Définition : l’autocontrôle est le moyen, pour une société, d’assurer son propre
contrôle par l’intermédiaire d’une ou de plusieurs autres sociétés dont elle détient,
directement ou indirectement, en droit ou en fait, le contrôle.
Les actions ou parts détenues par les sociétés contrôlées dans la société mère sont
qualifiées d’actions ou de parts d’autocontrôle.
2. Sanctions
a) Sanctions pénales : en ce qui concerne les participations prohibées, les infrac-
tions aux art. L. 233-29C. com., L. 233-29, L. 233-30 ou L. 233-31 C. com. commises
par les organes sociaux de gestion, de direction ou d’administration, sont sanction-
nées d’une amende de 18 000 € au plus (C. com., art. L. 247-3).
b) Sanctions civiles : bien que l’art. L. 233-31 C. com. ne le prévoit pas, le caractère
impératif du texte implique que sa violation peut provoquer la nullité de la délibé-
ration irrégulièrement votée, mais uniquement s’il s’agit d’une décision ne modifiant
pas les statuts (C. com., art. L. 235-1, al. 2). Sauf fraude.
2. Régime de l’information
L’information prévue par les statuts est décrite dans l’art. L. 233-7 C. com. organisant
l’information légale et devrait être soumise au même régime que cette dernière.
L’information supplémentaire doit, en principe, être donnée dans le même délai de
quinze jours que l’information légale, sauf délai plus court prévu par les statuts. Elle
342 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
3. Sanctions
L’inobservation des dispositions statutaires relatives à une obligation d’information
en cas de franchissement de seuils autres que ceux fixés par la loi n’entraîne aucune
sanction pénale.
En cas de non-respect de cette obligation supplémentaire, les sanctions prévues
pour l’obligation légale de déclaration de franchissement de seuil par l’art. L. 233-14,
al. 1er et 2, C. com. (v. supra, p. 338 et s.) peuvent être applicables :
– si la sanction a été prévue dans les statuts ;
– si la sanction est demandée, avec consignation dans le procès-verbal de l’assem-
blée générale, par un ou plusieurs actionnaires détenant une fraction du capital ou
des droits de vote de la société émettrice au moins égale à la plus petite fraction du
capital ou des droits de vote dont la détention doit être déclarée, ce pourcentage ne
pouvant pas être supérieur à 5 % (C. com., art. L. 233-7, VI).
des participations, v. supra), les sociétés par actions doivent informer leurs action-
naires sur la répartition de leur capital (not. identité des actionnaires).
7. Sanctions
• S’exposent à un emprisonnement de deux ans au plus et à une amende maximale
de 9 000 € (C. com., art. L. 247-1) les présidents, administrateurs, membres du direc-
toire, directeurs généraux ou gérants de toute société qui :
– n’auront pas fait mention dans le rapport annuel, présenté aux associés sur les opé-
rations de l’exercice, d’une prise de participation dans une société ayant son siège
social sur le territoire de la République française représentant plus du vingtième, du
dixième, du cinquième, du tiers, de la moitié ou des deux tiers du capital ou des
droits de vote aux assemblées générales de cette société ou de la prise de contrôle
d’une telle société ;
– n’auront pas, dans le même rapport, rendu compte de l’activité et des résultats de
l’ensemble de la société, des filiales de la société et des sociétés qu’elle contrôle par
branche d’activité ;
– n’auront pas annexé au bilan le tableau des filiales et participations.
Ces peines seront applicables aux commissaires aux comptes qui n’auront pas men-
tionné dans leur rapport les prises de participation significatives ou les prises de
contrôle dans des sociétés ayant leur siège en France.
• Seront punis d’une amende de 18 000 € au plus les dirigeants d’une société par
actions qui auront omis de faire mention, dans le rapport présenté aux actionnaires
sur les opérations de l’exercice, de l’identité des personnes détenant des participa-
tions significatives dans cette société, des modifications intervenues au cours de
l’exercice, du nom des sociétés contrôlées et de la part du capital de la société que
ces sociétés détiennent, dans les conditions prévues par l’art. L. 233-13 C. com.
344 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
Les mêmes peines seront applicables, le cas échéant, aux commissaires aux comptes
pour défaut de ces mentions dans leur rapport, si ces informations n’ont pas été
fournies dans le rapport de gestion des dirigeants.
1. Contrôle exclusif
Peut exister dans l’une des situations suivantes (C. com., art. L. 233-16, II) :
– détention directe ou indirecte de la majorité des droits de vote dans une autre
société (contrôle exclusif de droit) ;
– désignation, pendant deux exercices successifs, de la majorité des membres des
organes d’administration, de direction ou de surveillance d’une autre société. La
société consolidante est présumée avoir effectué cette désignation lorsqu’elle a dis-
posé, au cours de cette période, dans l’autre société, directement ou indirectement,
d’une fraction supérieure à 40 % des droits de vote et qu’aucun autre associé ou
actionnaire ne détient, directement ou indirectement, une fraction supérieure à la
sienne (contrôle exclusif de fait) ;
– droit d’exercer une influence dominante sur une société en vertu d’un contrat
ou de clauses statutaires, lorsque le droit applicable le permet (contrôle exclusif
contractuel).
2. Contrôle conjoint
Partage du contrôle d’une société par un nombre limité d’associés ou d’actionnaires,
de sorte que les décisions résultent de leur accord (C. com., art. L. 233-16, III).
3. Influence notable
L’influence notable sur la gestion et la politique financière d’une société est pré-
sumée lorsqu’une société dispose, directement ou indirectement, d’une fraction
au moins égale à 20 % des droits de vote d’une autre (C. com., art. L. 233-16,
IV).
B. Périmètre
Principe : toutes les filiales et participations placées sous le contrôle exclusif,
conjoint ou sous l’influence notable de la société dominante sont comprises dans le
périmètre de consolidation.
Exceptions :
• Exceptions de droit : une filiale ou une participation doit être laissée en dehors
de la consolidation lorsque des restrictions sévères et durables remettent en cause
substantiellement le contrôle ou l’influence exercés par la société consolidante ou
les possibilités de transfert de fonds par celles-ci (C. com., art. L. 233-19, I).
• Exceptions facultative : peuvent être laissées en dehors de la consolidation les
filiales ou participations lorsque, par ex., leurs actions ou parts ne sont détenues
qu’en vue de leur cession ultérieure ou qu’elles ne représentent qu’un intérêt négli-
geable (C. com., art. L. 233-19, II).
B. Modalités d’établissement
• Les comptes consolidés peuvent être établis, soit à la même date que les comptes
annuels de la société consolidante, soit à une date différente, à condition d’en justi-
fier les raisons dans l’annexe (C. com., art. L. 233-20 et L. 233-25).
• L’établissement et la publication des comptes consolidés incombent au conseil
d’administration, au directoire ou aux gérants, suivant les sociétés.
• Un rapport sur la gestion du groupe consolidé doit être établi par la direction.
