ASEPGI2004 PP 333-346 Wright

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Amélioration des sols en place. Dhouib, Magnan et Mestat (ed.

) 2004, Presses de l’ENPC/LCPC, Paris

CALCUL DES COLONNES BALLASTÉES SOUS UN DALLAGE –


COMPARAISON DES RÉSULTATS DE DIFFÉRENTES MÉTHODES
CALCULATION OF STONE COLUMNS UNDER A PAVING – COMPARISON OF DIFFERENT
METHODS

Hervé WRIGHT, Jean-Louis TOUQUET


SPIE FONDATIONS, Parc Saint Christophe, Pôle Magellan 2, Cergy-Pontoise, France

RÉSUMÉ – On compare les résultats obtenus par des modèles numériques à ceux obtenus par
des méthodes analytiques pour un sol renforcé par des colonnes ballastées et supportant un
dallage. La concordance des résultats des calculs des tassements dépend des charges et de la
densité du réseau de colonnes ballastées. Les résultats du calcul de consolidation montrent
une accélération importante liée au transfert des charges vers la colonne ballastée.

ABSTRACT – This paper deals with the results obtained from numerical models compared with
those from analytic methods in the case of a paving on a soil improved by stones columns. The
agreements of the settlement results depend on the load and the density of stone columns grid.
The consolidation rate shows an important acceleration linked to the transmission of the loads
towards the stone columns.

1. Introduction

Le principe de l'amélioration de sol par colonnes ballastées consiste à incorporer des fûts de
matériaux granulaires ayant de meilleures propriétés hydrauliques et mécaniques que le sol en
place. Elles permettent de diminuer les tassements du sol qui se produiraient sans
renforcement sous l’effet d’une structure, accélèrent son drainage et améliorent sa portance.
Les colonnes ballastées sont aussi utilisées pour renforcer les talus instables en augmentant la
résistance au cisaillement de la masse traitée et aussi pour diminuer les risques de liquéfaction
des sols en zone sismique.
Malgré leur utilisation courante, le DTU 13.2 (1992), qui est le règlement en vigueur en
France, explicite uniquement le calcul à l’état limite sous l'effet d'une charge verticale.
Cependant, plusieurs méthodes de calcul de la réduction des tassements ont été proposées par
différents auteurs. Parmi elles, on peut citer la méthode simple du module pondéré qui
considère un milieu élastique pour le sol et la colonne ballastée, et la méthode de Priebe (1976,
1995) qui considère un milieu élastique pour le sol et un milieu élastoplastique pour la colonne.
Soyez (1985) a étudié la validité des différentes méthodes de calcul des tassements et il estime
qu'elles donnent un ordre de grandeur convenable de la réduction réelle des tassements.
Suite au développement de la méthode des éléments finis, on se propose dans cette
communication de reprendre cette démarche comparative en se plaçant dans un cadre
géotechnique et hydraulique arbitraire mais réaliste. Le tassement et la consolidation d'un sol
amélioré par des colonnes ballastées supportant un dallage sont évalués avec le logiciel
d'éléments finis PLAXIS 2D (Brinkgreve, 2002). Les résultats du calcul des tassements sont
ensuite comparés avec ceux obtenus par la méthode du module pondéré et par la méthode de
Priebe (1995). Les résultats du calcul de la consolidation sont comparés à ceux obtenus avec la
théorie de la consolidation développée par différents auteurs pour les drains de sable et les
drains verticaux préfabriqués.

