Allagnat Monnet Teston Billet Baguelin 2005 - Dimensionnement de La Fondation D Un Grand Viduc en Arc

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Dimensionnement de la fondation d’un

grand viaduc en arc

* **
Dominique Allagnat
**
- Jacques Monnet
****
- Jean Teston***
Pierre Billet - François Baguelin
*
Scetauroute, 3, rue Docteur Schweitzer, 38180, Seyssins, France
Email: [email protected]
**
LIRIGM, Université Joseph Fourier, BP 53, 38041, Grenoble, France,
Email: [email protected]
***
AREA, av. Jean Monnet, BP48, 69671, Bron,Cedex
Email: [email protected]
****
FondaConcept, 14, rue de Palestro, 93500, Pantin
Email: [email protected]

RÉSUMÉ Le viaduc du Crozet permet de franchir, par une structure en arc, un vallon peu
encaissé emprunté par la route nationale RN75. Les appuis d’une telle structure sont
particulièrement délicats à mettre en œuvre car ils supportent un effort horizontal important
et ont une tolérance de déplacement très limitée. Les caractéristiques mécaniques médiocres
attendues du sol de fondation ont conduit à mettre en œuvre une méthode de reconnaissance
géotechnique particulière. Le calcul de la fondation a été mené avec le logiciel CESAR-
LCPC pour prévoir la raideur des appuis. Enfin le calcul complet de la structure a été
entrepris en prenant en compte les raideurs prévisibles des fondations ce qui a permis de
connaître un mode de déformation de l’ouvrage conforme aux valeurs admissibles.
L’ouvrage, construit en zone sismique IB, a été conçu pour résister aux magnitudes
prévisibles des séismes et le sol de fondation a été vérifié vis à vis du risque de liquéfaction.
ABSTRACT. The Crozet bridge allows crossing, with an arc structure, a small valley and the
RN75 national road. The supports of the structure are very sensitive to realize because of the
huge horizontal force and the small displacement tolerance. The low mechanical
characteristics foreseen lead to a special geotechnical campaign. The foundation calculus
was made by CESAR-LCPC program to find the support rigidity. The complete computation
of the bridge was made with the calculated support rigidity, which allows to find
displacements on the arcs lower than the tolerance. The bridge is located in IB seismic area
and the design takes into account the maximum foreseeable magnitude, and the soil around
the foundation is checked along liquefaction risk.

MOTS-CLÉS : Dimensionnement, Essais in Situ & Mesures, Pont, Pressiomètre

KEYWORDS: Bridge, Design, Field testing & monitoring, Pressuremeter

Revue Européenne de Génie Civil. Volume 9 – n° 9-10/2005, pages 1131 à 1150


1132 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

Figure 1. Vue générale de l’ouvrage

1. Introduction

Le viaduc du Crozet (Figure 1) se situe sur l’autoroute A51 Grenoble-Col du


Fau sur l’itinéraire Grenoble-Sisteron à une quinzaine de kilomètres au sud de
Grenoble. Il permet de franchir, sur une longueur de 350 m environ, un vallon peu
encaissé emprunté par la route nationale RN75. Initialement prévu en remblai, ce
franchissement s’effectue finalement en viaduc avec deux tabliers séparés reposant
pour l’un sur un seul arc (voie Sisteron-Grenoble, coté Est) et pour l’autre sur trois
arcs (voie Grenoble-Sisteron, coté Ouest). La conception en arc a été retenue pour
un parti architectural d’intégration dans le site naturel du vallon du Crozet. Si la
conception des fondations des appuis courants relatifs aux travées d’accès est
classique (pieux forés), celle des appuis des arcs est plus complexe, compte tenu des
caractéristiques mécaniques médiocres à moyennes des sols.
Le présent article s’attache à présenter l’originalité de l’approche géotechnique
pour la reconnaissance des sols et le dimensionnement des fondations, la conception
globale du viaduc qui intègre, dès le dimensionnement, les déplacements de la
structure et de la fondation ainsi que des dispositions constructives pour la
réalisation des fondations. Enfin, le suivi du comportement des fondations lors de la
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1133
construction de l’ouvrage est présenté comme un moyen permettant de vérifier et de
confirmer le comportement normal de l’ouvrage.

