Gestion Forestière Et Biodiversité

1
Gestion forestière et biodiversité

Frédéric et Marion Gosselin – Irstea – Nogent-sur-Vernisson
17 octobre 2019 – ARB Île de France
Institut national de recherche en sciences et technologies

pour l’environnement et l’agriculture
Le contexte: la crise de la
biodiversité
www.irstea.fr
3
Contexte global
L'anthropocène
Steffen et al. (2015) The Anthropocene review

4
Extinction des espèces

Axe majeur d'altération du système terre
Steffen et al. (2015) Science

5
Extinction des espèces

Nombre d’espèces Il y a très De nos jours
qui disparaissent longtemps
en 1000 ans
100 espèces sur 1000
1 espèce sur 1000
0 Millenium
Ecosystem
Assessment
(MEA)
(2005)
6
Définition
Définition de la Convention sur la Diversité Biologique
La diversité biologique est «la variabilité des organismes vivants de

toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins
et les autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont
ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre
espèces ainsi que celle des écosystèmes.»
https://www.cbd.int/doc/legal/cbd-fr.pdf
S. De Danieli © Irstea B.Nusillard © Irstea S. De Danieli © Irstea

7
Les menaces
HIP(P)OC (très qualitatif)
▪ Habitat (perte, dégradation, fragmentation)
▪ espèces Invasives (yc pathogènes introduits)
▪ Pollution
▪ (Population humaine)
▪ surexploitation (=Overharvesting)
▪ changement Climatique
ONB, Mace et al. (2005) MEA
8
Les menaces
Millenium
Ecosystem
Assessment (MEA)
(2005)
9
Qu’est-ce que la biodiversité en forêt ?

Une immense variété de formes de vie
10
Diversité des espèces… … plantes

Des arbres… … mammifères
F. Gosselin / Irstea
Wi ki media Commons CC
Y. Boscardin /
Björn Schulz vi a
Irstea
Irstea
CG.San Martin
via Wikimedia
Commons CC
Y. Dumas, Irstea
Commons CC
Przvkuta via
Wikimedia
Y. Dumas, Irstea
136 essences en France
métropolitaine, … lichens
1300 en Guyane !
… oiseaux
… insectes
Y. Paillet / Irstea
… champignons
Ph. Siga, GFDL

R. Altenkamp,
F. Vassen, cc2.0
GFDL
Commons CC
Thomas
Bresson via
Wikimedia
Sous chaque m² de sol forestier, des milliers de microorganismes !

11
Diversité cachée dans les gènes
Photo INRA,
Orléans
12
Diversité des écosystèmes
Y. Paillet / Irstea
C. Tailleux / Irstea
Y. Paillet / Irstea
Chênaie de plaine Hêtraie-sapinière Sapinière
Pineraie-chênaie de plaine Pineraie méditerranéenne
C. Tailleux / Irstea
N. Gaudio / Irstea
13
Diversité fonctionnelle
Exemple d’autres fonctions
F. Archaux / Irstea
Chaîne alimentaire Pic mar,
cavicole primaire
Énergie solaire
Matière organique Sitelle,
cavicole second
producteurs consommateurs
Éléments
nutritifs
décomposeurs
Cavicoles primaires,
Pollinisateurs,
Champignons symbiotiques,
Facilitateurs dans la succession végétal
14
Questions abordées
# Que sait-on de la biodiversité en forêt : état ? Évolution ?
# En quoi est-elle sensible à la gestion des forêts ?
# Comment adapter la gestion pour mieux préserver la biodiversité?
Ce qu’on sait Ce qu’on ne sait pas

- par les systèmes de suivi - questions en suspens
- par les études scientifiques - lacunes à combler
ARB IdF,
17/10/20
19
15
Que sait-on de la biodiversité en forêt ?

Composition ? Évolution ?
16
Les forêts, une réserve importante de biodiversité

Les forêts hébergent une part importante et originale de la biodiversité
Nombre d’espèces Part des espèces Part des espèces

connues forestières sensu strictement
France métropolitaine lato forestières
Mammifères 121 41 à 61% 11 à 31%
Oiseaux nicheurs 291 30 à 43% 15 à 20%
Reptiles 40 17 à 27% 0%
Amphibiens 40 25 à 32% 0 à 7%
Insectes 35 270 (estimé) > 30% (estimé) ?
Plantes vasculaires 6 067 24% (estimé) 8% (estimé)
Bryophytes 1 280 > 30% (estimé) 27% (estimé)
Champignons, > 20 000 ? ?
lichens, crustacés,
mollusques
Sources : Ministère de l'Agriculture et de la Pêche (IGD 2006 ; 2010; 2016), Vallauri et al. 2004,
Gosselin et Laroussinie (Coord.) 2004.
17
Les forêts, une réserve importante de biodiversité

