Chapitre I
Chapitre I
Chapitre I
Analyse 1
Youness MAZIGH
[email protected]
1/14 Y. Mazigh
Table des matières
1 Nombres réels 3
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Ensembles ordonnés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.1 Valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 Intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.3 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2
Chapitre 1
Nombres réels
1.1 Introduction
On note
• N = {0, 1, 2, · · · } l'ensemble des entiers naturels.
La construction de ces ensembles est naturelle. En eet, si a et b sont des entiers naturels,
la somme a + b et le produit ab (ou a × b ou a.b) sont aussi des entiers naturels. Par contre
le résultat d'une soustraction ou d'une division n'est pas toujours dans N. Arrivant au
"corps" Q des rationnels, on peut eectuer les quatre opérations naturelles : l'addition
a + b, la multiplication ab , la soustraction a − b et la division a/b (b ̸= 0).
N⊂Z⊂Q
Dans l'antiquité (à commencer par les babyloniens qui écrivaient tous les nombres en base
60 !), l'opinion répandue était que tous les nombres sont dans Q. Les grecs se rendirent
assez vite compte qu'il existe bien des nombres qui ne sont pas rationnels. L'exemple le
plus célèbre est une conséquence du fameux théorème de Pythagore : Considérons un
triangle ABC rectangle en A et supposons que AB = AC = 1. Alors
BC 2 = AC 2 + AB 2 = 2
√
Si on note BC = 2 (c'est-à-dire BC 2 = 2), on a
3
√
Proposition 1.1 Le nombre 2 ̸∈ Q.
√
Démonstration. Par l'absurde. Supposons que 2 ∈ Q. Alors il existe a ∈ Z, b ∈ N∗
√
tels que 2 = ab . On peut supposer que a et b sont premiers entre eux, c'est-à-dire que
le seul entier naturel divisant a et b est 1. Élevant au carré, on obtient a2
b2
= 2, ou encore
a2 = 2b2 . Donc a2 est pair et par suite a est pair (le vérier !).
Écrivant a = 2a′ , a′ ∈ Z, on obtient b2 = 2a′2 . Il s'ensuit que b2 , et donc b, est pair. Ainsi
√
a et b sont pairs ! contradiction. D'où 2 ̸∈ Q. □
Remarque 1.2
• Archimède a construit le nombre π ; le périmètre du demi-cercle unité ou celui d'un
cercle de rayon 1/2. On montre (mais c'est assez dicile) que π ̸∈ Q.
• On montre aussi que le nombre e ̸∈ Q (la démonstration est moins dicile que celle
de π ̸∈ Q ; dans le chapitre suivant le nombre e sera déni comme limite d'une suite
de nombres rationnels).
√
Exercice 1.3 Monter que pour tout entier n ≥ 1, n2 + 1 ̸∈ Q.
(xRy et yRx) =⇒ x = y
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Si E est muni d'une relation d'ordre, on dit que E est un ensemble ordonné.
3. Une relation d'ordre R sur E est totale si :
On dit alors que (E, R) (ou simplement E ) est un ensemble totalement ordonné.
Exemple 1.5
1. L'ensemble Q muni de la relation d'ordre usuelle ≤ dénie par :
a
x ≤ y ⇐⇒ y − x ∈ Q+ := { ; a ∈ N, b ∈ N∗ }
b
(A ⊆ B) ⇐⇒ (∀x ∈ E, x ∈ A =⇒ x ∈ B)
Dans la suite de ce cours, sauf mention du contraire, on note ≤ une relation d'ordre.
Dénition 1.6 Soit (E, ≤) un ensemble ordonné et soit A une partie non vide de E .
1. Un élément M ∈ E est un majorant de A si :
∀x ∈ A, x ≤ M.
∀x ∈ A, m ≤ x.
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• Si x ≤ y et x ̸= y , on note x < y .
Dénition 1.7
1. Si M est un majorant de A et M ∈ A, on dit que M est l'élément maximal (ou
le plus grand élément) de A. On le note max(A).
2. Si m est un minorant de A et m ∈ A, on dit que m est l'élément minimal (ou
le plus petit élément ) de A. On le note min(A).
Remarque 1.8 Une dénition plus générale des éléments maximaux ou minimaux sera
donnée en cours d'algèbre 1. Elle coïncide avec la nôtre si E est totalement ordonné.
Exemple 1.9
• L'élément maximal de A = {1, 3, 6, 7} est 7 ; max(A) = 7.
Exercice 1.10 Vérier que le plus grand élément (respectivement plus petit élément) de
A, lorsqu'il existe, est unique.