Figure 2. Vue en plan de l’ouvrage

2. Description de l’ouvrage

Le viaduc du Crozet est orienté Nord-Est, Sud-Ouest et composé de deux tabliers


qui représentent des longueurs de 313 m pour le tablier Est et de 335 m pour le
tablier Ouest (figure 2). Une conception en arc a été retenue pour un parti
architectural d’intégration dans le site naturel du vallon du Crozet. Chaque tablier
est conçu pour recevoir trois voies de circulation. Le tablier Est sur lequel porte
principalement le présent article (figure 3), se compose en zone courante de travées
de 13 à 20 m entre piles (localement 28 m pour le franchissement de la RN75) et
d’un arc de 120 m de rayon et 143,5 m de portée sur lequel reposent deux piles
d’extrémité et six pilettes centrales de diamètre 1m. Pour le tablier Ouest, la
topographie du site et le parti architectural ont conduit à projeter trois arcs, deux de
101,5 m et un de 87 m d’ouverture sur lesquels reposent respectivement 6 et 5
pilettes. La hauteur totale de l’ouvrage est de l’ordre de 30 m par rapport au niveau
du ruisseau du Crozet
1134 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

Figure 3. Vue en élévation de l’ouvrage et géologie

3. Contexte géotechnique

3.1. Cadre géologique et géotechnique

Géomorphologiquement, le site du vallon du Crozet apparaît relativement


simple. Il s’agit d’une terrasse de dépôts fluvio-glaciaires (figure 3) entaillée par un
thalweg aux pentes très douces, au fond duquel coule un ruisseau de faible
importance. Le site est par ailleurs placé en zone sismique IB.
Les différentes campagnes de sondage ont révélé une épaisseur de dépôts
quaternaires supérieure à 10m, d’origine alluvionnaire et surtout fluvio-glaciaire
reposant sur un complexe morainique très épais. Le substratum rocheux constitué
par des « Terres Noires » n’a été atteint par aucun sondage à 40 m de profondeur.
Les formations récentes sont constituées de remblais argilo-graveleux, de colluvions
et d’alluvions modernes sur 7 à 10 m de profondeur. Les formations anciennes
fluvio-glaciaires peuvent être caractérisées par quatre familles distinctes
correspondant à quatre niveaux différents de plus en plus profonds :
- Famille F1 : graves argileuses avec de rares niveaux sableux décimétriques,
l’épaisseur de cette formation peu compacte est variable de 8 à 15m. Cette épaisseur
se réduit cependant à 2 m dans le thalweg par suite du ravinement par les alluvions
modernes sus-jacentes. Ce niveau appartient au Würm.
- Famille F2 : argiles limono-sableuses grises très compactes, avec de rares
niveaux sableux et galets ; cette formation qui est fortement ravinée par la
précédente, présente des épaisseurs très variables.
- Famille F3 : sables gris jaunâtres légèrement argileux ; ils sont très compacts
et leurs puissance est variable, s’amenuisant de 15 à 8 m du Nord vers le Sud, pour
disparaître sous le flanc Sud du thalweg.
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1135
- Famille F4 : sables argilo-silteux gris très compacts surconsolidés, d’épaisseur
supérieure à 25m, très homogènes.
Les trois derniers niveaux appartiennent au Riss.

Géologie Famille de sol Nature des sols EM pl (MPa)


(MPa)
Remblais 3 0,3
Formations Colluvions 5 0,5
récentes Alluvions modernes 6 0,7
F1 Graves argileuses 30 2
Formations F2 Moraines argileuses et 60 5,4
anciennes limono-sableuses
F3 Moraines sableuses 100 6,5
gris jaunâtre
F4 Moraines argilo- 60 6,2
silteuses grises

Tableau 1 : Résultats des sondages pressiométriques Ménard

3.2. Résultat des reconnaissances et essais

Les différentes formations rencontrées sur le site ont fait l’objet de nombreux
essais in situ et en laboratoire :
- 16 sondages pressiométriques ;
- 3 sondages carottés avec prélèvement d’échantillons intacts et essais de
laboratoire ;
- 2 sondages ont permis la réalisation de 59 essais pressiométriques haute
pression à trois cycles de chargement, répartis dans les quatre formations
anciennes ; des essais triaxiaux .
L’analyse statistique des résultats des essais pressiométriques a permis de retenir
les caractéristiques moyennes indiquées dans le tableau 1.
3.2.1 Essais triaxiaux CDD
Les essais triaxiaux ont permis de déterminer les caractéristiques de cisaillement
des sols. Ils ont été réalisés au LIRIGM de l’Université Joseph Fourier à Grenoble
sur des échantillons carottés non remaniés, mis à la pression d’essai, sous une contre
pression de 100kPa, le drainage étant ouvert pendant la période de consolidation.
Les dimensions des échantillons sont de 70 mm par 150 mm sans dispositif
d’antifrettage aux extrémités. L’essai se déroule drainage ouvert à la vitesse de 0,01
mm/mn. La durée de la consolidation est 90 minutes et celle de l’essai est de 22h
environ, soit 15 fois le temps de consolidation. La mesure de la variation de volume
de l’échantillon se fait par l’intérieur de l’éprouvette. Les résultats des essais
1136 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

triaxiaux sont portés dans le tableau 2 et les caractéristiques physiques des


échantillons sont portées dans le tableau 3.

