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THE LIBRARY
OF
THE UNIVERSITY
OF CALIFORNIA
LOS ANGELES
AU
PAR
V. TISSOT ET C. AMËRO
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIX-DIDOT ET C IE
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 5G
1891
351
T~52-
AU
i.
1216944
6 AU PAYS DES NEGRES.
il n'en reste rien sur ce sol ingrat, rien que des ruines.
Ici, l'étape de l'état sauvage à la barbarie a été franchie
depuis vingt siècles au moins, et il n'y paraît presque
pas; le perfectionnement intellectuel et moral y est abso-
lument insensible; le fétichisme des peuples arriérés ne
s'élève pas même au niveau de l'idolâtrie; le progrès
matériel est nul ; et l'outil, l'arme, le vêtement, ou ce
qui tient lieu de vêtement, sont presque partout ceux de
l'homme primitif aux prises avec les premières difficultés
de l'existence.
La terre d'Afrique est sillonnée de convois d'esclaves.
Autrefois, l'écoulement de cette denrée humaine se fai-
sait principalement par les côtes de l'Atlantique; cela
durait depuis le quinzième siècle, lorsque la traite fut
abolie par les nations coloniales de l'Europe, et que l'A-
mérique ne voulut plus d'esclaves noirs. Aujourd'hui,
c'est vers l'Egypte, vers la mer Rouge, vers l'océan In-
AU PAYS DES NEGRES. 7
Fig. 2. — Caravane.
bas ,
que presque chaque semaine il assistait impuissant
au passage de colonnes de captifs, emmenés par les
sous le bâton.
Lorsque Speke arriva à la cour de Mtésa, le jeune roi
22 AU PAYS DES NEGRES.
— Industrie.
popu-
L'Afrique est une terre qui, sans sa nombreuse
nouvellement créé les
lation, semblerait un continent
:
de traits généraux
remarquable les autres participent
:
la Gui-
vivent au sud de Tombouctou, et les Achantis de
née.
physi-
Examinons d'un peu plus près les caractères
ques et moraux des populations africaines.
34 AU PAYS DES NÈGRES
moine.
Voici le portrait que le capitaine Burton fait des habi-
tants du Dahomey :
les précédents, se
distinguent de la
plupart de leurs
voisins en ce
qu'ils considèrent
la femme comme
l'égale de l'hom-
me. Lorsque le
pouvoir en son
nom ; à défaut
d'héritier mâle,
elle est' appelée à
succéder.
Mais chez les
en esclaves. Les
filles, dès leur en-
fance, sont pro-
mises au plus
otfrant. A ces
femmes sont ré-
lette et le trans
réguliers. Malgré
leurs cheveux lai-
neux, ils appartien-
nent à l'une des.ra-
ces les plus remar-
quables de l'Afrique.
Les habitants de
l'Ougogo (les
Vouagogos) sont
supérieurs aux tri-
bus échelonnées
de cet État à la
Stanley, « quelque
chose de léonin ;
leur physionomie
est intelligente
leurs yeux sont
grands et large-
ment ouverts. Ils
ment jolie ».
petites.
gos. y a encore d'autres races africaines très
Il
vieux chapeaux.
52 AU PAYS DES NEGRES.
de chamois.
Par où brille la race noire, c'est dans la variété et la
lette.
cou.
De lourds colliers de fer, encerclant étroitement le cou
et rivés par le marteau du forgeron, sont portés avec
grâce par les femmes des Niams-Niams.
A propos des Niams-Niams, disons que la queue qu'ils
portent, — et qui longtemps a fait le sujet de savantes
dissertations, — n'est autre chose qu'un ornement un
peu égaré. Cet appendice en cuir, assez curieusement
ouvragé, retenu devant par la ceinture, passe entre les
jambes et s'épanouit par derrière en éventail.
Dans plus d'une partie de l'Afrique, hommes et femmes
se tatouent affreusement. Mais chez les Zoulous les ta-
touages qui s'étalent sur la poitrine des guerriers sont
AU PAYS DES NEGRES. 55
de
de verroteries, de coquilles, de grains de corail,
perles de terre, et même de simples morceaux de quartz,
flèches.
hospitalier.
par milliers dans ce sanctuaire
1
des serpents
Le docteur Répin a vu cet asile vénéré
fétiches, situé non loin du fort, dans un lieu un peu
70 AU PAYS DES NEGRES.
à 3 mètres. »
saint.
« Arrive bientôt la tribu colonisatrice, escortée pai
quelques chefs à cheval, qui, le sabre à la main, forcent,
s'ils s'y refusent, les Nègres à travailler, à défricher la
saisissables ;
— l'ethnographie ne fournirait point de fil
du postulant.