333
2. Modélisation géométrique du sol amélioré

On considère un sol amélioré par un réseau de colonnes ballastées à maille carrée,


d'espacement l, sous un dallage d'extension infinie. Les colonnes ballastées sont descendues à
travers la couche de sol mou et sont fondées sur un substratum. Pour modéliser ce problème,
on considère que les colonnes ballastées sont cylindriques de diamètre Dcol et sont chargées de
manière axiale. Dans cette configuration, le plus court chemin de drainage horizontal est égal à
la moitié de l’espacement entre deux colonnes. Cette symétrie de révolution compatible avec le
problème hydraulique et le problème mécanique permet de réduire l'étude du réseau à une
cellule unitaire contenant une seule colonne. Le modèle est axisymétrique avec des conditions
aux limites œdométriques (Figure 1). Le diamètre d’influence Dext de chaque colonne est donné
par :
2
Dext = ×l (1)
π

Dans la pratique, du fait de l'incertitude sur les nombreux paramètres géotechniques qui
interviennent dans le calcul, il est possible de considérer Dext ≈ l mais on utilisera ici la relation
(1). Les dimensions du modèle d'éléments finis sont choisies en tenant compte des
recommandations de Mestat (1997) valables pour un pieu. Le rapport a, de la section
d'influence A à la section de la colonne Acol, est appelé taux d'incorporation (Figure 1).

Dext
Dallage sur
2 couche de
répartition

Lcol = ∆H couche de sol


mou renforcé

Dcol
Dcol
l
2
Dext substratum
≈ 2 Lcol
Maille carrée
d’espacement l

Dcol : Diamètre de colonne


Dext : Diamètre extérieur
ou d’influence

Figure 1. Paramètres géométriques du renforcement et modélisation axisymétrique.

Même si les propriétés mécaniques de la colonne ballastée sont meilleures que celles du sol,
les différences restent nettement inférieures à celles qui existent par rapport à un pieu. L'effet
de la surcharge répartie, apportée par le dallage par l'intermédiaire de la couche de répartition,
se traduit par une certaine uniformité des tassements entre la colonne ballastée et le sol. Les
déplacements tangentiels entre ces derniers sont donc négligeables et c'est pourquoi
l'hypothèse d'un tassement homogène est faite par la plupart des méthodes de calcul

334
analytiques. Dans le modèle d'éléments finis, on ne prévoit donc pas d'interfaces entre la
colonne ballastée et le sol encaissant.

3. Présentation sommaire des modèles de calcul

De manière générale, l'objet des calculs est d'une part d’estimer le temps nécessaire à la
consolidation et, d'autre part, de déterminer les deux paramètres qui permettent de quantifier
l'efficacité de l’amélioration d'un sol, à savoir le rapport de concentration des contraintes n0 et le
coefficient de réduction des tassements β. n0 est le rapport des contraintes verticales sur la
colonne ballastée aux contraintes verticales sur le sol et β est le rapport du tassement du sol
non renforcé au tassement du sol renforcé.

3.1. Méthode du module pondéré

Cette méthode simple permet de calculer les tassements après homogénéisation des propriétés
du sol amélioré. Un module d’élasticité équivalent du sol traité Eeq est calculé par pondération
des modules de déformation du sol Esol et de la colonne ballastée Ecol par leurs volumes ou
leurs surfaces respectives, Asol et Acol. Il est possible de considérer que E col ≈ 10 E sol tout en
respectant la condition E col ≤ 100 MPa (Costet et Sanglerat, 1983). Dans cette méthode
élastique, on peut facilement montrer que le facteur de concentration des contraintes s'écrit :

E col
n0 = (2)
E sol

Le tassement s∞ d'une couche homogène d’épaisseur ∆H , sous l'effet d'une surcharge


répartie d'extension infinie P0, est donné par :

P0 ∆H
s∞ = (3)
E eq

3.2. Méthode de Priebe (1995)

Dans cette méthode, la formule précédente devient :

P0 ∆H
s∞ = (4)
'
E sol β

β est le coefficient de réduction des tassements qui prend en compte l’effet de l’amélioration
(facteur n0), de la compressibilité (facteur n1) et l’incidence de la profondeur (facteur fd) tel que :
β = n1. fd (Priebe, 1995). Une des hypothèses de la méthode de Priebe (1995) porte sur la
définition des contraintes initiales dans le sol renforcé, après les travaux et avant l'application
de la surcharge. La poussée est entièrement mobilisée dans la colonne ballastée et l'état de
contrainte dans le sol est hydrostatique.