Famille Nature Nb de Sondag Cote Frottement Cohesio Angle


de sol cercles e (m) intergra- n frotte
nulaire (kPa) -ment
F2 Argile sableuse 3 703 10 33,8° 7 41,5°
grise compacte
(Riss)
F2 Argile grise 3 703 15,7 21,5° 174 24°
compacte
(Riss)
F3 Sable micacés 3 703 29 29,5° 0 37,5°
argilo-silteux
gris (Riss)
F4 Sable argileux 3 701 31 31,9° 4 38,5°
gris (Riss)

Tableau 2 : Résultat des essais triaxiaux CDD sur échantillons intacts

3.2.2 Essais pressiométriques cycliques.


Les essais pressiométriques ont été réalisés avec un pressiomètre lanterné de
diamètre extérieur 63 , de 1090 mm de long avec des fentes de 915 mm. L’épaisseur
de la lanterne est de 2 mm. L’interprétation des essais pressiométriques est faite à
l’aide du brevet Gaiatech (1989), qui utilise les corrections de volume et de pression
de la Norme Pressiométrique (1991), mais tient compte également de la déformée de
la sonde sous pression (Fawaz et al., 2000) et de la distribution non uniforme de la
pression le long de la sonde (Basudhar P. et al. , 1995), ainsi que de la différence
entre les rayons externe et interne de la sonde.

Famille Description de Sondage Cote VBS Tamisat Classe


de sol l’échantillon (m) à 80µ GTR
F2 Argile sableuse grise 703 12,5 0,85 90,53 A1
compacte
F2 Argile grise compacte 703 20,8 1,19 94,28 A1

F3 Sable micacés argilo- 703 25 0,23 29,95 B5


silteux gris
F3 Sable micacés argilo- 703 32,5 0,23 33,45 B5
silteux gris
F4 Sable argileux gris 701 32 0,30 55,17 A1

Tableau 3 : Résultat des essais de classification physique des sols


Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1137
La méthodologie utilisée pour déterminer les caractéristiques mécaniques du sol
en place peut être divisée en quatre étapes :
- détermination de l’angle de frottement intergranulaire sur des échantillons de
sol consolidés et drainés avec mesure de la variation de volume selon la méthode de
Monnet et Gielly (1978),
- détermination du module élastique du sol sur le cycle de déchargement
rechargement des essais pressiométriques, ce cycle étant réalisé dans la partie
pseudo linéaire de la courbe pressiométrique,
- détermination de l’angle de frottement interne ou de la cohésion non drainée du
sol par la mesure de la pente de la courbe pressiométrique linéarisée, au delà de la
pression de fluage (Monnet et Khlif 1994, Monnet et Chemaa 1995)
- contrôle des paramètres mécaniques (module, cohésion ou angle de frottement)
par comparaison des courbes pressiométriques expérimentales et théoriques (Figure
4) ainsi que des pressions limites expérimentales et théoriques. La valeur du module
est vérifiée par la superposition des cycles théoriques et expérimentaux. La valeur
du frottement ou de la cohésion est contrôlée par la coïncidence des courbes de
chargement vierge théorique et expérimentale, au delà de la pression de fluage.

8000

7000
Essai SP708_23
6000 Courbe théorique
Pression Corrigée (kPa)

5000

4000

3000

2000

1000

0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3
dR/R0

Figure 4. Contrôle de la détermination des caractéristiques mécaniques du sol par


comparaison entre les courbes pressiométriques expérimentales et théoriques :
Essai à 23m, sondage SP708

Les résultats de l’interprétation des essais pressiométriques cycliques sont portés


dans le tableau 4. On remarquera que le rapport entre le module élastique et le
module pressiométrique Ee/EM est égal 3,07 dans les alluvions fluvio-glaciaires avec
une forte variabilité, de 3,31 dans les argiles grise et de 2,06 dans les sables gris.
Les modules élastiques sont élevés et dépassent systématiquement 80 MPa. Pour les
alluvions fluvio-glaciaires et les argiles grises, la cohésion non drainée est très forte.
1138 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

Compte tenu de la méthode d’interprétation pressiométrique considérant, soit un


comportement purement frottant, soit un comportement purement cohérent, la
cohésion non drainée obtenue pour les sols intermédiaires (cohérents et frottants) est
fictive. Elle intègre une partie du cisaillement qui est normalement reprise par le
comportement frottant. Pour les sables gris, on trouve un angle de frottement moyen
de 40° à 45° de l’ordre de grandeur que l’on peut attendre.