Il expose notamment la situation du groupe son évolution prévisible (C. com., art.
L. 233-26).
F. Sanctions
Les membres du directoire, du conseil d’administration ou les gérants des sociétés
soumises à l’obligation de consolidation, qui n’auront pas établi et adressé aux
actionnaires ou aux associés des comptes consolidés ou qui n’auront pas justifié
LES GROUPES DE SOCIÉTÉS > 347
l’exemption d’établissement (C. com., art. L. 233-19), peuvent être punis d’une peine
d’amende de 9 000 € au plus (C. com., art. L. 247-1, II).
> L’essentiel
Les sociétés membres d’un groupe vont fréquemment nouer entre elles des
relations juridiques et financières. Des prêts et des avances en compte courant
vont ainsi pouvoir être effectués, qui constituent les opérations de financement
les plus fréquentes au sein d’un groupe de sociétés. Par ailleurs, des sûretés vont
pouvoir être consenties entre sociétés d’un groupe, afin que l’une d’entre elles
garantisse les engagements d’une autre à l’égard de certains créanciers, notam-
ment des banques. Enfin, d’autres opérations intra-groupes sont envisageables
(abandons de créances, conventions de gestion ou d’assistance…).
§ 1 - Modalités de l’opération
Les prêts et les avances en compte courant constituent les opérations de finance-
ment les plus fréquentes au sein d’un groupe de sociétés.
Dans les groupes, il est ainsi courant de mettre en commun la trésorerie des diffé-
rentes sociétés (« pool de trésorerie ») afin réduire le recours aux emprunts bancaires.
A. Validité
Il convient de se placer successivement à un deux niveaux : réglementation bancaire
et droit des sociétés.
B. Sanctions éventuelles
• L’octroi d’un prêt intragroupe peut exposer ses auteurs à des sanctions d’ordre
civil.
• La société mère peut engager sa responsabilité civile à l’égard des créanciers de
la filiale si l’opération a provoqué l’insolvabilité de la filiale ou assuré la survie arti-
ficielle de filiales économiquement condamnées.
• Les dirigeants en cause peuvent également engager leur responsabilité, civile mais
également pénale, notamment sur le fondement de l’abus de biens sociaux (v. infra,
p. 356).
B. Conditions de validité
• L’assistance doit correspondre à une réalité économique et à des prestations
réelles et sérieuses, dont l’exécution doit pouvoir être justifiée par les cocontrac-
tants.
352 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
> L’essentiel
Le phénomène de groupe de sociétés peut engendrer certains risques pour ceux
qui sont susceptibles d’entrer en relation avec lui ou de subir l’emprise de son
poids économique, et not. :
• associés minoritaires, qui risquent de se heurter à des mesures contraires à
l’intérêt de leur société mais conformes à l’intérêt du groupe (par ex., un transfert
de bénéfices, un abandon de créance, la prise en charge d’un passif) ;
• salariés, qui risquent de perdre le bénéfice de certaines dispositions protec-
trices de leurs droits (par ex., comité d’entreprise, dont la création peut être
éludée par l’éclatement du groupe), de se voir employer par des filiales soumises
à des conventions collectives moins avantageuses ou encore dont la carrière
risque d’être rendue difficile par de fréquents détachements ou transferts d’en-
treprises ;
• créanciers, qui peuvent se heurter à l’insuffisance d’actif d’une filiale alors
qu’ils pensaient contracter avec un groupe d’une notoire solvabilité.
§ 3 - Expertise de gestion
Des expertises de gestion (v. supra, p. 95), permettant une information des action-
naires minoritaires sur la gestion et la politique du groupe, peuvent être réclamées
par des actionnaires de la société mère sur des opérations d’une filiale (C. com.,
art. L. 225-231). La demande doit émaner d’une association répondant aux condi-
tions fixées à l’art. L. 225-120 C. com. ou d’un ou plusieurs actionnaires représen-
tant au moins 5 % du capital social et doit être appréciée au regard de l’intérêt
du groupe.
§ 4 - Action ut singuli
La jurisprudence a reconnu la possibilité pour les actionnaires minoritaires de la
société mère d’exercer l’action sociale ut singuli (sur laquelle v. supra, p. 67) à l’en-
contre des dirigeants d’une filiale pour abus de biens sociaux.
B. Conditions de validité
La Cour de cassation admet la validité du contrat de travail ayant pour objet exclusif
l’exercice d’un mandat social dans la filiale, sous les conditions suivantes :
– l’existence d’un lien de subordination entre le mandataire social et la société
mère (on notera que ce lien est assez contradictoire avec le principe de l’indé-
pendance des dirigeants, et pourrait entraîner, en fonction des circonstances,
certaines conséquences fâcheuses, telle que la qualification de la société mère
de dirigeant de fait de la filiale par personne interposée et sa condamnation à
combler le passif de celle-ci dans le cadre d’une procédure collective ouverte
contre elle) ;
– le fait que l’intéressé soit rémunéré par la société mère ;
– le fait qu’il exerce effectivement les fonctions pour lesquelles il a été engagé. Ainsi
il n’est pas exigé que le contrat de travail corresponde à des fonctions techniques
distinctes d’un mandat social, contrairement aux règles posées dans le droit commun
du cumul mandat social/contrat de travail (v. supra, p. 64).
C. Conséquences
Cette situation entraîne l’obligation, pour la société mère, de respecter, pour l’exé-
cution comme pour la rupture du contrat de travail, les règles édictées par le Code
du travail. La fin du mandat social n’entraîne pas ipso jure la rupture du contrat de
travail. Il en résulte que si la société souhaite rompre les liens qui la lient au « man-
dataire salarié », elle devra, en principe, procéder de manière bien distincte :
– à la révocation du mandat social dans les formes et conditions prévues par le droit
des sociétés ; et
– à la rupture du contrat de travail dans les formes, conditions et procédures et avec
les conséquences financières prévues par le Code du travail. En particulier le licen-
ciement de l’intéressé devra être fondé sur une cause réelle et sérieuse, personnelle
ou économique (et ne pourra intervenir dans ce dernier cas qu’en cas d’impossibilité
de reclassement au sein du groupe de sociétés).
Néanmoins le problème se pose de savoir si la société mère peut invoquer, à l’appui
du licenciement, des faits commis par le salarié dans le cadre de son mandat ou la
suppression du mandat pour une raison économique (par ex. en cas de disparition
de la filiale, d’absorption ou de cession de celle-ci). Une réponse positive devrait
logiquement s’imposer, mais la jurisprudence n’est pas toujours en ce sens, dans un
but de protection du salarié.
