C. S. Peirce Et Le Pragmatisme - Claudine Tiercelin
C. S. Peirce Et Le Pragmatisme - Claudine Tiercelin
C. S. Peirce Et Le Pragmatisme - Claudine Tiercelin
Peirce et le pragmatisme
Claudine Tiercelin
Éditeur : Collège de France
Date de mise en ligne : 4 avril 2013
Collection : Philosophie de la connaissance
ISBN électronique : 9782722601901
http://books.openedition.org
Référence électronique :
TIERCELIN, Claudine. C. S. Peirce et le pragmatisme. Nouvelle
édition [en ligne]. Paris : Collège de France, (n.d.) (généré le 09
novembre 2013). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/cdf/1985>. ISBN : 9782722601901.
© Collège de France,
Conditions d’utilisation :
http://www.openedition.org/6540
Pionnier en maints domaines de la logique et de la philosophie – de
la connaissance, du langage, des mathématiques, et de la
psychologie –, Peirce (1839-1914) est surtout connu pour ses
travaux en sémiotique. C’est aussi le fondateur du pragmatisme, l’un
des courants philosophiques majeurs de la fin du xixe siècle et du
début du xxe. Mais ce pragmatisme est encore méconnu, et trop
souvent associé aux deux autres théoriciens classiques du
mouvement, William James et John Dewey. Pourtant, à son époque
déjà, Peirce l’avait rebaptisé « pragmaticisme », pour se démarquer
de la lecture trop matérialiste, utilitariste et moralisatrice de ses
sectateurs. Pour lui, le pragmatisme s’entendait surtout non comme
une doctrine, mais comme une méthode de clarification
conceptuelle, reposant sur une interprétation sémantique et
sémiotique de la logique, qui devait, une fois éliminés les faux
problèmes de la métaphysique, ouvrir à une nouvelle conception de
l’enquête scientifique, de la signification et de la connaissance, au
service d’une métaphysique scientifique et réaliste, fortement
inspirée de Duns Scot. Le but de cet ouvrage est de dégager trois
caractéristiques majeures du pragmatisme peircien : thérapeutique,
méthode philosophique de « manipulation des signes », méthode
scientifique de fixation des croyances vraies. Là résident la
spécificité, l’originalité et la fécondité du pragmatisme peircien, qui
interdisent de le confondre avec celui de James ou de Dewey,
comme avec le néo-pragmatisme contemporain (Richard Rorty).
Claudine Tiercelin
Professeur au Collège de France, chaire de métaphysique et
philosophie de la connaissance
Note de l’éditeur
Ce livre a été publié initialement en 1993, sous le même titre, aux
Presses Universitaires de France dans la collection 'Philosophies'. Il
est ici réédité intégralement. Le texte est identique, y compris pour
ce qui est des références et de la bibliographie. Outre quelques
corrections d'orthographe et de style, les seules modifications sont
typographiques.
Sommaire
Introduction
Chapitre 1
Le pragmatisme comme thérapeutique
De la critique du « platonisme nominaliste » à l’affirmation du
réalisme scotiste
La critique des métaphysiques du fondement
La « maxime pragmatiste » ou le pragmatisme comme
méthode de clarification conceptuelle
Chapitre 2
Le pragmatisme ou « la manipulation des signes »
comme méthode philosophique
Les ambiguïtés de la « sémiotique » peircienne
Le réalisme sémiotique triadique
Le « triangle peircien » : signe, objet, interprétant
Le vague irréductible de la signification
Chapitre 3
Le pragmatisme comme méthode scientifique de
fixation de la croyance
La connaissance comme enquête : de la croyance au doute,
du doute à la croyance
De l’indubitabilité des croyances : pragmatisme et sens
commun critique
Les quatre méthodes de fixation de la croyance
Les armes logiques de la méthode scientifique
Pragmatisme et vérité
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Notes
1 Deledalle, 1983, p. 51.
9 8.259.
10 5.6.
11 5.18.
13 5.423.
14 5.423.
16 5.503.
12C’est moins ici l’intuition comme faculté qui est en cause que la
prétendue nécessité de son recours pour fonder la science. Aussi
l’intuition est-elle définie, non comme « connaissance du présent
comme présent », mais logiquement comme absence de
détermination ou de cause, « prémisse qui n’est pas elle-même une
conclusion », « connaissance non déterminée par une connaissance
antérieure », « opposé de la connaissance discursive» 20 .
13Plus que Descartes, c’est donc davantage Aristote qui est ici visé,
lui qui voudrait que « la science démonstrative parte de prémisses
qui soient vraies, premières, immédiates, plus connues que la
conclusion, antérieures à elles, et dont elles sont la cause », et qu’on
puisse établir à partir de là l’hypothèse nécessaire d’une « intuition
(qui) appréhende les principes », laquelle serait dès lors définie
comme « principe de la science » ou « principe du principe lui-
même » 21 .
39Si Kant fait une distinction entre connaître et penser, c’est parce
qu’à ses yeux on ne peut avoir de concept, à proprement parler, de
l’inconnaissable. Mais une telle distinction est, selon Peirce, dénuée
de sens : elle présuppose qu’on puisse « concevoir même
indirectement » (telle est la fonction de l’idée) la chose en soi 81 . Or
« la signification d’un terme est la conception qu’il véhicule » 82 .