Famille Sol Module Rapport Cohésion Angle de


de sol élastique Ee / EM non drainée frottement
Ee (MPa) (kPa)
F1 Alluvions 150 à 200 3,07 +/- 900 à 1200 0
fluvio-glaciaires 1,70
argileuses
F2 Argile grise très 80 à 150 3,31 +/- 600 à 1000 0
compacte 0,88
F3 Sable gris brun 150 à 220 2,06 +/- 0 40° à 45°
0,67

Tableau 4 : Résultat des essais pressiométriques cycliques

3.2.3 Essais triaxiaux cycliques


Ces essais ont été réalisés au Lirigm de l’université Joseph Fourier à Grenoble.
A partir des échantillons prélevés dans la couche F2 présentant des risques de
liquéfaction en cas de séisme, nous avons suivi les recommandation de l’AFPS pour
réaliser les essais de laboratoire.
Le Lirigm dispose d’une cellule triaxiale « classique » pour échantillons de
diamètre 70 mm et de hauteur 140 mm. Cette cellule est solidaire d’une presse
triaxiale cyclique de capacité 20 kN. Cette presse est associée à deux groupes
hydrauliques, l’un servant à asservir la sollicitation axiale et l’autre à
l’asservissement de la pression de confinement à l’intérieur de la cellule triaxiale.
Pour une pression de confinement constante, les paramètres enregistrés sont le
nombre de cycles, le déplacement, la force et la pression interstitielle.
Le viaduc est implanté en zone de sismicité IB (faible sismicité) et il est classé en
catégorie B (ouvrages représentant un risque élevé du fait de leur fréquentation ou
de leur importance socio-économique).
Compte tenu de cette situation l’accélération nominale aN à considérer est de 2
m.s-2 .
Pour l’échantillon étudié, nous avons obtenu comme cisaillement équivalent au
risque sismique la valeur :
τéq = (2/3).γsat.h.(amax/g).rd = 36kPa [1]
[τl]n = Cr.[σ’d/2.σ’3]n.σ’v0 = 78,3.[σ’d/σ’3]n kPa [2]
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1139
avec Cr valant 0,6 et σ’v0 valant 261kPa.
Les essais ont été réalisés en prenant le coefficient de sécurité F comme le
rapport entre la contrainte appliquée au laboratoire conduisant à la liquéfaction au
bout de n cycles et la contrainte équivalente calculée correspondant à n cycles
équivalents. On a :
σ’d/σ’3 = 0,459.F [3]
Les conditions d’essais ont donc été les suivantes :
σ’3 = 100kPa, σ’d = 45,9.F kPa pour une fréquence de 0,5 Hz [4]
Nous avons donc réalisé l’essai avec une valeur de σ’d de 58,4kPa. Si la
liquéfaction apparaît au cinquième cycle, avec cette valeur on obtient un coefficient
de sécurité d’environ 1,27. En appliquant le critère de déformation (2,5% de
déformation) on voit (Figure 5) que la liquéfaction n’apparaît pas dans les cinq
premiers cycles de l’essai mais après environ 17 cycles. Par conséquent le risque de
liquéfaction est très faible.

Figure 5. Essais triaxiaux de liquéfaction : déplacement en fonction du nombre de


cycle.
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4. Dimensionnement de l’ouvrage et des fondations

4.1 Conception générale des fondations des arcs

La conception générale de l’ouvrage a été réalisée de manière à intégrer dans le


calcul de la structure la raideur prévisible de la fondation selon une organisation du
calcul en partie itérative (Figure 6). Les études d’avant-projet avaient conduit à
projeter, pour les appuis principaux des arcs, des fondations massives et rigides
constituées d’un ensemble de barrettes orthogonales formant un caisson à trois
âmes, pour lesquelles la continuité des armatures devait être assurée. Cette solution
était considérée comme la base pour la consultation des entreprises. S’agissant
d’une structure sensible aux déformations, il était nécessaire de mettre en œuvre une
fondation très rigide. En effet, les moments dans l’arc et le tablier varient beaucoup
en fonction des déplacements des fondations, que ce soit dans les phases de
construction, clavage et service.
En l’absence de sujétion hydraulique majeure, l’entreprise a proposé des fondations
sur caissons de section elliptique. Pour l’arc du tablier Est, les caissons présentent
des dimensions extérieures suivantes : longueur 13m, largeur 10 m et une
profondeur maximale de 16m. Ces caissons sont creux et remplis de remblais afin
d’augmenter l’effort stabilisateur et reposent sur un radier en béton armé de 2 m
d’épaisseur (figure 7).
Ils sont excavés par passe de 1 m avec blindage immédiat par un soutènement en
béton armé coulé à l’aide d’un coffrage elliptique de forme tronconique. Après mise
en place de cages d’armatures, un second coffrage est mis en œuvre pour constituer
des parois définitives de 2 m d’épaisseur. Après remplissage par un matériau
pulvérulent, une dalle de couverture en béton armé de 1 m d’épaisseur vient coiffer
le caisson sur toute sa section.
D’autre part, un système d’injection par pipes perpendiculaires aux parois du
soutènement et régulièrement réparti permet d’assurer un serrage du terrain à
l’interface sol-fondation. Pour les appuis ne recevant que la poussée d’un seul arc,
la composante horizontale des descentes de charge est importante, pratiquement
égale à la composante verticale (environ 48MN pour l’appui P13/P14 du tablier Est)
avec un moment stabilisateur de 122MN.m pour les combinaisons quasi
permanentes à l’Etat Limite de Service. La forme elliptique des puits privilégie la
rigidité de la fondation avec un grand axe dans le plan où s’exercent les
sollicitations principales de chargement.
L’objectif de déplacement latéral recherché est de rester sous un seuil de
déplacement admissible d’ordre centimétrique.
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1141