3.3. Calcul de la consolidation totale

Dans un sol saturé renforcé par des colonnes ballastées, ces dernières jouent un rôle drainant
similaire à celui de drains verticaux. Il est donc possible d’estimer le temps de consolidation en
utilisant les formules de la consolidation radiale. Le degré de consolidation totale Ut est donné
en fonction du degré de consolidation verticale Uv et du degré de consolidation radiale Ur par la
formule de Carillo (1942) :
335
U t = 1 − (1 − U v )(1 − U r ) (5)

Uv est calculé par la théorie de Biot ou de Terzaghi et Ur par la théorie de Barron (1947). Ces
théories, définissent le coefficient de consolidation verticale cv et le coefficient de consolidation
radiale cr qui sont caractéristiques du sol et dont le rapport, en l'absence de mesure in-situ est
usuellement pris entre 5 et 10 (Paute, 1973). Elles s'écrivent en fonction du module
œdométrique drainé du sol E oed '
, du poids volumique de l'eau γ w et des coefficients de
perméabilité verticale k v et horizontale k h :

k v E œd' k h E œd'
Cv = et C h = (6)
γw γw

3.4. Méthode des éléments finis

La méthode des éléments finis (M.E.F.) est bien adaptée aux calculs des déplacements et de la
consolidation dans les problèmes d'interaction sol-fondation-structure. Le problème physique
est étudié numériquement en divisant le volume concerné en sous-ensembles, appelés
éléments finis. Pour mettre en œuvre cette approche numérique, on utilise le logiciel Plaxis 2D
(Brinkgreve, 2002). Pour décrire le comportement mécanique des matériaux, quatre lois de
comportement sont considérées : l'élasticité linéaire pour la couche de répartition, le modèle
élastoplastique parfait de Mohr–Coulomb (MC), les modèles élastoplastiques avec écrouissage
« Soft Soil Model » (SSM) et « Hardening Soil Model » (HSM) pour le sol et la colonne
ballastée.
Le modèle SSM, du même type que le modèle de Cam-Clay, est adapté aux sols argileux
normalement ou légèrement surconsolidés. L’indice de compression modifié λ* caractérise la
déformation en plasticité du matériau lors du chargement primaire isotrope. L’indice de
gonflement modifié κ* caractérise la déformation élastique du matériau lors du déchargement
isotrope et du rechargement. Les relations avec les indices de compression Cc et gonflement Cs
s'écrivent :
Cc 2 Cs
λ∗ = et κ ∗ ≈ (7)
2,3(1 + e0 ) 2,3 1 + e0

où e0 est l'indice des vides initial.


La surface de charge de ce modèle décrit deux mécanismes plastiques. Le premier, avec
écrouissage, correspond à la variation de volume lors de la compression primaire. Le deuxième
introduit la rupture en cisaillement représentée par la droite de Mohr-Coulomb, définie par une
cohésion c, un angle de frottement ϕ et un angle de dilatance ψ. Ce dernier paramètre contrôle
l'augmentation de volume due à la rupture en cisaillement.
La pression de préconsolidation Pp , qui est la plus grande contrainte volumique que le sol a
subie au cours de son histoire, sépare le domaine élastique du domaine plastique (Figure 2).
Le modèle HSM, du même type que le modèle de Ducan et Chang, est adapté à tous les
types de sol. Dans ce modèle, la déformation verticale ε1 et la contrainte déviatorique q sont
reliées par une loi hyperbolique. La surface de charge décrit deux mécanismes avec
écrouissage contrôlant respectivement les déformations volumique et déviatorique. Le critère
de rupture en cisaillement qf dérive du critère de Mohr-Coulomb.

