Le Tourisme Culturel Durable Une Opportunité de Mise en Valeur Du Patrimoine Algérien (Le Cas de La Ville Historique de Tlemcen)
Le Tourisme Culturel Durable Une Opportunité de Mise en Valeur Du Patrimoine Algérien (Le Cas de La Ville Historique de Tlemcen)
Le Tourisme Culturel Durable Une Opportunité de Mise en Valeur Du Patrimoine Algérien (Le Cas de La Ville Historique de Tlemcen)
Résumé: :الملخص
I.Introduction:
Depuis quelques années déjà, le tourisme dans notre pays fait l’objet d’une attention toute
particulière de la part des pouvoirs publics, des experts économiques et des médiats, de part son
impact remarquable sur l’économie nationale. Il constitue une véritable industrie, parfois la plus
profitable de toutes. De nombreux pays s’organisent actuellement pour développer leur secteur
touristique, considéré comme un choix stratégique. C’est aussi un secteur économique qui jouit d’un
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Ecole Supérieure de Management, Tlemcen, Algérie, Email : [email protected]
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Université Moulay Tahar , Saida, Algérie, Email: [email protected]
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BESSOUH Nadira & BELARBI Abdelkader
taux de croissance très rapide et qui implique plusieurs intervenants et activités, tant en amont qu’en
aval. C’est l’activité la plus dynamique au monde, et une source importante de recettes en devises.
Pour l’Algérie, le tourisme n’est plus désormais un choix, c’est un impératif. Il constitue une
ressource alternative aux hydrocarbures dont les réserves sont pratiquement en cours d'épuisement.
Attentive aux expériences des pays voisins et de ceux considérés comme ayant enregistré des succès
en matière d’activités touristiques, et s’inspirant de leurs réussites, l’Algérie a décidé de donner au
tourisme une dimension à la mesure de ses potentialités et de ses atouts. Aujourd’hui, plus que jamais
auparavant, l’adoption du tourisme culturel durable est considérée comme une bouée de sauvetage
pour le pays. C’est la « solution miracle » qui est en mesure de permettre au pays de gagner de l’argent
et de valoriser son patrimoine culturel et historique. Les villes algériennes présentent un patrimoine
culturel important, auquel s’additionnent les richesses historiques et humaines. Malheureusement ce
patrimoine est menacé par l’ignorance; il est confronté à la vétusté et à la dégradation. C’est ce
contexte général qui nous pousse à orienter notre recherche vers le tourisme culturel durable. Notre
travail a pour but d’apporter des éléments de réponse à la question suivante :
Quelle stratégie faudrait-il adopter pour protéger et mettre en valeur le patrimoine culturel dans
les villes historiques de l’Algérie ?
De cette question, deux sous-questions peuvent être dégagées: -
Comment protéger durablement le patrimoine?
- Quelle démarche faut-il entreprendre pour mettre en valeur le patrimoine des villes historiques
algériennes?
Le développement de notre recherche va s’appuyer sur deux (02) axes.
Axe 1 - Cadre théorique
Axe 2 - Cadre méthodologique et analytique
II.La culture et le patrimoine dans le tourisme
La culture et le tourisme entretiennent une relation mutuellement bénéfique qui est de nature à
renforcer l’attractivité et la compétitivité des régions et des pays. La culture devient progressivement
une composante importante du produit touristique parce qu’elle permet de se distinguer sur un
marché mondial déjà très encombré. Similairement, le tourisme devient aussi un vecteur puissant qui
permet de valoriser la culture et procurer des revenus qui contribuent à entretenir et développer le
patrimoine culturel, la production culturelle et la créativité.
Historiquement, le tourisme culturel a été la première forme de tourisme dans le monde. En effet, le
mot «Tourisme» a été développé de ce que l’on appelait jadis le « Grand Tour de l’Europe » qui
correspondait au voyage effectué par les jeunes riches britanniques qui, après les études, partaient
faire le tour des hauts lieux culturels de l'Europe, tels que Rome et les autres grandes capitales.
Aujourd’hui le tourisme culturel constitue une des principales formes de tourisme dans le monde et
touche plus particulièrement, comme son nom l’indique, le patrimoine culturel d’un territoire ou
d’une civilisation entrainant ainsi sa valorisation et sa protection.