Géologie

Reconnaissance Essais de laboratoire


Essais in Situ

Etude
Choix du principe
de fondation préliminaire

Prédimensionnement
de la fondation

Descente de charge Etude

Calcul 3D Dimensionnement d’exécution


d'une fondation Noeud - Barre
de tout
l'ouvrage

Calcul de la matrice
de raideur de
tous les appuis

Calcul final
de la structure
avec la fondation

Réalisation Contrôle de
de l'ouvrage l'éxecution

Contrôle de
réception

Figure 6. Organigramme hiérarchique des opérations de dimensionnement de


l’ouvrage
1142 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

Figure 7. Vue générale de l’excavation des puits.

Figure 8. Le modèle nœud-barre utilisé pour la fondation


Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1143
4.2 Méthodologie de calcul

La méthodologie de calcul (Figure 6) repose sur la connaissance des raideurs


selon les différents axes xyz des massifs de fondation à introduire dans les calculs
généraux et de séisme de l’ouvrage.
Le modèle proposé par le bureau d’étude de l’entreprise pour réaliser les
fondations des appuis P5/P6 des arcs du tablier Est et celles du tablier Ouest
correspond à un modèle élastique « nœud-barre » pour lequel le puits elliptique est
modélisé par une barre verticale (selon z) et de deux barres horizontales (figure 8)
de longueur l perpendiculaires (selon x et y). Tout au long de la barre verticale sont
placés des ressorts horizontaux de raideur khx et khy de façon continue représentant
les réactions horizontales mobilisées le long du fût. A la base du modèle et aux
extrémités des barres horizontales sont placés des ressorts verticaux de raideur ks
représentant les frottements verticaux mobilisés le long du fût du puits. Un ressort
vertical de raideur kv est placé à la base de la barre verticale pour modéliser la
raideur verticale de la fondation du caisson, déduction faite de la présence des
quatre ressorts ks. Le modèle comporte enfin des raideurs ponctuelles de torsion kθ1
et kθ2 modélisant le différentiel de pression verticale à la base du caisson, lié à la
rotation des barres horizontales.

Figure 9. Maillage du calcul aux éléments finis

Le calage de ce modèle, utilisé pour le dimensionnement de tous les appuis, est


réalisé, sur un seul appui, avec une modélisation 3D (Figure 9) aux éléments finis
utilisant le logiciel CESAR-LCPC. Le calage du modèle « nœud-barre » est effectué
de la manière suivante :
1144 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

- kθ1 et kθ2 sont calculés d’après le modèle de rigidité axiale d’une fondation
profonde (Annexe G4 du fascicule 62) et l’inertie de la base de la fondation (surface
elliptique)
- khx et khy sont déterminés à partir de la mesure des modules pressiométriques
(coefficient de réaction, méthode du Fascicule 62, Annexe C5)
- ks est déduit des résultats de tassement du puits par le calcul aux éléments finis
(CESAR-LCPC 3D)
- kv est calé sur le résultat de la raideur en tête kv0 donnée par le calcul aux
éléments finis, par différence avec les raideurs ks :

kv = kv0 – 4. ks [5]

- la longueur de la barre l est calée sur les résultats du calcul CESAR-LCPC 3D


pour obtenir une rotation semblable.
Compte tenu de l’importance de la valeur des raideurs de fondations pour ce type de
structure (viaduc en arc) les calculs ont été menés en « fourchette » avec les
caractéristiques majorées de 30% (sol « raide ») ou minorées de 30% (sol « mou »).