Ainsi, ou bien « l’inconnaissable » n’est pas un concept mais un
simple terme, auquel cas il n’a aucune signification puisque celle-ci
est la conception qu’il véhicule : c’est un mot vide de sens, non une
pensée ; ou bien c’est un concept, mais c’est alors un concept
contradictoire 83 puisque, comme concept, il entre dans le domaine
du connaissable. Kant tombe donc dans le même piège que les
nominalistes : il ne met pas un instant en doute que l’on puisse
s’interroger sur le sens d’une démarche qui consisterait à prétendre
ne fût-ce que penser l’inconnaissable. Pour Kant, la chose en soi
n’est pas un simple mot. Ce que Peirce conteste, ce n’est pas qu’on
puisse penser un mot mais que l’on prétende, quand on pense un
mot, qu’il renvoie nécessairement à quelque chose de réel. La chose
en soi est un monstre issu de la réflexion insuffisante de Kant sur la
signification : il ne s’est pas posé la question de savoir s’il disposait
seulement d’une proposition pour y faire référence 84 .
40Mais c’est dire aussi que pour Peirce, dès cette époque, « la
connaissabilité, en son sens le plus large, et l’être ne sont pas
simplement la même chose métaphysiquement : ce sont des termes
synonymes » 85 .
La « maxime pragmatiste » ou le
pragmatisme comme méthode de clarification
conceptuelle
La « maxime pragmatiste »
41Les articles de 1868 nous ont enseigné que l’obscurité de nos
idées et la confusion mentale qui en résulte proviennent de ce que
nous manquons de critères corrects pour définir la clarté.
Considérer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir
être produits par l’objet de notre conception. La conception de tous
ces effets est la conception complète de l’objet 94 .
Bien que James s’intitule lui-même pragmatiste, et bien qu’il ait sans
aucun doute dérivé ses idées sur le sujet de moi, il y a cependant une
différence absolument essentielle entre son pragmatisme et le mien.
Ce que je veux mettre en évidence, c’est que le sens d’un concept
[…] réside dans la manière dont il modifierait de façon concevable
(conceivably) l’action finalisée (purposive), et en cela seul. James au
contraire, dont le tour d’esprit naturel est éloigné des universaux et
qui, est en outre, si enfoncé dans la psychologie ultra-
sensationnaliste qu’aiment la plupart des psychologues modernes
qu’il a presque perdu la capacité à considérer les choses d’un point
de vue logique, parle du pragmatisme en le définissant comme s’il se
rapportait à des expériences, signifiant par là le côté sensationnel de
l’expérience, alors que je considère les concepts comme étant affaire
d’habitude et de disposition, et comme portant sur la manière dont
nous devrions réagir 104 .
64Il est en fait douteux que Peirce ait sur ce point évolué du
nominalisme au réalisme : en témoignent ses réserves, dès le début,
à l’égard de l’interprétation philonienne du conditionnel, dont il a
conscience des paradoxes qu’elle peut entraîner, et son souci de
restreindre le champ d’application du conditionnel en l’interprétant
comme une consequentia simplex de inesse (énoncé ne faisant pas
référence à un domaine de possibilité, mais s’en tenant à l’état
actuel des choses 141 ). En fait le pragmatisme du début impliquait
moins l’affirmation de l’irréalité de la possibilité qu’il n’évitait de poser
la question du statut des contrefactuels en tant que problème
distinct, car « la reconnaissance distincte de la possibilité réelle est
certainement indispensable au pragmaticisme » 142 ; or Peirce fait
remonter cette doctrine à 1868 143 , bref à l’affirmation du réalisme
scolastique, lequel doit « s’accompagner de la reconnaissance de
l’existence de vagues réels, et surtout de possibilités réelles » 144 .
Si le passage des will-be à des would-be ne signifie donc pas le
passage d’un nominalisme initial au réalisme, il indique néanmoins
une prise de conscience accrue du statut des contrefactuels et des
implications naturelles du réalisme scolastique. En 1905, Peirce
réaffirme que ce dernier, loin d’être incompatible avec le
pragmatisme, en est indissociable.
2 1.129 ; 6.2.
3 8.18 ; 8.12.
4 8.17 ; 1.27n 1.
5 6.377.
6 6.361.
7 8.18 ; 1.27.
8 8.18.
9 8.13.
11 5.492 ; 5.312.
13 6 .605 ; 1.6.
15 4.530.
16 5.312.
17 8.13.
18 Tous trois traduits en français dans Textes anti-cartésiens, 1984
<et désormais dans Peirce, 2002 [NdE>
19 5.265.
20 5.213n. 1.
23 5.213.
24 5.213-224.
25 5.214.
26 5.214.
27 1.82.
28 2.85.
29 1.357.
30 5.44.
32 2.184.
33 7.547 ; 7.540.
34 7.364-8.
36 5.218.
37 7.344.
38 4.622.
39 8.36.
41 5.223.
42 5.299.
43 5.303.
44 5.221-2.
45 5.305.