Mais
•Pas de listes stables d’espèces
forestières
•Pas de suivi
Les chiffres manquent

•pour des groupes très forestiers
:
Mousses, Champignons, lichens,
Insectes…
•pour des groupes à rôle
fonctionnel important :
lombrics, nématodes, collemboles,
acariens, araignées, champignons…
18
La biodiversité forestière n’est pas épargnée par la

crise d’extinction
Dans le monde
• Déforestation : l’équivalent de 90% de la surface des forêts
de France métropolitaine.
• 15 % des essences d’arbres connues menacées d’extinction
en 2010
En France métropolitaine ?
19
La biodiversité forestière n’est pas épargnée par la

crise d’extinction
Part d’espèces forestières menacées
Groupes FRANCE Evolution EUROPE
Listes rouges UICN* depuis (livres rouges
2008 nationaux)
Mammifères (2017) 9% stable
Oiseaux (2016) 25 % 
Saproxyliques ? ? 20 à 50%
Amphibiens (2015) 8% stable
Papillons de jour 8% ?
*catégories EN, CR, VU
20
Un exemple de suivi
Indice d’abondance des populations « d’oiseaux communs »
du programme STOC, par type d’habitat (MNHN-CRBPO, 2016)
Espèces généralistes
Espèces des
habitats forestiers
Espèces des
milieux bâtis
- 23 %
Espèces des
milieux agricoles
- 32 %
21
En quoi la biodiversité est-elle sensible

à la gestion des forêts ?
Focus n°1: biodiversité en

forêt exploitée versus non
exploitée
22
Le cycle sylvicole : « imiter la nature, hâter son œuvre »
cycle naturel
cycle sylvicole (→ tronqué)

Optimum économique
→ Coupe de régénération
Le cycle sylvicole : « imiter la nature, hâter son œuvre »
23
Schématiquement, la sylviculture : Par conséquent, elle :
…coupe des arbres … et les exporte … tronque le cycle

(imitation inégale des perturbations naturelles) stades
(pionniers) jeunes matures (sénescents
… joue sur la diversité génétique

… accélère la régénération des peuplements
(au profit d’essences commerciales)
… sélectionne les individus les mieux … élimine des microhabitats

conformés (cavités, bois mort, vétérans)
… se mécanise
… influence les sols (fertilité,
tassement) et leurs habitants
… avec des effets possibles sur les espèces
et leurs habitats
24
Comprendre l’effet de la gestion : exemple du projet
GNB (Gestion, Naturalité, Biodiversité)
Dans le contexte français,
comparer des réserves intégrales et leurs équivalents en forêt exploitée
>20 ans de non exploitation Exploitation = toute perturbation

humaine directe
en matière de structure (densité, taille, volume des arbres…)

et de diversité d’espèces pour 7 groupes :
Champignons Chauves- Carabes
lignicoles Souris
Plantes Coléoptères
vasculaires Mousses du bois mort Oiseaux
25
La mise en réserve a des effets forts
sur la forêt : plus d’arbres, plus de bois mort
Bois mort
Densité
Densité
+ 22 % + 359.5 %
60
700
600 50
500
40
400
30
300
20
200
Réserve
Reserve
10
100 Expl.
Expl.
0 0
Total
Total
Nombre de tiges / ha m 3/ ha
26
Plus la réserve est ancienne, plus il y a de très gros arbres
vivants (diamètre > 67,5 cm)
Densité des TRES GROS ARBRES vivants
Entre 0 et 50 ans :
+47 % de très gros arbres
Ancienneté
de la dernière exploitation
(Années)
27
Comprendre l’effet de la gestion : le projet GNB
(Gestion, Naturalité, Biodiversité) – Résultats habitats
Une densité de microhabitats plus élevée en réserve intégrale
Cavités de pics
Décollements
d’écorces
Fentes
Carpophores
Mousses et lierre
Chancres
28
Effets de l'exploitation sur le nombre d'espèces
Effets forts
positifs
faibles
Plaine
non
0 significatifs
montagne
faibles
Effets
négatifs forts
Carabes Champignons Chauves-

lignicoles Souris
rares
Coléoptères Plantes
du bois mort Oiseaux Mousses for. vasculaires
29
Variables Volume de bois morts

favorisées
par l’arrêt
Volume de gros et très
d’exploitation
gros bois morts
Densité des arbres
Effets positifs forts Non significatifs ou positifs très faibles