336
εv q
1 M.C.
λ∗
κ∗ écrouissage
1

pp ln p ' c tan −1 ϕ pp p'


Figure 2. Courbe contrainte-déformation volumique et surface de charge du modèle SSM.

Les modules dépendent des contraintes selon des fonctions puissance. E 50ref étant le module
correspondant à une contrainte de confinement P ref prise égale à 100 kPa et m un paramètre
de puissance de l'ordre 0,5 pour les milieux granulaires assez raides, le module de chargement
primaire E50 qui dépend du confinement s'écrit :

m
 c cos ϕ − σ ' 3 sin ϕ 
E 50 = E ref
  (8)
 c cos ϕ + P sin ϕ 
50 ref

qa q
qf M.C.

Eur

E50 écrouissages
1
1
− ε1 c tan −1 ϕ pp p'
Figure 3. Courbe contrainte-déformation axiale et surface de charge du modèle HSM.

La variation du module œdométrique Eoedo et du module de déchargement-rechargement Eur


est également définie de manière similaire avec Eurref = 3E50ref (Figure 3).
Le logiciel PLAXIS permet de prendre en compte les couplages hydromécaniques. Il est
possible de déterminer la dissipation des surpressions interstitielles au cours du temps quelle
que soit la loi de comportement et l'état élastique ou plastique dans lequel se trouve le sol.
Le tableau I présente les différents modèles étudiés.

337
Tableau I. Modèles étudiés
Nom Méthode de calcul Lois de comportement
du Sol Colonne ballastée
Modèle
MP Module pondéré Elastique Elastique
P95 Priebe (1995) Elastique Elastoplastique
Mohr-Coulomb
MC M.E.F. Elastique Elastoplastique
Mohr-Coulomb
HS- M.E.F. Elastoplastique Elastoplastique
SS SSM HSM
Ut1 Consolidation Elastique ----
(Terzaghi, Barron, etc.)
Ut2 M.E.F. (consolidation) Elastoplastique Elastoplastique
SSM HSM

4. Choix des paramètres hydromécaniques

4.1. Le sol

On considère une couche de sol mou normalement consolidée de 6 m d'épaisseur reposant sur
un substratum et dont le comportement est convenablement décrit par le modèle SSM. Cette
couche est renforcée par un réseau de colonnes ballastées et supporte un dallage rigide non
pesant par l'intermédiaire d'un matelas de répartition (élastique) de 0,5 m d'épaisseur et de
poids volumique γ = 20 kNm-3. Les deux tiers inférieurs de cette couche sont immergés dans la
nappe phréatique. Ses modules œdométriques sont déterminés en la subdivisant en trois sous-
couches de 2 m d'épaisseur chacune et en appliquant la formule suivante où σ 0' , la contrainte
verticale effective, prend successivement les valeurs de 26, 50 et 66 kPa et la surcharge ∆σ z' la
valeur de 50 kPa :

−1
  σ '+ ∆σ z '  
 log 0 
 Cc  σ 0 '  
'
E oed = (9)
 (1 + e0 ) ∆σ z ' 
 
 

Le tableau II récapitule les principales propriétés prises en compte pour le sol selon les
différents modèles étudiés.

4.2. La colonne ballastée

Le diamètre des colonnes dépend des propriétés du sol en place et de la méthode de mise en
œuvre. Un diamètre de 750 mm correspond à une valeur courante pour le sol défini
précédemment.
Il est admis que le comportement d'une colonne ballastée peut être correctement décrit par
un modèle élastoplastique parfait de Mohr-Coulomb avec un module d’Young Eycol pris égal à
60 MPa et un angle de frottement interne ϕcol égal à 38 degrés. La détermination des modules
du modèle HSM correspondant est faite sur la base des résultats de Lengkeek (2003). Cet
auteur a réalisé une étude sur les sables à partir de corrélations entre les résistances de pointe
mesurées au pénétromètre, les densités relatives et les modules de déformation sécants de
sols en place. Pour un milieu de densité relative supérieure à 0,85, il propose de considérer

338
E 50ref = 62 MPa et E oed
réf
= 73 MPa. Il semble que ces valeurs, adaptées pour des sables, puissent
être majorées dans le cas de graviers et cailloux. Après plusieurs comparaisons avec le modèle
de Mohr-Coulomb, on retient pour la colonne ballastée les valeurs données dans le tableau II.