4.3 Résultats

4.3.1 Le modèle CESAR-LCPC 3D


Le calcul de la fondation sud de l’arc a été effectué en modélisant le sol sur 45 m
de profondeur sous la fondation et sur une surface de 110 m par 110 m conduisant à
plus de 6500 éléments. Pour le calage du modèle nœud-barre, ces calculs aux
éléments finis ont été réalisés en élasticité linéaire uniquement, sans prise en compte
d’éléments de contact. Toutefois le modèle prévoyait la possibilité d’introduire une
couche intermédiaire entre la face extérieure du caisson et le sol afin de pouvoir
prendre en considération un effet de décompression du sol dû à la phase
d’excavation du puits.
La simulation aux éléments finis en 3D a permis de déterminer le tassement
élastique de la fondation ainsi que sa rotation sous le torseur d’efforts (V, H, M de
la figure 3). Les valeurs finales de chargement sont obtenues après une série
d’itérations entre le calcul nœud-barre de l’ensemble de la structure et le calcul 3D
aux éléments finis (figure 6) et tiennent compte à la fois de la déformabilité de la
structure comme des déplacements des appuis. Le tassement obtenu pour cet appui
est de 7 mm au centre de la fondation, avec une rotation de 6.10-4rad (tassement aux
extrémités du caisson respectivement de 2 mm et 10 mm). Le terrain sous le radier
subit majoritairement des contraintes de compression (σmax = 450kPa) sauf à
l’extrémité du grand axe coté arc où l’on obtient une valeur en traction de 50kPa.
Des calculs paramétriques complémentaires ont montré que ce décollement était
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1145
relativement sensible (étendue et valeur de la contrainte en traction) aux valeurs de
la raideur des sols sous la base.

4.3.2 Le modèle nœud-barre


Le modèle nœud-barre explicité en 5.2 a été appliqué à toutes les fondations en
tenant compte des résultats du modèle aux éléments finis 3D notamment pour ce qui
concerne le tassement du caisson et l’ordre de grandeur de la rotation. Ce calage
permet ainsi de mieux tenir compte de l’effet de frottement latéral qui se produit lors
de la rotation du caisson. Pour l’appui Sud de l’arc Est, les résultats sont indiqués
dans le tableau 5 pour les charges quasi permanentes.

Tassement Déplacement Rotation


(mm) horizontal (mm) (1000.rad)
Hypothèse raide 3,2 8,6 0,5
Hypothèse souple 5,9 15,9 0,9

Tableau 5 : Déplacements calculés de la fondation par éléments finis

5. Réalisation et contrôle du comportement

5.1 Contrôle d’exécution

Les contrôles d’exécution ont portés sur les différents aspects suivants : la
stratigraphie des sols rencontrés ; le mode de réalisation des travaux ; les
déformations des fondations sous l’application des charges de construction
5.1.1 La statigraphie des sols rencontrés
La construction du caisson, après excavation d’un puits de grand diamètre,
permet de réaliser un relevé précis des formations rencontrées et de confirmer le
modèle géologique et géotechnique utilisé pour le dimensionnement. Compte tenu
du nombre important de sondages de reconnaissance réalisés lors des études, ce
contrôle n’a pas mis en évidence de distorsion significative par rapport au modèle
géotechnique de l’étude. Ce suivi a, en outre, permis d’apprécier « en grand » la
compacité des formations du Riss assurant l’ancrage des fondations.
5.1.2 Mode de réalisation des travaux
Le contrôle du mode de réalisation des travaux a surtout porté sur la limitation
de la décompression des sols. Cette limitation a été assurée en respectant des
procédures spécifiques de construction :
- excavation et mise en œuvre d’un soutènement immédiat dans le délai le plus
court possible. Ainsi l’organisation des travaux a conduit à réaliser des passes
d’excavation de hauteur limitée à 1 m avec mise en place, dans un délai inférieur
1146 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

à 48h, d’un soutènement constitué de viroles en béton armé, d’épaisseur


moyenne 0,3m,
- l’excavation est réalisée exclusivement par des moyens mécaniques(pelle
hydraulique de forte puissance, brise roche hydraulique…),
- la décompression éventuelle des sols est compensée par une injection après
bétonnage du puits. Cette injection est réalisée à l’interface sol-fondation sous
faible pression à l’aide de points d’injection régulièrement répartis (environ 1
pour 1m2). L’application des procédures de réalisation des puits n’a pas présenté
de difficulté particulière. Les volumes injectés sont restés modérés.