B. Responsabilité pénale
• Les règles de responsabilité pénale des dirigeants personnes physiques ou
morales sont celles du droit commun (v. supra, p. 68). Mais une particularité doit
être notée :
– dans les groupes de sociétés, la principale cause de responsabilité pénale de ces
dirigeants réside dans la commission de l’infraction d’abus des biens sociaux, des
pouvoirs ou du crédit ;
– or, l’existence d’un groupe de sociétés peut constituer un fait justificatif permettant
d’écarter la responsabilité pénale du dirigeant sur le fondement de l’abus des biens
sociaux ou des pouvoirs (infractions prévues par C. com., art. L. 241-3, 4o, et L. 242-
6, 3o).
• S’agissant notamment d’avances consenties par une société à une autre société du
groupe, la Cour de cassation a défini les conditions requises pour que le délit d’abus
de biens sociaux ne soit pas constitué, dans un arrêt de principe du 4 févr. 1985
(Rozenblum). Aux termes de cet arrêt, le fait justificatif invoqué par le dirigeant doit
réunir trois éléments constitutifs :
– l’existence d’un groupe, c’est-à-dire d’un groupement économique fortement
structuré, reposant sur des bases non artificielles, et son intérêt au cas d’es-
pèce ;
– les sacrifices financiers imposés à une ou plusieurs sociétés ne doivent pas être
consentis sans contrepartie et ne doivent pas entraîner une rupture d’équilibre entre
les engagements respectifs des sociétés du groupe ;
– les sacrifices financiers ne doivent pas dépasser les possibilités financières de la
société qui les supporte.
LES GROUPES DE SOCIÉTÉS > 357
§ 3 - Responsabilité environnementale
des sociétés-mères du fait de leurs filiales
• L’engagement de la responsabilité environnementale des sociétés-mères en cas
de pollution causée par leurs filiales est un thème important et actuel. En effet, en
cas de défaillance de la filiale, les créances environnementales que constituent les
obligations de réparation et de remise en état de l’environnement peuvent rester
inexécutées, en raison de l’irresponsabilité de la société-mère (responsable comme
tout associé d’une société à risque limité, à hauteur de son simple apport). Situation
particulièrement inacceptable quand la défaillance de la filiale révèle des agisse-
ments fautifs imputables à la maison-mère. L’organisation de l’insolvabilité de la
filiale afin qu’elle ne puisse pas faire face à ses obligations environnementales n’est
pas un cas d’école.
• Certes, en cas de fictivité ou de confusion des patrimoines, l’action en extension
de la procédure collective à un tiers, notamment à la maison mère, est envisageable,
mais elle ne saurait aboutir, si elle ne repose pas sur des éléments précis, ci-dessus
rappelés.
• La responsabilité des sociétés-mères pour atteinte à l’environnement a été envi-
sagée dans de nombreux textes (en dernier lieu : art. 84 du projet de loi portant
engagement national pour l’environnement déposé au Sénat le 12 janv. 2009, visant
à modifier l’art. L. 512-17 du Code de l’environnement relatif à la remise en état des
sites en fin d’exploitation afin de permettre une mise en cause de la société-mère en
cas d’agissement fautif ayant conduit à une insuffisance d’actifs empêchant la filiale
de faire face à ses obligations environnementales de réhabilitation). Mais rien n’a
encore abouti de manière définitive.
360 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
> L’essentiel
Le groupement d’intérêt économique (GIE) n’est pas une société commer-
ciale. Il dispose d’une forme juridique originale créée par une ordonnance du
23 sept. 1967, aujourd’hui codifiée sous les art. L. 251-1 à L. 251-23 C. com.
Cette forme juridique, qui est souple et neutre, du point de vue fiscal, permet aux
entreprises de se grouper tout en conservant leur individualité et leur autonomie.
En créant un GIE, des entreprises commerciales ou industrielles peuvent mettre
en commun certaines de leurs activités. La réglementation du GIE a été renforcée
par deux lois, du 1er avr. 1984 et du 13 juin 1989.
Pour sa part, la Commission de Bruxelles étudiait depuis 1973 un projet de groupe-
ment européen d’intérêt économique (GEIE), fortement inspiré du GIE français. Un
règlement a été adopté le 25 juill. 1985, imposant aux États membres de prendre les
mesures d’exécution nécessaires avant le 1er juill. 1989. Cela a été en France l’objet de
la loi du 13 juin 1989, aujourd’hui codifiée sous les art. L. 252-1 à L. 252-13 C. com.
§ 1 - La constitution du GIE
A. Conditions de fond
1. Objet du GIE
• Il doit être économique (commercial ou civil) : il s’agit de toute activité commer-
ciale (production, distribution, service), industrielle, agricole, artisanale ainsi que
toute activité relative aux professions libérales.
LES GROUPES DE SOCIÉTÉS > 361
• Les membres doivent exercer une activité susceptible d’être développée par leur
participation au GIE.
• L’objet du GIE doit présenter un certain lien avec l’activité des membres : si l’objet
est de créer des activités qui n’existaient pas auparavant chez les membres, il faut
constituer une société.
• De plus, le GIE ne doit pas prendre à son compte toute l’activité de ses membres,
sinon il y aura création d’une société de fait.
• Le contrat constitutif doit définir l’objet du GIE de manière bien précise car son
étendue va délimiter les pouvoirs de l’administrateur du GIE vis-à-vis des tiers, et
donc la responsabilité du GIE et la solidarité corrélative des membres (v. infra).
• Exemples d’utilisation de la forme GIE : création de services communs (informa-
tique, comptabilité, transport, assistance technique) ; actions commerciales com-
munes (bureau d’exportation, achats groupés de matières premières, prospection
de marchés, représentation sur les foires commerciales) ; travaux d’études (mise en
commun des moyens humains et matériels de recherche, bureau d’étude).
3. Membres du GIE
• Le GIE doit comprendre au moins deux membres, sans maximum. Les membres
peuvent être des personnes physiques ou morales ayant une activité économique
qui trouve son prolongement dans celle du GIE.
• L’admission ou le retrait de nouveaux membres est déterminé librement par une
clause de l’acte de constitution ou le consentement unanime des membres.
4. Dénomination du GIE
Une dénomination est obligatoire, mais elle est librement choisie par les membres.
Elle doit figurer sur tous actes et documents et doit être suivie des mots « groupement
d’intérêt économique » ou du sigle « GIE », sous peine d’amende (C. com.,
art. L. 251-17).
5. Durée du GIE
Le GIE doit être constitué pour une durée déterminée liée à l’objectif poursuivi. La
durée peut être renouvelée par l’assemblée : le contrat constitutif doit alors être
modifié et publié. Aucune durée minimum ou maximum n’est cependant prévue
par la loi.
362 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
6. Siège du GIE
Le contrat constitutif fixe librement le siège social du GIE : en général, il s’agit du lieu
où fonctionnent les organes de gestion du GIE.
C. Nullités
Causes : violation des dispositions impératives de l’ordonnance de 1967 ou
existence d’une cause de nullité des contrats en général (C. com., art. L. 251-5,
al. 1).