Tableau II. Propriétés du sol mou et de la colonne ballastée pour les différents modèles
Sol Colonne ballastée
Minéralogie Argile limoneuse Graviers, Cailloux
Granulométrie
Propriétés γd [kNm-3] 16 18
physiques γh [kNm ]
-3
18 20
e0 1 -
Propriétés c [kPa] 2 0
hydromécaniques ϕ [°] 25 38
ψ [°] 0 8
MD MC P95 0-6m MD MC P95
0 – 2 m Eoedosol[MPa] 1,43 Eoedocol [MPa] 96
2–4m 2,22 Eycol 60
4–6m 2,72 νcol 0,35
HS- SS HS- SS
0–6m λ* 0,033 ref
E eodo [MPa] 90
E 50ref 77
κ*
0,0065 ref
E ur 231
Ut1 Ut2 Ut1 Ut2
kv [ms-1] 10-8 10-10 kv [ms-1] 1

kh/kv 5 kh/kv 1

5. Détermination des contraintes initiales

Le choix de l'état de contraintes initiales est une des difficultés des calculs aux éléments finis.
Cette difficulté est encore accrue dans le cas des colonnes ballastées du fait de leur mode de
mise en œuvre par vibrofonçage, refoulement du sol en place et compactage des granulats
d'apport.
Théoriquement, l'état initial d'un sol à l'équilibre caractérisé par le coefficient des terres au
repos K0, est compris entre les états limites de poussée Ka et de butée Kp. Au voisinage d'une
colonne ballastée, le coefficient Ksol est plus élevé que K0 du fait du mode de mise en œuvre.
Ce phénomène est accentué quand le taux d'incorporation augmente. Dans un sol initialement
normalement consolidé, il y a donc un écrouissage et la formation d'un domaine de déformation
élastique. À défaut d’informations précises sur la valeur de Ksol, il est conseillé de faire une
étude de sensibilité des résultats à la variation de ce paramètre (Mestat, 1998). Toutefois, il est
possible d'en déterminer une valeur supérieure par défaut par des relevés topographiques. En
effet, dans un sol traité, en l'absence de phénomène de soulèvement, ce coefficient est au
maximum égal à 1 (Handy, 2001).
Cette valeur correspond aux résultats des mesures in situ et en laboratoire rapportés
respectivement par Vautrain (1980) et par Juran et Guermazi (1988). Cela correspond aussi à
l'hypothèse faite par Priebe (1995) sur les contraintes initiales dans le sol. On utilisera donc les
mêmes hypothèses que ce dernier pour faire les calculs aux éléments finis.
De plus, on a pris en compte, pour le modèle HS-SS, une contrainte de préchargement sur la
colonne ballastée de 450 kPa pour simuler l'écrouissage entraîné par un poids de l'ordre de 200
kN, correspondant à la mise en œuvre par compactage. De même, on a considéré pour ce

339
modèle une contrainte de préchargement de l'ordre de 5 kPa dans la première sous-couche de
sol pour simuler son écrouissage sous l'effet des surcharges de chantier.