120
Effort total sur les appuis (MN)

100

80

60

40 Hypothèse raide
Hypothèse souple
20
Mesures
0
0 5 10 15 20
Déplacement des appuis (mm)

Figure 10. Déplacement horizontal total sur l’appui P13

5.1.3 Suivi des déformations des massifs de fondation


Lors des phases de construction, une instrumentation de suivi a été mise en place
notamment pour la phase de décintrement de l’arc, avec les procédés suivants :
- mesure des efforts dans les vérins, situés sous les appuis des arcs, par la
connaissance précise des pressions hydrauliques,
- mesure des déplacements relatifs entre les massifs d’appui et des naissances de
l’arc (ouverture du joint) par quatre comparateurs,
- mesure des déplacements et rotations des massifs d’appui, par la mise en œuvre
de cibles observées avec un théodolite motorisé, et par des clinomètres fixés sur le
sommet des fondations,
- mesure des déformations de l’arc lui-même par l’intermédiaire de cibles
topographiques,
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1147
Durant les phases de construction du tablier, les mesures topographiques ont été
poursuivies. Il est prévu de réaliser des contrôles périodiques pour suivre le
comportement à long terme des fondations et de s’assurer que les mouvements de
fluage restent admissibles. Ainsi cette instrumentation a permis de comparer les
déplacements aux valeurs théoriques obtenues pour les deux hypothèses de raideur
des terrains (Figure 10). On note que les terrains sont encore plus raides que
l’hypothèse la plus favorable. A contrario, la structure de l’arc s’est avérée un peu
plus souple que prévu. Les mesures à long terme permettront d’évaluer les
mouvements dus au fluage des sols sous l’action des charges permanentes.

5.2 Contrôle métrologique et suivi de l’ouvrage

Le viaduc du Crozet appartient au patrimoine d’ouvrages d'art de la société


AREA dont l’objectif est de maintenir, pour chaque ouvrage, un niveau de service
suffisant, dans des conditions d’utilisation conformes à leur destination, la sécurité
des usagers restant primordiale. Les viaducs sont indispensables à la continuité de la
circulation de l’axe autoroutier mais également aux échanges économiques de la
région traversée. Ils sont donc suivis et surveillés en priorité. De plus, la
maintenance (entretien et réparation) de ces viaducs est toujours délicate du fait de
leur durée car elle occasionne à chaque fois une gène à la circulation relativement
importante.
La gestion du patrimoine d’ouvrages d’art de la société AREA s'appuie sur les
inspections détaillées périodiques telles que définies dans l’ITSEOA (1995). Ces
inspections détaillées sont effectuées par des spécialistes tous les 6 ans. Les rapports
correspondants qui récapitulent les dégradations observées visuellement, donnent un
indice d’état de l’ouvrage basé sur l’indice IQOA (Image de la Qualité des
Ouvrages d’Art) proposé par la Direction des Routes Française. Celui-ci permet de
faire ressortir l’urgence des travaux d'entretien ou de réparation et notamment ceux
relatifs à la sécurité des usagers.
Le viaduc du Crozet a été construit en 1998 et a été inspecté pour la première
fois en 1999 avant sa mise en service. Le rapport d’inspection montre un ouvrage en
bon état (indice IQOA : 1). La prochaine inspection détaillée est programmée pour
2005. Du fait de sa structure particulière (tabliers appuyés sur des arcs en béton
précontraint fondés sur un sol d’une portance moyenne et susceptible de fluage) il
nécessite un suivi particulier des mouvements des arcs et notamment l’écartement
entre les massifs de fondation.
Les calculs ont montré que la stabilité de l’ouvrage peut être remise en cause si
les appuis des arcs s’écartent trop les uns des autres. Pour l’arc Est de 143,5 m
d’ouverture, 5 cm maximum de déplacement sont admissibles. Pour le tablier Ouest
reposant sur 3 arcs, les déplacements des massifs de l’arc central n’étant pas pris en
considération car ils sont supposés se répercuter sur les 2 arcs d’extrémités, nous
avons :
1148 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005

- 1,5 cm maximum admissible pour l’arc, coté Grenoble, de 87 m d’ouverture,


- 2,5 cm maximum admissible pour l’arc coté Sisteron, de 102 m d’ouverture.
Dans le cas où ces déplacements admissibles seraient atteints, une procédure
particulière d’exécution de reprise du vérinage des arcs en service a été élaborée en
prenant en compte la possibilité ou non de détendre les câbles de précontrainte
reliant les arcs aux massifs de fondation. Des repères topographiques ont été
installés sur l’ouvrage pour suivre les différents mouvements :
- repères de type médaillon fixés sur chaque massif, à 0,8 m du sol,
- repères de type cible fixés en tête de piles et sur les arcs,
- repères de type rivet fixés sur les trottoirs de l’ouvrage.
Les premières mesures courantes ont été réalisées le 17 août 2002. Les
convergences principales obtenues semblent acceptables et restent inférieures à 7
mm. Toutefois, la précision des relevés reste à améliorer. Une nouvelle méthode
topographique est à l’étude.

