Rapport Sur Les Conditions Indignes de Detention Conseil de L'ordre Des Avocts
Rapport Sur Les Conditions Indignes de Detention Conseil de L'ordre Des Avocts
Rapport Sur Les Conditions Indignes de Detention Conseil de L'ordre Des Avocts
Commission Libertés
et droits de l’Homme
VADEMECUM
Ce Vademecum est le fruit d’une démarche collective initiée en 2020, à
la suite de l’arrêt CEDH JMB c. France par le CNB, l’OIP, l’A3D ,le SAF
le Syndicat de la magistrature aux fins de lutter contre les conditions
indignes de détention et la surpopulation carcérale.
SOMMAIRE
PRÉAMBULE : TEXTES APPLICABLES ................................................................................... 3
I. CONTEXTE : L’ARRET CEDH J.M.B. C/ FRANCE ET SES SUITES ..................... 4
II. L’ARTICLE 803-8 DU CODE DE PROCEDURE PENALE ...................................... 4
III. LES ETAPES DE LA PROCEDURE ........................................................................ 5
1. Etablissement d’un commencement de preuve des conditions indignes de détention ........ 5
2. L’examen du bien-fondé de la requête ....................................................................................... 7
3. La mise en œuvre de mesures correctives par l’administration pénitentiaire ....................... 7
4. L’intervention du juge judiciaire ................................................................................................. 8
IV. LES DROITS DU REQUERANT ............................................................................... 8
V. ELEMENTS PROSPECTIFS .................................................................................... 9
VI. ANNEXES............................................................................................................... 10
Annexe 1: TABLEAU DE SYNTHESE DES ETAPES DU RECOURS VISANT À
GARANTIR LE DROIT AU RESPECT DE LA DIGNITE EN DÉTENTION .... 10
1. QUEL JUGE EST COMPETENT ? (ART. R. 249-17 DU DECRET) .................................. 10
2. LA REQUETE (ART. R. 249-19 DU DÉCRET) .................................................................. 11
3. DÉPOT DE LA REQUÊTE (ART R. 249-20) ..................................................................... 12
4. RECEVABILITE DE LA REQUETE (ART. R. 249-21 À ART. R. 249-23) ......................... 13
5. EXAMEN DES CONDITIONS DE DÉTENTION (ART. R. 249-24) .................................... 14
6. DE LA DECISION DU BIEN-FONDE DE LA REQUETE A LA MISE EN ŒUVRE DE
MESURES DE PROTECTION (ART. R. 249-25 À ART. R. 249-34) ................................. 15
7. LES VOIES DE RECOURS (ART. R. 249-36 À ART. R. 249 - 39).................................... 17
8. CAS PARTICULIERS (ART. R. 249-40 À ART. R. 249-41) .............................................. 18
9. LES MINEURS (ART. R. 124-42 À ART. R. 124-45) ......................................................... 19
Annexe 2 : SCHEMA SIMPLIFIE DE LA PROCEDURE .................................................. 20
Annexe 3 : MODELE DE REQUETE ................................................................................ 21
Annexe 4: QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES DETENU.E.S ................................ 28
2
VADEMECUM – Recours contre les conditions indignes de détention
7 décembre 2021 Conseil national des barreaux
Une circulaire CRIM 2021 -09 / E3 - 30/09/2021 publiée le 8 octobre 2021, présente les
dispositions de l’article 803-8 du code de procédure pénale instituant un recours judiciaire visant
à garantir le droit au respect de la dignité en détention et de son décret d’application n° 2021-
1194 du 15 septembre 2021 et ses annexes 1.
Ce vademecum est le fruit d’une démarche collective initiée en 2020 par le Conseil National des
Barreaux, l’Observatoire International des Prisons, le Syndicat de la Magistrature, l’Association
des Avocats pour la Défense des Droits des Détenus et le Syndicat des avocats de France, à la
suite de l’arrêt rendu par la CEDH J.M.B contre France, aux fins de lutter contre les conditions de
détention indignes des personnes détenues et la surpopulation carcérale.
