Chp1-Quanti Cateurs, Logique, Raisonnements

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Chapitre 1

ECPI

Quantificateurs, Logique, raisonnements

Table des matières


1 Vocabulaire 1

2 Connecteurs logiques et Tables de vérités 2


2.1 Négation-conjonction-disjonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.1.1 Négation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.1.2 Conjonction et disjonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Implication-équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2.1 Lois de Morgan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3 Quantificateurs 7
3.1 Quantificateurs simples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Règles de négation d’une assertion quantifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.3 Quantificateurs multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.3.1 Règles d’utilisation des quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.3.2 Négation d’une phrase comportant plusieurs quantificateurs . . . . . . . 10

4 Quelques modes de démonstration 11


4.1 Raisonnement direct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.2 Raisonnement par contraposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.3 Raisonnement par absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.4 Raisonnement par contre exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.5 Raisonnement par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.5.1 Récurrence simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.5.2 Récurrence double . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.6 Raisonnement par disjonction des cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.7 Raisonnement par analyse-synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1 Vocabulaire
Le langage mathématique est un langage symbolique. Il est constitué de mots du langage
courant et des signes mathématiques. Un assemblage de mots du langage courant et des signes
mathématiques n’a pas forcément un sens.

Définition 1
1. Un énoncé est une phrase (assemblage de mots) qui a un sens précis en mathématiques.

Exemple 1
(a) Pour tout réel x on a x2 ≥ 0.
(b) 2 + 1 = 8.
(c) ”n est un multiple de 2 ”

1
(a) est un énoncé vrai, (b) est un énoncé faux et la véracité de (c) dépend de l’entier n.
2. Une assertion est un énoncé dont on peut répondre sans ambiguı̈té et sans renseigne-
ments complémentaires à la question : est-il vrai ? ou est-il faux ? On lui attribue la
valeur de vérité vrai (V ou 1) s’il est vrai ou faux (F ou 0) s’il est faux. c’est le principe
du tiers-exclu. Il est d’usage de noter une assertion en utilisant une lettre majuscule (par
exemple P, Q, R)

Exemple 2
- (a) est une assertion qui est vraie,
- (b) est une assertion qui est fausse,
- Par contre on ne peut pas dire si l’énoncé (c) est vrai ou faux puisque sa valeur de
vérité dépend de l’entier n. Par conséquent, l’énoncé (c) n’est pas une assertion. On
dit que c’est un prédicat.

3. Un axiome est un énoncé supposé vrai a priori c’est-à-dire par convention.


4. Un résultat mathématique est un énoncé vrai que l’on peut déduire d’axiomes ou
d’autres résultats mathématiques en s’appuyant sur des règles strictes de logique.
5. Un résultat mathématique qui mérite d’être retenu est en général qualifié de proposi-
tion. D’ailleurs suivant son importance dans le cadre d’une théorie donnée, il pourra
aussi être qualifié de :
- lemme : résultat d’une importance mineure apparaissant en général en préambule
de résultats plus importants.
- théorème : résultat d’une importance majeure.
6. Notons qu’un résultat est qualifié de corollaire à un autre résultat si sa démonstration
découle directement du résultat mathématique dont il est le corollaire.
7. Une définition est un énoncé qui définit un nouvel objet mathématique.
8. Une conjecture est un résultat pour lequel on ne connaı̂t pas encore de démonstration,
mais que l’on croit fortement être vraie, en l’absence de contre-exemple.

Exemple 3 La conjecture de Goldbach est la proposition mathématique non démontrée


qui s’énonce comme suit : Tout nombre entier pair supérieur à 3 peut s’écrire comme la
somme de deux nombres premiers.

9. Une hypothèse est un énoncé sur lequel on construit le point de départ d’une démonstration.

Définition 2 Soit E un ensemble.


On appelle prédicat sur E un énoncé P contenant une ou plusieurs lettres (x, y, z, ...) appelées
variables tel que quand on remplace chacune des ces variables par un élément de E, on obtienne
une assertion P (x, y, z, ...).
Un prédicat contenant la variable x sera noté P (x) pour marquer la dépendance de sa valeur
de vérité par rapport à la variable x considérée. Il est clair qu’une assertion peut s’interpréter
comme un prédicat sans variable c’est-à-dire comme un prédicat toujours vrai ou toujours faux,
ce qui nous autorise à ne faire référence par la suite qu’a la notion de prédicat, englobant ainsi
celle d’une assertion.
Si pour un élément x de E, l’assertion P (x) est vraie, on dit que x vérifie la propriété P , et
on écrit simplement P (x) plutôt que ”P (x) est vraie ”

Exemple 4 l’énoncé P (n) défini par ” n est un multiple de 2” est un prédicat sur N. Il dévient
une assertion quand on donne une valeur entière à n. Par exemple,

2
- l’assertion P (10) définie par ”10 est un multiple de 2” obtenue en remplaçant n par 10
est vraie.
- l’assertion P (11) définie par ”11 est un multiple de 2” obtenue en remplaçant n par 11
est fausse.

2 Connecteurs logiques et Tables de vérités


Les connecteurs logiques permettent à partir de prédicats P, Q, R, ... de créer de nouveaux
prédicats dits prédicats composés, A(P, Q, R, · · · ), dont on peut déterminer la valeur de vérité
à partir des valeurs de vérité de P, Q, R, ...
Les cinq connecteurs logiques usuels sont :  non ,  et ,  ou , ⇒ et ⇐⇒

Définition 3 (Table de vérité)


Une table de vérité est un tableau qui indique si un prédicat composé A(P, Q, R, ...) construit à
partir de prédicats P, Q, R, ..., est vraie ou fausse suivant la véracité des prédicats P, Q, R,...

