La Nahda de Tahtawi
La Nahda de Tahtawi
La Nahda de Tahtawi
Département de langue et de
littérature françaises
La Nahda de Tahtawi
Travail présenté par
Irinie SAFWAT ELMENCHAWY
Sous la direction de
Madame le Professeur Docteur
Rachida ELDIWANY
la citoyenneté ................................................................................................. 6
6. Conclusion .................................................................................................... 19
7. Bibliographie ................................................................................................ 21
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1. Justification du choix
Rifaa Rafe al-Tahtawi est considéré comme étant l'une des grandes figures de
l'Égypte moderne. Le célèbre poète arabe Ahmed Chawki le qualifie de père de la
renaissance culturelle de l'Égypte et du monde arabe. Il a joué un rôle important dans
le projet de modernisation de l'Égypte, comme en témoigne ses œuvres. Sa
contribution ne s'est pas limitée la traduction vers l'arabe des manuels de langue
française. Elle est au centre du projet de modernisation de l'Égypte, notamment de
son système d'éducation. Outre la traduction, il a composé des essais et publié des
articles. Il était la fois un homme de lettres, un journaliste et un enseignant. La
traduction constitue toutefois l'essentiel de son œuvre, compte tenu de l'ampleur
prise par ce mouvement sous sa direction. Le nombre de livres et de manuels traduits
fait de lui un relais dans le transfert des sciences occidentales vers l'Égypte. Tahtawi
est la personnalité qui a dominé l'espace intellectuel égyptien et arabe durant la
première moitié du XIXe siècle Il est donc incontournable dans l'étude et
l'appréhension de l'histoire et de la pensée arabe moderne. Nous allons ainsi
examiner comment Tahtawi, à travers ses écrits, a pavé le terrain pour l’évolution de
la société au niveau de la connaissance, du système politique et de l’organisation
sociale.
Rifa‘a Badawi Rafi‘ al-Tahtawi est né en 1801 au sein d’une famille de savants
musulmans installée dans la ville de Tahta, en Egypte. Sa date de naissance coïncide
le jour où l’expédition française de Bonaparte a quitté l’Egypte. Sa famille faisait
partie de la bourgeoisie rurale égyptienne et était considérée parmi les notables de la
société égyptienne compte tenu de sa descendance et parce qu'elle comptait plusieurs
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cheikhs du côté de ses deux parents. Durant le règne de Mohamed Ali pacha, sa
famille a été touchée par le changement du régime d'iltizam et a été dépouillée de
ses privilèges économiques pendant un certain temps.
A l'âge de seize ans, après la mort de son père, il quitta sa ville natale pour le Caire
afin de poursuivre ses études à la grande mosquée al-Azhar. Il est élevé dans la plus
pure tradition islamique et entre à la fameuse université al-Azhar en 1817, comme
son père et son grand-père avant lui. Il y suit des études classiques, qui font écho à
son éducation familiale. Après avoir obtenu son diplôme à l'âge de 21 ans, il a été
affecté å l'enseignement. Deux ans plus tard, en 1824, il fut nommé Imam dans
l'armée. Jusqu'à cette date, le cheminement intellectuel de Tahtawi suivait un cours
ordinaire. Il n'était pas interpellé par les changements politiques et culturels que
traversait l'Égypte et ne faisait preuve d'aucune attitude critique à l'égard du système
d'enseignement à al-Azhar.
Tahatwi commença donc à s'intéresser aux nouvelles sciences par l'entremise de son
maitre qui en avait pris connaissance par ses contacts avec les Français à qui il
enseignait l'arabe. Cheikh al-Attar était, la fois, impressionné par leurs savoirs, leurs
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nombreux livres et la facilité de leur apprentissage, mais désenchanté par l'écart qui
séparait l'Égypte des pays des Francs en matière de sciences et techniques. Il était
parmi les premiers faire appel au changement et à la nécessité d'acquérir les
nouvelles sciences.
