Autoconstruction Tronco Def

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TECHNIQUES DE

L’AUTOCONSTRUCTION
À LA TRONÇONNEUSE
Outils et techniques pour construire une charpente en bois rond

la Petite
Bibliothèque Paysanne
Colporter nos communs
Également disponibles à la date de la présente publication :

Prêtes à être reprises et adaptées sur chaque ferme, plusieurs centaines de technologies appropriées sont
disponibles en partage (sous forme de plans, chroniques, vidéos, guides techniques, etc.) aux adresses
suivantes :
www.latelierpaysan.org
forum.latelierpaysan.org
Ce projet est soutenu dans le cadre du Réseau Rural National (www.reseaurural.fr) par des fonds Européens
FEADER, des crédits du Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt et du Commissariat Général à
l’Égalité des Territoires.

Les propos contenus dans cette publication n’engagent que leurs auteurs.

Un ouvrage collectif concocté par l’Atelier Paysan et coordonné par :

Selene DONI

Avec les contribution de :


Jean-Daniel BAZET1, Pierre BERTHET2, Jean Louis CANNELLE2,
Hervé CIVIDINO3, Arnaud GUEGNARD4, Quentin GUERRAZ5,
Hervé JOURDAIN4, Jean-Philippe VALLA2.

Nous tenons à remercier tout le comité de travail qui a participé activement à la mise en
place de ce document et à en nourrir les différentes parties.

Lorsqu'elles ne sont pas sourcées, les illustrations sont mises à disposition par Jonas Miara,
Lucas Liette ou Selene Doni. Certains dessin sont librement inspirés d'ouvrages présentés
en bibliographie.

1 : Paysan autoconstructeur
2 : Paysan autoconstructeur et sociétaire de l'Atelier Paysan
3 : Vice-directeur CAUE 45
4 : Bûcheron
5 : Charpentier
TECHNIQUES DE
L’AUTOCONSTRUCTION
À LA TRONÇONNEUSE
Outils et techniques pour construire une charpente en bois rond
Préambule
L’Atelier Paysan est la plateforme francophone des technologies paysannes appropriées. Réuni·e·s en
Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), nous développons depuis 2009 une approche singulière de l’outil de travail
paysan : accompagnement à la réappropriation de savoirs paysans et à une autonomisation dans le domaine des
agroéquipements adaptés à une agriculture biologique et paysanne. Concrètement, il s'agit de recensements des
réalisations sur le fermes, accompagnement à la conception de machines et bâtis paysans, formations à la l’auto-
conception ou aux techniques de l’autoconstruction, diffusion des savoirs et savoir faire, et portage, dans le cadre du
collectif InPACT, de la notion de souveraineté technique et technologique des paysans.

Pour aller plus loin :


L'esprit et la méthode de l'Atelier Paysan :
https://www.latelierpaysan.org/Qui-sommes-nous

Quelques machines agricoles libérées :


https://www.latelierpaysan.org/Plans-et-Tutoriels

Plusieurs centaines de machines et bâtis paysans recensés :


http://forum.latelierpaysan.org/

Quelques pistes de lecture :


https://www.latelierpaysan.org/Liens

Les formations dispensées par l'Atelier Paysan et ses partenaires :


https://www.latelierpaysan.org/Les-formations

Les techniques et les technologies ne sont pas neutres. Les technologies agricoles représentent un des nœuds
principaux de l’orientation des modèles de production. Une réappropriation massive de ces technologies par
les usager·e·s – technologies qui façonnent les quotidiens et les systèmes agricoles et alimentaires - est devenue
indispensable. Dis-moi avec quelles machines tu travailles et je te dirai quelle agriculture tu pratiques... L’avènement
du tracteur a marqué un virage dans les économies globales de nos pays industrialisés (et pas seulement dans le secteur
agricole). Le complexe agro-industriel a largement fait son lit de cette modernisation technologique, vantée, imposée
à marche forcée, sans précaution aucune sur les conséquences, ici et là-bas, des modèles qui allaient être dessinés.
La question technologique dans le domaine agricole est depuis des décennies, et encore aujourd’hui, un véritable
impensé scientifique, politique et syndical, alors même que l’outil de travail fait partie du quotidien des fermes, des
paysan·e·s qui les font vivre. Entre sur-dimensionnement, standardisation indispensable à l’industrialisation, non-
sens agronomique et incitation fiscales et sociales aux investissements inutiles, c’est une partie significative du parc
machine écoulé dans les fermes qui ne sert pas à grand chose, sauf à mettre en difficultés techniques, ergonomiques,
économiques ou sociales quantité de communautés paysannes, quand elles résistent encore.

Nous assistons actuellement à une accélération de la fuite en avant technologique, à laquelle aucun pan de nos
sociétés, aucun secteur d’activité n’échappent, sous prétexte de renouvellement de nos compétitivités sur le “marché
monde”, de modernité, d’innovation... Le sur-dimensionnement, le surendettement, le surinvestissement ne sont pas
étrangers aux crises agricoles actuelles et à l’assujettissement des fermes aux logiques industrielles. Dans le même
temps, l’offre technologique et matérielle disponible pour les agriculteurs s’oriente toujours plus vers l’automatisation,
la digitalisation et la robotique, au mépris de toute possibilité de débat public préalable. La digiferme est en marche,
et son expansion est stimulée par une technophilie béate. Rien de bien nouveau cependant : il faut rechercher loin
en arrière les causes qui ont façonné l’inconscient paysan et qui marquent encore aujourd’hui la prépondérance du
machinisme et du tracteur en particulier, et plus largement de l’ensemble de l’outil ferme (ou exploitation agricole)
comme un artificiel révélateur de la réussite professionnelle. En surface.

Le bâti paysan n’échappe évidemment pas à ces grands mouvements de modernisation techniciste. Par la
digitalisation à marche forcée, nous allons accélérer le phénomène d’obsolecence programmée de bâtiments agricoles
d’ores et déjà jetables, industrialisés, standardisés, à régulièrement renouveller. Avec un sur-enchérissement des outils
de production, une sur-capitalisation exacerbée, un sur-endettement inacessible pour une agriculture biologique et

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paysanne, c’est à dire à taille et visage humains. C’est une politique volontariste complètement à rebours des enjeux
actuels et des signaux d’alerte : un système agro-industriel à bout de souffle, et qui, non content, accélère. Les mises
en mots sont ajustées, les raisons de ces dynamiques maquillées : l’essor de l’agroécologie ne dépend plus que de
l’émergence d’une french-tech agricole ! Les bâtiments du futur seront digitaux, automatisés ou ne seront pas. Cela
provoquera invitablement une prolétarisation supplémentaire du monde paysan, confronté à un outil de travail qui
lui échappe, dans tous les sens du terme, puisque progressivement pilotable à distance. Des bâtiments robotisés,
standardisés, dés-/transhumanisés.

Pour aller plus loin :

Le plaidoyer InPACT pour une souveraineté technique et technologique :


https://www.latelierpaysan.org/Plaidoyer-souverainete-technologique-des-paysans

Les actes du séminaire sur la Souveraineté Technologique, qui s'est tenu en Avril 2017 à Paris :
http://www.latelierpaysan.org/IMG/pdf/atelier_paysan_-_actes_ok.pdf

Des conférences à visionner sur le sujet :


https://www.latelierpaysan.org/Nos-conferences

Pour une histoire critique de la machine agricole, chroniques visuelles :


https://www.latelierpaysan.org/Pour-une-histoire-critique-de-la-machine-agricole-chroniques-visuelles-2749

Pour des bâtiments paysans appropriés


Nos tournées de recensement, nos chroniques, la construction de nos cycles de formations nous ont apporté une
matière considérable. Et un constat s’impose : beaucoup de paysan·ne·s font preuve de débrouillardise et d’inventivité,
construisant avec ce qu’ils et elles ont sous la main, mobilisant les copains, de manière frugale, compatible avec les
choix techniques, et en accord avec la philosophie de la ferme : paille, écoconstruction, réemploi, récupération,
chantiers collectifs... Ces expériences paysannes de terrain constituent autant de témoignages à partager, colporter.
Et les bâtiments agricoles forment un sujet majeur, car ils constituent une part essentielle de l'outil de production,
de la ferme. Les volumes d’investissement sont potentiellement considérables et pèsent, sur la durée, sur le modèle
économique et ergonomique de la ferme. Les conséquences d’une conception en amont bien ou mal pensée peuvent
être redoutables, tandis que la portée symbolique du bâti (pour soi, pour les autres) est démultipliée. L’exercice est
périlleux. Creuser le sujet était donc une nécessité. Depuis janvier 2015, l’Atelier Paysan s'est tourné, à sa manière,
vers la question des bâtiments paysans, à travers le prisme de l’auto-conception et de l’auto-construction.

Nous n’aborderons pas ici en détails les bénéfices et limites des démarches d’auto-conception et d’autoconstruction
(et plus largement d’auto-production). Nous l’avons déjà copieusement fait (voir les liens à explorer plus haut),
et surtout d’autres, beaucoup plus nombreux l’ont fait par ailleurs, et pour beaucoup bien avant nous. Notons
simplement ici le caractère émancipateur à tous points de vue de cette approche, tant la mise en place d’un outil de
travail approprié, donc notamment la réalisation d’un bâtiment agricole approprié, est centrale dans la réussite d’une
aventure paysanne.

Simplement, l’autoconstruction d’un bâtiment agricole est un chantier d’ampleur (par rapport à la réalisation d’une
machine par exemple) et ajoute, dans une franche proportion, une dimension collective à un projet intimement
personnel. Au moins dans la perspective d’une inscription forte et durable dans une communauté paysanne locale
au sens large du terme, cette approche collective est un important facteur de réussite et de solidité d’une installation
paysanne.

Nous nous sommes concentrés sur la technique constructive de bâtiments agricoles avec un matériau brut : les
bois ronds, autrement appelés fustes. Parce que cette méthode est très abordable techniquement. Parce qu’elle est à
notre sens, trop peu documentée. Et parce que les autres techniques constructives, écologiques, reproductibles par

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l’approche autoconstruction, et adaptables aux bâtiments agricoles, ont déjà été très richement documentées par
ailleurs : les savoir-faire existants, les témoignages de terrain bénéficient d’une capitalisation et d’une expérience déjà
considérable.

Le bâti agricole, globalement, est moins complexe, dans sa conception et sa réalisation, qu’une habitation aux
performances écologique ajustées aux enjeux actuels. Le bâti agricole, quoique devant considérablement renforcer
ses explorations sur la question énergétique, demande clairement moins de temps de conception, de préparation, de
réalisation qu’une construction destinée à l’habitat humain.

Quand un chantier est très bien préparé, anticipé, approvisionné, maîtrisé, encadré, c’est le gage d’une réalisation moins
complexe, plus sereine. Les montants à investir, à surface égale, sont infiniment moins élevés dans une démarche
d’autoconstruction que dans le cas d’une construction majoritairement confiée à un tiers avec des matériaux plus
douteux, qui plus est si on s’empare de la technique présentée dans ce document. Nous ne parlons ici que de l’enveloppe
d’un bâtiment agricole, pas des aménagements intérieurs : avec une très forte proportion d’autoconstruction, une
dépense se situant autour de 100 € HT du m², terrassement et dalle comprise, peut donner une indication, relative.

Les temps de préparation et de réalisation seront très variables, d’un projet à l’autre. Ils seront fonction du contexte
local, bien évidemment, mais également des ressources en matériaux, en savoir-faire, en expériences similaires
disponibles localement, du temps qu’il est possible de libérer et de consacrer à la conception et la réalisation d’un
bâti agricole ; de la capacité à mobiliser un collectif pour la réalisation, donc de s’investir également dans d’autres
chantiers faisant appel au collectif afin de faire vivre et circuler une approche partageuse, du don contre-don.

Arrêtons-nous ici sur la préparation : le chemin d’approche, avant de se lancer, est à scrupuleusement parcourir :
interroger le bâtiment et ses aménagements, le penser au regard des multiples fonctions qu’il doit remplir, anticiper
l’évolution sur un temps long, sont des critères fondamentaux pour bien concevoir un bâtiment qui, ne l’oublions pas,
est un lieu de travail au quotidien ! Auto-concevoir, et pour les plus avancé·e·s, auto-construire un bâtiment ne sont pas
des démarches faciles, mais elles permettent le sur-mesure, la modularité, la personnalisation, et l’appropriation donc
l’autonomie : construire soi-même, c’est l’assurance de savoir réparer soi-même, de faire des économies considérables
par rapport à un bâtiment construit via une démarche conventionnelle et, en outre, d’avoir un lieu personnalisé.
Toute entreprise de conception se doit de porter attention particulière aux détails d’un projet qui, s’ils sont négligés,
peuvent contraindre le travail, alourdir la fatigue ou même entraver l’effort de production. Le cas échéant, ces détails
deviennent des défauts : une marche mal placée, une porte trop petite, deux étapes de transformation séparées par
un étage, l’absence d’un appentis pour couvrir une entrée, l’absence d’un sas entre deux espaces, l’absence d’un quai
de chargement, le manque d’anticipation de l’emplacement pour permettre l’extension, la défaillance dans la marche
en avant des produits de la ferme, etc.

Et enfin, le temps qui sera consacré au projet de bâtiment sera dépendant de l’expérience pratique des paysan·ne·s.
Une expérience déjà présente, ou qui sera à construire par des cheminements plus ou moins longs, encouragés par
l’efficacité de l’apprentissage de pair-à-pair.

Les plus expérimenté-e-s pourront même contribuer et prolonger ce premier gros travail de colportage.

En partageant vos expériences de terrain lointaines ou actuelles, vos difficultés et vos réussites, vos trucs et astuces,
vous contribuerez à un pot commun indispensable, car fruit de communautés paysannes qui (re)prennent en main
leurs outils de travail et qui (re)construisent leurs indispensables autonomies, leur émancipation. Les mises à jour de
ce guide à venir n’en seront que plus riches, plus appropriées, plus appropriables.

Les ressources mobilisées pour la mise en place de ce travail ont été multiples. Visites et chroniques de terrain, mise
en place de cycles de formations et échanges avec les paysan·ne·s ont constitué la matière pour la rédaction de cet
outil. Ce guide est le résultat d’un travail collectif, d’une collecte de données, d’expériences, de réussites de terrain qui

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ne nous appartiennent pas, et que nous contribuons à verser au pot commun des savoirs et savoir-faire paysans. Il
constitue une étape, à faire vivre, qu’il nous fallait poser et diffuser, pour inciter, et avancer. Nous assumons les lacunes
ou les impasses. Que les personnes qui ont richement contribué à ce travail soient remerciées ici. Nos éventuelles
mauvaises interprétations de témoignages et contributions de terrain ne relèvent que de notre propre responsabilité.

Faites-vous connaître, contribuez et faites tourner !

Témoignage de sociétaire
Pierre Berthet (paysan boulanger, autoconstructeur et sociétaire de l'Atelier Paysan)

« Tout le monde n’est pas autoconstructeur : l'autoconstruction relève en premier


lieu d'un intérêt pour la construction en général, de ses techniques et de ses enjeux. Il y a
en effet plus simple pour qui n’y a ni goût ni talent particulier, et il est possible de trouver
des solutions plus rapides et moins chronophages, dans des catalogues de bâtiments en
kit ou en faisant appel à une entreprise.

Ces solutions, certainement plus onéreuses, nécessitent souvent une prise en charge
partielle ou totale par la subvention, pour être viables pour les paysan·ne·s. Et c’est une
autre source de difficulté, ces aides pouvant être conditionnées à des critères (filière,
surface, production ...) qui excluent les paysan·ne·s en phase d'installation ou celles et
ceux qui travaillent sur des petites surfaces. Une complexité certaine, et une question
posée : sommes-nous tou·te·s égaux·ales face à la subvention ? Il me semble que non,
et qu’elles peuvent même contribuer, dans la majorité des cas, à orienter la construction
vers des choix prédéfinis par l'État ou par l'organisme qui les met en place.
Mis à part les raisonnements purement pécuniers, chantier d'autoconstruction signifie maîtrise de ses choix, de ses
actions. On ne se situe pas dans un système prédéfini, sans doute plus facile mais aussi très contraint, dans lequel on
est très limité, plus dirigé.

En outre, dans un monde de surproduction et de survitesse, l'autoconstruction permet de créer un outil d'échange

»
des compétences avec les autres paysan·ne·s et plus généralement avec les autres habitants du territoire. C'est un
formidable outil pour les aider à se désenclaver de leur ferme, à lever la tête et à s'ancrer au territoire.

Ce document entre dans le cadre du projet MCDR Usages. Cette Mobilisation Collective pour le Développement
Rural est un programme de travail, mis en place avec d’autres structures, qui cherche à impliquer directement les
usager·e·s dans le processus d’innovation. Cette mobilisation vise à établir un autre rapport à la technique, et un autre
rapport à l’implication des usager·e·s, qui sont bien plus que des utilisateur·rice·s passif·ve·s, associé·e·s au-delà d’une
innovation pensée pour elles et eux, mais sans leur concours.

Pour en savoir plus sur le projet USAGES :


https://www.latelierpaysan.org/Le-projet-USAGES-2133

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Sommaire

Remerciements 3
Préambule 6
Partie I : Les clefs pour autoconstruire 13
1.1 Réglementation  15
Permis de construire et déclaration préalable 16
Garanties et assurances de chantier 18
Les matériaux considérés "hors-norme" 19
1.2 Conception 21
Fonctions et surfaces 22
Insertion dans le paysage et orientation 24
Conception de la charpente 26
1.3 Formation coupe et levage d'une charpente : 33
La préparation du chantier 34
Formation coupe d'une charpente 36
Formation levage d'une charpente 38

Partie II : Choisir, abattre et transporter 41


2.1 Les essences 43
Point sur l'exploitation forestière 44
Essences et classes de service 45
Les essences communes à la construction des charpentes 46
2.2 Abattage et débardage des arbres 49
Points de vigilance pour l'utilisation d'une tronçonneuse 50
Choix et abattage  52
Débardage 58
2.3 Approvisionnement et préparation du bois 61
Livraison du bois ou transport 62
Les défauts du bois  63
L'écorçage 65

10 sommaire
Partie III : Couper, assembler et lever 67
3.1 Se préparer à la coupe 69
Les outils de chantier 70
Affûtage et entretien d'une tronçonneuse 72
Tracer une épure 74
3.2 Les assemblages 77
Panorama des assemblages en bois rond 78
Positions de la tronçonneuse et coupes 80
Réalisation des assemblages principaux 82
3.3 Levage de la charpente 87
Points de vigilace sur le chantier 88
Outils de levage 90
Assemblage des charpentes  92

Partie IV : Des exemples de réalisation 95


Paysan boulanger : abri en grumes (ferme de Sébastien Bénoit) 96
Hangar en grumes (la ferme du Mont Charvet) 98
Grande surface en grumes (ferme des Pierres Gardées) 100
Grumes et pierre sèche (miellerie de Boissy) 102
Bois ronds et connecteurs (ferme de Jean-Louis Cannelle) 104

Enrichir les communs 106


Glossaire 107
Bibliographie 108
Annexes 111

11
12
Partie I : les clefs pour
autoconstruire

Cette première partie explore les clefs de l’autoconstruction. C’est à dire les différents éléments qui entrent
en relation en amont de la réalisation d’un projet de construction.
Le premier sujet abordé sera la réglementation : argument complexe qui mériterait un ouvrage dédié.
Pour cette raison, ce chapitre se concentrera sur l’exploration de quelques éléments techniques et leur application à
l'autoconstruction, nourris des expériences pratiques des paysan·ne·s autoconstructeur·rice·s.
Thématique directement reliée à la réglementation, la conception est un autre pilier du projet architectural.
Pour la réalisation d'un projet de bâtiment, certaines notions ne sont pas à négliger pour que le bâtiment réalisé soit
au plus proche des intentions du départ. Les aborder, même de manière non exhaustive, permet de les avoir dans un
coin de tête lorsqu’on essaye de mettre sur papier une idée de bâtiment. Elles existent et elles sont là pour une raison !
Ce ne sont pas des règles, mais des éléments à considérer ; comme la météo pour avoir une bonne récolte.
Pour conclure cette première partie, nous verrons un aperçu du déroulement de la formation de coupe et
levage de charpente, qui sera utilisée comme exemple tout le long de ce livret.

13
14 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
1.1/ Réglementation

Permis de construire et déclaration préalable


Garanties et assurances de chantier
(Partie Corentin)
Les matériaux considérés "hors-norme"

Réglementation 15
Permis de construire et déclaration préalable
Quand le permis de construire est-il obligatoire ?

Les projets de construction sont soumis à des formalités différentes selon l'importance des travaux :

Affichage obligatoire du panneau de chantier (p. 88)

Le recours à un architecte est obligatoire, mais il existe des dérogations :


« [...] Par dérogation (...), ne sont pas tenues de recourir à un architecte les personnes physiques ou
exploitations agricoles à responsabilité limitée à associé unique qui déclarent vouloir édifier ou modifier,
pour elles-mêmes, une construction de faible importance dont les caractéristiques, et notamment la
surface maximale de plancher, sont déterminées par décret en Conseil d’État. Ces caractéristiques peuvent
être différentes selon la destination des constructions. [...]»
(Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l'architecture ART.4 - version consolidée au 26 février 2018)
Les constructions suivantes sont considérées de faible importance : (Article R*431-2 du code de l'urbanisme)
- Une construction à usage autre qu'agricole dont la surface de plancher n'excède pas cent cinquante mètres carrés.
- Une construction à usage agricole dont à la fois la surface de plancher et l'emprise au sol au sens de l'article R. 420-1
n'excèdent pas huit cents mètres carrés.
- Des serres de production dont le pied-droit a une hauteur inférieure à quatre mètres et dont à la fois la surface de
plancher et l'emprise au sol au sens de l'article R. 420-1 n'excèdent pas deux mille mètres carrés.
Déposer une demande de permis de construire RÉSE AUX E T C A N A LIS AT IONS :
La liste des pièces à fournir pour déposer une demande Avant de commencer le chantier,
de permis de construire apparaît dans le formulaire CERFA n° vous devez contrôler la présence de
13409*06. Cependant, le pétitionnaire doit justifier la nécessité de canalisations sur le terrain de projet
son projet agricole (voir sous-partie "construire en zone agricole pour éviter d'abîmer le réseau avec les
ou zone naturelle"). engins. Vous pouvez vous renseigner
directement auprès des distributeurs ou
Pour réaliser le plan de situation (PCMI 1) vous pouvez vous servir du télé-service d'INERIS.
vous servir du site géoportail où vous pouvez imprimer une carte
Télé-service :
IGN ou la vue aérienne avec les parcelles cadastrales, pour montrer http://www.reseaux-et-canalisations.ineris.fr/
les alentours de la parcelle en projet. Les autres documents (plan
de masse, plan des façades et toitures, plans et insertion) peuvent être réalisés à la main, si vous êtes à l'aise avec un
crayon, ou avec un logiciel de dessin (voir p. 23 "l'importance du dessin").