2.1 Négation-conjonction-disjonction
2.1.1 Négation
Définition 4 (Négation)
Soit P un prédicat.
La négation du prédicat P est le prédicat noté non(P ) (ou parfois ¬P ) qui est vrai lorsque P
est faux et faux lorsque P est vrai.

Exemple 5
1. Si P est le prédicat x = 0, ¬P est le prédicat x 6= 0.
2. Considérons le prédicat P défini par  24 est un multiple de 2 . Il s’agit d’une
assertion vraie. Sa négation est  24 n’est pas un multiple de 2 .Il s’agit donc d’une
assertion fausse.
On présente les valeurs de vérité de ¬P en fonction des valeurs de vérité de P dans la table de
vérité.
P ¬P
1 0
0 1
Table de vérité de la négation.

Exercice 1 Donner la négation des assertions suivantes :


1.  Il pleut tous les jours. 

2.  Tout le monde est présent. 

3.  La fonction f est la fonction nulle 

4.  ab = 0 

5.  a>b 

2.1.2 Conjonction et disjonction


Définition 5 Soient P et Q deux prédicats
1. Le prédicat  P et Q , appelé conjonction de P et Q, est un prédicat qui est vrai
lorsque P et Q sont vrais simultanément, et faux dans tous les autres cas. On le note
aussi  P ∧ Q .

3
2. Le prédicat  P ou Q , appelé disjonction de P et Q, est un prédicat qui est vrai
lorsque l’un au moins des deux prédicats P et Q est vrai, et faux lorsque les deux sont
faux. On le note aussi  P ∨ Q .
Les tables de vérité des deux connecteurs logiques  et  et  ou  ainsi définis sont donc :

P Q P∧Q P Q P∨Q
1 1 1 1 1 1
1 0 0 1 0 1
0 1 0 0 1 1
0 0 0 0 0 0

Remarque 1
1. Le nombre de lignes d’une tables de vérité est 2n où n représente le nombre de proposi-
tions de départ.
2n 2n
2. La période pour disposer les valeurs de vérités est 1 pour la première colonne et p
2 2
pour la p-ème colonne.

Remarque 2 Il est à noter que le  ou  du langage courant a un sens exclusif traduisant


l’alternative entre P et Q : ou bien P est vraie (et Q est fausse), ou bien Q est vraie (et P
fausse), mais P et Q ne peuvent être vrais simultanément.

Exemple 6 Par exemple la mention  fromage ou dessert  à la fin des menus dans les
restaurants signifie que l’on a le choix entre prendre un fromage ou un dessert mais pas les
deux à la fois
En revanche, le  ou  mathématique n’est pas exclusif (il est toujours non-exclusif, c’est à
dire qu’il comprend la possibilité que les deux propositions soient vraies). Il est inclusif.

Exemple 7 La proposition  xy = 0  équivaut à la proposition  x = 0  ou  y = 0 ,


elle est vraie quand l’un des deux nombres est nul, elle est aussi vraie quand les deux sont nuls.
On précise que le  ou  exclusif est exprimé par  oubien 

Exemple 8
1. Le prédicat P défini par  10 est divisible par 2  (c’est une assertion) est vrai. Le
prédicat Q défini par  10 est divisible par 3  (c’est aussi une assertion) est faux.
Ainsi,  P et Q  (c’est encore une assertion) est faux. En revanche,  P ou Q 
est vrai.
2. On considère le prédicat P (x) défini par  x ≤ 1  et le prédicat Q(x) défini par
 x ≥ 2  où x désigne un nombre réel. Alors, le prédicat  P (x) ou Q(x)  est
défini par  x ≤ 1 ou x ≥ 2  Il est vrai si x ∈] − ∞, 1] ∪ [2, +∞[ et faux si x ∈]1, 2[.
En revanche, le prédicat  P (x) et Q(x)  défini par  x ≤ 1 et x ≥ 2  est faux
pour tout x ∈ R.

P
Remarque 3 On utilise bien souvent la notation pour  P ∧ Q 
Q

2.2 Implication-équivalence
Définition 6
1. Le prédicat  P =⇒ Q , appelé implication de P vers Q, et on lit  P implique
Q , ou  P en traine Q  ou encore  si P alors Q  est un prédicat qui est faux
lorsque P est vrai et Q est faux et vrai dans tous les autres cas.

4
2. Le prédicat  P ⇐⇒ Q , appelé équivalence de P et de Q, et on lit  P équivaut à
Q , ou  P si et seulement si Q  ou encore  pour que P il faut et il suffit que Q 
est un prédicat qui est vrai lorsque P et Q sont simultanément vrais ou simultanément
faux et faux dans tous les autres cas.
Les tables de vérités des deux connecteurs logiques  P =⇒ Q  et  P ⇐⇒ Q  ainsi
définis sont donc :
P Q P =⇒ Q P Q P ⇐⇒ Q
1 1 1 1 1 1
1 0 0 1 0 0
0 1 1 0 1 0
0 0 1 0 0 1

Dans l’implication  P =⇒ Q , le prédicat P est une condition suffisante pour que le


prédicat Q, c’est-à-dire pour que le prédicat Q soit vrai il suffit que le prédicat P soit vrai et le
prédicat Q est une condition nécessaire pour que le prédicat P , c’est-à-dire pour que le prédicat
P soit vrai il faut que le prédicat Q soit vrai.
Dans l’équivalence  P ⇐⇒ Q  on dit que P (respectivement Q) est une condition nécessaire
et suffisante pour que Q (respectivement P )

Exercice 2 Montrons l’équivalence suivante : ( f est paire et impaire) ⇐⇒ ( f est la fonction nulle)
Soient P , Q et R trois prédicats, alors
le prédicat composé ((P =⇒ Q) et (Q =⇒ R)) se note P =⇒ Q =⇒ R.
De même prédicat composé ((P ⇐⇒ Q) et (Q ⇐⇒ R)) se note P ⇐⇒ Q ⇐⇒ R.