2.1.Qu’est ce que le tourisme culturel
Contrairement à certains autres types de tourisme, comme le tourisme balnéaire ou de montagne, le
tourisme culturel n’est pas spécifique à un type de territoire particulier, mais peut se pratiquer
partout. Pour Lanquar Robert (1994), le tourisme culturel est comme « un déplacement d’au moins
une nuitée dont la motivation principale est d’élargir ses horizons, de rechercher des connaissances
et des émotions au travers de la découverte d’un patrimoine et de son territoire ». Elle ajoute aussi
que la notion de déplacement est primordiale dans le tourisme culturel, car c’est ce qui différencie le
tourisme culturel des pratiques culturelles des habitants d’un territoire. Il est possible d’affirmer
également que le tourisme culturel est une quête à la fois de connaissances et de sens (Amirou,
2000, p12). On retrouve un peu ces mêmes idées dans la définition donnée par le Programme
Européen sur l'Impact du Tourisme Culturel: « Le tourisme culturel est une forme de tourisme centré
sur la culture, l’environnement culturel, les valeurs et les styles de vie, le patrimoine local, les arts
plastiques et ceux du spectacle, les industries, les traditions et les ressources de loisirs de la
communauté d’accueil (Lazzorotti, 2011). Le tourisme culturel peut comprendre la participation à
des événements culturels, des visites de musées et monuments et la rencontre avec des locaux. Il ne
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BESSOUH Nadira & BELARBI Abdelkader
doit pas être considéré seulement comme une activité économique identifiable, mais plutôt comme
englobant toutes les expériences vécues par les visiteurs d’une destination au-delà de leur univers de
vie habituel; cette visite doit durer au moins une nuitée et moins d’un an, et se passer dans un
hébergement privatif ou marchand de la destination ».
Le tourisme culturel peut donc être vu comme un tourisme pendant lequel les touristes s’ouvrent,
apprennent et découvrent de nouvelles cultures et de nouveaux modes de vie (Furt et al ; 2011). Le
tourisme culturel engendre de nombreux effets bénéfiques en termes de dynamisme économique,
diversification des activités, création d’emplois, perspectives de profits et de rentrée de devises. C’est
un moyen important pour célébrer, préserver et promouvoir les patrimoines d’un État. Nous pouvons
donc synthétiser les trois objectifs principaux à l’élaboration et la mise en pratique de politiques du
tourisme culturel:
• La sauvegarde du patrimoine et de l’identité culturelle auquel il est associé,
• La prise de conscience de la part des touristes de la diversité culturelle mondiale, et
• La contribution au développement économique, social et culturel du territoire. En
revanche, le tourisme culturel représente aussi de nombreux inconvénients par rapport à la vie urbaine,
aux fonctions urbaines, aux ressources culturelles et environnementales. Il semble également que ce
type de tourisme brise la continuité historique, la mémoire et la singularité des petites villes historiques.
De ce fait, les méfaits du tourisme culturel peuvent être résumés comme suit:
• Surexploitation et banalisation des sites historiques,
• Dégradation des sites et des monuments historiques,
• Perturbation de l’équilibre culturel des lieux historiques.
Le tourisme peut donc engendrer des impacts socioculturels et écologiques indésirables et peut parfois
présenter un certain nombre de risques économiques. Ces constats peuvent amener de nombreux pays
à considérer la question d’intégrer le tourisme dans une optique de durabilité, tout en fixant les
conditions sous lesquelles le tourisme peut être un vecteur de développement en harmonie avec
l’environnement et les intérêts socioculturels et économiques du pays d’accueil, dans une logique de
dynamique durable. Il est important de dire que les différentes définitions du tourisme culturel
s’accordent toutes à dire que c’est un déplacement qui permet de découvrir et d’apprendre à connaitre,
que ce soit le territoire d’accueil, son patrimoine, sa population, sa culture, ou autre.
2.2. Le tourisme culturel durable
Au cours des dernières années, la culture a plus particulièrement été mobilisée par le tourisme. En
effet, des associations regroupant ces deux activités, à savoir la culture et le tourisme, ont été créées
sur l’ensemble du territoire dans l’objectif d’un développement durable, c’est-à-dire « un
développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité
des générations futures de répondre aux leurs » (Batallou ,2010). La culture et le tourisme peuvent
jouer un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs d’une croissance économique durable. Ils
peuvent être utilisés ensemble; ils peuvent s’influencer l’un l’autre pour développer des retombées
économiques intéressantes d’un territoire.