C'est ainsi que Tahtawi prit son premier contact avec la culture occidentale et que
son intérêt pour les nouvelles connaissances et sa conscience du retard de l'Égypte
dans ce domaine furent suscités. Bénéficiant de relations privilégiées avec le cheikh
al-Attar proche de la cour du pacha, Tahtawi fut désigné imam de la première
mission scientifique Paris en 1826. Il y passa environ cinq ans et retourna en Égypte
vers 1831.
C’est pendant cette période, qui dure jusqu’en 1831, qu’il parfait son apprentissage
du français, découvre la philosophie antique, mais également la pensée des
Lumières, qui le marquera profondément. C’est la lecture de Montesquieu qui aura
sans doute la plus grande influence sur lui. Ce voyage constitua un point tournant
dans son cheminement intellectuel. Son ouverture sur l'Occident, via la France, et sa
perception de ce monde ont significativement façonné la perception que le monde
arabo-musulman s'est fait des pays des Francs.
À son retour de Paris, il rédige un ouvrage sur son séjour, qu’il intitule Takhlis al-
ibriz ila takhlis Bariz (traduit en français par L’Or de Paris). Il y décrit les mœurs
parisiennes avec finesse, en faisant part de son admiration et de ses critiques. Il fait
ainsi l’éloge de la valorisation du travail, de la curiosité intellectuelle, et de la
moralité, mais déplore le manque de générosité.
Tahtawi offre donc un regard étranger sur les mœurs françaises du XIXe siècle, se
faisant presque une incarnation moderne du personnage fictif d’Usbek créé par
Montesquieu, dont il est un grand lecteur. Surtout, il fait connaître ces mœurs en
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Egypte, et dans le reste de l’Empire, puisque son ouvrage est traduit en turc et connaît
un réel succès. De cette période riche d’enseignements, Tahtawi retiendra la
nécessité de faire circuler les savoirs et s’engage à son retour en Egypte dans une
vaste entreprise, celle de la traduction.
Dans cet ouvrage, Montesquieu a bien entendu fait une analyse de la situation
historique très précise qui a été celle de l’Empire romain, mais il est permis d’y lire
en filigrane la conceptualisation de tout empire caractérisé par des phases d’apogée
et de chute. C’est ce qui intéresse particulièrement Tahtawi, dans la mesure où il
cherche à mieux comprendre les bouleversements politiques et sociaux que connaît
l’Empire ottoman. S’il est un érudit passionné par toutes les formes de savoir, il n’en
reste pas moins un observateur de son époque, et ses traductions sont pour lui un
moyen de mieux comprendre la situation politique dans laquelle il se situe. Par
ailleurs, dans les années 1850, il œuvre beaucoup pour la publication des grands
classiques arabes (et notamment les ouvrages d’Ibn Khaldoun), ce qui témoigne de
son attachement profond à la tradition intellectuelle arabe. Il est ainsi toujours en
quête d’un élargissement de ses horizons dans le but de mieux aider à la réforme de
son propre pays, et en puisant toujours dans la tradition arabe.
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Son intérêt pour les affaires politiques sera d’ailleurs peut-être en cause dans le
conflit qui l’oppose au dirigeant de l’Egypte dès 1850. En effet, à cette époque, son
protecteur, Muhammad Ali, est mort, et a été remplacé par ‘Abbas qui ferme l’Ecole
des Langues, et envoie Tahtawi à Khartoum. Il y reste jusqu’en 1854, date qui met
à un terme à ce qu’il perçoit comme un véritable exil. Le travail qui l’occupe pendant
cette période est tout à fait intéressant pour voir à quel point le choix des ouvrages
qu’il traduit est mû par ses orientations personnelles. Il traduit en effet le Télémaque
de Fénelon, dans lequel l’auteur français avait déployé une critique masquée de la
tyrannie de Louis XIV. Les critiques ainsi adressées au roi de France sont tout à fait
semblables à celles que Tahtawi fait à ‘Abbas, qui brille par une méconnaissance
parfaite de son pays selon lui, ce qui le conduit à faire preuve de l’injustice la plus
flagrante dans la conduite des affaires politiques.
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commentaires de hadiths choisis et de références à la vie de l’Egypte antique, source
d’éléments fondamentaux de la civilisation.