Définition 7 On appelle syllogisme un raisonnement logique mettant en relation au moins


trois prédicats.

Proposition 1 Soient P , Q et R trois prédicats, alors


- Le syllogisme (P =⇒ Q =⇒ R) =⇒ (P =⇒ R)
- La disjonction des cas ((P =⇒ R) et (Q =⇒ R)) =⇒ ((P ou Q) =⇒ R)

Définition 8 Soient R1 et R2 deux assertions (composées ou non).


1. On dit que R1 et R2 sont synonymes ou sont logiquement équivalentes si elles ont la
même table de vérité. On note R1 ≡ R2 .
2. Dans le cas contraire on note R1 6≡ R2

2.2.1 Lois de Morgan


Le mathématicien De Morgan a énoncé des lois qui indiquent comment prendre la négation
d’une disjonction, ou la négation d’une conjonction.

Proposition 2 Soient P , Q et R trois assertions. On a les deux équivalences logiques suivantes


appelées lois de Morgan.
1. ¬(P ∧ Q) ≡ (¬P ) ∨ (¬Q)
2. ¬(P ∨ Q) ≡ (¬P ) ∧ (¬Q)

Propriétés 1 Soient P , Q et R trois assertions, on a les propriétés suivantes :


P1 Double négation : ¬(¬P ) ≡ P , On dit que la négation est une opération involutive.
P2 Idempotence : (P ∧ P ) ≡ P ; (P ∨ P ) ≡ P
P3 Commutativité : (P ∧ Q) ≡ (Q ∧ P ) ; (P ∨ Q) ≡ (Q ∨ P )

5
P4 Associativité : ((P ∧ Q) ∧ R) ≡ (P ∧ (Q ∧ R)) ; ((P ∨ Q) ∨ R) ≡ (P ∨ (Q ∨ R))
P5 Distributivité : ((P ∧Q)∨R) ≡ (P ∨R)∧(Q∨R)) ((P ∨Q)∧R) ≡ (P ∧R)∨(Q∧R))
P6 Double implication : (P ⇐⇒ R) ≡ ((P =⇒ R) ∧ (R =⇒ P ))
Preuve : La méthode des tables de vérité fournit une preuve de ces propriétés.

P Q P∨Q P∧Q ¬P ¬Q ¬ ( P ∨ Q) ¬ ( P ∧ Q) ¬P ∧ ¬Q ¬P ∨ ¬Q
1 1 1 1 0 0 0 0 0 0
1 0 1 0 0 1 0 1 0 1
0 1 1 0 1 0 0 1 0 1
0 0 0 0 1 1 1 1 1 1

Proposition 3 Dire que P ; Q, c’est dire que P est vraie et pourtant Q est fausse. Autrement
dit, la négation de P ⇒ Q est P ∧ (¬Q).

Exercice 3 Donner la négation des propositions suivantes :


1.  Il pleut  =⇒  Il y a des nuages 
2.  Je suis en sup  =⇒  J’ai le Bac 

Remarque 4
1.  P =⇒ Q  (vrai) ne veut pas dire P vraie : par exemple,  1 > 2 =⇒ 2 > 4  est
vraie et pourtant  1 > 2  est fausse.
2. On peut avoir quelques bizarreries :  0 6= 0 =⇒ 0 = 0  est vraie et  0 =
0 =⇒ L’eau de mer est salée.  l’est tout autant !
3. Ce n’est pas parce que  P =⇒ Q  est vrai que  Q =⇒ P  l’est : par exemple,
 Je suis en sup =⇒ J’ai le Bac  est vrai et pourtant  J’ai le Bac =⇒ Je
suis en sup  ne l’est pas ! ! !

Proposition 4 Soient P et Q deux assertions. On a alors les équivalences logiques suivantes :


1. (P =⇒ Q) ≡ (¬P ) ∨ Q
2. ¬(P =⇒ Q) ≡ P ∧ (¬Q) (à la base du raisonnement par l’absurde)
3. (P =⇒ Q) ≡ (¬Q) =⇒ (¬P ) (à la base du raisonnement par contraposée)

Exemple 9
1. Soient A et B deux ensembles finis, on a

(A ⊂ B =⇒ card(A) ≤ card(B)) ≡ (card(B) > card(A) =⇒ A 6⊂ B)

2. Soit n ∈ N, on a (n2 pair =⇒ n pair) ≡ (n impair =⇒ n2 impair)

Définition 9
1. L’assertion  ¬Q =⇒ ¬P  s’appelle la contraposée de l’assertion  P =⇒ Q .
2. L’assertion Q =⇒ P est appelée implication réciproque de l’assertion P =⇒ Q.