Il vise à permettre au plus grand nombre de se saisir des opportunités offertes par cette nouvelle
voie de recours en matière de défense des droits des personnes détenues, de la faire vivre et de
documenter son effectivité par les retours d’expérience.
Laurence ROQUES
Présidente de la Commission Libertés et Droits de l’Homme
Boris KESSEL
Vice-Président de Commission Libertés et Droits de l’Homme
1 Annexe 1 : Schéma du recours judiciaire institué à l’article 803-8 du code de procédure pénale (CPP)
Annexe 2 : Tableau des services judiciaires compétents pour connaitre du recours formé par les personnes détenues
majeures en application de l’article 803-8 du CPP
Annexe 3 : Synthèse des critères permettant d'apprécier les conditions indignes de détention
Annexe 4 : Bordereau de transmission des observations écrites du chef d’établissement à la personne détenue non
assistée d’un avocat dans le cadre du recours institué à l’article 803-8 du CPP
Annexe 5 : Tableau des services judiciaires compétents pour connaitre du recours formé par les personnes détenues
mineures en application de l’article 803-8 du CPP
3
VADEMECUM – Recours contre les conditions indignes de détention
7 décembre 2021 Conseil national des barreaux
Le 8 juillet 2020, la Cour de cassation jugeait qu’il « appartient au juge national, chargé
d’appliquer la Convention, de tenir compte de [l’arrêt du 30 janvier 2020] sans attendre une
éventuelle modification des textes législatifs ou réglementaires. » 3. La chambre criminelle ouvrait
ainsi la voie à la remise en liberté des prévenus sur le seul fondement du respect de la dignité
humaine, principe qui supplante donc les critères de placement ou de maintien en détention
provisoire de l’article 144 du code de procédure pénale.
Par décisions des 2 octobre 2020 et du 16 avril 2021, le Conseil constitutionnel a censuré
plusieurs articles du code de procédure pénale au motif qu’ils ne prévoyaient pas que les
personnes détenues, qu’elles soient prévenues ou condamnées, puissent demander leur remise
en liberté en arguant des conditions indignes de détention qui leurs sont imposées 4. De cette
manière, il a imposé l’intervention du législateur et imposé l’introduction d’une nouvelle voie de
recours en droit français.
2
CEDH, 5e Section, 30 janvier 2020, JMB c. France, Req. n°9671/15 et 31 autres
3
Cass. Crim. 8 juillet 2020, n°20-81.739.
4
Décision n°2020-858/859 QPC du 2 octobre 2020 et Décision n°2021-898 QPC du 16 avril 2021
4
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7 décembre 2021 Conseil national des barreaux
Cette procédure, qui doit viser à la remédiation d’atteintes aux droits de la personne détenue,
s’articule en plusieurs étapes et se développe par des échanges multiples entre le requérant, le
juge saisi et l’administration pénitentiaire, laquelle sera amenée à justifier de la réalité des
conditions de vie de la personne détenue dans son établissement.
En tout état de cause, à chacune des étapes de la procédure, la personne détenue et son avocat
auront la possibilité de présenter des observations et de formuler des demandes spécifiques
quant à l’exercice de pouvoir d’instruction par le juge saisi de la requête.
Dans un premier temps, il appartient à la personne détenue d’articuler, dans le cadre de sa requête écrite et
distincte de toute autre demande (telle une mise en liberté ou un aménagement de peine), des allégations
« circonstanciées, personnelles et actuelles » de nature à constituer « un commencement de preuve que [ses]
conditions de détention » sont contraires à la dignité humaine.
Il est donc nécessaire d’établir le plus précisément possible la situation individuelle du requérant par un
témoignage circonstancié et montrer en quoi elle témoigne de conditions de détention indignes. Pour ce faire,
il est recommandé de lui faire remplir le questionnaire rédigé à cet effet par l’OIP-SF (cf. annexe).
Ces éléments individuels pourront être corroborés et objectivés par des constats généraux sur l’établissement
concerné contenus, notamment, dans les rapports du CGLPL (rapports de visite, rapports annuels, avis ou
recommandations en urgence), les rapports ou comptes-rendus de parlementaires, les rapports d’expertise qui
auront pu être obtenus par l’avocat lui-même 5 ou tout autre source d’information sur la situation de
l’établissement (rapport de visite du Comité européen pour la prévention de la torture, articles de presse, tracts
des syndicats pénitentiaires, etc.).
