RPSL
RPSL
RPSL
généraux de prévention
Responsabilité de l’employeur
Les employeurs de la fonction publique sont soumis, en matière de santé et de
sécurité au travail, aux mêmes exigences que tous les employeurs, en vertu des
normes définies au niveau européen (notamment directive-cadre européenne
89/391/CEE), et également, sauf dispositions spécifiques, à leurs mesures de
transposition inscrites en droit français dans la quatrième partie du code du travail.
En effet, l’article L4121-1 du code du travail précise que l’employeur « prend les
mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et
mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent : 1°Des actions de prévention
des risques professionnels et de la pénibilité au travail ; 2°
Des actions d’information et de formation ; 3° La mise en place d’une organisation et
des moyens adaptés. L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir
compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations
existantes. »
Autres définitions
Santé
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme un état de
complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d’infirmité.
Toujours selon l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à
chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de
travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une
contribution à la communauté ».
Dans cette approche, la dimension sociale joue un rôle essentiel. Mettre en oeuvre
une politique de prévention des risques pour la santé mentale, physique et sociale
revient à tendre vers une organisation du travail qui permette à chacun intégration et
reconnaissance.
Risque
La notion de risque renvoie au lien entre l’exposition à des dangers et des
dommages qui peuvent apparaître plus ou moins rapidement. L’évaluation des
risques ne peut se limiter au recensement des dommages (lequel permet néanmoins
d’identifier des situations dangereuses) et doit consister à identifier les facteurs de
risque a priori et les modalités d’exposition, notamment l’intensité et la fréquence.
En matière de RPS, la dimension subjective joue un rôle important. C’est
l’articulation entre une configuration donnée (organisation du travail, condition
d’emploi, relations sociales au travail) et le psychisme qui permet de comprendre la
manifestation des risques. Une même configuration comportant des risques peut
avoir des conséquences très différentes. De ce point de vue, la prévention passe par
la suppression du risque et non par la recherche de l’adaptation de l’homme au
travail.
L’évaluation des risques doit également faire l’objet d’une transcription dans le
document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), comme à
chaque modification de l’organisation ou des conditions de travail. Ce document doit
être mis à jour annuellement et constitue un outil pour le déploiement de plans de
prévention des risques.
Troubles psychosociaux
Les mécanismes physiologiques mis en jeu lorsqu’on doit faire face à une forte
exposition aux risques psychosociaux peuvent avoir des conséquences importantes
sur la santé physique et mentale des agents.
Ces symptômes ont des répercussions sur les comportements : agressivité, retrait,
recours à des produits calmants ou excitants (somnifères, anxiolytiques, café, alcool,
tabac, substances illicites, etc.), mais aussi sur les relations sociales, personnelles
ou professionnelles, sur la qualité du travail réalisé, sur la productivité, la sécurité
des agents, etc.
Les six dimensions d’analyse des RPS
Lorsque les marges de manoeuvre ne sont pas suffisantes, l’autonomie peut être
facteur de risque psychosocial.
Il est permis de penser que les exigences émotionnelles peuvent aussi exister dans
les relations avec la hiérarchie, avec les subordonnés et entre pairs .
Le deuxième facteur est le sentiment d’utilité du travail effectué qui prend une
dimension d’évidence dans nombre de secteurs de la fonction publique mais peut
être mis à mal lorsque des missions sont bouleversées ou supprimées.
Par ailleurs, il faut souligner que les champs d’exercice de la fonction publique –
santé, sécurité, éducation, administration locale, etc. – sont au coeur des débats de
société. La mise en débat du périmètre même de l’Etat, les décisions prises sur la
définition des missions de service public et sur la définition de leurs moyens, une
organisation du travail inadaptée aux besoins des usagers sont autant d’éléments qui
peuvent être à l’origine de souffrances éthiques pour les agents. Certains d’entre eux
peuvent alors ressentir une forte contradiction entre ce qu’ils vivent au quotidien et
ce qu’ils estimeraient nécessaire pour faire un travail en conformité avec leurs
convictions, ce que l’on peut appeler la « qualité empêchée ».
L’insécurité socioéconomique
La sécurité de l’emploi public, outre qu’elle ne concerne pas tous les agents de la
fonction publique, est aussi l’objet d’évolutions, par exemple lors de réorganisations,
qui doivent appeler à la vigilance.
La pression sur les finances publiques et l’observation des mesures appliquées à
leurs collègues dans d’autres pays européens peuvent aussi amener des agents à
considérer ce facteur avec plus d’inquiétudes. L’insécurité ressentie peut également
être générée par l’évolution du cadre de travail des agents, de ses missions, de la
localisation géographique de son activité.