Remarque 5 Les assertions  P =⇒ Q  et  Q =⇒ P  ne sont pas logiquement


équivalentes. On écrit alors  P =⇒ Q 6≡ Q =⇒ P 

Définition 10 Une assertion qui est toujours vraie est appelée tautologie.

Exemple 10

6
1. L’assertion (P ∨ (¬P )) est une tautologie.
Preuve : La méthode des tables de vérité fournit une preuve de cette propriété.

P ¬P P ∨(¬P )
1 0 1
0 1 1

2. Soient P, Q et R trois assertions. L’assertion ((P =⇒ Q) ∧ (Q =⇒ R)) =⇒ (P =⇒ R)


est une tautologie.
Preuve : Posons A = (P =⇒ Q), B = (Q =⇒ R) et C = (P =⇒ R)

P Q R A B A∧B C (A ∧ B) =⇒ C
1 1 1
1 1 0
1 0 1
1 0 0
0 1 1
0 1 0
0 0 1
0 0 0

3. Soient P, Q et R trois assertions. On montre de même que l’assertion

((P ⇐⇒ Q) ∧ (Q ⇐⇒ R)) =⇒ (P ⇐⇒ R)

est une tautologie.

Définition 11 Deux assertions P et Q sont dites incompatibles si leur conjonction est toujours
fausse.

Exemple 11
1. L’assertion P et l’assertion ¬P sont incompatibles.
Preuve :
P ¬ P P ∧(¬P )
1 0
0 1
2. Les deux prédicats  x ≤ 1  et  x ≥ 2  sont incompatibles

3 Quantificateurs
L’objet de cette section est de présenter les signes qui dans le langage mathématique ex-
priment la quantification, c’est à dire la quantité d’objets (aucun, au moins, tous) pour lesquels
une propriété P est vraie.

3.1 Quantificateurs simples


Dans cette sous section, on ne considérera que des prédicats à une variable x

Exemple 12 Si P (x) est un prédicat défini sur un ensemble E nous cherchons à savoir si le
prédicat P (x) est vraie pour tout x ∈ E ou au moins un x ∈ E ou encore un et un seul x ∈ E.
Pour cela nous introduisons alors des symboles appelés quantificateurs pour exprimer ces idées.

7
Définition 12
- Le quantificateur universel, noté ∀, se lit quelque soit ou pour tout ou encore pour chaque,
permet de définir l’assertion quantifiée  ∀x ∈ E, P (x)  qui est vraie lorsque tous les
éléments de E vérifient la propriété P ou encore qu’il n’y a pas dans E de contre-exemple
à la propriété P .

 ∀x ∈ E, P (x)  ⇐⇒ {x ∈ E, P (x)} = E

- Le quantificateur existentiel, noté ∃, se lit il existe, permet de définir l’assertion quantifiée


 ∃x ∈ E, P (x)  qui est vraie lorsque on peut trouver (au moins) un élément de E
qui vérifie la propriété P .

 ∃x ∈ E, P (x)  ⇐⇒ {x ∈ E, P (x)} =
6 ∅

- L’assertion  ∃!x ∈ E, P (x)  exprime qu’un et un seul élément x de E vérifie la


propriété P .

Remarque 6
1. On écrit toujours le quantificateur avant la proposition à quantifier.
2. n ne mélange jamais quantificateur (et même connecteur logique =⇒, ⇐⇒, . . .) et phrase
en français : il est par exemple exclu d’écrire quelque chose du style

 ∀m, n ∈ Z, la somme de m et n est un entier 


Il faudra choisir entre
 ∀m, n ∈ Z, m + n ∈ Z 
et
 la somme de deux entiers est un entier 
3. Pour démontrer  ∀x ∈ E, P (x) , on rédige toujours : Soit x ∈ E, objectif P (x) est
vrai.
4. Pour démontrer  ∃x ∈ E, P (x)  c’est en général moins facile, car il s’agit d’exhiber
un élément x vérifiant P (x). La rédaction contiendra en général : Posons x = ... alors
... donc P (x) est vrai.
5. Pour démontrer  ∃!x ∈ E, P (x)  il y a deux choses à démontrer
(a) L’existence d’un élément x de E vérifiant P (x).
(b) L’unicité de cet élément : généralement on suppose qu’on en a deux x1 et x2 et on
montre que x1 = x2 .

Remarque 7 l’assertion quantifiée  ∀x ∈ E, P (x)  implique  ∃x ∈ E, P (x) 

Exemple 13 Traduire la phrase suivante en une phrase formalisée en mathématiques. 00 Tout


homme est mortel 00
Solution : Soient H l’ensemble des hommes et 00 M (x)00 la propriété 00 x est mortel 00 . La phrase
est 00 ∀x ∈ H, M (x)00

Remarque 8
1. L’assertion  ∀x ∈ ∅, P (x)  est toujours vraie pour n’importe quelle propriété P
puisqu’il n’y a aucun élément dans l’ensemble vide, et qu’une propriété est vraie dans un
ensemble s’il n’y a pas de contre-exemple.
2. L’assertion  ∃x ∈ ∅, P (x)  est toujours fausse quelle que soit la propriété P puisque
l’ensemble vide ne contient aucun élément.

8
Cette remarque est très utile car elle permet de trancher dans des cas litigieux dans des
définitions ou des théorèmes.

Exercice 4 Montrer que l’ensemble vide est un intervalle.


