Med 145 0093
Med 145 0093
Houda Laroussi
Dans Mondes en développement 2009/1 (n° 145) , pages 93 à 108
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 0302-3052
ISBN 9782804102746
DOI 10.3917/med.145.0093
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1 Sociologue, Centre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS, UMR 8070 CNRS),
Université Paris Descartes et Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique
(LISE, CNAM/CNRS), [email protected]
société, mais de fournir des biens et des services à des intérêts sectoriels et à des
clients-consommateurs, au risque d’aggraver les inégalités entre les citoyens et
entre les régions du pays" (Kalancigil, 1998, 73).
En référence aux rapports noués entre l’État et la société civile, nous
évoquerons les modalités de réponses données par la Tunisie aux injonctions
internationales pour la gouvernance. Nous montrerons comment l’État tunisien
s’est inscrit dans une démarche de bonne gouvernance, par son redéploiement
autour d’une ouverture sur la société civile et sur la régulation territoriale.
Pour mieux éclairer ce concept et mieux en comprendre l’utilité administrative
et politique, nous nous arrêterons tout d’abord sur le discours mondialiste, sur
les formes polysémiques de gouvernance et sur ses diverses utilisations par les
politologues européens. Nous en retiendrons une double définition : la bonne
gouvernance en termes de pratiques de l'acteur public, de l'administration de l'élu
en obéissance aux normes de la Banque mondiale et la gouvernance
participative" (Catlla, 2007, 100) qui implique la participation et le rôle des
citoyens. Nous montrerons comment l’État tunisien organise, tant dans le
discours que, de manière moins évidente, dans la réalité des faits, le passage de
la première définition très fonctionnelle et très libérale à la seconde, centrée sur
son apparent désengagement autour de la privatisation des entreprises dans une
démarche revendiquant l’expression de la société civile, administrée et
institutionnalisée par l’État sur les régions et sur les quartiers.
2. DE LA BONNE GOUVERNANCE
ORCHESTRÉE PAR LA BANQUE MONDIALE
À LA GOUVERNANCE PARTICIPATIVE
2.1 De la bonne gouvernance
Les organisations internationales présentent le concept de bonne gouvernance
comme universel et reposant sur les notions de "la responsabilité (accountability),
… la transparence, … l’état de droit (rule of law) et de la participation" (Angéon,
Houédété, 2005, 133). Cette universalité du concept a conduit à sa
normalisation, notamment par l’OCDE. Cet usage s’est amplifié dans les pays
du Sud. Ce concept y "fait l’objet aujourd’hui d’une forte instrumentalisation.
Celle-ci consiste en une redéfinition par la Banque mondiale et la communauté
des bailleurs de fonds des normes de bonne conduite des PED" (Ibid., 132).
Prenons le cas de l’ouvrage Governance : the World bank experience, publié par la
Banque mondiale en 1993 et largement diffusé auprès des institutions de
développement. Ce document, très comparable aux autres publications de la
Banque dans son contenu, énonce plusieurs conditions à l’établissement de la
bonne gouvernance : "l’instauration d’un État de droit qui garantisse la sécurité
des citoyens et le respect des lois, la bonne administration qui exige une gestion
correcte et équitable des dépenses publiques, la responsabilité et l’imputabilité
qui imposent que les dirigeants rendent compte de leurs actions devant la
population et, enfin, la transparence qui permet à chaque citoyen de disposer et
d’accéder à l’information" (Banque mondiale, 1993, 12 ).
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Le Omda est le responsable d’un secteur administratif équivalent au quartier. Les omdas
"constituent les divisions administratives primaires dont les limites peuvent être modifiées
par arrêté du ministère de l’Intérieur et du Développement local sur proposition du
Gouverneur. Ils sont des collaborateurs de l’administration et sont placés sous l’autorité du
délégué. Les chefs de secteur sont chargés d’apporter leurs concours aux différentes
administrations, ainsi que de veiller aux intérêts des administrés. Ils sont officiers de police
judiciaire et officiers d’état civil" (Bellouti, Castejon, 2003, 12).
BIBLIOGRAPHIE
AKESBI N. (1993) L’impôt, l’État et l’ajustement, Rabat, Actes Éditions.
ANGÉON V. et HOUÉDETÉ T. (2005) Le développement entre gouvernement et
gouvernance. Réflexion critique sur le rôle des institutions dans le développement,
in A. Ferguène (ed.), Gouvernance locale et développement territorial : le cas des pays du Sud,
Paris, L'Harmattan.
BANQUE MONDIALE (1993) Governance: The World Bank Experience, Washington,
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