6. Résultats des calculs

6.1. Contraintes

On compare la distribution des contraintes verticales effectives moyennes entre le sol et la


colonne ballastée pour les modèles numériques MC et HS–SS et le modèle P95 pour une
maille de 2,5 m x 2,5 m. Les profondeurs de 0 m, 2 m et 4 m correspondent aux toits de
chacune des sous-couches de sol définies précédemment.
Les résultats sont donnés pour une surcharge 20 kPa et une surcharge de 60 kPa en
considérant un comportement drainé pour les matériaux. Le couplage hydromécanique n'étant
pas pris en compte, aucune surpression interstitielle n'est générée et les résultats du calcul sont
donc des résultats à long terme.
Le mécanisme de transfert des charges en tête des colonnes ballastées se fait par
l'intermédiaire de la couche de répartition où se développe un effet de voûte (Figure 4), ce qui
nécessite une couche de répartition suffisamment épaisse et soigneusement compactée. Ce
transfert conduit à un déchargement du sol. Un matelas de répartition bien dimensionné aura
par ailleurs pour effet de minimiser les efforts de cisaillement et de flexion qui sont repris par le
dallage sus-jacent.

Figure 4. Effet de voûte dans la couche de répartition (calcul PLAXIS).

Le rapport de concentration des contraintes des modèles MC et HS-SS est de l'ordre de 10


pour la surcharge de 20 kPa et de l'ordre de 5 pour la surcharge de 60 kPa. Ce rapport est
croissant avec la profondeur dans les deux modèles numériques et dans le modèle P95. Les
contraintes verticales dans la colonne ballastée fournies par le modèle MC sont légèrement
supérieures à celles données par le modèle HS-SS. Il existe une différence de 20% dans le cas
de la surcharge de 20 kPa (Figure 5) et 10 % dans le cas de la surcharge de 60 kPa (Figure 6).
Le modèle P95 prévoit des valeurs plus élevées que les modèles numériques, mais la
différence s'atténue avec la profondeur. Cette différence qui est de l'ordre de 100 % en tête de
colonne ballastée diminue à des valeurs de l'ordre de 40 % pour les couches plus profondes.

340
200

contraintes 150
effectives
verticales
100
[kPa]
Pcol - P95
50 Pcol - MC
Pcol - HS-SS
Psol - P95
0 Psol - MC
0 Psol - HS-SS
2
4
profondeur [m]

Figure 5. Contraintes dans le sol Psol et dans la colonne ballastée Pcol


pour un maillage de 2,5 x 2,5 m et une surcharge de P0 = 20 kPa.

450
400
350
contraintes
effectives 300
verticales 250
[kPa] 200
150 Pcol - P95
100 Pcol - MC
Pcol - HS-SS
50 Psol - P95
0 Psol - MC
0 Psol - HS-SS
2
4
profondeur [m]

Figure 6. Contraintes dans le sol Psol et dans la colonne ballastée Pcol


pour un maillage de 2,5 x 2,5 m et une surcharge P0 = 60 kPa.

Dans les modèles numériques, les contraintes en tête de colonne ballastée sont limitées dès
que le critère de Mohr-Coulomb est atteint. C'est le cas même pour les surcharges relativement
faibles et de petits espacements de colonnes ballastées, car le confinement est plus faible à ce
niveau. Cela se traduit par la formation de bandes de cisaillement conjuguées et par une
augmentation de volume de la colonne ballastée (Figure 7). Cette plasticité n'entraîne toutefois

341
pas la ruine de l'ouvrage puisqu'elle est contenue par le sol encaissant et que la loi de
comportement de Mohr-Coulomb et la loi HSM utilisées pour modéliser la colonne ballastée ne
prévoient pas de phase de radoucissement. De plus, l'augmentation de volume de la colonne
ballastée a pour effet d'augmenter les contraintes radiales dans le sol et par là-même
d'améliorer son confinement. Le surcroît de contrainte ne pouvant être supporté par la colonne
ballastée reste appliqué sur le sol et le phénomène de transfert se réalise plus en profondeur où
le confinement est plus élevé.

Figure 7. Allure des courbes d'isovaleurs des déplacements horizontaux dans une colonne
ballastée et dans le sol encaissant avec formation de bandes de cisaillement en tête.