Cham pignons
lignicoles
Chauves-
Carabes
Souris
Mousses Coléoptères
forestières Plantes du bois mort Oiseaux
vasculaires
30
Quels enseignements pour conserver la

biodiversité en forêt ?
 Effet positif des réserves et de leur ancienneté
Chauves- Cham pignons
Souris lignicoles - Dans les réserves
- Dans le paysage environnant
Oiseaux Mousses
 Biodiversité = variété : pas de réponses toutes faites !

 Confirme l’intérêt de certaines pratiques de gestion pour une
partie de la biodiversité Porteurs de microhabitats
en zone exploitée
Bois mort comme en réserve
Gros et
vieux
31

Focus n°2: biodiversité et

futaie régulière/irrégulière
Cas des forêts feuillues de plaine
32
Différents types de traitements sylvicoles
Taillis-sous-futaie
Futaie régulière
Futaie irrégulière Dauffy-Richard et al. (2010)

Rdv Techniques de l’ONF
33
Peuplements issus de taillis-sous-futaie

34
Futaie régulière
?
35
Futaie régulière
?
Futaie
irrégulière
36
Un a priori favorable à la futaie irrégulière
Pour plusieurs raisons:

▪Résultats classiques en écologie sur
la relation entre diversité verticale et
Diversité
diversité des oiseaux (via la locale en
espèces
diversification des niches) d’oiseaux
Diversité verticale
▪Coupe de futaie irrégulière perçue
MacArthur et al. (1966)
comme plus proche des perturbations American Naturalist
naturelles et moins traumatisante
37
Et pourtant…
▪ Certains taxons vivant en forêt préfèrent certains stades de la

futaie régulière
38
Des résultats divergents…
Chrysope
▪ Des résultats Bactéries ADN
Bactéries ARN
Ectomycorrhizes
Champignons lignicoles
allemands Punaises
Chauve-souris
Coléoptères
Bryophytes
plutôt en Opilions
Araignées
Oiseaux
faveur de la Hyménoptères
Plantes vasculaires
Lichens
futaie
Punaises
Chauve-souris
régulière Coléoptères
Bryophytes
Oiseaux
Araignées
Plantes vasculaires
Araignées
Coléoptères
Punaises
Chauve-souris
Oiseaux
Plantes vasculaires
Ratio entre traitement et moyenne de la futaie régulière
Schall et al. (2018) Journal of Applied Ecology

39
Moyenne sur tous les groupes d’espèces

▪ Des résultats d’une
méta-analyse mondiale
Ratio diversité forêt gérée vs non-gérée

de la diversité locale en
espèces plutôt en faveur
de la futaie irrégulière
Chaudary et al. (2016) Scientific reports

40
Et alors?
▪ Pas de résultats très tranchés pour la biodiversité en

faveur de l’une ou l’autre des futaies (au moins au
niveau diversité locale)
▪ Possible qu’à l’échelle du paysage il y ait un intérêt plus

fort de la futaie régulière
▪ Intérêt très probable de pratiquer les deux types de

gestion (Bergès, 2004)
41
Que sait-on des structures forestières en

France?
https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/IGD_2015_FR.pdf
42
Que sait-on des structures forestières en

France?
43


mélange d'essences
44
?
45
Un a priori favorable aux mélanges d'essences
▪ Des essences d’arbres différentes permettraient de diversifier

les niches des espèces (ressources, habitats…)
▪Peuplements monospécifiques (perçus comme) liés à un

contrôle plus grand par le forestier de l’écosystème
46
Exemple de résultat sur biodiversité et

mélange d'essences
Nombre d’espèces par placette
Relation entre composition en essences et richesse spécifique de mousses
Espèces épiphytes Espèces au sol Toutes espèces
Gosselin et al. (2017) Forest Ecology &