Le premier critère sur lequel se fonde la CEDH pour caractériser un traitement contraire à l’article 3 de la
convention est celui de « l’espace vital individuel » dont dispose la personne en cellule, le manque d’espace
faisant naître une « forte présomption » de violation de l’article 3 6. Pour déterminer l’espace vital individuel, il
suffit de diviser la surface de la cellule, minorée de la surface du bloc sanitaire, par le nombre de personnes
détenues qui l’occupent.
5
Le juge administratif peut par exemple être saisi, sur le fondement de l’article R. 532-1 du code de justice
administrative, afin de désigner un expert chargé de se prononcer sur les conditions matérielles et sanitaires dans
lesquelles une personne se trouve incarcérée. (TA Nantes, 19 juillet 2004 n°0403193 – TA Nantes, 21 juillet 2004,
n°0403194 – TA Clermont-Ferrand, 1er mars 2004, n°n°04020 – CE, 15 juillet 2004, n°265534 - CE 28 septembre
2011, n° 345309 – TA Rouen, 08 octobre 2019, n°1803715)
6
CEDH, 5e Section, 30 janvier 2020, J.M.B. et autres c/ France, précité
5
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Si l’espace vital individuel est inférieur à 3 m², alors il y a une « forte présomption » de violation de l’article 3 de
la Convention. Cette présomption opère un transfert immédiat de la charge de la preuve à l’Administration qui
peut la combattre par des éléments attestant de la durée limitée de l’encellulement strict, de la liberté de
circulation dans l’établissement, d’activités hors cellule.
Si l’espace vital individuel est compris entre 3 m² et 4 m², le facteur spatial est toujours un critère déterminant
de la violation de l’article 3 mais il doit être complété par d’autres éléments permettant d’établir des conditions
matérielles de détention indignes. La jurisprudence de la CEDH et des juridictions administratives permet de
lister, de manière non-exhaustive, un ensemble d’éléments caractérisant des conditions matérielles de
détention indignes ou dégradantes :
- Insalubrité :
o Locaux présentant des problèmes d’isolation thermique, d’étanchéité, ou des équipements
défaillants en termes de sécurité
o Présence de nuisibles
o Configuration des ouvertures ne permettant pas une aération et une ventilation suffisantes
- Occultation des fenêtres contraignant à vivre à la seule lumière artificielle, même en plein jour 9
- Absence d’intimité en cellule collective, les toilettes doivent être entièrement cloisonnées 10 ; les
douches doivent être situé dans un espace séparé garantissant l’intimité.
- Accès restreint à la promenade en plein air 12 et absence d’équipement dans la cour de promenade
(abri, sanitaires, bancs, etc.)
Si l’espace vital est supérieur à 4 m², la Cour considère que le critère spatial ne permet plus, per se, de
caractériser des conditions indignes 13. Dans ce cas, il convient de centrer la démonstration sur les éléments
relatifs aux conditions matériels et sanitaires de détention, tels que précédemment exposés. Tel n’est pas l’avis
du Comité de Prévention de la Torture qui considère que l’espace vital individuel en cellule collective ne saurait
être inférieur à 4 m² et 6 m² en cellule individuelle.
Sur la base de ces éléments, le juge saisi de la requête peut la déclarer recevable par ordonnance
motivée. Il peut à l’inverse la rejeter en la jugeant irrecevable.
7
CEDH, 20 janvier 2011, Payet c/ France, n°19606/08
8
CEDH, 10 janvier 2012, Ananyev et autres c/ Russie, n°42525/07
9
CEDH, 10 janvier 2012, Ananyev et autres c/ Russie, précité
10
CEDH, 30 janvier 2020, J.M.B. c/ France, précité
11
CEDH, 3 décembre 2019, Petrescu c. Portugal, n°23190/17
12
CEDH, 17 janvier 2012, István Gábor Kovács c. Hongrie, n°15707/10
13
Ce minimum vital est par essence subjective : ainsi, le Comité européen de prévention de la torture considère que
l’espace vital individuel ne saurait être inférieur à 4m² en cellule collective et 6 m² en cellule individuelle, sans compter
l’annexe sanitaire.