Les résultats montrent que le critère de Mohr-Coulomb n'est jamais atteint dans le sol. Ce
dernier reste donc élastique dans le cas des modèles MC ou bien sur la surface de charge
décrivant la compression volumique dans le cas des modèles HS-SS et Ut2. Cette absence de
rupture en cisaillement du sol ne doit pas être interprétée uniquement par l'effet de la diminution
de la contrainte qu'il reprend. En réalité, elle est aussi liée aux propriétés du sol et aux
conditions aux limites. On peut facilement montrer que le critère de Mohr-Coulomb est atteint
en conditions œdométriques pour une contrainte verticale σ 1 telle que :

2(1 − ν )c cos ϕ
σ1 = (10)
1 − 2ν − sin ϕ

avec la condition de signe 1 − 2ν − sin ϕ > 0 qui doit être vérifiée. Dans un sol en conditions
œdométriques, avec un coefficient de poisson ν et un angle de frottement interne ϕ ne vérifiant
pas cette condition de signe, le critère de Mohr-Coulomb n'est jamais atteint quelle que soit la
contrainte appliquée.

342
6.2. Tassements

On compare les tassements de cinq réseaux différents avec un espacement des colonnes
ballastées compris entre 1,66 et 4 diamètres, soit 1,25 m et 3 m.
La figure 8 montre les courbes d'isovaleurs des tassements correspondant au modèle de la
figure 7. On observe les bandes de cisaillement en tête de colonne ballastée et l'apparition d'un
léger mécanisme de frottement négatif entre le sol et la colonne vers 2 m de profondeur alors
qu'au-delà les tassements sont relativement uniformes.
Pour un même taux d'incorporation, le tassement est d’autant plus élevé que la charge est
élevée. Ce phénomène trivial est accentué par l'extension de la plasticité dans la colonne
ballastée.
Pour les surcharges relativement faibles de 20 kPa, on observe que les résultats des calculs
s'inscrivent dans un fuseau d'autant plus large que les taux d'incorporation sont grands (Figure
9). Les prévisions sont moins dispersées pour les surcharges plus élevées de 60 kPa. La
divergence des résultats, mise en évidence pour les faibles surcharges, doit toutefois être
relativisée puisque dans la réalité, l'économie d'un projet imposera un taux d'incorporation qui
se situera plutôt vers les faibles valeurs.

Figure 8. Allure des courbes d'isovaleurs des tassements.

Les facteurs de réduction des tassements prévus par la méthode du module pondéré sont
les plus faibles pour la surcharge de 20 kPa. Les prévisions de cette méthode sont directement
liées au choix du module de déformation de la colonne ballastée et indépendantes du niveau de
la surcharge. Ainsi, la limitation du module de déformation de la colonne ballastée à des valeurs
relativement faibles se justifie par la nécessité de limiter le facteur de concentration des
contraintes. Dans les méthodes où les matériaux sont modélisés par des lois de comportement
élastoplastiques, cette limitation stricte ne se justifie plus. Les contraintes qui restent liées au
contraste de rigidité existant entre la colonne ballastée et le sol pour les faibles surcharges,
sont limitées par le critère de cisaillement pour les surcharges plus importantes. À titre

343
d'exemple, des valeurs de modules 23 fois et 100 fois supérieures à celles du sol encaissant
sont considérées respectivement par Poorooshasb et Meyerhof (1997) et Priebe (1995).
Les résultats de la méthode des éléments finis dépendent des lois de comportement utilisées
et du niveau de surcharge appliquée. On note que le modèle MC est relativement pessimiste et
que le modèle HS-SS prévoit les facteurs de réduction des tassements les plus grands pour les
faibles surcharges. Cette observation traduit le fait que, suite à l'écrouissage du sol, sa
déformation s’effectue dans le domaine élastique.
Pour les surcharges et les espacements élevés, il se forme plusieurs bandes de cisaillement
sur toute la hauteur de la colonne ballastée et les tassements prévus par les modèles
numériques deviennent plus importants que ceux prévus par la méthode de Priebe (1995) ou la
méthode du module pondéré.
Il faut toutefois préciser que ce phénomène d'extension de la plasticité dans la colonne
ballastée réduit la pertinence des résultats de la méthode des éléments finis, puisque les
déplacements et l'augmentation de volume associée dépendent de la largeur des bandes de
cisaillement qui elles-mêmes dépendent du maillage du modèle.

