5 Poèmes - Mes Forêts

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Mes forêts sont un champ silencieux Mes forêts sont des bêtes qui attendent vient hanter la machine

r la machine de nos pas Mes forêts sont de longues tiges


Mes forêts sont de longues traînées de de naissances et de morts la nuit et quand les brumes s’apaisent d’histoire
temps la mémoire de saisons pour lécher le sang de leurs rêves mes forêts sont une poignée de rayons elles sont des aiguilles qui tournent
elles sont des aiguilles qui percent la qui se lèvent et retombent gratter la terre gratter l’écorce plantés dans le sol durci à travers les saisons elles vont
terre boire l’offrande et se glisser d’est en ouest jusqu’au sud
déchirent le ciel mes forêts sont du temps qui s’immisce dans un lit rempli de lucioles avec le réveil d’un temps et tout au nord
avec des étoiles qui tombent à travers tronc branche racine elles sont les paupières tremblantes mes forêts sont des cages de solitude
comme une histoire d’orage elles traversent le feuillage du jour mes forêts sont une planète silencieuse d’un espoir des lames de bois clairsemées
elles glissent dans l’heure bleue capturent l’ombre capturent l’éclat qui parle une langue d’écorce et de dans la nuit rare
un rayon vif de souvenirs une éclipse qui fléchit souffle elles sont des maisons sans famille
l’humus de chaque vie où se pose elles sont la solitude disséminée le bois de barques à la dérive des corps sans amour
légère une aile comme poussière de notre passage alors qu’on croirait tout immobile langue de tous les jours qui attendent qu’on les retrouve
qui va au cœur une poignée de roches elles sont un dessin de nature morte – humiliée résistante conquise au matin elles sont
qui savent les âges mes forêts ignorant les écrans invaincue – des ratures et des repentirs
mes forêts sont des greniers peuplés de sont des traits de craie noire sur lesquels on les regarde qui trouble et promet
fantômes les lettres désarticulées de mots sans jamais les voir mes forêts avec des mots de travers mots de trop une boule dans la gorge
elles sont les mâts de voyages inconnus d’un matin qui hésite à venir sont chemin de chair et marées de de peut-être quand les oiseaux recommencement à
immobiles l’esprit où les temps se confondent voler
un jardin de vent où se cognent les elles sont des ossements un verbe qui se conjugue lentement mes forêts sont des doigts qui pointent
fruits que lèche l’invisible loin de facebookinstagramtwitter mes forêts parlent la langue du fleuve des ailleurs sans retour
d’une saison déjà passée une géométrie de souffles mes forêts sont des rivages celle d’algue et de limon elles sont des épines dans tous les sens
qui s’en retourne vers demain et de pas qui se perdent accordés à mes pas la demeure de rivières qui débordent ignorant ce que l’âge résout
où respire ma vie corps fous de joie ou emportés
mes forêts sont mes espoirs debout mes forêts sont lièvres et renards dans les remous de leur vie elles sont des lignes au crayon
un feu de brindilles jungle d’insectes qui scintillent sur papier de temps
et de mots que les ombres font craquer un soir d’été quand c’est l’hiver elles disent nos mains d’obscurité portent le poids de la mer
dans le reflet figé de la pluie elles sont coyote ours noir orignal de frêles beautés l’effroi le silence des nuages
sittelle geai bleu mésange qui pèse sur demain
mes forêts mes forêts sont un long passage
sont des nuits très hautes elles dorment nues mes forêts mes forêts pour nos mots d’exil et de survie
attendent le vent racontent une histoire un peu de pluie sur la blessure
qui les fera tanguer Mes forêts sont le bois usé d’une un rayon qui dure
comme des bêtes ivres histoire qui sauve et détruit dans sa douceur
qui marchent vers leurs racines que racontent des lunes tenues à bout sauve
de bras et détruit et quand je m’y promène
si peu me fait vivre quand s’approchent la nuit et le c’est pour prendre le large
quand c’est plein d’étoiles hurlement alors nous rêvons vers moi-même
et que s’avance le poème de nos peurs mes forêts comme la sève qui sera
sont la mise en terre de vagues comme le sang
immenses de ce qui n’est plus
et de mots que je ne reconnais pas
nous sommes hauteur de montagne
elles sont un horizon de corps nus parmi les brumes affolées
sur le plateau des heures rien ne nous appartient
qui bascule soudain nous dénouons nous réparons
la danse très lente des ombres ce que nous pouvons

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