6
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Le recueil des observations écrites du chef d’établissement constitue la première modalité d’examen du bien-
fondé de la requête ; il s’agit d’une étape obligatoire. En principe, le délai de transmission de observations ne
saurait excéder 10 jours, (la circulaire invite à ne pas dépasser 7 jours), afin de permettre au requérant ou à
son avocat de répliquer et au juge de statuer (circulaire CRIM 2021 -09 / E3 - 30/09/2021 a) Recueil des
observations écrites du chef d’établissement, p. 8).
Des vérifications complémentaires peuvent également être ordonnées par le juge saisi de la requête dans le
même délai de dix jours. Elles peuvent prendre la forme d’un transport sur les lieux de détention, de la
commission d’un expert ou d’un huissier aux fins de procédure à toute constatation utile, à des photographies
ou à des prises de vue et de son dans le respect des impératifs de sécurité applicables à l’établissement.
Elles peuvent également consister à procéder à l’audition, le cas échéant par un moyen de télécommunication
audiovisuelle, du requérant en présence de son avocat ou encore de codétenus, de personnels pénitentiaires
ou du chef de l’établissement pénitentiaire.
Il importe d’indiquer que ces vérifications peuvent être demandées par la personne détenue requérante au
stade de la saisine du juge compétent.
A l’issue de cette nouvelle étape procédurale, le juge peut reconnaître le bien-fondé de la requête par
ordonnance. Il peut à l’inverse rejeter la requête comme infondée. Dans ce dernier cas, il doit
préalablement procéder à l’audition du requérant s’il en a fait la demande et à celle du représentant de
l’administration pénitentiaire et du ministère public s’ils le sollicitent.
Dès lors l’administration pénitentiaire dispose d’une très large latitude dans son action ; le juge judiciaire ne
peut en effet lui enjoindre de prendre des mesures déterminées. Le panel de mesures possibles est ainsi infini,
il peut néanmoins plus pratiquement s’agir :
Avant l’expiration du délai prescrit par le juge, le chef d’établissement lui adresse un rapport précisant les
mesures prises ou proposées à la personne détenue. Une copie en est adressée à l’avocat du requérant, par
le greffe du magistrat saisi, afin de lui permettre de produire sans délai ses observations.
Avant de prendre sa décision, le juge dispose par ailleurs de la possibilité de prescrire des vérifications
complémentaires.
7
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A l’issue, le juge dispose d’un délai de dix jours pour se prononcer sur la remédiation ou non des
conditions indignes de détention. Dans le cas où il considère qu’il y a été mis fin, il constate le non-lieu
à statuer sur le fond de la requête. Dans le cas contraire, il lui appartient de prendre lui-même une
nouvelle décision.
Le juge peut refuser de prendre l’une de ces mesures si le requérant s’est opposé à un transfèrement proposé
par l’administration pénitentiaire au titre des mesures correctives, sous réserve qu’il ne s’agisse pas d’une
personne condamnée et que ce transfèrement aurait porté une atteinte excessive au droit au respect de la vie
privée et de la vie familiale.
Les voies de recours. Dans un délai de dix jours suivants leur notification, peuvent faire l’objet
d’un recours :
- La décision du juge sur la recevabilité de la requête,
- La décision du juge disant la requête infondée ou la disant fondée et donnant un délai à
l’administration pénitentiaire pour prendre des mesures coercitives,
- La décision du juge statuant au fond, à l’issue du délai de régularisation :
o Constatant la fin des conditions indignes,
o Ordonnant un transfèrement, une mise en liberté ou un aménagement de peine,
o Refusant de prononcer un transfèrement une mise en liberté ou un aménagement
de peine parce que le condamné a, de façon non justifiée, refusé un
transfèrement proposé par l’administration pénitentiaire
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V. ELEMENTS PROSPECTIFS
Dans sa décision du 16 septembre 2021 relative à l’exécution de l’arrêt CEDH JMB contre France,
le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a souligné les fragilités de cette voie de recours
et repris les réserves de nombre d’observateurs.
