L'Existentialisme
L'Existentialisme
L'Existentialisme
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ce sont les lois universelles qui les régissent. Quand elle dit que
« la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits », elle ne
désigne aucune existence particulière, mais constate, à travers toutes
les conditions existentielles possibles du triangle, un rapport qui
est bien un rapport universel et qui touche l'essence même du
triangle. Science et philosophie, depuis l'antiquité, se fondent
donc sur ce que l'on peut appeler un « essentialisme », en ce sens
qu'elles accordent la priorité, ou en tous cas la primauté, à l'essence
sur l'existence.
Sur quoi s'appuie donc l'Existentialisme pour renverser un
ordre si ancien et une orientation si féconde ?
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Les choses que nous connaissons, telles que nous les connaissons,
n'existent que par nous. Comment les connaîtrions-nous autrement ?
Nous devons donc admettre qu'une chose existe dans la mesure où
elle est, non pas « en soi », ce qui ne voudrait rien dire, mais « pour
nous ». Il ne nous est pas possible de concevoir qu'une pierre, qui
existe évidemment en soi, existe aussi « pour soi », car cela revien-
drait à reconnaître à la pierre une conscience que rien ne nous
autorise à lui accorder. Cette pierre existe à partir du moment où
elle surgit à une conscience. Aussi l'Existentialisme lui refuse-t-il
l'existence proprement dite : il reconnaît qu'elle est, non qu'elle
existe au sens où nous entendons ce mot quand nous parlons de notre
existence, car exister n'exprime pas un état, mais une action, et
une action précisément propre à l'homme. Au besoin, on sollicitera
quelque peu l'étymologie pour lui faire dire que ex-sistere ce n'est
pas seulement sortir (ex) du néant pour se poser (sistere) dans le
réel, mais plutôt sortir de soi-même, sortir du milieu intérieur où
les êtres qui ne pensent pas demeurent enfermés, et même, avec
plus de précision, passer d'un état actuel, celui où nous sommes dans
l'instant, à quelque autre qui n'était que possible et qui dès lors
devient à son tour actuel.
Exister, c'est donc passer d'un état à un autre, c'est-à-dire
changer, ou mieux, devenir ; et devenir, naturellement, ce que l'on
pouvait être, c'est-à-dire réaliser l'un des possibles qui s'offrent à
nous à chaque instant. %
Cela ne suffirait pas toutefois à distinguer l'homme de l'animal
si le devenir humain, à la différence de celui des autres vivants,
qui sont déterminés à être selon leur constitution et à agir selon
leur instinct, ne comportait la possibilité, voire l'obligation, du
L'EXISTENTIALISME 461
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L'EXISTENTIALISME SPIRITVALISTE
L'EXISTENTIALISME ATHÉE
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ROGER LUTIGNEÂUX.