D’après l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) « on entend par développement du tourisme
durable toute forme de développement de cette activité touristique qui respecte, préserve et met en
valeur, à long terme, les ressources naturelles, culturelles et sociales d’un territoire. Le
développement du tourisme durable doit s’inscrire dans une dynamique qui articule des modes de
production et de consommation responsables, tout en offrant aux populations qui viennent, travaillent
ou séjournent dans cet espace des avantages socioéconomiques équitablement répartis. Ce
développement suppose un aménagement et une gestion intégrée des ressources ainsi que la
participation des acteurs locaux, afin de concilier sa mise en œuvre avec les besoins et les capacités
du territoire ». Ainsi, le tourisme durable agit en faveur du touriste-visiteur plutôt que le touriste -
consommateur. La coopération entre ces deux secteurs (le secteur du tourisme durable et celui de la
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culture) permet d’orienter le tourisme vers une protection du patrimoine et de canaliser les impacts
négatifs du tourisme de masse (Lajarge ,2011).
III. La valorisation du patrimoine via le tourisme culturel durable
La valorisation du patrimoine est, comme son nom l‘indique, le fait de mettre en valeur les richesses
patrimoniales d’un territoire dans le but, principalement, de sauvegarder ce patrimoine, de le protéger
ou encore de le faire connaitre au plus grand nombre de personnes (Landel et Nicolas ,2009).
Plusieurs villes, ayant investi dans la valorisation de leur patrimoine, ont trouvé dans le tourisme un
allié important dans cette démarche. Aujourd’hui plus que jamais nous constatons que le patrimoine
et le tourisme possèdent un intérêt commun; le premier se voit revivre et s’entretenir à travers les
recettes touristiques et le second se développe et s’ouvre à de nouveaux horizons grâce au patrimoine
(Breton, 2009). Le tourisme culturel durable est communément reconnu comme un secteur offrant un
important potentiel aux pays développés, ainsi qu’aux pays en voie de développement, en termes de
rapprochement entre les peuples, de renforcement de la paix, de développement et surtout en tant que
vecteur de dialogue interculturel et interreligieux. C’est pourquoi beaucoup de pays n’ont pas hésité
à investir dans ce type de tourisme.
3.1. Présentation de quelques expériences du tourisme culturel durable
Il est clair qu’aujourd’hui le tourisme culturel durable est devenu une réalité. Depuis longtemps, ses
enjeux économiques et patrimoniaux ont été rapportés par plusieurs chercheurs. De nombreuses
études ont réussi à démontrer l’existence de liens forts entre ce type de tourisme et la conservation
du patrimoine. Ainsi, trois exemples de pays qui ont adopté le tourisme culturel durable dans leur
politique de protection du patrimoine sont donnés.
3.1.1. L’expérience Française
La France est avant tout une destination culturelle. Elle a historiquement détenu un avantage
concurrentiel dans le domaine du tourisme culturel durable, grâce à sa position géographique, la
richesse de son patrimoine (monuments de renommée internationale), la variété de ses paysages et
l’attrait de son art de vivre (Hesplier et Burafour ; 2005). La France reste la première destination
touristique mondiale avec 83 millions de visiteurs étrangers en 2012; elle se place largement devant
les Etats Unis (67 millions) et l’Espagne (60 millions). Elle compte plus de 40000 monuments
historiques, classés ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques et
bénéficiant ainsi d’une législation protectrice. Ces monuments, dont les châteaux de Versailles, les
châteaux de la Loire et les cathédrales, attirent chaque année un nombre considérable de visiteurs et
apportent une contribution essentielle à l’activité touristique. En France, la ville d’Angers est une
référence en matière de l’application de la démarche du développement durable. Elle accueille
annuellement plus de 80 millions de touristes. Sur ce nombre, 50% environ ont déclaré pratiquer le
tourisme culturel, puisqu’ils visitent en premier lieu le château d’Angers. Cette ville a pu adopter ce
type distinct de tourisme en raison de son patrimoine urbain riche par sa quantité, sa qualité, et sa
diversité (Frangialli ,1999).