Aussi, il est essentiel de documenter l’effectivité (ou non) de cette nouvelle voie de recours en
déposant de nouvelles requêtes et en en transmettant le résultat à l’adresse suivante :
14
Comité des ministres, décision en ligne : Dec(2021)1411/H46-12 du 16 septembre 2021
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VI. ANNEXES
Tableau de synthèse
Décret n°2021-1194 du 15 septembre 2021 relatif au recours prévu par l’article 803-8 du code de
procédure pénale et visant à garantir le droit au respect de la dignité en détention
_
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physiquement
ou
ou
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SITUATION PENALE DU
LIEU DE DEPOT DE LA REQUETE
REQUERANT
Si une information est en cours, la
déclaration doit être faite auprès du
greffe du juge d’instruction.
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Ordonnance de recevabilité
envoyée (par voie électronique)
sans délai :
Recevable - au chef de l’établissement
pénitentiaire
- au requérant
- à son avocat
2 Chef de Entre 3 et 10 Envoi des observations Une copie de ses observations est
l’établissement jours écrites et des pièces transmise par tout moyen :
pénitentiaire ouvrables (la permettant d’apprécier les - à l’avocat du requérant
circulaire conditions de détention de au requérant s’il n’est pas assisté
invite à ne pas la personne détenue d’un avocat
dépasser 7 requérante
jours afin de
laisser le
temps à la
défense pour
répondre)
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POUVOIRS DU JUGE
Se déplacer sur les lieux de détention
Ordonner une expertise en désignant un expert inscrit sur les listes d’experts judiciaires ou ayant prêté serment
Désigner un huissier de justice afin de procéder à toute constatation utile, à des photographies, des prises de vue
et de son au sein de l’établissement pénitentiaire (dans des conditions respectant les impératifs de sécurité de
celui-ci)
Procéder à l’audition (peut se faire par visio) de codétenus du requérant, de personnels pénitentiaires ou du chef
de l’établissement
Procéder à l’audition du requérant (même s’il n’a pas demandé à être entendu), en présence de son avocat.
(Peut se faire en visio également).
Consulter tout rapport issu de la visite d’un organisme national ou international indépendant, décrivant les
conditions de détention de l’établissement en question
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Décisions
Appelants Appel formé devant Délais Effets
attaquées
Président de la chambre de
l’instruction
Décisions du
juge ou
10 jours à
Requérant ou
compter de
ou son avocat Président de la chambre
la
d’application des peines
notification
Le juge n’a Procureur de
de la
pas statué la République L’appel se forme soit :
décision
dans les - Devant le greffe de la
délais juridiction qui a rendu la
décision attaquée
- Devant le chef d’établissement
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ou
Condamné par une Juge des enfants lorsqu’il exerce les attributions du
juridiction pour mineurs JAP
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REQUETE PORTANT
SUR LES CONDITIONS DE DETENTION
ARTICLE 803-8 DU CODE DE PROCÉDURE PÉNALE
Choisissez un élément. Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte., né(e) le Cliquez ou appuyez ici pour
entrer du texte. à Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte., de nationalité Cliquez ou appuyez ici pour entrer
du texte., actuellement incarcéré(e) à Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte. sous le numéro d’écrou
Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte.
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LES FAITS
Choisissez un élément. Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte. est Choisissez un élément. dans la
procédure Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte..
Par Choisissez un élément. en date du Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte., il / elle a été placé(e) en
détention provisoire et incarcéré(e) à Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte..
Il/elle considère que ses conditions de détention sont contraires à la dignité de la personne humaine.
Par la présente, et en application de l’article 803-8 du code de procédure pénale, il / elle sollicite qu’il
soit mis fin aux conditions indignes de détention qui lui sont imposées.
Choisissez un élément. Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte. a été condamné(e) le Cliquez ou appuyez
ici pour entrer du texte. par Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte. à la peine de Cliquez ou appuyez ici
pour entrer du texte..
Incarcéré(e) depuis le Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte., sa fin de peine est aujourd’hui fixée au
Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte..
Indiquez le cas échéant si votre client(e) est accessible à un aménagement de peine ou qu’une
requête a été déposée auprès de la juridiction d’application des peines compétente.