Après lui, les écrits sur la question seront nombreux, et viendront nourrir ce
mouvement appelé la Nahda. Il y a en ce sens un avant et un après Tahtawi. C’est la
raison pour laquelle il est considéré par les historiens de la période comme un
véritable pionnier de la Nahda.
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telles que l'industrie des barrages, des ponts, des quais, des fontaines, etc.; la science
mécanique; le génie militaire; l'artillerie; l'art de fondre les métaux pour fabriquer
des canons, des armes et autres objets; la chimie et la fabrication du papier, l'art de
la médecine; l'agronomie; l'histoire naturelle qui consiste en l'étude des animaux,
des plantes et des minéraux; le métier de la gravure comme la typographie et la
lithographie et finalement l'art de la traduction.
Il apparaît clairement d’une part que l’auteur désigne par science, l’ensemble des
savoirs, et d’autre part qu’il emploie des périphrases révélatrices d’une absence
d’équivalents terminologiques dans la langue arabe. Il explique, dans son essai sur
Paris, l’absence de ces savoirs, de manière très audacieuse pour l’époque, et qui lui
vaudra des réactions fortes à son retour en Égypte :
Ne crois pas que les ulémas des Français sont des prêtres. Les
prêtres ne sont savants qu’en religion. […] Mais on appelle savant
celui qui a une connaissance dans les sciences rationnelles, dont fait
partie la science des jugements et des politiques. […] Ainsi tu te
rendras compte que nos pays sont dépourvus de beaucoup de ces
sciences. )TAHTAWI, 1831(
Comme nous pouvons le constater, il s'agissait des sciences que le monde musulman
avait abandonnées, comme l'avait expliqué al-Jabri, un siècle et demi plus tard, en
abandonnant sa raison démonstrative aux dépens de ses raisons expressive et
mystique en continuant à favoriser les sciences religieuses. Pour Tahtawi, il fallait
donc s'approprier toutes ces sciences qui faisaient défaut en Égypte et qui semblaient
être à l'origine du progrès et de la puissance des pays européens. La tentative
conciliatrice de Tahtawi consistait donc à rendre la culture égyptienne imprégnée
d'un mysticisme défiguré moins hermétique et plus réceptif des nouvelles sciences.
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Comment Tahtawi allait tenter de concilier l'÷slam avec les nouvelles sciences
perçues dans certains milieux sociaux et de l'enseignement religieux comme une
hérésie ou un sacrilège? C'est en tentant de répondre à cette question que nous allons
montrer la démarche conciliatrice de Tahtawi. Pour inciter les Égyptiens à
l'appropriation des nouvelles sciences, Tahtawi évoqua un argument rationnel qui
est celui du bon sens et du jugement rationnel.
Si tu regardes donc avec l'œil de la vérité, tu vois que toutes ces sciences,
parfaitement connues des Francs, sont incomplètes ou entièrement
inconnues chez nous. Quiconque ignore une chose a besoin de celui qui s'y
est perfectionné. Toutes les fois que l'homme dédaigne apprendre, il meurt
en le regrettant. Que Dieu soit loué de nous avoir accordé le Maître des
Faveurs pour nous sauver des ténèbres de l'ignorance de ces sciences qui
existent chez d'autres que nous ! Je suis persuadé que quiconque a du goût
sera d'accord avec moi.)TAHTAWI, 1831(
Ce sont ces trois arguments qui sont à la base de l'approche conciliatrice dialogique
de Tahtawi. Tout au long de son récit, il a emprunté un style dialogique avec Soi et
avec l'Autre, notamment ses coreligionnaires, dans sa façon de rédiger son récit. A
chaque fois qu'il observe quelque chose d'admirable, il s'interroge et interroge ses
semblables sur pourquoi les musulmans ne sont pas parvenus à ce niveau de
développement scientifique et technologique civilisateur. En poursuivant son
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argumentation, Tahatwi a eu recours aux textes sacrés pour montrer que ces sciences
sont conformes aux prescriptions de l'Islam et ainsi rassurer ses coreligionnaires.