46 5.220.
49 5.264.
50 5.383.
51 5.264.
52 5.391 ; 5.63.
57 4.71.
58 6.497-8.
59 5.228.
60 5.230-3.
61 5.234.
62 5.235.
63 2.444 ; 1.112.
64 5.253.
65 5.264.
67 5.238-41.
68 5.244.
71 5.295 ; 1.547.
72 5.298.
73 5.249.
74 5.259.
75 2.27.
76 5.335.
77 5.335.
78 2.27.
79 6. 110.
80 5.439 ; 5.525.
81 5.439.
82 5.255.
83 5.256.
84 5.312.
85 5.257.
87 5.391.
89 5. 392.
90 5.393.
91 5.398.
92 5.398.
93 5.399.
94 Pour la version française (revue par Léo Seguin et légèrement
différente de la version américaine) parue dans la Revue
philosophique du 7 janvier 1879, 39-57, voir W-3, p. 65. On
consultera l’analyse comparative de Deledalle, 1981, sur les
différences entre les deux versions.
95 5.402.
96 5.398.
102 5.414.
106 5.3.
108 5.412.
112 5.442.
113 5.123.
114 8.320.
115 5.429.
116 5.535.
119 5.411.
121 5.2.
127 7.158n. 1.
130 5.412.
132 5.403.
135 5.403.
137 7.340.
138 Comme avaient fini par le voir aussi les positivistes logiques
(puisqu’on pourrait aussi bien appliquer un terme dispositionnel à
tous les objets qui n’auront pas été soumis à un test pertinent).
Selon l’interprétation philonienne du conditionnel, en effet, étant
donné une hypothèse fausse, des résultats contradictoires peuvent
s’ensuivre puisque le seul cas où le conditionnel est faux est celui où
l’antécédent est vrai et le conséquent faux.
140 5.409.
141 3.441-4.
142 5.526-7.
143 5.306.
144 5.453.
145 5.457.
146 5.454.
149 1.422.
150 4.640.
151 5.457.
152 1.427.
153 1.304.
154 1.342.
157 5.427 ; 5.429. Une telle manière d’insister sur l’importance des
dispositions n’est pas sans rappeler le réalisme dispositionnaliste
proposé par Popper dans La logique de la découverte scientifique et
qu’il oppose au réductionnisme de Carnap dans l’Aufbau.
160 4.1.
161Cf. 8.151-2.
Index
Mots-clés : Duns Scot, maxime pragmatiste, Peirce, possibles
réels, réalisme, platonisme
Chapitre 2
Le pragmatisme ou « la manipulation des signes »
comme méthode philosophique
Il n’est donc pas étonnant que l’on ait vu l’un des pères de la
sémiotique contemporaine 16 en celui qui se posait lui-même en
« pionnier et défricheur de forêts » et prétendait « dégager et ouvrir
des chemins » dans ce qu’il appelait sémiotique, trouvant par ailleurs
« le champ trop vaste » et « le travail trop lourd » pour le premier
qu’il était à entreprendre une telle tâche 17 .
Ce qui nous est donc livré, ce n’est pas le soleil : c’est le mot soleil,
sa description. Le réaliste doit commencer par ce constat : le signe
chez Peirce, comme chez Wittgenstein, ne dit pas les choses ; tout
au plus peut-il « en dire quelque chose » 29 . Il ne les exprime pas :
il les indique. Il faut donc rejeter toute conception selon laquelle
signifier consisterait en une relation à deux termes entre un signe et
une entité déterminée (le signifié, la signification) par définition
extérieure au domaine des signes. Peirce, pour sa part, croit pouvoir
en tirer la double conclusion que toute pensée est en signes, mais
aussi que tout, en fait, est signe.
17De l’influence profonde exercée sur lui par Kant, Peirce a retenu
que la logique est la méthode et le fondement de la métaphysique,
et que « les concepts communs ne sont rien que des objectivations
de formes logiques » 35 . C’est donc bien par une déduction des
catégories qu’il faut commencer. Kant n’est pas parvenu à en
dresser une table satisfaisante parce que sa logique est restée
empêtrée dans les « ambiguïtés psychologiques » de sa théorie du
« jugement », et parce qu’il n’a pas saisi « toutes les différences de
formes élémentaires et signifiantes qui existent parmi des signes de
toute sorte » 36 . Mais il avait vu juste en définissant la logique
comme « la science de la forme pure de la pensée » et en notant
l’importance (et la possibilité) d’une « analyse logique des produits
de la pensée ». Pour ce faire, point ne sera besoin ni de se référer à
l’activité d’un quelconque esprit, ni même de considérer les
symboles comme « les produits de l’action de l’esprit », concepts ou
jugements 37 . Si la logique a affaire avec la forme de la pensée, on
peut l’étudier aussi bien dans sa représentation externe qu’interne,
aller donc directement aux symboles eux-mêmes, mots,
propositions, arguments, qu’ils soient ou non compris, qu’ils soient
ou non dans un esprit. Si la logique a affaire aux symboles, c’est
donc parce qu’elle considère déjà les pensées comme des
symboles. C’est ce qui sera énoncé en 1867 dans « On a New List
of Categories » : « alors que les concepts n’ont aucune existence
sinon en ce qu’ils sont présents en acte à l’entendement », les
symboles, signes extérieurs, gardent leurs caractères de symboles
aussi longtemps qu’ils sont seulement susceptibles d’être compris
38 .