8,00 5,00

7,00 4,50

4,00
6,00
3,50
5,00
β

3,00
4,00
2,50
3,00
2,00
2,00 1,50

1,00 1,00
2 7 12 17 2 7 12 17 22

1/a 1/a
MP-20-60 P95-20 M P-20-60 P95-60
MC-20 HS-SS-20 MC-60 HS-SS-60

Figure 9. Courbes de réduction des tassements pour des surcharges de 20 et 60 kPa.

6.3. Consolidation

Le calcul de la consolidation porte sur une maille de 2,5 m x 2,5 m. On considère la nappe
phréatique au niveau de l'assise du matelas de répartition. La figure 10 donne les résultats des
calculs pour deux valeurs du coefficient de perméabilité verticale du sol : 10-8 et 10-10 ms-1.
La prise en compte des propriétés mécaniques de la colonne ballastée conduit à réduire
significativement le temps de consolidation par rapport à celui prévu par les formules du
drainage vertical et radial (Ballam et Booker, 1981 ; Han et Ye, 2001). Pour les deux valeurs de
perméabilités prises en compte, le temps de consolidation est divisé par un facteur du même
ordre que le rapport de concentration des contraintes.
Simultanément au drainage, il y a une augmentation des surpressions interstitielles,
notamment en tête, liée à la déformation de la colonne ballastée et à l'augmentation des
contraintes radiales. Toutefois, cette augmentation est largement compensée par le transfert

344
des charges verticales vers la colonne ballastée qui se traduit par un déchargement du sol et
une réduction des surpressions interstitielles, d'où une accélération de la consolidation.

Temps [Jours] Temps [Jours]


0 1 100 10000 0 1 100 10000

0
0

10
10

Degré de consolidation [%]


Degré de consolidation [%]

20
20

30
30

40
40

50
50

60
60

70
70

80
80

90
90

Ut1 [%] Ut2 [%] Ut1 [%] Ut2 [%]


0

0
10
10

Figure 10. Accélération de la consolidation liée à la prise en compte des propriétés mécaniques
de la colonne ballastée.

7. Conclusions

En plus des méthodes analytiques proposées par différents auteurs, le développement de


logiciels basés sur des méthodes numériques élargit, pour les ingénieurs, le champ des
possibilités de calcul en déformation.
Quelle que soit la méthode de calcul et les modèles utilisés, il reste nécessaire de bien
maîtriser les données d'entrées à savoir : les différentes propriétés du sol et des colonnes
ballastées. Cela est d'autant plus vrai pour les modèles avancés (par exemple les modèles
SSM et HSM intégrés dans le logiciel PLAXIS), qui exigent un nombre important de paramètres
d'entrée et nécessitent donc de disposer d'une étude de sol de bonne qualité avec des essais,
in situ et en laboratoire, adaptés et en nombre suffisant.
Les résultats présentés dans cette communication montrent qu'il peut y avoir, en fonction des
surcharges et du taux d'incorporation, des différences de prévision parfois non négligeables
entre les différentes méthodes de calcul. La poursuite de recherches basées sur la réalisation
d'essais en vraie grandeur ainsi que le développement et la validation des méthodes de calcul,
notamment les méthodes numériques, sont donc souhaitables. Cela pourrait être réalisé, par
exemple, dans le cadre d'un projet national regroupant les centres de recherches, les
universités et les entreprises de fondations spéciales.

8. Références bibliographiques

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