3.1.2. L’expérience Marocaine
Le Maroc est un pays à vocation historique, ce qui fait de lui un creuset de civilisations (Saigh-Bousta
,2014). Il recèle un patrimoine culturel riche et diversifié qu’on peut voir à travers l’urbanisme et les
monuments de ses capitales impériales, à travers toutes les régions du pays. Le Maroc est connu, à
l’échelle mondiale, pour ses villes impériales (Fès, Marrakech, Rabat, Meknès), sa gastronomie et
son artisanat (Gaultier –Kurhan ,2003). Pour préserver sa culture, ses valeurs, ses traditions et son
environnement, le Maroc s’est engagé dans une démarche de développement touristique durable, et a
établi une Charte Marocaine du Tourisme Durable. Cette charte s’appuie sur le code mondial de
l’éthique du tourisme, édité par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et validé par les Nations
Unies le 21/12/2001. L’article 4 de cette charte explique la relation qu’il faut entretenir entre le
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3.1.3.L’expérience Tunisienne
Grâce à sa richesse monumentale et ses caractéristiques géographiques et climatiques, la Tunisie est
classée parmi les pays méditerranéens les plus développés dans le secteur du tourisme. Située à la
jonction des deux bassins oriental et occidental de la méditerranée, elle occupe une place importante
qui lui permet d’être parmi les destinations privilégiées des touristes (Minvielle, 2005). La plupart des
villes tunisiennes sont d’anciens comptoirs phéniciens, héritages des villes grecques ou romaines, ou
encore de médinas arabes. Amphithéâtres, thermes, odéons témoignent de la splendeur des civilisations
qui s’y sont succédées.
L’AMVPPC (Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle) observe une grande
évolution, chaque année, dans le nombre de visiteurs des musées et sites archéologiques qu’elle gère.
L’agence dénombre plus de 60 musées et sites archéologiques, musées d’arts et traditions populaires,
et monuments historiques. Les sites et les musées les plus visités en Tunisie sont le Musée du Bardo,
les thermes d’Antoni à Carthage, le Colisée d’El Jem, les monuments islamiques de Kairouan, le musée
de Carthage, le Ribat de Sousse, le fort de Hammamet, le Ribat de Monastir, Sbeïtla, El-Haouaria, et
enfin Karkouan.
Afin de dynamiser le tourisme culturel durable, le gouvernement tunisien a proposé un schéma
directeur qui s’appuie sur deux volets importants, à savoir:
1- Une législation adéquate au niveau du classement des monuments historiques et du plan de leur
sauvegarde, et
2- Une politique de mise en valeur durable du patrimoine monumental vis-à-vis de l’esthétique architecturale,
la promotion culturelle et la promotion du tourisme culturel durable.
La stratégie adoptée pour la mise en valeur de son patrimoine est composée de deux parties:
• La restauration suivant un programme et un cahier des charges bien définis, et
• La reconversion qui permet au monument restauré de continuer à exister et à jouer un rôle déterminant dans
le développement d’un territoire.
Après ce bref parcours des expériences de ces pays qui ont adopté le tourisme culturel durable, nous
pouvons constater que cette stratégie touristique est très bénéfique. Ceci nous pousse à poser la
question suivante : Où en est l’Algérie par rapport aux autres pays?
IV. Le tourisme culturel durable en Algérie et les politiques de soutien au développement
touristique
L’Algérie est un grand pays de la région méditerranéenne; elle dispose d’un patrimoine naturel et
archéologique d’une valeur inestimable. Son histoire a été façonnée par le croisement de diverses
cultures, berbère d’abord, ensuite romaine, puis ottomane et arabo musulmane, et enfin française. Cet
héritage varié constitue une richesse incontestable; il représente l’identité culturelle du pays. En outre,
l’Algérie dispose d’un patrimoine historique, architectural et urbanistique remarquable, qui lui permet
de devenir un pays de référence en matière de patrimoine. Un nombre important de monuments
historiques existent un peu partout, et particulièrement dans les vielles villes telles que Constantine,
Miliana, Médéa, Tlemcen, Cherchell et autres.
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BESSOUH Nadira & BELARBI Abdelkader
L’Algérie peut compter sur ses propres richesses pour relancer l’industrie touristique, et le tourisme
culturel durable en particulier. Elle compte actuellement sept (07) sites inscrits au patrimoine mondial
de l’UNESCO, à savoir Timgad, Djemila, Tipaza, la Kalaâ des Béni Hamad, la Vallée du Mzab, La
Casbah d’Alger et le site naturel du Tassili N’Ajjer.