Tahtawi eut recours à la réactualisation de la jurisprudence des finalités (fiqh al-
maqasid) de la Charia afin de donner un fondement islamique à ces sciences et leur
appropriation.
Dans son livre Manahij al-albab al-misriyyaah fi mabahij al-aadaab al- asriyyah
(Les méthodes des oulémas d'Égypte dans les joies des disciplines modernes), paru
en 1869, Tahtawi s'est étalé sur les raisons pour lesquelles il jugeait indispensables
d’intégrer les nouvelles sciences en Egypte.
Dans ce livre, Tahtawi s'est attardé longuement sur le concept de bien d'intérêt
commun (al-manafi' al- 'oumoumiyah), qu'il liait au concept d'intérêt légal selon sa
finalité (al-maqsid), afin de sélectionner les sciences qui en relevaient. Il les a
sélectionnées en consultant des références arabes et françaises, en s'appuyant sur son
jugement et en se référant aux textes sacrés et à tout l'héritage culturel tel que la
poésie et les enseignements des sages. Tahtatwi énonçait que pour parvenir à une
parfaite modernisation (madaniyya) et à la prospérité (hadhara), il est nécessaire de
parfaire la morale de l'individu selon les valeurs religieuses et humaines d'un côté,
et de parfaire les biens d'intérêt commun, de l'autre, tels que l'agriculture, l'industrie
et le commerce, afin de créer la richesse et d'améliorer les conditions de vie des gens.
La modernisation comprenait selon Tahtawi deux dimensions, l'une morale et l'autre
matérielle. Dans ce livre nous constatons une évolution du discours et de la
perspective dans laquelle Tahatwi proposait l'intégration des nouvelles sciences. Il
envisageait la modernisation (madaniyyah) de l'Égypte dans une perspective
khaldounienne lui accordant une dimension morale.
Les biens d'intérêt commun ou public sont les biens permis ou légitimes selon la
charia (al-manfa'a al-char 'iyyah) et qui peuvent contribuer à améliorer les conditions
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de vie des gens. Selon Tahtawi, l'islam est en faveur de ce qui promeut l'intérêt
commun. Le fondement moral des biens d'intérêt commun se trouve dans la valeur
de l'entraide qui est essentielle dans l'islam. Servir l'intérêt est un acte de bien et
l'Islam ne s'oppose pas au bien. L'entraide en vue de promouvoir le bien commun se
traduit par trois valeurs, celle du don, celle de l'acquisition et la maîtrise des sciences
d'intérêt général, et enfin, celle de l'éducation des enfants dans un sens qui renforce
les deux premières. C'est en redéfinissant ces valeurs et en leur procurant un nouveau
contenu que Tahtawi procure un fondement moral à l'acquisition des sciences qui
relèvent des biens d'intérêt commun. Par rapport au don continu, il ne s'agit plus
d'entreprendre les bonnes activités d'autrefois, comme la construction de mosquées,
mais des activités de forme associative visant à améliorer les services publics que le
gouvernement ne peut pas prendre à sa charge. Ceci constitue une première valeur.
La deuxième valeur, l'acquisition et la maîtrise des sciences d'intérêt général,
constitue une nouvelle forme de sagesse. La troisième consiste à inciter les enfants
à apprendre les nouvelles sciences en se débarrassant de l'idée d'apprendre
uniquement les sciences religieuses. Tahtawi souligne que toutes les sciences,
théoriques et scientifiques conduisant à la connaissance de la vérité sont nobles,
pourvu qu'elles rendent service aux gens.
Néanmoins, il considère que les sciences religieuses sont obligatoires, qu'elles sont
les meilleures, et que l'acquisition du minimum requis constitue un préalable à
l'apprentissage d'autres sciences.
