Travail Milieu Urbain Raymond Lutala 2023
Travail Milieu Urbain Raymond Lutala 2023
Travail Milieu Urbain Raymond Lutala 2023
Mixité Urbaine :
La Ville Congolaise Post-Conflit Entre
Inclusion Et Inégalités
Contenu
Introduction ………………………………………………………………………….……. 3
Un « problème » dans le problème : la place des déplacées dans la ville …………. 4
Mixité et inclusion sociale : de quoi parle-t-on ?......................................................... 5
L’intégration favorise-t-elle la cohésion sociale ?........................................................ 6
Approche architecturale de l’intégration…………………………………………………. 7
Projet : Intégration et Inclusion des déplacés de guerre……………………………….. 8
Introduction
La république démocratique du Congo a connu plusieurs vagues de déplacement
considérable des populations au courant de ces trois dernières décennies, ces
mouvements ont modifié la configuration spatiale et la répartition de la population sur tout
l’étendue de ce pays mais surtout dans sa partie Est qui est la plus secouée par les
migrations internes. Ces migrations sont causées pour la plupart par les attaques armées
de groupes rebelles, les affrontements ethniques mais aussi par les catastrophes
naturelles telles que les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, la montée des
eaux, etc…
En 1960, le pays a accès à son indépendance entrainant peu après une forte
accentuation de l’exode rurale car plusieurs portes à promouvoir dans les entreprises de
nouvelles agglomérations libres mais aussi les meilleures conditions de vie dans les villes
que dans les campagnes (l’accès aux services de bases, à la sante, au logement, à
l’éducation, etc..). Ce changement administratif amènera à la naissance de soulèvements
politiques, des rebellions qui entraineront des perpétuelles guerres sur ce vaste pays
encore fragile1.
Présentement, les guerres continuent toujours ainsi que les déplacements de populations
qui ont pris une ampleur considérable car ils deviennent de fléaux ingérables pour les
agglomérations congolaises qui ne sont pas préparées à un accroissement aussi rapide
de leur démographie accompagné de tous les problèmes de fonctionnement en découlant
(la peignerie d’équipements, la crise du logement, la famine, la précarité, etc.…). Sur ce
fait, les petites villes conçues pour moins de 15 milles habitants se retrouvent à accueillir
une population dix fois plus grande et ainsi à se transformer en de gros centre
rapidement, sans études urbaines et sans accompagnement ; cas de la ville de Kinshasa
originellement conçue pour 150000 habitants, atteindra les 20 millions à l’horizon 2030.
Certes la croissance des villes africaines est l’une de plus élevées au monde, environ 4%
en moyenne par an2 ; mais ce flux important devient quasi déstabilisant. Environ 5700000
personnes ont été déplacer en RDC et ça seulement dans la province du Nord-Kivu, ces
15 dernières années ; ceci explique le boom démographique que subissent les villes dans
cette partie du Congo3.
La notion de la mixité urbaine prend vie dans des entités présentant une population à
plusieurs représentations et qui sont imposés indirectement à cohabiter, à vivre ensemble
avec un semblant d’harmonie. Les populations sont soit d’origines différentes, des
conditions sociales différentes, d’éducations différentes, de religions différentes, etc., d’où
le défi est de parvenir à l’intégration de toutes ses couches sociales dans un
environnement pacifique et égalitaire. Les premières notions d’utopie sur la mixité ont été
mises en place par Charles Fourier dans son fameux phalanstère 4 qui faisait la promotion
de l’exclusivité dans le domaine. En majeur partie, les populations déplacés
1
Stanislas MARARO, la question de la réintégration des déplaces et refugiés
dans le programme de stabilisation et reconstruction en zone post-conflit au
Kivu, l’Afrique des Grands Lacs : annuaire 2009/2010Harmattan, Paris, avril 2010
2
Irene SALENSON, les villes africaines vont-elles exploser ? Le Point, janvier
2020
3
OIM, état de la migration dans le monde, 2022
4
Ledent Gérald, Utopie et Actualité de l’habité, cours 5, LOCI ,2022. Un
phalanstère est un regroupement organique des éléments considérés nécessaires à
la vie harmonieuse d’une communauté appelée phalange. Le concept, très en faveur
dans les milieux intellectuels au 19ème siècle et qui fut élaboré par Charles Fourier
et promu par des industriels idéalistes comme André Godin.