Le formulaire CERFA du permis de construire : Le site du géo-portail :


https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R20835 https://www.geoportail.gouv.fr/

16 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


C AS PARTICULIERS :
Les exploitations de haute montagne et
Après avoir recueilli les différents documents, le dossier doit littorales nécessitent une dérogation du
être déposé en Mairie. Si le dossier est complet, dans les 15 jours le CDNPS (voir glossaire). En outre tous
demandeur sera informé de la date limite pour la décision. Le délai de les projets en zone patrimoniale ou zone
réponse dépend du type de projet : un mois pour la déclaration préalable, à risque sont étudiés au cas par cas par
deux mois pour une maison individuelle, trois mois pour les autres les mairies. L'autoconstructeur·rice peut
se renseigner directement aupres de la
constructions, cinq mois pour les projets soumis à la CDNPS (dérogation
mairie ou consulter le CAUE la plus
aux lois littoral et montagne) et six mois pour les zones protegées ou proche pour avoir des conseils.
inscrites au titre de monument historique.
A défaut de réponse, le permis est tacite, mais il peut être retiré dans les trois mois suivants s'il est illégal. Il
est possible de demander un recours administratif à la Mairie dans les deux mois à compter de la date de réception de
la décision ou demander un recours au Tribunal Administratif dans les deux mois suivants la date de réception de la
décision ou la réponse au recours administratif.
Construire en zone agricole (ZA/A) ou zone naturelle (ZN/N)
De plus en plus de communes en France disposent d'un plan local d'urbanisme (PLU),
qui remplace l'ancien plan d'occupation des sols (POS). Les principe est simple : un document
de planification de l'urbanisme basé sur un diagnostic territorial et sur les objectifs politiques
de la collectivité. Toutes les communes dotées d'un PLU ou d'un POS définissent un zonage qui
indique les secteurs et les grands choix réglementaires mis en place sur un périmètre donné.
Les exploitations agricoles ou forestières se trouvent, dans la majorité des cas, dans des
zones agricoles ou naturelles qui sont, par définition, inconstructibles. Cependant, il existe des
dérogations pour des constructions ou installations définies comme nécessaires à l'exploitation
Exemple de zonage dans un PLU
agricole (Loi 151-12 du code l'urbanisme, ART R. 151-23 et 123-18). [Source : PLU 2016 ville de Cerny (91)]

Les installations sont considérées nécessaires si elles sont indispensables au bon fonctionnement de
l'exploitation et ce lien de nécessité est vérifié avec des critères justifiés par le pétitionnaire. Les renseignements
fournis, pour préciser les éléments justifiant la nécessité du bâtiment, concernent : les caractéristiques de l'exploitation
(superficie, matériel requis, productions,…), la configuration et localisation des bâtiments (existants ou non) sur
l'exploitation, l'exercice effectif de l'activité agricole.
Exemple de fiche de renseignements à joindre au permis de construire :
http://www.ain.gouv.fr/IMG/pdf/batiment_exploitation_agricole_Fiche_Aide_Justification.pdf

Pour toute construction sur un terrain agricole, la ferme doit respecter la taille d'exploitation minimale :
« La surface minimum d'installation (SMI) est fixée [...] pour chaque région naturelle du département et
chaque nature de culture. Elle est révisée périodiquement [...] Pour les productions hors sol, une décision
du Ministre de l'Agriculture fixe les coefficients d'équivalence applicables uniformément à l'ensemble du
territoire sur la base de la [SMI] nationale» (L312-6 du code rural)
Attention : d'autres normes spécifiques peuvent s’appliquer selon la destination du bâtiment. Ces particularités se
traitent au cas par cas, selon la filière.

Nécessité d'habiter sur l'exploitation


ASTUCE :
La construction d'un logement doit être justifiée par des contraintes
fortes et permanentes, telles que : suivi des cultures, surveillance des animaux ou Entrer en contact avec tous les
interlocuteurs (Mairie, DDT,
processus de transformation. Dans les détails, chaque Préfet de Région exprime, par le
...) dès les premières phases
Tribunal Administratif, les contraintes de la région. de projet pour connaître les
Dans le cas d'une création d'activité, période transitoire et fragile, il est conseillé contraintes et les informer
de demander les autorisations progressivement pour ne pas avoir de mauvaise surprise. du projet. Ainsi, les chances
La demande peut se faire dans un premier temps pour les bâtiments agricoles et plus tard d'obtenir le permis de
construire sont beaucoup plus
pour une éventuelle habitation, en tenant compte que la taille minimale requise pour le
fortes.
départ de l'exploitation sera limité, dans un premier temps, à la 1/2 SMI avec l'objectif
d'une SMI à terme.

Réglementation 17
Garanties et assurances de chantier

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2034
Site officiel de l'administration française :
En cas de désordre dans le bâtiment, l'assurance fera appel à un expert qui cherchera à trouver l’origine
du problème. Pour cela, il fera un travail de comparaison avec des textes et documents de mise œuvre du principe
constructif, comme les DTU (Plus de détails voir la partie "matériaux hors-norme").
Dans tous les cas, ces garanties visent à protéger le Maître d'ouvrage (personne morale ou physique pour
qui le bâtiment est construit) en obligeant la Maîtrise d’œuvre (exécutant les travaux) à réparer les dommages. Il est
évident que, dans le cas de l'autoconstruction, maître d'ouvrage et maître d’œuvre sont la même personne et, selon
la court de cassation dans un arrêt du 7 novembre 2012 (N° de pourvoi: 11-25370) , cette dernière est responsable de
son bâtiment :
« Un constructeur, qu’il s’agisse d’un professionnel ou d’un particulier, est responsable des dommages,
qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou qui le rendent impropre à sa destination, et ce pendant dix
ans. Ainsi un particulier qui réalise lui-même ses travaux de construction en est responsable et est
redevable de la garantie décennale en cas de vente du bien. »
Donc en étant Maître d’œuvre, l'autoconstructeur·trice est responsable pendant dix ans du bâtiment réalisé
(sans avoir accès à une garantie décennale comme maître d'ouvrage) et, en parallèle, comme maître d'ouvrage il /
elle doit souscrire une assurance de dommage (dite assurance
"dommages-ouvrage"), qui a pour objet d'intervenir en LES CASTORS :
préfinancement des dommages de nature décennale. Les castors est une association qui organise des
formations à l'autoconstruction et des chantiers
L'assurance "dommages-ouvrage" (DO) est obligatoire
participatifs. Ils s'occupent également de faire bouger
pour toute construction, mais elle ne s'applique pas à « [...] les lignes pour la réglementation dans le champ de
la personne physique construisant un logement pour l'occuper l'autoconstruction. Ils ont notamment mis en place
elle-même ou le faire occuper par son conjoint, ses ascendants, une assurance pour les chantiers participatifs avec
ses descendants ou ceux de son conjoint. » (L243-3 du code des une option d'assurance complémentaire accidents de
assurances). la vie. En outre, sera bientôt disponible une assurance
dommage aux biens pour la phase de chantier.
Par conséquent, pour une construction agricole, la Les castors en Rhône-Alpes :
banque peut exiger une DO pour délivrer un prêt bancaire, http://www.castorsrhonealpes.fr/
puisque cette dernière est obligatoire. Au contraire, elle ne peut
L A FÉDAC :
pas exiger une DO pour la construction d'un logement (vu la
dérogation ci-dessus), mais elle peut refuser un prêt bancaire, La FÉDAC (FEDération des ACcompagnateurs à
l’autoproduction et à l’entraide dans le bâtiment) est
étant donné que les conditions de prêts sont déterminées par les
en train de mettre en place une décennale pour les
règlements internes à la banque-même. En général la solution est chantiers accompagnés par des professionnel·le·s. A
de faire le tour des banques pour augmenter les chances d'obtenir ce jour ils sont encore dans une phase de réflexion,
un prêt. Ne pas hésiter à ajouter des documents montrant des mais vous pouvez rester informé·e·s via leur site
formations ou diplômes en construction obtenus. internet.
Site officiel de la FédAc:
https://www.fedac.fr/

18 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Les matériaux considérés "hors-norme"
LES NORMES DE CHANTIER :
Normes juridiques de la construction
Le maître d’ouvrage est LA personne
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il y a très responsable du chantier (L4532-7, code
peu de normes qui soient obligatoires dans le bâtiment, pour du travail). Ne vous lancez dans l’auto-
construction, et encore plus dans un
l'essentiel : une norme sur l’électricité, la réglementation du permis chantier participatif, qu’en ayant bien
de construire (voir p. 14) et la réglementation thermique. conscience des responsabilités et de
l’engagement pris, pour vous comme
La norme électrique exige, dans le cas d'installation pour votre entourage.
d'un nouveau compteur, un état des lieux du consuel qui vérifie
que l'installation est bien aux normes. Si ce n'est pas le cas, ERDF Ne pas oublier de prévoir des
équipements de protection collectifs et
refusera de brancher le réseau à un compteur définitif en sachant individuels selon le type de chantier.
qu'un compteur de chantier est limité dans le temps.
Site de l'INRS, santé et securité au travail :
Site internet du consuel : http://www.inrs.fr/risques.html
https://www.consuel.com/

La réglementation thermique (RT2012) définit les caractéristiques thermiques et les exigences de


performance énergétique des bâtiments nouveaux. La RT ne s'applique pas, entre autres :

« [...] aux bâtiments agricoles, d'élevage et aux bâtiments ou parties de bâtiment qui, en raison de
contraintes spécifiques liées à leur usage, doivent garantir des conditions particulières de température,
d’hygrométrie ou de qualité de l'air, et nécessitant de ce fait des règles particulières. [...] »
(Arrêté du 28 décembre 2012, article 1)
Pour plus de détails, le lien à la fiche d'application de la RT 2012 :
http://www.rt-batiment.fr/fileadmin/documents/RT2012/fiches_applications/2015-06-08_FA_usage_batiment.pdf

Pour les bâtiments qui reçoivent du public d'autres normes s'appliquent : incendies, sanitaires,
réglementations accessibilité ... De plus, selon l'usage des bâtiments agricoles, s'appliquent d'autres réglementations
particulières liées à la filière et, en général, à des normes d'hygiène pour le travail et la manipulation de la nourriture.

Les autres directives, une quasi-norme pour les assurances

Le monde du bâtiment est régi par d'autres documents qui ne sont pas normatifs, mais qui sont considérés
comme quasi-norme par les assurances, qui exigent un protocole de conformité pour appliquer leur dispositions.
C'est le cas des DTU, des avis techniques et des règles professionnelles.
Les DTU et les avis techniques sont des documents, pour la plupart rédigés par des industriels, qui expliquent
les valeurs et les modalités de mise en place d'un certain matériau : s'il peut être appliqué en façade, en toiture,
quelle inclinaison et quel poids il peut supporter. Les règles professionnelles, au contraire, sont rédigées par des
"professionnel·le·s" comme son nom l'indique, sur la base de l’expérience de chantier et d'usage de certains matériaux.

Les "hors-norme"
Tous les matériaux qui n'entrent pas dans l'un de ces trois cadres (DTU, avis techniques ou règles
professionnelles) sont considérés "hors-norme" parce que les assurances ne savent pas dans quelle case les mettre
pour juger de la qualité de mise en œuvre. Ce sont des matériaux qui viennent souvent des techniques anciennes ou
vernaculaires, comme par exemple : le pisé, les fondations à la chaux, les enduits terre-chaux, la paille porteuse ...
Ces matériaux et ces technique, malgré leur intitulé, ne sont ni interdits ni normés et leur utilisation peut
servir de référence pour rédiger des règles professionnelles, comme dans le cas des règles professionnelles de la
construction paille (RPCP) rédigées par le RFCP.
Lien du RFCP (Réseau français de la construction paille) :
POINT DE VIGIL ANCE : http://rfcp.fr/

Construire avec des matériaux considérés


"hors-norme" ne veut pas dire faire
n'importe quoi ! Il existe des pratiques
et des façons de mettre en place un
matériau. Utiliser des matériaux "hors
norme" ne justifie pas de les employer
d'une façon non raisonnée.
Réglementation 19
20 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
1.2/ Conception

Fonctions et surfaces
Insertion dans le paysage et orientation
Conception de la charpente

Conception 21
Fonctions et surfaces

Le bâtiment agricole est un outil du/de la paysan·ne. C'est lui qui va protéger l'ensemble, qui va stocker et
agencer, c'est le support qui permet un travail agréable et efficace. Au même titre que les autres outils, un bâtiment peut
être conçu de manière fonctionnelle et ergonomique, comme il peut être un fardeau qui entraîne des contraintes
pour l'utilisateur·rice et affecte le travail. Il importe donc d'être capable d'analyser, de comprendre ses besoins et de
s'approprier le projet du bâtiment.
Une possible clé d'entrée pour la conception est d'établir, avant tout, un cahier des charges qui comprend
les actions qui seront accomplies chaque jour dans le bâtiment. La liste exhaustive de ces actions donne une base
pour imaginer l'aménagement idéal pour chacune d'entre elles. Puis tous ces sous-espaces idéaux peuvent être mis
en relation sous forme de bulles, en établissant les points communs et les liens nécessaires.

Pour accompagner toutes ces actions, un bâtiment agricole doit être conçu de manière fonctionnelle. La
morphologie et l'agencement de l'espace sont fonctionnels dès lors que la mission qu'on leur attribue est bien remplie.
Dans un bâtiment de production agricole ce principe met en évidence les logiques de marche en avant, de gestion
spatiale des troupeaux, de trajets de circulations, de la prise en compte des obstacles, de l'anticipation du stockage,
etc.
La fonctionnalité est le rapport action/espace dans un projet, mais il ne faut pas oublier le rapport usager·e/
action et, en conséquence, la relation de l'outil à l'usager·e. En effet, une forme, ou un agencement particulier,
peuvent faciliter l'emploi de l'outil et donc relever du confort de travail. La lumière naturelle ou un éclairage bien
positionné, l'aménagement des différences de hauteur de sol, les saillies de toiture permettant d'étendre l'espace
de travail pendant les beaux jours, la réalisation de systèmes pour porter le moins possible ... Tout ceci établit une
ergonomie des espaces.
Dans l’objectif d’optimiser l’espace et de réduire les trajets entre plusieurs postes de travail, la marche en
avant est une des clés qui rend un bâtiment ergonomique et fonctionnel. Moins la distance (en longueur et en
hauteur) est grande entre deux étapes, plus les efforts seront limités.

Agencement fonctionnel et ergonomique d'une meunerie organisée sur deux étages


(article complet dans le forum : http://forum.latelierpaysan.org/post4523.html#p4523)

22 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


L' I M P O R T A N C E D U D E S S I N :
La représentation à l'échelle est essentielle pour se Ce logiciel très léger permet intuitivement la
faire une idée de l’ampleur et des surfaces que le bâtiment conception de plans et de modèles 3D. La prise en main des
aura une fois construit. La prise de connaissance des échelles outils proposés est relativement rapide, surtout en passant
se fait de différentes manières : en plan et coupe (1:500, 1:100, par les tutoriels et autres forums. Rapidement, vous aurez
1:50), en maquette ou en 3D informatique. En outre, vous les bases pour élever des murs et dessiner une charpente
pouvez prendre des repères métriques ou corporels pour sans bouger d'autre membre que votre index. Vous pouvez
avoir des références du corps et des gestes dans l’espace. Par coter vos plans, puis les imprimer pour passer du siège
exemple, imaginons un lieu de manutention dont les verbes en cuir au casque de chantier. Notez que ce n’est pas un
référents seraient enfourcher, se retourner, jeter, entreposer, logiciel de dessin technique à proprement parler et que les
ranger, etc. L'espace nécessaire qui en résulte doit permettre impressions (trait, longueur...) sont approximatives, mais le
un déplacement, un stockage, une rotation sur soi-même plus souvent suffisantes.
d'environ 2 m de diamètre.
Le dessin d’exécution est un élément essentiel qui
Le plan et la coupe sont des outils de représentation fige le projet de construction. Le dessin, une fois figé et si on
indispensables pour dessiner un projet. Prendre note des le suit, va aboutir à une construction qui sera au plus proche
cotes qui nous entourent (escalier, section de charpente, de celle que l'on a imaginée. En revanche, rien n'empêche la
portée d'un portique...) est une bonne entrée en matière. modification en cours de chantier : indispensable dans une
construction complexe qui introduit plusieurs composantes :
Pour travailler un plan ou une coupe à l'échelle isolant, structure, éléctricité ...
vous pouvez utiliser des papiers spéciaux, comme les papiers
millimétrés, qui vous aident, surtout en phase d’esquisse, à
maîtriser le dessin des volumes.

Un autre outil très pratique dans la phase d'esquisse


est le papier calque. En fait, après avoir dessiné le fond de
plan, ce papier translucide vous permet de faire plusieurs
esquisses à la suite sans devoir redessiner le volume principal
du bâtiment.

Le dessin en CAO (conception assistée par


ordinateur) peut vous aider, si vous le souhaitez, dans la
réalisation d'un dessin, surtout lors de la rédaction d'un
permis de construire (voir p. 14). Sketchup :
Téléchargement :
TM
Il existe des logiciels de CAO gratuits comme SketchUp . https://www.sketchup.com/fr
Tutoriels :
https://fr.tuto.com/sketchup

Implantation du bâtiment
Il faut prendre en compte le développement de sa ferme. Schéma de la disposition d'une ferme en maraîchage
construite autours d'un îlot central.
Les ambitions doivent être posées sur le futur de la production :
augmentation de la taille de l’élevage, du nombre de personnes
qui travaillent, de la mécanisation et du parc matériel, de la taille
des bâtiments, de la superficie disponible... Tout est à prendre en
compte dès le départ car, même si les installations adéquates ne sont
pas mises en place immédiatement, elles imposent des contraintes
spatiales et structurelles sur le bâtiment.

Bien positionner le bâtiment sur la parcelle ne concerne


pas seulement la possibilité d'évolution de ce dernier. En effet une
bonne circulation, autour et à l’intérieur de la construction, est un
critère important pour une utilisation fluide des espaces. De ce fait
l'autoconstructeur·rice doit considérer : les moyens de transport,
les accès, la position des terres, la réglementation, la réception du
public, les parcs d'élevage et toute autre contrainte qui complexifie
et nourrit son projet.

Conception 23
Insertion dans le paysage et orientation
L'implantation d'un bâtiment est aussi fortement conditionnée par la question de l'orientation et donc
de l'ensoleillement. Le soleil, étant la première source de chaleur et de vie, détermine les emplacements des
pièces, selon leur fonction, et des ouvertures. On placera de préférence les lieux dédiés aux animaux au sud pour le
maximum d’ensoleillement dans la journée et on percera des ouvertures à l’ouest pour que la chaleur accumulée soit
maximale.

Il faut savoir que le soleil a son zénith à environ 70° pendant l’été, 30° pendant l’hiver. On comprend donc
que la face la plus exposée d’un bâtiment est la toiture orientée sud. Toutes les ouvertures zénithales sur cette face
vont diffuser un maximum de chaleur pendant l’hiver, mais peuvent aussi engendrer des surchauffes pendant l’été.
De même pour les ouvertures de la façade sud, il est souvent prévu un sailli de toiture au-dessus des fenêtres de
manière à ce que le soleil pénètre pendant l’hiver et non pendant l’été.

Protéger ou exposer la construction au soleil signifie aussi jouer avec la lumière. Un espace bien illuminé
confère un cadre agréable au travail. Il est très difficile de prévoir exactement quel sera l’effet d'une ouverture ou
d'un éclairage dans un espace. Travailler son projet avec une maquette peut être une solution valide pour examiner
les différentes options. Avec du bon sens, en prenant en compte l’orientation, les masques occultant et l’intensité de
la lumière, on arrive à imaginer suffisamment comment illuminer un lieu de vie, une pièce de repos, un bâtiment
d'élevage ou un atelier.

La configuration du terrain peut être un atout ou un grand inconvénient pour un projet de construction.
Si le terrain est en pente, la mise en œuvre pourra être plus difficile, mais elle peut aussi permettre de "cacher" le
bâtiment, le rendre plus discret, lui conférer une masse thermique, le positionner en semi-enterré, y faire une cave ou
encore l'élever sur pilotis pour avoir un espace à utiliser en dessous. Cette prise de conscience du paysage existant
est une étape fondamentale pour une écoconception du bâtiment.

La nature environnante, la nature proche, les méthodes de construction vernaculaire, le dénivelé et la pente
de la parcelle, le traitement des haies et des clôtures... Penser le bâtiment selon différents angles de vue, différentes
échelles, est un moyen incontournable pour intégrer le bâtiment, le but étant « d’adoucir les angles forts ». Construire
avec le paysage c’est aussi construire en profitant de l’implantation de la nature.

L’idée de l’insertion dans le paysage est relativement récente et vient du fait que, au cours du dernier
siècle, une réelle déstructuration a dévisagé les campagnes. Les infrastructures et l’industrie en sont une des causes,
mais l’industrialisation de l’agriculture n’est pas en reste. La protection du paysage s’inscrit donc dans une pensée
écologique du développement.

24 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


LE CONTENU E T LE CONTENANT
Il serait vain de penser que le respect des principes à éviter le pire, en incitant les agriculteurs à dissimuler
attachés à la conception des constructions leurs réalisations derrières des haies d’essences
traditionnelles aurait suffi pour que la modernisation forcément locales. Ainsi, la généralisation du concept
des fermes ne donne pas naissance à une multitude de d’intégration paysagère permit-elle l’acceptation sociale
hangars déconnectés des territoires et plus banaux les de milliers de bâtiments sans échelle, sans qualité, sans
uns que les autres. Car, c’est en s’appuyant sur le bon dessin, et sans autre destin que la production de masse
sens paysan que les vulgarisateurs et les représentants d’une alimentation tout aussi formatée que les édifices
imposèrent les bâtiments industrialisés, tout comme dans lesquels elle était produite.
les tracteurs légers et les engrais chimiques, au cours
Depuis, force est de constater que les territoires ont
du XXème siècle.
changé. Les modes de vie urbains se sont diffusés
Puisqu’avec les nouvelles techniques, il était soudain jusqu’au plus profond des campagnes, la prise de
possible de s’affranchir du territoire, plus aucune conscience environnementale et le réchauffement
raison n’imposait de continuer de cultiver ou de climatique poussent à la vigilance, l’agriculture semble
construire à l’ancienne. En effet, les constructions tentée par des pratiques plus saines et plus localisées.
pondéreuses, bâties avec des matériaux issus du sol Les bâtiments de production retrouveront-ils pour
et selon les traditions améliorées par des générations autant un lien avec le territoire ?
de maîtres d’œuvre et d’artisans n’avaient, d’un coup,
Gageons que oui !
plus rien à voir avec les nouveaux usages fonctionnels
et techniques. Face aux possibilités offertes par les Puisqu’il s’agit, aujourd’hui, de concevoir des édifices
ouvrages de grandes portées et le nivelage des reliefs, répondant à des pratiques plus respectueuses de
qui aurait pu encore s’évertuer à composer les volumes l’environnement, associons-y les hommes de l’Art ! Les
en fonction de la topographie et du climat ? projets y gagneront, quelles que soient leurs échelles.
En dépassant les qualités attachées au bricolage et au
Les constructeurs s’en donnèrent donc à cœur joie en
bon sens intuitif, les concepteurs spatiaux réfléchiront
proposant des modèles sur catalogue, à des prix très
aux bâtiments de demain en termes de qualités spatiales
compétitifs, qu’il suffisait de disposer tant bien que
et d’éco-construction. Les démarches menées par des
mal sur le terrain pour profiter en un temps record
équipes pluridisciplinaires en lien avec les utilisateurs
de nouveaux outils de travail. Ainsi vit-on fleurir des
permettront de prendre en compte des programmes
millions de hangars standardisés, souhaités par le
variés d’une agriculture à nouveau liée aux territoires.
monde paysan, et encouragés financièrement par l’État
dans le cadre de la spécialisation agricole. Car, qu’ils soient réalisés par des entreprises ou
en auto-construction, les édifices méritent d'être
Mais, alors que la société traditionnelle se transformait,
pensés en fonction des spécificités de leurs sites
les premières exaspérations face à des pratiques de plus
d’implantation, et de leur programmes. Ainsi réalisés
en plus outrancières virent le jour. Souvent venus des
dans le cadre de démarches d’éco-conception, ils
villes, les défenseurs des paysages et de l’environnement
pourront avoir l’ambition de participer à la promotion
s’indignèrent de la pollution des campagnes. Si les
d’une agriculture vertueuse et fière de ses outils de
impacts environnementaux et paysagers furent
production.
tant bien que mal abordés, la conception spatiale
des bâtiments passa à l’as, malgré les tentatives de
quelques-uns.1
Finalement, face à l’augmentation exponentielle des Hervé Cividino
surfaces construites, la puissance publique s’évertua Architecte et urbaniste
non pas à rechercher le meilleur, en promouvant une
Auteur de Architectures agricoles - La modernisation
véritable conception architecturale des bâtiments, mais
des fermes 1945-1999, PUR, 2012
1 Avec le soutien de l’État et de la Fondation de France, la mission Bâtiments Agricoles et
Paysages oeuvra de 1977 à 1985 sur la question de la qualité architecturale et de l’insertion
paysagère des constructions agricoles

Conception 25
Conception de la charpente
La charpente et la hiérarchie des éléments
Approfondir, encore une fois, le rapport
besoin / espace est une étape fondamentale pour la
conception de la trame du bâtiment. Il existe de
nombreuses solutions techniques pour la création
d'une charpente, mais l'optimisation de la structure,
selon son utilisation, conduira à une construction plus
soutenable économiquement et pour son usage.
Chaque structure se base sur une hiérarchie des
éléments qui la composent. Une charpente, portée
par des poteaux ou des murs, porte, à son tour, les
pannes qui prennent en charge la trame du toit. En
effet, chaque composant doit à la fois porter son
poids et celui des autres composants. Pour ce faire, un
dimensionnement hiérarchique est fondamental : un
liteau aura une section plus petite qu'un chevron, lui
Les composants d'une charpente même plus petit qu'une panne.

Pour un même volume de charpente


les solutions techniques sont presque
infinies. Ces dessins montrent que,
selon la configuration des éléments,
l'espace obtenu est complètement
différent d'un exemple à l'autre.

Cette hiérarchie doit être calculée par une méthode qui s'appelle la "descente des charges". En effet
l'autoconstructeur·rice doit s'assurer que les charges descendent graduellement, à partir du niveau le plus haut
(charpente ou toiture terrasse) à travers tous les élément jusqu’au sol, qui est la véritable structure porteuse d'un
bâtiment. La descente des charges est un outil pour repérer le trajet des charges dans une structure, de haut en bas.
Elle permet de s'assurer, notamment, qu'il ne manque pas un poteau à un endroit chargé, par exemple.

Deux schémas qui montrent la


descente des charges.
Dans le dessin du temple la
hiérarchie des élément est
encore plus accentuée.

26 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Le prédimensionnement
Une charpente fonctionne structurellement quand elle peut supporter son
poids, dû à la gravité, et les forces appliquées sur elle. Les forces appliquées sur un
bâtiment peuvent être : l'action du vent, le poids de la neige, des personnes sur une
terrasse, le poids de la paille stockée à l'étage, la terre du talus qui appuie sur un mur
de soutènement ... Dans tout les cas, pour avoir un équilibre des forces, la résultante
(R) doit s'annuler.
Plus précisément, pour obtenir la charge totale il faut effectuer une
L'exemple du tir à la corde.
Dans ce cas la force de la personne
combinaison des différentes charges appliquées sur la structure : les actions
à droite (F1) est supérieure à la permanentes (poids propre de la couverture et de la charpente) , les actions variables
force de la personne à gauche (F2), de base (les charges climatiques) et les actions variables d'accompagnement (charges
la résultante (R) est supérieure a
zéro et donc l'effet cinématique d'exploitation). Vous pouvez trouver des tableaux avec les poids indicatifs des
est le déplacement et la possible matériaux dans des livres de structure ou dans l'Eurocode 1 (NBN EN 1991-1-1:2002)
chute de la personne à gauche.
L'unité de mesure utilisé pour calculer ces charges est le daN par m2 ou par m3 pour
la toiture.

Le dimensionnement des éléments est fait en


fonction de la charge qu'ils doivent porter.
Chaque élément doit supporter son poids propre
et toutes les charges qui lui sont appliquées.
Les charges d'exploitations sont calculées selon
l'usage du bâtiment.

Tableau des charges d'exploitation selon l'usage en annexe (p. 110)

Bon à savoir pour les calculs : un daN équivaut à plus ou moins 1 kg (1kg = 10 N)

Les structures treillis planes : modélisation d'une structure triangulée


Le modèle d'étude d'une structure triangulée est ISOSTATIQUE
lorsqu'on respecte la relation suivante :
b= nombre de barres du modèle
b = 2·n - 3 n = nombre de nœuds du modèle
Ce sont des structures composées de "barres" rectilignes
assemblées entre-elles pour former un système porteur rigide.
Plus encombrantes qu'une structure massive, elle réussissent
à concilier légèreté et résistance.
Géométrie de la structure : une structure est dite triangulée
si à chaque assemblage, les lignes moyennes des barres
Exemple : b= 11 n = 7 b = 2·7 -3 = 11
assemblées concourent en un même point, appelé NŒUD
d'assemblage, et si les lignes moyennes représentent des
triangles juxtaposés. Dans la plupart des cas le treillis est hyperstatique et ne
correspond pas exactement au modèle d'étude, cependant
Liaisons entre les barres : dans ces conditions, les liaisons cette méthode simple permet d'obtenir rapidement les
entre les barres de la structure, à chaque nœud d'assemblage, efforts dans les barres avec une bonne sécurité.
sont modélisées par des pivots parfaits. La figure de
base obtenue avec trois barres articulées est un triangle Une structure treillis hyperstatique est une structure treillis
"indéformable". Une barre est limitée par deux nœuds, ainsi dont la modélisation ne respecte pas au moins une des
un entrait continu est modélisé avec plusieurs barres. conditions précédentes.

Conception 27
Les sollicitations présentes dans une charpente
En plan, la charpente a une forme géométrique triangulaire. Parmi les différentes formes, le triangle est la
seule indéformable par définition : en appuyant sur les nœuds d'un triangle, les trois côtés ne se déplacent pas. Malgré
ce constat, lorsque la force s’exerce sur les cotés du triangle, la matière tend à avoir une déformation proportionnelle à la
longueur et à la section de l’élément. Ainsi, pour éviter des déformations permanentes ou des ruptures dans la structure,
le dimensionnement des éléments sera adapté à la taille du bâtiment et aux sollicitations que la charpente est appelée à
soutenir. Les poinçons, les contrefiches, les jambes de force et toutes les autres pièces de triangulation concourent, elles
aussi, à rigidifier la structure de la charpente.

SOLLICI TAT IO N DE S ÉLÉMEN T S :


Lors de la conception d'une structure, il faut
essentiellement prendre en compte les effets de quatre
types de sollicitations des éléments : la compression, la
traction, la flexion et la torsion. Flexion :
Compression : La flexion est une combinaison des deux efforts
précédents. La poutre résiste en effet à des efforts de
Les matériaux de construction compression d'une part et à des efforts de traction de
subissent en tout premier l'autre. Dans sa partie haute, les fibres parallèles sont
lieu les effets du poids qu'ils comprimées pendant que les fibres dans la partie basse
supportent et en particulier de sont tendues, étirées. Si on cessait l'effort, les fibres en
leur propre poids. La colonne haut repousseraient leurs extrémités pour se retrouver
résiste à la compression à l'horizontal tandis que les fibres en bas tendraient à
tant que les éléments qui la attirer leurs points vers le centre jusqu'à se remettre à
composent restent compacts. plat.
Selon le rapport longueur /
section, l'élément pourrait
seulement se flamber (voir
glossaire), dans un premier
La torsion :
temps, ou clairement se casser.
Il faut faire attention à ne pas confondre la torsion
avec la flexion. En fait la torsion est l'action de deux
forces opposées qui s’exercent sur un corps générant
un moment de rotation (voir glossaire). Comme une
serpillière pendant l'essorage.

Traction :
La résistance à la traction, c'est la capacité d'une pièce
à résister à l'arrachement. Comme le fil de couture que Le cisaillement :
l'on tire à chaque bout jusqu'à la rupture. En fait, c'est
l'effort strictement opposé à celui de la compression. Une poutre subit une sollicitation de cisaillement
La traction seule n'intervient qu'assez rarement dans quand lui sont appliquées deux forces égales, mais de
la construction, seuls les tirants d'un contreventement direction opposée (imaginez l'action des ciseaux sur
ont cette particularité. En outre, il est bon de noter le papier). Dans des assemblages en embrèvement, le
qu'un matériau qui résiste bien en compression n'est talon de la poutre subit une sollicitation de cisaillement
pas nécessairement résistant en traction et vice- qui est inversement proportionnelle à la longueur
versa. Par exemple, l'acier travaille bien en traction et du talon-même. De même, dans des assemblages à
compression, mais le béton n'est pas bon en traction tenon-mortaise, les éléments découpés subissent le
(c'est pour cela qu'on fait du béton armé). cisaillement dans les points de découpe.

Document technique, tables pour la construction en bois :


https://issuu.com/lignum/docs/tcb1

28 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Les contreventements
Une autre phase fondamentale , lors de la
construction d'un bâtiment, concerne la mise en
place des contreventements. Ces éléments de renfort
permettent aux structures de résister à l'effet des
charges horizontales. Ils s'agit du vent, mais aussi
des séismes, des chocs de façade ... C'est-à-dire que,
encore une fois, les charges doivent pouvoir descendre
jusqu'au sol dans la structure.
Charge verticale Charge horizontale
Il existe différents types de
contreventements : des structures ponctuelles
(comme des poteaux encastrés au pied), des structures
spatiales (une cage d’escalier ou un ascenseur,
normalement utilisés pour stabiliser des bâtiments
très hauts) et des structures planes. Un élément en traction Même élément en compression

Si une structure est très rigide, c'est-à-dire


que les jonctions entre les différents éléments sont
de type "encastrement", la transmission des efforts
horizontaux dans les éléments verticaux se fait par
l’intermédiaire de ces jonctions. Si en revanche Croix de saint André Cadre rigide
les liens entre les éléments sont de type "rotule",
c'est à dire qu'ils sont libres d'avoir une rotation, la Les différents typologie
transmission des efforts horizontaux ne peut pas de contreventements
se faire à travers les assemblages. Dans ce cas, des qui travaillent sur le
plan.
structures de contreventement qui travaillent sur le
plan seront nécessaires. Mur de refend

Les contreventements doivent être appliqués


sur tous les plans de la structure, pour empêcher
tous les déplacements possibles. En d'autres termes,
la structure doit être contreventée sur toutes les
façades et les plans de toiture - inclinés ou pas. Il est Un contreventement est
évident que la façade sur le plan de la charpente est suffisant pour le déplacement
contreventée par la charpente-même. relatif entre éléments, mais
pas sur plusieurs étages.

Pour une structure isostatique on


parle d’empêcher trois niveaux de liberté du Différents
déplacements
bâtiment sur chacun de ces plans. Pour ce faire, les possibles sur un plan
contreventements doivent être placés dans la direction
de la force horizontale résultante pour arriver à un
état d'équilibre. En outre, pour empêcher la rotation
d'un bâtiment sollicité par deux forces sur deux plans
différents - comme dans le cas du vent typiquement
- , il existe des positions plus favorables que d'autres.
En effet, il faut toujours essayer de minimiser - et au
mieux annuler - l'excentricité (E) et donc le moment
de rotation et de maximiser le bras (B) de deux
contreventements qui agissent sur le même plan. En
conclusion il faut toujours minimiser le rapport E/B
(voir exemples en images).
Exemple de fonctionnement des contreventements pour une serre.

Conception 29
Le vent souffle ! Dans la première solution, les charpentes contreventent le bâtiment sur le plan de la force F1, mais sur la plan de la force
F2, ils ne sont pas tous en place. La force F2 est en effet contrastée en partie par le contreventement, mais l'absence d'un contreventement en
premier plan (ajouté pour la deuxième solution) génère un moment de rotation (M1) qui va tordre la structure et probablement la faire tomber.
Les contreventements, comme indiqué précédemment, doivent donc être placés sur tous les plans de la structure.
NB : les pannes ont une couleurs bleue parce qu'elle participent en partie à contreventer la structure, mais ceci n'est pas leur rôle primaire et
elles ne peuvent en aucun cas se substituer aux contreventements.

AUTRES CONTR AINTES :


Pour la conception d'un bâtiment, il existe Pente de la toiture :
d'autres contraintes qui ont un rapport étroit avec les La pente du toit peut être déterminée par des normes
règles structurelles. Elles peuvent être dictées par des territoriales ou paysagères qui prennent en compte
normes territoriales, des normes paysagères ou tout l'altitude et l'emplacement de la structure pour faire
simplement par le bon sens de mise en œuvre des front à des surpoids variables, comme la neige, de
matériaux à disposition. fortes pluies ou le vent. L'inclinaison peut varier entre
Distance à franchir : 30 et 70 % selon la zone où se trouve la structure. Plus la
Une charpente, selon les assemblages choisis et le type zone est exposée, plus la toiture doit être conséquente,
de matériau, peut franchir des portées très grandes mais cela dépend aussi des matériaux, de la couverture
(même une quarantaine de m). et des assemblages choisis.
Pour des cas pratiques : Façonnage du toit :
- Pour une charpente traditionnelle en bois massif, la Comme pour la pente de toiture, le façonnage peut
portée est limitée à 12 m environ à cause des contraintes être guidé par des normes existantes. Dans tout les cas
d'assemblage des éléments. il est important de prendre en compte le poids de la
couverture pour bien dimensionner les autres éléments.
- Au-delà, une structure à treillis peut-être une solution
Une toiture en tôle est, par exemple, beaucoup plus
plus adaptée.
légère qu'une toiture en tuile et, en conséquence, la
- Dans tous les cas, aller au-delà des 16 m serait très structure pour ce dernier type de couverture sera
coûteux, surtout en termes de transport. En effet cela beaucoup plus imposante et probablement composée
correspond à la longueur maximale des grumiers de plus d'éléments.
(camions qui transportent les grumes). Autrement il
est possible de faire appel à un transport exceptionnel.

Source : Le bâtiment bois en milieu rural, CNDB (lien en bibliographie)

Fiche dimensionnement des pannes en annexe (p. 112)

30 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Point sur les fondations
Plot béton
Concevoir les emplacements pour accueillir les fermes est fondamental
pour éviter de mauvaises surprises au moment du chantier. Encore une fois, les
solutions sont nombreuses et il n’existe pas de bon ou de mauvais choix ; toutes les
possibilités sont valables, si elles sont bien conçues et adaptées au projet.
Le premier rôle des fondations est d'élargir l’appui de la structure lors de
la descente des charges. Chaque élément de la structure porteuse doit être posé
sur une fondation et en aucun cas la dalle ne peut reprendre toute seule les charges
de la structure. Il faut donc prévoir l'emplacement pour des plots béton ou une
Platine en métal
semelle armée avant de couler la dalle. + plot béton

En outre, elles ont le devoir de répondre aux sollicitations de la structure


et de la stabiliser par rapport au terrain. Dans une construction en bois, il est
important d'éviter des dégradations dues aux remontées capillaires de l'eau.
Pour ce faire, les solutions sont multiples : des plots en béton armé, des platines
en métal, un mur avec semelle d'assise pour les poteaux ... Dans tous les cas, il
est fortement déconseillé d’encastrer un poteau bois directement dans la dalle ou
même dans le plot ; le bois peut se mouiller, mais il doit toujours pouvoir sécher à
l'air !

Mur avec semelle d'assise


(fondations : semelle filante)

Panorama des platines en métal


le plus utilisées. Elles permettent
de fixer le poteau et de séparer
ce dernier du sol (pour éviter
les remontées capillaires de
l'eau). Ces éléments peuvent être
reproduits avec de la ferraille et
un poste à souder.

FIXER LES POTE AUX : Deux exemples d'accroches autoconstruites


inspirées par des systèmes existants.
Les poteaux ne peuvent pas simplement
Dans le premier cas, la paysanne a récupéré
être posés sur le soubassement, mais d'anciennes dents de cultivateur pour faire un "U" en
ils doivent être fixés aux plots ou à métal à visser à la fois sur le poteau et sur la dalle.
la semelle pour contraster les forces Ensuite un plot béton sera coulé autour pour élargir
d'arrachement. Par exemple, dans un l'appui du poteau.
bâtiment avec toiture en tôle, le vent Dans le deuxième exemple, le paysan a inséré des
tuteurs en fer à béton pour créer des boucles où
pourrait s'engouffrer et soulever la insérer des tiges filetées pour fixer la grume.
structure au niveau des poteaux si ces
derniers n'étaient pas bien fixés.

Formation coupe et levage d'une charpente 31


32 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
1.3/ Formation coupe et
levage d'une charpente
La préparation du chantier
Formation coupe d'une charpente
Formation levage d'une charpente

Formation coupe et levage d'une charpente 33


La préparation du chantier
Au préalable de la formation, nous avons travaillé
la conception du bâtiment. Pendant cette phase, le paysan
à été accompagné par l'architecte-formateur de l'Atelier
Paysan et conseillé par un paysan autoconstructeur, fort
de ses expériences précédentes sur sa propre ferme.
Pour l'implantation du bâtiment, le
positionnement de la maison et la prise en compte de
la pente ont été fondamentaux. La structure choisie se
développe en position perpendiculaire à la maison et
elle crée, avec cette dernière, une cour plein sud qui
permettra de profiter des journées ensoleillées. Avec cette
implantation, la structure pourra ensuite se développer le
long de la pente pour abriter d'autres activités de la ferme.
Pour assurer une continuité entre les deux
bâtiments, la hauteur au faîtage du nouveau bâtiment
correspond au faîtage de la maison existante (7 m). De
cette façon peut être prévu un raccord entre les deux
toitures.
La taille du bâtiment (260 m2) à été discutée en Axonométrie de l'implantation du bâtiment
faisant des comparaisons avec d'autres exploitations de la
même taille et en considérant les nécessités particulières
du paysan.

Suite à ces étapes, une maquette en CAO de


la structure en grumes, à été réalisée avec le logiciel
SketchUpTM (voir p. 23 "l'importance du dessin").

Maquette 3D de la structure

34 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Une fois définie et actée la taille du bâtiment et de
la structure, le paysan à procédé à l'approvisionnement du
bois. Les grumes (douglas) ont été commandées à la scierie
la plus proche du chantier, pour éviter des surcoûts dus au
transport. Environ 30 m3 de bois de différentes tailles ont
été commandés pour les assemblages des charpentes et une
douzaine de floquettes, de plus petite section, pour réaliser les
pannes (prix du bois :130 €/m3 HT).
En outre, dans les mois précédant la formation, le
paysan s'est chargé de la préparation des autres points :
- Il a coulé les plots béton pour l'emplacement des poteaux
(ceci permet, lors du chantier, d'avoir l'emplacement précis des
poteaux et de pouvoir ensuite mettre en place les charpentes
sans souci).
- Il a coulé une dalle, déjà prévue pour le sol du bâtiment,
pour rendre le traçage de l'épure plus simple.
- Il a acheté une grue en vue du chantier et préparé la location
des engins télescopiques de support.

TÉMOIGNAGE DU PAYS AN AUTOCONSTRUC TEUR :


Pourquoi as-tu choisi d'autoconstruire ? c'est qu'en étant prévoyant, on peut se reprendre.
Ensuite le levage, qui nécessite un matériel adapté a la
Pour une question d'autonomie et pas d'indépendance. taille des portiques. En effet, avec les bons engins, il
Les autonomes, quand ils se donnent la main, devient relativement simple, bien qu’impressionnant!
brisent des carcans et font des personnes libres ; les
indépendants restent enchaînés à leur solitude. Si c'était à refaire, changerais-tu quelque
chose ? (y compris dans les étapes précédant
Pourquoi en grumes ? la construction)
Pour la souplesse de mise en œuvre, la possibilité Comme le bâtiment vient se caler à la perpendiculaire
de faire des "grandes" portées, le droit a l'erreur, de la maison, si c'était à refaire je ferais la même
l'intégration dans la globalité du projet (maison bois- largeur de bâtiments pour ne pas avoir 2 pentes de toits
paille, environnement...), pour ne pas enrichir les différentes. En d'autre mots, j'éviterais d'avoir deux
industriels ou ma banque plus que de raison, et parce types de portiques, donc deux épures a tracer... bref,
que c'est beau... j'aurais fait plus simple...
Quels sont les atouts de la formation et de Comment, après le cycle de formation,
l'accompagnement de l'atelier paysan pour prévois-tu la suite ?
la construction du bâtiment ?
Là j'ai un peu de maçonnerie à finir. Puis je m'attaque
Ça permet de démêler plus rapidement la pelote! Tu au plancher et au bardage. Grâce à l'aide d'autres
reçois un camion de grumes et avec un peu de temps, paysans, qui ont participé à la formation, on devrait
de sueur et d'entraide ça devient un outil de travail avoir couvert d'ici la fin du mois...
fonctionnel et durable. Les formateurs te donnent les
ficelles qui te permettent d'attaquer seul ou avec peu Raconte-nous comment la conception de la
de main d’œuvre la taille et l'assemblage. charpente à été établie, à la fois avant et
pendant la formation.
Quelles étapes ont été, pour toi, les plus
complexes ? Pourquoi ? J'ai donné les cotes à l'Atelier Paysan, les plans 3D et
calcul de charges ont alors été établis. Sur le terrain, on
Le plus dur, selon moi, a été de savoir faire la découpe a ajusté en fonction de mes supports de poteaux: murs
juste, afin de limiter le jeu dans l'assemblage (au bon ou embases béton.
endroit et au bon angle). Mais l'avantage du bois rond

Formation coupe et levage d'une charpente 35


Formation coupe d'une charpente
Stage de 5 jours, soit 40h

OB J EC T IF S DE L A F OR M AT IO N :
L’objectif principal de ces formations est de transmettre les savoirs et savoir-faire en vue de l’utilisation
d’une tronçonneuse pour la taille d’une charpente bois. En outre, la formation s’appuyant sur une construction
à l’échelle, les participants trouveront dans le programme les notions clés quant aux principes structurels d’un
bâtiment en bois et aux techniques d’édification d’une charpente.

Plus généralement, tout·e paysan·ne voulant se former à la construction de bâtiment, dans la perspective
d’un agrandissement, d’une rénovation, d’un réagencement, ou de l’autoconstruction d’un nouvel édifice, peut
venir apprendre ou s’expérimenter dans les techniques de construction à la tronçonneuse.

Le jour J, une dizaine de participants se sont réunis sur la ferme pour se lancer dans une semaine de chantier /
formation. Le tour de table fût hétérogène : maraîcher, pêcheur, éleveur et paysan et paysanne en parcours
d’installation. Le temps était au rendez-vous et, à la suite d’un petit tour de sécurité et d’affûtage des tronçonneuses,
nous avons procédé ensemble au traçage d’une épure pour les premiers portiques. Le lendemain, les tronçonneuses
ont démarré à l’unisson et les découpes des poteaux, arbalétriers, jambes de force, poinçons et assemblages ont
transformé rapidement la dalle de béton en un tapis de copeaux.

36 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Au terme de la semaine, toutes les fermes ont été taillées sur trois épures différentes, puis stockées dans un coin du
site, dans l’attente d’être édifiées. Les participants et participantes sont reparti·e·s le vendredi soir avec la satisfaction
d’avoir pris confiance en soi, avec les compétences suscitant l’envie de faire, et avec la joie d’avoir contribué à cette
œuvre collective.

Formation coupe et levage d'une charpente 37


Formation levage d'une charpente
Stage de 4 jours, soit 32h

OB J EC T IF S DE L A F OR M AT IO N :
L’objectif principal de la formation est de transmettre les savoirs et savoir-faire en vue de l’utilisation
d’une tronçonneuse pour la taille d’une charpente bois. Cette deuxième session permet aux participants de
s’initier aux techniques de levage d’une charpente en sécurité, ergonomie et avec des moyens financiers limités.
Plus généralement, tout·e paysan·ne voulant se former à la construction de bâtiment, dans la perspective
d’un agrandissement, d’une rénovation, d’un réagencement, ou de l’autoconstruction d’un nouvel édifice,
peut venir apprendre ou s’expérimenter dans les techniques de construction à la tronçonneuse et de levage de
charpente.

Quelques semaines après, nous nous sommes réunis de nouveau, sur 3 jours cette fois-ci, afin de lever toutes les
fermes préalablement fabriquées. La difficulté s’est accrue : la maîtrise de la tronçonneuse était indispensable pour
tailler les assemblages laissés en suspens, pour faire les niveaux, assurer l’alignement des portiques et surtout, pour
manipuler les portiques eux-mêmes avec les moyens de levage que nous avions sur place…

38 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


A la fin de la semaine, la charpente était enfin montée et la panne faîtière clouée pour sécuriser la suite du chantier.

Formation coupe et levage d'une charpente 39


40 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
Partie II : Choisir, abattre
et transporter

Cette deuxième partie met en avant les premiers éléments pratiques pour l'autoconstruction avec une
tronçonneuse. Elle donne un aperçu du cheminement du bois, de la forêt jusqu'au chantier, en passant par l'abattage.
La première sous-partie abordera la thématique des essences communes à la construction, avec une
attention particulière aux caractéristiques qui les différencient. Le domaine de la foresterie est vaste et varié, avec des
singularités liées aux territoires. L'objectif de ce chapitre est de donner des éléments de compréhension en la matière
et de les appliquer au cas particulier de la construction en grumes.
Ensuite, une fois analysée la panoplie des essences disponibles, place à la tronçonneuse ! En mettant en
avant toutes les précautions nécessaires pour protéger la personne et la forêt environnante, cette partie décrit les
étapes fondamentales de l'abattage et du débardage d'un arbre.
Une fois le bois trouvé, directement en forêt ou par commande, il est important de considérer
l'approvisionnement de ce dernier sur le chantier, non seulement en ce qui concerne la quantité, mais aussi les
modalités de transport et les étapes qui précèdent la mise en œuvre.

41
42 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
2.1/ Les essences

Point sur l'exploitation forestière


Essences et classes de service
Les essences communes à la construction

Les essences 43
Point sur l'exploitation forestière
Bref description de la forêt française
La France est parmi les pays qui possèdent les plus grandes
surfaces boisée d'Europe. Selon une source de 2010 (Teruti-Lucas),
il s'agit de 16.946 milliers d'hectares de forêts. Parmi elles : 76 % sont
des forêts privées, 9 % des forêts domaniales et les 15 % restants des
forêts publiques (IGN 2014). Les forêts privées représentent donc
une bonne partie de la surface boisée de France.
Les forêts domaniales et les forêts publiques sont réparties,
pour la majorité, sur des surfaces qui dépassent les 25 ha. Les forêts
privées représentent sur le territoire des grandes surfaces de plus de
25 ha (48,4 %), mais aussi de petites parcelles de moins de 10 ha (35
%) en passant par des surfaces qui sont comprises entre 10 et 25 ha
(16,6 %) (MAAPRAT 2010).
Les feuillus sont les arbres les plus présents sur le territoire,
avec 1626 Mm3 (milliers de m3 de bois fort tige sur écorce, plus de
détails dans le glossaire) suivis par les résineux, soit 891 Mm3 (IGN
2014).
Carte de la répartition des essences sur le territoire
L'achat du bois rond et les prix indicatifs français. (Source : Mémento FCBA 2014. Source
données : e-IGN 2014, campagne 2008 à 2012)
Calculer le prix d'un arbre sur pied n'est pas si facile. En
premier lieu, les prix changent toute l'année et, de plus, ils dépendent
fortement de la production et de la disponibilité dans la région.
Malgré ce constat, le gouvernement fournit des tableaux
résumés des prix moyens sur pied des arbres et il met régulièrement
à jour ces données. L'étude se base sur un échantillon d'environ deux
cents entreprises qui participent en remplissant un questionnaire.
Enquête prix du bois (mise à jour régulière) :
http://agreste.agriculture.gouv.fr/enquetes/forets-bois-et-derives/prix-du-
bois-825/

Le transport du bois n'est pas pris en compte dans ces


calculs de prix. En effet, cette charge est directement proportionnelle
à la distance entre le chantier et la forêt source du bois de
construction. Inutile de dire que, plus ces derniers sont proches et
moins le transport est cher. En outre, cette contrainte permet aussi
de réduire l’empreinte carbone de la construction en grumes.

D I F F I CU LT É S D 'A CCÈ S E T R E S T R I C T I O N S :
Proportion de la surface forestière
située à plus de 500 m d'une route
ou sur une pente supérieure à 30 %
0 à 12 %
12 à 25 %
25 à 40 %
40 à 60 %
60 à 85 %

En bleu : toutes les zones forestières


soumises à des contraintes fortes
d'exploitation (réserves, parcs ...).
Tableaux des prix indicatifs des bois ronds.
La surface concernée est de 170.000 (Source : Agreste, CEEB – Indice de prix du bois.)
ha environ (1% de la surface
forestière totale).
Source : Mémento FCBA 2014, p. 31. Source données : e-INPN 2014 et e-IGN 2014

44 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Essences et classes de service
Les normes européennes
La division des bois en classes de services est née d'une recherche au niveau européen sur les différentes
espèces. Cette recherche à donné vie à la norme UNI EN-355-1 de 2006.

Ce tableau peut se lire dans


les deux sens. Par la classe de
risque, on obtient les conditions
d'utilisation. Par la situation, le
domaine d'emploi et les risques
biologiques, on déduit la classe
d'emploi. (Source des données
Guide utilisation du bois, CNDB,
p. 8 )

Ce tableau indique, toujours selon la norme, qu'il faut utiliser un bois de classe 2 pour une charpente.
Aujourd'hui, les démarches environnementales sur l'utilisation du bois sont de plus en plus nombreuses et la tentation
d'utiliser des bois naturellement durables est forte. Selon leurs conditions d'utilisations et suivant les classes de
service mises en place, certains bois sont considérés comme employables pour une charpente sans traitement
chimique.
Tableau sur la durabilité des bois. (Source des
données : guide utilisation du bois, CNDB, p. 10)

POINT DE VIGIL ANCE :


Il est important de considérer toutes les
caractéristiques du bois avant l'emploi
et pas seulement la durabilité. Exemple :
le robinier est un bois qui ne pose
apparemment aucun problème pour
l'emploi en charpente, mais son séchage
lent pourrait poser des problèmes.

La réalité du projet
Ces études professionnelles sur la durabilité et les classes
de service peuvent desservir un projet d'autoconstruction. En effet,
bien souvent, le bois disponible sur la ferme ne correspond pas aux
normes européennes en vigueur. Dans ce cas, le conseil est de visiter
un grand nombre de bâtiment agricoles anciens sur le territoire
et de prendre en compte les bons exemples. Ces bâtiments, en place
depuis des dizaines d'années, sortent souvent des cadres normatifs, Exemple de charpente ancienne (Source : Maisons
mais ils sont parfaitement fonctionnels et adaptés au climat local. Vous paysannes de France, n° 191, printemps 2014, p. 15.)
pourriez être surpris·e par une charpente en peuplier, construite au Site Maisons Paysannes de France :
début du siècle, et qui est toujours exploitable. http://www.maisons-paysannes.org/

Les essences 45
Les essences communes à la construction des charpentes
Pour commencer, voici une sélection des bois les plus employés pour la construction des charpentes. Cette
liste à été éditée sur la base de la classification donnée par la norme européenne : des bois qui ne nécessitent pas de
traitement pour un emploi en classe 2 (voir les tableaux à p. 45).
Les résineux

DOUGLAS (Pseudotsuga menxiesii)


Un des principaux bois de
construction utilisé dans
le monde pour ses qualités
mécaniques et esthétiques.
Comparativement aux autres
résineux, il perd peu en densité
lorsque la largueur des cernes
augmente. Faible retrait au
séchage.

MÉLÈZE (Larix decidua)


Arbre natif des montagnes
de l'Europe centrale. Espèce
pionnière qui peut re-coloniser
la pelouse alpine. Son bois, fruit
d'une croissance lente, est le
plus durable et le plus solide des
bois des conifères. En outre il est
imputrescible.

PIN SYLVESTRE (Pinus sylvestris)


Bois de cœur naturellement
durable, classe 3. Attention, le pin
sylvestre ne peut pas être utilisé
en durabilité de classe 3 naturelle
car l'aubier est important, peu
régulier et les troncs sont trop
petits pour scier hors aubier.
Pour une classe 2 (charpente),
peut être utilisé sans traitement.

PIN NOIR (Pinus nigra)


Ses caractéristiques ressemblent
beaucoup au pin sylvestre en
matière de composition et de
variations des taux d'humidité,
ainsi que pour la durabilité. Le
bleuissement est un problème
récurrent (comme pour tous les
bois de pins).

46 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


SAPIN (Abies alba)
Attention à ne pas le confondre
avec l’épicéa car leurs
caractéristiques sont quasi
identiques. Les sapins, au
contraire de l'épicéa, n'ont pas
de canaux résinifères et donc pas
de poches de résine.

Les feuillus

CHÂTAIGNER (Castanea sativa)


Il est facile à façonner. Comme
sa fibre est droite, il se laisse
relativement bien courber. Grâce
à sa forte teneur en tanin, il
résiste particulièrement bien
aux intempéries, aux infections
fongiques et aux infestations.

CHÊNE (Quercus petraea)


La solidité du chêne n’est pas une
légende et c’est même l’une de
ses principales caractéristiques.
Cette solidité s’explique par
sa masse volumique. Comme
le châtaignier, il a une grande
durabilité due à une forte
présence de tanin. Attention : sa
solidité engendre une mauvaise
résistance à la flexion (mauvais
en travail horizontal).

LE CIRAD :
Sur le logiciel en ligne Tropix vous trouverez le liens vers des fiches
pour chaque essence de bois. Ces fiches, régulièrement mises à jour,
peuvent vous donner des informations intéressantes sur le bois choisit.
Site internet Tropix, accès direct aux fiches* :
https://tropix.cirad.fr/fiches-disponibles
*Fiche[s] provenant du logiciel Tropix 7 [1], avec l'autorisation de l'UR Biomasse,bois énergie,
bio-produits [2] du Cirad [3].
[1] : http://tropix.cirad.fr/
[2] : http://ur-biowooeb.cirad.fr/
[3] : http://www.cirad.fr/

Les essences 47
48 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
2.2/ Abattage et
débardage des arbres
Points de vigilance pour l'utilisation d'une tronçonneuse
Choix et abattage
Débardage

Abattage et débardage des arbres 49


Points de vigilance pour l'utilisation d'une tronçonneuse
Protections
Tous les éléments de protection indiqués dans
l'image ci-contre sont importants. Si vous organisez un
chantier et que vous ne savez pas avec quelle priorité
acheter ces protections, sachez que le pantalon de sécurité
pour la tronçonneuse est fondamental. Il faut acheter ce
vêtement à la bonne taille pour que les protections soient à
la bonne hauteur, selon votre gabarit. Dans le cas contraire,
le pantalon pourrait tourner et exposer la partie arrière qui
est dépourvue, dans la majorité des cas, de protection.
Suivent les autres protections : le casque, les
protections auditives, les protections oculaires, les chaussures
de sécurité, les gants et la veste.

Est ce que les pantalons anti-coupures de tronçonneuse sont utiles ? :


https://www.youtube.com/watch?v=uyGso6mcWAo

AIDES FINANCIÈRES MSA:


Si vos cotisations sociales à la MSA sont
à jour, vous pouvez demander une aide
financière pour payer vos équipements
de protection. L'aide peut financer 50%
du prix de la protection.
Lien formulaire 2018 :
http://www.msa59-62.fr/lfy/documents/98870/
En annexe fiche "entretien de l’équipement" (p. 113) 56441739/Formulaire+AFI+pour+les+exploitants+2018

Composition d'une tronçonneuse

50 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Allumer une tronçonneuse

ASTUCE:
Le décompresseur
permet de réduire
l'effort à fournir
pour démarrer le
moteur, surtout à
froid.

Positions correctes pour allumer une tronçonneuse Position incorrecte

Matériel recommandé sur le chantier :


ZONE DE REBOND :
Lorsqu'un objet entre en contact avec
le quart supérieur du nez de guide. La
chaine se plante dans le bois et la force qui
en résulte peut projeter la tronçonneuse
en direction de l'opérateur. Il ne faut
donc jamais tronçonner avec cette
partie du guide et être très prudent
pour l’ébranchage et le perçage.

Page 72 : "Affûtage et entretien d'une tronçonneuse"

Abattage et débardage des arbres 51


Choix et abattage
Video sur l'abattage et les normes de sécurité
https://www.youtube.com/watch?v=_Y2wopQDFYI
Sécurisation du chantier
L'observation est la première action. Analysez avant tout le lieu pour identifier les dangers possibles (lignes
électriques, routes, clôtures etc.) et les contraintes environnementales (rivières, zones classées etc.). Le véhicule doit
être garé vers la sortie du chemin avec les clés à l’intérieur. Mettez en place un périmètre de sécurité avec des rubans :
si le chantier est sur toute la parcelle il faut installer aussi des panneaux pour les promeneurs. S'il y a seulement un
arbre à abattre, le périmètre doit être d'au moins deux fois la hauteur de ce dernier.

Morphologie de l'arbre
L'aubier est la partie «vivante» FIBRES TORSES :
d'un arbre. Situé juste sous l’écorce, Dans cette déformation, indiquée par
il transporte la sève et croît durant la la direction hélicoïdale de l'écorce,
période estivale. Chaque hiver, quand les fibres se disposent en hélices par
la sève « redescend », une partie de rapport à la direction de croissance de
l'aubier se transforme en duramen (bois l'arbre. Cette déformation engendre un
parfait). C'est ainsi que se forment les bois plus lourd, peu élastique, difficile à
cernes annuels et concentriques que l'on travailler et prédisposé à torsion pendant
observe pour estimer l'âge d'un arbre. le séchage.
L'aubier est moins durable, plus tendre,
et plus sensible à l'attaque des insectes
xylophages que le duramen.
Comment choisir l'arbre
Les bois sont classifiés en quatre catégories selon la présence de nœuds et imperfections. Pour une charpente la
catégorie de référence est la C (tous les bois de catégorie supérieure sont utilisables).

A B C D

C ALENDRIER LUNAIRE :
Pour savoir quelle est la bonne saison pour l'abattage, vous pouvez faire référence à un calendrier lunaire. D’après
Maria et Matthias K. THUN (calendrier des semis biodynamique 2018, mouvement de culture bio-dynamique, p.88),
" les arbres peuvent être abattus en novembre ou décembre, pendant les périodes fleurs, se trouvant en période de
plantation (lune descendante)".

52 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


POINTS DE VIGIL ANCE SUR LES ARBRES À PRÉLEVER :
Enlever la tension des arbres déséquilibrés : Les déséquilibres morphologiques :
Selon leur emplacement, les arbres peuvent développer Souvent les arbres en tension présentent aussi un
un déséquilibre qui les rend imprévisibles lors de déséquilibre dans l'emplacement des branches. La
l'abattage. recherche de la lumière ou la force du vent peuvent
déterminer ce déséquilibre.
- Le déséquilibre peut être déterminé par le vent
(plaine, crête ...)

Solutions d'abattage :
- Élaguer les branches les plus grosses
- Mettre un mouflage et des cordes pour orienter
l'abattage.

Les arbres pourris :


- ... ou par la pente : on appelle ça les arbres en crosse.
Les arbres pourris à l'intérieur sont très dangereux.
En effet, ils peuvent tomber à l’improviste quand
l’opérateur n'est pas préparé à la chute.

- ... ou par d'autres contraintes : toujours observer Solution d'abattage : Perçage à cœur pour vérifier si
l'aspect de l'arbre avant toute action. l'arbre est bien pourri. Si c'est le cas adapter l'abattage
Solutions d'abattage : perçage à cœur. Cela permet à cette découverte.
d'enlever les tensions dans l'arbre.

Abattage et débardage des arbres 53


Travaux préparatoires
1. Nettoyer la 2. Nettoyer le
zone de travail tronc
Couper la Retirer le lierre
végétation trop et les branches
encombrante basses.
et dégager les
obstacles au pied
de l'arbre.

3. Nettoyer le 4. Réalisation d'un


pied de l'arbre "égobelage"
Retirer la mousse S'il y a des contreforts
et la terre, ce qui importants il faut
permet par ailleurs réaliser un égobelage.
de préserver Commencez par couper
l'affûtage de la le plus grand contrefort,
chaine. puis continuez autour
de l'arbre en tournant
dans le sens des aiguilles
d'une montre. Cela
permet d'avoir le moteur
de la tronçonneuse à
l'opposé du tronc.

La "croix du bûcheron"
Cette technique se base sur le théorème de Thalès. Deux bâtons de la même longueur placés pour former
un angle de 90°. Bâton horizontal collé à l’œil. Mettez-vous à une distance plus au moins égale à la hauteur de l'arbre.
Avancez ou reculez pour faire entrer l'arbre complètement dans le bâton vertical. Lorsque c'est le cas, la distance
entre vous et l'arbre constitue la hauteur de ce dernier. Cette technique permet de choisir un arbre à la bonne
hauteur et d'installer correctement le périmètre de sécurité.

54 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Les repères d'abattage (l'entaille)
Pour l'ouverture de
l'entaille d'abattage
Si vous positionnez CHEMINS DE REPLI :
la main gauche sur
l'angle de la poignée, Les deux chemins de repli doivent être dégagés
le guide sera dans de tout obstacle pour permettre à l’opérateur de
une position d'environ
45° par rapport au
s'éloigner en sécurité.
sol. Les brochures sur l'utilisation de la tronçonneuse
préconisent 5-7 m de nettoyage, cependant vu
la réalité des chantiers, il faut prendre le temps
La ligne de visée de bien nettoyer au moins 2 mètres le long des
Le trait présent chemins.
sur la capot de la
tronçonneuse est
votre ligne de visée.
Grâce à ce trait vous
pouvez donner une
direction à la chute.

Pour les coupes


horizontales
En positionnant les
doigts de la main
gauche sur la poignée,
juste avant que le
caoutchouc s’arrête,
la tronçonneuse est à
environ 90° par rapport
au sol.

L'entaille
L'entaille peut être réalisée en
commençant par le plafond ou par le
plancher. Pour les débutants le conseil
est de commencer par le plafond.
Coupez donc le plafond, avec une
profondeur qui ne dépasse pas
1/4 du diamètre de l'arbre. Ensuite
coupez le plancher en rejoignant
parfaitement le plafond. Le plancher
doit être parfaitement horizontal
pour avoir un rapport constant entre
plafond et plancher.
Attention : ne jamais retoucher le
plafond, car sans le vouloir, vous
pourriez modifier l'angle de chute.

Abattage et débardage des arbres 55


ASTUCE:
Contrôle de l'entaille et abattage Pour être certain·ne de réaliser
un abattage correct, vous pouvez
tracer, à l'aide de la tronçonneuse,
Une fois réalisée l'entaille directionnelle,
un trait horizontal. Ce trait
positionnez-vous sur la ligne de chute pour contrôler marquera l'emplacement de votre
la direction et la corriger si nécessaire. Réalisez donc trait d'abattage. Vous pouvez
le trait d'abattage en vous positionnant sur la ligne des aussi faire un trait vertical pour
chemins de repli (voir p. 55). Utilisez votre poids ou un déterminer l'épaisseur de votre
tourne-bille pour aider l'arbre à tomber. charnière.

Méthodes d'abattage

Première technique : insertion et rotation en pivot.

1. La technique 2. Tourner autour 3. Terminer le tour


consiste, une fois du tronc en du tronc en venant
le guide-chaîne prenant garde à "régler" la charnière
inséré, à scier ne pas toucher du côté opposé à
parallèlement la charnière avec l'insertion.
à l'entaille le nez de guide
directionnelle sans oublier le
jusqu'à atteindre bois au niveau du
l'épaisseur de trait d'abattage.
charnière voulue. Introduire un coin
si besoin.

Deuxième technique : insertion et coupe en deux temps.

1. Phase identique 2. Ressortir le guide 3. Insérer un coin


à la précédente par l'arrière en et finir la coupe
méthode. sciant le bois. de l'autre côté
en réglant la
charnière.

56 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Le désencrouage
Lorsqu'un arbre reste coincé dans un autre arbre et il ne tombe
pas au sol, on appelle cela un encrouage. Les forces en jeu dans ce cas sont
importantes : ne jamais agir sans réfléchir d'avantage aux actions adaptées
pour libérer l'arbre.
Dans tous les cas :
- Ne jamais passer sous l'arbre.
- Ne jamais abattre un arbre sur l'arbre encroué en espérant le faire tomber.
- Ne jamais abattre l'arbre qui supporte l'arbre encroué.
- Ne jamais monter sur l'arbre encroué.
Pour les arbres de faible diamètre vous pouvez utiliser un tournebille : travaillez toujours en
poussant, de cette manière vous éviterez de vous retrouver sous le tronc. Dans les cas où la rotation est
impossible, vous pouvez faire levier par l'arrière avec une perche en bois assez résistante. Attention
: prenez en compte la libération subite de l'arbre et son rebond qui peut être violent.

L'ébranchage
Pour l'ébranchage conservez une position stable avec les pieds écartés à largeur d'épaules. Tronçonnez les branches
avec la partie supérieure du guide en faisant attention à la zone de rebond (voir pg. 51). Pour limiter les risques,
placez-vous toujours sur le côté gauche pour être protégé·e du guide de la tronçonneuse, sauf en cas de pente où il
faut considérer la possible rotation de la souche. Dans tous les cas, ne jamais monter sur le tronc pour tronçonner
les branches.

LES TRONCS ET LES BR ANCHES SOUS TENSION :


Les troncs et les branches, selon leur position au moment de la
chute, peuvent être en tension. Dans ce cas, il faut procéder à des
entailles pour enlever graduellement la tension de l'élément.

Pour une branche présentant une


forte arcure, réduire la tension en
pratiquant des entailles du côté
intérieur de la courbe. Ensuite Pour libérer graduellement la tension
couper délicatement du côté d'une branche, insérer la tronçonneuse en
opposé jusqu'à rupture. biais et procéder lentement à la coupe.

Pour des troncs en tension


couper toujours 1/3 du
diamètre du tronc du côté
en compression et terminer
du côté en tension.

Si vous ne savez pas si


l'arbre est en tension
commencez par une coupe
au-dessus et regardez le
trait : s'il se referme vous
êtes sur le côté en tension.

Abattage et débardage des arbres 57


Débardage
L'opération forestière du débardage consiste à acheminer les bois abattus vers le lieu de stockage, accessible
aux camions. "Quand le débardage nécessite une rupture de charge (c’est-à-dire par deux moyens d’acheminement
différents), la première phase est appelée débusquage. Il peut être exécuté manuellement, à l’aide de treuils, ou d’animaux
de trait."*
Débardage en voiture ou tracteur
Vous pouvez utiliser votre tracteur
ou votre voiture comme outil de débardage.
Vous pouvez fixer des câbles métalliques ou
des cordes à l'attelage de votre véhicule et
procéder avec attention au débardage.
Lors d'une forte pente, l'utilisation de ces
véhicules est déconseillée.

Page 91 : point sur les mouflages

Les outils à la main

Crochet de levage

Un des modèles de triqueballe

Le tourne-bille Lien forum Atelier Paysan : triqueballes autoconstruit


http://forum.latelierpaysan.org/post4076.html#p4076

Des personnes, armées de


cordes, peuvent transporter
pour de courtes distances
les grumes qui ne sont pas
trop lourdes.

58 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Débardage en traction animale
Le débardage en traction animale assure,
entre autres, une meilleure gestion de la pente et
permet d'éviter un tassement excessif du sol. Il existe
plusieurs techniques de débardage à cheval qui vont
dépendre de la distance, de la charge et de la présence
d'une pente plus ou moins forte.

Cahier technique : énergie animale et gestion des


espaces naturels, par Sophie Ayache (ONF Agence Ain-
Loire-Rhône)*
http://www.debardage-cheval-environnement.com/
fichs/10272.pdf

Le porteur forestier à traction animale de l'Atelier Paysan :


Inspiré d’un modèle existant dans les pays scandinaves,
ce porteur de débardage à cheval a été remodelé et réadapté
pour l’autoconstruction en fonction des besoins des prestataires
débardeurs de Rhône-Alpes. Il a été testé durant l’hiver 2015-2016 et
est actuellement à disposition d’un débardeur en Ardèche. Tous les
sous-éléments sont démontables rapidement. Le transport de l'outil
sur le chantier peut être assuré seul·e.

Lien à la page de l'outil :


https://www.latelierpaysan.org/Porteur-forestier-hippomobile#telecharger

Abattage et débardage des arbres 59


60 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
2.3/ Approvisionnement
et préparation du bois
Livraison du bois ou transport
Les défauts du bois
L'écorçage

Approvisionnement et préparation du bois 61


Livraison du bois ou transport
LIEU DE STOCK AGE :
Prévoir un lieu sur le chantier
où le grumier peut déposer les
Les grumiers grumes. Cette opération permet,
lors des travaux, d'accéder plus
Une fois le débardage terminé, le bois doit être facilement aux bois pour les
chargé sur des camions pour le transport. La longueur des déplacer et les couper.
camions, environ 16 m, détermine aussi la longueur maximale
des grumes, sauf transport exceptionnel qui aurait des coûts
conséquents.
Si le chantier n'est pas loin du bois où les grumes sont
stockées vous pouvez vous servir du tracteur pour déplacer les
grumes par petits lots.

Le cubage des bois abattus


Pour le cubage des bois abattus, la grume est considérée comme un cylindre parfait de diamètre correspondant
au diamètre mesuré au milieu de la grume-même.
Pour mesurer la longueur : utilisez un décamètre, un double mètre ou un mètre à pointes. Le point de départ de la
mesure dépend de l'entaille d'abattage : si l'entaille est inférieure à 1/4 de la tranche, on choisit la mesure à mi-entaille
sinon l'entaille n'est pas mesurée.
Pour mesurer le diamètre : le diamètre pris en compte est le diamètre moyen situé au milieu de la longueur
commerciale. Pour calculer le diamètre moyen, on considère deux mesures perpendiculaires et on arrondit au cm
couvert (les mesures s'effectuent sur ou sous écorce, selon accord).

πD2
V= xL
4

Le cubage des bois sur pieds


Pour le cubage des bois sur pied la formule est exactement la même
que celle pour le bois abattu.
Pour mesurer la longueur on utilise la croix du bûcheron (voir p. 54).
Par convention le diamètre est mesuré à 1,30 m de hauteur.

Les barèmes ou tarifs de cubage


Les barèmes de cubage permettent d’estimer le volume moyen d'un arbre. Il existe différents types de barèmes :
- Barèmes à une entrée : basés sur le diamètre de l'arbre, mesuré à 1,30 m.
- Barèmes à deux entrées : les plus souvent hauteur et diamètre de l'arbre.
- Barèmes paramétrés : basés sur des données individuelles comme par exemple la hauteur moyenne, l'âge, le
peuplement...
ASTUCE :
Les plus utilisés en forêt privée sont les barèmes Chaudé : ils considèrent la
hauteur et le diamètre de l'arbre permettant de déterminer le volume moyen. Ces Pour la commande du bois, il faut
tarifs sont classés de 1 à 20 selon leur décroissance métrique. Par exemple le tarif toujours considérer une marge de
1 conviendra pour des arbres résineux de haute montagne, tandis que le tarif 14 bois tordus et de tailles qui ne sont
s'appliquera pour du douglas plutôt conique. pas utilisables pour la structure.
Commandez donc toujours une
Vous pouvez demander à un bûcheron de partager avec vous les dizaine de bois en plus pour pouvoir
barèmes nécessaires, ou acheter un des livres disponibles en librairie. combler ces manques.

62 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Les défauts du bois
Certains métiers, tels que les luthiers par exemple, recherchent des défauts particuliers qui donnent au
bois des qualités importantes, comme dans le cas du bois de résonance. Malheureusement, en charpente, les défauts
déterminent difficilement une qualité particulière du bois et dans la majorité des cas, ils peuvent susciter, au
contraire, une difficulté de sciage, des bois fragiles ou carrément inutilisables. Répertorier tous les défauts du bois
de construction mériterait un ouvrage à part, ici vous trouverez seulement quelques exemples significatifs.

Défauts qui peuvent déterminer un bois


inutilisable
▶ Bois mort : un arbre mort sur pied présente une
dessiccation exceptionnelle dans le temps suivant
l'abattage. C'est un bois fragile, moins élastique et
moins flexible. Dans le temps, tous les phénomènes de
décomposition, y compris des pourritures, viennent Cadranure
s'ajouter en rendant le bois complémentent inexploitable.
▶ Cadranure ou "cœur étoilé" : des grandes gerçures
partant du cœur de l'arbre s'étendent vers l'aubier.
Généralement une cadranure est un symptôme de
la décomposition de l'arbre. Par cette constatation, il
est possible de déduire que l'arbre est mort et donc Pourriture
inexploitable. rouge

▶ Pourritures blanches, rouges, brunes : altération d'un


ou plusieurs éléments composant l'arbre provoquée par
des champignons ou des bactéries. Même en enlevant la
partie pourrie, ces bois sont fortement déconseillés en Pourriture
charpente. blanche
et cœur
▶ Trous de vers : des galeries en surface ou qui rentrent rouge
dans l'arbre signifient la présence d'insectes xylophages.
Ils peuvent se présenter dans les arbres sur pied - surtout
de la famille des longicornes, stockés - sirex - ou mis
en œuvre - capricornes. Dans ce cas, il faut intervenir
rapidement pour soigner l'arbre qui, dans le cas contraire Action des
sera vite inutilisable. Attention : une attaque de termites insectes
xylophages
n'est souvent pas visible de l'extérieur. "scolytes"

Défauts occasionnant des bois fragiles


▶ Chancres : l'arbre présente des bosses plus ou moins
grandes qui indiquent que les couches vivantes de l'arbre
sont attaquées par des champignons ou des bactéries.
L'arbre pourrait présenter une perte de résistance, une
altération et/ou des déformations.
▶ Fracture d'abattage : des fissures transversales longent
l'arbre qui vient d'être abattu. Les résistances de l'arbre
sont dans ce cas compromises. Roulure
▶ Irrégularités de croissance (roulure) : les couches

Approvisionnement et préparation du bois 63


annuelles ne sont pas constantes dans ce cas. Ces bois sont plus
exposés à se gercer (roulure) ou à se fendre.
▶ Nœuds : déviation locale des fibres dues à la naissance d'une
branche. L'analyse des nœuds et de leurs conséquences pour la
structure de l'arbre est un travail difficile qui nécessite surtout
de l'expérience de terrain. En général, il peut se distinguer une
différence primordiale entre les nœuds sains qui sont adhérents et
vivants et les nœuds des branches mortes ou cassées qui peuvent
engendrer des altérations de la structure. Les nœuds vicieux Nœud
peuvent provoquer une pourriture de l'arbre ou un bois plus fragile SAIN
que les autres.

Les bois difficiles à scier


▶ Arbre méplat : la section transversale présente deux diamètres de dimensions très différentes. Parfois
accompagnés d'une excentricité du cœur, ces arbres sont difficiles à scier.
▶ Bleuissement : l'aubier présente une coloration bleue provoquée par la présence des champignons. Ces
champignons ne se nourrissent pas de la matière ligneuse, mais seulement de réserves dans les cellules. C'est un
bois sensible à d'autres altérations dans le temps, mais en soi il n'a pas de contre-indication d'emploi.
▶ Cannelures : ce sont des bois dont les cernes annuelles se présentent en forme irrégulière et dont la grume
révèle des rides longitudinales. Les cannelures se présentent souvent à la base de l'arbre ou au-dessus d'une branche
dépérissante. Elles entraînent de difficultés dans les débits de sciage.
▶ Excentricité du cœur : (voir p. 53) dans ce cas, le bois est en général moins homogène et il est moins prédisposé
au sciage. Les planches sont fendantes ou elles se voilent après sciage.

STOCK AGE:
Le bois doit être toujours stocké
hors d'eau pour éviter l'attaque des
insectes xylophages et l'apparition
des pourritures. Vous pouvez utiliser
les chutes pour éloigner les pièces du
terrain et pour les empiler.
Attention : un mauvais stockage peut
entrainer des déformations du bois.

64 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


L'écorçage
L'écorce est la couche la plus vulnérable de l'arbre, où les insectes et les champignons peuvent grandir et se
propager dans les parties les plus profondes de l'arbre.
L'écorçage est donc une phase importante en vue du chantier de construction. Pour éviter l'attaque d'insectes,
il est important d’écorcer le plus vite possible après l'abattage en sachant que, si l'arbre est en sève, l'écorçage sera
beaucoup plus facile que dans d'autres périodes. Si les délais pour écorcer sont assez restreints, pour le séchage
vous pouvez employer sans aucun souci une structure verte. En effet, elle pourra sécher en place, à condition que la
structure soit adéquatement ventilée et que les pièces soient toujours hors d'eau.

Les outils d'écorçage à la main


Vous pouvez fabriquer vous même vos outils d'écorçage !
Les points importants :
- Aiguiser toujours l’extrémité à la meule ou à la lime avec
un angle tel qu'en poussant ce tranchant sur la surface de la
grume pour soulever l'écorce, il n'ait pas tendance à pénétrer
dans le bois

- Avoir un ou plusieurs points de prises pour l’outil pour


pouvoir travailler en ergonomie. Vous pouvez entailler un
pommeau au sommet, installer une poignée ou encore
façonner le manche en forme tronconique pour avoir une
meilleur prise avec la deuxième main.

Source : outils et machines simples d'exploitation forestière (lien ci-dessous)

Outils d'écorçage mécaniques


Autrement vous pouvez acheter un adaptateur pour tronçonneuse
qui sert pour écorcer...

Video sur l'utilisation de l'écorçoir pour tronçonneuse


https://www.youtube.com/watch?v=2xr_a0xm-3w

... ou encore il existe des nettoyeur à haute pression qui peuvent


être utilisés comme outils d'écorçage (ce sont des machines très
puissantes qui nécessitent une bonne connaissance de l'outil).
Des nettoyeurs à haute pression plus petits peuvent être employés
pour nettoyer les grumes.

POINT DE VIGIL ANCE :


Toujours bien ébrancher pour éviter Outils et machines simples d'exploitation forestière
des difficultés dans l'écorçage ! http://oldu.fr/docs/1_Artisanat_Outils/Outils.Machines.sim-
ples.d.exploitation.forestiere.v1990_par_ONU.pdf

Approvisionnement et préparation du bois 65


66 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
Partie III : Couper,
assembler et lever

La troisième et dernière partie de ce livret fait le point, encore une fois, sur les éléments pratiques de
l'autoconstruction avec une tronçonneuse. Elle montre comment, une fois le bois livré sur le chantier, on procède
pour arriver à mettre debout un bâtiment en grumes.
La première sous-partie donne les clés pour préparer les outils de travail et le chantier en général. De
l'entretien de la tronçonneuse jusqu'au traçage des épures ; en somme, toutes les étapes pour commencer la découpe
des grumes sous le bon angle.
Ensuite, elle présente un panorama des assemblages, du plus facile au plus complexe, accompagné des
positions les plus opportunes pour réaliser les coupes voulues avec la tronçonneuse.
Une fois les fermes assemblées, on passe au levage ! L'utilisation des outils de levage et toutes les précautions
demandées par cette étape délicate du chantier seront déclinées.

67
68 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
3.1/ Se préparer à la
coupe
Les outils de chantier
Affûtage et entretien d'une tronçonneuse
Tracer une épure

Se préparer à la coupe 69
Les outils de chantier
Toujours adapter
ses outils selon les
assemblages choisis.
Dans la dernière
formation de l'atelier
paysan nous avons
utilisé : une meuleuse
pour couper les tiges
filetées et tous les
éléments métalliques,
une perceuse pour
pré-trouer les
assemblages et des
La tronçonneuse : privilégiez un modèle clés à molette ou des
professionnel dont vous pouvez acheter, si clés anglaises pour
nécessaire, des pièces de rechange. serrer les écrous des
assemblages.

Prévoir des cordes


ou des élingues
pour faciliter
les manœuvres
d'assemblage. Ce outil
évite de devoir se plier
lors du déplacement
et permet d'avoir une
bonne prise sur la
grume.
La masse : fondamentale pour décaler les
grumes de quelques centimètres lors des
assemblages.

Prévoir la fabrication
de plusieurs plots en
bois avec une entaille
centrale, pour poser
les grumes à découper.
Ces blocs permettent
de travailler en
ergonomie et évitent
que la grume ne se
déplace lors de la
Le marteau de charpentier : un marteau bien coupe.
calibré pour pouvoir planter les clous lors des
assemblages.

La sacoche du
charpentier
permet de
transporter
les outils plus
petits, de pas
les perdre
et d'éviter
qu'ils chutent
pendant le Les clameaux travaillent comme des agrafes
travail en et permettent de fixer les assemblages en
Les outils de mesure et de traçage : toujours hauteur. attendant la fixation définitive.
utiles pour contrôler une distance, pour tracer
l'épure et pour indiquer les découpes sur les
grumes. En annexe fiche "suivi entretien des outils" (p. 114)

70 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


GABARIT S DE SCIAGE AUTOCONSTRUIT S :
Les gabarits permettent
l'utilisation de grumes pour
la réalisation des charpentes
ou d'ossatures bois de type
poteaux poutres.
Ces gabarits ont été
développés principalement
pour l'utilisation de petites
billes de châtaigniers qui sont
généralement valorisées en
piquets ou en bois de chauffage.
Des réglages permettent
l'utilisation de pièces
cintrées dans la limite où
elles s'inscrivent dans un
parallélépipède rectangle de
section 45*50cm.

Dispositifs de maintien en
position

Un réglage de la profondeur
de l'entaille permet d'adapter
l'assemblage au bois.

Recherche de Quentin Guerraz, charpentier.

Se préparer à la coupe 71
Affûtage et entretien d'une tronçonneuse

P. 50 : "points de vigilance pour l'utilisation d'une tronçonneuse"

Composition d'une chaîne de tronçonneuse

Les dents de coupe (ou gouges) fonctionnent selon


le principe du ciseau à bois. Elles "rabotent" des
copeaux de bois.

L'affûtage
Bloquez le guide en deux fois pour chaque rangée de dents (coupe droite et gauche).
Le nez du guide peut être bloqué sur un banc de travail, dans du bois ou avec un étau d'affûtage. Vous pouvez inverser
le sens des dents en effectuant une rotation de la tronçonneuse ou en la retournant.

Si nécessaire, nettoyer la chaîne avec un pinceau pour enlever la résine.

CHOISIR LA BONNE LIME :

Étau d’affûtage portable, très utile en


forêt ou sur un chantier.

72 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Limer avec un angle à 30° sur la dent (gouge) et à 90° du guide en affûtant d'abord une rangée et puis l'autre.
Travaillez de préférence en poussant la lime et bloquez le guide toujours en fonction de la rangée à affûter (comme
indiqué page 72).

ASTUCE :
Pour les premières fois, essayez de
colorer une dent avec un feutre. Si
l’enlèvement, lors que vous passez la
lime, est homogène, votre approche
est correcte. Sinon, il y a une erreur
de positionnement de la lime.

Contrôlez le résultat en observant les dents (gouges).


Si des reflets de lumière sont visibles sur le tranchant,
elle n'est pas encore correctement affûtée. Vous pouvez
considérer l'affûtage comme correct seulement si plus
aucun reflet n'est visible.
Une fois que vous avez affûté toutes les gouges, vous devez contrôler le retrait du limiteur de profondeur et le
rectifier si nécessaire. Attention : le retrait du limiteur de profondeur diminue au fur et à mesure de l'affûtage d'une
chaîne.
Rectifiez le haut du limiteur de profondeur en biais, parallèlement au repère de
maintenance. Prenez garde à ne pas toucher la gouge qui viens d'être affûtée.

ASTUCE :
Positionnez votre lime le long de la
chaîne, entre deux dents pour vérifier
l'état du limiteur de profondeur.

La tension de la chaîne
LES GOUGES :
La tension correcte de la chaîne a une influence décisive sur la longévité de
l'ensemble de la tronçonneuse et, pour cette raison, il faut la contrôler régulièrement. Selon le profil de la gouge, l'angle
d'affûtage sera différent. Les angles
Vous pouvez contrôler la tension en tirant la chaine sur le milieu de la partie
inférieure du guide. Une chaine trop tendue pourrait abîmer le guide et se casser 30°-90° pris en compte dans la partie
beaucoup plus facilement. De la même façon, une chaine détendue augmente le ci-dessus sont des angles adaptés
risque de déraillement et de casse. Lorsque la chaîne est tendue correctement, elle pour une gouge semi-ronde.
doit porter sur toute la longueur du guide-chaîne et, lorsque le frein de chaîne est
desserré, il doit être possible de la faire glisser librement sur le guide. La gouge semi-ronde est la
plus utilisée pour le travail de
construction ou en agriculture. Elle
est résistante, facile à affûter et elle a
un haut rendement de coupe.
La gouge carrée, utilisée dans des
cadres professionnels, est beaucoup
plus fragile et difficile à affûter.
Chaine tendue correctement : en tirant avec les Chaine complètement détendue : les maillons
doigts la chaine sort du guide, mais une fois d’entraînement sont complètement visibles.
relachée elle revient à sa position initiale.

