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PROPHYLAXIE
POST-EXPOSITION
POUR PRÉVENIR
L’INFECTION À VIH
Recommandations conjointes
OMS/OIT sur la prophylaxie
post-exposition (PPE)
pour prévenir l’infection à VIH
Catalogage à la source: Bibliothèque de l’OMS
Prophylaxie post-exposition pour prévenir l’infection à VIH : recommandations conjointes OMS / OIT sur la prophylaxie
post-exposition (PPE) pour prévenir l’infection à VIH.
1.Infection à VIH - prévention et contrôle. 2.Exposition professionnelle. 3.Abus sexuel. 4. Agents antirétroviraux -
ressources et distribution. 5. Ligne directrice. I.Organisation mondiale de la Santé. II.Organisation internationale du
Travail.
Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la
part de l’Organisation mondiale de la Santé aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes
ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les lignes en pointillé sur les cartes
représentent des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l’objet d’un accord définitif.
La mention de firmes et de produits commerciaux ne signifie pas que ces firmes et ces produits commerciaux sont
agréés ou recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé, de préférence à d’autres de nature analogue. Sauf
erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu’il s’agit d’un nom déposé.
L’Organisation mondiale de la Santé a pris toutes les précautions raisonnables pour vérifier les informations contenues
dans la présente publication. Toutefois, le matériel publié est diffusé sans aucune garantie, expresse ou implicite. La
responsabilité de l’interprétation et de l’utilisation dudit matériel incombe au lecteur. En aucun cas, l’Organisation
mondiale de la Santé ne saurait être tenue responsable des préjudices subis du fait de son utilisation.
Imprimé en
PROPHYLAXIE
POST-EXPOSITION
POUR PRÉVENIR
L’INFECTION À VIH
Recommandations conjointes
OMS/OIT sur la prophylaxie
post-exposition (PPE)
pour prévenir l’infection à VIH
ii
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements.................................................................................................................................................................................. iv
Abréviations et acronymes............................................................................................................................................................ v
1. Introduction. ............................................................................................................................................................................ 1
1.1 Antécédents............................................................................................................................................................... 1
1.2 Définitions. .................................................................................................................................................................. 1
1.3 Pourquoi utiliser la prophylaxie post-exposition...................................................................................... 2
1.4 Portée et structure des recommandations................................................................................................. 3
Références......................................................................................................................................................................................... 56
Lectures complémentaires. ....................................................................................................................................................... 58
Annexe 1 Formations requises............................................................................................................................................. 62
Annexe 2 Modèles de formulaires pour les prestataires de soins...................................................................... 66
Annexe 3 Modèles de fiches d’information pour le patient.................................................................................... 73
Annexe 4 Les indicateurs d’évaluation des programmes de prophylaxie post-exposition.................... 82
Annexe 5 Listes types pour la prise en charge médicale de la prophylaxie post-exposition............... 85
Annexe 6 Prophylaxie post-exposition : recommandations générales sur les protocoles
prophylactiques...................................................................................................................................................... 88
Annexe 7 Modèles de formulaires et documentation. .............................................................................................. 90
iii
REMERCIEMENTS
L’OMS et l’OIT remercient, pour leur qualité et leur valeur, les contributions qui ont permis l’élaboration
de ces recommandations, et en particulier celles de Michelle Roland (University of California, San
Francisco) et Julian Gold (Directeur de l’Albion Street Centre, Sydney) qui ont écrit les documents
préparatoires pour la Réunion et rédigé les avant-projets du rapport de cette Réunion et de cette
publication. Que soient aussi remerciés ici, les experts qui ont participé à cette Réunion : Jesus
Almeda, David Barnes, Fazielah Bartlett, Sandra Black, Yvete Boulos, Martin Fisher, Márcia Teixeira
Garcia, Liesl Gerntholtz, Julian Gold, Ahmed Gomaa, Lisa Grohskopf, Kevin Harvey, David Hawkins,
Giuseppe Ippolito, Nduku Kilonzo, Julia Kim, Elizabeth Koff, Astrid Konig, Abigail Alice Kurangwa,
Stephen May, Kenneth Mayer, Roland Merchant, Tshifhiwe Msandiwa, Stephen Pinkerton, Prosper
Mukobelwa Lutala, B. B. Rewar, Dominique Rey, Michelle Roland, Rebecca Schleifer, Suniti Solomon,
Maggy Tomkins, Chanthana Vitavasiri, Mark Wairberg et Oleg Yurin.
Pour les agences des Nations Unies : Wilma Doedens (Fonds des Nations Unies pour le développement
[UNFPA]), Julian Fleet (Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA [ONUSIDA]), Helene
Moller (Fonds des Nations unies pour l’enfance [UNICEF]), Ngashi Ngongo (UNICEF), Marian
Schilperoord (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés [UNHCR]), Jason Sigurdson
(ONUSIDA).
Pour l’OIT: Benjamín Olalekan Alli, Karin Burdin et Odile Frank (OIT, VIH/SIDA et le monde du travail)
et Susan Maybud (OIT/Département des Activités Sectorielles).
Pour l’OMS : Alexander Caperone (Département Santé et développement durable), Siobhan Crowley
(Département VIH/SIDA), Micheline Diepart (Département VIH/SIDA), Gerry Eijkemans (Département
Santé et développement durable), Tim Farley (Département Santé familiale et communautaire),
Kathleen Fritsch (Bureau régional de l’OMS pour le Pacifique Occidental), Pascale Gilbert-Miguet
(Département Service médical et de santé), Charles Gilks (Département VIH/SIDA), Ian Grubb
(Département VIH/SIDA), Oliynyk Igor (Bureau régional de l’OMS pour l’Europe), Marina Korniliva
(Bureau régional de l’OMS pour l’Europe), Claudia Garcia-Moreno (Département santé familiale et
communautaire), Margaret Phiri (Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique), Una Reid (Département
Technologies essentielles de la Santé), Andreas Reis (Département Santé et développement durable),
Tin Tin Sint (Département VIH/SIDA) et Marco Vitoria (Département VIH/SIDA).
Le personnel compétent de l’OMS ainsi que d’autres experts ont largement revu cette publication.
L’OMS tient à exprimer sa gratitude envers les contributions faites par ceux des experts qui ont revu
ces recommandations: Gerry Eijkmans, Julian Gold, Chen Reis, Michelle Roland, Marian Schilperoord,
Maggy Tomkins et Susan Wilburn.
ARV Antirétroviral
v
PROPH Y L A XIE POST-E XPOSITION POUR PRÉ VENIR L’INFECTION À VIH
vi Recommandations conjointes OMS/OIT sur la prophylaxie post-exposition (PPE) pour prévenir l’infection à VIH
1. INTRODUCTION
1.1 Antécédents
Depuis le début des années 1990, dans de nombreux pays, les médicaments antirétroviraux ont été
prescrits pour la prophylaxie post-exposition (PPE) lors d’une exposition professionnelle au virus de
l’immunodéficience humaine (VIH). Depuis, cette pratique a été élargie aux situations non
professionnelles, essentiellement en cas d’agression sexuelle.
Cependant, les décideurs politiques et les prestataires de soins de santé ont soulevé de plus en plus
d’interrogations concernant certains aspects de l’utilisation de la PPE pour la prévention de la
transmission du VIH et en particulier, sur les indications de la PPE, sur le choix des antirétroviraux à
utiliser ainsi que diverses questions liées à la prescription de ces protocoles et à la prise en charge
médicale. La prise de conscience de ces incertitudes, liée à la disponibilité croissante des traitements
antirétroviraux dans de nombreux pays aux ressources limitées a mis en évidence le besoin d’établir
et clarifier des recommandations pratiques sur la PPE.
En septembre 2005 s’est tenu à Genève une consultation d’experts organisée conjointement par l’OMS
et l’OIT, pour l’élaboration d’une politique et de recommandations sur la PPE professionnelle et non
professionnelle. Les objectifs de cette rencontre étaient les suivants : (1) passer en revue les données
scientifiques et l’expérience programmatique se rapportant à la fourniture de la PPE en situation
professionnelle et non professionnelle, et (2) recommander une approche consensuelle permettant de
formuler une politique et des recommandations pratiques pour la PPE. Bien que la Consultation ait ciblé
les besoins des travailleurs et des victimes d’agression sexuelle, il y a été également question des
expositions non professionnelles pour lesquelles la PPE pourrait être indiquée, en particulier les
expositions lors de la consommation occasionnelle de drogue injectable (y compris en cas d’une seule
et unique injection) et celles dues à des relations sexuelles consenties. Les recommandations formulées
lors de cette Consultation se sont basées sur les connaissances actuelles de l’efficacité de la PPE et les
données disponibles établies d’après la comparaison de différentes stratégies de PPE. Elles reflètent
l’opinion collective d’experts travaillant dans ce domaine et sont à la base des présentes recommandations
pour une politique et une offre de services en matière de PPE.
1.2 Définitions
D’une manière générale, on entend par prophylaxie post-exposition la réponse médicale apportée
pour prévenir la transmission de pathogènes transmissibles par le sang après une exposition
potentielle i. Dans le contexte du VIH, la PPE fait référence à l’éventail de services offerts à une
personne exposée afin de gérer les aspects spécifiques de son exposition au VIH et pour l’aider à
prévenir l’infection à VIH. Ces services peuvent comprendre les premiers soins, un conseil incluant
une évaluation du risque lié à l’exposition à l’infection, le test VIH ; en fonction du résultat de l’évaluation
de l’exposition, des antirétroviraux pourront être prescrits pour un traitement prophylactique de
28 jours, avec un soutien et suivi appropriés.
Dans le cadre de ces recommandations pour la PPE, une exposition professionnelle s’entend comme
l’exposition subie en cours de travail. Toutefois, l’expression prophylaxie post-exposition professionnelle
ne doit pas être entendue comme étant relative aux seuls travailleurs médicaux : elle s’applique aux
autres travailleurs, tels que les équipes de secours d’urgence, les éboueurs, les personnes chargées
i La PPE peut être administrée pour prévenir une infection en cas d’exposition à des virus autres que le VIH (comme
l’hépatite B avec injection d’immunoglobulines ou de vaccin). Dans ce document, la PPE s’applique par défaut à la
prévention de l’infection à VIH.
1
de faire appliquer la loi, les pompiers, ceux qui peuvent, dans le cadre de leurs activités, être exposés
au sang, tissus ou à des liquides organiques potentiellement infectés.
En dehors de leur lieu de travail, les personnes peuvent être confrontées à une exposition non
professionnelle au VIH. Dans le cadre de ces recommandations, cette expression est essentiellement
utilisée pour faire référence à l’exposition potentielle lors d’une agression sexuelle. Les autres formes
d’exposition non professionnelle incluent celles provoquées par l’utilisation commune de seringues
entre consommateurs de drogues injectables et les relations sexuelles consenties.
La personne exposée est la personne qui a été potentiellement à risque d’être infectée par le VIH via
une exposition au sang ou à des liquides organiques, dans le cadre de son travail ou ailleurs.
La personne source est la personne (identifiée ou non) qui peut être à l’origine de la contamination via
du sang ou des liquides organiques potentiellement infectés. Si elle est identifiée et que son statut
sérologique n’est pas connu, il peut être demandé à la personne source de donner son consentement
éclairé pour effectuer un test VIH. La personne source peut être un patient quand un agent de santé
est exposé, ou encore l’auteur d’une agression sexuelle.
En 2007, on estimait qu’il y avait dans le monde environ 33,2 millions d’individus infectés par le VIH.
La PPE, qui inclut par définition la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, est actuellement
le seul moyen de réduire le risque de contracter l’infection lorsqu’une une personne a été exposée au
VIH. Par conséquent, elle est largement considérée comme faisant partie de la stratégie globale
visant à la prévention de la transmission du VIH.
Il existe de puissants arguments éthiques en faveur de la PPE pour l’infection à VIH. Chaque jour, au
cours de leurs activités professionnelles, des milliers de personnes de par le monde sont confrontées
accidentellement à des expositions à du sang et à d’autres liquides ou tissus organiques. Les agents de
santé constituent un groupe particulièrement vulnérable1. De plus, dans de nombreux endroits du
monde, le nombre d’accidents pouvant potentiellement exposer sur leur lieu de travail les travailleurs à
du sang ou d’autres liquides organiques infectés par le VIH est en augmentation. Plusieurs facteurs
contribuent à accroître ce risque d’exposition professionnelle au VIH. En premier lieu, un nombre plus
grand de personnes vivent avec l’infection à VIH. Dans le même temps, les antirétroviraux deviennent de
plus en plus disponibles pour le traitement du SIDA, y compris dans de nombreux pays aux ressources
limitées, ce qui draine un nombre croissant de personnes vivant avec le VIH vers les services médicaux.
En second lieu, puisque le traitement antirétroviral améliore l’état des patients et les fait vivre plus
longtemps, cela augmente leur chance de survie et le nombre de personnes vivant avec le VIH qui
entrent en contact avec les services de santé augmente, qu’il s’agisse de prestataires ou de patients.
Étant donné le risque de transmission du VIH associé aux des agressions sexuelles, il existe également
des raisons éthiques pour plaider en faveur de la de PPE en cas d’agression sexuelle.
Bien que les données relatives à l’efficacité de la PPE soient assez limitées, des données fiables
suggèrent qu’un traitement antirétroviral de brève durée est efficace pour réduire le taux de transmission
du VIH après exposition par piqûre d’aiguilles. Ces données viennent en grande partie d’une seule
étude cas-témoin impliquant des agents de santé en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis, et
qui a mis en évidence une forte corrélation négative entre la probabilité d’infection par le VIH suite à
une blessure par piqûre d’aiguille et l’utilisation de zidovudine après l’exposition 2.
Il est peu probable que soient menées un jour des études prospectives randomisées évaluant
l’efficacité de la PPE pour la prévention du VIH, en raison du fait que l’évidence de l’efficacité de PPE
comme décrit précédemment, ne permettrait pas, pour des raisons éthiques, de ne pas fournir de
PPE en cas d’exposition. De plus, évaluer l’efficacité d’une intervention ayant pour but de réduire le
risque lié à un incident d’exposition ne se produisant qu’une seule fois et associé à un faible risque de
transmission nécessiterait un échantillonnage extrêmement large.
Il ne sera probablement jamais possible de considérer la PPE comme efficace à 100 %. Il est donc
primordial que, dans toutes les situations où le VIH peut être transmis, les politiques de PPE insistent
sur le rôle crucial de la prévention primaire et du conseil en matière de prévention des risques. La PPE
ne peut en aucun cas être fournie seule : elle doit toujours entrer dans une stratégie plus large de
prévention de l’exposition au VIH. La PPE est aussi associée aux mesures de prévention d’autres
maladies véhiculées par le sang, telles que l’hépatite B et l’hépatite C.
Bien que ce document ait pour but de fournir un cadre unique et guider à la fois l’élaboration d’une
politique de PPE et la mise en œuvre de services en cas d’expositions professionnelle et non
professionnelle, il est admis qu’une telle offre de service doit s’organiser en fonction du contexte – tant
national que local-. Les utilisateurs de ces recommandations sont dès lors encouragés à les adapter
afin qu’elles conviennent à leur propre situation.
Ces recommandations se concentrent sur les expositions professionnelles et les cas d’agression
sexuelle. D’autres types d’expositions non professionnelles pour lesquelles la PPE peut être appropriée
– et parfois déjà proposée dans certains pays – incluent la consommation de drogues injectables et
les relations sexuelles consenties. Ce document ne présente aucune recommandation spécifiques
pour ces types d’exposition. Des chapitres seront développés ultérieurement sur ces sujets et
fourniront des recommandations spécifiques pour ces différents types d’expositions et pour des
groupes de population déterminés (les enfants notamment).
Le chapitre 2 traite de l’élaboration générale des politiques de PPE et des stratégies pour mettre en
œuvre les programmes.
Les chapitres 4 et 5 traitent de l’élaboration de politiques spécifiques ainsi que de la prise en charge
médicale de l’exposition professionnelle (chapitre 4) et en cas d’agression sexuelle (chapitre 5). Ces
deux chapitres doivent être utilisés conjointement avec le chapitre 3.
3
En plus d’une liste de lectures complémentaires, qui inclut un certain nombre de recommandations
publiées se rapportant au test VIH et au conseil, d’autres ressources référencées en annexes pourront
venir en aide à certains utilisateurs. Il s’agit notamment de modèles de listes types, de textes à usage
des prestataires, de fiches d’information pour le patient et de documentation, qui pourront être
adaptés afin de convenir aux besoins spécifiques de l’utilisateur.
Il est vivement conseillé aux autorités nationales d’intégrer la PPE à leur politique nationale de lutte
contre le VIH. Cette recommandation s’adresse en premier lieu aux pays dont la prévalence du VIH est
élevée ou à ceux dont les épidémies sont concentrées avec des sous-groupes de population affectés
par une forte prévalence du VIH (voir aussi sous-chapitre 2.3.1).
S’il peut être nécessaire en raison de la limitation des ressources, d’accorder la priorité à des
interventions de prévention primaire, de solides arguments éthiques soutiennent l’intégration de la
PPE dans les programmes nationaux de VIH et de SIDA. La mise en œuvre de services de PPE a
plusieurs avantages. Il a été montré que la PPE est efficace en situation professionnelle, non seulement
parce qu’elle permet de sauver des vies, mais parce qu’elle évite de coûteux traitements à vie.
Moyennant quelques modifications, ces conclusions peuvent être élargies aux situations non
professionnelles, notamment pour les victimes d’agression sexuelle. De plus, une offre de PPE
professionnelle peut aider à assurer la protection, le bien-être et le maintien à leur poste des agents
de santé. Il est probable que cet argument soit plus valable encore dans les pays à prévalence élevée,
là où le nombre d’agents de santé est déjà limité : la disponibilité de services de PPE peut être ici un
élément critique pour la protection et la rétention du personnel professionnel.
Un engagement national multisectoriel est nécessaire pour l’élaboration d’une politique capable
d’offrir une PPE après exposition professionnelle et/ou non professionnelle au VIH. De même, seul un
engagement de cette nature pourra apporter les ressources nécessaires pour permettre que les
services soient mis en œuvre et évalués.
La PPE peut préserver la vie et la santé. Proposer une PPE participe activement au respect des obligations
de protection dérivées des lois nationales et internationales relatives aux droits de l’homme.
Dans le cadre de la PPE, les obligations relatives aux droits de l’homme sont de garantir le droit
à des niveaux de santé les plus élevés possibles, protéger de la violence et de ses conséquences,
garantir la confidentialité et l’intégrité physique. L’élaboration d’une politique de PPE a pour but
de maintenir un équilibre entre deux niveaux de protection : protection de la santé de la population
et protection des droits de la personne.
Toute politique d’éligibilité à la PPE doit toujours se fonder sur le principe d’équité. Les décisions
relatives au fait d’offrir ou non une PPE ne doivent être basées que sur des considérations cliniques
portant sur le risque ; en aucun cas elles ne doivent être liées à la décision d’une personne de remplir
un rapport de police ou de mener une action en justice. L’évaluation des personnes pour savoir si elles
5
nécessitent ou non de prendre une PPE doit être faite sans tenir compte de leur implication dans une
quelconque activité jugée illégale par une législation nationale ; ainsi en va-t-il des consommateurs de
drogues injectables, des professionnels du sexe ou des hommes ayant des rapports sexuels avec
d’autres hommes. Il ne doit pas davantage exister de barrière de nature financière ou administrative.
Les personnes qui ne possèdent pas la citoyenneté du pays dans lequel elles résident ou séjournent
(par exemple les réfugiés, les demandeurs d’asile et les apatrides) doivent bénéficier d’un accès
équivalent aux soins de santé, y compris à la PPE.
2.2.2 Confidentialité
Les informations personnelles relatives à la PPE, telles que les raisons mêmes qui ont poussé la personne
à la demander, à l’obtenir et à faire le test VIH, doivent rester confidentielles. Les notions de vie privée et de
confidentialité sont les mêmes pour la PPE que pour le test VIH en général (voir la section sur les
recommandations en matière de conseil et de test VIH dans le chapitre « Lectures complémentaires »).
Les droits des enfants doivent également être garantis. La confidentialité des résultats du test VIH doit
être en accord avec l’obligation de garantir le droit des enfants à la vie privée 5.