Solution : Par définition une partie I de R est un intervalle si

∀x ∈ I, ∀y ∈ I, ∀z ∈ R, (x ≤ z ≤ y =⇒ z ∈ I)

Rétablissons les parenthèses dans la définition précédente

∀x ∈ I, (∀y ∈ I, (∀z ∈ R, (x ≤ z ≤ y =⇒ z ∈ I)))

Puisque cette assertion quantifiée commence par ∀x ∈ ∅, alors l’ensemble vide est un intervalle.

Exemple 14
1. L’énoncé  x2 + 2x − 3 ≤ 0  est un prédicat. Il peut être vrai ou faux selon la valeur
de x. L’énoncé  ∀x ∈ [−3, 1], x2 + 2x − 3 ≤ 0  est une assertion quantifié qui est
vraie.
2. L’assertion quantifiée  ∀x ∈ [−3, 2], x2 + 2x − 3 ≤ 0  est fausse car il existe un
élément de [−3, 2] qui ne vérifie pas l’inéquation x2 + 2x − 3 ≤ 0, par exemple x = 2.
3. L’assertion quantifiée  ∀x ∈ N, (n2 pair =⇒ n pair )  est vraie.

3.2 Règles de négation d’une assertion quantifiée


1. La négation de  pour tout élément x de E l’énoncé P (x) est vrai  est  il existe un
élément x de E pour lequel l’énoncé P (x) est faux , autrement dit

¬(∀x ∈ E, P (x)) ≡ (∃x ∈ E, ¬P (x))

2. La négation de  il existe un élément x de E pour lequel l’énoncé P (x) est vrai  est
 pour tout élément x de E l’énoncé P (x) est faux , autrement dit

¬(∃x ∈ E, P (x)) ≡ (∀x ∈ E, ¬P (x))

Exemple 15 Soient P (x) et Q(x) deux prédicats définis sur E,

1) ¬(∀x ∈ E, (P (x) =⇒ Q(x))) ≡ ∃ ∈ E, ¬(P (x) =⇒ Q(x)) ≡ ∃ ∈ E, (P (x) ∧ ¬Q(x))

 
2) ¬(∀x ∈ E, (P (x) ⇐⇒ Q(x))) ≡ ∃ ∈ E, ¬ (P (x) =⇒ Q(x)) ∧ (Q(x) =⇒ P (x))
 
≡ ∃ ∈ E, (P (x) ∧ ¬Q(x)) ∨ (Q(x) ∧ ¬P (x))

Remarque 9
1. ¬(x < 2) ≡ x ≥ 2
2. ¬(x ≥ 2) ≡ x < 2
3. ¬(2 ≤ x < 5) ≡ x ∈] − ∞; 2[∪[5; +∞[≡ x ∈
/ [2; 5[

9
3.3 Quantificateurs multiples
On peut construire des assertions avec plusieurs quantificateurs, notamment sur des prédicats
P (x, y, ...) à plusieurs variables définis sur E × F × · · · . Dans ce cas, on prendra garde à l’ordre
de ces quantificateur car elle peut avoir une grande importance.

Exemple 16 R1 = ∀x ∈ N, ∃y ∈ N, x ≤ y  et R2 = ∃y ∈ N, ∀x ∈ N, x ≤ y 
L’assertion R1 dit que N n’est pas majoré, donc elle est vraie par contre l’assertion R2 affirme
que N est majoré ce qui faux.

Exemple 17 P1 = ∀x ∈ Q, ∃q ∈ N∗ , qx ∈ Z  et P2  ∃q ∈ N∗ , ∀x ∈ Q, qx ∈ Z 
L’assertion P1 est une autre caractérisation des nombres rationnels par contre P2 est absurde
puisqu’elle exprime l’existence d’un dénominateur commun à toutes les fractions.

Remarque 10 Dans le premier cas q dépend de x, ce qui est impossible dans le second cas
puisqu’il est cité avant.

3.3.1 Règles d’utilisation des quantificateurs


Règle 1 : On ne peut pas permuter deux quantificateurs différents

 ∀x ∈ E, ∃y ∈ F, P (x, y) 6≡ ∃y ∈ F, ∀x ∈ E, P (x, y) 

L’ordre de deux quantificateurs différents est important.


Règle 2 : On peut permuter deux quantificateurs identiques

 ∀x ∈ E, ∀y ∈ F, P (x, y) ≡ ∀(x, y) ∈ E × F, P (x, y) ≡ ∀y ∈ F, ∀x ∈ E, P (x, y) 

 ∃x ∈ E, ∃y ∈ F, P (x, y) ≡ ∃(x, y) ∈ E × F, P (x, y) ≡ ∃y ∈ F, ∃x ∈ E, P (x, y) 


L’ordre de deux mêmes quantificateurs n’est pas important.

Exemple 18
1.  Toute personne a un nom  s’écrit, en notant P l’ensemble des personnes, N l’en-
semble des noms et A(p, n) le fait que n soit le nom d’une personne p

∀p ∈ P, ∃n ∈ N, A(p, n)

mais
∃n ∈ N, ∀p ∈ P, A(p, n)
signifie en bon français  Il y a un nom qui soit celui de toute personne. 
2.

Remarque 11 Lorsque l’on a un ∃ après un ∀, la deuxième variable dépend de la première.


Dans l’exemple, le nom dépend de la personne.

3.3.2 Négation d’une phrase comportant plusieurs quantificateurs


Il suffit juste de savoir que ces phrases admettent des parenthèses implicites et d’appliquer
progressivement les propriétés précédentes.