Il / elle considère que ses conditions de détention sont contraires à la dignité de la personne humaine.
Par la présente, et en application de l’article 803-8 du code de procédure pénale, il / elle sollicite qu’il
soit mis fin aux conditions indignes de détention qui lui sont imposées.
***
Choisissez un élément. Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte. Choisissez un élément. une
juridiction en application des articles L.521-1, L.521-2 et L.521-3 du code de justice administrative.
***
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DISCUSSION
L’article 803-8 du code de procédure pénale, issue de la loi n°2021-403 du 8 avril 2021 tendant à garantir
le droit au respect de la dignité en détention, dispose :
« I. Sans préjudice de sa possibilité de saisir le juge administratif en application des articles L. 521-
1, L. 521-2 ou L. 521-3 du code de justice administrative, toute personne détenue dans un
établissement pénitentiaire en application du présent code qui considère que ses conditions de
détention sont contraires à la dignité de la personne humaine peut saisir le juge des libertés et de
la détention, si elle est en détention provisoire, ou le juge de l'application des peines, si elle est
condamnée et incarcérée en exécution d'une peine privative de liberté, afin qu'il soit mis fin à ces
conditions de détention indignes.
Si les allégations figurant dans la requête sont circonstanciées, personnelles et actuelles, de sorte
qu'elles constituent un commencement de preuve que les conditions de détention de la personne
ne respectent pas la dignité de la personne, le juge déclare la requête recevable […].
Toutefois, à peine d'irrecevabilité, aucune nouvelle requête ne peut être formée tant qu'il n'a pas
été statué, dans les délais prévus au présent article, sur une précédente requête ou, si celle-ci a
été jugée infondée, tant qu'un élément nouveau ne modifie pas les conditions de détention.
Si le juge estime la requête recevable, il procède ou fait procéder aux vérifications nécessaires et
recueille les observations de l'administration pénitentiaire dans un délai compris entre trois jours
ouvrables et dix jours à compter de la décision prévue au deuxième alinéa du présent I.
Si le juge estime la requête fondée, il fait connaître à l'administration pénitentiaire, dans un délai
de dix jours à compter de la décision prévue au même deuxième alinéa, les conditions de détention
qu'il estime contraires à la dignité de la personne humaine et il fixe un délai compris entre dix jours
et un mois pour permettre de mettre fin, par tout moyen, à ces conditions de détention. Avant la fin
de ce délai, l'administration pénitentiaire informe le juge des mesures qui ont été prises. Le juge
ne peut enjoindre à l'administration pénitentiaire de prendre des mesures déterminées et celle-ci
est seule compétente pour apprécier les moyens devant être mis en œuvre. Elle peut, à cette fin,
transférer la personne dans un autre établissement pénitentiaire, sous réserve, s'il s'agit d'une
personne prévenue, de l'accord du magistrat saisi du dossier de la procédure.
II. Si, à l'issue du délai fixé en application du dernier alinéa du I, le juge constate, au vu des
éléments transmis par l'administration pénitentiaire concernant les mesures prises et de toute
vérification qu'il estime utile, qu'il n'a pas été mis fin aux conditions indignes de détention, il rend,
dans un délai de dix jours, l'une des décisions suivantes :
3° Soit, si la personne est définitivement condamnée et si elle est éligible à une telle mesure,
il ordonne une des mesures prévues au III de l'article 707.
Le juge peut toutefois refuser de rendre l'une des décisions prévues aux 1° à 3° du présent II au
motif que la personne s'est opposée à un transfèrement qui lui a été proposé par l'administration
pénitentiaire en application du dernier alinéa du I, sauf s'il s'agit d'un condamné et si ce
transfèrement aurait causé, eu égard au lieu de résidence de sa famille, une atteinte excessive au
droit au respect de sa vie privée et de sa vie familiale. »
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L’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme prescrit que « nul ne peut être
soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ».
Il consacre l’une des valeurs les plus fondamentales des sociétés démocratiques. Il prohibe en termes absolus
la torture et les peines ou traitements inhumains ou dégradants, quels que soient les circonstances et le
comportement de la victime.