En cas de situation particulière, quand la personne n’a peu ou pas de moyen pour formuler un
consentement éclairé (par exemple les enfants, et les adultes inconscients ou ayant des problèmes
mentaux), un parent ou une personne qui a autorité peut fournir ce consentement. Selon les législations
nationales ou régionales, on peut passer outre un refus ou non consentement jugés non raisonnables
afin de servir au mieux l’intérêt de la personne.
Plusieurs facteurs clés doivent être pris en compte pour élaborer une politique de PPE, en particulier
quand il s’agit de préciser les cas pour lesquels la prophylaxie sera fournie. Ces facteurs incluent la
prévalence de l’infection à VIH, la disponibilité des programmes nationaux en traitements antirétroviraux
et le risque de transmission du VIH après une exposition potentielle au VIH.
Se basant sur ces considérations, il est recommandé que les décisions pour mettre en place la PPE
se basent principalement sur l’évaluation du risque de transmission du VIH. Si il faut convenir d’un
ordre de priorités, pour des raisons budgétaires par exemple, les politiques relatives à la PPE devront
identifier des groupes cibles spécifiques.
Dans le cadre des programmes nationaux, il est généralement recommandé que la PPE soit disponible
autant que possible pour les personnes exposées professionnellement et pour les victimes d’agression
sexuelle. Les critères d’éligibilité à la PPE doivent être basés uniquement sur le risque de transmission
du VIH, sans aucune discrimination. Il faut fournir des informations claires et accessibles sur les types
d’exposition non éligibles et sur les raisons de leur inéligibilité.
Là où la prévalence du VIH est très faible et où les agents de santé et occasionnellement d’autres
catégories de travailleurs ont une probabilité élevée d’être exposés à du sang et à des liquides
organiques infectés par le VIH, il est nécessaire de rationaliser les critères de priorité pour fournir une
PPE en fonction des circonstances d’exposition ; ces catégories de travailleurs comprennent
notamment, mais non exclusivement, les personnes chargées de faire appliquer la loi, les urgentistes
et les secouristes, les pompiers, les gardiens de prison, le personnel des services sociaux travaillant
avec les consommateurs de drogues injectables, les éboueurs et services d’enlèvement des déchets
et les travailleurs du sexe (voir chapitres 4.3.3 et 5.3.2).
Là où des systèmes d’offre de PPE exposition professionnelle existent déjà – ou sont en train d’être
mis en place –, ceux-ci peuvent aider à élaborer des systèmes similaires pour les victimes d’agression
sexuelle. Dans les zones à forte prévalence du VIH, les services de PPE professionnelles et non
professionnelles doivent être élaborés simultanément.
Là où le traitement antirétroviral n’est pas encore disponible, la disponibilité de la PPE peut aider à
prévenir de nouvelles infections et encouragera les agents de santé et les autres travailleurs à
s’occuper des personnes vivant avec le VIH. Fournir la PPE peut aussi constituer une opportunité pour
renforcer les systèmes de santé en prévision de la mise en place ultérieure du traitement antirétroviral
et/ou des programmes de prévention de la transmission mère-enfant (PTME), notamment par la mise
en œuvre par exemple de systèmes d’information sur la prévention et le test VIH (aussi bien sur la
base du conseil et du test volontaire que sur celle du test et du conseil à l’initiative du prestataire),
pour acquérir des médicaments antirétroviraux et former les agents de santé à leur prescription.
7
2.3.3 Critères d’éligibilité
Type et risque d’exposition
La PPE ne doit être proposée qu’en cas d’exposition susceptible de transmettre le VIH. La PPE
doit être proposée après l’exposition de la peau présentant des lésions (lors de lésion percutanée par
objet perforant ou tranchant ou en cas d’abrasion cutanée) ou des muqueuses (en cas de contact
sexuel ou de projections dans les yeux, le nez ou la cavité buccale) à un liquide organique
potentiellement infecté provenant d’une personne source séropositive au VIH ou dont le statut VIH
n’est pas connu. Les liquides organiques qui peuvent transmettre le VIH sont le sang, les secrétions
génitales, les liquides cérébrospinal, séminal, amniotique, péritonéal et pleural.
Exposition chronique
La PPE n’est pas adaptée en cas d’exposition chronique au VIH. Une exposition à haut risque, qu’elle
soit unique ou épisodique (tels que le viol par un inconnu ou une blessure par piqûre d’aiguille), peut
toutefois survenir dans un contexte d’exposition potentielle chronique (par exemple des relations
sexuelles non protégées, suivies et régulières avec un partenaire séropositif). Dans de tels cas,
l’exposition épisodique à haut risque doit être traitée comme telle ; toutefois, on proposera la PPE que
si la personne exposée est séronégative au VIH. On soulignera néanmoins, dans le cadre du conseil,
l’importance de réduire tout autre risque chronique encouru.
Il peut s’avérer difficile de distinguer les expositions chroniques des expositions occasionnelles. Faire
face plus d’une fois à une exposition potentielle n’est pas en soi une preuve d’exposition chronique. Par
exemple, les personnes s’occupant des déchets d’origine médicale et se blessant à plusieurs reprises
avec des objets perforants ou tranchants sont exposées de façon occasionnelle et non pas chronique.
Les travailleurs du sexe, qui utilisent habituellement un préservatif, seront éligibles pour la PPE suite à
une agression sexuelle. L’abus sexuel sur enfant, même s’il est répété à de nombreuses reprises, est de
nature occasionnelle (se produisant occasionnellement) plutôt que chronique (se produisant
régulièrement), assurant ainsi l’éligibilité pour la PPE. Toute distinction relative à l’éligibilité en termes de
type d’exposition doit toujours se baser sur la pertinence d’une PPE pour prévenir l’infection à VIH suite
à une seule exposition. Elle ne doit jamais être un jugement porté sur le comportement de la personne.
L’évaluation du type d’exposition d’un patient doit se fonder sur les déclarations de celui-ci.
Dès lors qu’elle est identifiée, une exposition au VIH répétée ou chronique doit conduire à mieux en
souligner les moyens de prévention. Par exemple, lorsque l’on identifie des expositions professionnelles
répétées, il faut faire en sorte d’ évaluer les conditions de travail et, par là, amener à une amélioration
des règles de sécurité sur le lieu de travail. La découverte d’un abus sexuel perpétré sur un enfant est
l’occasion de démasquer son auteur et de diminuer ainsi la survenue de l’exposition. Dans le cas
d’une agression sexuelle commise par un partenaire intime sur une personne avec laquelle il a
habituellement des relations sexuelles consenties et non protégées, il faut évaluer la probabilité que
Dans les cas où la PPE n’est pas indiquée du fait du caractère chronique de l’exposition, d’autres services
pertinents pour la prévention et la prise en charge doivent être fournis. Les interventions efficaces seront
alors par exemple, l’orientation vers des organisations chargées des violences conjugales, la fourniture de
test et de préservatifs, l’accès à des programmes d’échanges d’aiguilles et de seringues.
a Le test VIH détecte les anticorps produits par une personne qui a été infectée par le virus du VIH. Ce test ne
donnera un résultat positif que si le niveau d’anticorps présents dans le sang de la personne infectée est
suffisant. La période entre le moment de l’infection et la production suffisante d’anticorps est appelée fenêtre
sérologique. Trois mois après la transmission, quasiment toutes les personnes vivant avec le VIH (99 %) ont une
quantité d’anticorps suffisante pour permettre leur détection.
Ces critères d’éligibilité constituent les fondements des modèles de conduite à tenir pour la prise en
charge médicale présentés dans les chapitres suivants de ce document.
9
2.4 Intégrer la prophylaxie post-exposition dans les politiques et les
services de VIH
Une offre de prévention équilibrée positionne la PPE comme faisant partie d’une stratégie nationale de
lutte contre le VIH/SIDA et venant renforcer les mesures de prévention primaire. La PPE doit toujours être
considérée comme une mesure de prévention secondaire, fournie en dernier recours pour prévenir
l’infection à VIH après l’échec des stratégies de prévention primaire. De tels services doivent également
être l’occasion de renforcer les comportements de prévention primaire. La mise en place de la PPE ne
doit pas se faire au prix de la réduction du financement des actions de prévention primaire.
Les politiques nationales doivent comporter des recommandations claires pour la mise en place et
fourniture des services de PPE. Dans des documents officiels, elles doivent décrire le réseau
opérationnel à l’intérieur du système de santé et désigner clairement les personnes qui fourniront la
PPE, les compétences et les formations principales requises, (voir annexe 1), les sites où elle sera
disponible et les centres vers lesquels référer les patients. Un code de bonnes pratiques, des
procédures standard et un algorithme écrit d’évaluation du risque doivent aussi être détaillés.
Il peut être nécessaire de s’assurer que certains éléments clés des différents services sont en place
avant de mettre en place cette politique (voir sous-chapitre 2.5.2).
Idéalement, la formation à la PPE doit être introduite dans les programmes d’enseignement de tous
les agents de santé, à la fois dans les cours de base et les formations continues (voir annexe 1)
La formation des prestataires de services (y compris des personnes fournissant des soins à domicile et
de celles assurant le traitement antirétroviral) est fondamentale pour améliorer la prise de conscience et
pour améliorer leurs compétences. Il est particulièrement important que les prestataires de services aient
en permanence une attitude de compréhension et dénuée de jugement quand ils soignent les personnes
qui ont été victimes d’agression sexuelle. Une formation spécifique peut être aussi nécessaire pour leur
apprendre à gérer les agressions sexuelles commises par un homme sur une victime masculine.
2.4.5 Financement
Les services de PPE, y compris la fourniture de médicaments, doivent être gratuits pour l’usager. Dès le
départ, il faut identifier des ressources adéquates pour financer l’offre complète de services de PPE ; les
budgets doivent être suffisants pour couvrir aussi bien le coût des médicaments et des salaires du
personnel que ceux associés au test, au conseil, à l’élaboration et à la fourniture de matériel pédagogique,
à la formation du personnel et à la notification de cas. La diffusion d’informations pour créer une prise de
conscience parmi les prestataires de services les plus exposés, les agents de santé et la communauté
nécessiteront aussi d’être financés, ainsi que les systèmes d’assurance qualité et de contrôle de qualité.
Les décisions budgétaires sont liées d’ordinaire à la disponibilité du traitement antirétroviral pour les
personnes vivant avec le VIH (voir le sous-chapitre 2.3.2). Certains coûts de formation peuvent être
inclus dans les budgets des programmes existants pour le traitement antirétroviral et la prévention du
VIH. Ces derniers peuvent contribuer à mobiliser des ressources pour financer la PPE, qui fait partie
intégrante de ces services.
La mise en place des services de PPE doit être sous la responsabilité d’une seule personne ou d’une
équipe limitée. Au niveau local, certaines catégories d’agents de santé (par exemple le personnel
formé au contrôle des infections) sont particulièrement à même d’ assumer la responsabilité de la
mise en place de la politique de PPE.
11
• l’évaluation du risque ;
• les services de conseil pour :
donner le consentement pour la PPE
un conseil avant et après le test VIH (tant pour la personne exposée que pour la personne source)
l’observance aux médicaments et la prise en charge des effets secondaires
prévenir le risque de transmission ;
• le test VIH, comprenant :
le test initial de la personne exposée;
le test de la personne source, si possible;
• la fourniture des médicaments pour la PPE, comprenant :
la dose initiale (qui doit être donnée dès que possible après l’exposition et de préférence au
cours des 72 heures suivant celle-ci)
le traitement prophylactique complet (28 jours de traitement) ;
• le soutien et le suivi; et
• l’enregistrement des données et la documentation circonstanciée du cas.
Les services de soutien, souhaitables mais non essentiels à la fourniture de PPE, incluent :
Certains éléments de ces services peuvent être proposés à différents points ou niveaux du système
de santé (niveau primaire, secondaire, tertiaire). Toute information écrite, qu’elle soit à destination des
prestataires de soins ou des patients, doit être rédigée dans un langage simple et compréhensible
par tous. Les annexes 2 et 3 présentent respectivement des modèles de textes à usage des prestataires
de services et de fiches d’informations pour les patients. Les besoins propres à certains sous-groupes
de population, en particulier les enfants et les femmes enceintes ou allaitant, doivent être pris en
compte et satisfaits (voir sous-chapitre 3.3.6).
Les conditions préalables à ces services – c’est à dire les fonctions et les ressources qui doivent
idéalement être en place avant que les services de PPE ne soient proposés – sont les suivantes :
Il est parfois nécessaire de différer le test VIH, même de quelques jours, quand on ne dispose pas
immédiatement d’une personne pouvant offrir le test et le conseil au moment de l’exposition. Les
services de PPE doivent employer un personnel disposant de l’expertise appropriée pour fournir un
conseil avant et après le test, ou être capable d’orienter les patients vers ces services proches.
Lorsque cela est possible, les services de PPE doivent être étroitement liés aux services de test VIH
et de conseil. Le développement des services de PPE ne doit pas seulement permettre d’améliorer les
services déjà existants de test et conseil du VIH, mais permettre un plus large accès à ce test. Ceci
est crucial pour renforcer la prévention et augmenter l’accès des personnes vivant avec le VIH aux
services de traitement et de prise en charge.
Les personnes doivent être averties formellement qu’elles disposent du droit de différer ou de refuser
le test VIH. Elles doivent également être clairement informées du risque de développer des résistances
au traitement antirétroviral, si elles s’avèrent être séropositives au VIH avant de prendre PEP. Ces
résistances pourraient limiter ultérieurement les possibilités de traitement
Les personnes exposées qui ne reçoivent qu’une partie des médicaments de la PPE lors de leur
première visite devront revenir et lors de cette visite de suivi, elles seront peut être plus motivées ou
comprendront mieux les raisons pour faire un test VIH ou pour venir chercher les résultats.
S’il est probable que la personne exposée est séropositive au VIH – soit en raison d’un comportement
à haut risque ou d’une forte prévalence au niveau local – il est important de déterminer au plus vite
son statut VIH afin de pouvoir interrompre la PPE si besoin est. Si le test VIH doit être réalisé à la
première visite, un test rapide devra être réalisé et le résultat rendu après une ou deux heures.
Le niveau de développement d’un enfant et le cadre légal détermineront s’il est nécessaire que l’enfant
donne personnellement son consentement ou si ce dernier dépend plutôt d’un parent ou d’un tuteur.
13
Néanmoins, les prestataires de services doivent toujours s’assurer que le risque et les bénéfices du
test sont suffisamment expliqués à l’enfant et/ou au parent ou son tuteur, afin d’obtenir une décision
éclairée.
Dans les situations d’urgence et les camps de réfugiés, le conseil et le test VIH ne sont pas toujours
aisément disponibles alors que le risque potentiel de transmission du VIH peut être élevé. Dans ce
contexte, la fourniture de PPE ne doit alors jamais dépendre des possibilités de test et conseil du VIH.
La mise en œuvre de ces services doit cependant être une priorité élevée ; idéalement, tous les
prestataires de PPE doivent avoir des connaissances appropriées en matière de conseil. Un test
rapide du VIH doit être utilisé là où les personnes ont des difficultés pour revenir à des consultations
supplémentaires ; l’ensemble des médicaments nécessaires à une PPE complète doit alors être fourni
dès la première visite.
En résumé, le test VIH peut être effectué lors de la première visite ou bien lors de la visite suivante si
le kit de démarrage a été donné et que le patient doit revenir pour recevoir le reste du traitement
prophylactique (ou encore lors de la première visite du patient dans le dispensaire vers lequel il aura
été orienté) ; les services de conseil doivent être fournis avec le test.
L’un des plus grands défis des systèmes d’offre de PPE est certainement la mise en place des services
de base et de suivi de PPE à proximité des personnes qui en ont besoin. Plus ces services seront
proches, plus les patients auront des chances de s’y rendre pour les soins et le suivi. Dans la plupart
des pays, on ne peut cependant pas envisager de fournir l’éventail complet de services de PPE à tous
les niveaux du système de santé.
En zones urbaines, des programmes de services centralisés peuvent être appropriés. Mais dans les
zones plus rurales, là où la densité de la population est plus faible, les services devront être davantage
décentralisés. Même là où des programmes complets sont disponibles de façon centralisée, il peut
être nécessaire de donner de manière opportune une première dose de PPE dans un lieu accessible,
avec référé ultérieur vers un centre de santé ou un dispensaire local pour le suivi. Si la fourniture des
services de suivi à domicile est une option possible, elle requiert du temps et des ressources.
Les problèmes d’accès aux services seront probablement plus importants en zone rurale. La PPE
sera démarrée (avec administration de la première dose de médicaments ‘antirétroviraux) plus
probablement au niveau du district, les patients étant par la suite d’abord orientés vers un établissement
de niveau tertiaire pour le reste de la prise en charge, ou même au niveau communautaire pour le
suivi. D’autres modèles sont aussi valables : certains pays sont parvenus à fournir dans des zones
rurales une offre de très haut niveau par le biais de centres intégrés. Que ce soit en zone rurale ou en
zone urbaine, la mise en place d’un système de référé des patients vers des services centralisés
dépendra souvent de l’existence d’un système de transport opérationnel.
Pour chaque niveau de la prise en charge, il faut définir un niveau minimal d’expertise clinique, y
compris pour les personnes fournissant la prise en charge lors du suivi. Les prestataires doivent avoir
conscience de l’étendue de leurs responsabilités ; ils doivent savoir comment et quand orienter les
personnes vers d’autres services. L’accès au conseil au niveau du centre de santé local doit être
étudié : les personnes doivent pouvoir consulter leur prestataire de soins par Internet ou par téléphone
quand ces services existent.
2.5.5 Approvisionnement
Un système efficace d’approvisionnement et de gestion des stocks doit être mis en place pour que
l’on puisse disposer au mieux de la PPE. Ces systèmes doivent prendre en compte plusieurs aspects
relatifs à l’offre de service, notamment la gestion financière, de l’information, le suivi, l’évaluation, et la
coordination du programme dans son ensemble. Des conduites à tenir pratiques portant sur
l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux sont disponibles dans: « Une approche de santé
publique pour améliorer l’accès au traitement antirétroviral (ARV) – Guide pratique à l’usage des
administrateurs de programmes10».
2.5.6 Formation
Afin que chaque personne potentiellement exposée puisse accéder rapidement et en toute confidentialité
à la PPE, il faut s’assurer que le personnel soit formé dans tous les centres de références: ceci concerne
les prestataires de services qui seront les premiers référents, comme les enseignants, les conseillers
et les policiers. Les programmes de formation doivent faire prendre conscience à ces groupes que la
PPE est disponible et des raisons qui la motivent, afin que toute personne exposée se rende sans
attendre et avant 72 heures dans un dispensaire (ou tout autre endroit) pouvant fournir une PPE. Cette
formation sera probablement particulièrement importante pour les travailleurs exposés dans le cadre
de leur travail (hors secteur de la santé) et les personnes victimes d’agression sexuelle.
S’il est nécessaire que tous les agents de santé de première ligne (comme le personnel des services
d’urgence, les réceptionnistes et le personnel administratif de l’hôpital) reçoivent une éducation de
base ; une formation plus intensive doit être dispensée aux prestataires de services agissant directement
auprès des personnes potentiellement exposées. L’objectif de cette instruction est d’apporter aux
agents de santé et aux autres personnels impliqués dans la fourniture de la PPE, l’ information adéquate
pour leur permettre d’assurer leur propre protection contre l’infection à VIH, de renforcer la prévention
primaire et leur donner comme prestataires de services l’expertise nécessaire pour prendre en main
les premières étapes de la prise en charge de la PPE; ceci pour le bénéfice des patients que pour leur
propre bénéfice. Des enquêtes ont révélé les faibles connaissances des agents de santé en matière de
transmission du VIH et de possibilités de traitement ; celles-ci ne doivent pas être surestimées. Dès
lors, les programmes de formation doivent être adaptés aux besoins locaux, tout en assurant que du
personnel bien formé soit disponible pour évaluer l’exposition au risque, prescrire et gérer la PPE.
La formation à la PPE peut être intégrée aux formations au test et conseil VIH, au traitement antirétroviral,
à la médecine du travail et/ou à la prise en charge médicale des personnes victimes d’agression
sexuelle; elle peut aussi être intégrée aux programmes de formation continue médicale des agents de
santé. Une instruction de base peut être conduite sur le lieu de travail ou faire partie des plans de
formation professionnelle. Lors des formations, il faut s’assurer de la cohérence des messages
transmis concernant la PPE professionnelle et la PPE non professionnelle.