18C’est George Boole, d’une part, et les scolastiques, de l’autre, qui
fournissent à Peirce le cadre nécessaire à ce projet : Boole, parce
que le mathématicien qu’il est a réussi, dans ses Lois de la pensée,
à donner à ces lois « expression dans la langue symbolique d’un
calcul », sans se soucier de la question de savoir si cette notation
est « le reflet de certaines facultés mentales », mais en se servant
de signes « tels qu’ils sont définis et compris d’après leur fonction
représentative » 39 . Comme Boole, Peirce aura toujours, dans son
usage des signes, le réflexe de celui qui a commencé par penser
« en symboles algébriques », se rendant compte que penser, ce
n’est pas forcément « se parler à soi-même », bref, l’habitude du
mathématicien à raisonner en signes algébriques, celle-là même qui
va bientôt l’amener à « penser en diagrammes » 40 . On retrouve un
enthousiasme voisin pour Ockham 41 , chez qui Peirce trouve les
moyens qu’il cherche d’une « analyse logique des produits de la
pensée », puisqu’en utilisant des signes on peut centrer l’analyse
non plus sur ce qu’ils sont, à savoir « peut-être des sons, des
marques, des états ou images mentales », en un mot des
« intentions de l’âme », mais sur l’usage qu’on en fait en formant des
énoncés sur des choses qu’ils ne sont pas 42 . Comme l’écrit
Ockham, on « se sert des signes linguistiques pour signifier les
choses mêmes qui sont signifiées par les concepts de l’esprit, de
sorte qu’un concept signifie premièrement et naturellement quelque
chose, et un mot parlé signifie secondairement (et seulement
conventionnellement) » 43 . Peirce reprend mot pour mot cette
définition dans la « New List » :
La pensée est un signe qui renvoie non à un objet mais à une pensée
qui est son signe interprétant, celle-ci renvoyant à son tour à une
autre pensée-signe qui l’interprète, et ceci en un processus continu
57 .
28Comme second, i.e. par rapport à son objet, le signe (ou existant)
peut se décomposer à nouveau selon qu’il est premier ou icône
(renvoyant à l’objet en vertu de caractères qui lui sont propres, que
l’objet existe ou pas), second ou index (renvoyant à l’objet par lequel
il est dynamiquement affecté), troisième enfin ou symbole (renvoyant
à l’objet en vertu d’une loi).
30La division la plus fameuse est celle qu’établit Peirce entre index,
icône et symbole. En quoi consiste-t-elle ?
Un signe est soit une icône, un index ou un symbole. Une icône est
un signe qui posséderait le caractère qui le rend signifiant même si
son objet n’avait aucune existence ; tout comme un trait de crayon à
mine représente une ligne géométrique. Un index est un signe qui
perdrait d’emblée le caractère qui fait de lui un signe si son objet était
enlevé, mais qui ne perdrait pas ce caractère s’il n’y avait aucun
interprétant. Ainsi par exemple, un moule comportant un trou de balle
comme signe d’un coup de fusil ; car sans le coup, il n’y aurait pas eu
de trou ; mais il y a bien un trou, que quelqu’un ait ou non l’idée de
l’attribuer à un coup de fusil. Un symbole est un signe qui perdrait le
caractère qui fait de lui un signe s’il n’y avait pas d’interprétant. Ainsi,
n’importe quelle forme de discours ne signifie ce qu’elle signifie qu’en
vertu de ce que l’on comprend qu’elle a cette signification 60 .
34Mais la trace de pas est aussi, par rapport à son objet, un index,
celui de la présence sur l’île, non de quelqu’un en général, mais de
l’individu Vendredi. Notons le lien étroit de « connexion réelle » 65
qui relie le signe à son objet et rend ce dernier nécessaire au signe :
la trace de pas attire l’attention, elle surprend celui qui croyait se
trouver sur une île déserte 66 . Elle indique la présence existentielle
d’un individu. Mais la trace de pas a aussi valeur de symbole : elle
fonctionne comme « representamen dont le caractère représentatif
consiste précisément en ce qu’il est une règle qui déterminera son
interprétant » 67 . La trace est un symbole pour l’interprétant, qui
infère, de la représentation de cette forme et de ce qu’elle indique, la
présence d’un homme sur l’île.
Le sens d’un signe est le signe dans lequel il doit être traduit 73 .
40On pourrait penser que l’on a affaire ici à un cas parfait de relation
dyadique : un ordre (militaire de surcroît), on y obéit ; un point c’est
tout. Même alors pourtant, la relation instaurée est triadique et
irréductible ; l’action de la volonté de l’officier sur le signe n’est pas
seulement dyadique : s’il avait cru en effet un seul instant que ses
soldats étaient sourds-muets, ou ne connaissaient pas un mot de
français, ou que c’étaient de nouvelles recrues n’ayant reçu aucun
entraînement ou décidées à ne pas obéir, « sa volonté ne l’aurait
probablement pas conduit à donner cet ordre » 90 .