En annexe le tableau récapitulatif des étapes d'affûtage et entretien (p. 115)

Se préparer à la coupe 73
Tracer une épure
Qu'est-ce qu'une épure ?
Pour être certain·e que les assemblages d'une charpente sont corrects, on reproduit les lignes importantes
en dessin à grandeur réelle pour avoir des repères de construction. Le traçage de l'épure est une étape fondamentale
du chantier qui doit être menée d'une façon précise et rigoureuse : une épure mal tracée pourrait, en effet, générer
des problèmes d'alignement ou de déséquilibre de la structure.

Traçage à l'axe et hors d'axe


Il existe deux façon de tracer l'épure
à partir du dessin de la charpente : le traçage
à l'axe et hors d'axe. Pour le travail avec
des grumes, vu la difficulté de prévoir leur
épaisseur, les mesures sont prises au milieu ou
à l’extérieur de l'élément.
Pour le traçage hors d'axe, comme
dans le dessin ci-contre, on considère une
des faces des pièces de bois. On trace donc à
partir de l’extérieur de la pièce (dans le cas des
grumes) les lignes de l'épure pour ensuite les
aligner en suivant ces repères.
Pour le traçage à l'axe, comme le dit
son nom, on considère l'axe des différentes
pièces de bois. Cette technique peut entrainer
moins d'erreurs surtout en absence de
références intérieures/extérieures de la pièce,
mais elle nécessite une certaine rigueur dans la
prise des mesures.
Les indispensables
Les outils indispensables pour le traçage de
l'épure sont : crayon de chantier, cordex (voir
glossaire), grande équerre, mètre, décamètre,
traceur de chantier et, si vous utilisez cette
technique, un plomb à piquer.

POINT DE VIGIL ANCE :


Tracer une épure sur une dalle béton est
certainement plus facile qu'en plein champ. Si
votre bâtiment prévoit une dalle, prévoyez de
Dessin de la charpente et son épure. Dans le dessin de l'épure, vous retrouvez la couler avant le chantier pour avoir un lieu de
les lignes les plus importantes pour les repères (la ligne de trave, d'axe, de
poteau et de sol).
traçage propre.
Dans le cas contraire, vous pouvez disposer des
planches de bois à l'emplacement des lignes
Les étapes et la vérification des diagonales pour tracer avec plus de confort votre épure.

Pour démarrer, tracez la ligne de sol à l'aide du cordex. Tracez sa perpendiculaire pour construire la
ligne de poteau et, à suivre, la ligne d'axe et la ligne de trave. Ensuite, tracez les autres lignes indispensables pour les
assemblages de la structure. Pour être certain·e de tracer les perpendiculaires de façon correcte vous devez utiliser le
théorème de Pythagore. Une fois construites toute les lignes, repassez-les au crayon pour éviter le risque d’effacement.

74 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


La méthode du 3-4-5 est une simplification du théorème de Pythagore très
utile en phase de chantier. Cette technique vous permettra de tracer des
perpendiculaires correctes pour une pose convenable des pièces.
La méthode :
1. Tracez la ligne de sol. A partir d'un point "A", noté sur la ligne de sol,
mesurez une longueur multiple de 3 (1,5 m, 3m, 6 m ...) et notez ce point "B".
2. A partir du point "A", tracez un arc de cercle d'un rayon multiple de 4 (2
m, 4 m, 8 m ...)
3. A partir du point "B", mesurez une distance multiple de 5 (2,5 m, 5 m, 10 m
...) et tracez l'intersection avec l'arc de cercle.
4. Tracez la ligne "AC" qui sera parfaitement perpendiculaire à la ligne "AB".

ASTUCE :
Marquez toujours les
charpentes assemblées
pour identifier facilement,
lors du chantier de levage,
leur emplacement.

Chercher l'alignement et reporter les mesures


Placez les éléments un par un au milieu ou à l'intérieur de la
ligne de l'épure selon le traçage choisi. Surélevez les grumes du terrain pour
pouvoir, par la suite, couper les assemblages sans souci (les grumes doivent
être toujours parallèles au sol donc choisissez bien vos cales). Positionnez les
éléments secondaires sur les premiers en faisant attention à leur position qui
doit être la plus horizontale possible.
Pour placer les éléments et reporter les mesures, vous pouvez vous servir
d'une équerre en bois que vous pouvez autoconstruire en mettant en pratique
la technique du 3-4-5, expliquée ci-dessus. En positionnant l'équerre sur
les croisements, vous pourrez facilement reporter les mesures ou vérifier
l'emplacement des grumes.
Une autre technique est celle du repiquage ou piquage qui emploie un plomb
de charpentier pour reporter les mesures. Vous placez le plomb sur un point
de croisement de l'épure et, à l'aide du crayon, vous reportez les mesures sur
le bois.
Tutoriels sur le piquage
http://apprendrelacharpente.blogspot.fr/2015/01/la-mise-sur-ligne-et-le-piquage.html

Se préparer à la coupe 75
76 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
3.2/ Les assemblages

Panorama des assemblages en bois rond


Positions de la tronçonneuse et coupes
Réalisation des assemblages principaux

Les assemblages 77
Panorama des assemblages en bois rond
Assemblage avec clous

Assemblage avec tige filetée

Assemblage moisé
des entraits

Embrèvement
de
l'arbalétrier
sur un poteau

78 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Embrèvement d'une jambe
de force sur un poteau

Assemblage à mi-bois
des arbaletriers

Assemblage avec tige filetée

Assemblage avec tige filetée

Les assemblages 79
Positions de la tronçonneuse et coupes
Avant de parler des positions de la tronçonneuse pour réaliser les coupes voulues, il est important de souligner
l'importance d'une position ergonomique pour le travail avec une tronçonneuse. Bien se positionner, toujours avec le
dos droit et surtout bien positionner les pièces : à la hauteur de l'usager et dans la bonne position pour la coupe.
Jambes pliées, Dos raide, Dos droit, Dos droit,
Astuce de golfeur·se
dos droit jambes raides jambes pliées jambes pliées
Dos rond,
jambes raides

Évitez de solliciter votre colonne vertébrale plus que nécessaire. Détendez-vous et ménagez votre colonne vertébrale avec vos jambes !

Délignage

- Tracez les axes verticaux aux deux bouts de la grume à l'aide d'un
niveau ; ASTUCE :
- Tapez, à l'aide d'un cordex, le milieu de la grume. Pour cette phase Si le travail concerne seulement le délignage
deux personnes seront nécessaires ; de planches, envisagez la possibilité d'affûter la
- Procédez à un premier passage à la tronçonneuse pour marquer le trait tronçonneuse avec un angle de 5° à la place de
en avançant avec le guide devant vous pour contrôler la trajectoire ; 30°. De cette façon le travail sera plus simple et
l'affûtage efficace plus longtemps.
- Commencez la vraie découpe sur un des côtés de la grume et procédez
en reculant jusqu'à la coupe complète sur toute la longueur.
Mise à niveau

Souvent, après une coupe, la surface n'est pas parfaitement plate et présente des
POINT DE VIGIL ANCE :
irrégularités. La pièce nécessite un travail de mise à niveau.
Ne vous arrêtez pas avec la
- Allumez la tronçonneuse et accélérez ;
tronçonneuse posée sur la grume ! Le
- Maintenez l'outil à une vitesse élevée ; guide commencerait, dans ce cas, a
- Procédez au balayage avec un mouvement continu de gauche à droite et couper le bois en ruinant le travail fait.
inversement.

80 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Tronçonnage vertical

- Main droite sur la double gâchette et main gauche sur la partie supérieure
ZONE DE REBOND :
de la poignée avant ;
Pour plus d'informations, allez p. 51.
- Tronçonnez avec la partie inférieure ou la partie supérieure du guide, en
faisant attention à la zone de rebond ;
- Commencez la découpe en utilisant les dents d'accroche, qui sont
positionnées sur la partie inférieure de la tronçonneuse, pour faire levier et
ne pas forcer sur la machine.

Tronçonnage à plat

- Main droite sur la double gâchette et main gauche sur la partie latérale de
la poignée avant. LES TRONCS SOUS TENSION :
- Tronçonnez avec la partie inférieure du guide ; Pour plus d'informations p. 57.
- Positionnez toujours le guide vers le bas (comme dans l'image) ;
- Prenez toujours le temps de trouver une position appropriée du corps
pour un travail en ergonomie et en sécurité, surtout pour les coupes
complexes.

Les assemblages 81
Réalisation des assemblages principaux
Les moyens d'assemblage

Bande perforée Clou Tige filetée

A longueur égale, la section d'une vis, à cause de sa forme, sera


toujours inférieure à celle d'un clou. Par nature, elle travaillera donc mieux en
traction qu'en cisaillement et vice-versa pour le clou. Pour cette raison, selon les
assemblages et leur travail dans la structure, on privilégiera l'une ou l'autre.

Les tiges filetées sont utilisées pour des assemblages principaux pour leur donner encore plus de stabilité,
surtout dans la phase de levage où les articulations de la charpente peuvent être soumises à des efforts ponctuels.
La bande perforée est très pratique pour les assemblages en hauteur ou difficiles à atteindre. Sa résistance à
traction est assurée par les vis nécessaires pour la mettre en place.

Les connecteurs métalliques


Les connecteurs sont des éléments, modelés selon le type d'assemblage, qui peuvent éviter les découpes
d'assemblage. Ils se fixent de préférence avec des clous dont le nombre est calculé selon le poids et les efforts de la
structure. Selon leur nombre et leur complexité, le coût de la structure peut augmenter par rapport à une solution en
découpe où les éléments d'assemblage sont des tiges ou de simples clous.

T 90° - Liaison
panne poteau
Croix - Liaison
poteau
traverse

T 15° - Liaison Réducteur -


Arbalétrier Liaison traverse
poteau poteau

Liaison carré
Assemblage - rond
continuité des
bois
Fixateur de
panne - Liaison
chevron panne
Ancrage -
Liaison poteau
fondations

82 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Assemblage à mi-bois

Les indispensables : tronçonneuse, perceuse, tiges filetées/écrous,


meuleuse, clés à molette et crayon.
1. Commencez par reporter les mesures de l'épure sur les éléments à l'aide
du crayon (voir "tracer une épure" page 74).
2. Après avoir positionné une des grumes d'une façon ergonomique,
procédez à la première coupe à mi-bois sur l'élément.
3. Une fois la coupe finalisée, positionnez la deuxième grume de
l'assemblage sur la première.
4. Contrôlez la bonne exécution des coupes et réalisez les plats nécessaires
pour que la pose ne soit pas gênée par les arrondis de la grume.

5. Signalez, à l'aide d'un crayon ou de la tronçonneuse, les points de


croisement des grumes pour pouvoir réaliser la deuxième coupe à mi-
bois d'une façon précise. De plus, signalez avec un crayon la verticale
de la grume que vous allez couper pour pouvoir par la suite retrouver sa
position.

6. Réalisez le deuxième mi-bois en tournant la grume dont vous avez


signalé le croisement. Contrôlez toujours que vous êtes de niveau avec la
ligne précédemment faite au bout de la grume.
7. Mettez-les en position d'assemblage et tapez au bout de la grume avec
une masse pour compléter la mise en position.
8. Percez un trou, insérez la tige et coupez-la avec une meuleuse.
9. Vissez les boulons et serrez-les avec les clés à molette.
10. Finissez l'assemblage en tronçonnant les éléments qui dépassent si vous
n'en avez pas besoin pour poser une panne faîtière.

Les assemblages 83
Assemblage moisé

Les indispensables : tronçonneuse, crayon, marteau et clous.


1. Réalisez un délignage de l'élément qui sera la moise (voir "délignage"
page 80).
2. Positionnez l'élément à cheval sur les deux arbalétriers et signalez avec
la tronçonneuse ou avec un crayon leur emplacement.
3. Soulevez l'élément moisé et procédez à la coupe du premier arbalétrier.
4. Faites d'abord les coupes verticales et puis la coupe horizontale.
5. Si nécessaire, mettez la coupe à niveau (voir "mise à niveau" à page 80).
6. Repositionnez l'élément et faites de même pour l'autre arbalétrier.
7. Une fois les coupes finies, tapez avec une masse, si nécessaire, pour faire
rentrer les éléments dans les encoches.
8. Procédez au clouage de la première moise.

9. Maintenant l'étape la plus délicate : vous devez tourner la charpente


pour pouvoir poser le deuxième élément moisé. Procédez avec attention
pour éviter une rupture de la charpente.

10. Une fois la charpente tournée, répétez les mêmes étapes pour la
deuxième moise.

84 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Embrèvement

Les indispensables : tronçonneuse, perceuse, tiges filetées/écrous,


meuleuse, clés à molette et crayon.
1. Commencez par reporter les mesures de l'épure sur l'élément à l'aide
d'un crayon (voir "tracer une épure" page 74).
2. Positionnez la contre-fiche (jambe de force) à son emplacement.
3. Signalez avec l'aide d'un crayon ou de la tronçonneuse les points de
croisement des grumes sur l'arbalétrier.
4. Procédez à la coupe de la jambe de force.
5. Positionnez l'élément de nouveau sur l'arbalétrier et signalez avec le
crayon ou la tronçonneuse son emplacement.
6. Procédez cette fois à la coupe en embrèvement de l'arbalétrier en suivant
les lignes précédemment notées.
7. Positionnez, encore une fois, la jambe de force sur l'arbalétrier et
contrôlez l'assemblage.

8. Répétez la même opération pour le lien poteau-jambe de force.


9. Si les coupes sont bien réalisées vous devriez réaliser l'assemblage sans
trop d'effort. Attention : ne jamais pousser l'élément en position avec la
masse, vous risquez de désaxer la structure en poussant les poteaux vers
l’extérieur.
10. Percez les trous, insérez les tiges et coupez-les avec une meuleuse.
11. Vissez les boulons et serrez-les avec les clés à molette.

Les assemblages 85
86 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
3.3/ Levage de la charpente

Points de vigilance sur le chantier


Outils de levage
Assemblage des charpentes

Levage de la charpente 87
Points de vigilance sur le chantier
PERMIS DE CONSTRUIRE
CONSTRUCTION OU TRAVAUX Affichage obligatoire du panneau de chantier
N° Permis :
L'affichage du panneau de chantier ou du panneau de permis de
En date du :

Bénéficiaire(s) :
construire est obligatoire pendant toute la durée du chantier. Ses indications
Nature des travaux : doivent être visibles de la voie publique (Art. R422-15 du code de l'urbanisme
et Art. R 8221-1 du code du travail).
Superficie hors œuvre nette autorisée : m²

Hauteur de la/des construction(s) : m De plus, à partir de la date d'affichage, le voisinage a deux mois pour
Surface des bâtiments à démolir : m² faire une demande de recours, le cas écheant, et s'opposer à la décision de la
Superficie du terrain : m² Mairie (R 600-2 du code de l'urbanisme).
Nom de l’architecte, auteur projet architectural :

Date affichage permis en mairie le : Ce panneau, qui peut être autoconstruit, doit afficher un certain
nombre d'informations obligatoires, définies par un arrêté du/de la Ministre
Le dossier peut être consulté à la Mairie de (ville et adresse) :

chargé·e de l'urbanisme. A ce jour il doit mentionner : votre nom, votre raison


Droit de recours :
sociale ou dénomination sociale, la date de délivrance du permis ainsi que
Le délai de recours contentieux est de deux mois à compter du premier jour d’une période

son numéro et la date d'affichage en mairie, la nature du projet et la superficie


continue de deux mois d’affichage sur le terrain du présent panneau (article R. 600-2 du code
de l’urbanisme).
Tout recours administratif ou tout recours contentieux doit, à peine d’irrecevabilité, être notifié

du terrain, l'adresse de la Mairie où le dossier peut être consulté, le nom de


à l’auteur de la décision et au bénéficiaire du permis ou de la décision prise sur la déclaration
préalable. Cette notification doit être adressée par lettre recommandée avec accusé de
réception dans un délai de quinze jours francs à compter du dépôt du recours (article R. 600-1
LEBONPRINT - 04.30.96.60.74

du code de l’urbanisme).

l'architecte auteur du projet architectural si le projet est soumis à l'obligation de


CHANTIER INTERDIT AU PUBLIC recours à un architecte et les droits de recours des tiers à savoir en citant l'article
R 600-2 du code de l'urbanisme.
POINT DE VIGIL ANCE AFFICHAGE : Il doit également indiquer, en fonction de la nature du projet :
Les défauts d'affichage n'influencent pas • Si le projet prévoit des constructions : la surface du plancher ainsi que
la légalité de l'autorisation. En revanche la hauteur de la ou des constructions exprimée en mètres par rapport au
vous êtes passible d’amende (Art. R sol naturel,
8224-1 du code du travail) et les tiers, • Si le projet porte sur un lotissement : le nombre maximum de lots
ayant un intérêt à agir, peuvent contester prévus,
l'autorisation pendant 1 an à partir de • Le nombre d'emplacements réservés à des habitations légères de loisirs,
l’achèvement des travaux. le cas écheant,
Article de service-public.fr sur l'affichage : • Si le projet prévoit des démolitions : la surface du ou des bâtiments à
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/
F1988 démolir.
(https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1988)

Quelques conseils pour le chantier


Voici une petite partie des précautions à prendre en compte lors
d'un chantier de construction. Pour plus de renseignements
vous pouvez contacter l'INRS, la CRAM, un coordonnateur
SPS (sécurité et protection de la santé) ou toute autre structure
ou personne qui est en capacité de donner une expertise ou de
fournir des fiches sécurité.
▶ Protections : les protections préconisées à la p. 50 valent
aussi pour ce chantier de construction particulier où le·a
constructeur·trice sera amené·e à manier une tronçonneuse.
Donc protections pour le corps adaptées au travail à la
tronçonneuse, protections auditives, casque, protections pour
les main, protections pour les yeux et chaussures de sécurité.

P. 50 : "points de vigilance pour l'utilisation d'une tronçonneuse"


POINT DE VIGIL ANCE :
▶ Travail en hauteur : depuis 2004, la réglementation Ne jamais laisser vos outils en hauteur :
considère que toute chute peut être dangereuse quelle que soit les ramener toujours au niveau du
la hauteur. Toute élévation au-dessus du niveau du sol constitue sol après un travail pour éviter qu'ils
désormais un travail en hauteur. ne chutent sur vous ou sur les autres
personnes présentes sur le chantier.
Fiche INRS sur les "préventions des risques de chutes de hauteur" :
http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206110
Pour limiter les risques d'oubli
vous pouvez utiliser une sacoche de
charpentier.

88 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


A STUCE NE T TOYAGE :
▶ Nettoyage du chantier : sur un chantier de construction en bois, Vous pouvez récupérer des fûts en
qui implique l'utilisation d'une tronçonneuse, les déchets produits sont acier, découper un des deux fonds avec
nombreux. Des bouts d'écorce, des chutes, des copeaux ... Tous ces éléments la meuleuse et vous en servir pour
augmentent le risque de chute sur le chantier. Il est donc important de entreposer les déchets. Une fois pleins,
maintenir le lieu de travail propre pour prévenir les dangers et pour éviter de vous pouvez les sangler et les vider,
perdre ses outils de travail. avec l'aide d'une grue, dans une benne.
Plusieurs fûts bien disposées sur le
▶ Utilisation et normes sur les élingues rondes et les sangles plates : les chantier peuvent vous faire gagner du
élingues en textile sont les plus pratiques à utiliser sur le chantier. Elles sont temps et de l'efficacité.
légères, elles n’abîment pas le bois et elles peuvent être utilisées tant dans le MF. et T. Houdart, "L'art de la
déplacement des grumes que pour le levages des charpentes plus lourdes. fuste", cahier n° 4, p. 36.
L'important est de choisir la bonne élingue pour le bon travail.
Toutes les élingues en tissus synthétiques sont peu sensibles à l'humidité,
mais elles sont dégradées par les ultraviolets.
Plusieurs normes sont mises en place pour régler l'emploi des élingues,
surtout pour celles d'occasion. Avant leur mise en service, elles doivent être
périodiquement contrôlées par du personnel qualifié. Dans tous les cas, le
conseil est d'acheter des élingues neuves en vue d'un chantier plutôt que
d'utiliser de l'occasion.
En outre, contrôlez toujours la conformité et la charge maximale de l'élingue
en lisant son étiquette qui doit être conforme à celle présentée ci-contre.
Fiche INRS "mémento de l'élingueur" :
http://www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/ED/TI-ED-6178/ed6178.pdf

Choisissez, de préférence, des élingues fermées en boucle (rondes) qui vous


permettront d'assurer plus facilement les grumes. Saisissez chaque grume
ou chaque ferme par deux élingues et évitez de former un angle supérieur
à 90° en les mettant en place. Dans ce cas, il subsiste le risque que l'élingue
glisse sur l'élément avec des conséquences qui peuvent être désastreuses.

ASTUCE :
Vous pouvez vous servir
d'une élingue en boucle
comme tourne-bille pour
tourner un tronc dans la
phase de découpe.

Essayez de positionner l'élingue sur le points d'équilibre de la grume, sachant que, vu la


configuration de l'arbre, une extrémité est sûrement plus lourde que l'autre.
Exemple d'étiquette d'élingue. La
date indique l'année de mise sur le
marché. (source : fiche INRS, Accesoires de
levage, Mémento de l'élingueur)

Levage de la charpente 89
Outils de levage
Aujourd'hui, les grues électriques à montage
R ADIO - COMMANDE :
rapide sont répandues sur le marché. Les maçons et les
professionnels abandonnent progressivement ce type Le boîtier à boutons de votre grue
d'engin au profit de chariots élévateurs, ce qui explique la d'occasion est relié à l’armoire
disponibilité de ces grues à la vente. électrique par un câble peu pratique. Il
peut être remplacé facilement par une
Une grue d'occasion en bon état, peut coûter télécommande en posant sur le boîtier
entre 5.000 et 10.000 € HT (MF. et T. Houdart, "l'art de d'origine un émetteur-récepteur.
la fuste", cahier n°4, p.15). C'est donc un investissement
rentable pour un·e autoconstructeur·rice, même pour un
seul chantier. Avant l'achat assurez-vous de l'état général
de l'engin et en particulier de la couronne de rotation -
point très délicat -, de l'état des câbles et de l’équipement
électrique.
Achetez de préférence une grue en
fonctionnement et à proximité du chantier ; de cette façon,
vous limiterez les coûts et le temps de transport. Une grue
peut rouler à 25 km/h maximum, traînée par un tracteur
ou un camion.
Même dans le cas d'une autoconstruction, faites monter
votre grue par un personne compétente et, ensuite, faites-
la réceptionner par un service de contrôle, il en va de votre
sécurité !
Dans tous les cas, faites attention aux risques de
renversement de la grue qui peuvent être dus à différentes
causes. En premier lieu le vent qui souffle - au-delà des
80 km/h, tout travail avec la grue doit être arrêté -, les
déséquilibres de charges (trop lourdes, mal équilibrées,
mal fixées ...) et les déséquilibres de la grue-même (une
grue mal calée par exemple).

