Examen Regional Chapitre 6
Examen Regional Chapitre 6
Examen Regional Chapitre 6
La Boîte à Merveilles.
Nous quittâmes cette atmosphère de faste pour nous trouver dans le quartier
des épices. Nous étions près de la médersa Attarine, cette belle maison où logent
les étudiants, quand je rappelai à ma mère la satinette de Lalla Kenza la Chouafa.
Ma mère me félicita d’avoir une si bonne mémoire. Elle rebroussa chemin. Le
long de la rue elle maudissait toutes les chouafas de la terre, ces femmes
calamiteuses qui ne manquaient aucune occasion de vous empoisonner la vie.
Elle se demandait ce qu’elle avait bien pu faire de l’argent de cette maudite
sorcière de Kenza qui pouvait, si elle le voulait, faire ses commissions elle-même.
Elle se mit à l’angle d’une boutique, entreprit de minutieuses recherches,
s’énerva, s’agita, lança de nouvelles imprécations contre les chouafas et leurs
acolytes, finit par retrouver l’argent au fond d’une poche de son caftan.
Nous ne tardâmes pas à trouver un marchand de satinette. Sans discuter le prix,
ma mère demanda un certain nombre de coudées. Elle le paya et nous partîmes
enfin.
La bonne humeur de ma mère avait disparu. Elle ne cessa pas de me gourmander
sans raison jusqu’à l’arrivée chez nous. Elle remit à Lalla Kenza sa satinette noire,
lui rendit sa monnaie et monta l’escalier, gémissant et soupirant à chaque
marche.
Rahma sortit sur le palier. Elle nous invita dans sa chambre. Elle demanda à ma
mère de lui montrer ses acquisitions.
La chambre de Rahma était de mêmes dimensions que la nôtre. Une cloison de
bois patinée par l’âge, la coupait aux trois quarts. Derrière cette cloison, Rahma
entassait ses provisions d’hiver. Elles consistaient surtout en pains de sel d’un
rose taché de gris et en grappes d’oignons. La pièce meublée pauvrement de
matelas bosselés et d’une natte de jonc (…)