15 Charles Grandison Finney Le Feu Du Reveil
15 Charles Grandison Finney Le Feu Du Reveil
15 Charles Grandison Finney Le Feu Du Reveil
Depuis au moins dix ans, j’ai observé que les réveils sont
progressivement devenus de plus en plus super ciels. Une
multitude d’autres observateurs sont parvenus à la même
conclusion. Tous les phénomènes qui accompagnent les réveils
actuels en témoignent comme d’un fait général. Il y a beaucoup
moins de conviction profonde de péché et de brisement profond
du cœur, beaucoup moins d’humilité véritable, et beaucoup
moins de puissance dans toutes les grâces manifestées dans la vie
de ceux qui se sont convertis au cours des derniers réveils. Ce
n’était pas le cas de ceux qui se sont convertis lors des réveils
survenus en 1830, 1831, et un certain temps auparavant. J’ai
observé, comme d’autres l’ont fait, que les réveils avaient une
durée beaucoup plus courte, et qu’ils provoquaient une réaction
beaucoup plus soudaine et désastreuse qu’auparavant. J’ai noté
également qu’un nombre plus faible de convertis devenaient des
chrétiens stables et e caces. Quant à ceux qui persévèrent, ils
semblent être moins remplis de l’Esprit de Christ que lors des
réveils précédents. Ils n’ont pas autant l’esprit de prière, ils ne
sont pas aussi modestes ni aussi humbles. Bref, si j’en juge par
ma propre expérience et les observations d’autres témoins, tous
les phénomènes accompagnant les réveils les plus récents ont
revêtu un caractère bien moins souhaitable qu’auparavant. Je
considère ce propos comme modéré.
Au cours des réveils actuels, les chrétiens sont bien moins
spirituels, moins persévérants dans la prière, moins
profondément humiliés et vivi és, et moins puissamment
baptisés dans le Saint- Esprit qu’auparavant. Je suppose que ces
observations ne doivent pas être appliquées à l’ensemble des
réveils, mais je crois qu’on peut les appliquer à la grande
majorité d’entre eux. Je crois que les serviteurs de Dieu ne sont
pas aussi désireux qu’auparavant de voir des réveils se produire
dans leurs Églises, et qu’ils n’ont pas d’aussi bonnes raisons de
l’être. Quant aux serviteurs de Dieu qui n’ont connu que les
réveils récents, ils en sont presque venus à craindre les réveils.
Ils ont tellement vu les e ets désastreux des réveils modernes
qu’ils se demandent honnêtement s’il est nalement désirable
d’avoir un réveil. Ceux qui ont assisté aux réveils d’il y a dix ou
vingt ans préfèrent nettement les réveils de ce type. Ils sont
a igés du caractère super ciel de beaucoup de réveils récents.
Je fais là une remarque générale et non universelle, et n’exprime
que mon opinion personnelle. J’ai souvent entendu des
serviteurs de Dieu et des chrétiens dire : « Nous languissons de
voir revenir le jour où nous verrons des réveils comme ceux que
nous avons eus il y a des années » ! J’ai très attentivement observé
l’évolution des choses. J’ai recherché avec le maximum de soin et
de prière quelles étaient les causes de ce déclin. Si mes
informations sont bonnes, et si j’ai bien compris la situation,
j’énoncerai déjà les causes suivantes :
J’ai déjà souligné que nous n’avions pas fait assez d’e orts pour
sonder le cœur des pécheurs, pour mettre à jour et exposer
soigneusement sa nature dépravée, a n de lui faire sentir qu’il a
besoin du remède de l’Évangile. Si je ne me trompe, on a souvent
commis l’erreur de pousser les pécheurs à se soumettre à Christ,
avant même qu’ils aient compris ce que signi e une véritable
soumission. On les a poussés à se repentir, avant qu’ils aient
réellement compris la nature a reuse du péché. On les a incités à
croire, avant qu’ils aient compris leur besoin de recevoir Christ.
On leur a demandé de se décider à servir Dieu, sans qu’ils aient
compris quoi que ce soit au service de Dieu. On les a pressés de se
décider à entrer immédiatement au service de Dieu. Mais on s’est
contenté de leur enseigner qu’ils avaient seulement besoin de se
décider à obéir au Seigneur. C’est pourquoi leur vie spirituelle
n’a été qu’une religion de résolutions. Elle n’a nalement
manifesté aucune foi, aucun amour, ni aucun brisement de
cœur. Bref, il me semble que l’on n’a pas, bien souvent, présenté
à l’intelligence des pécheurs la véritable nature de la religion.