Exemple 19 Déterminer la négation de la proposition suivante :

∀x ∈ E, ∃y ∈ F, ∀z ∈ G, ∃t ∈ T, P (x, y, z, t)

10
Solution : Rétablissons les parenthèses :

∀x ∈ E, (∃y ∈ F, (∀z ∈ G, (∃t ∈ T, (P (x, y, z, t)))))

prenons la négation

¬(∀x ∈ E, (∃y ∈ F, (∀z ∈ G, (∃t ∈ T, (P (x, y, z, t))))))

appliquons la première propriété

∃x ∈ E, ¬(∃y ∈ F, (∀z ∈ G, (∃t ∈ T, (P (x, y, z, t)))))

appliquons la deuxième propriété

∃x ∈ E, ∀y ∈ F, ¬(∀z ∈ G, (∃t ∈ T, (P (x, y, z, t))))

appliquons la première propriété

∃x ∈ E, ∀y ∈ F, ∃z ∈ G, ¬(∃t ∈ T, (P (x, y, z, t)))

appliquons la deuxième propriété

∃x ∈ E, ∀y ∈ F, ∃z ∈ G, ∀t ∈ T, ¬(P (x, y, z, t))

Récapitulation : Pour nier une phrase formelle commençant par plusieurs quantificateurs, on
conserve l’ordre d’écriture des variables, on change les ∀ en ∃ et les ∃ en ∀ puis on remplace la
propriété par sa négation.

Remarque 12 Pour écrire que  un ensemble A ⊂ R n’est pas majoré , on commence par
écrire la propriété A est majoré  ∃x ∈ R, ∀y ∈ A, y ≤ x  Ensuite on en prend la négation :

 ∀x ∈ R, ∃y ∈ A, y > x 

4 Quelques modes de démonstration


4.1 Raisonnement direct
Pour démontrer une assertion, on peut bien sûr le faire directement en la déduisant d’un
résultat connu.

Exemple 20 C’est le cas lorsque vous appliquez un théorème connu dans un raisonnement.
- Pour démontrer que P ou Q est vraie, on peut aussi supposer P est fausse et montrer
que dans ce cas Q est vraie. (En effet, ((non P) =⇒ Q) ⇐⇒ (P ou Q).)
- Pour démontrer directement P =⇒ Q, on suppose P vraie et on essaye de montrer que
Q est vraie. Dans ce cas, on rédige toujours :
Supposons que (P vraie).
Montrons que/but (Q est vraie)...Donc (Q est vraie).
- Pour montrer que P =⇒ Q est fausse, il suffit de (et il faut) démontrer que P est vraie
et pourtant Q est fausse. (En effet, non(P=⇒ Q) ⇐⇒ P et nonQ.)
- Pour montrer que P ⇐⇒ Q, on procède généralement de l’une des manière suivantes :
(a) soit on démontre P =⇒ Q puis Q =⇒ P ,
(b) soit on démontre P ⇐⇒ P1 ⇐⇒ P2 ⇐⇒ · · · ⇐⇒ Pn ⇐⇒ Q où P1 , ...Pn sont des
assertions intermédiaires

11
4.2 Raisonnement par contraposée
Soient P et Q deux assertions, on a déjà démontrer l’équivalence suivante :

(P =⇒ Q) ≡ (¬Q =⇒ ¬P )

Ainsi pour démontrer l’assertion (P =⇒ Q) il suffit de démontrer l’assertion (¬Q =⇒ ¬P ). Ce


mode de raisonnement est appelé raisonnement par contraposée et l’assertion (¬Q =⇒ ¬P ) est
appelée contraposée de l’assertion (P =⇒ Q). On suppose Q fausse et on essaye de montrer
que P est fausse. Dans ce cas, on rédige toujours :
Par contraposée : supposons que (Q fausse) Montrons que/but (P est fausse) ... Donc (P
est fausse).

Exemple 21 Montrer l’assertions suivante :  ∀n ∈ N, (n2 pair =⇒ n pair ) 

Exercice 5 Soit x ∈ R, Montrer l’assertion suivante  (∀ε > 0, |x| < ε) =⇒ (x = 0) .


h i
Exercice 6 Montrer l’assertion suivante  ∀x ∈ R, (∀ε > 0, |x| < ε) =⇒ (x = 0) .

4.3 Raisonnement par absurde


Pour montrer qu’une assertion P est vraie, un raisonnement par l’absurde consiste à sup-
poser que l’assertion P est fausse et on aboutit à une absurdité (contradiction). En pratique on
suppose que ¬P est vraie et on utilise une suite d’implications ¬P =⇒ P1 =⇒ P2 =⇒ · · · =⇒ Pn
toutes vraies avec l’assertion Pn qui est fausse. Or (¬P =⇒ P1 =⇒ P2 =⇒ · · · =⇒ Pn ) ≡
(¬P =⇒ Pn ). Puisque l’assertion (¬P =⇒ Pn ) est vraie et l’assertion Pn est fausse, alors
l’assertion ¬P est fausse (voir la quatrième ligne de la table de vérité de l’implication) d’où
l’assertion P est vraie.
Dans ce cas, on utilise toujours une rédaction du type :
Supposons, par l’absurde, que (P fausse), ... Contradiction.