56Ainsi, pour comprendre le sens d’un signe tel que « Hamlet était
fou », il faut savoir que les hommes se trouvent parfois dans cet état
bizarre, en avoir vu ou, du moins en avoir entendu parler. On
améliorera encore la situation si l’on sait de façon non seulement
conjecturale mais spécifique ce qu’était la notion shakespearienne
de folie 110 . Étant donc admis qu’il doit y avoir entre l’objet et le
signe une relation dynamique de causalité, une contrainte 111 , il
faut un élément essentiel à l’effectuation de cette relation causale,
l’expérience collatérale ; bref, une expérience indépendante de
l’action du signe, qui ne fait pas partie non plus de l’interprétant 112 ,
mais sans laquelle l’objet ne peut avoir de rôle vraiment causal,
exercer une véritable Secondéité et, par là même, entrer dans le
processus de signification et de compréhension. Il faut donc que
l’expérience collatérale (l’ensemble des habitudes) en un sens crée
l’objet ; c’est pourquoi, si Peirce insiste sur le lien causal qui unit
l’objet au signe, il souligne aussi le lien causal qui relie le signe
(réseau d’habitudes ou d’expériences collatérales) à son objet :
L’objet est introduit à l’existence par le signe. […] L’objet d’un signe
peut parfois être quelque chose de créé par le signe 113 .
Cette expérience doit transformer l’objet en signe pour que l’objet
puisse à son tour fonctionner dynamiquement dans la relation-signe.
Le sens d’un signe est le signe dans lequel il doit être traduit 118 .
Quoiqu’un signe ne puisse exprimer son objet, il peut soit décrire, soit
indiquer l’espèce d’observation collatérale par laquelle cet objet doit
être découvert 145 .
70La logique pour Peirce est une science normative, et même une
branche de l’éthique 152 : sa tâche est, en effet, d’ « analyser le
raisonnement et de voir en quoi il consiste » 153 . Le pragmatiste sait
bien que tout raisonnement est le produit d’une pensée délibérée et
contrôlée, donc une sorte de conduite dont un homme peut être tenu
pour responsable 154 . Un signe ou symbole n’a donc, en définitive,
de sens qu’au sein du contexte propositionnel et même assertif dans
lequel il s’insère 155 : il faut distinguer, dans tout énoncé, le contenu
volitionnel (ou assertion) du contenu représentatif (ou propositionnel)
156 . Une proposition consiste en deux parties : un prédicat qui
« suscite quelque chose comme une image ou un rêve dans l’esprit
de l’interprète », et un sujet ou des sujets « dont chacun sert à
identifier quelque chose que le prédicat représente ». Une
proposition contient donc un sujet construit comme un index, ou une
série d’indices correspondant à nos variables, et dont le prédicat ou
icône est obtenu par effacement du ou des sujet(s) logique(s) de la
proposition 157 . Ainsi, dans une proposition telle que « Socrate est
un homme », le prédicat est « — est un homme », forme que Peirce
appelle « rhème » ou « rhéma » 158 . À son tour, l’assertion est le
symbole qui articule les éléments iconiques (de ressemblance
formelle) ou indexicaux (de ressemblance physique) de la
proposition. C’est sur le symbole que porte tout le poids de
l’assertion 159 . Mais l’assertion n’a aucun sens sans une
désignation qui montre si on se réfère à l’univers réel ou de quel
univers de fiction on parle 160 . D’où l’importance de l’élément
indexical de la proposition 161 . L’assertion est un acte dans lequel
un locuteur s’adresse à un auditeur, formule un symbole
propositionnel (montre donc qu’il croit ou sait ce qu’il dit), assume
une responsabilité quant à la vérité de ce symbole, et cherche à
amener chez son auditeur la même croyance et le même savoir. La
situation d’assertion est donc plus conflictuelle qu’édénique. Le
locuteur défend sa position, alors que son auditeur ou « opposant »
cherche à y déceler une éventuelle erreur 162 . Le locuteur, qui a la
plus grande part de responsabilité, peut donc avoir intérêt à rester
dans un certain flou ; le plus souvent pourtant, s’il est « honnête », il
cherche à communiquer une information 163 . Comment toutefois y
parvenir, puisque aucun signe n’est précis ?
Notes
1 NEM-III, i , p. 191 .
2 5.470.
3 Ms 322, p. 12).
4Ms 137.
6 SS , p. 85-86.
7 5.257.
8 5.119 ; cf . 5.448n.
9 5.448n. 1.
10 W-1 , p. 174.
11 5.265.
12 5.289.
13 4.9.
15Ms 634.
17 5.488.
19 Ms 675.
20 Ms 499.
22 8.184 ; 8.378.
23 8.378.
24 4.583 ; 4.56.
25 2.444 n.
26 1.11.
29 2.231.
31 1.204 ; 1.214.
34 4.551.
35 2.121 ; 3.404.
36 2.466n. 1 ; 4.2.
37 Ms 726.
38 1.599.
39 George Boole, Les lois de la pensée [1854], Vrin, 1992, chap. III,
prop. 1 et chap. II, § 2.
