Relations D'ordre. Nombres R Eels
Relations D'ordre. Nombres R Eels
Relations D'ordre. Nombres R Eels
Nombres réels
Patrick Delorme
1 Relations d’ordre
Définition:
On appelle relation binaire R sur un ensemble E un procédé qui met en relation des
éléments de E par paires. On écrit xRy.
Exemples:d’égalité x = y. Pour les parties d’un ensemble, relation d’inclusion, A ⊂ B.
On rappelle que le produit cartésien (ou produit) des ensembles E et F est l’ensemble
noté E × F formé des couples (x, y) où x décrit E et y décrit F . On écrit
E × F = {(x, y) ∈ E × F | x ∈ E, ∈ F }
La première accolade se lit ”l’ensemble des ...” et la barre verticale se lit ”tels que...” R
est une relation binaire sur l’ensemble E, l’ensemble G := {(x, y) ∈ E × E | xRy(sous
entendu est vrai)} est appelé graphe de R. Réciproquement si G est une partie de
E × E, la relation R définie par:
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E est un ensemble, la relation d’inclusion sur l’ensemble P(E) des parties de E définit
une relation d’ordre.
Un ordre (ou une relation d’ordre) sur E est dit total si et seulement si:
∀x, y ∈ E, (x y ou y x)
(x y ou y x)
Ici le ”ou” est le ”ou mathematique qui signifie que au moins l’une des 2 assertions est
vraie. Sur N l’ordre ≤ est total.
Si (E, ) est un ensemble ordonné et F est une partie de E, on définit un ordre, appelé
ordre induit, sur F , 0 par:
∀x, y ∈ F, x 0 y ⇔ x y
Si l’ordre est total sur E , il est clair qu’il en va de même pour l’ordre induit sur F .
Définition d’un majorant, d’un minorant:
Soit A une partie d’un ensemble ordonné (E, ). On appelle majorant (respectivement
minorant) de A tout élément M (resp. m ) de E tel que:
∀x ∈ A, x M (resp.m x)
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Démonstration:raisonne par récurrence sur n. Si n = 1, le résultat est clair. Sup-
pososons le résultat vrai pour n et montrons le pour n + 1. Soit M le plus grand
élément de {a1 , ..., an }, qui existe d’après l’hypothèse de récurrence. Alors M et an+1
sont comparables (l’ordre sur R est total), donc l’un des deux est plus grand que (ou
égal à) l’autre et c’est le plus grand élément de {a1 , ..., an+1 }.
Remarque:
La proposition précédente est valable pour tout ensemble totalement ordonné.
Exercices:
1)(P(E), ⊂) est-il un ensemble totalement ordonné? Si A et B sont des parties de E,
montrer l’existence de Sup{A, B} et de Inf {A, B} et les déterminer.
2)Montrer que la relation sur N: x divise y est une relation d’ordre . Cet ordre est-il
total. Déterminer Inf {x, y} lorsqu’il existe.
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Théorème des coupures :
Soit (A, B) une partition de R (i.e. A ∪ B = R et A ∩ B = ∅), A et B étant différents
de l’ensemble vide et vérifiant :
∀a ∈ A, ∀b ∈ B, a < b (∗)
∀a ∈ A, ∀b ∈ B, a ≤ c ≤ b
Démonstration:
Comme A et B sont non vides et que tout élément de B majore A (resp. tout élément
de A minore B), A admet une borne supérieure c et B possède une borne inférieure d.
Alors d’après (∗), on a :
∀b ∈ B, c ≤ b
car b est un majorant de A et c est le plus petit de ceux ci. Donc c est un minorant de
B. Par suite c est plus petit que le plus grand de ceux-ci, soit encore :
c≤d
Alors A est contenu dans l’ensemble {x ∈ R | x ≤ c}, et B est contenu dans l’ensemble
{x ∈ R | d ≤ x}. Comme (A, B) est une partition de R, l’ensemble {x ∈ R | c <
x < d}, qu’il est naturel de noter ]c, d[, est vide. En effet un élément de cet ensemble
n’appartiendrait ni à A ni à B. Mais
A∪B =R
∃n ∈ N∗ , n(d − c) > 1
mais alors d − c > 1/n > 0 et 1/n un élément de ]0, d − c[. Une contradiction qui prouve
que c = d. Ce nombre réel vérifie les propriétés voulues. On montrera en exercice son
unicité.
Remarque: Evidemment, R est l’ensemble habituel, mais qui n’a jamais été défini cor-
rectement au lycée. Ici nous en faisons une présentation axiomatique. A noter que
durant votre scolarité, Z et Q ont été en principe construits à partir de N, ce dernier
étant donné d’ordinaire par les axiomes de Péano.
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Axiomes de Péano:
Il existe un ensemble totalement ordonné N possèdant les propriétés suivantes.
1) N admet un plus petit élément zéro.