Chez les Zoulous, dans l'organisation des forces mili-
nus.
nous voulions énumérer les supplices de ces peuples
Si
barbares, ce serait à ne plus en finir la décapitation, :
bois creusé.
On devine que, dans ces réunions bruyantes, les liba-
tions ne sont pas épargnées. On s'y enivre de pombé,
chaume.
Ces huttes légères qui forment un village, ou plutôt
un campement, sont souvent détruites par l'incendie,
allumé accidentellement ou par suite de faits de guerre.
Dans les pays du Zambèse, le major Serpa-Pinto a re-
marqué un genre d'habitation qu'il a mentionnée dans
son livre c'est une hutte ovale, donnant accès à une au-
:
Ajoutons qu'il n'est pas rare que les cases des Dinkas,
rondes, fort grandes et solides, aient jusqu'à une qua-
rantaine de pieds de diamètre. La muraille, assez basse,
terre et que l'on joint par le haut. Les parois sont faites
d'un lacis de roseaux ou de brindilles, recouverts de
bouse de vache. L'entrée est fort basse et l'on ne peut ,
disposées en
y pénétrer qu'en rampant. Ces huttes sont
cercle autour d'un enclos solidement palissade, qui sert
de remise au bétail et le défend contre les entreprises
des lions et des hyènes. Le tout forme un village ou
kraal.
Chez les Bassoutos de la Cafrerie, le centre de chaque
12
AU PAYS DES NEGRES. 91
chez elle?
En 1869, sir Samuel Baker, connu déjà par ses voyages
dans la région des lacs équatoriaux, fut chargé par le
gues, nul gîte que la terre humide ou les sables. Les bois,
les marécages, les campagnes sont peuplés de bêtes fau-
ves, de crocodiles aux formidables mâchoires, de ser-
pents et de scorpions. Les airs sont infestés de nuées de
moustiques à longues jambes, qui vous poursuivent
jusque dans votre sommeil, si toutefois les hurlements
102 AU PAYS DES NEGRES.
(1) C'est par centaines que l'on compte les variétés de perles de verre ou de
porcelaine. Les plus communes, celles qui font l'office de la monnaie de billon,
sont en porcelaine bleue ; les plus recherchées sont rouges (de l'écarlate recou-
verte d'émail blanc) et sont le plus souvent désignées sous le nom de sam-sanu
li
106 AU PAYS DES NÈGRES.
fusil qui sert pour les achats d'ivoire; mais, pour les
arachides, l'unité représentative est la pièce de tissu ou le
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(1) Le talari, monnaie qui se frappe en Autriche, n'a cours que dans certaines
parties de l'Afrique ; son nom en arabe est ryâl. Le talari ou thaler, frappé à
l'effigie de Marie-Thérèse, vaut 5 francs 25 centimes.
108 AU PAYS DES NÈGRES.
d'ânes.
Enfin, le voyageur est en route.
D'autres difficultés surgissent pour lui, heureux encore
si la maladie ne vient point paralyser tous ses efforts,
çorte qui prennent peur : plus loin ils croiront à des récits
réels ou imaginaires ,
qu'on leur fera sur les dispositions
de populations féroces ; ils craindront d'être mangés et
traverser
refuseront d'avancer. Chaque chef des pays à
voyageurs qui le
retient tant qu'il le peut auprès de lui
les
change en bienfait. »
travaux.
C'est à la mission protestante allemande de Rabat Mpia,
sur la côte des Souahélis ,
qu'il était réservé de donner
les premières notions bien précises sur les grands lacs
de l'Afrique équatoriale, qui ont servi d'impulsion à tous
les explorateurs de notre temps. Deux officiers de la Com-
AU PAYS DES NEGRES. 111
les terres.
très insalubre.
le fleuve le plus
important de no-
tre établissement
colonial sur la côte
occidentale d'Afri-
que. Ce fleuve s'a-
A la saison des
inonde la partie
basse du pays.
Quand les eaux se
retirent, elles lais-
V?<
AU PAYS DES NEGRES. 145
IIP*
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-
X
y est plus rare encore; les vents chauds les balayent; enfin,
En venant de Zanzibar
vers rOunyarnouézi, « \e
fondrières l'interrompent,
et où la plupart du temps
on ne le reconnaîtrait plus
sans les arbres écorcés
ou brûlés qui en marquent
les bords. Dans l'Ouvinza
et près de l'Oudjiji, la
convénients à la fois :
fait un con-
contemple ces créations d'une nature qui
traste si saisissant avec le monde
morne et désolé qu'on
laisse derrière soi! De toutes parts,
dans la forêt, réson-
sevrées de ce
naient à nos oreilles, depuis longtemps
concert, des gazouillements d'oiseaux que le renouveau
rendait tout joyeux et dont les nids
encombraient les ar-
fécondité et la grâce. »
bres. Partout débordaient la vie, la
176 AU PAYS DES NEGRES.
sement du vent.