Régime :
– prescription de trois ans ;
– action éteinte si la cause de nullité a cessé d’exister le jour où le tribunal se pro-
nonce (sauf illicéité de l’objet) ;
– application des art. 1844-12 à 17 C. civ. (C. com., art. L. 251-5, al. 3) ; – extension
de ce régime aux actes et délibérations postérieurs à la constitution.
LES GROUPES DE SOCIÉTÉS > 363
§ 2 - Le fonctionnement du GIE
A. L’administration du GIE
1. Statut des administrateurs
• Le GIE est administré par une ou plusieurs personnes, membres du GIE ou non.
• Les conditions de nomination (âge, participation minimale au groupement) sont
prévues librement dans le contrat constitutif ou par l’assemblée des membres. Les
nominations en cours de vie du GIE doivent être publiées dans le mois (dépôt
au greffe du tribunal de commerce, inscription modificative au RCS, insertion au
BODACC par le greffier).
• La rémunération de l’administrateur est fixée librement par le contrat constitutif ou
par l’assemblée. Les rémunérations versées aux administrateurs non membres sont
soumises au régime des traitements et salaires, celles versées aux administrateurs
membres s’ajoutent à leur part des bénéfices du GIE.
• L’administrateur peut cumuler son mandat avec un contrat de travail, dans la
mesure où le contrat de travail correspond à un emploi effectif distinct du mandat
et si l’intéressé est en situation de subordination vis-à-vis du GIE.
• La durée du mandat d’administrateur, les modalités de son renouvellement ou de
sa révocation sont fixées librement dans le contrat constitutif ou par l’assemblée.
• Quelle que soit sa cause (décès, démission, révocation, expiration du mandat
sans renouvellement), la cessation des fonctions de l’administrateur doit être publiée
comme suit : dépôt au greffe du tribunal de commerce, inscription modificative au
RCS, insertion au BODACC par le greffier.
2. Pouvoirs et responsabilités
• Les statuts ou, à défaut, l’assemblée des membres, fixent les attributions des admi-
nistrateurs.
• Les administrateurs engagent le GIE pour les actes accomplis dans le cadre fixé par
le GIE. Ils peuvent engager leur responsabilité à l’égard des membres s’ils dépassent
les limites de leur mandat. Des limitations de pouvoir peuvent être prévues mais ne
sont pas opposables aux tiers et le GIE reste engagé pour tout acte entrant dans son
objet.
• À l’égard des tiers, tout administrateur agissant isolément, même en cas de pluralité
d’administrateurs, a les pouvoirs les plus étendus pour engager le groupement par
tout acte entrant dans l’objet social (C. com., art. L. 251-11, al. 2).
• L’administrateur est responsable, en qualité de mandataire, dans les conditions de
droit commun, de la violation de la loi ou des statuts ou de ses fautes de gestion.
B. Les assemblées
1. Convocation et tenue
• L’assemblée est obligatoirement réunie à la demande d’un quart au moins du
nombre des membres du GIE. Pour le reste (modalités de convocation, droit de
communication, ordre du jour, procès-verbal, etc.), les fondateurs sont libres.
364 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
• Le contrat constitutif peut prévoir que toutes les décisions ou certaines d’entre
elles seront prises aux conditions de quorum et de majorité qu’il fixe. Dans le silence
du contrat, les décisions sont prises à l’unanimité. Sauf stipulation contractuelle
contraire, chaque membre dispose d’une voix.
• Tous faits et actes modifiant l’une des mentions obligatoires de la demande d’im-
matriculation citées plus haut doivent être déclarés au greffe dans le mois de leur
survenance, sous peine d’inopposabilité aux tiers.
2. Compétence
• Elles sont fixées librement par les fondateurs. En règle générale, l’assemblée
est compétente pour toutes modifications du contrat de groupement, la dési-
gnation et la révocation des administrateurs, la fixation de leur rémunération,
l’approbation des comptes de l’exercice et l’affectation des résultats, l’émission
d’obligations.
• Le contrat constitutif peut librement ajouter d’autres domaines de compétences.
B. La transformation
Elle est possible, sans dissolution ni création d’une personne morale nouvelle, dans
les cas suivants :
– transformation en GIE d’une société dont l’objet correspond à la définition d’un
GIE ;
– transformation d’un GIE en société en nom collectif ou en GEIE (C. com.,
art. L. 251-18 et L. 252-8).
B. Régime fiscal
Le GIE n’est pas soumis à l’impôt sur les sociétés (sauf cas exceptionnel). Chaque
membre est personnellement passible de l’impôt sur les revenus (personne physique)
ou de l’impôt sur les sociétés (personne morale) pour la part des bénéfices corres-
pondant à ses droits.
§ 1 - Interdictions
• Un GEIE ne peut employer plus de 500 personnes.
• Un GEIE ne peut pas offrir ses titres au public.
LES GROUPES DE SOCIÉTÉS > 367
§ 2 - Membres
Un GEIE peut être constitué par des sociétés et autres entités juridiques, de droit
public ou privé, constituées conformément au droit d’un État membre et ayant leur
siège dans l’Union européenne. Il peut également être constitué par des personnes
physiques exerçant dans l’Union européenne des activités industrielles, commer-
ciales, artisanales, agricoles, de profession libérale ou d’autres services. Un GEIE doit
compter au moins deux membres relevant d’États membres différents.
§ 3 - Contrat constitutif
Le contrat de GEIE, qui doit contenir les mêmes informations que le contrat de GIE,
devra être déposé auprès d’un registre à désigner par chacun des États membres
(RCS en France). Cette immatriculation confère au GEIE pleine capacité juridique
dans toute l’Union européenne. Un avis annonçant la création (ou la liquidation)
d’un GEIE doit être publié dans le Journal officiel de l’Union européenne (séries C
et S).
§ 4 - Siège social
Le siège d’un groupement doit se situer dans l’Union européenne. Il peut être trans-
féré d’un État membre à un autre sous certaines conditions.
368 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
Troisième partie
LES OPÉRATIONS D’ACQUISITION
DE SOCIÉTÉS SUR LES MARCHÉS
FINANCIERS RÉGLEMENTÉS
> L’essentiel
La bourse désigne un ensemble de marchés, sur lesquels s’échangent les valeurs
mobilières émises par certaines sociétés, qui remplissent les conditions pour que
leurs titres y soient cotés. Ces marchés, dont l’organisation est complexe, jouent
un rôle fondamental dans le financement de ces sociétés. Ils vont fréquemment
constituer le cadre d’opérations d’acquisition des sociétés qui y sont cotées. Afin
de protéger les épargnants, l’ensemble des opérateurs qui peuvent intervenir
et, plus globalement, le fonctionnement de ces marchés eux-mêmes, lesdites
opérations font l’objet d’une réglementation spéciale, particulièrement dense et
contraignante.