Les chariots télescopiques


Le chariot télescopique peut être un bon moyen
pour le levage de la charpente. Il permet une grande
flexibilité d'utilisation par rapport à une grue qui est calée
dans un endroit du chantier pour toute sa durée.
Si vous pouvez facilement acheter une grue de
chantier, pour ces engins les prix ne seraient pas rentables.
De nombreuses entreprises louent à un prix abordable
ces engins à la journée ou à la semaine. Si vous organisez
correctement votre calendrier de chantier, vous pourrez en
louer un pour le temps nécessaire sans générer de surcoût
inutile.

90 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Levage à la corde et mouflage

« Le mouflage est un système de traction entre deux


points, ou de levage d’une charge, faisant appel à
un câble immobilisé à une extrémité, s'enroulant
sur deux poulies opposées, dont une fixe, et tracté à
l'autre extrémité. »
(FOREST. Métall. 1977)
L’intérêt du mouflage est de diviser le poids de
la charge à soulever. En général pour chaque boucle entre
deux poulies sur le même axe, le poids de la charge est
divisé par deux. Plus le nombre des boucles augmente, plus
le poids diminue.
Le mouflage peut être utilisé pour le déplacement
des grumes sur le chantier ou pour décharger un camion
en s’appuyant sur un point en hauteur comme dans l'image
ci-contre.
Vous pouvez aussi utiliser un mouflage simple,
c'est-à-dire avec une seule boucle, en combinaison avec un
treuil pour doubler la force de la machine. Dans ce cas, il
consommera moins d'énergie, mais sa vitesse sera divisée
par deux.
Attention : l'ancrage du treuil doit être assez fort pour
supporter deux fois la force nécessaire à la traction !

L A CHÈVRE DE LEVAGE :
Les chèvres de levage, fixes ou mobiles, peuvent représenter
une opportunité pour un chantier d'autoconstruction
étant donné leur prix négligeable.
Elles sont constituées de deux mâts joints au sommet, afin
de créer un V inversé, maintenu par des haubans (voir
glossaire). Une corde, passant par une poulie ou un palan
fixé sur le haut, permet de lever une charge donnée.
C'est un système très simple qui est largement employé
pour le levage des ensembles de charpente déjà assemblés.

Levage de la charpente 91
Assemblage des charpentes
Stabilisation provisoire des charpentes
La stabilisation provisoire est l'ensemble des démarches nécessaires pour ancrer la charpente en attendant
de pouvoir la stabiliser définitivement lorsque tous les éléments seront en place.
La première étape consiste sans doute à fixer la charpente aux pieds. Posez-la à son emplacement avec
l'aide de l'engin de levage choisi et fixez les pieds avec le système précédemment choisi et mis en place (voir "point
sur les fondations", p. 31).
De plus, vous pouvez contreventer provisoirement la charpente qui vient d'être mise en place avec un
système de cordes pour pouvoir procéder au levage d'un élément de soutien ou d'une autre charpente et, ensuite,
rigidifier le tout avec des contreventements (voir "les contreventements", p. 29).
Si nécessaire, vous pouvez poser plus de contrevents que le nombre nécessaire une fois que la structure sera
terminée. De cette manière, la stabilisation sera efficace en attendant les contreventements de toiture et les pannes.

Ancrage de la charpente aux pieds. Mise en place du système de cordes qui stabilisent provisoirement la
charpente qui est une noue (voir glossaire).

La partie en angle du bâtiment est en place : les contrevents et les demi-charpentes posées sur la noue stabilisent cette partie de la structure.

92 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


POINT IMPORTA NT :
Plus les découpes des charpentes sont
Les assemblages et la pose des pannes précises et abouties avant le levage,
moins les manœuvres et découpes
Les charpentes et demi-charpentes doivent potentiellement dangereuses seront
être montées selon leur ordre hiérarchique. nécessaires lors du levage.
Pour faire reposer les éléments secondaires sur la
charpente "porteuse" vous pouvez vous servir d'un
système de corbeaux.
Un corbeau est un élément fixé à la charpente
ou scellé dans le mur qui forme une saillie, destinée à
supporter une autre pièce (poutre, demi-charpente,
balcon ...).
L'installation des corbeaux doit être faite
avant le levage et, pour cette raison, vous devez
connaître l'angle et l'emplacement de la pièce qui se
posera dessus.
Chaque demi-charpente ou pièce qui le
nécessite dans la structure pourra donc être fixée à
ce dernier par un feuillard ou par des clous : deux
moyens peu onéreux et faciles à mettre en place. Les demi-charpentes reposent sur deux corbeaux et sont fixées par une
bande perforée.
D'autres systèmes, comme les sabots ou
les chevilles, peuvent être utilisés pour assembler les
charpentes. Ils demandent, par contre, un savoir-faire
et une expertise plus fine qui nécessite d'être mise au
point avant le chantier.
Une fois que toutes les charpentes sont
en place, contreventées et assemblées, vous pouvez
procéder à la pose des pannes. Elles peuvent être
mises en place en continuité en réalisant des sifflets -
coupes en biseau qui permettent le raccord entre deux
pièces de bois - ou avec des joints croisés. Dans tous les
cas vous devez prévoir leur emplacement à l'avance et
préparer les arbalétriers en posant des échantignoles
ou en réalisant des encoches.

Mise en place des corbeaux.

La couverture choisie viendra se clouer


directement sur le pannes (dans le cas de la tôle) ou
nécessitera la pose des liteaux auparavant (dans le cas
des tuiles).

Encoches sur les arbalétriers destinées à recevoir les pannes faîtières.

Levage de la charpente 93
94 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse
Partie IV : des exemples
de réalisation

Des exemples de réalisation 95


PAYSAN BOULANGER : ABRIS EN GRUMES
La ferme de Sébastien Benoît

Sébastien Benoît est installé depuis 6 ans à La Brillane (04)


comme maraîcher-paysan-boulanger. Parti de 4 ha de
champs en location, il s'est peu à peu agrandi, diversifié et
équipé, construisant et modifiant lui-même au maximum ses
outils de travail. Pour lui, l'autoconstruction est un moyen
de faire au moins cher et au plus proche de ses envies et
besoins. Il expérimente également différentes techniques
dans ses champs, testant le semis direct sous couvert, même
si sa production en pâtit, l'important pour lui étant de
réussir à atteindre la richesse d'un champ en friche toute en
produisant un minimum de céréales et légumes. Il travaille
aujourd'hui sur 11 ha dont 1 ha de petits fruits et figuiers, 1/2
ha de prairie, 2500 m² en maraîchage et le reste en céréales.

CONTEXTE DE LA FERME :
• Taille : 11 ha de terres. Construction (neuve)
• Petits fruits et figuiers, prairies, maraîchage, céréales et pain.
• Commercialisation : vente directe sur les marchés.
Coût global : 200 € HT
CONSTRUCTION : Coût par lot :
• Bâtiment principal : abri en grumes de chêne et acacia trouvées sur - Bois de forêt coût zéro
place. - Quincaillerie, bac-acier et brise-vue : 200 €
• Sol : aucune fondation, les poteaux sont directement pris dans le Superficie totale : 25 m²
sol à une profondeur de 60 cm (ce système ne les protège pas d'une
éventuelle remontée d'humidité ou de l'attaque des insectes). Temps de construction : 15 jours
• Structure secondaire : brise-vue en toile tissée.
• Couverture : tôles fixées directement sur des pannes.

USAGE :
• Fonctions : abri pour les outils et les machines. Détail des assemblages:
• Ergonomie du bâtiment : une grande entrée sans poteau qui permet Toute la force s'exerce au milieu, sur la poutre
un accès direct à l’intérieur. centrale. Un renforcement en triangle est nécessaire.

+ POINTS FORTS :
• Réduction du coût d’installation, aménagements simples et
économiques.

- LIMITES :
• Les poteaux sont insérés directement dans le sol : le système
ne les protège pas d'une éventuelle remontée d'humidité ou de
l'attaque des insectes.
• Manque une triangulation de la poutre centrale du bâtiment, qui
est surchargée en l'absence d'un entrait.

CLÉS DE CONCEPTION :
• Interêt général de Benoit pour la charpente.
• Conception assez intuitive en regardant ce qui existe.
• Seules les dimensions posent question, mais il y a toujours
la possibilité de demander conseil à des professionnels.

96 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


60 cm

Article issu d’une TRIP, lien forum :


http://forum.latelierpaysan.org/post4921.html#p4921 Des exemples de réalisation 97
HANGAR EN GRUMES
La ferme du Mont Charvet

La ferme du Mont Charvet est une ferme d’élevage en GAEC


depuis 2007. L’autoconstruction présente est impressionnante
par son rapport surface / coût, son approche structurelle et
son conception exigeante.
En 2005, une première tranche de construction a été réalisée
par quatre associés. Le plan en L a permis de dégager une
cour intérieure distribuant toutes les fonctions de la ferme,
tout en envisageant les possibilités d’extension et l’accueil
du public. Les bâtiments ont été faits en grumes de bois.
Le matériel requis pour cette technique de construction est
rudimentaire : une grue pour lever les éléments structurels,
une bonne tronçonneuse, quincaillerie et perceuse, visseuse,
boulonneuse... L’efficacité et la rapidité du chantier sont Construction (neuve)
notables. Depuis la première tranche, plus de 2000m² ont été
construits au total. Coût global : 12000 € HT
Superficie totale : 540 m² au sol
Temps de la construction :
CONTEXTE DE LA FERME : - L’ensemble des bâtiments ont été construits année après année, de
2005 à 2014
• Taille : 40 ha de terres. - 2 semaines de montage pour la dernière stabulation.
• Viande et charcuterie de porc, viande de bœuf et de veau.
• Commercialisation : vente directe, marchés, magasins et AMAP.

CONSTRUCTION :
• Bâtiment principal : charpente en grumes douglas sur plots béton.
• Sol : dalle et fondations en béton-armé. Image représentant les deux stabulations. Les terres se trouvent
• Structure secondaire : bardage partiel en bois. dos à l'observateur.
• Couverture : tôle fixée directement sur des pannes en grumes.
• Murs des locaux : bardage en bois avec isolation.

USAGE :
• Fonctions : production, local de vente et bureau.
• Organes internes du bâtiment : stabulation, atelier de transformation,
stockage grain, stockage foin / paille et parking pour les véhicules.
• Ergonomie du bâtiment : entrée dans la cour facilitée - ce qui permet
un accès aux bâtis et une facilité de nettoyage (dalle béton).

+ POINTS FORTS :
• Réduction du coût d’installation, aménagements simples et
économiques.
• Isolation des espaces communs qui permet du confort thermique.

- LIMITES :
• L’orientation du bâtiment n’offre pas assez de soleil pour les
vaches.
• Les parcs des vaches de la première stabulation ne peuvent pas
s’ouvrir de manière indépendante.
• Les parcs des vaches n’étant pas indépendants, lors du nettoyage
toute la stabulation doit être libérée.

CLÉS DE CONCEPTION :
• Potentialités d'extension dans toutes les directions
(conditionnées par l'implantation du bâtiment de base).
• Implantation en L définissant un espace central.
• Insertion dans le paysage.

98 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Perspective de la stabulation.

Article issu d’une TRIP, lien forum :


http://forum.latelierpaysan.org/post4079.html#p4079 Des exemples de réalisation 99
GRANDE SURFACE EN GRUMES
La ferme des pierres gardées

Après de nombreuses années d’expérience sur d’autres


fermes en Isère, Pierre et Marie-Pierre s’engagent sur
un nouveau projet au début de l’année 2015, en ayant
l’opportunité de redémarrer sur ces terres. Ils se lancent donc
en tant que paysans boulangers, avec le projet de faire vivre
3 ou 4 personnes sur leur exploitation : les différentes étapes
s’enchaînent très vite, et l’activité de boulangerie commence
dès novembre 2015, installée dans un local temporaire sur
le site.
En parallèle de ce rythme soutenu, Pierre construit un
nouveau bâtiment agricole impressionnant, intégrant toutes
les fonctions nécessaires au lancement de leur activité, dont
la plus grande partie sera réalisée en tout juste 4 mois, avec
très peu d’aide et un rapport de prix au m² difficilement
atteignable !
Construction (neuve)

Coût global : 46 000 € (soit 60€/m²)


CONTEXTE DE LA FERME :
• Taille : 7 ha de terres. Coût par lot :
• Pain, céréales, vaches, porcs, chèvres, poules pondeuses. - Terrassement : 4500 €
• Commercialisation : vente directe & marchés - Bétons (85 m³) : 8500 €
- Ferraillages : 1000 €
- Grumes de bois (67m3 à 120 € le m3) : 8040 €
CONSTRUCTION : - Bardage bois : 6000 €
• Bâtiment principal : charpente en grumes de bois douglas (10 m) à - Murs et cloisons bois (ossature) : 6000 €
entrait retroussé (sur plots béton). - Électricité : 8000 €
• Sol : dalle et fondations en béton-armé. - Architecte : 2000 €
• Structure secondaire : façade légère bois douglas appuyée sur les
portiques et sur une lisse basse (vissée à la dalle). Superficie totale : 750 m² au sol
• Couverture : tôle fixée directement sur des pannes en grumes RDC : 460 m²
(espacées d'environ 1,85 m). Etage intérieur : 120 m²
• Murs des locaux : panneaux d'ossature bois isolés en fibre de bois. Appentis nord : 150 m²
USAGE :
Temps de la construction :
• Fonctions : production, local de vente, meunerie. - Début du projet en mars 2015.
• Organes internes du bâtiment : stockage, local de vente, bureau, deux - Terrassement en octobre 2015.
stabulations pour les vaches et parking pour les camions et tracteurs. - Sols béton fin octobre / début novembre 2015. Début de la charpen-
• Ergonomie du bâtiment : entrée dans la cour facilitée (ce qui permet te dans le courant du mois de novembre, bâtiment hors d’eau (avec
d'avoir accès aux bâtis), facilité de nettoyage (dalle béton), accès des bardage extérieur et couverture) fin janvier 2016.
vaches. - Depuis février 2016 : construction des volumes intérieurs fermés, en

+ POINTS FORTS :
ossature-bois (atelier, boulangerie, salle « polyvalente »...)

• Réduction du coût d’installation, aménagements simples et


économiques.
• L’isolation des parties communes apporte du confort thermique Détails des assemblages:
pour les moments collectifs. Assemblage des poteaux sur plots béton et raccords de la façade

-
légère sur la charpente.
LIMITES :
• Les parcs des vaches n'étant pas indépendants, lors du nettoyage
toute la stabulation doit être libérée.
• Il manque une dépassée de toiture devant l’entrée agricole, pour
se protéger lors du traitement des légumes.

CLÉS DE CONCEPTION :
• Potentialités d'extension dans toutes les directions
(conditionnées par l'implantation du bâtiment de base).
• Implantation en L définissant un espace central.
• Insertion dans le paysage.

100 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Intérieur du hangar :
La charpente est prolongée sur un coté pour un dépassement de toiture orienté sud. Dans le plan du toit et du mur nord sont présentes
des croix de Saint-André qui contreventent la structure.

Composition d'une travée

Article issu d’une TRIP, lien forum :


http://forum.latelierpaysan.org/post4471.html#p4471 Des exemples de réalisation 101
GRUMES ET PIERRE SÈCHE
La miellerie de Boissy

Christian a repris la ferme familiale, où ses parents avaient


travaillé jusqu'en 1968-70.
L'élevage a donc fait partie de la ferme dès le début, mais si au
départ il y avait des brebis, maintenant Christian et Catherine
se sont tournés vers l'élevage des vaches. Les difficultés
rencontrées pour concilier l'élevage des brebis avec l'apiculture
ont déclenché ce changement. En effet, malgré des techniques
de protection, les brebis mangeaient les arbres mellifères
plantés dans les pâturages où étaient censées butiner les
abeilles. De plus la présence de nombreuses zones humides
sur la ferme posait des problèmes sanitaires récurrents sur le
troupeau ( piétain, douve, strongle, miases, etc).
La ferme avait donc besoin d'un bâtiment pour stocker la
paille, poser un cornadis, abriter les vaches et récupérer le
fumier. Christian nous a fait part qu'un bâtiment en kit aurait
probablement été moins cher que ce que son fils et son
ami ont construit, mais en termes qualitatifs, esthétiques et
d'apport en compétences, rien n'équivaut cette étable.
Construction (neuve)
CONTEXTE DE LA FERME :
Coût global : 10.706 € HT (sans compter la main d’œuvre)
• Taille : 22 ha de terres et 400 ruches (en transhumance)
• Miel, produits de transformation et vaches. Coût par lot :
• Commercialisation : vente directe, marchés et revendeurs. - Béton – 1.500 € (trois bétonnières)
- Sciage bois (scierie mobile) - 546 €
CONSTRUCTION : - Gasoil – 200 €
• Bâtiment principal : charpente en grumes de châtaigner sur - Quincaillerie – 300 €
semelle en pierre, mur de contrefort en pierre sèche. - Tuiles – 60 € (les restantes ont été récupérées gratuitement)
• Sol : semelle filante en béton-armé. - Zinguerie – 2.000 €
• Mur contre-fort : une feutrine anti-racine est mise en place entre - Ciment, sable et gravier – 600 €
le mur en pierre sèche et la terre du talus pour empêcher que - Usage matériel – 1.000 €
ces deux éléments ne se mélangent en créant une poussée qui - Heures de travail (deux personnes) 20.000 €
pourrait facilement faire tomber le mur (l'anti-racine empêche le
mélange, mais laisse passer l'eau).
• Couverture : toiture en tuiles, mises en place sans pare-pluie Superficie totale : 130 m² sur deux niveaux
(les vents dominants sont plutôt ouest-est donc pas de risque de A l'étage peuvent être stockées une cinquantaine de balles rondes (sur
remonté d'eau le long des tuiles). une couche.

USAGE : Temps de la construction : 5 mois de chantier


• Fonctions : cornadis et stockage de la paille à l'étage.
• Organes internes du bâtiment : Le cornadis est en position
centrale et il assure le contreventement de la structure.
• Ergonomie du bâtiment : au RDC, on trouve deux espaces avec
cornadis central où Christian fait tomber les bottes rondes de
l'étage, par une trappe (environ 1,5 m de largeur) directement Scéma de la structure et de la répartion des forces.
dans le couloir d'alimentation.

+ POINTS FORTS :
• Les fondations jusqu'à 1 m de hauteur permettent le nettoyage au
godet, sans abîmer le bâtiment ou le dos du/ de la paysan·ne.
• Les poteaux sont assemblés de manière différente selon la
position et le rôle qu'ils ont.

- LIMITES :
• Bâtiment de taille limitée, mais qui finalement convient à la
ferme.

CLÉS DE CONCEPTION :
• Le bâtiment est construit contre la colline pour ne pas
cacher la vue.
• Les entrées du bâtiment font environ 3 m pour permettre au
tracteur d'entrer pour le nettoyage.
• A l'étage stockage des bottes de paille rondes.

102 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Article issu d’une TRIP, lien forum :
http://forum.latelierpaysan.org/post4960.html#p4960 Des exemples de réalisation 103
BOIS RONDS ET CONNECTEURS
La ferme de Jean-Louis Cannelle

Sur la ferme familiale Cannelle, l’autoconstruction de


bâtiments agricoles n’est pas en reste. Depuis 1982, pas
moins de 6 bâtiments ont vu le jour, en autoconstruction
totale ou accompagnée, en bois scié, en bois rond taillé à
la tronçonneuse, et même en fuste. En 1926, la ferme existe
au sein de la famille. Dès cette époque, les chevaux forment
une partie de l’équipe agricole et le savoir de l’élevage de ces
animaux s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui. En 1981, Jean-
Louis reprend la ferme familiale et commence à utiliser le
cheval dans la production agricole, notamment en prenant
part à la création de l’association Hippotese. L’activité
principale de la ferme : l’élevage de chevaux de trait comtois Construction (réhabilitation et agrandissement)
formés à travailler avec l’homme, la pension et le dressage
(débourrage, travail, saillie), le débardage de bois sur luge, Superficies :
la production de viande Aubrac, la production maraîchère
Bâtiment 1982
en traction animale, l’installation de la compagnie le Cirque
existant : 8m par 15m = 120 m²
Jéhol, ainsi que l’accueil et la formation des stagiaires qui
porche d’entrée : 3,5m sur 8m = 28 m² couverts
viennent se former pour des durées de 2 jours à 6 mois. Appentis : 7m par 15m = 105 m²
Pour toutes ces activités, il y a un grand besoin d’espace et
de bâtiments. Par souci d'économie et surtout par le goût de Bâtiment 2000
faire soi-même, l’autoconstruction a été la porte principale de Superficie totale de l’appentis : 6m par 20m = 120 m²
tous ces agrandissements. Bâtiment 2004
manège : 20m par 40m = 800 m²
CONTEXTE DE LA FERME : grand appentis : 40m par 13m = 520 m²
• Taille : 70 ha de terres. superficie totale : 1320 m²
• Élevage équin, élevage d’Aubrac, activités de formation Bâtiment 2011
• Quelques terres cultivées en maraîchage. superficie totale : 15 m par 7 m = 105 m²

CONSTRUCTION :
• Quatre bâtiments (1982 - 2000 - 2004 - 2011)
• Toutes les annexes des bâtiments (appentis, etc.) ont été
construits en bois ronds.
• Tous les assemblages sont faits en connecteurs métalliques
pré-perforés et cloués, conçus spécialement pour le bois rond. Connecteurs métalliques
pour bois ronds.
USAGE :
• Bâtiment 1982 : directement accolé à un manège et à une grande
zone de pâture, ce lieu est utilisé comme un espace de stockage /
bourrellerie et accueille des box de poulinage.
• Bâtiment 2000 : pour accueillir les stagiaires sur les formations
longues, la ferme a acheté une maison au sein du village en 2000. Sur
la façade est du bâtiment, un appentis a été construit afin de stocker
du bois de chauffage et un mobile home.
• Bâtiment 2004 : le manège a été construit par des professionnels,
selon une méthode constructive intéressante (moise triplée) qui permet
20m de portée. La partie autoconstruite est le grand appentis accolé
au manège.
• Bâtiment 2011 : hangar de stockage autoconstruit en bois ronds. Détails des fondations.