Rappelons que le versant de l'océan Indien est, en partie,
occupé par le désert de l'Afrique australe.
C'est au sud du Kalahari qui se trouvent les merveil-
300,000 francs.
Plus près de l'équateur et du littoral, la partie inférieure
trouve encore dans une région aride , trop loin des lacs
pour en ressentir l'influence, sans rivières, avec des sa-
lines vitreuses et des plaines torréfiées, où se produisent
quelques-uns des effets de mirage de l'Arabie déserte ; les
chemins n'y sont que des pistes ; faute de bois , les caba-
nes sont faites d'épines et de chaume, et c'est la bouse de
vache qui sert de combustible. Tel est l'Ougogo.
Dans cette contrée , — au delà de laquelle nous retrou-
vons le versant de la Méditerranée, ses lacs et son Nil
puissant, — le vent du nord, soulevant dans ses tourbil-
lons les molécules argileuses et siliceuses de la terre désa-
grégée par la sécheresse, ainsi que les détritus des plantes
brûlées par le soleil, produit les ravages de la grêle.
24
VI.
chrétienne.
Dans certaines parties de l'Afrique australe, l'herbe
pousse par touffes épaisses d'une étonnante vigueur. Dans
d'autres endroits , la terre est envahie par des plantes à
tiges rampantes , assez fortes pour suspendre la marche
des sables, l'envahissement du désert. La plupart de ces
plantes sont des racines tuberculeuses et fournissent à la
fois un aliment et un liquide à l'époque des grandes sé-
cheresses, où l'on chercherait vainement ailleurs de quoi
apaiser la faim et la soif. Il y a de ces tubercules qui at-
teignent la grosseur de la tête d'un enfant. Grâce à la pro-
fondeur où ils gisent sous la terre, leur eau garde une
fraîcheur agréable.
Le plus abondant des produits de ce sol est le melon
AU PAYS DES NEGRES. 191
OESTRE
du Barozé.
La tsé-tsé est brune, presque de la nuance de l'abeille;
elle a la taille de la mouche d'Europe, avec des ailes
l'on met le feu aux herbes, les larves qui tiennent la tète
du mouvement, poussées par celles qui suivent, finissent
et du Transvaal,
et atteint les chu-
tes du Zambèse
par le Merico, le
Sicomo, le Kala-
bandonnant avec
fougue à sa pas-
sion, il a réussi à
en tirer parti et à
amasser, en quin-
ze ans, une fort
honnête fortune.
Charles Ander-
son a aussi choisi
l'Afrique australe
pour territoire de
chasse, —
de gran-
des chasses. Les
Bushmen l'aidè-
rent à poursuivre
l'éléphant, le rhi-
nocéros, le gnou,
le lion et quelque-
rafe.
Mais tout en se
faisant suivre par
de nombreuses
troupes d'indigè-
nes ,
Baldwin et
210 AU PAYS DES NÈGRES.
Anderson substituaient aux armes du pays les armes
perfectionnées de l'Ancien Monde, la poudre et les balles,
tageuse. C'est avec cette peau que l'on fait les courbaches.
Le rhinocéros blanc est plus facile à atteindre que son
congénère noir. Dans l'Afrique australe, il est de plus
grande taille que le rhinocéros noir. Mais celui-ci est
plus dangereux; il a la vue basse, mais l'odorat très
fin. Quand le rhinocéros noir aperçoit ceux qui le pour-
suivent, la chasse devient un duel à mort, et si la bête
n'est pas tuée du premier coup, les chasseurs courent
les plus grands dangers.
On ne « chasse » pas les crocodiles, mais on leur fait
étranglée et dépecée.
La dépouille du lion, — son pelage et sa chair, qui
est fort bonne à ce qu'il paraît, et comparable à celle
par leurs traits, s'il voit sa retraite coupée, bondit sur l'un
livrent à la chasse.
Les éléphants et les hippopotames des rives du lac
Tchad ne sont pas plus tourmentés par les indigènes que
les antilopes.
quadrumane :
FIN.
TABLE.
Pages.
I.
— — Les marchés d'esclaves. — Supplices et
L'esclavage.
sacrifices
Pinto. —
Autres voyageurs G. Lejean, Matteucci, G. Rohlfs, Baines,
: