Éden Ou Prison L'île Dans Mercure D'amélie Nothomb: Service Général Des Lettres Et Du Livre (Bruxelles)
Éden Ou Prison L'île Dans Mercure D'amélie Nothomb: Service Général Des Lettres Et Du Livre (Bruxelles)
Éden Ou Prison L'île Dans Mercure D'amélie Nothomb: Service Général Des Lettres Et Du Livre (Bruxelles)
NAUSICAA DEWEZ
Service général des Lettres et du livre (Bruxelles)
L’île est peu décrite. Tout au plus sait-on qu’elle est petite1. Habitée
seulement par Loncours et Hazel, elle ne compte qu’une unique demeure, le
manoir où résident les deux protagonistes, où sont interdits miroirs et
surfaces réfléchissantes.
1
« Vingt minutes suffisaient à boucler le tour de l’île » (Nothomb, 1998 : 78).
73
L’île de Mercure porte cette caractéristique à un degré suprême. Elle est,
affirme Hazel, « l’île la plus fermée à l’univers extérieur » (Nothomb,
1998: 35). D’ailleurs, son nom annonce son irrémédiable clôture, puisque
l’île s’appelle Mortes-Frontières. Coupée de tout regard extérieur, elle est
propice à la dissimulation et au secret. L’incipit de Mercure place l’île et son
maître sous le sceau du secret, puisque Hazel y affirme que « [p]our habiter
cette île, il faut avoir quelque chose à cacher. Je suis sûre que le vieux
[Loncours] a un secret. Je n’ai aucune idée de ce que ce pourrait être ; si
j’en juge d’après les précautions qu’il prend, ce doit être grave » (idem: 9).
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possible, pour abuser Hazel et réaliser, sur la base de ce mensonge, un
monde conforme à son idéal. L’ordre que Loncours a établi à Mortes-
Frontières corrige ainsi les défauts que le marin reproche au monde
extérieur. Il affirme que la vie dans l’île est plus juste que celle du monde
ordinaire, dans lequel les belles jeunes filles ne tombent pas amoureuses
des vieillards :
- (…) Pour la plupart des gens, aimer est un détail de l’existence (…).
Moi, j’ai prouvé que, si l’on édifiait sa destinée à partir de son amour, celui-ci
restait éternel. (…) Avez-vous jamais songé à ce qu’eût été leur destin sans moi ?
(…) elles se seraient retrouvées épouses et mères, contraintes, si elles voulaient un
peu de sentiment, à entrer dans la comédie de l’adultère bourgeois. Vous dites que
j’ai gâché leur vie, quand je les ai sauvées de cette vulgarité qui les eût tuées à
petit feu. (…) Grâce à moi, Adèle-Hazel a une vie de princesse romantique. Elle
était faite pour ça, non pour devenir une reproductrice bourgeoise (idem: 151-
154)-
Insatisfait du monde tel qu’il est, Loncours imagine un monde tel qu’il
devrait être (selon ses propres critères). Le vieillard ne se contente pas de
rêver à ce monde autre. Il crée à Mortes-Frontières, presque ex nihilo,
l’écrin adéquat pour la réalisation de son idéal :
75
- (…) Mortes-Frontières (…) était à l’époque une île déserte. (…) j’allai
négocier l’achat de l’île, ce qui fut beaucoup plus facile que prévu. Ensuite, je
dessinai les plans de ce manoir que je fis construire dans le plus grand secret par
des corps de métier que je m’ingéniai à recruter au loin. (idem: 136)
76
Trousson indique encore que l’utopie suppose « une autarcie et une
autonomie quasi absolues, discernables à propos des problèmes
économiques » (idem: 16). De fait, Loncours est immensément riche, ce qui
l’autorise à s’offrir les services de domestiques dévoués qui se chargent de
toute l’intendance, permettant au vieillard et à Hazel de vivre « dans le luxe
et l’insouciance » (Nothomb, 1998: 95), et dispensant le Capitaine de
quitter son île. Trousson ajoute que « [l]e fonctionnement interne de
l’univers utopique doit être impeccable comme celui d’un mécanisme
d’horlogerie, prêter le moins possible à la fantaisie, à l’exception »
(Trousson, 1999: 16).
77
guerre. Les habitantes de Mortes-Frontières s’en aperçurent à peine et s’en
soucièrent encore moins » (idem: 223).
Figures mythiques
De prime abord, la référence à l’Éden, quoique couramment associée,
elle aussi, à l’univers insulaire, semble paradoxale, en ce que l’Éden n’est
pas de l’ordre de la construction humaine, mais du cadeau divin. Monique
Mund-Dopchie note que « depuis que le christianisme est devenu religion
d’État sous le règne de Constantin, une correspondance a été explicitement
établie entre les deux mythes [de l’Éden et de l’âge d’or] » (Mund-Dopchie,
2001: n.p.).
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toutefois subir quelques détournements. Ainsi, si la configuration de l’île est
parfaite du point de vue de Loncours, c’est en raison de l’aridité et du peu
d’attrait de Mortes-Frontières, qui servent exactement le dessein du vieillard
en lui garantissant l’isolement. Barthes indique encore que le code édénique
se traduit par le fait que l’île « fournit toujours la matière nécessaire à point
nommé » (ibidem).
2
La référence à l’Éden est récurrente dans l’œuvre d’Amélie Nothomb, qui qualifie la Bible,
dans ses récits autobiographiques, de « texte-fantôme » (Nothomb, 2004 : 63), car lu à
l’insu de ses parents depuis son plus jeune âge (Nothomb, 2000 : 111). Évoqué dans le titre
Ni d’Ève ni d’Adam (Nothomb, 2007), l’Éden, associé à la chute imminente, apparait aussi
notamment dans Hygiène de l’assassin (Nothomb, 1992), Métaphysique des tubes
(Nothomb, 2000) ou encore Cosmétique de l’ennemi (Nothomb, 2001). Ce dernier livre met
en scène, dans une configuration très similaire à celle de Mercure, « une ‘pauvre Ève’
dialoguant avec un Adam violeur qui finit par la tuer » (Amanieux, 2009 : 197). Pour une
lecture du « palimpseste biblique » dans l’œuvre d’Amélie Nothomb, cf. (Amanieux, 2009 :
187-208).
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À bien des égards, Loncours est pourtant plus proche d’un dieu que
du premier homme. Il a dessiné les plans de sa maison, s’érigeant alors
en grand architecte de l’univers – ou du moins de son univers. Par ailleurs,
dans le récit de la Genèse, Dieu et Adam ont un usage du langage
fondamentalement différent. À l’invitation de Dieu, Adam donne un nom à
chaque chose qui l’entoure : son langage est étiquetage du réel, et se borne
à constater et organiser le déjà-là. Le langage de Dieu, par contre, est
créateur du réel.
80
Loncours : avouez que ça prédispose à devenir marin » (idem: 71). Le choix
du prénom Omer plutôt qu’Ulysse est donc forcément signifiant : s’il valide
l’intertexte odysséen, il place en même temps le vieillard dans la position du
créateur-auteur plutôt que de la créature-personnage.
Loncours est même comme une mère pour Hazel, puisque Mercure
évoque le « cordon ombilical » (idem: 200) qui relie les deux protagonistes.
Anne Meistersheim affirme que les habitants des îles développent « des
comportements qui permettent, dans une certaine mesure, de pallier la
faiblesse du nombre de relations sociales possibles – par exemple en
81
multipliant les rôles tenus par une seule personne – et qui permettent de
protéger l’individu » (Meistersheim, 1997: 118). Alors que la multiplication
des rôles relève, selon Meistersheim, d’un mécanisme de défense de
l’individu qui s’adapte ainsi au contexte spécifique de l’île, Loncours
renverse cette logique : il choisit de s’installer sur une île déserte
précisément pour isoler sa jeune maîtresse du reste du monde et s’assurer
tous les rôles auprès d’elle, ce qui lui donne une emprise totale sur elle.
Assumant à la fois des fonctions parentales et amoureuses auprès de la
jeune fille, il crée dès lors une situation d’inceste, même s’il n’existe pas de
consanguinité entre les deux partenaires3.
Île-prison
Si aux yeux de Loncours, Mortes-Frontières est le lieu idéal et
parfaitement adapté à son dessein, cette conception est loin d’être partagée
par Hazel et par Adèle avant elle. Certes, les deux jeunes femmes, se
croyant défigurées, décident d’elles-mêmes de s’installer dans l’île pour
dissimuler leur état au monde :
3
Lévi-Strauss souligne en effet que « la prohibition de l’inceste ne s’exprime […] pas
toujours en fonction des degrés de parenté réelle ; mais elle vise toujours des individus qui
s’adressent les uns aux autres par certains termes » (Lévi-Strauss, 1976 : 35). Or Hazel
désigne Loncours comme son « tuteur », tandis que ce dernier la présente à Françoise
comme sa « pupille ».
82
seule. Nous passons des jours à nous raconter l’un à l’autre, à nous dire des
banalités qui nous exaltent, parce que ces propos simplement humains nous ont
manqué au point de nous rendre malades. (idem: 30s.)
C’est donc à une île-prison que la jeune femme associe son cadre de
vie, réactivant ainsi un lieu commun de l’imaginaire insulaire : « la prison
est », comme le souligne Anne Meistersheim, « une vocation terriblement
permanente de l’île » (Meistersheim, 1997: 111). La prison de Hazel n’est
pas un lieu où d’autres la retiennent enfermée – du moins pas à sa
connaissance : elle n’est « pas censée être au courant de sa propre
incarcération » (Nothomb, 1998: 213) et considère vivre à Mortes-
Frontières de sa propre volonté –, mais un endroit qu’elle n’aime pas, où
elle se sent contrainte à vivre en raison d’un coup du sort, et dont elle a peu
d’espoir de pouvoir sortir un jour, sa prétendue défiguration ne pouvant,
évidemment, être que définitive (« Ce rafiot, je l’ai pris une seule fois, il y a
bientôt cinq ans. Ce fut un aller simple et il m’arrive de penser qu’il n’y aura
jamais de retour » (idem: 9)).
Dès lors, la jeune fille n’entrevoit dès lors pas d’échappatoire aux
relations sexuelles auxquelles Loncours la contraint. La prison est en outre
un espace qui la sépare de tout contact humain, jusqu’à l’arrivée de
Françoise. La présence continuelle de Loncours à ses côtés ne semble en
effet pas remplir cette fonction aux yeux de la jeune fille :
Bien que Hazel n’aime pas Mortes-Frontières, elle présente avec l’île
où elle est recluse de troublantes similitudes. En effet, de même que
Loncours est le propriétaire et l’architecte de l’île, Hazel reconnaît qu’elle
« doi[t] tout » au vieillard, « à commencer par la vie » (idem: 10). Par cette
admission, elle conforte Loncours comme figure prométhéenne, puisque
83
outre donner le feu aux hommes et leur apprendre diverses techniques,
Prométhée a, selon certains auteurs grecs, « façonné les hommes avec de
l’eau et de la terre » (Carrière & Massonie, 1991: 34). En coupant Hazel de
son propre reflet, Loncours a aliéné la jeune fille à elle-même et en a fait
son bien : elle ne se voit plus que par le prisme de ce que le vieil homme lui
dit d’elle-même. Comme le résume Lénaïk Le Garrec, » [i]f Hazel cannot
see herself, (…) she does not really exist, she does not have her own life :
she belongs to the captain, she is alive through him » (Le Garrec, 2003:
67).
4
Les allusions au mythe d’Orphée traversent l’œuvre d’Amélie Nothomb. Pour une étude de
la réécriture de ce mythe par l’écrivaine belge, cf. (Dewez, 2003).