Pour ce qui est du tourisme en Algérie, le gouvernement n’a pas accordé à ce secteur la place qu’il
mérite dans ses différentes politiques de développement depuis l’indépendance. Aujourd’hui, le
secteur touristique est au cœur de réformes économiques profondes, et c’est pour cette raison que l’Etat
a fait le pari de s’engager pleinement dans le processus des réformes économiques et d’élever le secteur
du tourisme au rang de priorité nationale. Le ministère du tourisme a élaboré un plan d’action afin
d’attirer 3 millions de touristes à l’horizon 2017, générant ainsi environ 1.5 à 2 milliards de dollars, ce
qui représente un taux de participation au PIB de 3%.
Le tourisme culturel durable est une expérience assez récente en Algérie. Ce n’est qu’à partir des années
2000 que l’Algérie a décidé de se positionner dans un contexte concurrentiel et prétendre à un
développement touristique culturel durable afin d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur de son
patrimoine monumental et historique. Une telle action nécessite une intervention rapide. Toutefois, la
relance de ce type de tourisme a donné naissance à des politiques et des plans d’action qui favorisent
le lancement du tourisme culturel durable. Ainsi on peut citer:
• Le Schéma National de l’Aménagement du Territoire (SNAT)
• Le Schéma Régional de l’Aménagement du Territoire (SRAT)
• Le Schéma Directeur Des Aménagements Touristiques (SDAT)
• Le Schéma Directeur des Biens et Grands Equipements Culturels
• Le Schéma Directeur des Zones Archéologiques et Historiques
• Le Plan Directeur de l’Aménagement et de l’Urbanisme (PDAU)
Les politiques et les plans d’action adoptés par l’Etat visent à relancer le tourisme culturel durable
dans le but de faire connaitre aux touristes les sites antiques et les sites archéologiques sans pour
autant négliger la préservation du patrimoine.
4.1. Potentiel touristique de la ville de Tlemcen
Tlemcen, dite la Perle du Maghreb ou la Grenade de l’Afrique, est riche en histoire et en patrimoine.
C’est l’une des plus vieilles villes du réseau urbain algérien.
Elle est située à l’extrême Nord – Ouest du pays, et est limitée au Nord par la mer Méditerranée, au
Sud par la Wilaya de Naama, à l’Est par celle d’Ain Temouchent et à l’Ouest par le Maroc.
Tlemcen occupe une position stratégique (carrefour d’échange entre la Tunisie, le Maroc, l’Europe
et l’Afrique). Son histoire remonte à la préhistoire, avec une trame souvent dense d’évènements qui
l’on marqué. Elle a pris successivement plusieurs noms, à savoir Pomaria (verger), Agadir (lieu
élevé), Tagrart (campement) et enfin Tlemcen, un nom issu de la forme du pluriel berbère Tilimsan,
dont le singulier est Tilmas qui signifie poche d’eau, ou source (Boukerche, 1999). Tlemcen doit un
bon nombre de ses richesses, en matière de monuments historiques, aux différentes dynasties qui ont
régné sur la ville et qui y ont laissé des traces de leur passage (Abadie, 1994). Le tissu urbain a évolué
avec la succession des différentes dynasties qui ont gouverné la ville (Idrisside, Almoravide,
Almohade, Zianide et Ottoman). Parmi les sites et monuments importants, on peut citer:
• La Mosquée d’Agadir, un monument Idrisside qui fut construit par Idriss I en 790,
• La Grande Mosquée de Tlemcen qui représente le dernier vestige d’architecture Almoravide avec la
Grande Mosquée de Nedroma et celle d’Alger,
• El Mansourah, une ville construite à l’ouest de la ville de Tlemcen par les Mérinides au XIVe siècle lors
du siège de la ville qui dura 8 ans (de 1299 à 1307); aujourd’hui, il n’en reste que la muraille, qui est en
ruine, et le minaret de la mosquée à moitié détruit,
• La Mosquée de Sidi Boumediene qui fut construite par le Sultan Mérinide, Abou El Hassan, pour honorer
la mémoire de Sidi Abou Madyane Choaib El Ichbili lors de la prise de Tlemcen en 1337. La mosquée
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BESSOUH Nadira & BELARBI Abdelkader
fut érigée à coté du mausolée de ce grand maitre du Soufisme, mort à de son retour du pèlerinage, et
enterré dans un village, dit El Eubad, sur les hauteurs de Tlemcen,
• La Citadelle d’El Mechouar qui fut construite en 1145 par Abd El Moumen Ben Ali de la dynastie
Almohade. Ce lieu a servi de campement militaire lors du siège d’Agadir, vers le milieu du XIe siècle.