Management
47
Synthèse de résultats de la recherche (I)
▪ Pas clair que le mélange local d'essences soit lié à la

biodiversité des plantes et du sol (Barbier et al. 2008, Forest
Ecology & Management, Cavard et al. 2011, Environmental Reviews,
Korbouewsky et al. 2016, Soil Biology & Biochemistry)
▪ Mélange local d'essences favorise davantage la

diversité des oiseaux et des champignons
mycorrhiziens (Cavard et al. 2011, Environmental Reviews)
48
Synthèse de résultats de la recherche (II)
▪ L'identité des essences, leurs caractéristiques ou leur

abondance sont davantage reliés à la biodiversité des
plantes et du sol (Barbier et al. 2008 & 2009, Forest Ecology &
Management, Korbouewsky et al. 2016, Soil Biology & Biochemistry)
49
Des pistes pour aller plus loin
▪ Possible variation des relations entre "essences" et

biodiversité floristique suivant les caractéristiques du
milieu (Zilliox & Gosselin 2014, Forest Ecology & Management)
▪ Le mélange d’essences à l’échelle du paysage semble

avoir un effet plus fort sur les plantes, byophytes,
lichens, qu’à l’échelle locale (Heinrichs et al. 2019, Forests)
50
Richesse flore vasculaire à l'échelle paysage
Région 1 – Hêtre/Pin Région 2 – Hêtre/Pin
Hê Hê
Région 2 – Hêtre/Douglas Région 3 – Hêtre/Epicéa Région 4 – Hêtre/Epicéa
Hê Hê Epc Hê Epc
Epc
Heinrichs et al. (2019) Forests

51
Richesse bryophytes et lichens à l'échelle

paysage
Hê Epc
Hê
Epc
Hê Hê
Heinrichs et al. (2019) Forests
52
Et alors?
▪ Un effet du mélange d'essences effectif pour une partie
de la biodiversité seulement
▪ D'autres caractéristiques des essences sont aussi à
prendre en compte (feuillus/résineux, autochtonie…)
▪ Prendre en compte le contexte écologique et l'échelle

paysage (mélange de peuplements purs)
 Ne pas aborder la question des essences uniquement à

travers le mélange (local) d’essences: considérer aussi le
mélange d’essences à l’échelle du paysage, l’abondance
des essences locale ou sur un territoire…
53
Que sait-on sur le mélange d’essences en

France?
▪ Richesse locale
en essences
54
Que sait-on sur le mélange d’essences en

France?
Type d’essence Degré de pureté du
peuplement
Feuillus 64%
Résineux 80%
Type d’essence Pourcentage surface

forestière
Indigènes 91%
Non-indigènes 9%
55


bois mort
56
Une des mesures phare pour la biodiversité en

forêt: le bois mort
▪ Le bois mort: une des différences évidentes entre forêts

exploitées et forêts non exploitées
▪ On estime à environ ¼ la proportion d’espèces en forêt liées

au bois mort
▪ De nombreuses références en forêt boréale montrant une

relation significative entre richesse d’espèces liées au bois mort
et quantité de bois mort (Gosselin, 2004)
57
Le bois mort… ou plutôt les bois morts

58
Synthèse de résultats de la recherche
▪ Relation entre volume de bois mort et diversité

d'espèces liées au bois mort variable suivant le biome
et le type de bois mort (méta-analyse mondiale de Lassauce et al.
2011 Ecological Indicators)
59
▪ Variations des relations bois mort-biodiversité en

fonction des conditions écologiques ou dans l’espace
Müller et al. (2015) Ecography

60
▪ Des questionnements sur les meilleures métriques liées au

bois mort: volume ou diversité (Similä et al. (2003) Forest Ecology &
Management)? Tout le bois mort ou gros bois mort?
▪ Le bois mort présent dans les arbres vivants, souvent non

comptabilisé dans les protocoles d’estimation, peut-il jouer
un rôle compensatoire en cas de déficit de bois mort au sol
ou d’arbres morts (Bouget, Comm. pers.) ?
61
Et alors?
▪ Un des axes importants de gestion forestière en faveur
de la biodiversité
▪ Un certain débat autour des types de bois mort à
privilégier: tous? Leur diversité? Les gros bois morts?
▪ Un certain débat autour des seuils de bois mort à viser.
▪ Prendre en compte le contexte écologique et l'échelle

paysage
62
Quels niveaux de bois mort en France?
Type de bois Volume en France

métropolitaine
Bois mort au sol 16.8 m3/ha
Bois mort debout 6.4 m3/ha
Bois vivant 161 m3/ha
63
http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/fr/indicateurs/tres-gros-arbres-et-bois-mort-en-foret
64
http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/fr/indicateurs/tres-gros-arbres-et-bois-mort-en-foret
65
Comment adapter la gestion pour mieux

préserver la biodiversité ?
→ Pistes de pratiques – à tester –
suggérées par les résultats scientifiques
Les décision relèvent des gestionnaires
→ Décisions politiques au regard de l’état des
connaissances
66
Points-clefs à ne pas négliger