A. Marchés réglementés
1. Notion
• Un marché réglementé d’instruments financiers est un système multilatéral qui
assure ou facilite la rencontre, en son sein et selon des règles non discrétionnaires,
de multiples intérêts acheteurs et vendeurs exprimés sur des instruments financiers,
d’une manière qui aboutisse à la conclusion de contrats portant sur lesdits instru-
ments (admis à la négociation dans le cadre des règles et systèmes de ce marché), et
qui fonctionne régulièrement conformément aux dispositions qui lui sont applicables
(C. mon. et fin., art. L. 421-1).
370 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
• Un marché réglementé est géré par une entreprise de marché (v. ci-après) qui y
effectue les actes afférents à son organisation et à son exploitation et veille à ce que
celui-ci remplisse en permanence les exigences qui lui sont applicables (C. mon. et
fin., art. L. 421-2). L’entreprise de marché est soumise à un contrôle important, not.
de la part de l’AMF (C. mon. et fin., art. L. 421-7), du fait de son rôle fondamental
dans le fonctionnement des marchés réglementés, dont elle détermine les règles,
qui sont ensuite approuvées par l’AMF (C. mon. et fin., art. L. 421-10). Ces règles
garantissent que les titres admis aux négociations sur un marché réglementé sont
susceptibles de faire l’objet d’une négociation équitable, ordonnée et efficace et
d’être négociés librement (C. mon. et fin., art. L. 421-14).
• Le marché réglementé fait l’objet d’une reconnaissance par arrêté du ministre
chargé de l’économie sur proposition de l’AMF (C. mon. et fin., art. L. 421-4).
2. Organisation interne
• L’AMF comprend un collège, une commission des sanctions et, le cas échéant,
des commissions spécialisées et des commissions consultatives. Sauf disposition
contraire, les attributions qui lui sont confiées sont exercées par le collège (C. mon.
et fin., art. L. 621-2).
• Le collège comporte seize membres et son président est nommé par Décret, pour
une durée de cinq ans, non renouvelable. Le président de l’AMF a qualité pour agir
au nom de celle-ci devant toute juridiction.
• La commission des sanctions est chargée de prononcer les sanctions mentionnées
à l’art. L. 621-15 C. mon. et fin (v. ci-après). Elle est constituée de douze membres :
LES OPÉRATIONS D’ACQUISITION DE SOCIÉTÉS SUR LES MARCHÉS FINANCIERS RÉGLEMENTÉS > 373
3. Règlement général
• Aux termes de l’art. L. 621-7 du Code monétaire et financier, l’AMF adopte un
règlement général qui doit déterminer de nombreuses règles énumérées dans ce
texte, en particulier :
– les règles de pratique professionnelle qui s’imposent aux émetteurs offrant des
titres financiers au public ainsi que les règles qui doivent être respectées dans les
opérations sur des instruments financiers placés par offre au public ;
– les règles relatives aux offres publiques d’acquisition portant sur des instruments
financiers émis par offre de titres financiers au public ;
– les règles de bonne conduite et les autres obligations professionnelles que doivent
respecter à tout moment les personnes mentionnées au II de l’art. L. 621-9 (PSI,
entreprises de marché, etc.) et qui doivent tenir compte de la compétence financière
de la personne à laquelle le service est rendu ;
– les conditions d’exercice de l’activité des PSI qui fournissent, à titre exclusif ou
principal, le service de gestion de portefeuille pour le compte de tiers et les condi-
tions d’agrément des sociétés de gestion de portefeuille ;
– les principes généraux d’organisation et de fonctionnement que doivent respecter
les marchés réglementés, ainsi que les règles relatives à l’exécution des transactions
sur instruments financiers admis sur ces marchés.
• Aux fins de préciser l’interprétation de ce règlement général, l’AMF peut publier
des instructions et des recommandations.
• L’AMF a d’abord adopté le Livre Ier de son règlement général, homologué par arrê-
té ministériel en 2004. Ce Livre Ier est consacré à la déontologie et à la rémunération
des membres de l’AMF et des experts nommés dans les commissions consultatives
de l’AMF. Puis, l’AMF a adopté les Livres II à VI, qui ont été homologués par arrêté
ministériel du 12 nov. 2004. Le Livre II s’intitule « Émetteurs et information finan-
cière » ; le Livre III, « Prestataires » ; le Livre IV, « Produits d’épargne collective » ; le
Livre V, « Infrastructures de marché » et le Livre VI, « Abus de marché : opérations
d’initiés et manipulations de marché ». Le Livre VII, « Marchés réglementés admet-
tant à la négociation des quotas d’émissions » a été homologué par arrêté ministériel
du 22 févr. 2011.
• Des modifications sont ensuite régulièrement apportées par arrêté à ce règlement
général.
celui-ci peut ordonner que la sanction pécuniaire s’impute sur l’amende qu’il pro-
nonce (C. mon. et fin., art. L. 621-16) (v. infra).
• Le cumul des sanctions pénales et administratives et l’articulation des procédures
de l’AMF et des procédures pénales suscitent certaines critiques et nécessitent des
améliorations (Cf. par ex. Rapport Coulon, févr. 2008).
2. Mesures préventives –
Obligation de déclaration de certaines opérations
Dans l’optique d’une plus grande transparence et, à travers elle, d’une meilleure
prévention des infractions et manquements, la directive de 2003 a prévu des obliga-
tions de déclaration de certaines opérations. La loi du 20 juill. 2005 a procédé à la
transposition de la directive en imposant diverses obligations :
– aux établissements de crédit, aux établissements d’investissement et aux personnes
ayant une activité d’intermédiation, de déclarer à l’AMF les opérations suspectées
de constituer une opération d’initié ou une manipulation de cours (C. mon. et fin.,
art. L. 621-17-2) ;
– aux dirigeants sociaux et aux personnes qui leur sont liées de communiquer directe-
ment à l’AMF leurs acquisitions, cessions, souscriptions ou échanges de titres d’une per-
sonne morale qui offre des titres financiers au public ainsi que leurs transactions opé-
rées sur des instruments financiers qui leur sont liées (C. mon. et fin., art. L. 621-18-2) ;
– à tout émetteur dont les instruments financiers sont admis aux négociations sur un
marché réglementé d’établir, de mettre à jour et de tenir à la disposition de l’AMF
une liste des personnes travaillant en son sein et ayant accès aux informations privi-
légiées concernant directement ou indirectement cet émetteur. Les tiers ayant accès
à ces informations dans le cadre de leurs relations professionnelles avec l’émetteur
sont visés (par ex. les conseils) (C. mon. et fin., art. L. 621-18-4).
Les atteintes à la transparence des marchés peuvent être sanctionnées au travers, soit
d’infractions pénales, soit de manquements administratifs.
B. Infractions pénales
• Le tribunal de grande instance de Paris a seul compétence pour la poursuite,
l’instruction et le jugement des délits prévus aux art. L. 465-1 et L. 465-2 du Code
monétaire et financier (C. pr. pén., art. 704-1).