41 8.20.
44 1.559.
46 5.251 ; 5.313.
47 5.252 ; 5.253.
48 7.364.
51 1.551.
52 2.415.
53 2.428.
54 4.549.
55 1.548.
56 Ms 403.
57 5.284.
58 5.285.
59 8.331.
60 2.304.
61 4.531.
62 2.276.
63 2.279 ; 2.282.
64 2.277.
65 2.283.
66 2.285-7 ; 2.305-6.
67 2.292.
68 2.299.
69 2.291.
70 8.344-5.
71 1.540.
72 Ms 517.
73 4.132.
74 4.127.
75 2.304.
76 3.359-63 ; 5.73.
79 1.537.
80 8.332.
81 2.274.
82 5.66 ; 5.105.
84 1.363.
85 1.345.
86 5.472.
87 5.473.
88 1.366.
90 5.473.
91 2.228.
92 5.213-224.
93 5.286.
95 2.228.
100 Ms 966.
101 8.178.
102 8.314.
104 8.314.
106 2.230.
107 1.538.
108 8.314.
109 8.179.
111 5.554.
112 8.179.
113 8.178.
114 8.183.
115 8.181.
120 5.318.
121 1.339.
122SS, p. 111.
123 4.536.
124 5.475.
125SS, p. 111.
126 5.473.
127 8.314
128 5.259-263.
130 1.559.
131 8.315.
132 8.315.
133 5.473.
134 Ms 283.
135 5.594.
136 2.303.
140 2.222.
141 5.494.
142 2.291.
144 2.231.
145 Ms 318.
147 1.345.
149 8.181.
150 4.344.
151 5.505.
153 2.532.
159 2.341.
161 2.315.
164 5.447.
165 3.93.
166 1.434.
167 5.447.
168 5.448n. 1.
169 5.447.
171 5.448n. 1.
172 Ms 596.
173 5.448 n. 1.
174 5.506.
175 4.512.
4Si le doute radical est impossible, c’est parce qu’il est contradictoire
avec la nature même du processus cognitif, sans fin par définition –
toute connaissance reposant sur une connaissance antérieure 4 –,
mais aussi parce qu’il repose sur une mécompréhension du
mécanisme réel de la connaissance. Le « seul but de la recherche »,
en effet, est de « fixer son opinion » 5 , de passer d’un doute, cette
fois authentique, à un état de croyance fixé, le but étant de
surmonter des doutes légitimes par l’établissement de croyances
stables et, par là même, vraies 6 .
Qu’est-ce qu’une croyance ?
5En affirmant que « l’essence de la croyance, c’est l’établissement
d’une habitude », et qu’en conséquence « les différentes espèces se
distinguent par les divers modes d’action qu’elles produisent »,
Peirce rappelait sa dette à l’égard de Bain, qui définissait la
croyance comme disposition à agir 7 . Il montrait aussi son souci de
ne pas privilégier dans la croyance l’aspect subjectif ou interne.
8Le doute radical est impossible ; on croit à tort que la pensée sort
du néant 23 . Contrairement à Descartes pour qui l’on ne saurait
apprendre tant qu’on ne connaît pas, Peirce considère que, dans la
plupart des processus d’apprentissage, on se contente de construire
en partant de croyances-hypothèses précédemment entretenues,
afin de les tester, de les améliorer ou de les rejeter. Donner sens au
doute radical, ce serait aussi apporter des raisons positives de
douter de nos croyances. Or celles-ci sont, par nature,
indéterminées. On ne peut raisonnablement douter que de
croyances déterminées : sinon on ignore de quoi l’on doute. Le
doute, enfin, n’est pas cette méthode nécessaire pour différencier
vraies et fausses croyances : si les croyances dont on part sont
impossibles à mettre en doute, cela n’a aucun sens de parler à leur
sujet de croyances vraies, acceptables ou même acceptées. Je n’ai
pas de critère réel pour distinguer mes vraies croyances des fausses
tant que ce sont mes croyances : tant que ce sont les miennes, je
crois qu’elles sont vraies. Non que toutes mes croyances soient
vraies parce que ce sont les miennes ; simplement, tout énoncé de
la forme « p est vrai » se réduit en fait toujours à un énoncé de la
forme « A croit que p » 24 . Maintes croyances sont donc de facto
indubitables : mais en quel sens ?
De l’indubitabilité des croyances :
pragmatisme et sens commun critique
9Toute croyance fermement adoptée (mais pas forcément établie) se
dispense de raisons. Comment faire alors le tri entre croyances
indubitables et préjugés purs et simples ? Car, s’il est vrai que la
croyance est surtout inconsciente et autosatisfaite, elle est aussi (par
sa nature propositionnelle) objective 25 : elle est délibérée et
critique. La thèse du sens commun critique est présente dès 1868
26 : « nous devons commencer notre enquête par ce dont
l’existence est indubitable » 27 ; mais Peirce va de plus en plus
insister sur l’aspect normatif et critique, et moins analyser doute et
croyance comme tels que s’interroger sur ce qu’il faut croire et, le
cas échéant, mettre en doute.
Peirce et la tradition écossaise du sens commun.