1. Les éléments de stades tronqués par la gestion
- Stades pionniers
- Bois mort
- Gros et vieux arbres
- Arbres-habitats
Objectif 1 : augmenter les quantités de bois mort

Objectif 2 : augmenter la diversité des pièces de bois mort
→Conserver le bois mort existant, ne pas chercher à « faire propre »
Chandelles
houppiers
Dessin M. Baltzinger
Objectif 3 : Assurer le renouvellement du stock de bois mort → anticiper !
→ Trame de gros et vieux arbres, îlots de vieux bois, réserves intégrales

67
Exemple : instruction « biodiversité » ONF –
2009
- Ilots de sénescence + vieillissement : 3% de la surface

(2% vieillissement > 30 ans, 1% sénescence)
- réseau national de réserves intégrales
- 1 arbre mort / sénescent / ha
- 2 arbres-habitats / ha
- Bois mort au sol de toutes dimensions
Ilot de vieillissement
FD Cerisy
PNR
Lorraine,
Pont-à-
Arbre-
Mousson
habitat
, 12/6/18 Chandelles
Réserve Intégrale –
FD Fontainebleau
Dessin M. Baltzinger
68
Points-clefs à ne pas négliger

2. Diversité spécifique et génétique des arbres forestiers (clefs de voûte
de l’écosystème et objet direct de la gestion)
Privilégier la
Peuplements mélangés régénération naturelle
avec assez de semenciers
Assurer la diversité génétique

des lots de graines et plants
69
Comment adapter la gestion pour mieux

préserver la biodiversité ?
→ Suivis et gestion adaptative

70
Besoins de suivis de biodiversité en forêt
▪ Nos connaissances sur la biodiversité forestière sont souvent

fragmentaires, statiques, dépendantes d’un contexte précis et
non représentatives
▪ Les indicateurs de biodiversité forestière sont souvent des

indicateurs indirects, dont le lien à la biodiversité est
imparfaitement connu
▪ La biodiversité va être plongée dans un environnement
changeant (changement climatique, nouvelles pratiques de
gestion)
71
▪ Pour vraiment prendre en compte la biodiversité dans la

gestion et apaiser le débat, les suivis de biodiversité en forêt
devraient se développer :
- en précisant les objectifs de ces suivis

72
Exemples d'objectifs de suivis de biodiversité

en forêt
•Objectif 1: suivre l'état et la dynamique [de pans] de la
biodiversité forestière à l’échelle de la France métropolitaine
•Objectif 2: suivre l'état et la dynamique [de pans] de la
biodiversité forestière à l’échelle de la France métropolitaine en
forêt exploitée (ou non protégée) versus en forêt non-
exploitée (RBI)
le différentiel pourrait constituer un indicateur de gestion
durable pour le critère biodiversité (Gosselin et al. 2012
RFF).
•Objectif 3: suivre l‘effet [de certaines actions] de la
gestion/politique forestière sur la biodiversité, à l’échelle de la
France métropolitaine.
73

- en suivant aussi des groupes d’espèces plus reliés à la

gestion forestière (ex: espèces liées au bois mort ou au sol)
74
Suivre des groupes d’espèces (avec données au niveau espèce)

– Comprenant de nombreuses espèces associées à des milieux variés (ex.
Flore vasculaire, Oiseaux). Intérêt : faire la part des choses entre
pressions liées à la sylviculture et pressions “globales”
– Comprenant de nombreuses espèces propres à la forêt (spécialistes).
– Comprenant des espèces sur lesquelles pèsent des menaces (ex. Espèces
rares, saproxyliques, peu mobiles).
Intérêt : vérifier que les évolutions sylvicoles sont compatibles avec

l’objectif “2010”, “2020”….
– Comprenant des espèces ciblées par les politiques de protection. Intérêt :

vérifier l’efficacité de ces politiques
Gosselin et Dallari 2007. Rapport GIP Ecofor
75


- en améliorant les méthodes d’analyse des données (ex:

prise en compte de données de sciences participatives).
76


- en améliorant les méthodes d’analyse des données (ex:

prise en compte de données de sciences participatives).
 Projet PASSIFOR2 (2019-2022), fin. MTES, coord. GIP Ecofor