• Les personnes morales peuvent être déclarées responsables pénalement, dans les
conditions prévues par l’art. 121-2 du Code pénal (v. supra, p. 43 et s.), des infrac-
tions définies aux art. L. 465-1 et L. 465-2 du Code monétaire et financier (C. mon.
et fin., art. L. 465-3). Les peines encourues par les personnes morales sont l’amende,
suivant les modalités prévues par l’art. 131-38 du Code pénal (amende quintuplée)
ainsi que les peines mentionnées à l’art. 131-39 du Code pénal.
Trois infractions principales sont réprimées : le délit d’initié, et ses extensions, le
délit de manipulation de cours et le délit de diffusion d’informations fausses ou
trompeuses.
peuses sur les perspectives ou la situation d’un émetteur dont les titres sont négo-
ciés sur un marché réglementé ou sur les perspectives d’évolution d’un instrument
financier admis sur un marché réglementé, de nature à agir sur les cours (C. mon. et
fin., art. L. 465-2 al. 2).
Sanctions : sont applicables les peines prévues à l’art. L. 465-1, al. 1er C. mon. et fin. soit
deux ans d’emprisonnement et une amende de 1 500 000 €, ou plus, jusqu’au décuple
du montant du profit éventuellement réalisé, sans que l’amende puisse être inférieure
à ce même profit. Les actionnaires victimes, ainsi éventuellement que la société elle-
même, peuvent demander réparation de leur préjudice en se constituant partie civile.
C. Manquements administratifs
Définition : le règlement général de l’AMF, homologué par un arrêté du 12 nov.
2004, sanctionne également les manquements administratifs constitutifs d’abus de
marchés :
– s’agissant du manquement d’initié, il précise notamment la notion d’information
privilégiée et les obligations d’abstention la concernant (Règl. gén. AMF, art. 621-1
à 622-2) ;
– s’agissant du manquement de manipulation de cours, il en précise la notion (Règl.
gén. AMF, art. 631-1) ;
– s’agissant du manquement consistant en la communication d’informations fausses
ou trompeuses, l’information donnée au public par les sociétés cotées doit être
exacte, précise et sincère (Règl. gén. AMF, art. 223-1) et l’AMF peut être amenée
à prononcer des sanctions administratives dans les cas où cette information est
défaillante.
Sanctions : ces sanctions sont étudiées dans le cadre de l’examen des pouvoirs de
l’AMF (v. supra, p. 372).
Attention : imputation possible de la sanction pécuniaire administrative sur l’amende
prononcée par le juge pénal.
• Un même comportement peut donc constituer simultanément un délit boursier
et une pratique contraire aux règlements de l’AMF, de sorte qu’un même fait peut
se trouver puni deux fois. Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs précisé à cet égard
que la règle non bis in idem, excluant la possibilité de deux poursuites pour la même
infraction, ne s’appliquait pas en cas de cumul de sanctions pénale et administrative
(Cons. Const. décision du 28 juill. 1989).
• Mais, pour respecter le principe de proportionnalité, l’art. L. 621-16 C. mon. et fin.
prévoit que, lorsque la Commission des sanctions de l’AMF a prononcé une sanc-
tion pécuniaire devenue définitive avant que le juge pénal ait statué définitivement
sur les mêmes faits ou des faits connexes, celui-ci peut ordonner (simple faculté
laissée à son appréciation) que la sanction pécuniaire, devenue définitive, s’impute
sur l’amende qu’il prononce. En revanche, le juge pénal pourra toujours infliger au
prévenu une peine d’emprisonnement en sus de la sanction pécuniaire prononcée
par l’AMF, s’il estime que la gravité des faits le justifie.
• Le cumul des sanctions pénales et administratives et l’articulation des procédures
de l’AMF et des procédures pénales suscitent certaines critiques et nécessitent des
améliorations (Cf. par ex. Rapport Coulon, févr. 2008).
382 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
§ 2 - Principales innovations
introduites par la loi du 31 mars 2006
L’objet premier de la loi n° 2006-387 du 31 mars 2006 a été, en transposant la
13e directive européenne sur les offres publiques d’acquisition, de préciser le régime
des défenses anti-OPA, notamment en subordonnant l’action éventuelle des diri-
geants de la société visée à l’approbation préalable de l’assemblée générale des
actionnaires et en rendant inopposables à l’initiateur, pour les titres qui lui seraient
apportés dans le cadre de son offre, les clauses statutaires prévoyant des restrictions
au transfert d’actions (v. infra, p. 397 et s.).
Mais la loi du 31 mars 2006 comporte d’autres innovations, parmi lesquelles :
– une extension sensible de la compétence de l’AMF, y compris à l’égard des mar-
chés non réglementés, auxquels la réglementation des offres publiques est doréna-
vant applicable (C. mon. fin., art. L. 433-1, IV) ;
– les procédures antérieures de recevabilité et de visa de l’offre sont fusionnées en
une seule procédure de déclaration de conformité par l’AMF ;
– un expert indépendant doit être désigné par la société visée en cas de conflit d’in-
térêts et peut également l’être pour l’initiateur ;
– le renforcement de l’information des salariés puisque le comité d’entreprise de
l’auteur de l’offre doit lui-même être informé ;
– l’instauration d’un nouveau retrait obligatoire à la suite de toute offre
publique ;
LES OPÉRATIONS D’ACQUISITION DE SOCIÉTÉS SUR LES MARCHÉS FINANCIERS RÉGLEMENTÉS > 383
Et surtout :
– l’exigence d’une déclaration d’intention auprès de l’AMF, à la charge de toute
personne dont il y a des motifs raisonnables de penser qu’elle prépare une offre
publique (C. mon. et fin., art. L. 433-1). Une information concernant cette déclara-
tion est portée à la connaissance du public dans les conditions fixées par le règle-
ment général de l’AMF, lequel détermine également les conséquences qui résultent
de cette déclaration d’intention. Il précise notamment les conditions dans lesquelles
le dépôt d’un projet d’offre publique par toute personne qui aurait, dans un délai
fixé par le règlement général de l’AMF, démenti avoir l’intention de déposer une telle
offre, peut être refusé.
§ 4 - Plan
Il ne s’agit pas de présenter ci-après toutes les opérations qui peuvent s’effectuer
sur le marché boursier. On laissera de côté celles intervenant entre simples parti-
culiers dans le cadre de transactions courantes sur valeurs mobilières ou encore
celles intervenant entre une société et un banquier. Seules seront abordées celles
intéressant directement le droit des sociétés. À ce titre, seront successivement
envisagées :
– les offres publiques d’achat ou d’échange de titres de capital conduites selon la
procédure normale ;
– les offres publiques d’achat ou d’échange de titres de capital relevant de la pro-
cédure simplifiée ;
– les offres publiques de retrait et procédures de retrait obligatoire.
384 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
En revanche, les offres de vente ne seront pas traitées, dans la mesure où, à l’in-
verse des OPA ou OPE, elles ne tendent pas à l’acquisition de participations mais,
au contraire, le plus souvent, à l’introduction de valeurs nouvelles sur un marché
réglementé.