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l’Orient, ce dernier s’intitule : « De la sortie du Caire jusqu’à l’entrée dans la ville
de Marseille »
« Sache que cette ville s’appelle chez les Français Pârî, avec un b
persan, qui se prononce entre le f et le b [arabe] et sans prononcer
le s final comme c’est fréquemment le cas en français […]. Les
Arabes, les Turcs et d’autres Orientaux écrivent Bârîs, Barîs ou
Bârîz, peut-être même Fâris. » .)TAHTAWI, 1834(
Dans l’essai consacré à Paris, trois chapitres relèvent de savoirs autres que
« sociologiques » : « Du gouvernement français/De l’intérêt de Paris pour les
sciences médicales/De l’avancement des Parisiens dans les sciences, les arts et les
métiers ». Il établit ainsi, involontairement, un rapport implicite entre le mode de
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vie, les mœurs d’une société, son régime politique et la production scientifique et
technologique, chapitre qui clôt l’essai sur les Parisiens
« C'est pour que tu saches comment leurs raisons ont jugé que la justice
et l'équité constituent des facteurs de la civilisation des royaumes, du
repos des hommes, et comment gouverneurs et sujets s'y sont conformés,
à tel point que leur pays a prospéré, leurs connaissances se sont
multipliées, leurs richesses accumulées et leurs cœurs apaisés. Tu ne les
entends jamais se plaindre d'injustice. La justice est le fondement de la
prospérité »)TAHTAWI, 1834(
Bien qu’il manifeste un intérêt prononcé pour les évolutions politiques européennes,
son objet premier reste l’Empire ottoman, et l’Egypte. C’est la situation de son pays
qu’il chercher à comprendre, théoriser et modifier. C’est en ce sens qu’il ne renonce
pas au socle islamique traditionnel, qu’il cherche à nourrir d’une pensée qui puise
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dans les Lumières françaises, tout en préservant son originalité. Ainsi, il cherche à
mettre en évidence les points de rencontre entre les deux courants de pensée. L’idéal
libéral des Lumières selon lequel l’homme doit être un citoyen libre qui ne peut se
réaliser que dans une société guidée par un principe de justice trouve un écho
fondamental dans la pensée islamique traditionnelle.
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participation et sa libération renforcent le progrès et le développement de la société.
» )TAHTAWI, 1872)
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des citoyens possédant les qualités requises, par opposition à la
mauvaise éducation répandue dans certains pays où la corruption des
moeurs entraîne les gens vers le néant en les incitant à l'égoïsme, aux
passions, à la violation des interdits et à la passivité ») TAHTAWI,
1872).
Tahtawi était pionnier dans l’importance qu’il donna à l’épanouissement mental des
enfants ; il insista sur le rôle pédagogique du jeu dans l’éducation des enfants. Selon
lui, l’enfant doit jouer afin de se construire et de s'intégrer dans la société. Il montre
les bienfaits du jeu en affirmant qu'il faut plonger le jeu et le divertissement, afin
d'intégrer l’instruction au jeu et d’éduquer l’enfant dans une ambiance pleine de gaité
et de plaisir. Malgré la modestie des jouets égyptiens : poupée en tissu pour les filles,
cheval de bois pour les garçons, ils représentent un aspect principal du
développement corporel, social et intellectuel de l’enfant afin d'atteindre un bon
enseignement. Il affirma que l’éducation de l’enfant doit commencer depuis la
naissance et il a confié à la mère l’élevage de ses enfants ; cette mission vénérable
accordée à la mère aide à la création d’une génération cultivée et éclairée.
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Conformément à Tahtâwî, la religion n'est pas responsable de cette situation mineure
de la femme. Il affirma que les préceptes religieux n’empêchent pas l’éducation des
filles. Il faisait ainsi allusion aux épouses du Prophète : Hafza, fille d’Omar, et
Aicha, fille d’Abou Bakr. Ces deux femmes avaient reçu une éducation religieuse :
« les jeunes des deux sexes doivent se conformer aux hadiths qui font l’éloge de
l’apprentissage et de l’enseignement et s’attacher à étudier pour cueillir les fruits
de la connaissance ».) TAHTAWI, 1872).
Ce sont les habitudes, les coutumes, les traditions et les mœurs qui handicapent la
délivrance de la femme et pratiquent l'oppression, l'ignorance et l'esclavage comme
moyen de pouvoir et d'autorité. Cette irrégularité et cette asymétrie enferment la
femme dans un monde rétrograde et suranné, dans la mesure où la femme est ainsi
condamnée à ne rien connaître de la vie sociale.