Mixité Urbaine 3
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités
n’appartiennent forcément pas au même groupe humain et moins encore de même classe
sociale ; la cohabitation pacifique et égale se révèle être l’idéal dans la politique
d’organisation de ces villes qui dès l’accueil de déplacés deviennent un champ de
brassage et de transformations. Ces brassages et ces transformations amènent à des
restrictions qui d’une façon peuvent conduire à l’intégration et d’une autre façon à
l’exclusion sociale.
Un « problème » dans le problème : la place des déplacées dans la ville
Dans une observation analytique, émerge un constat douloureux : dans les « zones
urbaines sensibles »5, les déplacés ou supposés tels sont surreprésentés et cette situation
introduit une complexité supplémentaire dans la question urbaine que l’on ne peut
d’ignorer6. Si les déplacés sont proportionnellement plus nombreux dans les zones
urbaines sensibles que dans les autres quartiers, c’est qu’ils sont proportionnellement plus
nombreux dans les groupes sociaux les moins intégrés, notamment sur le marché du
travail (ouvriers, employés, travailleurs peu qualifiés), qui peuplent ces zones. Une partie
de l’opinion impute cependant leur situation, non pas à leur position sociale, mais à leur
origine réelle ou supposée. L’exclusion qui en résulte exacerbe leurs difficultés sociales.
Faute d’intégration, ils peuvent alors être conduits à se tourner vers d’autres voies
souterraines peu recommandables.
Il est un fait que les déplacés sont porteurs de caractéristiques culturelles ou religieuses
propres à leur origine et à leur histoire, au demeurant marquée pour nombre d’entre eux
par la période coloniale, de guerre, des soulèvements, de changements climatiques. Mais
ces caractéristiques devraient relever du domaine privé. L’intégration sociale devient ainsi
essentielle pour permettre la bonne intelligence entre cultures différentes, dès lors que
celles-ci font ensemble allégeance à une Constitution7.
Les villes congolaises regorgent d’une composition sociale assez variée, assez
composée. La guerre, la mondialisation et la modernisation, poussant ces villes à une
évolution rapide, affluent sur la diversité de leur composition sociologique. Elles sont en
constante évolution parallèlement à leur composition sociologique par suite de diverses
réalités politiques, économiques, environnementales qui font que plusieurs couches
sociales naissent, grandissent, disparaissent ou mutent. Cette composition évolutive est
bénéfique quand elle permet à la population de se réinventer, d’approfondir les liens
internes mais aussi de mieux cerner le défi de l’avenir par la concertation de différentes
couches pour mieux définir les solutions et les pistes futures dans la gestion des villes
« villes inclusives »8. Cependant, elle peut être négative quand cette diversité n’est pas
prise en compte comme une force mais comme un problème, quand les lois promulguées
n’assemblent pas, quand les politiques n’utilisent les mots mixité et intégration sociales
nul part que dans leurs discours9.
5
Les zones urbaines sensibles (ZUS) sont des territoires infra-urbains définis par les
pouvoirs publics pour être la cible prioritaire de la politique de la ville en fonction des
considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces
territoires.
6
Cyprien AVENEL, la mixité dans la ville et dans les grands ensembles : entre
mythe et instrument politique, DSER, CNAT, 2005
7
J. Barou, L’habitat des immigrés et de leurs familles, 2002, la documentation
française
8
HABITAT III, Quito- octobre 2016, Documents de travail d’habitat III, 1- villes
inclusives, New York, mai 2015. La ville inclusive est une ville dans laquelle aucune
catégorie d'habitants n'est exclue du développement urbain. Elle favorise l'accès aux
services essentiels pour le plus grand nombre et en particulier pour les populations
les plus vulnérables.
9
Philippe Genestier, la mixité : mot d’ordre, vœu pieux ou simple argument ?
espaces et sociétés, ERES 2010
Mixité Urbaine 4
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités
Mixité et inclusion sociale : de quoi parle-t-on ?