NB. : La loi RBF du 22 oct. 2010 a supprimé la procédure de garantie de cours, qui
avait finir par faire double emploi et être supplantée par la procédure d’OPA.
LES OPÉRATIONS D’ACQUISITION DE SOCIÉTÉS SUR LES MARCHÉS FINANCIERS RÉGLEMENTÉS > 385
> L’essentiel
Les titres cotés sur un marché réglementé sont soumis à un dispositif visant à
faciliter la prise de contrôle d’une société, tout en protégeant les actionnaires,
notamment minoritaires. Les procédures d’OPA et d’OPE sont complexes dans
leur déclenchement et leur déroulement et peuvent parfois se heurter à des
défenses dites « anti-OPA », organisées par certaines sociétés cotées pour parer
à des tentatives d’acquisition « hostiles ».
2. Enjeux
Dans l’OPE, l’initiateur choisit librement la monnaie d’échange. Toutefois, il doit tenir
compte de deux considérations : celle de son propre intérêt, car la remise d’actions
de l’initiateur aux actionnaires de la cible est risquée si le capital de l’initiateur
est insuffisamment contrôlé. S’il souhaite éviter le fardeau financier d’une offre en
numéraire, il devra alors combiner achat et échange et limiter par ex. l’échange à
un pourcentage des actions ainsi proposées ; celle de l’intérêt des actionnaires de la
cible, qui doivent être attirés par les termes de l’offre.
386 > LIVRE TROISIÈME Restructuration et regroupement des sociétés
5. Parité d’échange
Le nombre de titres remis par l’initiateur aux actionnaires de la cible, ou parité
d’échange, est arrêté librement par l’initiateur, et l’avis d’un expert n’est pas ici exigé
comme en matière de fusion (v. supra, p. 320). Toutefois, l’initiateur doit, dans le
dossier de présentation, indiquer les éléments qu’il a retenus pour fixer cette parité
d’échange. L’échange peut se faire moyennant une soulte en espèces, mais acces-
soire dans son montant.
B. Dangers
L’OPA peut :
– entraîner une éventuelle déstabilisation de la société qu’elle vise si la procédure est
déclenchée de façon agressive, inamicale, voire dans le but inavoué de la déman-
teler à terme ;
– favoriser la spéculation si elle est le fait de raiders cherchant uniquement un impor-
tant bénéfice lors de la revente rapide de la participation acquise.
Pour palier ces risques, des défenses anti-OPA peuvent être constituées (v. infra,
p. 397), notamment lorsque la société cotée est vulnérable en raison de la grande
dispersion de son capital.
par l’assemblée générale des actionnaires de la société visée (Règl. gén. AMF,
art. 234-8).
• Si l’AMF accorde la dérogation demandée ou constate qu’il n’y a pas matière à
offre publique, elle publie sa décision et fait connaître, le cas échéant, les engage-
ments souscrits par le ou les requérants.
B. Objet de l’offre
2. Offre conditionnelle
L’initiateur peut stipuler, dans son offre, une condition d’obtention, à l’issue de celle-
ci, d’un certain nombre de titres, exprimé en pourcentage du capital ou des droits de
vote, en deçà duquel l’offre n’aura pas de suite positive (Règl. gén. AMF, art. 231-9).
tion financière et aux comptes de la société concernée. Ils doivent, d’ailleurs, les
signer.
• L’AMF peut refuser le dépôt d’une offre publique si l’initiateur n’offre pas de garan-
ties à ses yeux suffisantes ou bien demander toutes justifications et garanties appro-
priées et requérir toute information complémentaire nécessaire à son appréciation.
Dans ce cas, le délai de dix jours de bourse précité est suspendu et recommence à
courir à réception des éléments requis.
• L’AMF peut aussi demander à l’initiateur de modifier son projet s’il considère qu’il
peut porter atteinte aux principes d’égalité des actionnaires, de transparence et d’in-
tégrité du marché et de loyauté dans les transactions et la compétition.
• La décision prise par l’Autorité des marchés financiers peut faire l’objet, dans les
conditions habituelles, d’un recours devant la cour d’appel de Paris.
H. Calendrier de l’offre
• Le calendrier de l’offre est fixé en fonction de la date de la diffusion de la note
d’information commune établie par l’initiateur et la société visée ou de la note en
réponse établie par la société visée (Règl. gén. AMF, art. 231-31).
• Les dates d’ouverture, de clôture et de publication des résultats de l’offre sont
publiées par l’AMF.
• La durée de l’offre est de vingt-cinq jours de négociation. Cette durée est prorogée,
sans pouvoir excéder trente-cinq jours de négociation, lorsque la société visée n’a
pas déposé de note conjointe avec l’initiateur (Règl. gén. AMF, art. 232 al. 1er et 2).
• Ce calendrier peut être arrêté de manière différente en tenant compte du contrôle
des concentrations (v. ci-après).
• À dater de l’ouverture d’une offre, et cinq jours de bourse au plus tard avant sa
date de clôture, un projet d’offre concurrente, concernant les titres de la société
visée ou de l’une des sociétés visées, peut ainsi être déposé auprès de l’AMF (Règl.
gén. AMF, art. 232-5).
• Pendant la durée de son offre et cinq jours de bourse au plus tard avant la clôture,
l’initiateur a la faculté de surenchérir sur les termes de son offre ou de la dernière
offre publique concurrente ouverte (Règl. gén. AMF, art. 232-6).
• Pour être déclarée recevable, une OPA concurrente ou une surenchère en numé-
raire doit être libellée à un prix supérieur d’au moins 2 % au prix stipulé dans l’OPA
ou la surenchère en numéraire précédente. L’auteur d’une surenchère doit établir
un document complémentaire à sa note d’information, qui précise les termes de la
surenchère au regard des conditions précédentes, Règl. gén. AMF, art. 232-9.
• Si elle déclare une surenchère recevable, l’AMF apprécie s’il y a lieu de proroger
la date de clôture de la ou des offres publiques et de rendre nuls et non avenus les
ordres de présentation des titres en réponse à l’offre ou aux offres (Règl. gén. AMF,
art. 232-8).
• L’initiateur peut renoncer à son offre publique dans le délai de cinq jours de bourse
suivant la publication du calendrier d’une offre ou d’une surenchère concurrente
(Règl. gén. AMF, art. 232-11).
• Afin d’accélérer l’issue des offres en présence et d’enfermer la procédure d’offre
publique dans un délai raisonnable, l’AMF peut décider, lorsque plus de dix
semaines se sont écoulées depuis l’ouverture d’une offre publique, de recourir à un
dispositif de dernière enchère. Elle fixe alors la date à laquelle chacun des initiateurs
devra lui faire connaître le maintien de son offre aux mêmes conditions ou le dépôt
d’une ultime offre (Règl. gén. AMF, art. 232-13).