La Cour européenne des droits de l’homme affirme régulièrement que l’interdiction de la torture et des peines
et traitements inhumains ou dégradants est une valeur de civilisation étroitement liée au respect de la dignité
humaine (CEDH GC, 28 septembre 2015, Bouyid c. Belgique, n°23380/09, §81).
Le fait que les mauvaises conditions subies par la personne détenue ne soient pas imputables à une intention
de l’humilier ou de la rabaisser doit être pris en compte mais n’exclut pas de façon définitive un constat de
violation de l’article 3 (CEDH, 19 avril 2001, Peers c. Grèce, n°28524/95, §74).
Dans ces conditions, il appartient aux États de s’assurer que tout prisonnier est détenu dans des conditions
compatibles avec le respect de la dignité humaine, que les modalités d’exécution de la mesure ne soumettent
pas l’intéressé à une épreuve d’une intensité qui excède le niveau de souffrance inhérent à la détention et que
la santé et le bien-être du prisonnier sont assurés de manière adéquate (CEDH GC, 26 octobre 2000, Kudła c.
Pologne, n°30210/96, §§92-94).
Il incombe plus encore aux États d’organiser leurs systèmes pénitentiaires de manière à assurer le respect de
la dignité des détenus, indépendamment de difficultés financières ou logistiques (voir, parmi beaucoup d’autres,
CEDH, 1er juin 2006, Mamedova c. Russie, n°7064/05, §63).
Compte tenu de l’importance attachée au facteur spatial dans l’appréciation globale des conditions de
détention, la Cour rappelle que l’exiguïté extrême dans une cellule de prison est un aspect particulièrement
important qui doit être pris en compte.
A cet égard, elle retient que la surface totale de la cellule ne doit pas comprendre celle des sanitaires, mais
doit en revanche inclure l’espace occupé par les différents meubles (CEDH GC, 20 octobre 2016, Muršic c.
Croatie, n°7334/13, §114).
Plusieurs autres facteurs, tels que la durée de la privation de liberté, les possibilités d’exercice en plein air ou
l’état de santé physique et mentale du détenu, jouent par ailleurs un rôle dans l’appréciation des conditions de
détention au regard des garanties de l’article 3.
Pour permettre une appréciation la plus juste et égalitaire possible, elle a établi, à l’occasion de son arrêt de
Grande Chambre Muršic c. Croatie du 20 octobre 2016 (n°7334/13), une méthode basée sur l’examen de la
surface au sol que les juridictions nationales sont invitées à employer.
Ces éléments ont été repris par la chambre criminelle de la Cour de cassation dans son arrêt du 15 décembre
2020 (n°20-85.461).
Lorsque la surface au sol dont dispose une personne détenue en cellule collective est inférieure à 3m2, la Cour
affirme que la situation fait naître une forte présomption de violation de l’article 3 de la Convention (CEDH GC,
20 octobre 2016, Muršic c. Croatie, n°7334/13, §124).
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A savoir : cette présomption n’étant pas irréfragable, l’autorité publique conserve la faculté de
démontrer de manière convaincante la présence de facteurs propres à compenser de manière
adéquate le manque d’espace personnel, tels que (CEDH GC, 20 octobre 2016, Muršic c.
Croatie, n°7334/13, §135) :
- La durée et l’ampleur de la restriction de l’espace personnel
- Le degré de liberté de circulation,
- L’offre d’activités hors cellule,
- Le caractère généralement décent des conditions dans l’établissement.
Lorsqu’une personne détenue dispose dans la cellule d’un espace personnel compris entre 3 et 4 m2, le facteur
spatial demeure un élément de poids dans l’appréciation que fait la Cour du caractère adéquat ou non des
conditions de détention (CEDH GC, 20 octobre 2016, Muršic c. Croatie, n°7334/13, §139).
En pareil cas, il y a lieu de conclure à la violation de l’article 3 si le manque d’espace s’accompagne d’autres
mauvaises conditions matérielles de détention et notamment (CEDH, 10 janvier 2012, Ananyev et autres c.