Le terme mixité est ambigu car il possède plusieurs sens d’utilisation et renvoie
à des sujets de discussion voisine mais parfois pas tous autant identiques. Il
vient du latin miscere, qui veut dire mélanger, renvoyant à l’idée de brassage
des plusieurs éléments différents.
Son caractère relativement non défini provient du fait qu’il peut s’appliquer à
différents domaines de vie d’où on peut parler indifféremment de mixité des
formes d’habitat, de mixité économique, des sexes, des races, des générations,
etc. Il est parfois source à controverse car l’état de mixité ne sera pas identique
selon le critère retenu et l’échelle considérée. Ainsi la diversité sociale,
apparente d’une ville peut très bien être une juxtaposition de plusieurs sous-
entités visiblement homogènes mais dissimulant plusieurs types d’exclusions,
d’inégalité, de ségrégation10. En effet, il est utile de modifier la vue en raison de
la mobilité des populations dans les sous-entités de la ville et des stratégies
d’accès aux différents espaces urbains qui ne renvoient pas aux mêmes
échelles de mixité et d’intégration pour les individus. La mixité désigne ainsi un
processus ou une action allant de la création des conditions d’une plus grande
égalité, de justice sociale à l’urbanité et la cohésion sociale11.
- 'expression d'un idéal, la mixité étant la dérivée d'une certaine idée du Bien
et du Juste, elle désigne une espérance réformiste ' relevant d'un univers moral, voire
théologique, référé à un modèle d'harmonie sociale, de communauté rassemblée, en
communion avec elle-même. Ainsi, le mot « mixité » dote le discours d'un caractère
hyperbolique et lui confère un ton emphatique. Ce vocable normatif joue un rôle de
slogan (Tournier, 1985)
10
Cyprien AVENEL, la mixité dans la ville et dans les grands ensembles : entre
mythe et instrument politique, DSER, CNAT, 2005
11
Cyprien AVENEL, la mixité dans la ville et dans les grands ensembles : entre
mythe et instrument politique, DSER, CNAT, 2005
12
Igor Martinache, Pauvreté et exclusion : des notions toutes relatives, Idées
économiques et sociales, 2013/1
Mixité Urbaine 5
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités
sont dans une phase de brassage de différents groupes humains et la cohésion
sociale serait la base de bon fonctionnement de ces villes. Mais comment y
parvenir ? L’accès au logement est un élément essentiel dans la reprise de
l’indépendance et l’émancipation. Les déplacés n’ayant plus de ressources se
voient construire des abris classifiant déjà leur condition sociale. Aucune
concertation ne prend en compte des besoins distincts de ces familles, ni
même ne s’interroge sur leur point de vue dans la conception. Tout est pris en
charge par les décideurs. Par ce geste, la plus rependu d’exclusion, le non à la
parole, est indirectement appliqué à ces ménages et il leur devient difficile de
s’intégrer car dès qu’on a plus droit à la parole, on se sent mis à l’écart ; les
conditions de vie dans le camp de déplacés ne sont pas favorables à
l’autonomisation humaine mais plutôt à alourdir la dépendance de ces
ménages à un système préétablie13. Nombreuses sont les familles déplacées
qui ne resteront pas dans ces abris et décideront de s’installer à leur propre
charge et manière dans les zones spontanées, mais dans quelle condition ?
La périurbanisation peut être invoque à ce point, mais une périurbanisation non
planifiée car ces familles se construiront des abris selon leur besoin et sans un
sentiment d’imposition aux alentours de ces villes ou dans ces villes. La
scission dans le cadre du bâtit apparait alors dans ces entités et se traduisent
par une partie des privilégiés et une autre des non-privilégiés14.
L’intégration favorise-t-elle la cohésion sociale ?