• L. 433-4, III, C. mon. fin. prévoit un retrait obligatoire lorsque, à l’issue de l’offre,
les titres non présentés par les actionnaires minoritaires ne représentent pas plus de
5 % du capital ou des droits de vote (v. infra, p. 405).
2. Recours à l’autocontrôle
Qui limite la masse d’actions disponibles sur le marché. Mais ce recours est encadré
et limité (v. supra, p. 338).
3. Conclusion d’alliances
Avec des actionnaires ou des amis sûrs (banquiers, autres sociétés), de manière
à constituer un « noyau dur ». Ces alliances pourront not. prendre la forme de
conventions extrastatutaires (sur lesquelles, v. supra, p. 90) avec, par ex., des
engagements de ne pas apporter les titres détenus à certaines offres publiques. Si
ces pactes s’expriment par des stipulations restreignant le transfert des titres, ils
sont susceptibles de voir leurs effets paralysés dans le cadre de l’offre publique
(v. infra).
D. Exception de réciprocité
• Utilisant la faculté prévue par l’art. 12 de la directive européenne du 21 avr. 2004,
le législateur français a inséré dans le Code de commerce, par la loi du 31 mars 2006
un nouvel art. L. 233-33.
• Aux termes de ce texte, les dispositions restrictives de l’art. L. 233-32 C. com.
relatives à l’approbation ou à la confirmation par l’AG des mesures de défense
en cours d’offre et à la suspension des délégations octroyées avant le début de la
période d’offre (v. ci-dessus), ne s’appliquent pas lorsque la société visée fait l’objet
d’une ou plusieurs offres publiques engagées par des entités, agissant seules ou
de concert :
– dont l’une au moins n’applique pas ces dispositions ou des mesures équiva-
lentes ;
– ou qui sont respectivement contrôlées, au sens de l’art. L. 233-16, II ou III C. com.
(relatifs au contrôle exclusif et au contrôle conjoint en matière de comptes conso-
lidés), par des entités dont l’une au moins n’applique pas ces dispositions ou des
mesures équivalentes.
2. Compétence de l’AGE
De la société visée (statuant dans les conditions de quorum et de majorité prévues
à l’art. L. 225-98), pour décider l’émission de bons permettant de souscrire, à des
conditions préférentielles, à des actions de ladite société, et leur attribution gratuite
à tous les actionnaires de cette société ayant cette qualité avant l’expiration de la
période d’offre publique.
3. Délégation de compétence
L’assemblée générale peut déléguer cette compétence au conseil d’administration ou
au directoire. Elle fixe le montant maximum de l’augmentation de capital pouvant
résulter de l’exercice de ces bons, le nombre maximum de bons pouvant être émis,
et, éventuellement, les conditions relatives à l’obligation ou à l’interdiction, pour le
conseil d’administration ou le directoire, de procéder à l’émission et à l’attribution
gratuite de ces bons, d’y surseoir ou d’y renoncer.
d’offre publique visant la société lors des assemblées réunies aux fins d’adopter ou
d’autoriser toute mesure susceptible de faire échouer l’offre. Est notamment visée
une limitation du nombre de voix attaché à des actions de la société (clause de
plafonnement des droits de vote).
• Les effets de la limitation du nombre de voix dont chaque actionnaire dispose
dans les assemblées, prévue dans les statuts d’une société qui fait l’objet d’une offre
publique, sont suspendus lors de la première assemblée générale qui suit la clôture
de l’offre lorsque l’auteur de l’offre, agissant seul ou de concert, vient à détenir une
fraction du capital ou des droits de vote de la société cible supérieure aux deux tiers
du capital ou des droits de vote (C. com., art. L. 225-125 al. 2 et Règl. gén. AMF,
art. 231-43).
LES OPÉRATIONS D’ACQUISITION DE SOCIÉTÉS SUR LES MARCHÉS FINANCIERS RÉGLEMENTÉS > 403
> L’essentiel
Principe : Règles applicables aux offres publiques de retrait : le Règl. gén. AMF
fixe les conditions applicables aux procédures d’offre et de demande de retrait
(C. mon. fin., art. L. 433-4).
• Le Règl. gén. AMF prévoit divers cas dans lesquels une offre publique de retrait
doit ou peut être mise en œuvre. Ces cas obéissent, chacun, à quelques règles
qui leur sont propres et qui seront exposées séparément ci-après (Règl. gén. AMF.
Art. 236-1 à 236-7).
• Mais, tous ces cas ont en commun que l’offre publique y est réalisée par
achats sur le marché au prix de l’offre, pendant une période de dix jours de
bourse au moins, ou si les circonstances et les modalités de l’opération le justi-
fient, par centralisation des ordres de vente ou d’échange auprès de l’entreprise
de marché ou, sous son contrôle, par l’établissement présentateur (Règl. gén.
AMF, art. 236-7).
• Certaines des procédures qui suivent peuvent être applicables aux instruments
financiers négociés sur un marché d’instruments financiers ne constituant pas un
marché réglementé (par ex. Alternext ; C. mon. fin., art. L. 433-4, V).
1 Introduction générale
25 Livre premier
LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS
26 Première partie
LA NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ
45 Deuxième partie
LA VIE DE LA SOCIÉTÉ
348 Chapitre 4 > Relations juridiques et financières entre les sociétés du groupe
348 Section 1 > Prêts et avances entre sociétés du groupe –
Centralisation de trésorerie
348 § 1 - Modalités de l’opération
349 § 2 - Validité et sanctions de l’opération
350 Section 2 > Sûretés consenties entre sociétés d’un groupe
350 § 1 - Encadrement légal de l’octroi de ces sûretés
350 § 2 - Les lettres d’intention
351 Section 3 > Autres opérations intra-groupe
351 § 1 - Paiements – abandons de créance
351 § 2 - Convention d’assistance – Contrat de gestion –
« Management agreement »
353 Chapitre 5 > Situation des différents intérêts catégoriels concernés par l’existence
du groupe
353 Section 1 > Les associés minoritaires, dits « externes »
353 § 1 - Protection lors de la constitution du groupe
354 § 2 - Protection en cours de vie sociale
354 § 3 - Expertise de gestion
354 § 4 - Action ut singuli
354 Section 2 > Les dirigeants
354 § 1 - Cumul du mandat social et du contrat de travail
au sein du groupe
355 § 2 - Cumul des mandats sociaux
356 § 3 - Contrôle des conventions réglementées
356 § 4 - Responsabilité des dirigeants
357 Section 3 > Les salariés
357 § 1 - Relations individuelles de travail
357 § 2 - Relations collectives de travail
357 Section 4 > Les créanciers
357 § 1 - Situation des créanciers hors procédure collective
358 § 2 - Situation des créanciers en cas de procédure collective
ouverte contre une ou plusieurs sociétés du groupe
TABLE DES MATIÈRES > 429
978-2-247-11369-9
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