Des multitudes pensent que leur vie spirituelle n’est faite que de
désirs. Ils ne croient pas que leur libre choix ou l’exercice de leur
volonté doivent être concernés. Mais il ne peut y avoir aucune
vie spirituelle dans un désir, si nous utilisons ce terme dans le
sens d’un état psychique passif, et non volontaire.
D’autres supposent que la vie spirituelle se limite à une attitude
purement légaliste. Leur intelligence est aiguillonnée par leur
conscience, pour accomplir des œuvres sous la contrainte, par ce
que l’on appelle généralement « le sens du devoir ». En réalité,
presque toutes les erreurs et les séductions sont possibles,
lorsqu’il s’agit de décrire ce qui constitue la véritable vie
spirituelle. Les hommes ne semblent avoir aucune idée juste de
la nature du péché ou de la sainteté.
Ceci peut être vrai de toute autre grâce. De sorte qu’il vaut bien
mieux se contenter de présenter les vérités qui tendent à
produire ces grâces, en évitant de parler de leur nature
philosophique. Ce n’est qu’ainsi que l’on parviendra à rendre les
cœurs obéissants.
ce n’est que d’une façon très super cielle. Une telle prédication
n’aboutit pas à humilier l’orgueil de l’intelligence humaine. Elle
ne transmet que la connaissance qui en e, selon l’expression de
Paul. J’ai souvent pensé à ce passage en observant l’esprit dont
font preuve ces chrétiens dont je parle. Ils sont manifestement
sages à leurs propres yeux et remplis de su sance. Ils
comprennent ce qu’ils croient. Ils se glori ent d’être des
philosophes, et de ne pas être assez faibles et ignorants pour
croire ce qu’ils ne comprennent pas.
De tels cas ont souvent été des sujets de trouble pour ceux qui en
ont été témoins. Pourtant, lorsque j’ai eu l’occasion de contrôler
l’histoire ultérieure de cas semblables, j’ai été persuadé, en
général, qu’il s’agissait de réelles conversions. Il se peut que
certaines de ces conversions soient fausses. Mais, dans tous les
cas semblables que j’ai connus, il a été ensuite évident que
l’amour de Dieu a été profondément déversé dans la vie de ces
personnes. Leur volonté a été amenée à une réelle obéissance.
Leur caractère a été véritablement transformé dans le sens le
plus désirable.
Comme tous ceux qui ont assisté à des réveils, je suis conscient
que l’esprit de critique et de censure ne se manifeste pas
uniquement chez ceux qui veulent favoriser l’excitation. L’esprit
de fanatisme n’est nullement réservé à ce type de personnes. Il se
manifeste souvent avec le plus de laideur chez ceux qui ne
recherchent absolument pas un réveil. En fait, il est très fréquent
de voir ceux qui s’opposent aux réveils, dans l’Église ou hors de
l’Église, manifester un esprit très turbulent et intolérant. C’est
une forme de fanatisme tout aussi honteux et insensé que celui
dont je viens de parler.
Quelles que soient par ailleurs les raisons du grand déclin des
réveils, il me semble que nous, serviteurs de Dieu, nous devrions
considérer que notre propre état spirituel est certainement l’une
des raisons de ce déclin, pour ne pas dire la raison principale et
fondamentale. Ne cherchons pas hors de nous-mêmes la cause
fondamentale de ce problème. Nous manquons de sancti cation
personnelle et d’onction. Nous avons peu de puissance dans la
prière et dans la prédication de la Parole.
Dans une large mesure, les Églises ne semblent pas très bien se
rendre compte de l’état des ministères, parce qu’elles sont elles-
mêmes rétrogrades. Le déclin d’une piété vivante au niveau des
ministères a, bien entendu, été l’occasion d’un déclin parallèle
des Églises. À tel point que celles-ci ne sont plus guère
conscientes de leur propre état, ni de l’état des ministères.
J’espère que mes frères seront patients envers moi. Car je veux
insister davantage sur les responsabilités criminelles des
ministères en ce qui concerne le déclin des réveils, tout
particulièrement ces derniers temps.