Russie, n°42525/07 et 60800/08, §149) :
Lorsqu’une personne détenue dispose de plus de 4m2 d’espace personnel en cellule collective et que cet
aspect de ses conditions matérielles de détention ne pose pas de problème particulier, la Cour invite à se
référer aux normes minimales éditées par les organes internationaux de prévention de la torture et des
traitements inhumains et dégradants :
- Le document « Espace vital par détenu dans les établissements pénitentiaires : Normes du CPT »
(CPT/Inf (2015) 44, 15 décembre 2015) ;
- L’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (Règles Mandela), qui
figure dans le document A/C.3/70/L.3 (29 septembre 2015).
Elle rappelle que ces standards demeurent pertinents dans l’appréciation du caractère adéquat ou non des
conditions de détention de l’intéressé au regard de l’article 3 de la Convention (CEDH GC, 20 octobre 2016,
Muršic c. Croatie, n°7334/13, §140).
Au niveau national, il convient d’ajouter à la liste de ces documents l’ensemble des recommandations émises
par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) dans ses rapports de visite, rapports
annuels, avis ou recommandations en urgence.
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En tout état de cause, il compte de rappeler que la Cour européenne des droits de l’homme se montre
particulièrement attentive à la distribution de la charge de la preuve.
Sensible à la vulnérabilité particulière des personnes se trouvant sous le contrôle exclusif des agents de l’État,
telles les personnes détenues, elle juge qu’une application rigoureuse du principe affirmanti incumbit probatio
(la preuve incombe à celui qui affirme) serait inopportune (CEDH, 8 janvier 2013, Torregiani et autres c. Italie,
n°43517/09, §72).
Inévitablement le gouvernement est parfois seul à avoir accès aux informations susceptibles de confirmer ou
d’infirmer les affirmations du requérant (CEDH, 10 mai 2007, Benediktov c. Russie, n°106/02, §34).
En présence d’allégations crédibles et circonstanciées de violations de l’article 3, elle considère alors que la
charge de la preuve est immédiatement transférée à l’autorité publique qui doit alors recueillir et produire les
documents pertinents et fournir à la juridiction une description détaillée des conditions de vie de la personne
détenue (CEDH, 10 janvier 2012, Ananyev et autres c. Russie, n°42525/07 et 60800/08, §§122-125).
Cette exigence de démonstration matérielle est rappelée avec vigueur, le simple fait que la version du
Gouvernement contredit celle fournie par le requérant ne suffisant pas, en l’absence de tout document ou
explication pertinents de la part des autorités, à justifier que les allégations de l’intéressé soient rejetées comme
non étayées (CEDH, 27 mai 2010, Ogică c. Roumanie, n°24708/03, §43).
1. Sur les conditions générales de détention à Cliquez ou appuyez ici pour entrer du texte.
Pointer les principales difficultés à partir des informations données par votre client(e) et
documentées dans les rapports du CGLPL et/ou les décisions des juridictions administratives.
LIENS UTILES :
Présentez les conditions de vie de votre client(e) : état du bâtiment, état de la cellule, espace
personnel, nombre de codétenu(e)s, cloisonnement des toilettes et respect de l'intimité, lumière
naturelle et éclairage, chauffage, aération accès à l'eau chaude en cellule, équipement de la
cellule, état général de la cellule, du mobilier et des équipements, état et configuration des parties
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communes (cours de promenades, parloirs, salle de sport, etc...), équipement des cours de
promenades, accès à activités ou au travail et temps passé en cellule, visites au parloirs, accès
aux soins…
***
Ainsi, il est indiscutable que la description faite par Choisissez un élément. de ses conditions
personnelles de détention est suffisamment crédible, précise et actuelle pour constituer un
commencement de preuve de leur caractère indigne.
En application de l’article R.249-24 du code de procédure pénale, et dans le cadre des vérifications à la charge
de Madame, Monsieur le Président, Choisissez un élément. sollicite aussi de ce dernier qu’il :
☐ Requiert un huissier de justice aux fins de procéder à des constations techniques, des écrits, des
photographies, des prises de vue et de son au sein de l’établissement ;
☐ Procède à l’audition de son ou ses codétenus [le cas échéant indiquez les noms et numéros
d’écrou] ;
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