Définition
Nombre de jours d’arrêt pour raison de santé / nombre moyen d’agents.
4 catégories de motif d’arrêt sont distinguées :
congés pour maladie ordinaire
congés pour maladie grave, longue maladie et congés longue durée
congés pour accidents du travail
congés pour maladie professionnelle
Champ
Ensemble des agents (y compris agents non permanents, contractuels sur contrat
courts etc.).
Précisions de calcul
Le nombre d’agents est défini en effectif physique.
L’indicateur est calculé sur une année, le nombre de jours d’arrêt pour raison de
santé de l’année étant rapporté à l’effectif annuel moyen d’agents correspondant.
Dans l’idéal, l’effectif annuel moyen est calculé en sommant les effectifs physiques
employés tout au long de l’année divisé par 365.
Dans la pratique, cet idéal est lourd à calculer et la recommandation est de procéder
à une approximation parfaitement acceptable consistant à faire la moyenne des
effectifs physiques d’agents employés à la fin de chaque mois (somme des effectifs
en fin de chaque mois divisée par 12).
La Fonction publique précise que, si ce calcul de l’effectif moyen n’était pas possible,
il pourrait être envisagé de faire la moyenne des effectifs physiques d’agents
présents au 31/12 de l’année N-1 et de l’année N. Cette approximation est
cependant à proscrire dans les services employant des agents sur courte période
(contrats courts notamment) car elle conduit à prendre en compte des périmètres
différents au numérateur et au dénominateur, ce qui produit ici un indicateur
notoirement sous-estimé.
Pour les arrêts maladie à cheval sur 2 années civiles, ne prendre en compte que le
nombre de jours d’arrêt courant sur l’année considérée.
Un salarié à 80 % travaillant 4 jours par semaine employé toute l’année compte ainsi pour 1
Définition
Moyenne du nombre d’arrivées et de départs rapporté à l’effectif moyen.
Il est intéressant de décomposer le « taux de rotation » en deux composantes dont il
est la moyenne :
Taux d’entrées (nombre d’entrées/ effectif moyen)
Taux de sorties (nombre de sorties/ effectif moyen)
Le nombre d’agents est défini en effectif physique.
L’indicateur est calculé sur la base d’une période annuelle.
Champ
Il est préconisé de ne retenir que les agents permanents : fonctionnaires (titulaires,
stagiaires, y compris agents détachés) ainsi que les agents contractuels en CDI et
CDD. Sont exclus les CDD de remplacement, les agents sur emplois occasionnels
ou saisonniers et les agents mis à disposition.
L’exclusion des agents saisonniers ou occasionnels postule que l’observation des
effets du recrutement de personnels non permanents relève d’indicateurs
spécifiques. L’exclusion des agents mis à disposition, pour sa part, est liée au fait
que cette situation statutaire est souvent pratiquée à temps partiel dans les
établissements de santé (exemple : médecin d’un établissement mis partiellement à
disposition d’un autre).
Précisions de calcul
Le mode de calcul de l’effectif moyen s’obtient en additionnant l’effectif physique à la
fin de chaque mois de l’année n, le tout divisé par 12.
Un agent qui arrive et part en cours d’année est compté comme une entrée et une
sortie.
Champ
Ensemble des agents (y compris agents non permanents, contractuels sur contrats
courts etc.).
Précisions de calcul
Il est préconisé de retenir au numérateur les agents ayant fait une demande de visite
spontanée au médecin de prévention et non le nombre de demandes afin d’éviter de
compter plusieurs fois les agents qui font plusieurs demandes.
Définition
Nombre d’actes de violence physique envers le personnel
En distinguant 4 catégories :
émanant du personnel avec arrêt de travail
émanant du personnel sans arrêt de travail
émanant des usagers avec arrêt de travail
émanant des usagers sans arrêt de travail
Champ
Ensemble des agents (y compris agents non permanents, contractuels sur contrats
courts etc.).
Précisions de calcul
Afin d’être comparable dans le temps, ainsi qu’entre services, il est préconisé de
rapporter le nombre d’agressions aux nombre d’agents, afin d’évaluer la part
d’agents exposés.
Les trois formes de prévention des RPS
la prévention tertiaire (qui est en fait un niveau curatif) permet d’agir pour
réduire les troubles dus à des risques qui n’ont pas été évités. Cela concerne
la prise en charge individuelle ou collective d’agents en situation de souffrance
au travail.