10En présentant sa théorie du sens commun, Peirce reconnaît sa
dette envers la tradition écossaise, et notamment Thomas Reid (qui
était avec Kant, Berkeley et Bain l’un des auteurs favoris de
discussion des membres du Club métaphysique 28 ). Comme
Peirce, Reid souligne que les croyances précèdent la connaissance
et sont, à ce titre, des instruments indispensables à l’apprentissage
de la raison dont il est difficile, voire impossible, de se défaire. Aussi
faut-il se fier au témoignage d’autrui, ou à son propre principe de
crédulité, ou, comme le dira Peirce, suivre les méthodes de ténacité,
puis d’autorité, méthodes primitives mais inévitables de fixation des
croyances. Sur quoi portent, du reste, ces dernières ? À l’inverse de
Reid, Peirce n’en dresse pas une liste, mais il en souligne aussi le
caractère acritique, que l’on peut rencontrer dans l’expérience
perceptuelle et dans maintes croyances qui relèvent finalement de
l’instinct.
35La différence entre induction et abduction n’est donc pas que l’une
irait au-delà de l’observation et l’autre non 78 : c’est plutôt le degré
où chaque procédure va au-delà de l’observation qui les distingue.
La différence n’est pas non plus que l’une classifierait (induction) et
l’autre expliquerait (abduction) : l’explication peut en fait relever des
deux 79 . L’originalité du traitement peircien de l’induction est à
chercher ailleurs : pour le sens courant, l’induction est un terme
réservé à la confirmation des hypothèses et au degré corrélatif de
fiabilité attribuable à ses prédictions. Pour Peirce, l’induction désigne
plutôt la mise à l’épreuve des hypothèses, que celle-ci se termine
par une confirmation ou par une réfutation. Ce n’est pas une
procédure qui permettrait à partir d’hypothèses, par généralisation
ou par des observations répétées, d’obtenir une loi ou une théorie.
L’induction « ne nous fait rien découvrir » 80 . Elle se présente
quand celui qui raisonne soutient déjà une théorie 81 et n’intervient
donc dans l’enquête que pour confronter les prédictions déduites de
la théorie avec les résultats expérimentaux : elle part d’une théorie et
mesure le degré de concordance de cette théorie avec le fait 82 .
Procédure expérimentale de test des prédictions tirées des
hypothèses, elle se caractérise par sa tendance à l’autocorrection
83 ; c’est une méthode qui, « si elle persiste, doit corriger son
résultat si elle est fausse » 84 .
39La validité d’une inférence dépend donc du fait qu’elle relève d’un
certain type, dont la caractéristique est d’avoir une « vertu
productrice de vérité ».
Tout ce que l’expérience peut faire, c’est de nous dire quand notre
conjecture est fausse. À nous de produire la bonne conjecture 128 .
47Et il y a fort à parier que la bonne conjecture n’est pas celle qu’on
peut vite rejeter, mais celle qui donne la bonne explication 129 .
Aussi, à côté de l’abduction, l’induction et la déduction gardent-elles
toute leur place dans la démarche scientifique. C’est à elles deux
qu’incombent validité et sécurité ; ce sont elles qui donneront
finalement sens à la procédure de contrôle et de test par laquelle on
parvient progressivement, par autocorrection, à la vérité.
Pragmatisme et vérité
Vérité, croyance et satisfaction : Peirce et James
48Le vrai est « ce vers quoi tend l’enquête » 130 . L’enquête étant
provoquée par le doute et ne s’achevant que par l’acquisition d’une
croyance stable, et la vérité étant cet accord auquel parviendra
finalement la méthode scientifique, le vrai est donc bien, en un sens,
ce qu’il est satisfaisant de croire 131 . Mais Peirce s’est toujours
efforcé de montrer que les deux termes ne sont pas synonymes, et il
n’est jamais allé aussi loin que James et surtout que Schiller 132 .
Une croyance est satisfaisante lorsque la méthode de la science a
réussi à en extirper le moindre doute, non au sens où elle serait
émotionnellement confortable. Certes, James définit aussi les
croyances bonnes ou « avantageuses » 133 comme celles qui ne
risquent pas d’être contredites par l’expérience et nous
prémunissent, donc, d’échecs ultérieurs. Mais il va plus loin et
explique comment on modifie, en ce cas, des croyances tenues pour
vraies : on cherche à maximiser la conservation de la vieille
croyance tout en sauvant la consistance. En nominaliste, James
s’intéresse au premier chef aux croyances individuelles, là où Peirce
ne trouve pas gênant d’envisager la Vérité (qui, pour James est une
fantomatique abstraction de peu d’intérêt). James admet qu’on peut
dire de certaines propositions qu’elles sont vraies ou fausses même
si on ne les a pas vérifiées, mais il trouve plus intéressant de parler
– non sans nuance toutefois –de vérification (actuelle) plutôt que de
vérifiabilité (i.e. de vérifications seulement possibles). Peirce, lui,
parle de vérités à long terme dans leur totalité, et il n’accepterait
jamais de trancher sur des questions difficiles en faveur d’une
théorie pour des raisons esthétiques (simplicité ou économie) ou de
simple « goût ». Enfin, James est non seulement peu attentif à la
notion même d’enquête (présente en revanche dans le pragmatisme
de John Dewey, qui définira la vérité comme « assertabilité
garantie » à la fin de l’enquête), mais il est moins soucieux d’établir
l’indépendance de la réalité (au sens scotiste de realitas) que de
montrer son accessibilité à l’expérience sensible, et plus soucieux en
revanche (en dépit des accusations exagérées de « matérialiste
sordide » portées à son endroit par Moore ou Russell) de marquer
nettement la différence de bénéfice que l’on retire d’une croyance
vraie, dès lors qu’elle correspond au réel.