15
L’expérience de plusieurs pays a prouvé la grande efficacité des programmes professionnels qui incluent
un élément de tutorat direct (avec observation des pratiques) en complément d’une formation théorique.
Une approche tutoriale peut être construite autour de centres d’excellence, avec une formation pratique
prenant place sur le nouveau site et/ou au centre d’excellence. Un système de tutorat suivi (où des
médecins ou des infirmiers/infirmières expérimentés parrainent de « nouveaux/nouvelles » prestataires,
infirmiers/infirmières) peut être également très profitable. Le suivi peut inclure une formation régulière
avec des modules périodiques (par ex. 30 minutes par semaine), notamment pour les infirmiers/
infirmières travaillant dans les services d’urgences ou se rendant sur le lieu même des accidents.
L’annexe 1 apporte des recommandations plus spécifiques quant au contenu des programmes de
formation à destination des groupes spécifiques de prestataires de soins. Le recueil de directives
pratiques de l’OIT sur le VIH/SIDA et le monde du travail 4 fournit plus d’informations sur tous les
aspects de la formation.
On se préoccupera des mécanismes de suivi et d’évaluation dès les premières étapes du processus
d’élaboration de la politique et des programmes. Ils devront être mis en place avant la mise en œuvre
de ceux ci. Des ressources adéquates devront être allouées pour réaliser les activités qui y sont liées.
Le recueil et l’analyse de données doivent être organisés à la fois au niveau local et au sein des
services de gestion des données au niveau national. Un registre national des cas d’exposition, de
prescription de PPE et d’infection à VIH permettra aux chercheurs et aux professionnels de santé
d’avoir une idée précise de la situation qui prévaut et d’évaluer l’effet des politiques nouvelles ou
mises à jour. Une vue d’ensemble des résultats de la surveillance doit être mise à disposition des
employeurs, des travailleurs et de leurs représentants, ainsi que des personnes ayant subit une
agression sexuelle et de leurs défenseurs.
2.6.2 Indicateurs
Les indicateurs peuvent se révéler des outils très utiles pour mesurer le degré de couverture des
objectifs par les politiques mises en place et montrer les changements obtenus au fil du temps. Ils
devront être simples à élaborer et à comprendre, liés au programme et par-dessus tout mesurables.
L’annexe 4 présente des indicateurs possibles pour évaluer les programmes de PPE.
• Un engagement national multisectoriel est nécessaire pour fournir les services de PPE.
• Il existe des raisons éthiques pour intégrer la PPE dans l’ensemble des programmes nationaux
de prévention du VIH.
• Pour déterminer la disponibilité de la PPE et l’éligibilité la PPE, il faut prendre en compte :
• la prévalence du VIH ;
• la disponibilité du traitement antirétroviral ;
• le risque de transmission du VIH (basé sur le type d’exposition) ; et
• l’exposition chronique au VIH.
• La fourniture de PPE doit faire partie de politiques complètes de prévention de la transmission
du VIH, de médecine du travail et de prise en charge des personnes victimes d’agression
sexuelle et être intégrée dans des structures élargies de services existants.
• Un représentant du département national de la santé doit être en charge de l’élaboration et de
l’exécution du plan national pour la PPE.
• Les politiques doivent inclure des recommandations claires pour mettre en œuvre la PPE : en
particulier un code de bonnes pratiques, des procédures opérationnelles standard et un
algorithme écrit d’évaluation du risque.
• La fourniture de PPE doit être conçue dans le cadre des services existants pour le test et conseil
VIH et de conseil, et le traitement antirétroviral.
• Les protocoles pour l’offre de services doivent garantir un accès rapide à la première dose de
PPE.
• Les services de PPE doivent être fournis à l’usager gratuitement et sur base non discriminatoire.
• Les aptitudes des ressources humaines doivent être développées par le biais de formations.
• Les politiques doivent prendre en compte les droits juridiques et les droits de l’homme, tels que
le principe de non discrimination, les nécessités de confidentialité et de consentement éclairé.
• La collecte des données et la documentation des faits doivent être réalisées de façon appropriée.
• La confidentialité des systèmes de recueil de données doit être garantie.
• La fourniture de PPE doit être suivie et évaluée ; ces activités doivent être prises en compte lors
de l’élaboration de la politique et des programmes.
17
3. PRISE EN CHARGE MÉDICALE LORS DE LA PROPHYLAXIE
POST-EXPOSITION
Dans ce chapitre, il est intentionnel que les aspects pratiques des conduites à tenir cliniques restent
généraux. Les chapitres 4 et 5 présenteront respectivement, les conduites à tenir spécifiques en cas
d’exposition professionnelle et en cas d’exposition lors d’agression sexuelle. Les étapes principales
sont dans l’ensemble les mêmes (annexe 5) :
1 : établir l’éligibilité pour la PPE ;
2 : fournir un conseil puis recueillir un consentement éclairé ;
3 : prescrire et administrer les médicaments pour la PPE ;
4 : réaliser les test biologiques pour l’évaluation ;
5 : veiller à la conservation des données ; et
6 : assurer le suivi et le soutien.
Des études menées sur l’animal ont montré que la PPE n’est plus efficace quand elle est donnée au-
delà de 72 heures suivant l’exposition. Ces études servent de fondement à la recommandation selon
laquelle la PPE ne doit pas être donnée aux personnes qui se présentent plus de 72 heures
après l’exposition (voir aussi sous-chapitre 2.3.3).
Pour optimiser les bénéfices de la PPE et mieux prévenir l’infection à VIH, la PPE doit donc
toujours commencer le plus tôt possible après l’exposition et avant les 72 heures suivant
l’exposition potentielle.
Une première dose ou – mieux encore – un kit de démarrage de PPE doit être disponible facilement
pour les personnes potentiellement exposées ; les antirétroviraux seront donnés en fonction de la
politique nationale et des protocoles locaux. En temps normal, un test VIH ne doit pas être une
condition au démarrage de la PPE ; de même, il ne faut pas attendre le résultat du test VIH pour
commencer la PPE (à moins qu’un test rapide ne soit utilisé).
L’éventualité que la personne exposée ait une infection à VIH préexistante doit toujours être explorée
lors du processus d’évaluation de l’éligibilité du patient. Les prestataires de PPE doivent garder à
l’esprit que les travailleurs exposés professionnellement au VIH comme les victimes d’agression
sexuelle peuvent aussi être exposés à d’autres risques d’infection à VIH.
La nature de l’exposition doit être évaluée avec précision pour déterminer le risque de transmission et
donc l’éligibilité pour la PPE. Les cliniciens peuvent s’aider d’un algorithme d’évaluation du risque
pour déterminer cette éligibilité (encadré 2).
Les protocoles standard de test VIH et de conseil doivent être suivis pour tester la source de l’exposition
(voir dans les lectures complémentaires, la section sur les recommandations en matière de test et de
conseil). Ils invitent notamment à obtenir un consentement éclairé avant de réaliser le test VIH et à
garder le résultat confidentiel (voir chapitre 3.2).
La définition de ce qui constitue une source à haut risque varie selon les pays et à l’intérieur d’un
même pays. Là où la prévalence de l’infection à VIH est élevée, il est raisonnable de présumer par
défaut que toutes les personnes sources dont le statut VIH est inconnu sont infectées. Ailleurs, pour
juger de la probabilité que la source est infectée, on peut recourir aux données épidémiologiques
locales et celles spécifiques au groupe démographique auquel appartient la personne source.
19
Encadré 2. Déterminer l’éligibilité pour la prophylaxie post-exposition
Les personnes qui ont été exposées doivent recevoir un conseil sur les aspects spécifiques de la
PPE ; idéalement, ce conseil doit être apporté au moment même où ces personnes se présentent
après avoir été exposées. Le conseil doit comporter des informations sur le rôle fondamental de
l’observance et les effets secondaires possibles. Des recommandations sur le risque de transmission
doivent également être intégrées au conseil.
C’est le prestataire de service de PPE qui doit fournir un conseil sur l’observance et les effets
secondaires. Les modèles de textes joints en annexe 2 présentent des conduites à tenir sur ces deux
aspects du conseil. Les personnes recevant la PPE devant comprendre les instructions portant sur le
dosage; il faudra donc s’assurer de la bonne compréhension de ces informations lors du conseil. Le
conseil doit être appuyé par des services adéquats de suivi et de soutien afin de maximiser
l’observance au schéma de PPE et gérer tout effet secondaire (voir chapitre 3.7).
Si la personne exposée était infectée, le conseil visant à réduire le risque de transmission secondaire aux
partenaires sexuels, aux enfants que les mères pourraient allaiter et aux bénéficiaires de dons de sang est
également nécessaire. Ce conseil pour la réduction du risque doit être donné lors de la première visite et
renforcé lors des visites suivantes. L’utilisation du préservatif et/ou d’autres mesures préventives de
protection doit être encouragée jusqu’à l’obtention du résultat négatif au test VIH réalisé 6 mois plus tard.
Parce que c’est une question sensible, il peut s’avérer difficile de discuter du risque de transmission du
VIH associée aux relations sexuelles consenties avec une personne qui a été exposée professionnellement
ou agressée sexuellement. Ce dialogue n’en est pas moins fondamental. Les prestataires de services
doivent avoir conscience que certaines personnes exposées peuvent ne pas être favorables à l’idée de
parler à leurs partenaires sexuels de la nécessité d’utiliser un préservatif ; ceci peut créer des barrières
pour le suivi et l’observance de la PPE. Il peut être approprié de proposer une assistance aux personnes
exposées pour les aider à aborder l’utilisation des préservatifs avec leurs partenaires sexuels.
Pour les femmes en âge de procréer, il est essentiel que le conseil évoque la possibilité de tomber
enceinte au cours de la PPE et proposer une contraception d’urgence en cas de risque. Car bien que
la plupart des médicaments prescrits pour la PPE soient considérés comme sûrs pendant la grossesse
(voir sous-chapitre 3.3.6), on doit avertir les femmes du risque potentiel de transmission du VIH
pendant la grossesse, particulièrement au cours du premier stade de l’infection.
Une fois que les personnes ont reçu des informations appropriées sur la PPE – ce en quoi elle consiste
ainsi que les risques encourus et les bénéfices escomptés –, elles seront en mesure de donner leur
consentement éclairé à la PPE. L’encadré 3 énonce les points clés qui doivent être expliqués aux
personnes pour obtenir leur consentement. Les annexes 2 et 3 fournissent une sélection de modèles
de textes et de fiches d’information pour le patient que les utilisateurs de ces présentes
recommandations pourront trouver utiles pour aider le patient à fournir un consentement éclairé.
Avant de recueillir un consentement éclairé pour la PPE, les personnes qui ont été exposées au
VIH doivent être informées de tous les points suivants :
• du risque d’être infecté par le VIH suite à l’exposition en question ;
• de ce qu’on sait et ne sait pas sur l’efficacité de la PPE ;
• de l’importance d’effectuer un test VIH et de recevoir un conseil approprié après le test
(même s’il s’avère nécessaire de différer le test) ;
• de la nécessité d’évaluer préalablement la possibilité que ces personnes puissent être
déjà infectées par le VIH si elles n’ont pas effectué un test récent;
• que les médicaments de PPE seront interrompus si le premier test VIH est positif : ce
traitement prophylactique ne constituent pas un traitement pour les personnes vivant
avec le VIH chez qui il peut augmenter le risque de résistances médicamenteuses ;
• que les personnes vivant déjà avec le VIH doivent être orientées vers une structure de
soins locale pour y recevoir un traitement pour cette infection ; si elles ont commencé une
PPE, avant de recevoir les résultats positifs du test au VIH, elles devront l’arrêter une fois
le diagnostique confirmé ;
• que pour les personnes dont le résultat du test rapide est discordant, la PPE sera fournie
dans l’attente d’un test de confirmation ;
• de l’importance de l’observance du traitement ;
• de la durée du traitement (4 semaines) ;
• des effets secondaires courants pouvant survenir lors de la prise de médicaments
donnés dans le cadre de la PPE ;
• que ces personnes peuvent arrêter de prendre les médicaments de PPE à tout moment du
traitement si elles le souhaitent, mais qu’elles ne bénéficieront alors pas de tous les avantages
de la PPE si la source à laquelle elles ont été exposées était séropositive au VIH ;
• que les médicaments de PPE peuvent être pris pendant la grossesse et peuvent protéger
la mère qui a été exposée de développer l’infection à VIH ;
• que l’allaitement peut être continué sans danger tout en suivant une PPE, mais que, si la femme
est infectée par le VIH alors qu’elle allaite, le risque de transmettre le VIH par l’allaitement est plus
élevé en début d’infection; un conseil approprié doit aborder la possibilité d’utiliser les alternatives
à l’allaitement si celles ci sont acceptables, réalisables, abordables, durables et sûres,; sinon
• que l’allaitement maternel exclusif est fortement recommandé quand ces alternative ne
sont pas possibles.
Les informations fournies dans le cadre du processus pour obtenir un consentement éclairé doivent
21
être adaptées à l’âge de la personne, à son niveau d’alphabétisation et d’éducation. Elles doivent
également prendre en compte le contexte de l’exposition en question. La personne consentante doit
être capable de comprendre les risques et les avantages de l’intervention proposée. Il faut aussi
expliquer clairement que la prise d’une PPE n’est pas obligatoire.
Il n’est pas nécessaire que le consentement éclairé aux services de PPE soit stipulé par écrit. En cas de
circonstances particulières, par exemple dans le cas d’un enfant ou encore d’une personne exposée
n’ayant pas la capacité de donner son consentement, le consentement peut être fourni par une tierce
personne (comme un membre de la famille ou le tuteur, le directeur de l’hôpital ou un prestataire de
soins). Tous les efforts doivent être mis en œuvre pour aider une personne à donner son consentement;
les contraintes de temps dicteront cependant dans la pratique à quels efforts il est réaliste de se
consacrer dans ce sens. Par-dessus tout, la question du consentement ne doit jamais être une barrière
à la fourniture de services, aussi longtemps que les intérêts de la personne sont servis au mieux.
La façon de procéder pour obtenir un consentement éclairé au test VIH est développée dans le sous-
chapitre 3.5.1.
Les recommandations qui suivent sont valables pour la PPE et répondent au questions sur les types
et quantités d’antirétroviraux à utiliser pour la PPE? Pour des informations plus générales, les
utilisateurs de ce document sont invités à consulter les recommandations de l’OMS sur l’utilisation
des traitements antirétroviraux pour l’infection à VIH chez les adultes, les adolescents et les enfants
en situations de ressources limitées11 19.
Dans la plupart des cas, l’OMS recommande pour la PPE une association d’antirétroviraux. Des schémas
prophylactiques associant deux antirétroviraux, constitués de deux inhibiteurs nucléosidiques de la
transcriptase inverse, doivent être utilisés lorsque qu’on ne suspecte aucune résistance à ce type de
médicaments. Les schémas prophylactiques associant deux antirétroviraux sont préconisés en raison de
la toxicité non négligeable de ces médicaments, de leurs effets secondaires et de impact négatif de ces
derniers sur l’observance de la prise des médicaments pour la PPE. Lorsqu’on suspecte une résistance
médicamenteuse, il est recommandé de recourir à un schéma prophylactique associant trois antirétroviraux,
dont deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse et un inhibiteur de la protéase renforcé.
Il n’existe malheureusement pas de données prospectives sur l’efficacité relative des différents
schémas de PPE associant deux ou trois antirétroviraux. Les avantages d’un schéma prophylactique
associant deux antirétroviraux plutôt que trois sont les suivants : relative facilité d’administration
(conduisant potentiellement à une meilleure observance, à des effets secondaires moins nombreux et
à des coûts moins élevés) et facilité d’approvisionnement, de stockage et de dispensation des
médicaments. Dans la plupart des cas, c’est à dire quand il est peu probable que la source ait une
infection à VIH résistant au traitement antirétroviral, les schémas prophylactiques associant deux
Le tableau 1 présente les schémas recommandés pour la PPE associant deux inhibiteurs nucléosidiques
de la transcriptase inverse. Généralement, il est conseillé aux pays d’utiliser pour la PPE les mêmes
médicaments inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse que ceux qui forment la base des
du schéma thérapeutique de première intention approuvé par l’OMS i (et décrit dans les recommandations
nationales).
La névirapine n’est pas recommandée pour la PPE en raison du risque de toxicité. L’efavirenz ne doit
pas être donné aux femmes enceintes ou en âge de procréer du fait de son effet tératogène.
i Les prestataires de PPE sont invités à consulter un document régulièrement mis à jour par l’OMS : Access to HIV/
AIDS drugs and diagnostics of acceptable quality disponible sur le site : http://mednet3.who.int/prequal. Une liste de
producteurs préqualifiés est aussi tenue à jour par l’OMS et disponible sur : http://healthtech.who.int/pq/info_general/
documents/ Prequal_AnnualReport2006FR.pdf
23
Encadré 5. Critères pour recommander un traitement associant
deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse
et un inhibiteur de la protéase potentialisé
Si une résistance médicamenteuse est suspectée et qu’un troisième antirétroviral est nécessaire, on
recourra à un inhibiteur de la protéase renforcé et non pas à un inhibiteur non nucléosidique de la
transcriptase inverse. Si le profil de résistance de la personne source est connu, il doit être pris en
considération lors de la sélection des médicaments de PPE. Le tableau 2 présente les schémas
recommandés pour la PPE et associant trois antirétroviraux.
Observance
Dans les pays industrialisés, des études ont montré une amélioration des résultats tant sur le plan
viral, immunitaire que clinique, chez les personnes vivant avec le VIH quand les niveaux d’observance
aux antirétroviraux sont élevés12. Des taux d’observance de 95 % ou plus sont requis pour optimiser
les bénéfices du traitement antirétroviral. Même si ce type de données n’existent pas pour la PPE, on
suppose généralement que l’importance des bénéfices d’une observance élevée est similaire. Bien
que la PPE ne soit prise que sur une période assez courte (quatre semaines), il n’en est pas moins
important de fournir informations et soutien vis-à-vis de l’observance afin d’en maximiser les effets.
Effets secondaires
Les effets secondaires les plus communément signalés sont la nausée et la fatigue12. Ils peuvent être
réduits en prescrivant un schéma prophylactique associant deux inhibiteurs nucléosidiques de la
transcriptase inverse plutôt qu’un schéma prophylactique associant trois antirétroviraux, en prescrivant
des médicaments pour réduire les effets secondaires (tels que des antiémétiques en cas de nausées)
et en indiquant aux patients comment ils peuvent eux-mêmes réduire ces effets secondaires (en
prenant par exemple les médicaments en même temps que de la nourriture). Étant prévenus des
effets secondaires possibles, les patients ne confondront pas les symptômes ressentis avec des
symptômes de séroconversion du VIH.
Du fait du manque de données sur l’efficacité de la PPE chez l’être humain (par exemple, il n’y a jamais
eu d’étude où la prophylaxie était prise par l’homme pendant moins de 28 jours), la recommandation de
prendre la PPE pour l’infection à VIH, pendant 28 jours, est basée pour une large part des résultats
d’études menées sur l’animal. De telles études ont clairement démontré que les traitements de 28 jours
sont plus efficaces que ceux donnés sur des périodes plus courtes (3 ou 10 jours).
La durée recommandée de la PPE pour l’infection à VIH est de 28 jours. La première dose doit
toujours être offerte le plus tôt possible après l’exposition. Une fois commencée, l’ensemble
des médicaments pour la PPE doit être pris, à moins qu’il existe des raisons spécifiques pour
les arrêter. On peut utiliser des kits de démarrage, et fournir lors d’une consultation ultérieure le
reste des médicaments nécessaires pour terminer les 28 jours de prophylaxie.
Pour éviter le gaspillage et s’assurer que les médicaments sont utilisés avant qu’ils n’atteignent
la date d’expiration, certains pays ont adopté une stratégie d’échange des stocks de
médicaments entre les endroits où ils sont peu utilisés et les endroits où on les utilise en plus
grande quantité.