77
Utilité d'une démarche de gestion

adaptative en forêt
Gestion adaptative: définition(s)
 Extension des connaissances, réduction de

l’incertitude, apprentissage… comme un des objectifs
de gestion
Pourrait être rebaptisée “gestion apprenante”

(Cordonnier & Gosselin 2009, Revue Forestière Française)…
Exemple gestion du bois mort
78
Exemple 5 : propositions de gestion adaptative en forêt

domaniale:
* le bois mort: au cœur de l’instruction de l’ONF en faveur de la
biodiversité:
– mise en place d’îlots de sénescence et de
vieillissement
– maintien de bois mort en forêt
* réflexion autour d’un projet de gestion adaptative du bois mort
(Cordonnier et al. 2009 RdvT ONF)
79
Principales incertitudes
• La gestion minimale préconisée dans l’instruction sur la prise en

compte de la biodiversité dans l’aménagement et la gestion permet-elle
réellement d’améliorer significativement la biodiversité?
• Les relations quantitatives entre bois mort et biodiversité mises en

évidence sont-elles toujours valables en dynamique et expérimentale?
80
Cordonnier et al. (2009), RdvT ONF

81
Cordonnier et al. (2009), RdvT ONF

82
Merci pour votre attention !
Et pour vos questions !
Strix occidentalis caurina

83
84
Changement climatique et biodiversité forestière
ARB IdF,
17/10/20
19
85
Et pourtant…
▪ Une probable
complémentarité des
deux modes de gestion
pour la biodiversité
Redon et al. (2014) Annals of Forest Science,

en forêts de montagne
86
Schall et al. (2018) Journal of Applied Ecology

87
▪ Des questionnements sur les meilleures métriques liées au

bois mort: volume ou diversité? Tout le bois mort ou gros
bois mort?
Similä et al. (2003) Forest Ecology & Management

88
Objectif 1 : par la gestion du bois mort, augmenter la biodiversité inter-

spécifique saproxylique et cavicole dans les zones exploitées ou réduire l’écart de
cette biodiversité entre les zones exploitées et les zones non-exploitées.
Objectif 2 : évaluer l’impact de différentes gestion du bois mort sur la fertilité

des sols dans différentes conditions stationnelles.
Objectif 3: évaluer l’impact de différentes gestion du bois mort sur le stock de
carbone en lien avec la station et les essences.
Objectif 3 : évaluer le coût des différentes gestions du bois mort et arbres à

cavités par une analyse comptable et réaliser une analyse économique (optimisation)
en intégrant les résultats sur les autres aspects du bois mort.
Objectif 4 : contribuer à mieux comprendre et faire évoluer les barrières

psychologiques, représentations, attitudes des gestionnaires, exploitants vis à vis du
bois mort et des arbres à cavités.
Objectif 5 : explorer les possibilités de sécuriser les propriétaires et

gestionnaires par rapport au risque Bois Mort.
89
Biodiversité et choix de société
Millenium Ecosystem Assessment (MEA) (2005)

90
Exemple de la chouette tachetée nordique 91
Strix occidentalis caurina
Exemple de la chouette tachetée nordique
92
* Cette chouette vit dans le NW des Etats-Unis ;

– elle sélectionne des zones contenant plus de forêt primaire
qu'en moyenne ;
– un territoire de chouette peut couvrir 1000 ha.
* Question de fonds : avenir des forêts primaires humides de

la côte Ouest américaine (et de la chouette tachetée).
* Débat très houleux dans les années 1980 et au début des

années 1990 (procès, interdiction de l'exploitation forestière sur
les forêts publiques...)
93
* Mise au point à partir de 1993 d'un plan de gestion des

forêts fédérales de la région pour préserver cette chouette
et plus généralement la biodiversité :
1– Contraintes variables sur la gestion courante :

lors des coupes, 15% des arbres ou 15 à 62 gros arbres par
ha épargnés ;
durée de rotation parfois contrainte (au moins 100 à 180
ans).
94
2 – Création de deux types de réserves :

- les réserves de forêts âgées :
choisies à la fois pour protéger la chouette et les forêts
primaires existantes ;
peu d'interventions sylvicoles tolérées ;
surface : environ 6.35 million d'ha (64% des forêts
fédérales).
95
2 – Création de deux types de réserves :

- les réserves riveraines :
lambeaux de forêt de taille variable protégeant les cours
d'eau ;
choisies en partie après une analyse des bassins
versants ;
surface : environ 0.9 million d'ha.
96
3 – Zones de gestion adaptative : 0.6 millions d'ha ;