Tlemcen, qui a tenu un rôle capital dans le Maghreb, était un pole très attractif pour les étrangers qui
venaient pour des raisons d’échanges commerciales et culturelles, ce qui explique la présence et la
cohabitation d’une population cosmopolite, composée essentiellement de Hdars, Kouloughlis et Juifs
(Lachachi ,2002). Ce mélange ethnique a favorisé son développement et sa prospérité économique
et culturelle pendant la période Ottomane. Tlemcen a été et reste toujours la ville du tissage (Tissu,
Tapis, Burnous, Haik et Mensoudj). De même qu’elle fut et demeure toujours le gardien le plus
passionné de la musique Andalouse et de la poésie. La ville de Tlemcen, chef lieu de la Wilaya de
Tlemcen, est constituée jusqu’à nos jours de trois zones spatiales, à savoir:
La zone politique et culturelle, représentée par les palais, les mosquées et les medersas,
La zone résidentielle, qui est un élément caractérisant la médina. Elle est organisée selon une
hiérarchisation bien définie. Il y a d’abord la «Houma», l’équivalent du quartier, qui est constituée
d’ilots. On lui donne généralement le nom de « Bab»; elle peut aussi porter le nom d’une tribu qui y
habite ou bien celui de l’activité artisanale exercée à son niveau. La Tahtaha, une placette publique,
qui représente une forme de transition entre la partie productive et la partie résidentielle. La Houma
est composée de plusieurs «Derbs». Ainsi, chaque Houma est dotée des équipements de proximité
essentiels tels que le «Hammam» (bain maure), le Ferrane (four banal) et le Moussalla (salle de
prière). Enfin, le côté économique de la ville est illustré par l’activité commerciale qui y est pratiquée.
Il y a d’abord les Souks (le terme Souk signifie marché) qui est un lieu indispensable à la vie sociale
et économique des habitants de la médina. Ensuite, il y a la Kissaria qui est une entité commerciale
entourée de murs percés de portes; elle se compose d’un ensemble de galeries couvertes, au dessus
desquelles s’ouvrent des boutiques. La médina est connue aussi pour ses Fondouks et ses Souikas.
4.2. Les apports du tourisme culturel durable à la mise en valeur du patrimoine de la ville de
Tlemcen
Tlemcen a été désignée par l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture
(ISESCO) pour être la capitale de la Culture Islamique en 2011, et ceci est dû au fait que la ville de
Tlemcen abrite environ 70% du patrimoine Arabo-Islamique du pays.
Cet évènement a donné un dynamisme nouveau à la ville en termes de rayonnement culturel. Elle a
bénéficié de la réalisation de plusieurs projets structurants; un grand nombre de monuments et
édifices historiques ont été restaurés à cette occasion. Ainsi, il est important de noter:
• La restauration de la Citadelle et Palais d’El Mechouar,
• La réalisation d’un théâtre de verdure de 2000 places destiné à accueillir tous les types d’activités et de
manifestations culturelles en plein air (concert, ballets, spectacles, festivals, etc.),
• La réalisation d’un Centre d’Etudes Andalouses à Imama (Daira de Mansourah) qui s’étale sur une surface
de 6000 m2, avec une architecture qui s’inspire du style mauresque,
• La réhabilitation et reconversion de l’ex Mairie de la ville en Musée de l’Histoire de Tlemcen
• L’extension du Musée Archéologique (Medersa),
• La réalisation d’un Complexe Culturel à Imama (Daira de Mansourah),
• La restauration du site de Bab El Karmadine,
• La restauration de la Grande Mosquée de Tlemcen,
• La restauration de la Mosquée de Sidi Bellahcène,
L’élection de la ville de Tlemcen comme Capitale de la Culture Islamique a permis à la ville de voir
de nombreux projets se concrétiser. En outre, de nombreux travaux de restauration ont été menés sur
des sites et monuments historiques; aussi, de nombreux hôtels ont été construits augmentant ainsi la
capacité d’accueil de la ville.