Exemple 22 Montrer que 2 est irrationnel
√ √
Soit P l’assertion  2 est irrationnel . Supposons que ¬P est vraie c’est-à-dire que 2
n’est pas irrationnel donc
√ h √ pi
2 ∈ Q =⇒ ∃(q, p) ∈ N∗ × Z∗ , (p ∧ q = 1) et 2 = =⇒ p2 = 2q 2 =⇒ p2 est pair =⇒ p est pair
q

=⇒ ∃m ∈ N∗ , p = 2m =⇒ p2 = 4m2 =⇒ 2q 2 = 4m2 =⇒ q 2 = 2m2 =⇒ q 2 est pair

=⇒ q est pair =⇒ p et q sont pairs



donc l’assertion ( 2 ∈ Q =⇒√p et q sont pairs ) est vraie. Puisque l’assertion (p et q sont
√ pairs )
est fausse, alors l’assertion ( 2 ∈ Q) est fausse. Ce qui nous permet de conclure que 2 est
irrationnel.

Remarque 13 Ce mode de raisonnement est souvent utilisé pour montrer que l’assertion
(P =⇒ Q) est vraie. On suppose que l’assertion ¬(P =⇒ Q) est vraie. On a déjà démontré
l’équivalence suivante ¬(P =⇒ Q) ≡ (P et ¬Q). Donc il suffit de supposer que l’assertion
(P et ¬Q) est vraie c’est-à-dire P est vraie et ¬Q est vraie et on montre que cela conduit à
une contradiction.

Exemple 23 Soient x et y deux nombres rationnels, Montrer l’assertion suivante :



(x + y 2 = 1) ⇐⇒ (x = 1 et y = 0)

12
On sait que

(x + y 2 = 1) ⇐⇒ (x = 1 et y = 0) ≡
h √ √ i
((x + y 2 = 1) =⇒ (x = 1 et y = 0)) et ((x = 1 et y = 0) =⇒ (x + y 2 = 1))

Notons par P l’assertion (x + y 2 = 1) et par Q l’assertion (x = 1 et y = 0). On sait qu’une
conjonction (R et R) est vraie si et seulement si R est vraie et S est vraie.
=⇒) Montrons d’abord l’assertion suivante P =⇒ √ Q. Raisonnons par l’absurde, supposons que
P est vraie et ¬Q est vraie c’est-à-dire (x + y 2 = 1) et (x 6= 1 ou y 6= 0). Supposons y 6= 0,
√ 1−x
alors 2 = ∈ Q, ce qui est absurde donc y = 0. Supposons que x 6= 1 avec y = 0. Ce qui
y √
entraine une contradiction avec (x + y 2 = 1) ce qui permet de dire que x = 1. Ainsi l’assertion
(P et ¬Q) est fausse. Ce qui permet de conclure que P −→ Q est vraie.
=⇒) l’implication (Q =⇒ P ) est immédiate. L’équivalence est donc démontrée.

Exercice 7 Soient x et y deux nombres rationnels.



1. Démontrer l’équivalence suivante : (x + y 2 = 0) ⇐⇒ (x = y = 0)
2. En déduire que si m, n, p et q sont des nombres rationnels, alors
√ √
(m + n 2 = p + q 2) ⇐⇒ (m = p et n = q)

4.4 Raisonnement par contre exemple


Un raisonnement par contre exemple sert à démontrer qu’une assertion quantifiée de la
forme  ∀x ∈ E, P (x)  est fausse. Pour cela on démontre que sa négation est vraie. On a vu
que ¬(∀x ∈ E, P (x)) ≡ (∃x ∈ E, ¬P (x))

Exemple 24 Montrer que l’assertion suivante est fausse


 
 ∀x ∈ R, ∀ε > 0, |x| < ε =⇒ x = 0 

La négation de cette proposition est :


 
 ∃x ∈ R, ∃ε > 0, |x| < ε et x 6= 0 

Il suffit de prendre x 6= 0 et ε = 2|x|.


 
Attention : Il ne faut pas confondre l’assertion  ∀x ∈ R, ∀ε > 0, |x| < ε =⇒ x = 0 
h  i
qui est fausse avec l’assertion  ∀x ∈ R, ∀ε > 0, |x| < ε =⇒ x = 0  qui est vraie.
Les différences entre ces deux assertions apparaissent seulement dans les parenthèses. D’où
l’importance des parenthèses dans les écritures.

4.5 Raisonnement par récurrence


De nombreux résultats s’expriment sous la forme  ∀n ∈ N, P (n) .
Une démonstration par récurrence permet de montrer qu’une telle assertion quantifiée est vraie.

4.5.1 Récurrence simple


Propriétés 2 Soit P (n) une propriété définie pour un entier n ≥ n0 quelconque où n0 est un
entier fixé. On suppose que :
1. P (n0 ) est vraie

13
2. Si n ∈ N tel que n ≥ n0 , alors (P (n) =⇒ P (n + 1)) est vraie
Alors, pour tout n ∈ N tel que n ≥ n0 , P (n) est vraie.

Remarque 14
1. La rédaction à adopter pour ce type de raisonnement est très stricte et à respecter abso-
lument :
(a) Soit P (n) l’assertion  . . .  définie pour tout entier n ≥ n0 . Montrons que P (n)
est vraie pour tout n ≥ 0 par récurrence sur n.
(b) Initialisation : Vérifier que la propriété P (n0 ) est vraie. (C’est le pas initial de la
récurrence)
(c) Hérédité : Supposer que la propriété P (n) est vraie pour un n ≥ n0 . (C’est l’hy-
pothèse de récurrence). Montrer que la propriété P (n + 1) est vraie (Faire apparaı̂tre
l’hypothèse de récurrence !)
(d) La récurrence est établie. On a ainsi démontré que : ∀n ≥ n0 , P (n) est vraie.
2. Pas de  pour tout n  dans P(n) sinon le raisonnement est faux !