25
3.3.3 Les stratégies pour dispenser le traitement :
Première dose
La première dose de PPE doit toujours être offerte le plus tôt possible après l’exposition. Si cela
s’avère nécessaire, on n’attendra pas d’effectuer un test VIH ou un conseil, pas plus que le résultat du
test VIH de la personne source avant de fournir cette première dose de PPE (à moins qu’un test rapide
du VIH ne soit disponible, le résultat étant connu dans l’heure). De même, en cas d’agression sexuelle,
il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir terminé l’examen médico-légal avant de commencer le
traitement (voir aussi sous-chapitre 3.1.1).
Au démarrage de la PPE, la quantité de médicaments à fournir (kits de démarrage) peut être limitée à
la première dose ou bien correspondre à la quantité nécessaire de médicaments pour 5 à 7 jours
supplémentaires. C’est là la stratégie la plus communément suivie quand la prise en charge au
démarrage de la PPE n’est pas assurée par des experts; les patients sont alors orientés dans les jours
suivants vers des experts de la PPE ou vers un dispensaire proposant la PPE.
Une fois la PPE commencée, l’étape suivante est de faciliter l’accès à un approvisionnement de
médicaments permettant un traitement complet de 28 jours. Pour y parvenir, plusieurs stratégies pour
dispenser les médicaments peuvent être suivies afin de maximiser l’accès et l’observance tout en
minimisant le gaspillage de médicaments. La capacité de la personne potentiellement exposée au
VIH à revenir chercher les doses suivantes de médicaments est un facteur clé pour choisir la stratégie
à adopter. Il s’agit là d’un élément qui doit être évalué lors de l’évaluation du risque de l’exposition
potentielle au VIH (voir chapitre 3.1).
Lors de la première consultation, les options pour délivrer la PPE sont les suivantes :
• les kits de démarrage: fournir les premiers médicaments pour un période de 1 à 7 jours ;
• la dispensation par étape : fournir les médicaments chaque semaine ou toutes les deux
semaines pour favoriser le suivi et minimiser le gaspillage éventuel de médicaments ; et
• le traitement complet pour 28 jours : fournir les médicaments correspondant à 28 jours de
traitement dès la première visite, ce qui peut maximiser la probabilité de voir le traitement mener
à terme en cas de doutes sur les possibilités de suivi.
Un second avantage de cette stratégie, qui requiert un suivi en temps utile pour compléter le reste des
médicaments, est qu’elle offre au clinicien expérimenté l’opportunité de discuter de l’observance avec
le patient, et donc de maximiser la probabilité que le traitement sera mené à son terme comme il a été
prescrit. Cette stratégie permet aussi d’évaluer de nouveau la décision de donner la PPE à la lumière
du résultat du test de la personne source (s’il est disponible) et d’une évaluation du risque par un
De plus, avant que le résultat du test VIH ne soit connu, l’inquiétude principale lors du démarrage de
la PPE est le risque de développement de résistances au traitement antirétroviral chez les personnes
n’ ayant pas connaissance de leur infection à VIH reçoivent un schéma prophylactique basé sur deux
antirétroviraux. Le kit de démarrage ne permet qu’ un traitement de courte durée, il est peu probable
que des résistances se développent en quelques jours. S’il s’avère que la personne exposée est
séropositive au VIH, le traitement sera interrompu.
La responsabilité globale de la gestion des médicaments pour la PPE, y compris les commandes et
l’approvisionnement, doit être assumée par des prestataires de services désignés disposant de
connaissances, d’une formation et d’une expertise appropriées. Ceux-ci doivent connaître les
conséquences probables de la dispensation de médicaments sous forme de kits préparés à l’avance,
leur disponibilité et les coût, qui eux-mêmes dépendant beaucoup de l’organisation des systèmes de
distribution et de logistique.
Les médicaments de PPE doivent être dispensés avec des informations précises quant à leur utilité,
leurs effets secondaires potentiels et les moyens de d’alléger ceux-ci (encadré 7). On évoquera aussi
l’importance de l’observance , de prendre les médicaments à l’heure adéquate et mener le traitement
à son terme. Ces informations doivent être transmises à la fois oralement et sous forme de documents
simples, si possible adaptés au niveau d’alphabétisation du patient (l’annexe 2 propose des modèles
de textes couvrant la question de l’observance).
27
3.3.5 Autres médicaments
Les médicaments fournis pour la PPE doivent comprendre également des médicaments modérant
ses effets secondaires les plus communs, améliorant ainsi l’observance (pour autant que ces
médicaments soient disponibles). Il peut s’agir de médicaments pour réduire les nausées et, en cas
d’utilisation de la zidovudine, de médicaments pour traiter les maux de tête.
Les services de santé peuvent trouver utile de développer un kit de PPE contenant tout ou
partie des éléments suivants,:
• une copie du protocole de prise en charge prescrit ;
• une liste des facteurs à prendre en compte pour évaluer le risque ;
• des propositions de textes préparés à l’avance, à utiliser pour obtenir le consentement
(voir l’annexe 2) ;
• des formulaires pour documenter les cas (voir l’annexe 7) ;
• des formulaires de test VIH et de conseil, ainsi que des tubes de prélèvements ;
• Une lettre type lettre pour orienter le patient vers d’autres services ; et
• différents prospectus et feuilles d’informations pour le patient, notamment sur le
processus de PPE lui-même, les médicaments, l’importance de l’observance, les effets
secondaires possibles, le test VIH et le conseil, la sexualité sans risque et l’utilisation
d’aiguilles et de seringues sans risque (voir annexe 3).
Les kits de PPE peuvent également contenir des préservatifs et, en fonction des protocoles
locaux, soit la première dose de médicaments de PPE, soit des médicaments en quantité
suffisante pour 1 à 7 jours.
Les antirétroviraux adaptés aux enfants, par leur formulation et leur dosage (selon leur poids) doivent
être disponibles autant que possible. En général, pour les enfants pesant plus de 10 à 12 kg, on
préférera des médicaments sous forme de comprimés aux présentations liquides (sirops).
Il n’est pas recommandé que les enfants soient orientés vers les programmes de prévention de la
transmission mère-enfant, les schémas prophylactiques prescrits dans ce cadre-là n’étant pas
appropriés pour la PPE.
Femmes enceintes
En cas de grossesse, certains antirétroviraux, tels que l’efavirenz et l’association didanosine +
stavudine, sont contre-indiqués. En revanche, les médicaments des schémas prophylactiques
recommandés (voir sous-chapitre 3.3.1) sont considérés comme sûrs pendant la grossesse, à
l’exception de l’association ténofovir + emtricitabine, les données étant insuffisantes jusqu’ici pour en
permettre l’usage en cas de grossesse.
La disponibilité de tests rapides du VIH – qui apportent un résultat dans l’heure ou en quelques heures
seulement – est l’option à privilégier pour tester à la fois la personne exposée et la personne source
de l’exposition.
Les tests rapides ne permettent pas seulement de réduire le risque de prescrire la PPE à des personnes
déjà infectées. Quand la personne source est testée séronégative et qu’il est peu vraisemblable
qu’elle se trouve dans la fenêtre sérologique, on peut éviter ainsi que la personne exposée prenne
inutilement la PPE.
Quand les retards de réception des résultats des tests sont fréquents, la PPE doit être prescrite en
fonction de l’évaluation du risque et de la probabilité que la personne exposée soit séropositive au
VIH. Une évaluation complémentaire devra être menée une fois le résultat du test connu.
Tout test rapide positif doit être confirmé par un second test rapide de caractéristiques différentes. Si
le test rapide n’est pas immédiatement disponible, il faut cependant, offrir le conseil d’usage pour le
test. En cas de résultat positif au test rapide, la personne devra être prise en charge selon les
protocoles de l’OMS14. Une personne peut initialement refuser le test VIH et recevoir néanmoins les
médicaments de PPE. Un test volontaire et conseil doit toutefois être recommandé après toute
exposition au VIH.
Généralement, le test par PCR (ARN du VIH) a une très faible valeur prédictive positive, en particulier
chez les patients asymptomatiques récemment exposés au VIH. Dans le cadre de la PPE, son usage
n’est donc pas recommandé.
Il peut s’avérer nécessaire d’effectuer un test de l’hémoglobine, en particulier quand la zidovudine est
utilisée pour la PPE et dans les zones où l’anémie est fréquente . Il est conseillé alors de recourir à des
schémas alternatifs de PPE (tableau 1).
Il est également important de procéder à des tests pour d’autres maladies transmises par le sang,
telles que l’hépatite B et l’hépatite C (à réaliser selon la nature du risque et la prévalence au niveau
local, les capacités d’analyses biologiques pouvant cependant être limitées).
29
3.5 Collecte et conservation des données
Les outils et les systèmes nécessaires au recueil de données doivent être en place avant que ne
démarrent les services de PPE.
Les activités des services de PPE ont besoin d’être documentées à plusieurs niveaux. Un registre
national ou régional doit être tenu à jour pour documenter l’étendue de l’utilisation de la PPE et ses
résultats. Les données sont nécessaires aussi pour évaluer les services de PPE : en particulier pour
identifier les tendances, faire des comparaisons entre les services et dans le temps, pour guider dans
l’avenir la planification des services et l’allocation de ressources, pour soutenir des études
opérationnelles et pour justifier des dépenses vis-à-vis des donneurs. Ceci peut facilement se mettre
en place en utilisant un ensemble d’indicateurs de programme (voir sous-chapitre 2.6.2). Au niveau
local, la notification des incidents d’exposition est essentielle pour examiner quand et comment les
problèmes d’exposition surviennent, pour identifier les effets secondaires éventuels et imaginer les
mesures préventives possibles.
La qualité des données sera compromise si la notification du cas, du fait de ses exigences, prend trop
de temps, est compliquée ou trop difficile. Par conséquent, les systèmes de collecte et de conservation
des données doivent rester aussi simples que possibles. Les données doivent être recueillies et
analysées sur la base des mécanismes de collecte de conservation et traitements des données déjà
existants; celles-ci doivent être analysées et faire l’objet de rapports. Les prestataires de services et
les parties prenantes doivent être informés en retour du résultat de chaque analyse de données.
Il est primordial que les informations concernant les patients soient conservées de manière
confidentielle. Les documents écrits concernant l’évaluation des risques, les tests VIH et les
prescriptions de PPE doivent faire l’objet des mêmes contrôles rigoureux de confidentialité que tout
autre dossier médical. Il faut mettre en place des systèmes sécurisés pour stocker les données ainsi
que le contrôle d’accès aux documents médicaux.
L’annexe 7 présente un exemple de fiche personnelle du patient, destinée à collecter les informations
concernant le résultat de son évaluation initiale et de toute autre consultation ultérieure (voir modèle 2 :
informations sur le patient dans l’annexe 7). Ce type de document, qui peut être conservé par le
patient, peut se révéler utile en cas de référé du patient vers un autre centre de soins pour les visites
de suivi. Il peut ne pas être approprié pour tous les patients en raison des exigences de confidentialité,
et n’est pas prévu pour servir comme outil de recueil des données.
31
Tableau 3. Prise en charge médical lors de la prophylaxie post-exposition du
VIH : résumé
Moment opportun pour La première dose d’antirétroviraux doit être donnée le plus tôt
commencer possible, et pas plus tard que 72 heures après l’exposition
Conservation des données Obtenir en permanence des données précises ; les garder
confidentielles.
4.1 Contexte
La large majorité des incidents d’exposition professionnelle aux infections transmises par le sang
surviennent dans les structures de soins de santé. Le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C sont parmi les
pathogènes potentiellement transmissibles par le sang, ceux causant les infections les plus fréquentes
et sévères ; dans le monde entier, la possibilité d’une exposition à ces germes est une préoccupation
majeure des agents de santé. L’exposition peut avoir diverses conséquences pour la santé de la
personne en cause : de l’anxiété modérée à l’anxiété extrême, à la maladie chronique voire au décès
prématuré, sans compter les conséquences significatives sur la famille et la communauté de cette
personne, tant à court qu’à long terme.
L’utilisation de la PPE en cas d’exposition professionnelle se fonde sur un nombre limité de preuves
directes, aucun essai clinique randomisé contrôlé n’ayant été réalisé sur le sujet. Ce type d’étude ne
peut être réalisée pour des raisons éthiques et du fait de la taille de l’échantillon qu’elle requerrait13 .
La seule étude cas-témoin impliquant des agents de santé aux États-Unis, en France et au Royaume-
Uni a montré que l’utilisation de la zidovudine était associée à une réduction de 81 % de la probabilité
de l’infection à VIH
Les agents de santé ne représentent cependant pas la seule catégorie de travailleurs courant le
risque de contracter le VIH ou d’autres pathogènes transmissibles par le sang. Les travailleurs d’autres
secteurs sont également à risque d’être exposés au VIH dans le cadre de leur activité. Il s’agit là
notamment des personnes chargées de faire appliquer la loi (comme les policiers), les secouristes,
les employés de prison (tels que les gardiens) et le personnel des services sociaux (en particulier
ceux qui entrent fréquemment en contact soit avec les travailleurs du sexe ou leur environnement, et
avec les consommateurs de drogues injectables). Les éboueurs et les agents d’entretien constituent
également un groupe à risque, notamment ceux qui travaillent dans les espaces publics (comme les
plages et les parcs).
Il est difficile de mesurer l’ampleur réelle des problèmes d’exposition professionnelle pour ceux qui
travaillent dans le secteurs de la santé ou en dehors. Partiellement due à la stigmatisation, au manque
de connaissance et de disponibilité des services de PPE, il est probable que le nombre d’expositions
professionnelles soit nettement sous déclaré et partant que les données disponibles sous-estiment
vraisemblablement le problème.
33
4.2 Les questions de politique
Les politiques professionnelles doivent être fondées sur les principes suivants : un environnement de
travail sécurisé demeure une priorité de premier ordre et la prévention primaire de la transmission du
VIH doit être renforcée.
Dans les structures de soins de santé, on considère que les précautions standard (universelles)
représentent les normes minimales de soins pour la prévention de la transmission de pathogènes
transmissibles par le sang. Selon ces principes, lors de l’élaboration de protocoles de sécurité au
travail, et ce quel que soit le lieu de travail, il faut considérer comme potentiellement infectieux, le sang
ou tout autre liquide ou tissu organiques, émanant de toute personne.
Les politiques sur le VIH et le SIDA doivent comporter des recommandations pour la prise en charge
de l’exposition potentielle. Ces recommandations doivent inclure l’usage approprié de la PPE dans la
stratégie de prise en charge.
Les politiques se rapportant au VIH et au SIDA ainsi qu’à la prise en charge de l’exposition
professionnelle sur le lieu de travail doivent se fonder sur la législation qui aborde des points tels que
la médecine du travail et les standards de sécurité, le conseil et le test volontaire, la confidentialité
(des documents de nature médicale ou concernant le statut VIH), le secret médical et la lutte contre
la discrimination. La confidentialité doit s’appliquer à la fois au travailleur exposé et à la personne
source. Le test VIH et la PPE ne doivent jamais être obligatoire sur aucun lieu de travail. Tout travailleur
doit donner son consentement éclairé avant d’effectuer un test VIH ou de recevoir la PPE.
L’employeur est tenu de fournir aux travailleurs des informations sur la PPE. Celles-ci concerneront
notamment les moyens pour obtenir rapidement un conseil sur les risques potentiels de transmission
et la déclaration d’ une exposition professionnelle. S’il existe le moindre risque d’exposition
professionnelle au VIH, tout travailleur doit avoir accès à un test VIH et à un conseil. Ces services
doivent être fournis gratuitement aux usagers.
La PPE doit être disponible comme faisant partie des conditions de sécurité du milieu de travail. Le
risque d’être infecté par d’autres pathogènes transmissibles par le sang, telles les hépatites B et C, est
Les cas d’exposition doivent également être gérés avec le souci de soutenir les droits des personnes
vivant avec le VIH sur leur lieu de travail. Les travailleurs observeront d’autant mieux les protocoles et
signaleront plus facilement une exposition sur les lieux de travail où les personnes vivant avec le VIH
sont soutenues, et là où elles peuvent travailler sans être victimes de discrimination.
Couverture
Les politiques de PPE professionnelle doivent concerner tous les lieux de travail et toutes les
personnes sur un lieu de travail donné, ce qui comprend les employés, les visiteurs, les volontaires,
les étudiants, les entrepreneurs privés, les consultants, au même titre que les patients.
Les personnes pouvant potentiellement être exposées au sang ou à des liquides ou tissus organiques
dans de nombreux milieux professionnels différents, les politiques nationales de PPE professionnelle
doivent pouvoir s’adapter à un large éventail de contextes. Les politiques de santé du travail doivent
couvrir tous les travailleurs ; ceci concerne autant le secteur public que le secteur privé, ou même le
secteur informel (par exemple les travailleurs du sexe).
Les politiques de PPE professionnelle doivent couvrir tous les types d’exposition.
Sur chaque lieu de travail, les travailleurs peuvent potentiellement être exposés à du sang ou à des
liquides ou des tissus organiques au cours de leurs activités normales ou par contact avec une
aiguille jetée aux ordures. Ils peuvent aussi être exposés dans le cadre d’une exposition sexuelle suite
à une agression. Les politiques de PPE professionnelle doivent s’étendre à tous les types d’exposition,
y compris à l’exposition sexuelle.
Le risque de transmission du VIH doit être évalué soigneusement, que ce soit ou non dans les
structures de soins de santé. Une évaluation et une intervention rapides, soutenues par une
communication sur le risque encouru , peuvent réduire de façon importante l’anxiété ressentie par les
travailleurs après une exposition. De plus, l’adoption d’un protocole clair et standard, de procédures
d’évaluation du risque, d’un conseil et d’un suivi (si nécessaire) permettra non seulement de soutenir
le travailleur et d’aider au maintien du personnel à son poste, mais permettra aussi une meilleure
compréhension des moyens de prévention de la transmission du VIH au travail.
Si, pour sa mise en œuvre, le soutien, l’encouragement et les motivations restent faibles, la politique
ne sera pas suivie. De plus, il est peu probable que des politiques difficiles à comprendre, couteuses
à mettre en œuvre et/ou lancées sans consultation ni formation appropriées, obtiennent l’impact
escompté sur les pratiques réelles des travailleurs. L’expérience a montré à de nombreuses reprises
que la mise en place de ces politiques est plus efficace quand les employeurs et les travailleurs ont le
35
sentiment de se les être appropriées. Les stratégies pour mettre en œuvre et disséminer la politique
nationale doivent alors être formulées au moment de l’élaboration même de ces politiques. Les rôles
respectifs des différents participants dans l’élaboration, la mise en œuvre, l’obtention des ressources
et le suivi de la politique doivent être explicités dès le début. Il est essentiel que le soutien du
gouvernement et celui des employeurs locaux et des institutions aillent dans ce sens. Des mesures
disciplinaires en cas de non respect de la politique doivent être spécifiées.
Compensation
Pour les travailleurs infectés par le VIH au travail, les systèmes de sécurité sociale et les régimes de
médecine du travail doivent proposer une allocation similaire à celle perçue par les travailleurs pour
les autres accidents du travail, maladies professionnelles ou pathologies graves résultant de l’activité
professionnelle. La prise en charge de la compensation en cas d’exposition professionnelle au sang,
aux liquides ou aux tissus organiques doit reposer sur des principes similaires à ceux s’appliquant à
n’importe quel accident du travail.
En l’absence de recommandation nationale, tout employeur peut développer lui-même sa propre offre
de compensation en utilisant comme base la convention N°121 de l’OIT14. Les employeurs doivent
savoir que tout mécanisme pour offrir une compensation au travailleur doit être cohérent avec les
règles dictées par la médecine du travail et les règles de sécurité du pays. Il revient aux gouvernements,
aux employeurs et aux organisations des travailleurs de garantir que tout a été mis en place pour que
les travailleurs infectés par le VIH sur leur lieu de travail puissent bénéficier d’une compensation.
On peut souvent justifier les politiques et les mesures qui aident à prévenir la transmission du VIH
chez les travailleurs en se fondant sur un rapport coût-efficacité : elles sont susceptibles d’accroître
les taux de rétention du personnel, de réduire les coûts liés aux maladies et ceux des ressources
humaines pour le recrutement et la formation d’un nouveau personnel.