4.3. Dispositifs de valorisation et implication des acteurs du territoire
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Développer un tourisme culturel durable à Tlemcen est une chose nouvelle dans cette ville qui n’a
jamais connu ce genre de tourisme. Toutefois, l’évènement de l’année 2011 (Tlemcen, Capitale de la
Culture Islamique) a permis à la ville de Tlemcen de faire revivre son patrimoine et diversifier son
offre touristique pour passer d’un tourisme exclusivement balnéaire à un tourisme culturel naissant
(Hamma, 2011).
Les premiers signes de cette volonté de l’Etat à vouloir promouvoir ce type de tourisme ont été perçus
sur le plan de la sauvegarde et protection de la médina de Tlemcen, ainsi que les différentes
interventions récentes sur l’ancien tissu urbain. Ceci a contribué à l’intégration du patrimoine
historique dans le circuit touristique, dans le cadre de la manifestation de 2011 (Tlemcen, Capitale de
la Culture Islamique). Cette stratégie de mise en valeur du patrimoine historique, architectural et
urbain par la promotion du tourisme culturel doit certainement dépendre de:
• La volonté du gestionnaire. Il s’agit de vouloir développer le tourisme culturel dans la perspective d’une
démarche de durabilité. Le gestionnaire devrait penser à revoir la réglementation et trouver des formules
qui lui permettent de profiter des expériences d’autrui, c'est-à-dire des pays qui ont réussi dans ce domaine,
• Le savoir-faire du conservateur. Bien évidemment, la conservation et la mise en valeur du patrimoine
nécessitent un savoir-faire et l’utilisation de technologies traditionnelles qui nécessitent une main d’œuvre
qualifiée, des entreprises de travaux publics adéquates, et des artisans locaux compétents. Les monuments
restaurés et réhabilités doivent continuer à vivre et à générer de nombreux emplois liés à leur
fonctionnement et à leur entretien,
• L’engagement du citoyen. Il est urgent d’instaurer un dialogue entre le pouvoir public et la société civile.
Ceci est indispensable pour la mise en valeur du patrimoine car sa sauvegarde est l’affaire de tous (Etat,
collectivités locales, associations et citoyens). La sensibilisation de ces acteurs aux valeurs liées à la
conservation du patrimoine a une grande influence sur l’orientation des investissements touristiques et sur
les actions à mener dans le domaine du tourisme culturel durable.
V. Conclusion
L’Algérie a accumulé beaucoup de retard par rapport à ses pays voisins dans la stratégie de la mise en place
du tourisme culturel durable. Néanmoins, ce retard peut être exploité positivement, surtout que le pays dispose
d’un patrimoine culturel exceptionnel, qui se résume par l’immensité du territoire national, sa diversité
thématique, esthétique et technique, caractérisée par les traces de plusieurs civilisations et cultures. De plus,
l’originalité, le raffinement et la significativité de nombreux sites et vestiges sont des facteurs qui jouent un
rôle essentiel dans le développement de ce type de tourisme. Il est bien évident que ce dernier peut générer,
de manière directe ou indirecte, de nombreuses activités connexes ainsi que des emplois divers. Le
développement du tourisme culturel durable en Algérie doit s’inscrire dans le cadre de la nouvelle politique
nationale dont l’objectif principal est de faire de l’Algérie une « Destination Nationale Labellisée ». L’étude
de cas, menée sur la ville de Tlemcen, montre que les décideurs territoriaux sont bien conscients de la nécessité
de protéger les éléments du patrimoine environnemental qui font la valeur de la destination. Ceci doit être
accompli tout en garantissant le bien-être des citoyens en matière de création d’emplois décents et durables, et
d’éradication de la pauvreté. Le tourisme culturel durable a des répercussions positives appréciables sur de
nombreux secteurs, tels que le secteur du transport, de l’artisanat, de l’agriculture, etc. Enfin, pour développer
un tourisme culturel durable, économiquement et socialement rentable, le pays doit profiter des expériences
d’autrui mais aussi apprendre des erreurs commises dans le passé.
Références
1. Abadie Luis (1994). Tlemcen au passé retrouvé, éditions JACQUES GANDINI.
2. Batallou Christian (2010). Tourismes, patrimoines, identités, territoires .Presse universitaire de
perpignan, 600p.
3. Breton Jean-Marie (2009). Patrimoine culturel et tourisme alternatif (Europe, Afrique, Caraïbe,
Amérique) ; éditions KARTHALA.
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