Les recherches scientifiques conduisent à démontrer un constat surprenant à
l’égard des vertus attachées à la notion de l’intégration. En effet, comme elles
peuvent le montrer, la proximité entre les classes sociales renforce moins la
convivialité et les échanges qu’elle ne rend plus aigües les différences et les
conflits. Ainsi, dès sa formation, la majeure partie des villes congolaises sont
vouées à constituer un mélange de “proximité spatiale et de distance sociale”15
par la mise en commun plusieurs catégories hétérogènes de population,
inscrites dans multiples orientations, ce qui, loin de produire l’image d’une
société égalitaire en voie de “moyennisation”, mais renforce au contraire
l’opposition et le fossé social entre classes16. Par ailleurs, non seulement la ville
congolaise dans cette configuration engendre une cohabitation difficile, mais
encore la ségrégation urbaine très vivante mais froide entre les privilégiés
(ceux dans les beaux quartiers) et les non-privilégiés (ceux dans les
bidonvilles). En effet, même si la construction des logements sociaux, par
rapport aux bidonvilles, représente un réel progrès matériel, il incarne pour les
plus pauvres tout le poids de destruction de l’ancienne vie communautaire d’où
13
CICR, personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays : position du cicr,
mai 2006
14
La périurbanisation est associée à l’extension rapide et très importante du bâti
urbain au-delà de ses limites anciennes, en particulier dans la seconde moitié du
XXe siècle avec la démocratisation de l’automobile, et l'attrait du logement
individuel mais ses origines remontent au XIXe siècle avec l’essor des chemins de
fer qui, associés à la bicyclette, permettaient à une partie des classes populaires
d’habiter des quartiers ouvriers périphériques tout en travaillant dans les usines
situées à l’intérieur des agglomérations. Elle devient non assistée quand elle sous-
entend une extension anarchique et non contrôlée.
15
J-C Chamboredon et M. Lemaire, proximité spatiale et de distance sociale, revue
française de sociologie, XL, janviers-mars 1970
16
Jacques Barou, HLM, le risque d’une homogénéisation par le bas : les effets
des ségrégations, informations sociales,2005
Mixité Urbaine 6
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités
l’univers relationnel des villes africaines peut être décrit comme un puzzle à
constituants non cohérents.
Cette petite analyse conduit à interroger l’idée selon laquelle les populations
pauvres seraient toujours gagnantes à une politique d’intégration. En fait, le lien
entre rénovation urbaine, l’intégration et lien social n’est guère évident. Ainsi,
une opération de rénovation peut insérer fonctionnellement l’habitat dégradé
dans la grande ville, mais dissoudre en même temps l’ancienne communauté
de quartier17.
Il est évident que le regroupement des populations, quand il est subi, peut se
transformer en espace clos et enfermant. Mais il y a aussi des bénéfices à
l’existence d’un “entre-soi” des quartiers pauvres.
Paradoxalement, les réflexions en faveur de l’intégration peuvent alors tout
aussi bien bloquer les individus de ressources sociales et culturelles issues
d’un milieu d’entraide et de solidarité, mais aussi conduire à une sorte
d’exclusion car plus la ville est mixte, plus la notion de l’individualisme est
accentuée. On est donc conduit à poser un regard ambivalent sur la recherche
d’intégration et de mixité dans les villes africaines. Si ces villes sont des entités
couvrant des lieux de ségrégation et de stigmatisation, elles sont également
des incubateurs d’espaces de ressources et de solidarités. Dans une large
mesure, la question d’intégration soulève implicitement un débat concernant la
mixité et la place des quartiers multiculturels dans la société moderne.
17
C’est l’introduction de la gentrification, qui est le contraire de la paupérisation, est
un type particulier de transformation des villes par l’embourgeoisement de quartiers
urbains populaires. Elle se démarque par deux mouvements simultanés,
d'appropriation de l'espace par des classes aisées en parallèle avec la dépossession
du lieu par les personnes plus pauvres ou non blanches.