Suivi et évaluation
En l’absence de données initiales précises sur le nombre d’incidents d’exposition professionnelle, il
devient difficile de réaliser un suivi et une évaluation de la gestion et des couts des programmes de PPE
et des stratégies de prévention de l’exposition. Par exemple, de nombreuses enquêtes rétrospectives
portant sur les agents de santé montrent des taux élevés d’accidents par piqûre d’aiguille mais de
faibles taux de signalement, même dans les zones à forte prévalence de l’infection à VIH et où la PPE
est disponible. Ces résultats mettent l’accent sur la nécessité d’améliorer au plus vite le signalement et
le recueil de données concernant l’exposition professionnelle et les taux de séroconversion. Néanmoins,
un manque de données ne doit pas servir d’excuse pour retarder l’introduction des services de PPE.
Une amélioration dans la collecte de données et la prise de conscience des politiques par le personnel
conduiront vraisemblablement, dans un premier temps tout au moins, à une augmentation apparente
du nombre des cas d’exposition signalés. Celle-ci ne doit cependant pas nécessairement être
interprétée comme un accroissement du nombre réel d’incidents d’exposition survenant au travail.
En plus de la prescription d’un traitement de PPE, les protocoles locaux de prise en charge de
l’exposition professionnelle au VIH ont besoin de refléter de nombreux éléments concernant l’offre de
service (encadré 8). Ceux-ci ne visent pas seulement à aider à prévenir la transmission du VIH, mais
aussi à fournir des données épidémiologiques, à identifier les pratiques à risque, à réduire l’anxiété et
à améliorer la rétention et la productivité du personnel. Les professionnels du contrôle sanitaire, et
infectieux, de médecine du travail, officiers sanitaires et cadres supérieurs de santé doivent mettre en
œuvre les protocoles pour la PPE professionnelle.
Après une exposition potentielle au VIH, les travailleurs doivent avoir accès à la PPE
immédiatement, quelle que soit l’heure (24 heures sur 24), le jour (7 jours sur 7), l’endroit ou le
type de travail effectué. Au minimum, les services proposés comprendront une évaluation du
risque et la fourniture de la première dose de médicaments de PPE.
Il faut recourir à des procédés clairs de communication et d’information pour informer les travailleurs
sur la disponibilité de la PPE et les conditions auxquelles elle est fournie, sur la personne responsable
de la fourniture de la PPE, sur les mécanismes de signalement et la nécessité de faire immédiatement
rapport de l’exposition (encadré 9).
Le ton des protocoles écrits ne doit pas être punitif, mais au contraire encourageant. Le texte doit
chercher à refléter les besoins des travailleurs plutôt qu’à protéger les employeurs de toute action
punitive. Les protocoles doivent créer un climat favorisant le signalement de toute exposition.
Au niveau local, l’observance des politiques sur le VIH et le SIDA au travail peut être améliorée en
incluant ces politiques dans les critères pris en compte dans les programmes d’accréditation des
industries en matière de promotion de la santé au travail ou dans d’autres mécanismes permettant de
reconnaître la qualité de la performance des entreprises.
37
Encadré 9. Offrir sur le lieu de travail la prophylaxie post-exposition au VIH
En situation professionnelle, les protocoles pour la PPE doivent garantir ou proposer les points
suivants :
• la mise en œuvre cohérente des politiques dans tous les ministères ;
• la disponibilité de ressources et de compétences nécessaires à la mise en œuvre de
ces politiques ;
• l’identification des sites où la PPE sera disponible et d’un système de référé et de signalement ;
• l’information de tous les cadres et tous les travailleurs sur ces politiques ;
• l’identification et la formation des prestataires de services ;
• l’éducation et la formation des travailleurs ;
• l’intégration de la PPE dans les mécanismes d’accréditation, le bilan de compétence ou
d’autres programmes d’assurance de qualité ;
• l’élaboration de mécanismes de documentation et de signalement ;
• les mécanismes de suivi et d’évaluation pour évaluer l’impact de la stratégie ;
• l’établissement d’indicateurs de résultat ; et
• un processus de révision qui évalue régulièrement l’efficacité de la politique.
Le tableau 3 dresse la liste des ressources sur laquelle doit se baser l’offre de PPE en milieu professionnel.
i Ce chapitre aborde les problèmes spécifiques de l’exposition professionnelle ; il doit être lu conjointement avec le
chapitre 3 : Prise en charge clinique de la prophylaxie post-exposition au VIH.
Sur les lieux de Dispositions prises avec le(s) service(s) clinique(s) qui proposera(-ont) sur le lieu de
travail en dehors travail a :
des structures • une évaluation du risque (24 heures sur 24 ou bien à tout moment pendant les heures
de santé (à de travail) ;
ajouter à ce qui • une prescription et une gestion de la PPE (si nécessaire) ;
précède) • un test VIH et un conseil ; et
• une formation du personnel
Hôpital ou centre Personnel formé pour réaliser une évaluation du risque 24 heures sur 24 (ou dispositions
de santé (à prises pour réaliser cette évaluation – comme avoir du personnel de garde ou un service
ajouter à ce qui disponible par téléphone) b
précède) Stocks de kits de démarrage de PPE b
Test VIH b
a Dans les moyennes et grandes entreprises, l’employeur peut proposer certains de ces services.
b S’il n’est pas possible d’offrir ces services sur le site même, des dispositions peuvent être prises en vue d’une orientation vers
une autre structure locale. Les orientations ne doivent pas être décidées de manière ad hoc une fois l’exposition survenue, mais
dans le cadre d’arrangements formels entre les structures de soins.
Si la peau est lésée par une aiguille usagée ou un instrument perforant ou tranchant, il est recommandé
de procéder aux actions suivantes :
• Ne pas presser ou frotter la zone atteinte.
• Laver immédiatement la zone atteinte avec du savon ou une solution désinfectante douce qui
n’irritera pas la peau, comme une solution de gluconate de chlorhexidine.
• En l’absence d’eau courante, nettoyer la zone atteinte avec un gel ou toute autre solution prévue
pour le lavage des mains dont on dispose habituellement.
• Ne pas nettoyer la zone atteinte avec une solution trop puissante (ex. : eau de javel ou teinture
d’iode) qui pourrait irriter la plaie et aggraver la blessure.
Après une projection de sang ou de liquide organique, les actions suivantes sont recommandées.
• En cas de projection entrant en contact avec une peau intacte, procéder comme suit.
• Laver immédiatement l’endroit en question.
• En l’absence d’eau courante, nettoyer l’endroit en question avec un gel ou toute autre
solution prévue pour le nettoyage des mains dont on dispose habituellement.
• Ne pas utiliser de désinfectant trop puissant.
• En cas de projection entrant en contact avec les yeux, procéder comme suit.
• Faire immédiatement une irrigation de l’œil exposé avec de l’eau ou du sérum physiologique.
39
• S’asseoir sur une chaise, incliner la tête en arrière pendant qu’un collègue verse doucement
sur l’œil de l’eau ou du sérum physiologique, tout en faisant faire à la paupière un mouvement
de va-et-vient de haut en bas pour s’assurer que l’œil est entièrement nettoyé.
• En cas de port de lentilles de contact, les laisser en place tandis qu’on procède à l’irrigation
de l’œil, dans la mesure où elles font barrage sur l’œil et participent à sa protection. Une fois
l’œil nettoyé, retirez les lentilles de contact et nettoyez-les de la manière habituelle. Ceci
élimine tout danger et il est alors possible de d’utiliser à nouveau ces mêmes lentilles.
• Ne pas mettre de savon ou de désinfectant dans l’œil
Une personne désignée doit surveiller les investigations pour documenter et faire le rapport de l’incident,
et s’assurer que les procédures des protocoles locaux on bien été suivies. Ce processus doit respecter
l’intimité et la confidentialité de la personne exposée. Tous travailleur doit connaître les protocoles de
signalement à suivre sur leur lieu de travail et savoir à qui signaler toute exposition potentielle.
Le rapport des incidents d’exposition doit rester aussi simple que possible pour tous les travailleurs.
Quand le signalement précède l’évaluation du risque, les informations fournies peuvent être utilisées
lors de l’évaluation.
Des enquêtes rétrospectives portant sur l’expérience des agents de santé quant aux blessures par
piqûres d’aiguilles15 montrent que, à des degrés divers et dans toutes les structures de soins, le
nombre de cas signalés est inférieur au nombre de cas survenus. Les facteurs qui ne sont pas en
faveur du signalement d’une exposition professionnelle sont entre autres : la méconnaissance de la
disponibilité de la PPE et de son efficacité, la crainte d’un reproche, le doute sur la confidentialité des
résultats, l’absence de connaissance du protocole existant pour prendre en charge l’exposition
professionnelle, et un manque de soutien et d’encouragement pour réaliser le signalement. Le
manque de signalement des cas d’exposition professionnelle peut aussi être dû à la crainte d’avoir à
réaliser un test VIH et ‘en e recevoir le résultat, en cas de possibilité d’exposition(s) préalable(s) dans
la vie privée. Là ou la prévalence de l’infection à VIH est élevée, certains travailleurs peuvent ne pas
signaler une exposition par refus de connaître leur statut VIH et par réticence à effectuer le test VIH.
Le signalement des cas d’exposition permet non seulement de garantir au travailleur le traitement
optimum de son exposition potentielle, mais aussi d’obtenir des données très nécessaires sur
l’exposition professionnelle afin d’aider à la planification et à l’évaluation de la sécurité des programmes
de PPE. Il est donc bénéfique de créer un climat de confiance dans lequel les travailleurs peuvent
discuter des questions liées au VIH dans leur vie privée et dans leur vie professionnelle. Une
communication régulière peut aider à réduire le stigma ; elle peut aussi encourager au test dans le but
à la fois de prévenir de nouvelles infections, et de permettre l’accès au traitement le cas échéant.
Les facteurs pour encourager le signalement des cas sont entre autres :
• des recommandations et des lignes de communication claires ;
• une action rapide basée sur un plan de prise en charge simple à suivre et sans tâches
administratives exagérées ;
• un environnement au travail favorisant la sécurité au travail et les mesures de protection,
et une information transparente et appropriée sur le sujet ;
• la décharge immédiate du travailleur vis-à-vis de ses obligations professionnelles, sans
que cela ne soit la source de questions ou de reproches ;
• la disponibilité rapide des services de PPE disponibles pour les travailleurs sujets à une
exposition potentielle ;
• des garanties de confidentialité des systèmes de signalement et de documentation ;
• l’accès à un personnel formé pour l’évaluation ;
• la prise de conscience du fait que la politique est là pour venir en aide à ceux qui en ont besoin ;
• l’existence de différentes options pour l’évaluation du risque, le test et la PPE ; et
• une évaluation régulière des pratiques en usage et conditions de sécurité au travail.
La personne à contacter en vue d’évaluer le risque en cas d’exposition potentielle doit être clairement
désignée dans les protocoles locaux. Si personne n’a de compétence sur place, l’évaluation du risque
peut être réalisée différemment, par exemple par téléphone, par radio ou tout autre moyen de
communication à distance faisant intervenir une personne ou un service agréé identifié dans le protocole.
Il faut toujours évaluer le risque le plus tôt possible. Si on considère que le risque est significatif, la
PPE peut être démarrée au cours des 72 heures qui suivent l’exposition (encadré 11). S’il s’avère que,
pour une raison ou pour une autre, l’évaluation du risque ne peut être réalisée dans la limite des
72 heures suivant l’exposition, la première dose de PPE peut être donnée immédiatement par mesure
de précaution. Toutefois, si une évaluation ultérieure détermine qu’il ne s’agit pas d’une exposition
significative, la PPE devra être interrompue.
Même si l’exposition n’est pas considérée comme significative pour la transmission du VIH, une intervention
rapide – comprenant l’évaluation et la communication du risque – peut soulager de façon importante la
détresse psychologique et l’anxiété du travailleur. Certains facteurs relevant de l’évaluation du risque sont
présentés dans le tableau 4. Toutes les expositions professionnelles n’impliquent pas un même risque de
transmission de l’infection à VIH (encadré 12). Certains types d’exposition sont indiscutablement à haut
risque, par exemple une piqûre entraînant un saignement spontané chez la personne piquée par aiguille
41
creuse de gros diamètre, immédiatement après son utilisation lors d’un prélèvement de sang veineux ou
artériel chez une personne dont on sait qu’elle est séropositive. D’autres types d’exposition ne présentent
en revanche qu’un faible risque de transmission comme l’exposition à un liquide organique non sanguin,
ou l’exposition par projection sur des membranes non muqueuses ou encore des lésions superficielles
n’entraînant pas de saignement. On considère habituellement que certains types de contact avec le sang
ou des liquides organiques ne constituent pas une exposition, par exemple quand celui-ci se produit sur
une peau intacte(voir aussi sous-chapitre 3.1.3).
On considère généralement que la probabilité d’être infecté par le VIH après une exposition
percutanée (à travers la peau) à du sang dont on sait qu’il est infecté par le VIH est d’environ 0,3 %.
Cependant, ce chiffre provient d’études menées dans les pays développés où la prévalence du VIH
est faible. Il ne s’applique pas nécessairement aux pays dans lesquels la prévalence est plus élevée
ou aux pays aux ressources limitées ou la réutilisation de matériaux et d’équipements médicaux est
plus fréquente et où les l’ensemble des normes en matière de sécurité sont moins élevées.
Entre ces extrêmes, certains types d’exposition entraînent sur le plan épidémiologique un risque faible
de transmission du VIH. À partir de ces probabilités de risque d’infection, on ne peut malheureusement
pas établir de classification standard permettant de déterminer le niveau de risque à partir duquel la
PPE devrait être donnée et qui s’appliquerait à toutes les situations. Un type d’exposition qui ne serait
pas considéré comme entraînant un risque « significatif » dans une zone à faible prévalence peut être
considéré comme « significatif » dans une région ou un sous-groupe de population où la prévalence est
élevée et/ou un grand nombre de cas d’infection sont identifiés tardivement ce qui implique que la
personne source est plus susceptible d’avoir une infection au VIH non encore diagnostiquée mais déjà
à un stade avancé, ce qui augmente le risque de transmission de l’infection à VIH.
43
place. Si la personne source est réticente au consentement, l’option d’effectuer le test sans lui en
donner le résultat peut être proposée. Quel que soit le lieu de travail, il est nécessaire d’obtenir un
consentement avant de tester toute personne source. Le travailleur exposé ne doit pas être impliqué
dans le processus d’obtention du consentement de la personne source pour le test VIH.
Si la personne source peut être testée et consent au test une fois la PPE démarrée, il faut prendre en
compte le résultat du test pour décider si la PPE doit être poursuivie. Même si la recherche d’anticorps VIH
de la personne source s’avère négative au moment de l’incident d’exposition, il faut évaluer la probabilité
que la personne source se trouve dans la fenêtre sérologique avant de décider d’interrompre la PPE.
Si le statut VIH de la personne source n’est pas connu au moment de l’exposition, la décision d’utiliser
ou non la PPE doit être prise au cas par cas, après avoir pris en compte le type d’exposition et la
probabilité clinique et/ou épidémiologique que la personne source soit infectée par le VIH. Dans ces
circonstances, quand la sévérité de l’exposition l’indique, les précautions standard préconisent
toutefois de considérer toute personne source comme potentiellement infectée par le VIH et de
démarrer la PPE. Quand le test rapide n’est pas disponible et que la personne source pourrait être
séropositive, l’attente du résultat de son test ne doit pas retarder le début de la PPE ; la PPE doit alors
être donnée si l’exposition est jugée significative.
Tous les travailleurs doivent connaître quels services de PPE sont disponibles à leur usage. Afin de
préserver l’intimité et la confidentialité, ils doivent pouvoir, s’ils le souhaitent, accéder à ces services
en dehors de leur lieu de travail.
Pour un certain nombre de raisons, le test VIH peut ne pas être réalisable au travail immédiatement après
l’exposition. Par exemple, l’exposition peut avoir lieu en dehors des heures habituelles de travail ou dans
un endroit où le test VIH et le conseil avant le test ne sont pas facilement disponibles. D’autre part, du fait
de l’anxiété, il peut arriver qu’un travailleur ne se sente pas capable de donner un consentement éclairé
pour le test immédiatement après l’incident d’exposition. En raison de son importance pour la personne
exposée, le test VIH doit alors être proposé dès que les conditions le permettent, dans le respect de la
confidentialité du patient et d’un consentement éclairé, avec le soutien d’un conseil avant et après le test.
Si nécessaire, le test initial du VIH pourra être réalisé jusqu’à plusieurs jours après l’exposition. Par exemple,
i Le sous-chapitre 3.3.1 indique les schémas prophylactiques recommandés pour la PPE et associant deux ou trois
antirétroviraux.
Le fait que le test VIH et le conseil ne sont pas disponibles dans l’immédiat ne doit jamais retarder le
démarrage de la PPE.
Bien que le test VIH initial puisse être une condition préalable nécessaire aux travailleurs souhaitant
réclamer une compensation, il ne doit pas être exigé pour recevoir la PPE. Les travailleurs exposés
doivent être encouragés à connaître leur statut VIH et à effectuer le test, mais il faut distinguer ce
processus du démarrage de la PPE, qui est une mesure d’urgence. Si le travailleur exposé est
séropositif, l’avantage du test VIH est qu’il lui évite d’être exposé à une prophylaxie complète de
28 jours associant deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse, ce qui pourrait limiter
l’efficacité de ces antirétroviraux le jour où le traitement antirétroviral lui deviendra nécessaire ; il
donne aussi à cette personne l’opportunité de recevoir une prise en charge appropriée et un traitement
antirétroviral, si il en a besoin.
Le fait de proposer le test VIH et le conseil sur le lieu de travail est également une précieuse opportunité
pour fournir aux travailleurs exposés un conseil sur le risque d’être infecté par le VIH en dehors du
cadre professionnel. Ne pas fournir ces services de conseil constitue une occasion manquée de
renforcer la prévention chez une personne potentiellement séronégative. De même, ne pas
diagnostiquer une infection à VIH préexistante chez un travailleur signifie que celui-ci, passera à côté
de la possibilité de bénéficier d’une prise en charge médicale appropriée, et de recevoir des
informations sur les moyens de réduire toute transmission ultérieure.
Dans le cadre du travail, (outre ce qui doit être couvert de façon normale par le conseil avant le test,
voir sous-chapitre 3.5.1), le conseil avant le test doit aborder les incidences juridiques du diagnostique
du VIH et la révélation du statut (y compris les questions de pratique professionnelle), tout risque pris
par le passé de contracter le VIH – que ce soit au travail ou en dehors du cadre professionnel –, tout
problème spécifique au travail et relevant des pratiques de sécurité. Si, après évaluation, l’exposition
est catégorisée comme significative, le travailleur devra recevoir un conseil sur les pratiques sans
risque (notamment sur la sexualité sans risque) et des conduites à tenir sur le sujet jusqu’à ce que son
statut séronégatif soit confirmé. Ceci doit être effectué indépendamment de l’offre de PPE, que celle-
ci soit acceptée ou non. Si cela est approprié, on peut également fournir des préservatifs et des
contraceptifs lors du conseil. Les travailleurs exposés doivent être avertis de ne partager ni aiguilles
ni seringues, de ne pas donner leur sang ou tissus, et de ne pas allaiter s’il existe des alternatives
sûres à l’allaitement maternel exclusif.
La confidentialité doit être maintenue, à moins que le travailleur choisisse de révéler son exposition.
Dans ce cas, comme la famille du travailleur, ses partenaires et ses collègues peuvent s’inquiéter d’un
risque de transmission du VIH, on doit aussi offrir des informations et un soutien à ces groupes de
personnes. En raison de la nature sensible des informations discutées au cours de l’évaluation du
risque suivant un incident d’exposition, on doit aussi proposer aux travailleurs l’option de recevoir le
conseil et le test sanguin en dehors du lieu de travail.
4.3.6 Suivi
Tout travailleur ayant pu être exposé au VIH doit se voir proposer un suivi absolument confidentiel et
de préférence coordonné par un professionnel, par exemple un[e] médecin ou un[e] infirmier[ère] du
travail ou un responsable de la lutte contre les infections. Cette personne pourra être responsable de
45
la coordination des résultats des tests sanguins, de l’organisation du conseil après le test et de
rappeler au travailleur les prochaines dates pour les tests sanguins de suivi. Cette personne devra
également s’assurer que tous les formulaires et toutes le rapports, y compris le signalement de
l’incident d’exposition, ont été soit remplis, et que toute la documentation relative à chaque incident
est conservée de manière confidentielle.