84
le résultat et l’emblème tangible d’un arrachement. À notre être déchu correspond
en toute exactitude cette forme géographique mutilée. (Lestringant, 2002: 40s.)
Si l’« exil » et l’« arrachement » sont le lot de tout être humain, ils
résonnent singulièrement avec la trajectoire de Hazel, orpheline dont les
parents sont décédés sous ses yeux dans un bombardement lorsqu’elle
avait dix-huit ans, emmenée ensuite à Mortes-Frontières par le Capitaine,
qui selon Françoise emporte ses victimes comme un vautour : « vous
trouvez l’amour comme le vautour sa nourriture : vous êtes là au moment
le plus funeste, à observer et à guetter. Vous repérez les meilleurs
morceaux, vous fondez dessus et vous vous envolez au loin en emportant
votre butin » (Nothomb, 1998: 143). Avant même l’irruption de Loncours
qui l’a soustraite à sa vie passée, l’existence de Hazel était déjà marquée
par l’exil et l’arrachement :
- Mon père était polonais, il avait émigré à New York, où il est devenu
un riche homme d’affaires. À la fin du siècle dernier, il a rencontré à Paris une
jeune Française qu’il a épousée : ma mère, qui alla vivre avec lui à New York où je
suis née.
- Vous avez donc trois nationalités ! C’est extraordinaire.
- J’en ai deux. Il est vrai que, depuis 1918, je pourrais à nouveau
être polonaise. Mais depuis un certain bombardement de 1918, je ne suis plus rien.
(idem: 33)
85
Frontières, mais cette île ne peut lui offrir une patrie5 : elle est le non-lieu,
qui répond au non-être éprouvé par Hazel.
5
Mark D. Lee lie l’apatridie de nombreux personnages nothombiens à la biographie de
l’auteure, notamment aux déménagements nombreux qu’a impliqués la carrière de diplomate
de son père. Cf. (Lee, 2010a: 271-284) et (Lee, 2010b).
86
réalité bien plus prisonnière d’elle-même, de son impossibilité de se voir et
de son refus de se montrer au monde, que de l’île. Comme le dit Françoise
au Capitaine, « [v]otre mensonge a enfermé Hazel à l’intérieur d’elle-
même » (idem: 143). Femme-île, la jeune fille entretient une relation
spéculaire avec Mortes-Frontières, la clôture de l’île devient sa propre
fermeture : isolée sur une île-prison, elle est elle-même une femme-prison,
et sa propre geôlière.
87
révélant le mensonge du Capitaine, alors que, dans la seconde fin, elle
reprend la supercherie du vieillard à son compte pour pouvoir jouir à son
tour de la beauté de Hazel sans devoir la partager avec le monde extérieur.
Les deux dénouements obligent à regarder sous deux angles très différents
l’indignation manifestée par l’infirmière vis-à-vis du mensonge de Loncours.
88
La seconde fin donne par contre raison à Loncours, puisque Hazel et
Françoise vivent ensemble à Mortes-Frontières selon les principes du
Capitaine et y trouvent chacune le bonheur, Hazel concluant même :
« peut-il arriver mieux à une belle jeune fille que de tomber sur un
monstre ? » (idem: 226). À propos de la co-présence de ces deux
dénouements, Nothomb explique, dans la « Note de l’auteur » qui précède
la deuxième fin, qu’elle « ne pu[t] choisir entre les deux fins, chacune
s’imposait avec autant d’autorité à [s]on esprit » (idem: 203). Aucune des
deux fins n’est donc privilégiée, chacune étant également logique : le refus
de choisir de l’écrivaine consacre l’ambivalence fondamentale de l’île dans le
roman.
89
elle est le lieu de naissance (Guadeloupe pour l’une, Manhattan pour
l’autre), et le point d’arrivée (Adèle se suicide à Mortes-Frontières ; Hazel
vit à nouveau à New York dans la première fin, à Mortes-Frontières dans la
deuxième).
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