18
Phillipe BOUDON, Philippe HESHAYES et Claude NEDENEC, Intégrations et
architecture, la ville de Louvain-la-Neuve…AREA, Pris,1978, p5
19
Jacques Barou, HLM, le risque d’une homogénéisation par le bas : les effets
des ségrégations, informations sociales,2005
20
Olivier Schnetz. L’architecture comme moyen d’intégration sociale : de la mixité
sociale à la mixité verticale , LEURE(2009)
Mixité Urbaine 7
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités
L’architecture peut être aussi un outil d’exclusion, de ségrégation dans une ville
ou dans une communauté, elle sert alors d’armes dans ces conditions pour
différencier les classes sociales et intègres la notion des beaux quartiers face
aux bidonvilles ; la notion de cité moderne non accessible à tous face à
l’anarchie des ghettos. Dans les villes africaines en générale et congolaises en
particulier, la modernisation par l’architecture c’est avéré être plus un élément
d’exclusion sociale plutôt que d’inclusion ou d’intégration. Il y a une grande
nuance entre la nouvelle ville moderne pour les privilégiés et l’ancienne ville
traditionnelle pour les non-privilégiés.
La notion de privatisation21 peut alors être évoquée dans ce contexte car plus
ces villes africaines grandissent, plus elles deviennent proies aux investisseurs
immobiliers étrangers et moins elles sont accessibles pour les populations
locales, des villes par des classes plus aisées pour des classes plus aisées,
phénomène qualifié de gentrification.22
Rutshuru est une ville de la RDC qui, ces dernières années, est passée de
50000 à environ 350000 habitants d’origines multiples et de classes sociales
multiples. Cet afflux principalement causé par les attaques de groupe armes, a
transformé cette petite cité en une grosse agglomération qui pourtant ne
possédant presque par d’équipement social ayant la capacité d’accueil et de
gestion de ces grands mondes. Comment faire ? les organismes humanitaires
proposent alors la construction des abris d’urgence pour les familles arrivées et
ainsi environ 45000 personnes ont été loger en environ 5 ans d’assistance. 23
A chaque venue, les ONG humanitaires proposent une aide par la formation de
camps qui ont une durée de vie de 5 à 6mois et font la construction des abris
temporaires. Mais après la période d’aide qu’arrive-t-il à ces familles ? Par
manque d’assistance, elles se greffent à la cité, dans les zones spontanées et
font de la construction de fortune pour pouvoir se loger. Cette démarche
apporte la naissance des bidonvilles, la pauvreté, l’inégalité et finalement la
difficulté d’intégration et d’acceptation de ces familles qui seront perçues
comme un poids dans la ville d’accueil.
21
Christian Dessouroux, La diversité des processus de privatisation de l’espace
public dans les villes européennes, Belgeo,2003
L’analyse des diverses contributions écrites et des discours menés au sujet de la
privatisation des espaces publics fait émerger un certain nombre de thèmes
récurrents qui sous-tendent ces processus de privatisation et structurent le discours à
leur sujet. Il s’agit tout particulièrement des thèmes de sécurité, de communauté et de
rentabilité. Ces sujets sont mobilisés par les différents acteurs urbains, principalement
par les producteurs, les gestionnaires et les usagers de l’espace public, ainsi que par la
littérature scientifique et les médias. Ils peuvent être à la base du phénomène de
privatisation, ou venir en aval de la production d’un espace privatisé pour en justifier ou
en décrire l’existence. Il serait néanmoins inapproprié d’invoquer ces thèmes comme
éléments explicatifs à eux seuls de la privatisation. Il est cependant indéniable qu’ils
constituent des éléments-clé pour l’étude des phénomènes de privatisation, tant leur
invocation à ce propos est courante et importante.
22 Jacques Donzelot, La ville à trois vitesses. Gentrification, relégation,
Mixité Urbaine 8
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités
de l’acceptation de ces familles. La conception des kits de constructions faits à
partir des matériaux locaux permettra de leur fournir la possibilité, avec un léger
accompagnement, de construire des maisons répondant à leur besoin mais
aussi faciliter le processus participatif dans la création de ces logements, qui
seront fait peux même et pour eux même. Cela créera l’acceptation des projets
car la majeure partie d’idées de base viendra de chaque famille en tenant
compte de ses besoins. Ce processus visera aussi à inclure la population
locale dans le montage et l’assemblage pour ainsi renforcer le climat de
cohésion sociale pour des villes plus inclusives et égalitaires.
Notes
Mixité Urbaine 9
La Ville Congolaise Post-Conflit entre Inclusion et Inégalités