Dix zones relativement étendues – entre 40 000 et 200
000 ha environ – dont le but est de tester de nouvelles
manières de gérer la forêt techniquement et
socialement.
liberté laissée aux gestionnaires et aux communautés
locales.
97
Zonage du plan de gestion des forêts fédérales

Exemple de la chouette tachetée
98
Zonage du plan de gestion

des forêts fédérales (zoom)
99
Exemples de zones de gestion adaptative :

* Olympic: développer des approches sylvicoles
nouvelles;
* Northern Coast Range : approche de restauration, de
développement d’habitat de forêt âgée, de biodiversité
terrestre et aquatique. Axé sur les éclaircies et la
gestion des cours d’eau.
* Central Cascades: recherche équipée et intense sur
les processus écosystémiques et paysagers. Inclut
l’H.J. Andrews Forest.
* Little River : gestion intensive pour le bois et
protection des habitats riverains.
100
Exemple 1 : proposition :
gestion extensive vs
intensive pour recréer des
caractéristiques de forêt
primaire et protéger les
cours d'eau, en Orégon
(près Norhern Coast
Range)
Bormann B.T., Martin J.R., Wagner G.H., Wood G.W., Algeria J., Cunningham P.G.,
Brookes M.H., Friesema P., Berg J. et Henshaw J.R., 1999, Adaptive management, in
Sexton W.T., Malk A.J., Szaro R.C. et Johnson N.C. (Eds), Ecological stewardship. A
common reference for ecosystem management, Oxford, England, Elsevier, p. 505-
101
gestion extensive = plus de coupes finales, suivant le plan de gestion
fédéral, mais peu d’éclaircies et pas de coupes en milieu riverain ;
gestion intensive = moins de coupes finales, mais plus d’éclaircies,
suivant des modalités variées.
Pas clair si cette proposition a été appliquée.
Bormann, B. T., Cunningham, P. G., Gordon, J. C., 1995. Best management practices,
adaptive management, or both? Portland, Maine (USA).
102
7 zones tirées au sort de gestion extensive ; 7 zones de gestion
intensive; 7 zones de gestion mélangée incluant des contrastes de
gestion plus forts :
Bormann, B. T., Cunningham, P. G., Gordon, J. C., 1995. Best management practices,
adaptive management, or both? Portland, Maine (USA).
103
Exemple 1 bis : à peu près la même proposition, mais restreinte au
niveau spatial :
Northern Coast Range :
Gray, A. N., 2000. Adaptive ecosystem management in the Pacific Northwest: a case
study from coastal Oregon. Conservation Ecology 4, 6.
104
Exemple 1 bis : à peu près la même proposition, mais restreinte au
niveau spatial : Northern Coast Range :
105
Exemple 1 bis : Problèmes rencontrés :
– échelle initialement trop large : au moins 10 000 ha par
unité paysagère (motif: plusieurs couples de chouettes tachetées) ;
critiques de ces surfaces :
* trop risqué à cette échelle ;
* opposition à contraindre la gestion à ces échelles sur
le long terme ;
* contraintes paysagères autres (réserves de forêts
anciennes)
 échelle ramenée à 1 000 à 2 000 ha.
106
Exemple 1 bis : Problèmes rencontrés :
– nombreuses réticences à l’expérimentation à ces échelles:
* certains réticents à ce type de gestion ;
* difficulté à s’intéresser à des gestions nouvelles, à
aller à l’encontre de son expérience ;
* difficulté pour les gestionnaires d’accepter une
contrainte forte sur leur gestion ;
* certains chercheurs sont sceptiques sur notre
capacité à apprendre à partir de ce genre d’expériences.
 apparemment, projet arrêté…

107
Exemple 1 bis : Par contre, expérimentations sylvicoles… en cours à
l’échelle de la parcelle (10-40 ha).
108
Exemples 2 et 3 : Cas d’expériences à plus large échelle :
* Central Cascades : 7 000 ha dans lesquels sont répartis
quatre types de gestion ; gestion basée sur l’imitation du régime de
perturbation naturel.
Pas strictement
Expérimental.
* Cispus : 58 000 ha (basé sur une consultation du public,

mais avec peu d’expérimental)
109
Exemple 4 : Northwest Forest Plan lui-même :
* Le Northwhest Forest Plan a développé un suivi sur deux
aspects:
– suivi de la quantité d’habitat
– démographie de la chouette tachetée
110
Anthony et al. (2006)