Selon moi, il existe une autre cause au déclin des réveils. Les
Églises n’ont pas été guidées dans les bonnes voies. Elles ont
parfois été poussées à faire des e orts, des visites, et beaucoup
d’activités pour la conversion des pécheurs. Mais elles-mêmes
n’ont reçu qu’une nourriture fort peu abondante. On leur a
demandé de beaucoup travailler en les mettant à un régime trop
léger. Elles n’ont guère entendu autre chose que des prédications
purement légalistes. Les prédicateurs n’ont adressé leurs
messages presque exclusivement qu’aux pécheurs. Pendant des
mois, ils n’ont pratiquement pas donné à leur Église un seul
repas consistant. Ils ne lui ont pas présenté le véritable Évangile.
Si les chrétiens doivent travailler pour Dieu et pour les âmes
perdues, il faut qu’ils soient nourris en abondance avec le pain
du ciel. On doit leur faire comprendre et savoir où réside leur
grande puissance. Il faut fréquemment leur présenter Christ,
dans tout Ses ministères, dans Son action, et dans Sa plénitude.
Si l’on ne fait pas cela, non seulement la piété des chrétiens en
sou rira, mais ils adopteront un esprit légaliste. Tous leurs
e orts pour convertir les païens ne seront qu’activisme et
légalisme. Dans cet état d’esprit, ils parcourront la terre et la mer
pour faire des prosélytes, mais ils ne réussiront qu’à remplir
l’Église de convertis super ciels.
Sauf erreur de ma part, c’est ce qui s’est passé, dans une mesure
alarmante, pour tous les réveils de ces dernières années. Les
chrétiens ont été si peu nourris de l’Évangile qu’ils sont devenus
légalistes, pleins de leur propre justice, fanfarons, charnels,
routiniers et incrédules. Leurs e orts ont abouti à faire des
convertis qui leur ressemblent, et à jeter un grand discrédit sur
les réveils.
Mes chers frères, vous pourrez faire autant d’e orts que vous
voulez, si vous continuez à vous attarder sur ce terrain, vos
Églises vont rétrograder à un point tel que vous en serez vous-
mêmes consternés. Ma longue expérience me permet d’a rmer
que la seule voie consiste à persuader profondément les Églises
qu’elles doivent absolument parvenir à « se puri er de toute
souillure de la chair et de l’esprit, en achevant leur sancti cation
dans la crainte de Dieu ». Tout e ort pour excuser le péché, toute
tentative d’a rmer l’impossibilité pratique d’atteindre la
perfection dans cette vie, constituent les erreurs les plus grandes
et les plus désastreuses qui puissent être inculquées aux Églises.
Comme l’a écrit un auteur anglais il n’y a pas si longtemps :
« Aucune erreur n’est aussi destructrice, et aucune ne doit être
aussi fermement dénoncée, que celle qui consiste à dire que les
chrétiens doivent s’attendre à pécher pendant toute leur vie ».
Mes frères bien-aimés, je ne cherche pas, par mes propos, à vous
gagner à mon opinion. Mais je désire attirer votre attention, et
l’attention de l’Église, sur cette réalité, et vous faire observer les
résultats que l’on obtient quand on propose des critères spirituels
moins exigeants que ceux que j’ai mentionnés.
Il se peut qu’un réveil éclate sans que l’on ait fait d’e ort
particulier, dans un endroit où les gens ne s’intéressent pas
vraiment à d’autres sujets. Mais l’Église se trompe si elle espère
avoir un réveil sans avoir recours à des e orts exceptionnels et
prolongés. C’est parce que les réveils sont l’œuvre de Dieu que ces
e orts sont indispensables. Cela ne nous autorise donc pas à
invoquer une seule raison pour négliger de tels e orts. Dieu, en
bâtissant Son Royaume et en établissant Son gouvernement sur
le monde, ne viole pas les lois de l’intelligence, mais Il les
respecte strictement. Par conséquent, si nous traînons les pieds,
ou si nous craignons de faire un surcroît d’e orts, tout en
espérant obtenir un réveil, ce serait irrationnel et absurde, alors
que le monde s’en amme pour tant d’autres sujets. Il est vrai
qu’il nous faut conserver
Comme l’intérêt des hommes est de plus en plus attiré par toutes
sortes de sujets, il nous revient, dans la même proportion,
d’accroître la fréquence et l’urgence de nos appels. Nous devons
arriver à xer leur attention sur ce grand sujet du salut. Les
hommes de ce monde font de plus en plus d’e orts pour attirer
l’attention de leurs semblables sur des sujets mondains. Nous
aussi, nous devons, dans une proportion au moins égale,
multiplier les moyens propres à retenir l’attention des hommes
sur des sujets spirituels. Cela me semble être une loi de l’esprit
humain.