+ POINTS FORTS :
• Un système constructif plus simple graçe aux connecteurs.
• Plusieurs expériences dans le bâtiment en bois.

- LIMITES :
• Les connecteurs augmentent le prix de base.

CLÉS DE CONCEPTION :
• Les bâtiments ont tous été pensés selon les principes de la
géobiologie.
• Bois local, débardé à la ferme.
• Insertion dans le paysage.

104 Techniques de l’autoconstruction à la tronçonneuse


Vue des bâtiments.

Bâtiment 2000 : lieu de formation.

Bâtiment 1982 : stockage et boxes de poulinage.

Des exemples de réalisation 105


Enrichir les communs
Cette publication sur la conception et l’autoconstruction de bâtiments agricoles en bois ronds est un nouveau
jalon de nos explorations collectives, et est versée au pot commun des savoirs et savoir-faire paysans. La notion de
communs est constitutive de l’approche de notre coopérative. Nous contribuons à une économie du partage, faite de
communs à revendiquer, à se réapproprier puis à faire vivre. Il nous faut avancer avec l’envie de partager, de mutualiser
un projet politique. Nous portons l’ambition d’un Agriculture Biologique et Paysanne, et plus largement d’un modèle
alimentaire renouvelé. Et nous le faisons avec notre singulière approche autour des technologiques appropriées.
Véritable témoignage de cette posture de passeurs, de colporteurs en technologies paysannes appropriées, en 2017
a vu le jour un outil de diffusion, de sensibilisation : Machines et bâtiments agricoles libres - Des communs en
exposition. Elle est à consulter, dans son intégralité, à l’adresse suivante : https://www.latelierpaysan.org/Nos-expositions
Arrêtons-nous sur la notion de commun : nous l’abordons comme un système ouvert avec, au centre, une ou
plusieurs ressources partagées, gérées collectivement par une communauté, paysanne en l’occurrence ; celle-ci établit
des règles, formelles ou implicites, et une gouvernance dans le but de préserver et pérenniser cette ressource tout
en ayant le droit de l'utiliser. Ces ressources peuvent être naturelles, matérielles ou immatérielles. Les communs
impliquent que la propriété n'est pas conçue comme une appropriation mais comme un usage. Nous avons
délibérément choisi de parler de communs avec une minuscule, plutôt que de Communs avec une Majuscule, forme
qui renvoie symboliquement aux Noms Propres, à une sacralisation très éloignée de la nécessité d’usages ou savoirs
vernaculaires. Nous avons aussi écarté l’expression « biens communs » qui nous paraît être un oxymore.
Ce premier grand jalon de nos travaux autour de l’architecture paysanne libre va être à faire vivre dans les mois
et les années à venir. Notre coopérative va continuer à enrichir ses travaux. Sur ce sujet de la conception et de la
construction en grumes en particulier (recensements sous forme de chroniques de réalisations à la ferme notamment,
montée en puissance de notre activité de formation à ce sujet) comme sur d’autres, et toutes les contributions seront
les bienvenues. Car plus largement, c’est toute une communauté de développement qui doit se saisir de ce travail, le
nourrir et améliorer son contenu. Les savoirs et savoir-faire paysans sont vivants, à faire vivre. Pour aller jusqu’au
bout de la démarche, nous espérons que chaque modification apportée puisse revenir au pot commun et être partagée
avec tous et toutes les interesé·e·s.
L A LICENCE LIBRE : UN MOYEN, PAS UNE FIN
Comme pour toute production de l'Atelier Paysan, et en cohérence avec
notre projet politique, ce document est mis à disposition en open-source,
au moyen d’une licence Creative Commons BY-NC-SA. La variante sur
laquelle nous nous sommes fixés inclut les éléments suivants : paternité
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conditions, c'est-à-dire avec la même licence appliquée à la publication
originale.
Voir les conditions complètes ici :
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/
fr/legalcode

106
Glossaire
▶ Bois fort tige sur écorce : "le volume bois fort tige correspond à un volume sur écorce, ne comprenant ni
les branches, ni le tronc au-delà de 7 cm de diamètre de découpe fin bout. Ce volume est calculé sur tous les arbres
« recensables », c’est-à-dire ceux dont le diamètre à 1,30 m est supérieur à 7,5 cm".
(IGN 2016, https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/170202_flux2016-2.pdf)

▶ CDNPS : la Commission Départementale de la Nature des Paysages et des Sites. "La CDNPS « concourt
à la protection de la nature, à la préservation des paysages, des sites et du cadre de vie et contribue à une gestion
équilibrée des ressources naturelles et de l’espace dans un souci de développement durable ». (art. R 341-16 Code
environnement)".
(http://www.rhone.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement-developpement-durable-risques-naturels-et-technologiques/La-commission-departementale-de-la-nature-
des-sites-et-des-paysages-CDNPS/Definition-de-la-CDNPS)

▶ Débardage : "le débardage est la première opération après la coupe forestière : elle consiste à transporter des
arbres abattus sur le lieu de coupe vers le lieu de dépôt ou de décharge provisoire, connu sous le nom technique de
« chargeoir », près d'une route ou d'une voie adaptée au transport ultérieur lointain."

(https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9bardage)

▶ Débusquage : "quand le débardage nécessite une rupture de charge (c’est-à-dire par deux moyens
d’acheminement différents), la première phase est appelée débusquage. Il peut être exécuté manuellement, à l’aide de
treuils, ou d’animaux de trait."

(http://www.debardage-cheval-environnement.com/fichs/10272.pdf)

▶ Essence : "dans le jargon des forestiers, une essence forestière désigne généralement une espèce d'arbre,
mais ce peut être parfois une sous-espèce ou variété qui présente un intérêt en sylviculture et qui a des exigences
biologiques ou des emplois particuliers."

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Essence_foresti%C3%A8re)

▶ Flambage/flamber (se dit pour un poteau) : "le flambage ou flambement est un phénomène d'instabilité
d'une structure élastique qui pour échapper à une charge importante exploite un mode de déformation non sollicité
mais opposant moins de raideur à la charge. La notion de flambement s'applique généralement à des poutres élancées
qui lorsqu'elles sont soumises à un effort normal de compression, ont tendance à fléchir et se déformer dans une
direction perpendiculaire à l'axe de compression (passage d'un état de compression à un état de flexion) ; mais
elle peut aussi s'appliquer par exemple à des lames de ressort sollicitées en flexion qui se déversent en torsion pour
échapper à la charge."

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Flambage)

▶ Hauban (construction) : "le hauban est une barre ou un câble en traction pure servant à maintenir la forme
et/ou la position d'une poutre."

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Hauban_(construction))

▶ Moment d'une force (mécanique) : "le moment d'une force par rapport à un point donné est une grandeur
physique vectorielle traduisant l'aptitude de cette force à faire tourner un système mécanique autour de ce point,
souvent appelé pivot. Il s'exprime habituellement en N·m (newtons-mètres), et peut l'être de manière équivalente en
joules par radian. Le moment d'un ensemble de forces, et notamment d'un couple, est la somme (géométrique) des
moments de ces forces."
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Moment_d%27une_force_(m%C3%A9canique))

▶ Noue (charpente) : "en charpente, angle rentrant formé par la jonction de deux pans de toiture. Par la
noue s'écoule l'eau de ruissellement. Le contraire est un arêtier. Par extension, c'est la pièce de bois droite, courbe et
renversée positionnée à la rencontre de deux versants."
(Cartannaz G., Nouveau dictionnaire pratique du bois, de menuiserie - Ebénisterie - Charpente, Editions VIAL, 2007)

▶ Pente (toiture) : la pente d'une toiture peut être calculée en dégrées et en pourcentage. Les normes et les
professionnel·le·s utilisent majoritairement le pourcentage pour indiquer l'inclinaison de la toiture.

107
Bibliographie thématique

Réglementation
Documents et brochures
BLANCHIN J.-Y. et MENARD J.-L., L'autoconstruction des bâtiments d'élevage, Institut de l'élevage, collection
résultat, 2011. Consulté en Mars 2018.
(http://idele.fr/filieres/publication/idelesolr/recommends/lauto-construction-des-batiments-delevage.html)

Département de l'Isère, Constructions en zone agricole : protocole, 2009. Consulté en Mars 2018.
(http://www.vercors.org/wp-content/uploads/2016/09/construire-en-zone-agricole.pdf)

RT 2012, Fiche d'application : comment identifier l'usage d'un bâtiment et l'exigence associée. Consulté en Mars 2018.
(http://www.rt-batiment.fr/fileadmin/documents/RT2012/fiches_applications/2015-06-08_FA_usage_batiment.pdf)
Sites internet
Castors Rhône-Alpes : http://www.castorsrhonealpes.fr/

Consuel : http://www.consuel.com/

Fédac (FEDération des ACcompagnateurs à l’autoproduction et à l’entraide dans le bâtiment) : https://www.fedac.fr/

Géoportail : https://www.geoportail.gouv.fr/

Légifrance : https://www.legifrance.gouv.fr/

Service public : https://www.service-public.fr/

Conception du bâtiment agricole


Documents , brochures et articles
GRANDCOIN P., L'architecture au service de l'agriculture ? Les fermes modèles en pays de métayage agricole et
d'élevage : l'exemple du Limousin au XIX Siècle, Éditions Histoire & sociétés Rurales, Vol. 33, 2010.
Sous la direction de GRANDIN-MAURIN C., Paysages et bâtiments agricoles : guide à l’usage des agriculteurs, CAUE
69, 2013. Consulté en Mars 2018.
(http://www.isere.gouv.fr/content/download/34372/253306/file/Guide%20%C3%A0%20l'usage%20des%20agriculteurs.pdf)
MADELINE P., L'évolution du bâti agricole en France métropolitaine : un indice des mutations agricoles et rurales, dans
l'Information géographique 70, n3 (1 septembre 2016), Éditions Armand Colin, p. 33-49.
(DOI : 10.3917/lig.703.0033)
Ibid., Les constructions agricoles dans les campagnes françaises, Éditions Histoire & sociétés Rurales, Vol. 26, 2006.
RUDOFSY B., Architecture without architects : a short introduction to not pedigreed architecture, University of New
Mexico press, 1964 . Consulté en Mars 2018.
(https://monoskop.org/images/d/d3/Rudofsky_Bernard_Architecture_Without_Architects_A_Short_Introduction_to_Non-
Pedigreed_Architecture.pdf)
Livres :

CIVIDINO H., Architectures agricoles - La modernisation des fermes 1945-1999, Presses Universitaires de Rennes,
2012.
DURAND J.-P., La représentation du projet, Éditions la Villette, 2003.
MONTHARRY D. et PLATZER M., La technique du bâtiment tout corps d'état, Éditions le moniteur, 2012.

108
Conception et dimensionnement de la charpente
Livres
BELLIN P.-G. et MAZURIER A., Autoconstruire en bois, Éditions Eyrolles, 2013.
BENOIT Y., LEGRAND B. et TASTET V., Dimensionner les barres et les assemblages en bois : guide d'application de
l'eurocode 5 à l'usage des artisans, Éditions Eyrolles, 2012.
KOLB J., Bois : systèmes constructifs (deuxième édition actualisée), Presses polytechniques et universitaires romandes,
2011.

RENAUD H., Choisir et réaliser les charpentes, Éditions Eyrolles, 1992.


SANDORI P., Petite logique des forces :constructions et machines, Éditions du Seuil, 1983.
VALENTIN J.-L., La charpente mode d'emploi, Éditions Eyrolles, 2012.
ZERLAUTH J., L'autoconstruction en bois, Éditions Eyrolles, 2005.

Les arbres et l'abattage


Livres
Sous la direction de WALKER A., L'encyclopédie du bois : le catalogue illustré de toutes les essences, leurs caractéristiques
et leurs usages, Hachette, 2005.
Documents et brochures
Institut technologique FCBA, Mémento 2014 : supplément spécial 5th forest engineering conference, FCBA, 2014.
IGN, Le mémento inventaire forestier, IGN, 2017.
(http://www.ign.fr/institut/actus/lign-publie-memento-linventaire-forestier-2017)
Institut de statistique Agreste (gouvernement), Récolte des bois et production des sciages, Agreste, 2017.
(http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Gaf2017p086-090.pdf)
CNDB, Guide de l'utilisation du bois, CNDB, 2016.
(http://www.cndb.org/pdf/CNDB/TELECHARGEMENTS/Guide_utilisation_bois.pdf)
Sous la direction de AYACHE S., Énergie animale et gestion des espaces naturels, ONF Agence Ain-Loire-Rhône, Les
cahiers techniques Rhône-Alpes, 2010.
(http://www.debardage-cheval-environnement.com/fichs/10272.pdf)
STIHL, Affûtage des chaînes, STIHL, 2013.
(http://www.stihl.fr/p/media/download/fr-fr/STIHL-Affutages_des_chaines_de_tronconneuses.pdf)
STIHL, Techniques d'abattage des arbres, STIHL, 2013.
(http://www.stihl.fr/p/media/download/fr-fr/brochure-abattage-2013.pdf)
Sites internet
CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) : https://www.cirad.fr/
RAF (Réseau pour les Alternatives Forestières) : http://alternativesforestieres.org/

Réalisation des coupes, travail avec les grumes

109
110
Annexes

111
EN 1991-1-1
Fiche Eurocode
EN: Eurocode 1 - Actions on structures - Part 1-1: General actions - Densi-
ties, self-weight, imposed loads for buildings
FR: Eurocode 1 - Actions sur les structures - Partie 1-1: Actions générales - Poids volu-
miques, poids propres, charges d'exploitation bâtiments
NL: Eurocode 1 - Belastingen op constructies - Deel 1-1: Algemene belastingen - Volu-
mieke gewichten, eigen gewicht, opgelegde belastingen voor gebouwen

Introduction et cadre général


L’Eurocode 1 définit la manière de calculer les charges à prendre en considération lors du calcul
d'une structure, sous l'effet de différents types d'actions et pour certaines constructions particuli-
ères (ponts, silos,…).
La première partie (EN 1991-1) est elle-même divisée en différentes sous-parties, où sont définies
les charges à prendre en considération pour différents types d'actions (vent, neige, actions ther-
miques,…).
Le volume 1991-1-1 définit les actions dues aux poids volumiques, poids propres et les charges
d'exploitation à prendre en considération pour les bâtiments.
Résumé du contenu
Cette partie est composée de six sections et de deux annexes:
Section 1 Domaines d'application, références aux autres normes, symboles.
Section 2 Classification des actions : poids propre et charges d’exploitation.
Section 3 Situations de calcul : comment déterminer les charges permanentes et les charges variables à
prendre en considération dans le calcul, en suivant les principes généraux de l'Eurocode 0 (EN 1990).
Section 4 Masse volumique des matériaux de construction et des matériaux entreposés : renvoi à l'An-
nexe A pour une liste de matériaux courants, et indications pour déterminer le poids volumique des maté-
riaux non-repris dans cette annexe (essais,…).
Section 5 Poids propre des ouvrages : représentation des actions dues au poids propre et la manière de les
prendre en compte. Détermination des valeurs caractéristiques du poids propre à partir des dimensions et
des densités des matériaux. Charges additionnelles pour les bâtiments et les ponts.
Section 6 Charges d'exploitation pour les bâtiments : Présente les règles pour le calcul des charges d'ex-
ploitation dues au trafic humain et aux véhicules, la répartition ainsi que les valeurs des charges à considé-
rer en fonction du type de bâtiment. L'Eurocode définit plusieurs catégories d'utilisation pour les bâti-
ments, garages et parkings, locaux de stockage et industriels, et pour les toitures. Pour chacune de celles-ci,
on trouve une série de tableaux donnant les valeurs caractéristiques des charges réparties uniformément
qk et des charges ponctuelles Qk. On y trouve également les coefficient dynamiques j à appliquer aux
charges dynamiques et des coefficients de réduction qui peuvent être appliqués dans certains cas et pour
certaines catégories de structures.
L'annexe A (informative) contient des tableaux donnant le poids volumique d'une cinquantaine de ma-
tériaux de construction (tableaux A.1 à A.6), ainsi que le poids volumique et l'angle de dépôt pour une série
de matériaux et matières entreposées (tableaux A.7 à A.11). Les valeurs sont données pour des matériaux
secs !
L'annexe B (informative) donne des règles de calcul des actions dues à l'impact de véhicules, pour le
dimensionnement des barrières et des parapets.

Au verso: classification des bâtiments et valeurs des charges d'exploitation selon EN + ANB.

Indicatif NBN Langue Prix Nbre pages


Pour l’EN: NBN EN 1991-1-1:2002 en, fr, nl,de 74 € 44
Pour l’ANB: NBN EN 1991-1-1-ANB:2005 fr, nl 43 € 8

Déc. 2015 NBN


CSTC
Service Vente
Gauthier Zarmati
02/738.01.12
02/655.77.11
[email protected]
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www.nbn.be
www.normes.be

112
Charges Charges
Charges d’exploitation pour les bâtiments

NBN EN 1991-1-1 ANB


verticales horizontales
Note : Les effets dynamiques de résonance doivent être pris en compte au moyen d'une analyse dyna-

Charge concentrée

Charge concentrée
Charge répartie

Charge linéaire

100 x 100 mm²


mique particulière (v. ANB + EN §2.2(3)).

qk [kN/m²] (1)

qk [kN/m] (2)
50 x 50 mm²

Qk [kN] (3)
Les effets dynamiques des charges concentrées sont inclus dans la valeur de Q k (ANB).

Qk [kN]
Catégorie d’utilisation
Usage spécifique Exemples
A Habitation, résidentiel Pièces des bâtiments et maisons d’habitation;
chambres et salles des hôpitaux; chambres d’hô- 2,0 (6) 2,0 0,5 1,0
tel et de foyers; cuisines et sanitaires

B Bureaux 3,0 (6) 3,0 1,0 1,0


C C1 : Espaces équipés de tables, etc. Ecoles, cafés, restaurants, salles de banquet,
3,0 (6) 4,0 (7)
(4) salles de lecture, salles de réception
C2 : Espaces équipés de sièges fixes Eglises, théâtres ou cinémas, salles de confé-
rence, amphithéâtres, salles de réunion, salles 4,0 4,0 (7)
d’attente
1,0 1,0
C3 : Espaces ne présentant pas Salles de musée, salles d’exposition etc. et accès
d’obstacles à la circulation des des bâtiments publics et administratifs, hôtels, 5,0 4,0
personnes hôpitaux, gares
C4 : Espaces permettant des activités Dancings, salles de gymnastique, scènes
physiques
5,0 7,0
C5 : Espaces susceptibles d’accueillir Bâtiments destinés à des événements publics tels
des foules importantes que salles de concert, salles de sport y compris 5,0 4,5 5,0 2,0
tribunes, terrasses et aires d’accès, quais de gare (8)

D D1 : Commerces de détail 5,0 4,0


1,0 1,0
D2 : Grands magasins 5,0 7,0
E E1 : Surfaces suscepti-bles de recevoir Aires de stockage, y compris stockages de livres
(5) une accumulation de marchan- et autres documents ≥ 7,5 ≥ 7,0
dises, y compris aires d’accès 2,0 1,0
E2 : Usage industriel ≥ 5,0 ≥ 5,0
F Aires de circulation et de stationne- Garages, parcs de stationnement, parkings à
Choc véhicule
ment pour véhicules légers (PTAC plusieurs étages,… 2,5 20 (9) cfr. EN 1991-1-7
≤ 30 kN et nbr. places assises ≤ 9

G Aires de circulation de stationnement Voies d’accès, zones de livraison, zones acces- Choc véhicule
pour véhicules de poids moyen (30 kN sibles aux véhicules de lutte incendie (PTAC ≤ 160 5,0 90 (9) cfr. EN 1991-1-7
< PTAC ≤ 160 kN, à deux essieux) kN)

H Toitures inaccessibles, sauf pour entretien et réparations courants [0 .. 0,8] 1,5 /


(10)
I Toitures accessibles pour les usages des catégories A à G Selon catégorie A-G

K Toitures accessibles pour des usages Hélistations


A définir (voir EN)
particuliers

(1) Des coefficients de réduction αA (pour planchers (2) Charge linéaire à la hauteur de protection (9) Surfaces des charges concentrées des véhi-
et toitures) et αn (pour colonnes et murs en cat. A à (3) Charge concentrée appliquée à la hauteur de cules :
D) peuvent être appliqués à q k (A : surface char- protection. Une charge concentrée de 0,5 kN a a Catégorie F :
gée, n : nombre étages de même cat.) est, par ailleurs, appliquée sous la hauteur de a = 100mm
a Qk/2 a Qk/2
n>2 αn protection Catégorie G :
(4) Catégories A, B et D sont prioritaires sur C. a = 200mm
3 0,90 1,8 m
(5) Valeurs à définir en fonction des conditions
4 0,85 de projet mais jamais inférieures aux valeurs (10) Dépend de la surface chargée (A) et de
5 0,82 données dans le tableau (v. EN §6.3.2 + ANB) l’angle de la toiture (α) :
6 0,80 (6) Escaliers : qk = 3 kN/m², balcons : qk = 4 kN/m² α ≤ 20° :
αA 8 0,78 (7) Escaliers : Qk = 3 kN
10 0,76 (8) qk = 3kN/m si la distance horizontale entre 20°<α<60°:
15 0,74 garde-corps, rangées de sièges ou séparations
≥ 20 0,73 est inférieure ou égale à 2 m α ≥ 60° :
A [m²]

NBN Service Vente 02/738.01.12 [email protected] www.nbn.be


CSTC Gauthier Zarmati 02/655.77.11 [email protected] www.normes.be Déc. 2015

113
Source : RENAUD H., Choisir et réaliser les charpentes, Éditions Eyrolles, 1992, p. 28.

114
Source : ETF (Association des entrepreneurs de travaux forestiers) Nouvelle-Aquitaine, fiche 2 entretien, p. 1 .
(Lien fiche complète : http://www.etf-aquitaine.org/images/stories/telechargements/2-_Entretien.pdf)

115
Source : ETF (Association des entrepreneurs de travaux forestiers) Nouvelle-Aquitaine, fiche 2 entretien, p. 1.
(Lien fiche complète : http://www.etf-aquitaine.org/images/stories/telechargements/2-_Entretien.pdf)

116
Source : ETF (Association des entrepreneurs de travaux forestiers) Nouvelle-Aquitaine, fiche 2 entretien, p. 2 et 4.
(Lien fiche complète : http://www.etf-aquitaine.org/images/stories/telechargements/2-_Entretien.pdf)

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