La prévention primaire
Celle-ci est absolument essentielle et doit être clairement privilégiée du point de vue
des principes de prévention tels qu’ils figurent dans le code du travail.
L’ensemble des mesures de prévention primaire peuvent être classées selon les
quatre axes de travail suivants :
l’organisation du travail et des processus ;
la gestion des ressources humaines ;
le management ;
la conduite du changement.
Par actions sur l’organisation du travail ou des processus, on entend tout ce qui
relève :
du contexte de travail : organisation des locaux, conditions d’exercice de l’activité
(pression des usagers, pression de l’urgence, etc.) ;
du contenu du travail : intérêt du travail, capacité à faire du travail de qualité,
capacité à respecter les valeurs du service public, organisation de l’entraide et du
renfort ;
de la cohérence organisationnelle globale d’un service ou d’une entité de travail :
adéquation besoins des publics et effectifs disponibles, pics d’activité, capacité à
prendre en charge des situations variées.
Par actions sur la gestion des ressources humaines, on entend tout ce qui relève :
de la politique RH à moyen/long terme : recrutement, développement des
compétences, évolution des missions, avancement, politique de formation,
rémunérations ;
de la gestion à plus court terme des ressources humaines : entretiens
d’évaluation, accompagnement personnalisé des agents, etc.
Par actions sur la conduite du changement, on entend toutes les études et mesures
anticipatrices envisagées en amont d’un changement :
diagnostic des forces et faiblesses ;
aménagement des locaux ;
préparation des réorganisations ou fusions, fermetures de services ou d’entités ;
anticipation des ruptures technologiques.
La prévention secondaire
Il s’agit de ce qui peut être fait pour aider les agents à faire face aux facteurs de
risques.
Assez fréquemment, l’insuffisance des mesures de prévention primaire engagées
conduit à la manifestation des risques auxquels les agents doivent faire face.
Mais il existe de nombreuses situations où le risque ne peut être évité. Dans ces
situations, des moyens peuvent être engagés pour aider les agents à faire face à
leurs difficultés : un enseignant face à des élèves difficiles, l’accueil des publics en
détresse, des dysfonctionnements informatiques.
Cela renvoie par exemple aux plans mis en oeuvre pour faire face aux situations
dégradées, aux temps d’échanges professionnels consacrés à l’analyse de situations
difficiles afin d’en tirer des enseignements et d’améliorer les pratiques et
comportements de tous et à l’amélioration des conditions matérielles et
organisationnelles. Cela renvoie aussi souvent à des actions de formations adaptées
aux facteurs de risques identifiés. Par exemple, dans un établissement accueillant du
public, il peut s’agir de formations permettant de prévenir ou gérer les incivilités ou
agressions. Il peut aussi s’agir d’actions renforçant le lien social, les collectifs de
travail entre collègues et au sein de l’encadrement.
Certaines professions sont confrontées à la souffrance, qu’elle soit physique,
psychologique ou morale. Des actions de soutien de type débriefing ou supervision
psychologique, groupes de parole ou autres, relèvent aussi de cette prévention
secondaire.
La prévention tertiaire
La prévention tertiaire consiste en des actions de réparation. Deux types d’actions
principales peuvent être mises en place :
la prise en charge psychologique de salariés confrontés à un évènement grave,
voire traumatique (agression verbale ou physique, altercation entre agents, décès
d’un collègue pendant le travail, tentative de suicide sur le lieu de travail, etc.),
l’aide, l’assistance et le soutien, par des professionnels, aux agents en souffrance.
Remarques générales
L’observation montre que la prévention primaire est souvent le parent pauvre des
plans d’action alors que les deux autres formes ont une portée limitée. Une véritable
politique de prévention des RPS doit donc viser à rétablir l’équilibre entre les trois
formes de prévention au bénéfice de la prévention primaire.
Si une partie des actions de prévention primaire a vocation à être engagée au plus
haut niveau d’une administration, cela ne signifie pas que d’autres initiatives ne
puissent pas être prises à tous les niveaux, y compris donc au plus près de chaque
service. Il existe toujours des marges de manœuvre organisationnelles mobilisables
à chaque niveau d’une organisation publique (dans l’unité de travail), qui certes
trouvent leurs limites dans les moyens octroyés mais qui n’en sont pas
exclusivement dépendantes.
Le DUERP doit faire l’objet d’une mise à jour régulière, au moins une fois par an et
lorsqu’une modification survient (transformation de l’outillage, révélation de risques
non identifiés jusqu’alors, survenance d’un accident grave de travail, ou d’un incident
qui aurait pu avoir des conséquences graves, etc…). Le défaut d’élaboration du
document unique et l’absence de mise à jour sont pénalement sanctionnés. La
démarche doit être interdisciplinaire et associer les agents.