6. Conclusion

Le viaduc du Crozet est un ouvrage en arc fondé sur des sols a priori
défavorables pour ce type de structure et doit respecter, de par sa nature, des
limitations strictes en terme de déformation. La méthode de dimensionnement a tenu
compte à la fois des caractéristiques de déformation de la structure et du sol de
fondation dans une analyse itérative globale que ce soit en mode statique ou
dynamique pour prendre en compte le risque sismique. Ces itérations sont
nécessaires pour prendre en compte l’influence des déplacements des fondations sur
les descentes de charges apportées par la structure. Pour atteindre cet objectif
ambitieux, il a été utilisé des reconnaissances géotechniques faisant appel à des
essais cycliques au pressiomètre et des essais de sensibilité à la liquéfaction.
Les contrôles réalisés lors des différentes phases d’exécution et lors de la mise
en service de l’ouvrage montrent que les déplacements sont plus faibles que prévu.
Les moyens traditionnels de la reconnaissance, malgré leur diversité et leur
importance, sous-estiment peut-être le comportement des sols compacts (limons
marneux) notamment dans le domaine des petites déformations, pour lequel les
essais in situ sont délicats à réaliser.
La méthode de dimensionnement et les dispositions constructives particulières
maîtrisant la décompression des sols, ont permis de réaliser une fondation très
fortement chargée latéralement sans déplacement important.
Le pont se comporte actuellement de façon satisfaisante avec les déformations
prévues. Cette méthode de conception est maintenant transposable à d’autres
ouvrages de même type, situés dans un contexte géotechnique similaire.
Dimensionnement de la fondation d’un grand viaduc en arc 1149
7. Annexe : Notations utilisées

aN Accélération nominale
amax Accélération statique horizontale équivalente à un séisme
Cr Coefficient correcteur de Seed fonction de K0
EM Module pressiométrique Ménard
Ee Module élastique
F Coefficient de sécurité
Φ' Angle de frottement effectif
Φµ Angle de frottement Intergranulaire
g Accélération de la pesanteur
h Profondeur du point considéré
khx, khy, ks, kv, kθ1, kθ2 Raideur des ressorts modélisant le sol en déplacement et
en rotation dans les différentes directions
γsat Poids volumique saturé
n Nombre de cycles
pl Pression limite Ménard
ψ Angle de dilatance
rd Coefficient réducteur de Seed, fonction de la profondeur
σ’d Contrainte effective déviatorique
σ’3 Contrainte latérale au triaxial
σ’v0 Contrainte verticale effective
τéq Contrainte de cisaillement équivalente
τl Contrainte de cisaillement cyclique
V, H, M Composantes du torseur d’effort en tête de fondation,
respectivement verticale, horizontale et moment d’axe transversal
à l’ouvrage

8. Bibliographie

Basudhar P, Kumar D., “The pressuremeter and its new avenues”, Performance studies of
cavity expansometer. A monocell pressuremeter, Proc. 4th Int. Symp., Sherbrooke, 1995,
p. 73-80
1150 Revue européenne de génie civil. Volume 9 – n° 9-10/2005
Bulletin Officiel, Ministère de l’Equipement, du Logement, des Transports, Fascicule 61,
titre II, 1971.
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Ministère de l’Equipement, du Logement, des Transports, Fascicule 62, titre V, 1993.
Fawaz A., Biguenet G., Boulon M., « Déformations d’un sol pulvérulent lors de l’essai
pressiométrique », Revue Française de Géotechnique, n°90, 2000, p. 3-13.
Gaiatech 1989, Procédé d'essai de forage, Brevet Français n° 89 09674, Lyon.
IQOA, Image de la Qualité des Ouvrages d'Art, SETRA, 21/03/1994.
ITSEOA, Fascicules de l'Instruction Technique de la Surveillance et de l'Entretien des
Ouvrages d'Art de la Direction des Routes et de la Circulation Routière, 26/12/1995.
Ménard L. Pressiomètre, Brevet Français n° 1.117.983, Paris, 1955.
Ménard L., « Mesures des propriétés physiques des sols », Annales des Ponts et Chaussées,
Paris, 1957, n°14, p. 357-377.
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pulvérulent autour du pressiomètre », Revue Française de Géotechnique, n°67, 1994,
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Norme Française NF P 94-110 1991, Essai pressiométrique Ménard, AFNOR
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Journal of the Soils Mechanics and Foundation Division, SM9, 1971, p. 1249-1273
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Soils Mechanics and Foundation Division, Vol.58, N°5, 1971, p. 1099-1119

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