2) Pour tout n ∈ N, l’ensemble des éléments de N strictement plus grand que n admet
un plus petit élément, appelé successeur de n , et noté n + 1.
3) Soit E une partie de N qui contient 0 et telle que, si n ∈ E, alors le successeur n + 1
de n est élément de E. Alors E est égal à N.
Pour Q il s’agit de la construction des fractions dites équivalentes.
Le théorème précédent suggère une façon de construire R à partir de Q: gros un nombre
réel est une coupure de Q, c’est à dire une partition (A, B) de Q , A et B étant différents
de l’ensemble vide et vérifiant :
∀a ∈ A, ∀b ∈ B, a < b
Le ”en gros” veut dire qu’ à un nombre rationnel (un élément c de Q) il correspond 2
coupures et non une, à savoir d’une part A = {a ∈ Q | a ≤ c}, B = {b ∈ √ Q | c < b}, et
d’autre part A0 = {a ∈ Q | a < c}, B 0 = {b ∈ Q | c ≤ b}. Par exemple 2 est donné
par la coupure de Q : A = A ∈ Q | a < 0 ou a2 < 2} et B = {B ∈ Q | b > 0 et b2 > 2,
définition qui ne fait intervenir que Q.’étudiant interessé pourra se demander comment
on définit l’addition des nombres réels, c’est à dire comment on définit l’addition des
coupures.
Une fois construit R vérifiant les conditions du théorème, la correspondance dans l’autre
sens, nombres réels-coupures peut être donnée par :
à tout x élément de R on associe la coupure (A, B) de Q, avec A = {a ∈ Q | a ≤ x} et
B = {b ∈ Q | c < b}.
Théorème:
Entre deux nombres réels distincts, il existe un nombre rationnel ainsi qu’un nombre
irrationnel (en fait il en existe une infinité).
Exercice:
√
1) Montrer que 2 n’est pas élément de Q.
√
2) Montrer que {x ∈ Q | 0 ≤ x ≤ 2} n’a pas de borne supérieure dans Q, bien que A
soit majorée dans Q.
Rappelons que toute partie de N admet un plus petit élément (cela fait partie des
axiomes de Peano).Plus généralement toute partie minorée de Z admet un plus petit
élément.
Proposition et définition:
Soit x ∈ R.Il existe un unique p ∈ Z tel que:
p≤x<p+1
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0 ≤ x − p0 < 1. D’où −1 < p0 − x ≤ 0 et par addition avec la première inégalité, on
en déduit: −1 < p0 − p < 1. Comme p et p0 sont des entiers, il en résulte que p = p0 ,
comme désiré. Enfin pour l’existence, traitons le cas x > 0. Dans ce cas, il est clair que
le plus grand élément de {n ∈ N | n ≤ x} convient.
Théorème de caractérisation de la borne supérieure d’une partie majorée de R:
Soit A une partie majorée de R et M un élément de R. Alors M est la borne supérieure
de A si et seulement si:
(i) ∀x ∈ A, x ≤ M
(ii)∀ε > 0, ∃x ∈ A, M − ε < x ≤ M
Démonstration:
Supposons M = SupA. Alors (i) est vrai. Par ailleurs si (ii) était faux, on aurait:
∃ε, ∀x ∈ A, M − ε ≥ x
Mais alors M −ε est un majorant de A et l’on a M −ε qui majore SupA, puisque celui-ci
est le plus petit d’entre eux. C’est une contradiction , qui prouve la partie ”seulement
si” du théorème. Prouvons la partie ”si”. Soit M un élément de R vérifiant (i) et (ii).
Alors M est un majorant de A. Montrons que c’est le plus petit. Soit M 0 un majorant
de A avec M 0 ≤ M . Si M 0 6= M , on note ε = M − M 0 > 0. D’après (ii) on a:
∃x ∈ A, M − ε < x ≤ M
∃y ∈ B , ∀x ∈ A”, ” x < y
Dans cette derniére, ”,” se lit ”on a” Dans la négation d’une assertion donnée , les
quantificateurs ∀ (”quelque soit” ou ”pour tout”) et ∃ (”il existe”) sont échangés . De
plus si P et Q sont des assertions, on a les règles de négation suivantes:
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où le ”ou” est le ou mathématique, c’est à dire au moins l’une des deux assertions est
vraie.
non(P ou Q) équivaut à (non P et non Q)
non(P ⇒ Q) équivaut à (P et non Q)
Donnons un exemple. La négation de :
∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ∈ N ”, ” (n ≥ N ) ⇒ (| un − l |< ε)
∃ε > 0, ∀N ∈ N, ∃n ∈ N ”, ” (n ≥ N ) et(| un − l |≥ ε)
. Dans la première assertion ”,” vaut pour ”on a” et dans la négation, cela vaut pour
”tel que”. Voyons ce qui se passe pour la forme abrégée:
∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, | un − l |< ε
∃ε > 0, ∀N ∈ N, ∃n ≥ N, | un − l |≥ ε