Une première étape peut consister pour chaque unité de travail et à partir du
diagnostic à classer selon le niveau de risque les principaux facteurs de RPS
recensés. Une deuxième étape consistera à reporter dans le DUERP les résultats en
distinguant les 5 dimensions suivantes :
type de risque ;
nature du risque identifié ;
niveau du risque ;
modes de prévention existants ;
actions et mesures à envisager.
Références réglementaires
Article 5-6 du décret n°82-453 du 28 mai 1982 relatif à l'hygiène et à la sécurité du
travail ainsi qu'à la prévention médicale dans la fonction publique.
L’appréciation du motif raisonnable qu’a un agent de penser qu’il se trouve dans une
situation de danger grave et imminent nécessite toujours un examen au cas par cas.
Cette appréciation se distingue d’ailleurs de la question de savoir si le risque existait
réellement.
De même, lorsque le droit de retrait est invoqué face à une menace plus diffuse ou
lorsqu’il est exercé comme une forme de réponse collective à un évènement grave,
la jurisprudence rappelle que le droit de retrait ne doit pas être confondu avec une
action de revendication.
C’est pourquoi, lorsque des agressions ou violences sont commises sur des
personnels dans un établissement, une école ou un service, il est important, dans
ces types de situations pouvant parfois devenir conflictuelles et pouvant favoriser
l’apparition de risques psychosociaux, que soient mises en
oeuvre, au niveau hiérarchique compétent, les procédures d’enquête et d’information
ou de consultation du CHSCT, et les mesures d’accompagnement des agents
confrontés à de telles situations.
La procédure d’alerte
L’agent alerte immédiatement, y compris verbalement, son chef d’établissement ou
son chef de service, de toute situation présentant un danger grave et imminent.
Celui-ci doit mettre tout en œuvre pour faire cesser les troubles par tous les moyens.
Il est opportun qu’un membre du comité hygiène et sécurité et des conditions de
travail (CHSCT) compétent soit informé de la situation. Dans le 1er degré, il est
nécessaire d'informer le DASEN mais également l'IEN.
De même un membre du CHSCT qui constate un danger grave et imminent,
notamment par l'intermédiaire d'un fonctionnaire ou d'un agent qui a fait usage du
droit de retrait, en avise immédiatement le chef de service ou le chef d’établissement
dans un EPLE.
Le signalement doit être par la suite inscrit de façon formalisée dans le registre
spécial tenu sous la responsabilité du chef de service ou d’établissement.
Le chef de service doit faire cesser la situation de danger grave et imminent et en
informer le CHSCT compétent. Dans les EPLE et les écoles, le chef d’établissement
ou le directeur d’école, en fonction de la situation fera les premières constatations et
prendra les mesures de première urgence tout en avisant sa hiérarchie, recteur
d’académie ou DASEN.
Lorsque la situation est normalisée, c'est-à-dire lorsque des mesures ont été prises
pour faire disparaître le danger, l’agent doit reprendre son travail sans attendre
l’ordre préalable de son chef de service ou du chef d’établissement. Il est conseillé
aux chefs d’établissement d’informer les agents par tout moyen de la disparition du
danger.
En cas de divergence sur la réalité du danger à la fois grave et imminent pour la vie
et la santé d’un agent ou sur la manière de le faire cesser, le CHSCT compétent doit
obligatoirement être réuni, au plus tard, dans les 24 heures. L’inspecteur du travail
territorialement compétent est informé de cette réunion et peut assister à titre
consultatif à la réunion de ce CHSCT.
À défaut d’accord sur ces mesures entre le chef de service et le CHSCT compétent,
l’inspecteur du travail est cette fois obligatoirement saisi.
Les dispositions des deux premiers alinéas de l’article 5-5 du décret n°82-453 du 28
mai 1982 modifié précisent que « dans le cas d'une situation de travail présentant un
risque grave pour la santé ou la sécurité des agents lors de l'exercice de leurs
fonctions, ou en cas de désaccord sérieux et persistant entre l'administration et le
comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, le chef de service
compétent ainsi que le comité d'hygiène et de sécurité compétent peuvent solliciter
l'intervention de l'inspection du travail. Les inspecteurs santé et sécurité au travail,
peuvent également solliciter cette intervention. Dans le cas d'un désaccord sérieux
et persistant, l'inspection du travail n'est saisie que si le recours aux inspecteurs
santé et sécurité au travail n'a pas permis de lever le désaccord ».