Pour sortit de cette impasse, il appela pour l’éducation des filles pour leur permettre
d'être capables de fonder un bon foyer et d’agir pour se réformer. Pour Tahtawi,
l'éducation des femmes mènera à une vie conjugale où règnent le bonheur et la
compréhension. La femme sera capable de participer l'homme dans ses discours et
ses actes, de gagner son coeur, « l'éducation affine le fond des femmes plus que
l'apparence ». Cette valeur lui aide à avoir l'art de traiter son mari et ses enfants.
Pour le bonheur de son foyer, la femme doit jouir de sa liberté.
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l'accent sur l'éducation des filles. Il assure que l'éducation « leur donne voix au
chapitre au sein du ménage, leur confère l'estime de leur mari et les élève »
)TAHTAWI, 1872).
Il faisait appel à une société où l'égalité et la liberté existent pour tout le monde :
« l'égalité consiste à donner à tous la capacité de faire et de prendre ce qui est
autorisé par la loi, ou d'empêcher ce qui est interdit ». Chacun doit bénéficier des
mêmes droits, des mêmes rétributions, des mêmes occasions et des mêmes soutiens.
Or, dans cette quête d’égalité, il était conscient de la différence entre les deux
mondes, occidental et oriental, est immense : « Ce grand homme avait puisé sa
conception de la liberté de l'Occident et l'avait introduite en Orient …, sans toutefois
perdre sa relation avec sa religion et son identité culturelle » (NASSAR, 2010)
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femmes désavantagées de la campagne ou de la ville sont contraintes à travailler tout
au long de leur vie.
Or, un point progressiste chez Tahtâwî, c’est qu'il n’a pas limité le travail de la
femme à certains domaines. Il a reconnu la capacité des femmes à accéder au même
niveau que l'homme ; elle peut occuper les mêmes postes que l'homme, d'après sa
compétence et sa faculté. Cependant sa vision était limitée parce qu'il ne voit dans
la femme ni juge ni Imam, ni Calife. Il a quasiment repris la même image que
Fénelon assurait en disant que les femmes :
Tahtawî assurait donc que le rôle de la femme ne se limite dans le foyer ni dans
l’éducation des enfants. Il rêvait de fonder une société moderne où l’égalité,
l’indépendance et la liberté dominent la vie. Il aspirait à une autre créature qui jouit
de ses droits. Cet appel de notre réformateur égyptien à l’éducation conteste les
dogmes, les théories et les préceptes de son époque, où la femme était sous la tutelle
de l’homme.
Conclusion
En guise de conclusion, la problématique de réformisme est assez importante et pose
plusieurs questions : réformiste de la religion, de la pensée ou des êtres humains. Le
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réformisme vise les hommes et pas la religion, vise la pensée et pas la conviction
afin de fonder une représentation généreuse de l'être humain dans le monde.
Le séjour en France a épanoui ses réflexions, tant qu’il est devenu le premier avocat
de la femme égyptienne afin d’obtenir ses droits et de prendre place dans la société
égyptienne, en joignant à l’homme les différents domaines. Il mérite d’être le «
pionnier de la modernité, … grâce à ses grands efforts pour concilier le rationalisme
occidental et la spiritualité orientale.
Si Tahtawi est si important, c’est avant tout parce que sa vie est contemporaine des
évolutions politiques fondamentales que connaît le monde arabe, puisqu’il écrit à
l’époque où l’Empire ottoman tente de survivre par le mouvement des « tanzimats
». En ce sens, il a véritablement accompagné un mouvement politique et social par
la pensée, et a ouvert la voie à de nombreux penseurs, qui seront a posteriori classés
eux aussi dans le groupe des intellectuels de la Nahda.
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Bibliographie
• AL TAHTÂWÎ, Rifa.'a Rafeh, Al-Murchid al-amin lit-Banat wal-bani. P.278.
:10.4000/books.pur.26298
Sindbad.