111
Exemple 4 : Northwest Forest Plan lui-même :
* Le Northwhest Forest Plan a développé un suivi sur deux
aspects:
– suivi de la quantité d’habitat
– démographie de la chouette tachetée…
… mais pas de suivi sur le lien entre habitat et démographie,

malgré 4 séances de méta-analyse – pourtant une hypothèse
centrale du NWFP.
Boyce et al. (2005), Gosselin (2009)

Main NSO null hypotheses 112
(H1) the finite rate of population change (λ) is ≥1.0
(H2) owls do not differentiate among forest types

on the basis of age, structure, or composition
(H3) no decline has occurred in the areal extent of

habitat types selected by Spotted Owls
Noon & Blakesley

112 (2006)
Alternative NSO habitat hypotheses 113
(H2.1) at the territory scale, the more territories

concentrate old-growth forests, the greater their potential
fitness
(H2.2) at the territory scale, NSOs have greater
potential fitness in territories that mix old-growth forests
with young forests
Franklin et al. (2000), Gosselin (2009)
113
114
En nord Californie, la chouette tachetée est plus productive dans

des territoires mélangeant forêt primaire et peuplements jeunes :
Population croissante (+)

Echelle : 158 ha
Population stable
Franklin et al. (2000)

Ecological Monographs
Population décroissante ( )-
Alternative NSO habitat hypotheses 115
?
(H2.1) at the territory scale, the more territories
concentrate old-growth forests, the greater their potential
fitness
(H2.2) at the territory scale, NSOs have greater
potential fitness in territories that mix old-growth forests
with young forests
Franklin et al. (2000), Gosselin (2009)
115

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Gestion forestière et biodiversité

17 octobre 2019 – ARB Île de France

Institut national de recherche en sciences et technologies

Steffen et al. (2015) The Anthropocene review

Extinction des espèces

Steffen et al. (2015) Science

Extinction des espèces

100 espèces sur 1000

1 espèce sur 1000

La diversité biologique est «la variabilité des organismes vivants de

S. De Danieli © Irstea B.Nusillard © Irstea S. De Danieli © Irstea

HIP(P)OC (très qualitatif)

▪ Habitat (perte, dégradation, fragmentation)

▪ espèces Invasives (yc pathogènes introduits)

Qu’est-ce que la biodiversité en forêt ?

Diversité des espèces… … plantes

Ph. Siga, GFDL

Sous chaque m² de sol forestier, des milliers de microorganismes !

Pineraie-chênaie de plaine Pineraie méditerranéenne

# Que sait-on de la biodiversité en forêt : état ? Évolution ?

# En quoi est-elle sensible à la gestion des forêts ?

# Comment adapter la gestion pour mieux préserver la biodiversité?

Ce qu’on sait Ce qu’on ne sait pas

Que sait-on de la biodiversité en forêt ?

Les forêts, une réserve importante de biodiversité

Nombre d’espèces Part des espèces Part des espèces

Les forêts, une réserve importante de biodiversité

Les chiffres manquent

La biodiversité forestière n’est pas épargnée par la

La biodiversité forestière n’est pas épargnée par la

Amphibiens (2015) 8% stable

En quoi la biodiversité est-elle sensible

Focus n°1: biodiversité en

Le cycle sylvicole : « imiter la nature, hâter son œuvre »

cycle sylvicole (→ tronqué)

Schématiquement, la sylviculture : Par conséquent, elle :

…coupe des arbres … et les exporte … tronque le cycle

… joue sur la diversité génétique

… sélectionne les individus les mieux … élimine des microhabitats

>20 ans de non exploitation Exploitation = toute perturbation

en matière de structure (densité, taille, volume des arbres…)

Densité des TRES GROS ARBRES vivants

Carabes Champignons Chauves-

Variables Volume de bois morts

Effets positifs forts Non significatifs ou positifs très faibles

Quels enseignements pour conserver la

 Biodiversité = variété : pas de réponses toutes faites !

En quoi la biodiversité est-elle sensible

Focus n°2: biodiversité et

Différents types de traitements sylvicoles

Futaie irrégulière Dauffy-Richard et al. (2010)

Peuplements issus de taillis-sous-futaie

Peuplements issus de taillis-sous-futaie

Peuplements issus de taillis-sous-futaie

Un a priori favorable à la futaie irrégulière

Pour plusieurs raisons:

▪ Certains taxons vivant en forêt préfèrent certains stades de la

Des résultats divergents…

Ratio entre traitement et moyenne de la futaie régulière