Après avoir rédigé cette lettre, il m’a semblé qu’elle pouvait être
mal interprétée. J’ai décidé d’ajouter certaines remarques, et de
les faire publier immédiatement après. Mais comme j’avais déjà
écrit la lettre parue au précédent numéro, je n’ai pas pu réaliser
tout de suite mes intentions.
Il n’est donc pas du tout certain qu’une église soit égoïste si elle
organise des séries de réunions à des périodes de l’année où les
responsabilités des chrétiens envers Dieu, leur pays, ou leur
famille, ne les appellent pas à d’autres tâches. S’ils n’ont pas
d’autres obligations dans l’œuvre du Seigneur, qu’ils se
consacrent à l’organisation de réunions. S’ils béné cient de
loisirs supplémentaires, qu’ils soient appelés à faire des e orts
particuliers pour la conversion des pécheurs et la sancti cation
de l’Église. Ceci est raisonnable et juste. Je ne vois pas comment
l’on peut négliger cela sans pécher.
J’ai éprouvé une sou rance profonde et indicible de voir que l’on
considérait avec autant de froideur les tentatives faites pour
réformer l’Église, et que des multitudes de chrétiens, ainsi qu’un
grand nombre de ministères, s’opposaient même à ces tentatives
avec tant de violence et d’amertume.
Après tout ce que je viens de dire, est-il possible qu’il y ait un seul
frère qui soit encore assez aveugle pour ne pas voir la nécessité
de porter un coup décisif aux fondations sur lesquelles s’appuie
l’Église ? La hache doit être appliquée à la racine de tout arbre
stérile. Les ministères doivent soigneusement s’appliquer à
creuser autour de ces arbres et à leur fournir de l’engrais. Ils
doivent faire un e ort pour sonder, réveiller et puri er les
Églises. Les chrétiens de longue date, comme les convertis des
récents réveils, doivent être sondés et soigneusement examinés.
Leurs fondations doivent être revues, et leurs cœurs entièrement
remis en état. Ils doivent être édi és, guidés dans une attitude
spirituelle, et établis dans la grâce, a n d’être de vivantes épîtres
de Christ, connues et lues de tous les hommes. Sinon, il est vain,
et même plus que vain, de s’e orcer d’obtenir de nouveaux
réveils.
Frères, le fait est que l’on a résisté aux e orts de réformation de
l’Église, tout en ayant un amour désintéressé pour Dieu et pour
les hommes. Dans une large mesure, l’Église a refusé d’être
sondée. Les chrétiens ont refusé d’être changés. De sorte que
l’Esprit de Dieu les a quittés, ou est en train de les quitter
rapidement.
Si cela est possible, il faut parvenir à xer leur attention sur ces
vérités, d’une manière tellement inébranlable que cela ne
laissera aucune place au fanatisme, ni dans les sentiments ni
dans la doctrine.
Je veux bien admettre que l’Église visible puisse très bien exister
sans réveil. Elle peut aussi accepter une alliance faite de
compromis. Il lui est possible de recevoir en son sein une foule
d’hommes impies qui ne donnent aucun signe de régénération.
C’est ainsi qu’une Église nominale peut être maintenue en vie.
Mais je suis convaincu que la véritable piété ne peut exister ni se
répandre sans un puissant réveil généralisé, ni sans que des
réveils succèdent à des déclins, chaque fois que ceux-ci se
produisent. C’est l’une des plus claires vérités du monde !
Les réveils survenus dans ce pays entre 1820 et 1840 ont dans une
grande mesure in uencé l’opinion publique. Ils ont permis aux
réformes de se développer. Ils ont tiré des profondeurs de leur
oubli les grands principes et les grandes vérités qui permettent
de véritablement façonner l’opinion. Ces réveils ont touché le
pays tout entier. Ils ont exercé leur in uence dans toute la
chrétienté. J’ai de très bonnes raisons de le savoir, non
seulement en raison de ma connaissance personnelle de ce qui
s’est passé dans mon pays, mais aussi par les informations
venant d’Europe dont je dispose.
Introduction