Un rapport doit être établi pour chaque incident d’exposition. Son but est de permettre de passer en
revue les données en matière de santé et de sécurité, ainsi que les demandes d’indemnisation le cas
échéant. Il est tout aussi important de passer en revue les aspects en rapport avec la médecine du
travail et la sécurité liés à l’incident d’exposition, cela permettra de revoir et – le cas échéant – modifier
les pratiques ou équipements à risque.
47
5. PROPHYLAXIE POST-EXPOSITION POUR LES VICTIMES D’AGRESSION
SEXUELLE : QUESTIONS DE POLITIQUE ET PRISE EN CHARGE MÉDICALE
5.1 Contexte
Pour élargir l’utilisation de la PPE aux les victimes d’agression sexuelle, il faut souvent pouvoir relever
des défis particuliers, tels :
• l’ évaluation du risque VIH (et un conseil spécifique en matière de VIH et de PPE) dans le
contexte d’un traumatisme ;
• la nécessité de fournir des services complets pour le traitement et la prise en charge des
victimes d’agression sexuelle ;
• un manque de services spécifiques pour les victimes d’agression sexuelle ;
• un personnel insuffisamment formé ou surchargé ;
• un manque de disponibilité de services de test VIH et de conseil ;
• une méconnaissance de la PPE au sein de la police, des prestataires de santé et des autres
prestataires de service qui interviennent en première ligne (tels que les enseignants ou les
conseillers qui gèrent les cas de violence domestique ou sexuelle ainsi que les abus sexuels
sur enfants) ; et
• une sous information des patients et des communautés, ainsi que des difficultés pour assurer
le suivi souvent dues à des problèmes de transport.
5.2.1 Les politiques de prise en charge des victimes d’agression sexuelle doivent
inclure la prophylaxie post-exposition au VIH
La PPE pour les victimes d’agression sexuelle ne doivent pas être mise en place de façon indépendante:
autant que possible, il faut faire en sorte qu’elle entre dans le cadre des programmes et des services
existants de prévention et de traitement du VIH pour les victimes d’agression sexuelle. Idéalement, les
services de PPE doivent être conçus comme un élément de programmes offrant un éventail complet
de services aux victimes d’agression sexuelle, notamment les services sociaux, les services de soins
de santé, les services juridiques. Ceci est en accord avec les « Recommandations pour la prise en
charge médicolégale des victimes d’agression sexuelle » (Guidelines for médico-légal care for victims
of sexual violence)16 et le document «Gestion clinique des victimes de viol. Guide pour le développement
de protocoles à adopter avec les réfugiés et les personnes déplacées»17.
Les institutions qui prennent en charge les victimes d’agression sexuelle doivent dès lors songer à
élaborer des politiques qui incluent l’offre de PPE, en particulier dans les zones à forte prévalence de
l’infection à VIH. Dans les structures où il n’existe pas de services dédiés aux victimes d’agression
sexuelle, il est recommandé de développer au sein des services obstétriques et pédiatriques les
compétences pour gérer la prise en charge des victimes d’agression sexuelle.
Les centres de soins appropriés pour initier la prise en charge et réaliser le suivi, doivent être identifiés.
Les options sont les suivantes :
Les protocoles locaux doivent permettre que la PPE soit initiée au niveau du centre de district (avec la
fourniture d’un kit de démarrage), avec par la suite et si nécessaire une orientation vers une institution
du niveau tertiaire pour l’évaluation complète du risque et la prise en charge médicale. Lors du suivi,
les soins et le soutien peuvent être proposés dans des structures de santé adéquates, de préférence
aussi près que possible de la communauté locale, pour autant que la personne ne doive pas d’être
évacuée ou protégée pour des raisons de sécurité.
Recourir à des systèmes centralisés et décentralisés de prise en charge et de soutien pour les victimes
d’agression sexuelle, présente des avantages et inconvénients. De nombreux experts recommandent
que les soins de suivi soient fournis au domicile même de la personne ou à proximité. Des visites à
domicile peuvent influencer favorablement l’observance. Ils peuvent cependant être très coûteux.
La PPE ou tout autre service (que ce soit à la charge du gouvernement ou d’un organisme) après une
agression sexuelle, ne doit jamais être conditionné au signalement de cette agression.
Il revient aux victimes d’agression sexuelle de décider si elles se rendent à la police pour signaler
l’agression et poursuivre son auteur présumé. Même si les victimes d’agression sexuelle doivent être
encouragées à signaler l’agression et être soutenues dans leur démarche, elles ne doivent pas y être
contraintes. Cela ne doit jamais être un préalable pour recevoir la PPE. De même, les personnes
doivent pouvoir signaler l’agression sexuelle et recevoir le traitement et la prise en charge sans avoir
nécessairement à porter plainte.
Les victimes d’agression sexuelle doivent souvent parler de leur agression à de nombreux prestataires
de services qu’elles rencontrent. Il faut en minimiser le nombre autant que faire se peut. Il est très
important d’assurer la confidentialité à chaque signalement d’agression.
Dans la mesure du possible, il faut obtenir un consentement éclairé de la personne qui s’occupe de
l’enfant. De même, des stratégies appropriées de soutien doivent être mises en place pour aider
l’enfant et les personnes qui s’en occupent à observer la PPE. On peut se référer aux recommandations
de l’OMS (Traitement antirétroviral de l’infection à VIH du nourrisson et de l’enfant en situation de
ressources limitées: vers un accès universel – Recommandations pour une approche de santé
publique19) pour connaître les doses appropriées des médicaments à utiliser pour la PPE chez
l’enfant.
Les personnes réfugiées ou déplacées peuvent, en raison du contexte particulier, avoir des besoins
spécifiques. l. Les préoccupations essentielles sont liées à prévalence de la violence sexuelle qui
peut être relativement élevée – en particulier quand la violence sexuelle est employée comme arme
de guerre –le manque de laboratoires (ce qui limite la possibilité de faire le test VIH). Quand les
49
réfugiés et les personnes déplacées ne vivent pas dans des camps, il faut prendre en considération
les difficultés pour les identifier, leur offrir un suivi avec prise en charge et soutien, et le besoin de les
protéger de tout danger supplémentaire. Dans le document de l’OMS et du UNHCR intitulé «Gestion
clinique des victimes de viol. Guide pour le développement de protocoles à adopter avec les réfugiés
et les personnes déplacées»20, on pourra trouver un ensemble de conduites à tenir pour une prise en
charge appropriée des victimes d’agression sexuelle, notamment en matière de PPE.
Les éléments fondamentaux des services de PPE sont énoncés dans le chapitre 2 des présentes
recommandations (voir sous-chapitre 2.4.2). En cas d’agression sexuelle, la PPE doit toutefois être
intégrée à l’éventail complet de services nécessaires aux victimes d’agression sexuelle. Cela inclut un
conseil en matière de grossesse (ainsi qu’une contraception d’urgence et l’accès à des voies légales
d’avortement quand les lois le permettent); un test initial de grossesse puis le suivi de celle-ci ; une
prophylaxie et une prise en charge des infections sexuellement transmissibles ; un conseil pour gérer
la crise initiale, le post-traumatisme et réduire les risques inhérents.
En cas d’agression sexuelle, l’offre de PPE est souvent considérée comme la dernière étape d’un très
long processus qui passe par le signalement à la police, la collecte des informations sur les
antécédents médicaux, un examen clinique et la recherche de preuves médico-légales, des tests
biologiques et un test VIH ainsi que des sessions de conseil. Cependant, l’éventail complet de
services est rarement en place. Quand existent déjà des services pour les victimes d’agression
sexuelle (ou lorsqu’ils sont en cours de développement), il peut être nécessaire de revoir les protocoles
de traitement afin de garantir que la première dose de PPE soit fournie le plus tôt possible (voir sous-
chapitre 5.3.1).
Idéalement, pour garantir au mieux la confidentialité, les victimes d’agression sexuelle doivent être
vues et traitées dans une pièce isolée. Le dossier du (de la) patient(e) ainsi que les formulaires servant
à documenter l’agression doivent inclure des informations démographiques, des détails sur l’agression
sexuelle, l’exposition potentielle au VIH, son état de santé général et son état de santé mentale, le
résultat d’un éventuel test de grossesse, la description des lésions, les autres risques possibles
d’exposition au VIH ainsi que tout symptôme éventuel, ou informations permettant d’ identifier cette
personne et son orientation éventuelle vers d’autres services (pour plus de détails, voir Gestion
clinique des victimes de viol. Guide pour le développement de protocoles à adopter avec les réfugiés
et les personnes déplacées). La date et l’heure de prise de la première dose de PPE doivent être
notées sur la feuille de dispensation des médicaments. Tous les documents doivent être conservés
dans un endroit sûr fermé à clé.
Le risque d’être infecté par le VIH lors d’une seule relation sexuelle vaginale passive avec
consentement mutuel est estimé être de 0,1 % (1 cas pour 1000) à moins de 1 % (1 cas pour 100).
Lors d’une seule relation sexuelle anale passive avec consentement mutuel, le risque estimé
d’être infecté par le VIH se situe entre 1 % et 5 % (de 1 à 5 cas pour 100).
Comme cela est répété dans ces recommandations, la PPE est plus efficace quand elle est donnée
dans les heures qui suivent l’exposition et pas plus tard que 72 heures après. Normalement, les
victimes d’agression sexuelle qui se présentent plus de 72 heures après l’agression ne doivent pas
être jugées éligibles pour la PPE. En cas d’agressions sexuelles répétées sur plusieurs heures ou
plusieurs jours, la limite de 72 heures doit cependant s’appliquer à la plus récente exposition
potentielle (encadré 14).
51
Encadré 14. Critères d’éligibilité recommandés pour la prophylaxie post-
exposition chez les victimes d’agression sexuelle
Si le statut VIH de la personne source n’est pas connu, il est généralement recommandé d’offrir la PPE
après une agression sexuelle quand l’exposition a été significative. Pour évaluer le risque, on doit
prendre en compte le taux d’infection à VIH dans la population générale ou dans les groupes
spécifiques vulnérables.
Quand cela est possible, et sur la base des protocoles standard et du consentement éclairé, il est
fortement recommandé de faire un test VIH de la personne source.
Les victimes d’agression sexuelle doivent donner un consentement distinct pour le recueil de prélèvements
médico-légaux, le test au VIH et la PPE. Si le test VIH et/ou des examens sanguins sont nécessaires, ceci
devra avoir été clairement expliqué lorsque l’on demande le consentement pour la PPE.
Semblable aux protocoles pour d’autres procédures d’urgence ou situations d’urgence, certaines
juridictions permettent à un officiel désigné – comme le directeur de l’hôpital – de donner son
consentement afin de démarrer la PPE quand le consentement ne peut pas être obtenu immédiatement.
On peut encore proposer une PPE à une femme qui se présente enceinte à la première visite (voir
aussi sous-chapitre 3.3.1). D’autre part, il faut proposer une contraception d’urgence aux femmes qui
ne sont pas enceintes lorsqu’elles se présentent la première fois. Une contraception d’urgence peut
être donnée jusqu’à 120 heures (5 jours) après une agression sexuelle.
Il faut avertir les mères qui allaitent que le risque de transmettre le virus à l’enfant par l’allaitement est
élevé si elles sont infectées par le VIH suite à l’exposition (du fait de la charge virale élevée lors du
stade de primo-infection au VIH). On doit proposer un conseil approprié se basant sur l’allaitement
maternel exclusif et discuter des alternatives à l’allaitement, quand celles-ci sont acceptables,
réalisables, financièrement abordables, sûres et durables.
5.3.5 Prise en charge des enfants après une agression sexuelle : considérations
particulières
Toutes les actions concernant les enfants doivent toujours être menées pour servir au mieux l’intérêt
de ceux-ci, qu’elles soient entreprises par les institution privées ou publiques de protection sociale,
les tribunaux, les autorités administratives ou les organes législatifs. Les protocoles régissant le
signalement des cas d’abus sexuels sur enfants doivent être en adéquation avec les lois nationales.
Si cela est possible, il faut obtenir un consentement éclairé de la personne qui s’occupe de l’enfant.
On peut se référer aux recommandations de l’OMS (Traitement antirétroviral de l’infection à VIH du
nourrisson et de l’enfant en situation de ressources limitées : vers un accès universel – Recommandations
pour une approche de santé publique) pour connaître les doses appropriées des médicaments à
utiliser pour la PPE chez l’enfant.
5.3.6 Suivi
Les problèmes liés aux effets secondaires des médicaments utilisés pour la PPE, à l’observance, aux
besoins liés aux problèmes de santé mentale et à l’orientation vers d’autres services doivent être
53
abordés au cours d’une série de visites de suivi pendant lesquelles on doit également rechercher et
traiter les éventuels signes cliniques et symptômes d’infections sexuellement transmissibles. La
prophylaxie des infections sexuellement transmissibles et la PPE pour l’infection à l’hépatite B doivent
être envisagées (encadré 15).
• Le risque estimé d’être infecté par le VIH lors d’une seule relation sexuelle vaginale
passive avec consentement mutuel se situe entre 0,1 % (1 cas pour 1000) et moins de 1 %
(1 cas pour 100). Lors d’une seule relation sexuelle anale passive avec consentement
mutuel, il se situe entre 1 % et 5 % (de 1 à 5 cas pour 100). Le risque peut être plus élevé
en cas d’agression sexuelle, en particulier quand il y a traumatisme ou viols à répétition.
• Tous les pays doivent avoir une politique sur les services à offrir aux victimes d’agression
sexuelle. Lorsque les ressources disponibles sont suffisantes, ces politiques doivent
inclure la PPE.
• Sont éligibles pour la PPE les victimes d’agression sexuelle qui ont été exposées via une
relation sexuelle vaginale ou anale passive ou s’il y a eu contact de leur peau lésée ou
d’une de leur muqueuse avec du sang ou du sperme de la personne source, pour autant
qu’ils se présentent dans les 72 heures après l’exposition.
• La PPE doit être proposée dans le cadre d’une offre intégrée de services de prise en
charge post-agression sexuelle et de prévention du VIH.
• Le signalementd’une agression sexuelle ne doit pas être une condition pour recevoir la
PPE ou tout autre service post-agression sexuelle.
• S’il est recommandé, le test VIH ne doit jamais être obligatoire ni un préalable pour
recevoir la PPE.
• Il est essentiel d’assurer la confidentialité.
• Il faut identifier des lieux de soins appropriés pour initier la prise en charge et réaliser le
suivi.
• Des compétences particulières et l’expertise de spécialistes du conseil sont nécessaires
pour offrir des services de PPE aux victimes d’agression sexuelle, en particulier aux
enfants.
• Les questions de consentement éclairé et de dosage approprié des médicaments font
partie des considérations spécifiques lors de la prise en charge d’enfants victimes d’abus
sexuels.
• Il faut toujours servir au mieux l’intérêt de l’enfant.
Les effets secondaires, l’observance, les problèmes de santé mentale et les besoins
d’orientation vers d’autres services doivent faire l’objet d’un suivi et être abordés au cours d’une
série de visites de suivi. Il faut encourager la victime à faire un nouveau test VIH et à recevoir un
nouveau conseil 2 à 4 mois puis 4 à 6 mois après l’exposition.
55
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2 novembre 2007).
• Organisation internationale du Travail. Technical and ethical guidelines for workers’ health
surveillance. Geneva, International Labour Organization, 1998 (http://www.ilo.org/public/
english/protection/safework/health/whsguide.htm, consulté le 2 novembre 2007).
• Organisation mondiale de la Santé. Directives conjointes OIT/OMS sur les services de santé et
le VIH/SIDA. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2005 (http://www.who.int/hiv/pub/
prev_care/healthservices/en/index.html, consulté le 2 novembre 2007).
61
ANNEXE 1
FORMATIONS REQUISES
Pour tous les travailleurs, des informations de base sur le VIH et la PPE doivent être intégrées dans les
formations faites dans le cadre du travail et, si possible, dans les campagnes publiques d’éducation.
Au minimum, ces formations de base doivent permettre de comprendre:
• comment le VIH se transmet ;
• comment minimiser les risques de transmission du VIH ; et
• et de prendre conscience de l’existence de la PPE et qu’il est possible d’y avoir accès.
Selon leur profession ou spécialisation, les personnes doivent recevoir une formation de base portant
sur les différents éléments présentés dans le tableau ci-dessous.
Représentants des Contenu et modalités de suivi des politiques sur le VIH et la PPE
travailleurs au travail
Informations sur l’éligibilité et la disponibilité des services de PPE,
sur les moyens d’y avoir accès et d’y référer des personnes
Stratégies pour prévenir ou gérer le stigma et la discrimination au
travail, et pour offrir des services de PPE aux travailleurs et aux
victimes d’agression sexuelle sans porter de jugement à leur égard
Stratégies pour que les informations concernant les travailleurs
demeurent confidentielles
Comment s’assurer la sécurité du lieu de travail
Personnes responsables Contenu et modalités de suivi des politiques sur le VIH et la PPE
de la médecine du travail et au travail
de la sécurité au travail Comment réaliser les premiers soins après une exposition
professionnelle
Informations sur l’éligibilité et la disponibilité des services de la
PPE et sur les moyens d’y accéder et d’y référer des personnes
Comment réaliser une évaluation du risque de la transmission du
VIH et déterminer l’éligibilité pour la PPE
Stratégies pour que les informations concernant les travailleurs
demeurent confidentielles
Les protocoles de contrôle de l’infection s’appliquant au pour le
lieu de travail, tels que les précautions standard (universelles) et
l’utilisation d’un matériel personnel de protection
Comment évaluer l’environnement au travail et conserver des
pratiques et des conditions de travail sûres
Signalement des incidents d’exposition et conservation
confidentielle des données
63
Formation des prestataires de services
Il est fondamental de garantir l’intégration de la gestion de la PPE dans le cursus d’enseignement et
de formation des agents de santé. Une formation continue des agents de santé doit être organisée
régulièrement, et prendre en compte le résultat du suivi et de l’évaluation du programme. Elle comporte
les points qui suivent.
65
ANNEXE 2
MODÈLES DE TEXTES POUR LES PRESTATAIRES DE SOINS
Il peut s’avérer difficile de communiquer certains concepts des présentes recommandations à des
personnes qui ont été potentiellement exposées au VIH et qui peuvent dès lors être éligibles à la PPE.
On trouvera ci-dessous des modèles de textes, qui ont pour but d’assister le prestataire de soins dans
cette tâche. Il est rappelé aux utilisateurs de ces recommandations que ces modèles sont conçus
pour être adaptés afin de convenir aux circonstances individuelles et locales, notamment au niveau
d’alphabétisation et de langage, aux facteurs culturels et à la disponibilité des services auxquels ils
font référence.
Risque d’infection
Pouvez-vous me dire comment attrape-t-on, selon vous, l’infection à VIH ?
[Celui ou celle qui conduit l’entretien peut alors corriger toute opinion erronée que la personne peut
avoir.]
La plupart des personnes qui ne sont exposées qu’une seule fois au VIH n’attrapent pas cette
infection. L’infection au VIH ne se transmet que par le contact avec du sang, ou autre liquides
organiques d’une personne infectée avec des muqueuses ou une peau abimée ou transpercée, lors
d’une piqure ou blessure.
Avec le VIH, le virus peut entrer dans votre corps quand vous vous piquez avec une aiguille ou vous
blessez avec un outil tranchant qui porte du sang d’une personne infectée, quand vous recevez une
projection dans l’œil ou la bouche, mais il ne pénètre pas toujours dans le système sanguin. La plupart
du temps, votre corps combat et tue le virus avant que cela ne se produise. Et donc, bien que vous ayez
été exposé au VIH, vous n’êtes pas infecté. Cependant, si votre corps n’arrive pas à tuer le virus et que
celui-ci pénètre dans votre système sanguin, vous serez alors infecté par le VIH. C’est dans ce dernier
cas seulement que le test VIH deviendra positif ; ce qui peut prendre jusqu’à six mois après l’exposition
Le corps est très compétent pour combattre le virus du VIH. Même si la personne avec laquelle vous
avez eu un contact était vraiment infectée par le VIH, la chance – ou le risque – d’être infecté par le VIH
après une piqûre d’aiguille ou une projection dans l’œil ou dans la bouche est très faible. Le risque
d’être infecté par une personne connue pour être séropositive est estimé à environ 3 pour 1000 (0,3 %)
en cas de blessure par un objet perforant ou tranchant, et même moins – 1 pour 1000 (0,1 %) – en cas
de projection sur une muqueuse. Cela veut dire que pour 1000 personnes entrant en contact avec le
sang d’une personne infectée par le VIH, seules 2 ou 3 deviendront à leur tour infectées.