Dénition 1.11 Soit (E, ≤) un ensemble totalement ordonné et soit A une partie non
vide de E .
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Exemple 1.12
1. Soit A = {x ∈ Q; 0 < x < 2} ⊆ Q. Alors A est borné (dans Q) et sup(A) = 2,
inf(A) = 0.
2. Soit A = {x ∈ Q; x > 2}. Alors A est minoré par 2 et inf(A) = 2, mais A n'est pas
majoré.
3. Si A est une partie non vide de N, alors A admet un plus petit élément.
4. Toute partie nie non vide de Z admet un plus grand élément et un plus petit élé-
ment.
Dénition 1.14
• On dit qu'un ensemble (E, ≤) totalement ordonné vérie la propriété de la borne
supérieure si :
"Toute partie non vide majorée de E admet une borne supérieure dans E ".
"Toute partie non vide minorée de E admet une borne inférieure dans E ".
Théorème 1.15 L'ensemble Q muni de la relation d'ordre usuelle ne vérie pas la pro-
priété de la borne supérieure.
A = {x ∈ Q; x2 ≤ 2}.
Il est clair que A est majorée par 2. Supposons que q := sup(A) existe. Noter d'abord que
q > 1 (par exemple 1 < 5/4 et 5/4 ∈ A). On a deux cas :
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• Si q ∈ A, posons ε = 2−q 2
3q
∈ Q. Alors
(q + ε)2 = q 2 + 2εq + ε2
= q 2 + (2 − q 2 ) = 2
• q ̸∈ A, posons ε = q 2 −2
2q
> 0. Alors :
q2 − 2
(q − ε)2 = q 2 − 2εq + ε2 > q 2 − 2qε = q 2 − 2q =2
2q
ce qui est implique que (q − ε)2 > 2. On a ainsi un majorant q − ε < q appartenant
à Q, ce qui contredit l'hypothèse q = sup(A). □
C'est ce genre de "trous" dans Q que l'on cherche à combler avec la construction de R.
En gros : R est le plus petit ensemble totalement ordonné, contenant Q et vériant la
propriété de la borne supérieure.
Fixons une origine O dans une droite (horizontale) D. Fixons également une gradua-
tion de D. Si A est un point sur la droite D, à droite du point O, la longueur du segment
[OA] est un nombre réel positif x := OA. Si A est situé à gauche de O, soit A′ le sy-
métrique par rapport à O du point A. Alors la mesure algébrique OA est le nombre réel
négatif −x où x est la lonqueur du segment [OA′ ]. L'ensemble R des nombres réels est la
collection de tous ces nombres. La droite D s'appelle l'axe réel. On note R+ l'ensemble
des nombres réels positifs et R− celui des nombres réels négatifs.
Dénis comme des mesures algébriques des points situés sur l'axe réel, il est clair que
l'ensemble R contient tous les nombres rationnels.
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Les lois "+" et "×" prolongent l'addition et la multiplication usuelles dans Q. Il en est
de même de la relation d'ordre totale ≤.
Rappelons que (R, +, ×) est un corps (commutatif) veut dire que :
∀x, y, z ∈ R, (x + y) + z = x + (y + z)
∀x ∈ R, x+0=x
x + (−x) = 0
∀x, y, z ∈ R, x(y + z) = xy + xz
x ≤ y ⇔ x − y ∈ R− .
Ainsi R+ = {x ∈ R | x ≥ 0} et R− = {x ∈ R | x ≤ 0}.
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√ √
Exemple 1.18 Soit A = {x ∈ R; x2 < 2}. Alors inf(A) = − 2 et sup(A) = 2.
• si x ≤ y et z ≥ 0 alors xz ≤ yz
• si x ≤ y et z ≤ 0 alors xz ≥ yz
On rappelle que pour x ∈ R, la valeur absolue de x, notée |x| est dénie par
x si x ≥ 0
(
|x| := max(−x, x) =
−x si x ≤ 0
En particulier
x ≤ |x| et − x ≤ |x|
et
−|x| ≤ x ≤ |x|.
Proposition 1.20
• Pour tous x, y ∈ R, |xy| = |x||y|.
• Soit M ∈ R+ . Alors
(i) |x| ≤ M ⇐⇒ −M ≤ x ≤ M
(ii) |x| ≥ M ⇐⇒ x ≤ −M ou x ≥ M .
En particulier,
|x| = 0 ⇐⇒ x = 0.