Exemple 25 Montrer les égalités suivantes :


n n n n n
X n(n + 1) X n(n + 1)(2n + 1) X n2 (n + 1)2 X  X 2
1) k= ; 2) k2 = ; 3) k3 = ; 4) k3 = k
k=1
2 k=1
6 k=1
4 k=1 k=1

4.5.2 Récurrence double


Il peut arriver que l’hypothèse P (n) seule soit insuffisante pour démontrer P (n + 1). Dans
ce cas le pas initial et lh’hypothèse de récurrence portent sur deux entiers consécutifs.

Propriétés 3 Soient n0 ∈ N et P (n) une propriété définie pour tout entier naturel n ≥ n0 .
On suppose que :
1. P (n0 ) et P (n0 + 1) sont vraies (2 initialisations)
2. Si n ∈ N tel que n ≥ n0 , alors  (P (n) et P (n + 1)) =⇒ P (n + 2)  est vraie (2
hypothèses)
Alors pour tout n ∈ N tel que n ≥ n0 , P (n) est vraie.

Remarque 15 La rédaction à adopter pour ce type de raisonnement est très stricte et à res-
pecter absolument :
1. Soit P (n) l’assertion  . . .  définie pour tout entier n ≥ n0 . Montrons que P (n) est
vraie pour tout n ≥ n0 par récurrence d’ordre 2 sur n.
2. Initialisation : Vérifier que les propriétés P (n0 ) et P (n0 + 1) sont vraies ;
3. Hérédité : supposons que P (n) et P (n + 1) sont vraies pour un n ≥ n0 . Montrons que
P (n + 2) est vraie. (Faire apparaı̂tre l’hypothèse de récurrence !)
4. La récurrence est établie. On a ainsi démontré que ∀n ≥ n0 , P (n) est vraie.

Exemple 26 Soit (un )n≥0 la suite réelle définie par u0 = 2; u1 = 3 et

∀n ∈ N, un+2 = 3un+1 − 2un

Montrer que pour tout n ∈ N, un = 2n + 1.


Ici une récurrence double s’impose car n + 2 − n = 2

14
4.6 Raisonnement par disjonction des cas
Le raisonnement par disjonction des cas consiste à découper l’ensemble sur lequel doit se
faire la démonstration en plusieurs ensembles deux à deux disjoints dont la réunion donne
l’ensemble tout entier.
Soit P l’assertion  x ∈ E, P (x)  avec E = ∪nk=1 Ek et Ei ∩ Ej = ∅, ∀i 6= j. Soit Q une
assertion donnée. Pour prouver l’assertion (P =⇒ Q) on prouve les assertions (P1 =⇒ Q) ;
(P2 =⇒ Q) ; · · · ; (Pn =⇒ Q) où Pk est l’assertion  x ∈ Ek , P (x) 

Exemple 27
1. Montrer que tout entier impair n s’écrit sous la forme n = 4k+p avec k ∈ N et p ∈ {1; 3}
2. Montrer que pour tout entier n, n(n + 1) est pair
3. Démontrer que n(2n + 1)(7n + 1) est divisible par 2.

4.7 Raisonnement par analyse-synthèse


Le raisonnement par analyse synthèse est utilisé pour déterminer l’ensemble des solutions à
un problème donné. Un raisonnement par analyse synthèse se déroule en deux étapes :
- Étape 1( Analyse) : Cette phase d’analyse donne des conditions nécessaires pour être
solution ( elle met en évidence des ” candidats”). On suppose que l’objet existe et on
essaie de trouver des conditions nécessaires que cet objet doit vérifier.
- Étape 1( Synthèse) : Cette phase examine tous les objets vérifiant les conditions
nécessaires (ce sont les seuls candidats pouvant être des solutions) et on détermine,
parmi eux, lesquels sont réellement des solutions (ceci assure l’existence)

Remarque 16 Il arrive souvent que la phase d’analyse donne un ”candidat”, dans ce cas
cette première phase prouve l’unicité de la solution, si elle existe. La phase d’analyse peut aussi
aboutir sur une contradiction, dans ce cas cela montre que le problème n’admet pas de solution.
Par la suite, la phase de synthèse permet de montrer soit l’existence de plusieurs solutions, soit
d’une unique solution (si un seul candidat fonctionne) soit qu’il n’y a pas de solution (si aucun
candidat ne fonctionne)

Exemple 28 (Décomposition d’une fonction réelle)


Montrer que toute fonction réelle est somme d’une fonction paire et d’une fonction impaire, de
manière unique
Preuve : Soit f une fonction réelle. Supposons qu’il existe une fonction p paire et une fonction
i impaire telles que f = p + i. Pour tout x ∈ R, f (x) = p(x) + i(x) et f (−x) = p(x) − i(x)
f (x) + f (−x) f (x) − f (−x)
ainsi p(x) = et i(x) = donc si p et i existent elles s’écrivent
2 2
nécessairement comme ci-dessus. Ceci prouve l’unicité d’une décomposition, si elle existe. Il
reste à vérifier que p est paire et i est impaire. Ceci achève la preuve.

Exemple 29 Chercher une condition nécessaire et suffisante sur des réels a et b pour que
x2 + ax + b = 0 ait deux solutions réelles non nulles et opposées.

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