Le risque est légèrement plus élevé pour certains types d’exposition, comme par exemple en cas de
piqûre avec une aiguille creuse souillée de façon visible par du sang ou si l’aiguille a pénétré dans une
artère ou une veine d’une personne source qui a une charge virale élevée (c’est-à-dire qu’elle est très
malade).
La bonne nouvelle est que, dans tous ces cas, le risque que vous soyez infecté par le VIH est
relativement faible. Si vous décidez que vous souhaitez la prendre, la prophylaxie post-exposition,
peut encore aider à diminuer ce risque.
[Celui ou celle qui conduit l’entretien peut alors corriger toute opinion erronée que la personne peut
avoir.]
Ce médicament a été utilisé dans différentes situations où une personne a été exposée au VIH. Par
exemple, il a été donné à des agents de santé qui se sont accidentellement piqués avec une aiguille
en faisant leur travail auprès d’une personne infectée par le VIH. Il a aussi été utilisé pour aider à
prévenir la transmission du VIH des femmes enceintes à leurs bébés. Il fonctionne en aidant le corps
à combattre le virus et en l’empêchant de pénétrer dans le système sanguin de la personne de telle
façon qu’elle ne soit pas infectée. C’est pourquoi nous vous le proposons, si vous souhaitez le
prendre. Tous ceux qui ont pris ce médicament n’ont pas été protégés, mais la recherche a montré
qu’il réduit considérablement le risque d’être infecté par le VIH après une exposition.
Pour vous aider à décider si vous souhaitez prendre ou non ce médicament, je voudrais vous donner
quelques informations sur la prophylaxie post-exposition.
Vous devrez prendre un comprimé matin et soir pendant 28 jours. Pour que la prophylaxie post-
exposition fonctionne, il est important que vous preniez un comprimé deux fois par jour, une fois le
matin et une fois le soir. [À adapter en fonction des instructions spécifiques de dosage.]
La moitié environ des personnes qui prennent ce médicament présentent des effets secondaires. Les
effets secondaires sont des symptômes indésirables que vous pouvez ressentir en prenant un traitement
sensé vous aider (par exemple, un comprimé que vous prenez pour chasser un mal de tête et qui vous
donne des brûlures d’estomac). Dans le cadre de la prophylaxie post-exposition, les effets secondaires
comprennent les nausées, la fatigue et les maux de tête [à modifier selon la prophylaxie post-exposition
utilisée]. Les effets secondaires diminuent ou disparaissent souvent après quelques jours, sauf chez
certaines personnes. Vous devez peser les avantages possibles – c’est-à-dire que le traitement peut aider
votre corps à combattre le VIH et à vous prévenir de l’infection – et les risques possibles – c’est-à-dire que
vous pouvez avoir des effets secondaires. Nous ne sommes pas certains que la prise de prophylaxie post-
exposition signifie que vous ne serez pas infecté par le VIH, mais nous pensons que cela y aidera.
Pour avoir tous les avantages de la prophylaxie post-exposition, vous devez prendre les comprimés au
bon moment de la journée et pendant 28 jours. Si vous changez d’avis ou si vous ressentez des effets
secondaires trop désagréables, vous pourrez arrêter de les prendre à tout moment. Il est toutefois
préférable que vous me contactiez avant d’arrêter de les prendre, ou que vous contactiez [donnez le nom
d’une personne appropriée], au cas où l’on puisse vous aider ou s’il y a des choses que je ne vous aurais
pas clairement expliquées et qui font que vous ne savez pas si vous voulez arrêter ou non de prendre ce
médicament. Si vous décidez de prendre le médicament, vous devez commencer immédiatement.
[Si la personne est enceinte ou s’il existe une possibilité de grossesse :] Certains types de médicaments
pour la prophylaxie post-exposition peuvent être utilisés sans danger au cours de la grossesse.
Certes, vous ne voudriez pas exposer votre bébé à un traitement inutile, mais si vous êtes infectée par
le VIH pendant votre grossesse votre bébé courra le risque d’être aussi infecté.
Pouvez-vous me dire ce que vous pensez de tout cela ? Avez-vous des questions à me poser sur la
prophylaxie post-exposition ?
67
Texte 2 : Expliquer l’exposition au VIH, le risque de transmission et comment la
prophylaxie post-exposition peut aider à prévenir l’infection après une
agression sexuelle
Je voudrais parler avec vous pendant quelques minutes du VIH et du médicament qui peut aider à
prévenir l’infection à VIH et que nous appelons « prophylaxie post-exposition ».
Risque d’infection
Pouvez-vous me dire comment attrape-t-on, selon vous, l’infection à VIH ?
[Celui ou celle qui conduit l’entretien peut alors corriger toute opinion erronée que la personne peut
avoir.]
La plupart des personnes qui ne sont exposées qu’une seule fois au VIH n’attrapent pas cette
infection. L’infection au VIH ne se transmet que par le contact avec du sang, ou autre liquides
organiques d’une personne infectée avec des muqueuses ou une peau abimée ou transpercée, lors
d’une piqure ou blessure ou en cas de relation sexuelle sans protection.
Après un rapport sexuel avec quelqu’un qui est infecté par le VIH, le virus ne pénètre pas toujours
dans le système sanguin. La plupart du temps, votre corps combat et tue le virus avant que cela ne
se produise. Et donc, bien que vous ayez été exposé au VIH, vous n’êtes pas infecté. Mais si votre
corps n’arrive pas à tuer le virus et que celui-ci pénètre dans votre système sanguin, vous serez alors
infecté par le VIH. C’est dans ce dernier cas seulement que le test VIH deviendra positif ; ce qui peut
prendre six mois après l’exposition.
Le corps est très capable de combattre le virus du VIH. Très peu de personnes sont en réalité infectées
par le VIH après avoir été victimes d’un viol. De nombreuses personnes sont exposées au VIH du fait
d’un rapport non protégé ou d’un viol ; même lorsqu’il est certain que le partenaire sexuel est
séropositif au VIH, la chance – ou le risque – d’être infecté par le VIH demeure très faible.
• entre 1 pour 1000 (0,1 %) ou même moins en cas de relation sexuelle vaginale passive ; et
• entre 1 et 3 pour 100 (1 à 3 %) en cas de relation sexuelle anale passive.
En cas de relation sexuelle orale passive avec éjaculation, la transmission est très rare mais peut se
produire.
Le risque est accru en cas de lésion visible, si vous-même ou l’auteur de l’agression a une quelconque
infection sexuellement transmissible ou si vous avez été violé(e) par plusieurs personnes. Les
adolescentes présentant une ectopie cervicale sont aussi à risque légèrement plus élevé.
[À adapter en fonction des circonstances spécifiques – les données ci-dessus font référence à un
rapport non protégé avec une personne connue comme séropositive au VIH.]
La bonne nouvelle est donc que votre risque de contracter l’infection est relativement faible. Et si vous
décidez de la prendre la prophylaxie post-exposition peut encore diminuer davantage votre risque de
contracter l’infection au VIH.
Ce traitement a été utilisé dans différentes situations où la personne a été exposée au VIH. Par exemple, il
a été donné à des agents de santé qui se sont accidentellement piqués avec une aiguille en faisant leur
travail auprès d’une personne infectée par le VIH. Il a aussi été utilisé pour aider à prévenir la transmission
du VIH des femmes enceintes à leurs bébés. Il fonctionne en aidant le corps à combattre le virus et en
l’empêchant de pénétrer dans le système sanguin de la personne de telle façon qu’elle n’est pas infectée.
Dans votre cas, nous ne sommes pas absolument certains que le médicament fonctionne de la même
façon qu’en cas d’exposition professionnelle, mais nous l’espérons. C’est pourquoi nous vous le proposons,
si vous souhaitez le prendre. Tous ceux qui ont pris ce médicament n’ont pas été protégés, mais la recherche
a montré qu’il réduit considérablement le risque d’être infecté par le VIH après une exposition.
Pour vous aider à décider si vous souhaitez prendre ou non ce médicament, je voudrais vous donner
quelques informations sur la prophylaxie post-exposition.
Vous devrez prendre un comprimé matin et soir pendant 28 jours. Pour que la prophylaxie post-
exposition fonctionne, il est important que vous preniez un comprimé deux fois par jour, une fois le
matin et une fois le soir. [À adapter en fonction des instructions spécifiques de dosage.]
La moitié environ des personnes qui prennent ce médicament présentent des effets secondaires. Les
effets secondaires sont des symptômes indésirables que vous pouvez ressentir en prenant un traitement
sensé vous aider (par exemple, un comprimé que vous prenez pour chasser un mal de tête et qui vous
donne des brûlures d’estomac). Dans le cadre de la prophylaxie post-exposition, les effets secondaires
comprennent les nausées, la fatigue et les maux de tête [à modifier selon la prophylaxie post-exposition
utilisée]. Les effets secondaires diminuent ou disparaissent souvent après quelques jours, sauf chez
certaines personnes. Vous devez peser les avantages possibles – c’est-à-dire que le traitement peut aider
votre corps à combattre le VIH et à vous prévenir de l’infection – et les risques possibles – c’est-à-dire que
vous pouvez avoir des effets secondaires. Nous ne sommes pas certains que la prise de prophylaxie post-
exposition signifie que vous ne serez pas infecté par le VIH, mais nous pensons que cela y aidera.
Pour avoir tous les avantages de la prophylaxie post-exposition, vous devez prendre les comprimés au
bon moment de la journée et pendant 28 jours. Si vous changez d’avis ou si vous ressentez des effets
secondaires trop désagréables, vous pourrez arrêter de les prendre à tout moment. Il est toutefois
préférable que vous me contactiez avant d’arrêter de les prendre, ou que vous contactiez [donnez le nom
d’une personne appropriée], au cas où l’on puisse vous aider ou s’il y a des choses que je ne vous aurais
pas clairement expliquées et qui font que vous ne savez pas si vous voulez arrêter ou non de prendre ce
médicament. Si vous décidez de prendre le médicament, vous devez commencer immédiatement.
[Si la personne est enceinte ou s’il existe une possibilité de grossesse :] Certains types de médicaments
pour la prophylaxie post-exposition peuvent être utilisés sans danger au cours de la grossesse.
Certes, vous ne voudriez pas exposer votre bébé à un traitement inutile, mais si vous êtes infectée par
le VIH pendant votre grossesse votre bébé courra le risque d’être aussi infecté.
Pouvez-vous me dire ce que vous pensez de tout cela ? Avez-vous d‘autres questions à me poser sur
la prophylaxie post-exposition ?
La prophylaxie post-exposition marche mieux quand la quantité de médicament dans votre sang reste
approximativement la même tout au long de la journée. Pour cela, il est important que vous preniez
69
votre médicament à intervalles réguliers. En d’autres mots, vous devez prendre la dose qui vous a été
prescrite à des moments précis. Par exemple, si le médicament doit être pris deux fois par jour, vous
devez prendre une dose le matin, à heure régulière quand vous prenez votre petit-déjeuner ou quand
vous vous levez, et une seconde dose dans la soirée, par exemple au moment de prendre votre dîner
ou d’aller vous coucher. Pour certains médicaments, il existe d’autres instructions : ils doivent être pris
par exemple en même temps que de la nourriture ou, au contraire, sans nourriture.
Il est aussi important que vous vous rappeliez de prendre chacune des doses. Nous allons réfléchir à
ce que vous faites tous les jours de manière à voir s’il existe quelque chose qui pourrait vous faire
oublier de prendre le médicament, ou bien au contraire s’il existe quelque chose qui pourrait vous
rappeler de le prendre à heures fixes. Le traitement complet est de quatre semaines, nous devons
donc réfléchir à ce que vous allez faire au cours des quatre prochaines semaines.
Voici quelques conseils pratiques pour vous aider à prendre correctement votre médicament.
• Utilisez des moments particuliers de votre vie de tous les jours pour vous rappeler que vous
devez prendre votre médicament, par exemple le moment où vous vous brossez les dents ou
celui où vous prenez vos repas.
• Prenez votre médicament toujours au même endroit.
• Essayez de prendre vos comprimés en même temps que de la nourriture, ceci pouvant aider à
réduire les nausées – qui sont un effet secondaire fréquent de ce type de médicaments.
Disposerez-vous de nourriture à chaque fois vous devez prendre votre médicament ?
• Prenez en compte vos habitudes professionnelles ou scolaires, voyez si le fait de prendre un
médicament vous obligera à parler de la prophylaxie post-exposition à vos collègues ou à votre
famille.
• Pensez aux jours où vos activités sont différentes. Par exemple, les week-ends, il y a plus de chances
qu’un changement dans votre routine vous fasse oublier une dose. Si vous avez prévu de sortir un
soir, il est possible de prendre une dose un peu plus tôt ou de prendre une dose sur vous.
• Quand elles s’allongent, certaines personnes constatent qu’il leur arrive de s’endormir alors
qu’elles n’en avaient pas l’intention. Si vous pensez qu’il y a une chance que vous puissiez vous
endormir alors que vous vous allongez, vous devez penser à prendre le médicament avant de
vous allonger, même si vous ne comptez pas a priori vous endormir.
• Réglez l’alarme de votre téléphone portable ou tout autre sorte d’alarme pour vous rappeler de
prendre votre médicament.
• Si vous pensez que cela est possible, demandez à votre famille ou à vos amis de vous aider à
vous rappeler de prendre votre médicament.
Si vous oubliez de prendre votre médicament à l’heure prévue, vous devrez quand même le prendre
s’il s’est écoulé moins de la moitié du temps avant la dose suivante. Par exemple, si vous prenez
d’ordinaire votre médicament autour de 10 heures du matin puis de nouveau à 10 heures le soir, mais
que vous oubliez la dose de 10 heures du matin, vous pouvez quand même le prendre si vous vous
en rappelez avant – disons – 3 heures de l’après-midi. En revanche, si vous ne vous en rappelez
qu’après 4 heures de l’après-midi, alors ne le prenez pas, mais prenez comme d’habitude la dose
suivante à 10 heures du soir. Ne prenez jamais une double dose.
Pour toute question ou tout problème, parlez-en à votre agent de santé ou à votre médecin.
Je voudrais vous parler du médicament que vous allez prendre pour la prophylaxie post-exposition.
Comme avec tout médicament, vous pouvez ressentir des effets secondaires (des symptômes
indésirables) qui résultent de ce médicament. Toutes les personnes ne ressentent pas d’effets
secondaires, mais environ la moitié des personnes qui prennent la prophylaxie post-exposition en
ressentent. Ces effets peuvent être plus prononcés pour certaines personnes que pour d’autres.
Il est important pour vous que vous nous fassiez savoir, ou que vous avertissiez [endroit où la personne
a été orientée pour recevoir la PPE], si vous ressentez le moindre symptôme ; nous pourrons alors
probablement vous aider à trouver un moyen de réduire ces symptômes ou éventuellement modifier
votre traitement.
Environ la moitié des personnes qui prennent de la zidovudine ressentent de la fatigue, des nausées ou
des maux de tête. Le plus souvent, ces symptômes sont relativement modérés et s’améliorent en quelques
jours. Deux effets secondaires plus graves sont associés à la prise de zidovudine ; ils sont cependant très
rares quand on prend cet antirétroviral pendant seulement 28 jours. L’un est une inflammation du foie que
l’on appelle hépatite médicamenteuse, et l’autre est un freinage de la production de globules rouges ou de
globules blancs chez le malade. La diminution du nombre de globules rouges s’appelle l’anémie et peut
causer de la fatigue et des difficultés à respirer. La diminution des globules blancs s’appelle la neutropénie,
qui peut faire que vous serez plus facilement sujet à certains types d’infections. Comme je vous l’ai dit
précédemment, ces deux effets secondaires sont très inhabituels quand on ne prend ce médicalement
que 28 jours. Si toutefois ils survenaient, il est habituel que votre foie ou votre moelle osseuse se remettent
à nouveau fonctionner normalement une fois que vous aurez fini de prendre ce médicament. Cependant,
il est important que vous compreniez que nous ne pouvons pas garantir que vous n’aurez pas d’effets
secondaires graves en prenant ce médicament. Pour autant que nous le sachions, personne n’a jamais
pris de la zidovudine pendant 28 jours et connu des effets secondaires à long terme.
L’effet secondaire principal que vous devez connaître est un engourdissement, des picotements ou
des sensations de brûlure au bout des doigts des mains ou des pieds. Cela s’appelle la neuropathie
périphérique. Prévenez nous si vous ressentez ces symptômes pendant plus d’une journée. Nous
pourrons alors diminuer les chances que ce symptôme ne continue en diminuant la dose de votre
médicament ou en changeant de médicament. Plus ce symptôme continuera, plus il est probable qu’il
ne disparaîtra pas une fois que vous aurez terminé de prendre ce médicament. Il est donc très
important que vous nous préveniez si vous avez un engourdissement ou des picotements au bout des
doigts, des mains ou des pieds.
Les effets secondaires fréquents sont notamment les nausées et le mal au ventre. Le ténofovir peut
entraîner des problèmes aux reins, mais c’est très inhabituel quand on ne prend ce médicament que
28 jours.
71
Texte 5 : Expliquer le test VIH dans le contexte de la prophylaxie post-exposition
[Ces informations s’ajoutent à celles données à la personne dans le cadre du conseil standard avant
le test VIH.]
Je voudrais vous expliquer pourquoi nous pensons que vous devriez faire un test VIH.
La prophylaxie post-exposition n’aidera pas une personne déjà infectée par le VIH. Même si les
médicaments que vous pourriez prendre dans ce cadre-là sont les mêmes que ceux utilisés pour le
traitement de l’infection à VIH, vous prendriez moins d’antirétroviraux qu’il n’en faudrait à une personne
déjà infectée par le VIH. Si une personne est déjà infectée et prend la prophylaxie post-exposition, le
virus peut alors développer des résistances aux médicaments pour le VIH. Cela signifie que, plus tard,
si une personne reçoit des médicaments pour le traitement de l’infection à VIH, ceux-ci ne seront pas
aussi efficaces. Il est donc important de savoir si vous êtes déjà séropositif, idéalement le plus vite
possible après avoir commencé la prophylaxie post-exposition.
Nous allons vous faire un test VIH au moment même où nous vous donnerons le traitement de prophylaxie
post-exposition, ou lors de votre première visite de suivi si vous recevez un kit de démarrage. Ce premier
test ne nous dira rien sur l’exposition que vous venez de vivre. Ce qu’il nous dira en revanche, c’est si
vous êtes déjà infecté par le VIH du fait d’une exposition antérieure. Si vous êtes déjà infecté par le VIH,
il faut arrêter de prendre les médicaments pour la prophylaxie post-exposition.
Le résultat de votre premier test VIH sera disponible : [indiquer ici, en fonction des dispositions locales
pour le test VIH, le temps nécessaire pour que son résultat soit disponible]. Nous vous donnerons le
résultat du test, et un conseil et des informations sur ce que signifie ce résultat.
Il est très important que vous compreniez qu’un résultat positif à un test rapide du VIH ne signifie pas
nécessairement que vous êtes vraiment infecté par le VIH. Le test rapide est très précis mais un
premier test positif doit être confirmé par un second test rapide ou par un test standard. Cela prendra
[indiquer ici, en fonction des dispositions locales pour le test VIH, le temps nécessaire pour que son
résultat soit disponible] pour que le résultat du second test nous parvienne. Vous pouvez choisir de
prendre la prophylaxie post-exposition en attendant le résultat du test de confirmation.
Si votre test VIH est positif, nous serons en mesure de vous orienter vers les services de prise en
charge du VIH. Si vous avez besoin d’un traitement pour traiter l’infection à VIH, celui-ci sera disponible
à [indiquer ici les informations pertinentes en fonction des dispositions locales pour le traitement et la
prise en charge du VIH].
Si votre test est négatif et que vous prenez la PPE, après 28 jours, une fois que vous aurez terminé
votre médicament pour la prophylaxie post-exposition,, soit si vous décidez de ne pas recourir à la
prophylaxie post-exposition ou si vous arrêtez de prendre le médicament avant d’avoir terminé les
28 jours, nous vous proposons de faire un second test VIH. Ce test VIH de suivi vous apprendra si
vous avez été infecté/e par le VIH au cours de cette exposition ou du fait d’un autre incident d’exposition
survenue au cours de ces derniers mois. Si vous prenez la prophylaxie post-exposition, nous vous
recommandons vivement de faire un test VIH de suivi au bout de 2 à 4 mois, puis un autre au bout de
4 à 6 mois.