Démonstration. Exercice. □
Remarque 1.21 Dans les chapitres suivants, nous utilisons souvent (i) sous la forme
suivante
|x − a| < ε ⇐⇒ a − ε < x < a + ε
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Démonstration. On a |x + y| = −x − y ou x + y qui sont tous les deux ≤ |x| + |y|. D'où
|x + y| ≤ |x| + |y|
• Si |x| ≥ |y| :
Exercice 1.23 Montrer les inégalités de la proposition 1.22 en comparant les carrés.
1.3.2 Intervalles de R
[a, b] := {x ∈ R; a ≤ x ≤ b}.
Plus précisément, les intervalles de R sont les suivants (a et b sont deux réels vériant
a ≤ b) :
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Notons en particulier que ∅ =]a, a[ est un intervalle, et que les singletons {a} = [a, a]
sont des intervalles.
Dénition 1.25 Soit x0 ∈ R. On dit que V est un voisinage de x0 s'il existe un inter-
valle ouvert contenant x0 et contenu dans V .
Exemple 1.26 L'intervalle [−1, 2] et l'ensemble ] − 2, −1] ∪ [0, 3[ sont des voisinages de
1, puisque
1 ∈] − 1, 2[⊂ [−1, 2] et 1 ∈]0, 2[⊂] − 2, −1] ∪ [0, 3[.
L'ensemble Q n'est voisinage d'aucun de ses points alors que l'ensemble R (ou plus géné-
ralement un intervalle ouvert de R) est voisinage de chacun de ses points.
1.3.3 Applications
Théorème 1.27 Soient x, y ∈ R avec x > 0. Alors il existe n ∈ N tel que nx > y. On
dit que (R, ≤) est archimédien.
(n + 1)x > a
Proposition 1.28 (Partie entière) Pour tout réel x, il existe un unique entier relatif
m ∈ Z tel que
m ≤ x < m + 1.
Démonstration. Commençons par prouver l'unicité d'un tel entier. Pour cela supposons
qu'il existe deux entiers m et m′ vériant
m ≤ x < m + 1 et m′ ≤ x < m′ + 1
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On déduit alors de la première inégalité que m ≤ m′ et de la seconde que m′ ≤ m. Nous
avons donc m = m′ .
Montrons maintenant qu'un tel entier existe.
• Supposons d'abord que x > 0 et notons Ax = {n ∈ N; n ≤ x}. Alors Ax est non vide
car il contient 0 et si on applique la propriété d'Archimède à 1 et x, on voit que Ax
est majorée. En eet, il existe n0 ∈ N tel que n0 × 1 > x. Ainsi, pour tout n ∈ Ax ,
on a n ≤ x < n0 donc n0 est un majorant de Ax dans N. L'ensemble Ax possède
donc un plus grand élément, puisque c'est une partie nie de N. Soit m l'élément
maximal de Ax . Alors par dénition m vérie
m ≤ x < m + 1.
D'où la propriété.
• Si maintenant x < 0, l'ensemble Bx = {n ∈ Z; n ≤ x} est majoré par 0 et il est non
vide grâce, cette fois, à la propriété d'Archimède appliquée à −x et 1. Par suite Bx
est une partie non vide majorée de Z, et donc admet un élément maximal dans Z.
Appelons m son plus grand élément, nous avons m ≤ x < m + 1 ; d'où la propriété.
□
Théorème 1.29 Pour tous x, y ∈ R avec x < y, il existe q ∈ Q tel que x < q < y. On
dit que Q est dense dans R.
m − 1 ≤ nx < m.
D'où
nx < m ≤ nx + 1 < ny.
Le rationnel m
n
vérie x < m
n
< y. □
Remarque 1.30 L'ensemble R \ Q des nombres irrationnels est aussi dense dans R (voir
TD).
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Théorème 1.31 (Caractérisation de la borne supérieure et de la borne inférieure)
1. Soit A une partie non vide majorée de R. Alors
(
∀x ∈ A, x ≤ M
M = sup(A) ⇐⇒
∀ε > 0, ∃x ∈ A, M − ε < x ≤ M
Démonstration. Le théorème 1.16 assure l'existence d'une borne supérieure (resp. infé-
rieure) de A. Le reste découle pratiquement de la dénition. □
Exercice 1.32 Le ensemble suivant est-il majoré ? minoré ? Si oui, déterminer leur
borne inférieure, leur borne supérieure.
1
A={ + (−1)n ; n ∈ N∗ }
n
Exercice 1.33
1. Montrer que pour tout x ∈ R \ Z,
E(x) + E(−x) = −1
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