49Pour Peirce en tout cas, être satisfait par une croyance, c’est
avant tout ne pas être gêné par un doute 134 . La vérité est donc un
peu redondante par rapport à la croyance 135 , mais ce n’est pas
dire qu’elle soit un faux problème 136 .
Vérité : correspondance, cohérence ou
consensus ?
50La supériorité de la méthode scientifique provient de ce qu’elle
repose sur l’hypothèse de la réalité. Mais cette réalité est celle du
réaliste scolastique, donc simplement de « quelqu’un qui ne connaît
pas plus de réalité absconse que celle qui est représentée dans une
représentation vraie » 137 , et qui n’en maintient pas moins
l’existence d’une réalité irréductible à la représentation :
Il n’y a aucune chose qui est en soi, au sens où elle ne serait pas
relative à l’esprit, bien qu’il ne fasse aucun doute que les choses qui
sont relatives à l’esprit, sont, en dehors de cette relation 138 .
Le réel est non pas ce qu’il nous arrive d’en penser, mais ce qui reste
inaffecté par ce que nous pouvons en penser 139 .
Une proposition vraie correspond à un fait réel, par quoi on veut dire
un état de choses défini et individuel, qui ne consiste pas simplement
dans le fait d’être représenté (dans quelque représentation que ce
soit) 145 .
Notes
1 5.12.
2 5.63.
3 5.265.
4 5.311.
5 W-3 , 345.
12 Cf . 6.264.
14 6.301 ; 5.477.
16 6.158 ; 2.664.
17 5.371.
18 5.524.
19 5.443.
20 5.370 ; 5.443.
23 5.512 ; 5.416.
24 5.375.
25 5.542.
26 5.439.
27 5.267.
30 5.116 ; 5.140.
34 5.451.
35 1.14.
37 5.505 ; 6.98.
38 5.452.
39 5.505.
40 5.508.
41 5.514 ; 5.523.
42 5.498.
43 5.378.
44 5.381-2.
45 5.386.
47 W-3 , 273.
49 5.385.
50 5.389 ; 5.392.
51 5.384.
52 5.384.
53 2.227.
55 5.384.
59 5.196.
61 5.590.
62 5.171.
64 2.640.
65 2.636.
66 8.388.
67 5.189.
68 2.777.
69 5.186 ; 5.181.
70 6.469 ; 6.522-5.
71 1.634 ; 6.470.
72 5.602.
73 Ms 841.
74 2.755 ; 6.469.
75 2.767 ; 2.111 ; 2.269 ; 2.662 ; 2.757.
76 2.759.
78 6.523.
79 2.717.
80 5.145.
81 2.775.
82 5.145.
83 2.729.
85 7.207.
86 2.693.
87 2.755.
93 2.778.
94 2.700.
95 2.703.
96 2.697.
97 5.161.
98 2.696 ; 2.215.
99 7.190.
100 5.210.
105 6.477.
109 1.81 ; 2.753 ; 1.121 ; 2.86 ; 5.604 ; 6.531 ; 7.38 ; 7.508 ; 7.680.
110 6.417-8 ; 4.91 ; 1.118 ; 5.45 ; 5.586 ; 5.591 ; 7.39 ; 3.422 ; 6.277.
111 5.172.
113 7.220.
114 5.597.
115 5.598.
117 7.188.
122 2.758.
128 7.87.
129 7.89.
130 5.557.
132 5.552.
135 5.416.
137 8.17.
138 5.311.
139W-2, 467.
140 7.336.
141 5.311.
142 5.407.
143 Ms 283.
145 8.126.
147 7.119.
155 2.654.
156 8.43.
163 Ms 496.
168 1.171.
169 4.63.
170 8.43.
174 1.120.
175 5.541.
176 1.141.
177 6.44.
178 1.171.
179 1.403.
180NEM-IV, p. xiii.
181 7.119.
Index
Mots-clés : abduction, croyance, doute, induction, méthode
scientifique, Peirce, vérité
Conclusion
Notes
1 8.191.
2 1.14.
6 1.655 ; 5.60.
7 6.476.
8 Cette distinction est faite par Migotti, 1988, et reprise dans Haack,
1993.
9 4.61.
10 5.555.
11 6.425.
12 1.33.
Bibliographie
Quine W. W. O., 1960, Word and Object, New York, MIT Press ; Le
mot et la chose, traduit par J. Dopp & P. Gochet, 1977, Flammarion.
Skagestad P., 1981, The Road of Inquiry, New York, Columbia UP.