[Celui ou celle qui conduit l’entretien doit alors fournir – ou orienter la personne pour – le conseil avant
le test, selon les protocoles standards nationaux et/ou locaux de test VIH et de conseil.]
On trouvera ici des modèles de fiches d’information imprimées pour le patient, conçues pour lui être
données et qu’il les emporte pour les lire à tête reposée. Les fiches d’information pour le patient ne doivent
pas remplacer les informations donnée par le prestataire de soin lors d’une discussion : elles viennent en
complément de celles-ci. Il peut s’avérer nécessaire d’adapter les modèles de fiches présentés ici selon le
niveau d’alphabétisation et le niveau de langage des patients auxquels elles sont destinées.
Si vous avez été exposé à des liquides ou à des tissus organiques provenant d’une autre personne –
en vous piquant accidentellement avec une aiguille, en donnant les premiers soins, suite à un accident
ou à un acte de violence au travail, ou d’une quelconque autre manière – il est important que vous
sachiez quoi faire pour minimiser le risque que vous ne deveniez infecté par le VIH ou par tout autre
virus qui se transmet par le sang.
Premiers soins
Pour aider à réduire le risque d’infection, il faut procéder aux actions suivantes immédiatement après
l’exposition et nettoyer l’endroit qui a été exposé.
En cas de lésion cutanée suite à une piqûre ou blessure par une aiguille usagée ou par un instrument
perforant ou tranchant :
• Lavez immédiatement l’endroit lésé avec du savon ou une solution de désinfectant doux
• En l’absence d’eau courante, nettoyez l’endroit lésé avec un gel ou une solution pour nettoyer
les mains.
• Ne pas utiliser de solution trop forte, comme par exemple de l’alcool, de l’eau de Javel ou de la
teinture d’iode, qui peuvent irriter la plaie et aggraver la blessure.
• Dans l’œil :
• Lavez immédiatement l’œil exposé avec de l’eau.
• Si vous portez des lentilles de contact, laissez-les en place tandis que vous lavez l’œil, dans
la mesure où elles font barrage sur l’œil et participent à sa protection. Une fois l’œil nettoyé,
retirez les lentilles de contact et nettoyez-les de la manière habituelle. Ceci élimine tout
danger et il est alors possible de d’utiliser à nouveau ces mêmes lentilles.
• Ne pas mettre de savon ou de désinfectant dans l’œil.
73
• Dans la bouche :
• Crachez le liquide immédiatement.
• Rincez bien proprement la bouche et crachez encore. Répétez ce processus plusieurs fois.
• Ne pas mettre de savon ou de désinfectant dans la bouche.
Évaluation du risque
Après les premiers soins, signalez immédiatement l’exposition à votre superviseur ou directeur. Vous
devez alors être déchargé de votre travail de façon à ce qu’une évaluation du risque soit réalisée.
Le but de l’évaluation du risque est de déterminer si vous êtes à risque de devenir infecté par un virus
suite à votre exposition. La plupart des expositions au travail entraînent en réalité très peu de risques.
Néanmoins, si l’évaluation conclut que vous avez été exposé de façon significative, vous serez dans
un cas où il est recommandé de prendre la prophylaxie post-exposition. La « prophylaxie » est un
traitement que vous pouvez prendre pour aider à prévenir l’infection par le VIH après une exposition
au VIH. Pour que les médicaments soient le plus efficace possible, il faut toutefois commencer à les
prendre le plus tôt possible après l’exposition.
• Ce qui peut entre autres choses vous être demandé au cours de l’évaluation du risque: le type
et la taille de l’aiguille ou de l’instrument perforant ou tranchant ;
• à quelles fins l’aiguille ou l’instrument perforant ou tranchant a été utilisés;
• la quantité de sang ou de liquide ou de tissu organiques à laquelle vous avez été exposé;
• si vous avez été blessé par un objet perforant ou tranchant et si la blessure a saigné;
• si la blessure est survenue au travers de gants ou de vêtements;
• quand l’exposition a eu lieu; et
• vos risques personnels d’être infecté par le VIH.
Prophylaxie post-exposition
Si l’évaluation de cette exposition montre que le risque est suffisamment important, on vous proposera
une prophylaxie post-exposition. C’est à vous de décider si vous prendrez ou non les médicaments.
On vous demandera peut-être de signer un formulaire de consentement.
Avant de décider si vous voulez ou non prendre une prophylaxie post-exposition, on doit vous donner
l’opportunité de discuter de ses avantages et de ses inconvénients avec votre superviseur ou un
prestataire responsables des soins [à modifier selon les protocoles locaux]. Plusieurs choses doivent
être discutées à ce moment-là.
• Comment et quand prendre le médicament. Cela peut conduire à vous poser des questions sur
vos conditions de vie et de travail. En fonction de ce qui est disponible dans votre quartier, on vous
offrira soit immédiatement l’ensemble des médicaments pour 28 jours de prophylaxie soit un kit de
démarrage contenant assez de médicaments pour [indiquer la durée qu’il convient] jours. Des
dispositions seront alors prises pour que vous voyiez un médecin spécialisé avant que vous ayez
fini les médicaments et qui vous prescrira le reste des médicaments pour quatre semaines.
• Si vous êtes enceinte. Vous pouvez prendre la prophylaxie post-exposition si vous êtes
enceinte. De fait, si vous êtes enceinte, il est même plus important que vous preniez ce
traitement, étant donné le risque relativement élevé que l’infection à VIH soit transmise à votre
futur bébé si vous êtes infectée suite à cette exposition.
• Les effets secondaires. Les effets secondaires sont des symptômes indésirables que vous
pouvez ressentir en prenant des médicaments. Certaines personnes, par exemple, se sentent
malades ou fatiguées en prenant les médicaments pour la prophylaxie post-exposition.
• L’absence de garantie. Bien qu’il existe des preuves solides qui montrent que la prophylaxie
post-exposition peut être efficace pour prévenir l’infection à VIH, vous devez savoir que cela
n’est pas pour autant absolument garanti.
Si vous êtes séropositif (séropositive) au VIH lors du test initial, il n’est pas approprié de prendre une
prophylaxie post-exposition. Si la prophylaxie post-exposition avait déjà été commencée, elle devra
être interrompue afin de prévenir chez vous le développement de résistances à des médicaments qui
pourraient plus tard être nécessaires pour traiter votre infection à VIH.
Avant d’être testé, on vous demandera de fournir un consentement éclairé. Cela signifie qu’on vous
donnera des informations sur les avantages et les inconvénients du test VIH pour vous aider à décider
par vous-même si vous voulez réaliser ou non ce test. Avant que du sang ne soit prélevé pour être
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testé, vous devriez recevoir un conseil au cours duquel les risques que vous encourez pour l’infection
à VIH, risques personnels autant que professionnels, devront être évalués. En raison de la nature
sensible des sujets abordés, vous souhaiterez peut-être que le conseil et le test sanguin soient
réalisés en dehors du lieu de travail.
On va aussi vous expliquer comment obtenir le résultat du test. Le résultat d’un test VIH, qu’il soit négatif
ou positif, est toujours donné directement – jamais par téléphone, par la poste ou à une autre personne.
Là où il existe des services de test rapide, le résultat peut être obtenu en une heure. Quand le test rapide
n’est pas disponible sur place, le résultat sera communiqué habituellement après 2 à 3 jours.
Les tests VIH de suivi sont nécessaires pour montrer si vous avez contracté l’infection suite à
l’exposition. Ils doivent être réalisés trois mois après l’exposition et, si la prophylaxie post-exposition
est prise, de nouveau six mois après l’exposition.
Prévention de la transmission
S’il ressort de l’évaluation que votre exposition a été significative, on vous donnera des conseils pour
éviter de transmettre le VIH à quelqu’un d’autre jusqu’à ce que vous soyez certain d’être séronégatif
(séronégative). Vous recevrez des conseils pour avoir une sexualité sans risque – et on vous donnera
des informations sur ce que cela signifie – afin que vous puissiez protéger vos partenaires sexuels. On
vous dira aussi de ne partager ni les aiguilles ni les seringues que vous pourriez utiliser pour des
injections, de ne pas donner votre sang ou vos tissus et de ne pas allaiter lorsqu’il existe des
alternatives sûres à l’allaitement maternel exclusif.
Résumé
Le risque d’être infecté après une exposition professionnelle est faible. Néanmoins, les virus d’origine
sanguine peuvent entraîner de graves problèmes de santé. Pour cette raison, il est important que
vous sachiez précisément quoi faire en cas d’accident :
• assurez vous que vous savez comment réaliser les premiers soins appropriés ;
• signalez toujours les incidents d’exposition même s’ils vous paraissent sans importance ; et
• ne réalisez jamais votre propre évaluation du risque ; une personne formée pour cela doit le
faire pour vous.
Pour les questions ou les problèmes liés à votre exposition ou à vos médicaments, contactez [ajouter
ici l’information appropriée].
Le risque moyen d’être infecté(e) par le VIH après une seule exposition sexuelle sans protection avec
une personne source connue pour être séropositive est le suivant: entre 1 % et 5 % (soit 1 à 5 pour 100)
après une relation sexuelle anale passive et entre 0,1 % et 1 % (entre 1 pour 1000 et 1 pour 100) après
une relation sexuelle vaginale passive. Le risque après une relation sexuelle orale passive avec
éjaculation est encore plus faible, mais le virus peut également se transmettre de cette manière.
Pour permettre une comparaison : les agents de santé qui se piquent accidentellement avec une aiguille ont
un risque d’être infecté d’environ 0,3 % (3 pour 1000). Dans de tels cas, la prophylaxie post-exposition est
généralement recommandée. Le risque d’infection associé à des projections de sang dans l’œil ou dans la
bouche est plus faible, environ 0,03 % (3 pour 10000). Même si la prophylaxie post-exposition peut être
proposée pour ce type d’exposition, elle n’est généralement pas recommandée tant le risque est faible.
77
le VIH. Inversement, les pratiques sexuelles dangereuses (à risque) font référence au fait d’avoir des
relations sexuelles sans utiliser aucune méthode mécanique de contraception ou d’autres mesures
pour prévenir la transmission des infections sexuellement transmissibles. Il faut également éviter de
partager aiguilles et seringues en cas d’injection de drogues.
La première fois que nous vous verrons, nous vous poserons des questions sur les circonstances de
l’agression sexuelle pour s’assurer qu’une prophylaxie post-exposition vous soit réellement bénéfique.
Nous vous parlerons alors de la possibilité de faire un test VIH. Un agent de santé relèvera vos antécédents
médicaux, vous examinera et évaluera si vous avez été exposé au risque d’infection par le VIH.
Si vous êtes considéré comme à risque d’être infecté par le VIH du fait de l’exposition, on vous
proposera de prendre des médicaments pendant 28 jours pour faire une prophylaxie post-exposition.
Lors de votre première visite, on vous donnera suffisamment de médicaments pour que vous en ayez
assez jusqu’au rendez-vous suivant, lequel est habituellement [indiquer la durée appropriée] jours
après votre premier rendez-vous.
Nous vous aiderons également à prendre des dispositions pour rencontrer un conseiller VIH et obtenir
le résultat de votre test. Lors de cette rencontre, votre conseiller ou prestataire de soins vous parlera
essentiellement ce qu’il faut faire pour éviter de transmettre le VIH dans l’éventualité – peu probable
– ou vous deviendriez infecté du fait de votre récente exposition, et de comment éviter à l’avenir
l’infection à VIH. Le conseiller ou le prestataire de soins vous posera des questions pour s’assurer que
vous prenez correctement vos médicaments et que vous les tolérez bien.
Lors de votre second rendez-vous, en supposant qu’il vous a été initialement prescrit un kit de
démarrage, on vous donnera le reste des médicaments. Le résultat des autres tests que vous pourriez
avoir faits vous sera également donné. Vous serez éventuellement orienté pour un conseil
supplémentaire ou vers d’autres services qui pourront vous aider. Si nécessaire ou si vous le souhaitez,
vous pouvez voir de nouveau le conseiller VIH ou le prestataire de soins. Les coordonnées détaillées
sont indiquées en haut de cette fiche d’information.
On vous demandera de revenir pour un autre test VIH après six semaines, puis de nouveau trois mois
puis six mois après [à modifier si approprié]. Ces tests permettent de s’assurer que vous êtes toujours
séronégatif (séronégative). Cependant au cas où vous deviendriez séropositif (séropositive), nous
vous proposerons à la fois une prise en charge médicale et un soutien supplémentaire.
Nous pouvons vous référer à divers services de conseil , vers un programme de santé mentale, des
services juridiques et d’autres services qui pourraient vous aider. Nous pouvons vous assister pour
accéder à ces services. Prévenez nous s’il existe d’autres choses que nous pouvons faire pour vous aider.
Coordonnées détaillées
Pour prendre ou modifier un rendez-vous contactez [détailler ici les coordonnées appropriées].
_____________________________________________
[Insérer ici le nom du médecin ou du dispensaire vers lequel le patient sera orienté]
avant d’avoir terminé ces comprimés. Il est préférable que vous preniez vos dispositions pour obtenir
plus de comprimés dès le premier jour ouvré après avoir commencé la prophylaxie post-exposition.
Quand vous irez chez le médecin ou à la consultation pour recevoir votre prescription, on vous
demandera de venir à un rendez-vous de suivi de routine, lequel peut comporter des tests sanguins
et des examens médicaux.
Il vous est également conseillé d’effectuer un test VIH (s’il n’est pas disponible sur place) le plus tôt
possible, et au plus tard dans les jours qui suivent.
_____________________________
[ajouter ici le nom du service]
Si vous avez besoin d’informations supplémentaires, si vous avez des doutes sur comment il faut
prendre la prophylaxie post-exposition ou si vous ressentez le moindre effet secondaire inattendu,
contactez s’il vous plaît :
_____________________________________________
[Ajouter ici le nom et les coordonnées détaillées du prestataire de soins]
79
Fiche 4 d’information du patient : Les Médicaments de la de la prophylaxie
post-exposition
Le contenu de cette fiche d’information du patient s’applique aux deux médicaments mentionnés
(zidovudine et lamivudine). Cette fiche est donnée seulement à titre d’exemple et peut être adaptée
quel que soit le type de schéma thérapeutique disponible localement.
La prophylaxie protège t elle les personnes d’acquérir l’infection qui ont été
exposées au VIH?
La prophylaxie post-exposition peut être utile pour prévenir l’infection au VIH après avoir été exposé
au virus. Elle ne pourra toutefois être efficace que si elle est prise rapidement après l’exposition et de
façon régulière pendant 28 jours.
Quels sont les effets secondaires qui peuvent être liés à ces médicaments?
Les effets secondaires les plus habituels de la combinaison zidovudine + lamivudine sont la fatigue
et lassitude, les nausées ou maux de tête. Environ la moitié des personnes qui prennent ce traitement
sont susceptibles d’avoir un ou plus de ces effets secondaires pendant quelques jours. Ces
symptômes disparaissent généralement d’eux mêmes après quelques jours. Parmi les effets
secondaires plus rares, on peut mentionner l’anémie (ce qui peut provoquer une sensation de
faiblesse ou d’être à court de souffle) et des modifications hépatiques. Tous ces symptômes sont très
rares chez les personnes qui ne prennent les médicaments que pour 28 jours et lorsqu’ils surviennent,
ils s’améliorent dès la cessation du traitement.
_____________________________________________
(Insérer ici les noms et coordonnées de la personne à contacter)
81
ANNEXE 4 LES INDICATEURS D’ÉVALUATION DES
PROGRAMMES DE PROPHYLAXIE POST-EXPOSITION
Les facteurs importants à prendre en compte pour développer un système de suivi et d’évaluation des
services de la PPE sont: les objectifs de cette évaluation, les utilisateurs finaux des résultats et les
coûts de réalisation. Les indicateurs proposés ci-dessous sont conçus pour évaluer la performance
du programme de PPE et sont regroupés par commodité selon les ressources (apports), les produits
et les résultats du programme.
Dans le tableau ci-dessous, les indicateurs qui peuvent être utilisés au niveau national sont en italiques.
Produits
Résultats
83
Partie du programme Indicateur
Attitudes • Signalement du stigma et de la discrimination ressentis dans
les services de PPE
• Premiers soins X
• Présenter la PPE X
85
Services Jour 0a Jour 3b Semaine 4 Mois 3 Mois 6
4. Prescription de la PPE
• Test de grossesse X X
• Recherche d’anticorps de X X X
l’hépatite B et/ou de l’hépatite C
• Taux d’ hémoglobine X
7. Suivi
87
ANNEXE 6 PROPHYLAXIE POST-EXPOSITION : RECOMMANDATIONS
GÉNÉRALES SUR LES SCHÉMAS PROPHYLACTIQUES
Le tableau suivant donne une vue d’ensemble des recommandations actuelles sur l’utilisation de la
PPE pour prévenir l’infection par le VIH chez les personnes qui y ont été exposées, en fonction du type
d’exposition et du statut VIH de la personne source de cette exposition.
Séronégatif au VIH : ne pas proposer de PPE s’il n’existe aucun risque que la personne source soit
dans la fenêtre sérologique. La fenêtre sérologique est une période de plusieurs semaines au cours
de laquelle les personnes récemment infectées ne produisent pas suffisamment d’anticorps VIH pour
obtenir un résultat positif à la plupart des tests VIH standard. Un test VIH effectué au premier stade de
l’infection à VIH sera le plus souvent négatif. Toutefois, au cours de cette période, le virus se développe
dans le corps et peut être transmis à d’autres personnes. Pour le VIH, la fenêtre sérologique est
d’environ 22 jours.
a Par exemple: piqûre avec une aiguille creuse de gros diamètre, ou piqûre profonde avec un
instrument et contact avec du sang visible sur celui-ci, ou piqûre avec une aiguille utilisée pour
faire un prélèvement de sang veineux ou artériel.
b Si l’on connaît ou suspecte la présence de résistance aux antirétroviraux chez la personne
source séropositive au VIH, ou si le taux de prévalence de résistance aux antirétroviraux dans
la communauté est supérieur à 15 %, il faut proposer un schéma prophylactique associant trois
antirétroviraux (deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse plus un inhibiteur de
la protéase potentialisé).
c Par exemple: piqûre par aiguille creuse très fine ou par aiguille pleine, blessure ou piqûre
superficielles.
d Notamment les expositions sur les muqueuses non génitales ou sur la peau présentant des
lésions.
Source : adapté de Panillio AL et al. Updated U.S. Public Health Service guidelines for the management
of occupational exposures to HIV and recommendations for post-exposure prophylaxis. Morbidity and
Mortality Weekly Report (MMWR), 2005, 54(No.RR-09):1-17.
89
ANNEXE 7 MODÈLES DE FORMULAIRES POUR LA DOCUMENTATION
Les modèles ci-dessous sont conçus pour être adaptés aux situations locales. Ils contiennent les
principaux antécédents médicaux du patient, les résultats de l’examen clinique et de l’évaluation du
risque, ainsi que le plan de prise en charge sur lequel s’appuie la prescription responsable de la PPE.
On peut utiliser le modèle 1 comme formulaire pour le consentement et comme liste de référence pour
le prestataire de PPE, le modèle 2 pour enregistrer les données sur le patient au niveau de la structure
de soins. On peut éventuellement faire une compilation de ces données dans un registre national. Si
nécessaire, on peut ajouter à cette liste des informations supplémentaires (par exemple des précisions
sur les vaccinations ou sur le suivi de tout résultat de test anormal).
J’ai pris connaissance du fait que j’ai été exposé au VIH, ce qui peut être un risque de transmission de
cette maladie.
J’ai compris ces informations et l’on m’a donné la possibilité de poser des questions pour lesquelles
j’ai reçu des réponses satisfaisantes.
Nom _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Signature _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
[La signature est optionnelle, étant donné que l’OMS recommande de ne pas demander de
consentement signé]
Date _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Je confirme que j’ai donné les informations sur la prophylaxie post-exposition listées ci-dessus.
Nom _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Signature _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Poste _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Date _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
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Modèle 2 : Fiche d’information sur le patient